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Ainsi font font font… les villes pour tenter de réduire les inégalités sociales de santé

Le 30 Déc 20

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Ainsi font font font... les villes pour tenter de réduire les inégalités sociales de santé

Le Réseau français des Villes-Santé de l’OMS organisait le 24 mai dernier à Angers son colloque annuel intitulé “Petite enfance, inégalités, villes”. L’occasion d’échanger autour des nombreuses initiatives locales imaginées aux quatre coins de la France dans le but de promouvoir la santé dès le plus jeune âge mais aussi de constater combien il est délicat d’en mesurer les effets sur les inégalités de santé. Au printemps, le parc d’attraction du végétal Terra Botanica situé en plein coeur de l’Anjou regorge de couleurs, d’odeurs et de fleurs. Des allées de roses, plantes exotiques et autres nénuphars, les 132 élus et professionnels de la petite enfance venus assister le 24 mai à la rencontre ‘Petite enfance, inégalités, villes’ ont pu apprécier les effluves avant de s’engouffrer dans le centre d’affaires adossé au parc. C’est ici que le réseau français des Villes-santé de l’OMS tenait cette année son désormais traditionnel colloque national. Au programme : conférence introductive, table ronde, ateliers thématiques en sous-gtroupes, re-conférence. Le tout entrecoupé de pastilles humoristiques croquées sur le vif par le dessinateur Eric Appéré. Sur l’estrade, la présidente Charlotte Marchandise-Franquet, élue à la santé de la Ville de Rennes, commence par rappeler que la lutte contre les inégalités sociales de santé est au coeur des préoccupations des quelque 90 communes qui composent le Réseau. Et d’inciter les communes à s’engager dans la voie de l’action au niveau local. ‘Cela fonctionne!’, assure-t-elle.Ce n’est pas Julie Poissant, docteure en psychologie communautaire, chercheure à l’Institut National de Santé Publique du Québec et experte pour le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, qui dira le contraire, elle qui travaille sur les interventions permettant de réduire ces inégalités dès le plus jeune âge. C’est à elle que revient la tâche de prononcer la conférence d’ouverture et de convaincre, données scientifiques à l’appui, de la nécessité d’agir tôt dans la vie pour avoir un maximum d’impact sur ce qu’elle préfère appeler des inéquités en santé plutôt que des inégalités dans la mesure où elles sont injustes et évitables. Jouant de son accent et de quelques truculentes expressions québécoises, elle a fait montre de pédagogie, rappelant d’abord que 1. les inégalités de santé sont visibles dès la naissance, avec par exemple plus de bébés de faible poids chez les femmes sans ressources ou vivant d’aides sociales que chez celles qui travaillent, 2. qu’elles se répartissent selon un gradient et 3. qu’elles sont sous la coupe de multiples déterminants (milieux de vie, interactions sociales, possibilités individuelles) eux-mêmes influencés par des contextes. Julie Poissant s’est fait l’écho auprès des élus et professionnels présents de ce que les travaux menés ces dernières années mettent en lumière, à savoir que les expériences vécues pendant la petite enfance – statut social, envionnement affectif, ressources économiques – laissent des traces indélébiles et influencent la santé tout au long de la vie. Seconde certitude relayée par l’experte : l’action sur plusieurs déterminants sociaux selon le principe de l’universalisme proportionné (chacun selon ses besoins) est la plus efficace pour soutenir le développement de l’enfant dans une logique d’équité. ‘Les communes disposent de nombreux leviers pour agir en ce sens, que ce soit en direction de l’enfant et de sa famille mais aussi dans la communauté au sein de laquelle les vies sont liées, sur les milieux de vie ou via des décisions politiques.’ Le Réseau en est lui aussi persuadé et propose un document de synthèseNote bas de page de ce qu’est la stratégie de l’universalisme proportionné et de la manière dont les villes peuvent la promouvoir ou la mettre en oeuvre. Mais revenons à Julie Poissant, qui veut encore insister sur la nécessité de mieux mesurer l’impact des actions entreprises à l’échelle locale. Car, dit-elle, ‘ce qui se mesure s’améliore’. D’accord, mais comment? Dans la salle, il se murmure que l’expertise et les outils manquent souvent aux acteurs pour observer les effets produits par leurs actions.

‘Comment savoir si on réduit vraiment les inégalités de santé?’

La session suivante, format table ronde, fournit quelques exemples d’actions locales initiées dans le but de réduire les inégalités sociales de santé au moment de la petite enfance : actions de soutien à la parentalité à travers la construction d’une bande-dessinée et la réalisation d’un reportage vidéo dans des micro-crèches de la commune de St-Joseph à la Réunion, dispositifs passerelles à Angers pour faciliter la transition vers l’école maternelle des enfants et de leurs parents. Le directeur de l’Agence régionale de santé des Pays-de-la-Loire, Jean-Jacques Coiplet, a quant à lui réaffirmé, au nom de la lutte contre les inégalités sociales de santé, le soutien de son institution aux projets visant à déployer les compétences psycho-sociales chez les plus jeunes ‘pour qu’ils deviennent des citoyens agissant plutôt que subissant’, à permettre aux professionnels de la petite enfance d’aller au domicile des familles, à soutenir les contrats locaux santé. Tandis que s’installe un débat sur la participation des familles et la posture des professionnels vis-à-vis de leurs compétences, une voix s’élève dans la salle et pose LA question fort à-propos compte tenu du thème de la journée : ‘Comment savoir si on réduit vraiment les inégalités sociales de santé avec tous ces dispositifs?’ Pas de réponse…Après une furtive incursion dans les verts paysages alentours, l’après-midi débute en ateliers : quatre groupes, quatre thèmes, quatre discussions autour d’expériences de terrain. Celle consacrée aux cadres de vie et à la santé des jeunes enfants fait d’abord escale à la Rochelle, plus exactement dans l’école-crèche associative Petit à petit qui depuis 2015 s’est lancé dans une démarche participative pour mieux prendre en compte la santé environnementale et le développement durable. ‘Une démarche qui se veut vivante et nous incite tous, enfants, parents et personnels, à participer, nous adapter, observer. A être bien avec soi, avec les autres et avec son environnement, autrement dit à être en bonne santé’, résume Anne de Chalendar, la directrice de la crèche. A Brest, la co-construction par les professionnel.les et les parents d’un jardin sensoriel attenant au multi-accueil Pen Ar Creach a pour objectif d’offrir aux enfants la possibilité de faire le plein d’expériences sensorielles mais aussi de favoriser l’inclusion en ouvrant cet espace aux habitants et structures du quartier. Dernière étape à Grenoble qui a enfin réussi à atteindre le but que s’était fixé son service d’action sociale petite enfance : avoir de la mixité sociale dans toutes les crèches, aussi bien celles du centre-ville que celles des quartiers périphériques. Son directeur se lance dans un récit du chemin parcouru en dix ans pour affiner les critères de priorité et mettre au point la politique d’accès aux places de crèches la plus en phase avec la sociologie de la ville. A l’écouter expliquer les enjeux de cette réflexion, on se dit qu’on est enfin au coeur de la lutte contre les inégalités sociales de santé telle que les villes peuvent la mener.

La santé des jeunes enfants, levier de transformation sociale?

Pour la dernière séquence de la journée, la parole est à Didier Jourdan, professeur en sciences de l’éducation et détenteur de la toute nouvelle chaire de l’Unesco ‘éducations et santé’ (inauguration prévue le 10 octobre 2018 à Paris). Son intervention porte sur l’accompagnement des enfants vulnérables à l’âge de l’entrée à l’école, dont il martèle l’un des principaux enjeux à ses yeux : ‘s’occuper de la santé des petits enfants revient à s’occuper de la santé des individus tout au long de la vie ainsi que de leurs descendants.’ Pour lui, une véritable stratégie d’action en matière de lutte contre les inégalités de santé dans la petite enfance ne saurait se passer d’une réflexion sur la durabilité, la soutenabilité et la généralisation des dispositifs. Elle engage à tout le moins un véritable processus de transformation du système éducatif, une réflexion sur la formation, la charge de travail et la cohérence des professionnel.le.s, un rencentrage sur l’éco-système de vie des enfants dans lequel ‘le digital doit désormais être pensé comme un élément du local’. A la question ‘comment faire?’, il répond médiation via le langage notamment, et dispositifs structurants tels que le temps périscolaire ‘qui mérite d’être considéré comme un temps possible d’éducation à la santé’. Et de conclure : ‘La santé de la petite enfance est l’un des meilleurs atouts dans le champ de la santé publique car elle fait l’objet d’une vision assez unanime. C’est un levier de transformation pour inventer un nouveau système de santé mieux adapté à la réalité actuelle.’A l’issue de cette journée, Charlotte Marchandise-Franquet promet de transmettre une synthèse des échanges de la journée aux parlementaires français pour ‘valoriser et faire connaître le travail des villes qui s’engagent pour la santé’. Les plus curieux d’entre eux y trouveront un riche panorama d’initiatives à même de promouvoir la santé de tous dès le plus jeune âge. Pour ce qui est de leur efficacité à réduire les inégalités sociales de santé en revanche, il est probable qu’eux aussi restent un peu sur la faim.

La plupart des communications de ce colloque sont accessibles en ligne sur le site du réseau français des Villes-santé de l’OMS : https://www.villes-sante.com/colloques-et-seminaires/colloque-petite-enfance-inegalites-villes-2/

Une saison aux pissenlits

Le 30 Déc 20

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Une saison aux pissenlits

C’est en plein cœur de Cureghem, quartier de la commune d’Anderlecht (Bruxelles), qu’on peut découvrir l’asbl « Les Pissenlits ». Cette association de promotion de la santé qui a pour mission de favoriser le bien-être, la qualité de vie et la santé en œuvrant avec et pour le citoyens mais pas seulement. Professionnels de différents secteurs et politiques mettent aussi leurs pierres à l’édifice. Tous ensembles dans une démarche communautaire en santé !

Pour les bruxellois, entre lieux dits et stations de métro, Cureghem c’est ce quartier qu’on situe aisément entre la petite ceinture, la gare du Midi, le Molenbeek historique ou encore le square Vandervelde. Pour les non bruxellois, c’est peut-être plus largement « l’ouest de de la capitale ». Mais finalement, Cureghem, c’est quoi ?

Selon le monitoring des quartiers, c’est la zone la plus peuplée de Bruxelles : presque 28 000 habitants en 2015 et ce, pour 2 kilomètres carré soit 11% de la taille de la commune. C’est plus du double de la moyenne bruxelloise. C’est aussi un quartier cosmopolite, considéré comme le berceau d’accueil de l’immigration de notre capitale depuis la seconde guerre mondiale. Qu’ils viennent d’Afrique, d’ Amérique du sud, d’autres régions d’Europe ou d’ailleurs, presqu’un cureghemois sur deux n’a pas la nationalité belge. C’est donc un quartier en mouvement qui connait des vagues plus ou moins importantes de migrations mais qui est aussi fortement marqué par les inégalités sociales de santé, un quartier fragilisé.

Qui dit multi-nationalité, dit multiculturalité ! C’est dans cette danse d’influences culturelles et linguistiques où les définitions du corps, du bien-être et de la santé ne s’accordent pas toujours que l’asbl propose ses initiatives. Des ateliers créatifs au cours de cuisine santé en passant par le groupe des diabétiques des Pissenlits, l’équipe tente de répondre aux différents besoins de la population et aux problèmes de santé liés au cadre de vie, au bruit, au manque d’espaces verts… C’est aussi un quartier de « défis » pour les Pissenlits car la population est confrontée, selon les personnes, à un manque de revenus, à des difficultés de trouver un logement ou encore au prise avec le manque cruel de places en crèches. Face à l’arrivée des promoteurs immobiliers et la volonté politique de proposer des logements de standing dans le quartier, par conséquent, inaccessibles au cureghemois, l’équipe sait aussi, que les défis de demain prennent racines aujourd’hui !

La philosophie des Pissenlits est directement inspirée de la démarche communautaire en santéNote bas de page: la participation de la population et de tous les acteurs concernés, le travail en réseau et la création et le renforcement de liens. L’asbl accompagne ainsi les citoyens et les outille dans un processus qui leurs permet de devenir acteurs de leur santé, tant dans leur vie qu’au sein de la communauté et de la vie publique, au moyen des réponses collectives apportées pour agir sur des déterminants de la santé. Le processus devient lui-même performateur de santé. Dès lors, les Pissenlits ce ne sont pas que des activités, ça ne tourne pas qu’autour d’un seul quartier…ce sont aussi des projets d’une autre ampleur comme ce livre « La démarche communautaire : une méthodologie qui fait santé ? Du social à l’urbanisme, en passant par la justice… tous concernés ! ». Pour mieux comprendre, Education Santé a rencontré Vérane Vanexem, Noémie Hubin et Frédérique Déjou. Toutes trois membres de l’équipe des Pissenlits, elles ont coordonné et participé à l’écriture de ce dernier numéro des Politiques sociales.

ES : Tout d’abord, voulez-vous aborder une facette des Pissenlits que l’on a moins tendance à connaître ?

Certainement le fait que nous avons une fonction politique ! Nous l’avons beaucoup développée ces 2-3 dernières années, du fait notamment du nouveau transfert de compétences lié à la 6ème Réforme de l’Etat. En effet, nous travaillons auprès de la Fédération bruxelloise de promotion de la santé et de la COCOF, dans les différents groupes de travail qui ont œuvré à la mise en place du plan actuel ainsi que dans le conseil consultatif.

Nous avons développé plusieurs fonctions qui sont moins présentes sur le site web de l’asbl, et donc moins visibles pour tout un chacun. Au départ, nous considérions vraiment le site comme s’adressant soit au public, soit aux professionnels et partenaires locaux. Nous donnons moins de visibilité à tout notre travail de partenariat avec d’autres professionnels, au travail de réflexion, de récolte de données, au travail d’équipe pour faire remonter les informations aux instances communales, à la COCOF, etc.

Pourtant, ceci représente une part tout aussi importante de notre programme que les groupes (de paroles, santé…). Mais nous avons tendance donner plus de visibilité aux projets et activités que nous menons auprès des habitants et publics plus précaires.

ES : Est-ce un choix volontaire ?

Pas du tout, nous avons plutôt le sentiment d’être dépassés par le temps depuis deux ans. Les attentes créées autour de notre asbl sont de plus en plus nombreuses, et nous ne voulons pas lâcher tout ce que nous avons construit au fil du temps. En effet, nos projets ont été créés sur base de demandes exprimées par la population et ont des évaluations très positives.

De plus, nous ne sommes pas prêts à abandonner ces projets car ils se renouvellent en permanence et n’ont pas lieu de s’arrêter. Nous savons bien qu’un projet peut mener à l’autonomie mais à partir du moment où le public et les questions liées à la thématique se renouvellent, les pistes d’actions et le travail de terrain se renouvellent également. Par conséquent, nous n’avons pas encore eu le temps de nous pencher sur la visibilité de nos nouvelles activités.

ES : D’où vient votre nom, les Pissenlits ?

Les personnes qui ont inventé ce nom avaient deux grandes idées. Premièrement, le pissenlit est une fleur qui pousse partout. Que ce soit entre deux dalles de trottoir mal agencées ou au milieu des saletés, il trouvera toujours sa place. La deuxième idée, c’est celle de la graine qui essaime. D’ailleurs, notre logo représente une graine qui s’envole sur un fond très urbain.Dans l’idée d’essaimer, il y a aussi l’idée de fonctionner avec des publics-relais. Notre finalité, avec la démarche communautaire, est de travailler au bien-être du quartier. C’est donc en quelque sorte la partie visible de l’iceberg. Mais au-delà, il y a cette idée que nous nous appuyons sur les publics-relais qui, eux-mêmes, reportent ce qu’ils ont acquis chez nous : de l’information, des compétences, une certaine philosophie et une démarche. Et nous espérons bien d’autres choses également.

ES : Comment les gens, de manière générale, viennent-ils à vous ? Par le bouche-à-oreille ?

Nous travaillons autant avec les citoyens qu’avec les professionnels. Pour la population, il y a une bonne part de bouche-à-oreille, et c’est souvent à cette partie de notre travail qu’on nous ramène. Pour les professionnels, c’est aussi peut-être la méthode du bouche-à-oreille qui fonctionne. Nous avons beaucoup de demandes de professionnels, de services communaux, d’autres partenaires, d’enseignants bruxellois ou d’ailleurs. Ils nous demandent de partager notre expertise en démarche communautaire.

On retrouve là aussi un « effet Pissenlits », d’essaimage en quelque sorte : chaque graine rentre dans son environnement respectif et, généralement, on bénéficie du retour de chacune d’entre elles. Qu’elle soit citoyenne ou professionnelle, elle nous ramène quelque chose. Par exemple, dans un projet que nous menons actuellement, des personnes « sans papiers » rencontrent des professionnels du secteur de l’urbanisme. Elles retournent ensuite parler de ces rencontres dans leur environnement. Progressivement, nous constatons que ce sont d’autres personnes qui viennent aux rencontres. Le travail avec des publics-relais porte ses fruits et nous en bénéficions.

Notre travail compte ainsi deux volets : l’action et la diffusion. Il ne s’agit pas seulement de publics qui viennent vers nous, nous allons également à la rencontre de publics divers. Ensuite, certains d’entre eux vont vers d’autres publics qui reviennent enfin vers nous. Nous avons régulièrement, par exemple, des évaluations de projets qui reviennent par un biais inattendu !

Tout ceci confirme bien notre volonté de nous inscrire dans un programme systémique. Une des preuves qui en atteste est le fait que pour un projet « X », il n’est pas rare que nous ayons un retour via le projet « Y ». A titre d’exemple, il nous est arrivé de réaliser un projet avec des professionnels et pour lequel le retour s’est fait via une citoyenne, ce qui est très riche pour nous ! Un autre exemple, c’est la participation à la biennale de décembre dernier, « Ensemble pour la santé ». Ça a mené une connaissance d’un participant à postuler chez nous pour proposer du bénévolat. Ça peut aller bien au-delà de ce que nous imaginons. C’est aussi la preuve que nous pouvons nous rencontrer à différents niveaux et dans différents contextes, c’est tout à fait significatif de ce que nous essayons de faire au quotidien.

Il est également important de souligner qu’il faut parfois plusieurs portes d’entrée : plusieurs rencontres, dans des contextes différents pour atteindre notre but. C’est notamment le cas pour les habitants qui viennent à nos activités. Il arrive régulièrement qu’ils nous disent, par exemple, « j’en avais déjà entendu parler il y a plusieurs années par ma belle-sœur et puis finalement je suis passé au marché annuel et j’ai vu que vous teniez un stand et je me suis intéressé ».

ES : Votre livre « La démarche communautaire : une méthodologie qui fait santé ? Du social à l’urbanisme, en passant par la justice… tous concernés ! », comment est-il né?

La présidente honoraire du comité de rédaction de la revue Les Politiques Sociales, Marianne Beauduin, était aussi administratrice de l’asbl Les Pissenlits depuis de nombreuses années. Elle nous a alors demandé d’en coordonner un numéro, ce que nous avons bien évidemment accepté avec enthousiasme.

ES : Avez-vous rencontré des difficultés lors de la rédaction ?

Il est intéressant de se rappeler du contexte de départ. La revue a sa ligne éditoriale propre, de vulgarisation scientifique. Chaque article se doit donc d’être bien argumenté et de répondre aux normes de l’édition européenne. De notre côté, nous avions très envie d’unir différentes compétences en termes d’alphabétisation : travailler tant avec des personnes analphabètes qu’avec des personnes diplômées, toujours à l’image de notre travail. Dans le temps qui nous était imparti, ce fut un véritable défi d’aller aussi loin. Nous disposions en effet d’une bonne année pour la réalisation. Ceci en sachant que nous disposons de 3,5 ETP et une trentaine de projets suivaient leur route en parallèle. Le projet de publication des Politiques Sociales devait donc être mené de front avec tous ces projets. Malgré un timing serré, nous avons réussi à proposer à tous les auteurs un accompagnement tout au long du processus, allant de la relecture à la co-écriture pour permettre à ceux qui étaient moins familiarisés avec la rédaction de pouvoir participer.

Il y avait aussi un challenge par rapport au comité de rédaction. Nous avons mené de nombreuses discussions pour faire comprendre et accepter les objectifs que nous avions formulés en équipe. Par exemple, la structure d’un numéro comprend habituellement une partie plus pratique où des acteurs de terrain parlent de leurs connaissances et une partie ou le sujet est abordé de façon théorique. Notre volonté était plutôt d’allier théorie et pratique au sein de chaque article. Nous pensons avoir réussi cela, dans la mesure où aucun article n’aborde uniquement le côté pratique. Les articles les plus théoriques constituent quant à eux une réelle théorisation de la pratique. Nous avons également parfois dû nous accorder sur la définition de termes, par exemple « l’expertise ».

Nous avons par ailleurs rencontré une difficulté plus technique dans notre travail avec des auteurs d’autres régions du monde. Les différences de fuseau horaire ont par exemple rendu difficile la coordination de nos agendas, notamment avec le Canada. De façon plus malheureuse, certains de nos auteurs, par exemple au Burkina Faso, se sont retrouvés dans des contextes d’extrêmes tensions politiques. Des évènements bien peu propices à la rédaction et à la réflexion…

ES : Ce projet vous a donc amené à définir le terme « expertise ». Avez-vous, aux Pissenlits, une définition particulière de la démarche communautaire ?

Elle change, elle s’adapte en permanence et nous y participons. Nous sommes des actrices de la théorisation, nous avons fait partie du secrétariat européen d’analyse des pratiques de la démarche communautaire (SEPSAC), nous participons à différents cours dans différentes écoles qui enseignent cette démarche communautaire, etc. Nous espérons aussi contribuer à faire évoluer ce qui est enseigné. De plus en plus, nous nous attachons à aborder les choses en termes de « démarche communautaire en santé » plus qu’en « santé communautaire ». C’est un aspect sur lequel nous mettons fortement l’accent. C’est d’ailleurs l’un des objectifs que nous avons poursuivis dans la revue parce que nous avons la conviction que la méthodologie fait santé.Par contre, dans la mise en œuvre, nous avons une autre définition. Dans la mise en oeuvre de la démarche communautaire aux Pissenlits, il y a des spécificités. A notre sens, il y a mille façons de mettre en oeuvre “la” démarche communautaire, mais ces mises en oeuvre doivent respecter les balises et les repères qui définissent “la” démarcheNote bas de page. C’est parce qu’il y a mille démarches qu’il y a mille définitions et pas une seule qui serait transposable à tous les contextes. Nous laissons cette richesse et cette créativité qui pour l’instant sont encore un des luxes de notre secteur !

ES : Est-ce qu’amener la participation de citoyenn-e-s engagé-e-s dans des projets de démarche communautaire a été une difficulté ?

C’était un de nos objectifs et ça aurait été tout à fait faisable, mais la contrainte du temps ne nous a pas permis de le faire dans le cadre de ce livre. Nous le faisons par exemple dans un tout autre projet, « Femmes, hormones et société : le recueil » qui rassemble un groupe de femmes dont certaines sont analphabètes. Toutes travaillent à la co-rédaction d’un livre avec nous. Nous avons la conviction que les personnes sont parfaitement outillées pour théoriser elles-mêmes leur quotidien. Une solution aurait été de le faire sous forme d’interviews mais nous n’aimions pas trop l’idée, c’est un moyen trop souvent utilisé pour amener les gens à s’exprimer. En définitive, il aurait fallu remettre en forme les paroles des personnes pour que ça puisse rentrer dans la ligne éditoriale. Par exemple, dans ce livre co-rédigé avec un groupe de femmes, certaines expressions ne sont grammaticalement pas considérées correctes par la norme dominante. Pourtant, c’est la manière dont elles s’expriment parce que certaines ont un héritage culturel d’un français d’ailleurs ou pour raison X ou Y, c’est leur parole et leur parole sera telle quelle. Là, ça n’aurait pas été possible, il aurait fallu encore plus de temps et encore plus d’énergie.

ES : Que ressortez-vous de ce projet ?

Nous sommes ravies d’avoir pu sortir du secteur de la promotion de la santé pour montrer que la démarche communautaire s’appliquait dans de nombreux secteurs et qu’elle était vectrice de santé. Nous avons le sentiment que c’est quelque chose d’original. C’était un défi que nous nous étions fixé et il est relevé !

Nous avions aussi pour objectif de montrer qu’il y a plein de « monsieur JourdainNote bas de page » qui font de la prose en s’ignorant et que beaucoup de gens ont finalement des impacts en santé dans leur quotidien. La santé dans toutes les politiques, c’est aussi faire prendre conscience à tout un chacun que nous avons un impact sur la santé quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse. De nombreux acteurs qui n’agissent pas expressément sur la santé peuvent quand même avoir un impact positif sur celle-ci. Nous avons voulu avoir une vision positive des choses, ne pas pleurer sur la promotion de la santé mais montrer que son message avait percolé dans d’autres secteurs.

ES : Est-ce qu’il y a un mot qui pourrait résumer votre projet ?

Il y en a deux: fierté et frustration !Fierté, parce que nous pensons avoir réellement fait un travail qui est à l’image de notre association et de notre équipe. C’est un travail avec des gens, qui parle des gens. Nous pensons qu’il existe aussi un discours ambiant assez pessimiste et tout à fait légitime, notamment dans le secteur de la promotion de la santé. Il est lié entre autres aux modes de financement et d’appel à projets alors que nous sommes dans des processus de long terme… tout ceci entraine pessimisme et interrogation : « est-ce que la promotion de la santé avance et va quelque part ? ». Ce pessimisme peut être tempéré ! Un des objectifs de la promotion de la santé est de rendre les méthodologies de travail, sa vision, sa philosophie, etc. transversales. Et ça, c’est fait ! Alors oui, quand on regarde les budgets et ce qui est alloué à la promotion de la santé… on peut crier que ça ne va pas mais parallèlement à ça, certains principes de la promotion de la santé se sont énormément étendus comme le droit des populations de s’exprimer. Ce n’est pas forcément sous l’étiquette de la promotion de la santé que ça se passe mais c’est une réalité…

La frustration vient du fait que nous n’avons pas eu le temps de promouvoir tout ce travail et le mettre encore plus en avant, y compris auprès d’autres secteurs d’activités, mais pour ce qui est du secteur de la promotion de la santé, vous nous offrez là une belle occasion de visibiliser cette revue!


La démarche communautaire en santé fait appel à plusieurs critères complémentaires et interdépendants tels qu’avoir une approche globale et positive de la santé, favoriser l’implication de tous les acteurs concernés dans une démarche de co-construction, valoriser et mutualiser les ressources de la communauté… Les 8 repères méthodologiques sont repris dans la brochure « Action communautaire en santé, un outil pour la pratique » du Secrétariat Européen des Pratiques en Santé Communautaire (SEPSAC, 2013).

Voir à ce sujet la publication « Action communautaire en santé : un observatoire international des pratiques » : https://www.maisonmedicale.org/Action-communautaire-en-sante-un.html

Monsieur Jourdain est « Le Bourgeois Gentihomme » de Molière

Activité physique : un allié thérapeutique puissant contre le cancer

Le 30 Déc 20

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Activité physique : un allié thérapeutique puissant contre le cancer

Il est aujourd’hui acquis, études à l’appui, que l’activité physique, non seulement réduit le risque de cancer, mais diminue également les effets secondaires des traitements contre le cancer dont les mieux connus sont la fatigue et la douleur. Ce n’est pas tout : faire bouger le corps améliore la survie des patients en réduisant les risques de récidive ou l’apparition d’un nouveau cancer. Aussi, les centres de soins ont-ils désormais le devoir et la responsabilité d’encourager tous les patients qui le peuvent à pratiquer de l’exercice physique adapté à leur état.

La chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, plus récemment l’immunothérapie ou encore les thérapies ciblées… ne cessent de gagner du terrain dans la dure lutte contre le cancer. Malheureusement, leur efficacité est souvent assortie d’effets secondaires très lourds pour les patients. « Au cours des dix dernières années, la fatigue est devenue la principale plainte des patients en cours de traitement contre un cancer », témoigne le docteur Didier Vander Steichel, directeur de la Fondation contre le cancer. Les patients se plaignent d’une sensation d’épuisement permanente, qui s’immisce dans leur vie quotidienne et ne disparaît pas avec le repos. Cette fatigue importante s’accompagne souvent de dépression, d’anxiété, et donc d’une qualité de vie fortement réduite.

Le physique trinque également beaucoup avec des articulations moins souples, une diminution de la force musculaire et de l’endurance, une coordination de moins bonne qualité, des limitations cognitives, une sentiment de malaise général, une sensibilité accrue à la douleur…

Un remède à portée de main

Depuis le début des années 2000, un nombre croissant d’études montrent que l’activité physique améliore la qualité de vie des patients en cours de chimiothérapie et de radiothérapie. « Paradoxalement, la meilleure manière de combattre la fatigue, ce n’est pas de prêcher toujours plus de repos, mais bien d’encourager les patients à faire de l’activité physique adaptée à leurs capacités tout en s’octroyant de brèves périodes de repos si nécessaire, affirme Didier Vander Steichel. L’excès de repos et le manque d’exercice physique induisent un cercle vicieux qui entraîne une diminution de la condition physique, une fonte musculaire, donc un affaiblissement supplémentaire et une fatigue constante face aux gestes de la vie quotidienne. C’est pourquoi, la première raison de recommander aux patients en cancérologie de pratiquer une activité physique adaptée, c’est justement pour lutter contre la fatigue ! »

Par effet boule de neige, l’activité physique apporte d’autres bienfaits au niveau psychique des patients. « Elle diminue l’anxiété, la dépression, améliore le sommeil et l’image corporelle… autant d’éléments qui accroissent le bien-être.  »

Effet salvateur

Des études vont encore plus loin et montrent que l’activité physique, pendant et après le traitement contre le cancer, diminue les risques de récidives ou l’apparition de nouveaux cancers. « Cela a surtout été démontré face au cancer du sein, le plus fréquent chez la femme, précise Didier Vander Steichel. Les bénéfices de l’exercice physique comme adjuvant aux traitements sont également apparus face au  cancer colorectal et, dans une moindre mesure, au cancer de la prostate. »

Modifications hormonales

Il a été démontré que l’activité physique régulière modifie certains systèmes hormonaux. Ainsi, une étude danoise a relevé un lien clair entre les niveaux d’adrénaline dans le sang, la croissance et la survie des cellules cancéreuses. Menée auprès de femmes atteintes d’un cancer du sein, cette étude a permis de constater qu’après une activité physique, intense à modérée de deux heures, les cellules tumorales peinaient à survivre.

Raviva, à fond contre le cancer

De nombreux patients, plus encore lorsqu’ils sont âgés, ignorent les bénéfices de l’exercice physique. Ils voient trop souvent leur âge, leurs antécédents médicaux et leur condition physique comme autant d’obstacles à la pratique d’une activité physique. Il est vrai que les clubs sportifs traditionnels ne proposent pas de programmes sur mesure pour les personnes atteintes d’un cancer. Voilà pourquoi la Fondation contre le cancer a créé, il y a dix ans, le programme de revalidation Raviva en se basant sur l’avis d’un groupe d’experts en cancérologie, médecine sportive et réhabilitation.

« L’activité physique doit au moins être modérée et bien sûr adaptée aux capacités individuelles des patients, souligne le directeur de la Fondation contre le cancer. Il ne s’agit pas ici de prévention primaire, mais bien d’accompagnement des patients pendant et après leur traitement par l’activité physique.  En premier lieu, le programme vise à avoir un effet positif sur la qualité de vie des patients et donc à les aider à combattre la fatigue. »

Outre le fait que l’aspect physique permet de regagner un peu d’énergie durant une période difficile, l’aspect psychologique de Raviva est également crucial. Les programmes sont faits sur mesure, ce qui garantit aux participants de pouvoir les suivre. Cela les rassure et leur donne confiance. Autre avantage : les participants peuvent faire connaissance et échanger leurs expériences.

Participation gratuite sur tout le territoire belge

Marche nordique, tai chi, Qi-gong, yoga, fitness, gymnastique, aquagym… Chaque patient peut trouver  les exercices qui lui conviennent. Le programme, entièrement financé par la Fondation contre le cancer, est gratuit pour les patients. Un certificat médical est bien sûr nécessaire. « Il existe des contre-indications à l’exercice physique pour certains cancers, explique Didier Vander Steichel. Par exemple, Certains traitements peuvent entraîner une toxicité cardiaque dont il faut évidemment tenir compte. Les métastases osseuses sont une autre contre-indication car elles sont associées à un risque de fracture. »

Les patients sont invités à choisir, dans leur région, une ou deux activités physiques organisées par la Fondation. Donnés à des groupes d’une dizaine de patients, les exercices sont encadrés par des moniteurs formés par la Fondation contre le Cancer. Ceux-ci tiennent compte des recommandations des médecins et adaptent leur programme en fonction des participants. Une centaine de groupes sont répartis sur le territoire belge. Le programme Raviva est accessible pendant un an après la fin des traitements.

Responsabiliser les centres de soins

À l’heure actuelle, le programme Raviva accompagne environ 1400 personnes par an. « Cela nous semble beaucoup trop peu, déplore le Dr Vander Steichel. Nous pensons que ce nombre n’augmente pas parce que le renvoi des patients vers des programmes d’onco-revalidation, ou d’activité physique, ne se fait pas systématiquement au départ des lieux de soins.  En clinique du sein, par exemple, avec les évidences scientifiques que nous avons actuellement pour le cancer du sein, l’onco-revalidation devrait faire partie intégrante du trajet de soins d’une patiente. C’est heureusement le cas dans certains centres, mais ils font figure d’exception. Or, nous souhaitons que cela devienne la règle et pas l’exception. »

C’est pourquoi la Fondation a décidé de changer la manière d’organiser le programme Raviva, à partir de 2019. « Afin de responsabiliser davantage les centres de traitement, nous allons désormais leur lancer des appels à des projets d’activités physique. Les projets seront ensuite sélectionnés par un jury indépendant et financés par la Fondation. »

On le voit, à côté d’une alimentation saine, le maintien d’une activité physique régulière pour l’ensemble de la population reste plus que jamais un objectif prioritaire de santé publique.

« J’ai besoins de cette activité »

En 2013, un cancer du sein a été diagnostiqué chez Michèle Detilloux, alors qu’elle était âgée de 60 ans. Elle a subi une mastectomie partielle, et a été traitée par chimiothérapie et radiothérapie. Dans la foulée du cancer, Michèle a développé une sclérodermie. Son témoignage confirme l’analyse du Dr Vander Steichel selon laquelle les centres de traitement renvoient trop peu de patients vers des programmes de revalidation tels que Raviva. « C’est une jeune étudiante en kiné qui m’a contactée pour me parler de Raviva et m’inviter à y participer. Les médecins que j’ai rencontrés ne m’ont jamais incitée à faire de l’activité physique. Au contraire, lorsque j’ai parlé du programme Raviva à mon oncologue, elle me l’a déconseillé car elle estimait que je n’avais pas la force nécessaire. Maintenant qu’elle connait mon expérience, elle recommande l’activité physique à ses autres patients. »

Michèle a commencé à faire de le gymnastique dans le cadre du programme Raviva, dans la Province de Liège, après la chimiothérapie et la radiothérapie. « Ayant eu plusieurs opérations de reconstruction étalées sur plusieurs années, j’ai pu me réinscrire au programme année après année. La gymnastique m’aide énormément à lutter contre la fatigue, récupérer de la force physique et une bonne santé, à  soulager les symptômes de la sclérodermie et à stabiliser cette maladie. Avant de commencer la gymnastique, je ne savais pas bouger. Il m’était impossible de me relever lorsque j’étais assise sur un tapis. Maintenant, je peux le faire dix fois d’affilée sans difficulté. J’ai besoin de cette activité physique. La convivialité avec les autres patients ayant vécu une expérience semblable est bonne pour le moral. La kiné qui anime les cours est extraordinaire. Elle adapte les exercices en fonction de chacun. On ne pourrait pas trouver une gymnastique aussi adaptée ailleurs. »

Pour Michèle, Raviva prendra fin en 2018. « Je vous avoue que ça me désole car je ne vois pas où trouver une activité physique aussi appropriée. »

« Bouger me procurait un bien-être qui traversait tout mon corps »

Âgée aujourd’hui de 54 ans, Danielle a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein invasif infiltrant en juillet 2011. Un mois plus tard, elle commençait la chimiothérapie et subissait une mastectomie bilatérale. Au CHU de Liège, l’équipe pluridisciplinaire qui l’a prise en charge, lui a vivement conseillé de suivre le programme Raviva. « L’oncologue, le chirurgien, le radiothérapeute, le sénologue… tous ont insisté pour que je fasse de l’activité physique et suive un régime alimentaire adapté. J’ai débuté le programme Raviva très rapidement : j’arrivais à la fin de ma chimio, j’allais commencer les rayons. Je me suis inscrite à la gymnastique et à l’aquagym. Ça a été costaud ! En moins de quatre ans, j’ai eu environ 6 opérations (mastectomie et chirurgie réparatrice). Les médecins me demandaient de bouger les bras et de ne surtout pas rester statique. L’aquagym m’a fait beaucoup de bien et rassurée car je parvenais à faire des mouvements dans l’eau, alors qu’il m’était tellement difficile de bouger dans la vie de tous les jours. Après une séance de chimio, je n’étais pas capable de faire des exercices pendant les quinze jours suivants. Je m’y remettais à la troisième semaine, avant la séance de chimio suivante. L’activité physique a participé au processus de guérison. Elle m’a été indispensable et m’a permis de retrouver une force intérieure, elle m’a portée moralement, dans le moment présent, en m’aidant à garder confiance. Bouger me procurait un bien-être qui traversait tout mon corps et me soutenait dans la douleur. Raviva m’a aussi été d’une grande aide pour faire face aux opérations. Après celles-ci, j’ai dû porter un corset qui rendait ma respiration difficile. Heureusement, j’avais au préalable appris à me relâcher par la respiration, la concentration, la méditation et la pleine conscience. J’ai ainsi pu faire face aux difficultés liées à mes opérations. »

Le programme Raviva a pris fin en octobre 2016 pour Danielle. Elle regrette aussi de ne pas pouvoir le prolonger. « On ne retrouve malheureusement pas d’activité physique adaptée dans les salles de sport. Or, il est indispensable d’avoir un programme adapté car on ne sait plus faire certains mouvements et  on est plus vite fatigué. »

Pour en savoir plus :

www.cancer.be

Tél. : 0800 15 801

Cultures et Santé : 40 ans d’histoire de promotion de la santé en Belgique francophone

Le 30 Déc 20

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Cultures et Santé : 40 ans d’histoire de promotion de la santé en Belgique francophone

En décembre 2017, Cultures et Santé a fêté ses 40 années d’existence. Créée à l’origine pour lutter contre les inégalités sociales de santé touchant particulièrement les personnes issues de l’immigration de travail de l’après-guerre, l’association a, au fil du temps, étendu son objet social pour s’intéresser à la question des iniquités de santé dans leur ensemble ainsi qu’à leurs déterminants culturels et sociaux. Malgré la multitude de cadres réglementaires et conceptuels traversés, Cultures et Santé a toujours agi à la fois auprès d’habitants de quartiers populaires et auprès de professionnels et relais s’adressant à eux : cycles de formation, programmes d’éducation pour la santé, interprétariat en consultation, mise à disposition de documentation, création d’outils pédagogiques…Ces 40 ans ont été l’occasion pour l’équipe de se pencher sur l’histoire de l’institution avec en tête un double objectif : celui de retisser le fil historique pour mieux cerner ce que l’association est devenue et celui de pouvoir se projeter dans l’avenir à la lumière de cette mise en perspective. À l’approche de la date anniversaire, l’équipe s’est mobilisée pour effectuer un travail de reconstitution. Quelles étaient les enjeux auxquels voulaient répondre les membres fondateurs ? Quels ont été les grands marqueurs historiques de l’association ? Quels mouvements (philosophiques, méthodologiques, sociopolitiques…) l’ont faite évoluer ? Pour répondre à ces questions, une exploration des archives de l’association et des entretiens avec d’anciens administrateurs, des membres de la première heure et des travailleurs qui ont connu un large pan de l’histoire de l’association, ont été menés. En est sortie une ligne du temps qui a permis de déceler à la fois les constantes et les points de rupture historiques.Le regard porté dans cet article mettra en évidence, à travers les paroles de quelques témoins emblématiques, quatre lignes de force qui donnent aussi un aperçu de l’évolution de la promotion de la santé en Fédération Wallonie-Bruxelles, mouvement duquel Cultures et Santé se revendique.

Médecine sociale, mieux se comprendre pour mieux soigner et accompagner

En 1977, le courant de ce qu’on peut appeler la gauche médicaleNote bas de page est en plein essor. Soutenant une vision de la santé qui l’extrait de son carcan biomédical, il se concrétise par la création, au début de la décennie, des maisons médicales. Celles-ci ont notamment comme principe directeur de percevoir le patient dans sa globalité, dans son contexte de vie. Cultures et Santé est créée par des jeunes médecins et travailleurs sociaux qui s’inscrivent dans ce mouvement progressiste dont le GERMNote bas de page est le fertiliseur théorique. Ils sont alors confrontés dans leur pratique au cœur de quartiers immigrés à des problèmes d’incompréhension et à des récits qui relatent des parcours de vie impactant lourdement la santé. « Nous ne voulions pas réitérer les mêmes pratiques que nos aînés. Nous voulions promouvoir une médecine plus proche des personnes, à leur écoute », explique la médecin Catherine De Blauwe. Dès les premiers mois de l’associationNote bas de page, des formations, des journées d’études et d’autres temps d’échanges sont organisés entre praticiens avec l’objectif « d’aborder autrement la population qui avait vécu l’exil, qui était démunie, qui exprimait les symptômes de façon différente ».La nécessité de mettre en place des offres de médiations en consultation se fait très vite sentir. Cultures et Santé devient en Belgique précurseur dans ce domaine : « Pour que nous puissions nous comprendre, les patientes emmenaient avec elles leurs enfants chargés de traduire nos échanges. Ce n’était pas vraiment une bonne solution car les enfants manquaient l’école et nous ne pouvions pas aborder certains sujets devant eux. Au sein de Cultures et Santé, nous avons donc assuré des formations destinées à des femmes issues de l’immigration pour qu’elles puissent assumer une fonction d’interprète », dévoile Claire Geraets, ancienne médecin en maison médicale.Avec l’apparition de manière plus saillante des enjeux liés à la diversité culturelle et en amenant cette posture d’ouverture et d’écoute de l’Autre, Cultures et Santé a contribué à faire évoluer la manière dont la santé peut être abordée sur le terrain. Même si cela paraît plus évident aujourd’hui – du moins pour les acteurs de promotion de la santé –, il était assez novateur pour l’époque d’inclure dans les démarches de soins, d’accompagnement et d’éducation les expériences vécues, les représentations sociales de la personne, le niveau de maîtrise de la langue, les références culturelles…

De l’éducation sanitaire à l’éducation pour la santé

« Beaucoup d’immigrés n’arrivaient pas à s’approprier le système de santé belge et sollicitaient trop souvent les services d’urgence des hôpitaux. » Cet argument posé par Philippe de Briey, fondateur de l’asbl, encourage Cultures et Santé à mettre sur pied, à l’aube des années 1980, des animations-santé auprès de groupes d’adultes fréquentant des associations : maisons de quartiers, centres d’alphabétisation, maisons médicales… Le but de ce travail éducatif est d’aider un public peu scolarisé et/ou parlant peu le français à acquérir une plus grande autonomie dans la prise en charge de sa santé et de celle de sa famille. « L’idée de base était d’ouvrir les portes du Imagesavoir, de la connaissance, pour se débrouiller dans la vie », indique Agnès Claes, ancienne directrice. Des informations qui peuvent concerner le système de soins, la manière dont fonctionne le corps humain, les facteurs de risque face à certaines maladies, sont transmises à travers l’organisation de ces espaces-temps. Ces démarches s’appuient généralement sur des outils didactiques adaptés au niveau de maîtrise de la langue. Un certain nombre sont conçus par l’association elle-même.En 1988, un dispositif d’éducation pour la santé est organisé en Belgique francophone grâce aux arrêtés de l’Exécutif de la Communauté française. L’un d’entre eux concerne le subventionnement de services aux éducateurs pour la santé. Cultures et Santé est agréée dans ce cadre en 1991. Après une décennie d’expérience dans ce domaine, l’asbl fournit dès lors un soutien aux relais dans leurs démarches éducatives. En 1993, elle fixe son approche dans un livre, Le guide de l’animation santé, qui propose des clés pour mener à bien une animation se basant sur les préoccupations et contraintes des participants.Cultures et Santé participe à ce passage d’une approche de transmission d’informations sur la santé à un positionnement éducatif moins vertical. Il s’agit moins de parler aux personnes de leur santé et de ses implications que de mettre en place les moyens qui leur permettent de poser elles-mêmes une réflexion sur la santé et sur ce qui la détermine. L’animateur se détache d’un rôle de façonnage pour prendre une posture de dialogue et de mise en lien.

Promotion de la santé : des actions sur les déterminants

Dès la création de l’asbl, en 1977, les termes promotion de la santé sont inscrits dans les statuts. « Notre but était de savoir ce qu’on pouvait faire pour améliorer la santé de ces gens qui vieillissent trop vite. Cependant à l’époque, nous étions surtout focalisés sur les traitements. La dynamique de réflexion sur les conditions socio-environnementales de la santé s’est surtout amplifiée par la suite. », précise l’ancien médecin Bernard Vercruysse. L’association entre véritablement dans le champ de la promotion de la santé au milieu des années 1990 avec la promulgation du décret de 1997 qui organisent un secteur professionnel en Communauté française. Le plan communautaire opérationnel qui suit traduit en lignes directrices cette nécessité d’agir sur les facteurs sociaux de la santé dans une optique d’émancipation individuelle et collective.ImageIl s’agit désormais de mener les actions pour améliorer la santé dans la durée en envisageant les multiples responsabilités et en suscitant la mise en œuvre de stratégies à plusieurs niveaux : auprès des individus (éducation), auprès des communautés et de leurs milieux de vie (démarches collectives et environnementales) et auprès des décideurs (santé dans toutes les politiques). C’est à ce moment que Cultures et Santé engage une réflexion interne et modifie son objet social. Elle donne au mot cultures un nouveau sens comme l’explique Jacques Morel, ancien administrateur délégué : « Dans la mesure où l’histoire de Cultures&Santé avait été centrée sur l’éducation pour la santé et l’immigration, cette réflexion en équipe nous a permis d’élargir notre lecture du mot cultures. Nous avons davantage pris en compte les cultures issues du milieu social (culture bourgeoise, culture populaire) et l’ensemble des déterminants culturels de la santé. »Un des chantiers sur lequel se penche l’asbl est justement celui d’ancrer une culture de promotion de la santé pas assez développée dans les secteurs concernés (de près ou de loin) par la santé. Créé à la fin des années 2000, un support pédagogique mettant en évidence les déterminants non-médicaux de la santé (emploi, enseignement, logement…) symbolise cette démarche : « La santé c’est aussi… a été un véritable élément déclencheur. À partir de ce moment-là, nous sommes allés plus facilement à la rencontre d’acteurs venant de différents secteurs qui reconnaissaient la légitimité de notre outil. » Ces mots sont ceux de Marjolaine Lonfils, ancienne directrice adjointe, qui a participé à ce mouvement encourageant les interventions en dehors du secteur du soin (alphabétisation, insertion socioprofessionnelle, CPAS…) et en amont des problématiques de santé, indispensables pour tendre vers plus d’équité en santé.

Besoin d’éducation permanente, besoin de plaidoyer pour la santé

2007 est une autre année importante pour Cultures et Santé puisqu’elle se voit agréée en éducation permanente comme producteur d’outils pédagogiquesNote bas de page. Dans les dix années qui suivent, les réalisations de l’association ne traiteront plus de maladies ou de facteurs de risque mais porteront sur de multiples sujets en lien avec les déterminants de santé (l’alimentation, l’environnement, l’organisation politique, les principes de solidarité…). L’idée est de susciter une lecture critique des réalités en se basant autant que possible sur la culture populaire, sur les vécus des personnes peu entendues dans l’espace public.L’éducation permanente en Belgique francophone est un cadre de financement assez unique au monde puisqu’il entend inviter tout citoyen à réfléchir sur l’organisation de la société et à la remettre en cause quand celle-ci produit des injustices. En 2018, plus de 40 ans après la création de l’association, les inégalités sociales de santé ne se sont pas réduites, bien au contraire. Malgré l’investissement de nombreux acteurs associatifs, publics, parapublics visant cet objectif d’équité, des écarts de santé importants subsistent entre différentes catégories de la population. Les choix politiques actuels qui érodent notre modèle social peuvent être mis en cause. « On sent que le monde politique n’est pas complètement convaincu par le fait qu’en combattant la précarité, on sauvegarde l’avenir », alarme Louis Ferrant, membre de l’asbl depuis sa création. Ce constat devrait amener aujourd’hui tout acteur de promotion de de la santé, à un engagement plus intense sur le terrain du plaidoyer pour contrer l’idéologie de la responsabilisation exclusivement individuelle des situations de vie et de la santé. Le besoin d’éducation permanente (pour conscientiser et mobiliser) et d’alliance (avec les groupes de pression) pour mener ce combat est donc plus que jamais présent.

Un travail de mémoire, une revue

Ce bref portrait montre les principales couches sédimentaires qui font Cultures et Santé aujourd’hui. La lecture de la revue des 40 ansNote bas de page que l’asbl éditera fin juin, permettra à toute personne intéressée d’en avoir un aperçu plus précis. Fruit d’un travail de mémoire, ce document proposera la ligne du temps, un regard rétrospectif et prospectif des acteurs de l’associationNote bas de page et un panorama des réalisations éditées au cours des 4 décennies. La revue sera présentée lors d’un moment festif qui sera l’occasion de remercier tous les bénévoles, les travailleurs, les partenaires, les participants à nos activités qui ont façonné l’histoire de Cultures et Santé. Un moment qui, à n’en pas douter, donnera à l’asbl le plein d’énergie pour poursuivre son engagement dans la lutte contre les inégalités sociales de santé et relever les futurs défis de la promotion de la santé.


À ce propos, voir le numéro 101 de la revue Politique.

Le groupe d’étude pour une réforme de la médecine a été créé en 1964 en opposition aux hiérarchies médicales existantes.

À cette époque et jusque 1987, Cultures et Santé s’appelle le Comité socio-médical pour la santé des immigrés.

Cultures et Santé était reconnue comme acteur d’éducation permanente depuis 1984 mais pour ses activités d’animation.

Disponible à partir du 21 juin 2018 sur demande au centre de documentation.

Les interviews exhaustives des grands témoins de l’association (une dizaine) sont disponibles sur le site de Cultures et Santé dans la rubrique 40 ans : www.cultures-sante.be.

Mutilations génitales féminines : un « nouveau » réseau à Bruxelles

Le 30 Déc 20

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Mutilations génitales féminines : un « nouveau » réseau à Bruxelles

Un « nouveau » réseau sur les mutilations génitales féminines à Bruxelles

La Coordination bruxelloise des Stratégies concertées de lutte contre les mutilations génitales féminines (CB SC-MGF) est l’un des 4 « nouveaux » réseaux financés par le gouvernement francophone bruxellois dans le cadre du nouveau Plan de promotion de la santé. Le projet permettra de créer une branche spécifiquement bruxelloise au sein du réseau des Stratégies Concertées de lutte contre les MGF.

Les Stratégies concertées de lutte contre les mutilations génitales fémininesNote bas de page (SC-MGF), réseau d’activistes et d’acteurs travaillant auprès de communautés concernées par les MGF, ont été mises en place dès 2008, en régions wallonne et bruxelloise. Ce réseau avait alors été lancé à l’initiative du GAMS BelgiqueNote bas de page – une asbl qui œuvre depuis 1996 dans la prévention des mutilations génitales féminines et la prise en charge des femmes, filles et familles concernées. Les SC-MGF, dont le GAMS assure la coordination, rassemblent des acteurs de tous les secteurs dans le but d’améliorer la coordination et la qualité des interventions et de mener un travail de plaidoyer auprès des instances politiques et administratives. Le site internet des SC-MGF constitue aujourd’hui un centre de ressources sur les MGF inédit en Belgique.Cette nouvelle démarche vise ainsi de renforcer l’ancrage des SC-MGF à Bruxelles par une branche spécifique de coordination bruxelloise et de mettre en place des actions répondant à la situation spécifique de la région.

Les mutilations génitales féminines – une préoccupation en région bruxelloise ?

Les mutilations génitales féminines (MGF) sont pratiquées dans une trentaine de pays et concernent 200 millions de femmes et filles dans le mondeNote bas de page. Il s’agit d’interventions pratiquées sur l’organe génital externe des femmes sans raison médicale, incluant la clitoridectomie (ablation du capuchon et/ou du gland du clitoris), l’excision (ablation partielle ou totale des petites et/ou des grandes lèvres), l’infibulation (rétrécissement de l’orifice vaginale par la suture des petites ou grandes lèvres) ou d’autres interventions telles que le « pricking » (percement du gland du clitoris). Ces pratiques sont reconnues comme des violations des droits humains des femmes et peuvent avoir des conséquences néfastes sur la santé physique, mentale et sexuelle de celles-ci.Les MGF sont criminalisées en Belgique, comme dans la plupart des pays européens. L’article 409 du Code Pénal belge sanctionne non seulement toute personne ayant pratiqué une forme de mutilation des organes génitaux féminins, mais également tout individu ayant facilité ou permis cette pratique. En cas de risque de MGF, toute personne qui est confrontée à cette situation a l’obligation de lui venir en aide (art. 422bis du CP). Aussi, le Code Pénal belge prévoit la possibilité, mais pas l’obligation, de lever le secret professionnel lorsqu’une fille ou une femme vulnérable a subi des MGF (art. 458 bis du CP). De plus, les MGF sont reconnues par la Belgique comme une forme de persécution basée sur le genre, pouvant donner lieu à une reconnaissance du statut de réfugié.e.Note bas de pageSelon la dernière étude de prévalenceNote bas de page menée en Belgique, près de 26.000 filles et femmes vivant dans le pays seraient concernées par ces pratiques (chiffres pour la fin de l’année 2016). L’étude estimait qu’environ 2/3 avait déjà subi une MGF (17 273) et que le tiers restant était à risque (8644). La région de Bruxelles-Capitale, la province d’Anvers et la province de Liège accueillent le plus de filles et femmes concernées. Pour Bruxelles, environ 8000 filles et femmes sont concernées.Les femmes et filles ayant déjà subi une mutilation génitale féminine ont besoin de pouvoir bénéficier d’une prise en charge adéquate, que ce soit au niveau des soins de santé, d’un suivi thérapeutique, de consultations sexologiques, d’aide sociale ou juridique. Les mesures de prévention sont toujours et encore nécessaires pour éviter que d’autres filles ou jeunes femmes subissent cette violence. Les Stratégies Concertées de lutte contre les MGF sont nées du constat qu’une meilleure collaboration et concertation intersectorielle, incluant acteurs publics et non-gouvernementaux, sont primordiales pour assurer cette prévention et prise en charge.

Un réseau en co-coordination

La création d’une Coordination bruxelloise des SC-MGF (CB SC-MGF) (que nous appellerons « réseau MGF bruxellois » pour plus de facilité) a été soutenue dans le cadre de l’appel à projet de la COCOF et s’inscrit dans le travail déjà mené par le réseau des Stratégies concertées de lutte contre les MGF (SC-MGF) depuis maintenant 10 ans.Le réseau bruxellois va permettre une prise en charge des spécificités du territoire bruxellois et une meilleure concertation entre les acteurs œuvrant auprès des communautés concernées par les MGF sur ce territoire. La finalité de la coordination bruxelloise des SC-MGF est ainsi de favoriser le travail communautaire, intersectoriel et pluridisciplinaire, afin de prévenir les mutilations génitales féminines, d’améliorer la prise en charge globale et de promouvoir la santé et le bien-être des personnes concernées par ces pratiques.

Une particularité du réseau MGF bruxellois est le fait qu’il s’inscrit non seulement dans le Plan Promotion de la Santé de la COCOF, mais également dans la politique d’Action sociale menée par la Ministre Frémault. En parallèle avec le subside attribué au GAMS pour ce projet, un autre subside a été attribué à l’asbl INTACTNote bas de page (association spécialisée dans les questions juridiques liées aux MGF) pour la coordination d’un « volet social » de ce réseau bruxellois. Les deux associations spécialisées se sont unies pour la co-coordination de ce réseau bruxellois : Stéphanie Florquin (GAMS Belgique), coordinatrice depuis 3 ans du réseau élargi des SC-MGF, pour le « volet Promotion de la Santé », et Charlotte Campo (INTACT), pour le « volet Action-sociale ». Les deux co-coordinatrices travailleront en collaboration étroite. Si chaque « volet » a ses responsabilités et activités, c’est bien ensemble que nous avons fixé l’objectif général de la Coordination bruxelloise des SC-MGF, à savoir de « favoriser le travail communautaire, intersectoriel et pluridisciplinaire, afin de prévenir les MGF, d’améliorer la prise en charge globale et de promouvoir la santé et le bien-être des personnes concernées par ces pratiques ». Deux objectifs spécifiques ont été définis pour le premier cycle du projet (3 ans) : 1) promouvoir les droits et la santé (sexuelle) des filles et des femmes concernées par les MGF vivant à Bruxelles-Capitale, et 2) favoriser la concertation et l’action intersectorielle sur la région.ImageActuellement, une vingtaine d’associations et d’institutions bruxelloises sont engagées, soit dans le cadre des Stratégies concertées de lutte contre les MGF, ou depuis la mise en place d’une coordination spécifique bruxelloise. Toutes structures en lien avec des communautés concernées par les MGF, ou intéressées par la santé sexuelle des femmes migrantes et les violences de genre, sont les bienvenues pour rejoindre le réseau. Pour ce faire, il suffit de remplir une simple feuille d’adhésion, disponible sur le site des Stratégies concertées MGF.Les activités du réseau SC-MGF ont toujours été ouvertes à tou.te.s et le réseau dépasse largement ses membres officiels. Ainsi, de nombreuses structures partenaires ou professionnel.le.s participent aux ateliers et aux rencontres, telles que l’Assemblée annuelle qui a lieu chaque début d’année depuis maintenant 3 ans. En 2018, c’est plus de 70 personnes, venues de Bruxelles et de Wallonie (et même de Flandre) qui se sont rassemblées pour échanger des informations en plénière et participer à des ateliers afin de discuter de thèmes spécifiques tels que : les idées reçues autour des MGF, comment aborder la question des MGF avec une femme pour la première fois, et le développement psycho-sexuel des enfants. Bien que la Concertation bruxelloise mettra en place des activités spécifiques pour les membres et partenaires de la région, nous continuerons à organiser les assemblées annuelles du réseau global SC-MGF, afin de permettre la rencontre entre les acteurs bruxellois et wallons de tous secteurs.

Les actions du « réseau MGF bruxellois»

La première action qui sera mise en place dans le cadre du projet en Promotion de la Santé sera un diagnostic communautaire dont le but est de (mieux) connaitre les besoins et attentes en matière de santé sexuelle des communautés concernées par les MGF vivant en région bruxelloise. Ce diagnostic sera mené en concertation avec les membres et partenaires du réseau et nous veillerons à intégrer les communautés concernées dans toutes les étapes, de la conception de l’étude à la validation des résultats, en passant par le recueil des données. Le diagnostic communautaire servira à formuler des propositions de mesures en vue d’améliorer la santé sexuelle des communautés concernées.Afin d’assurer l’appropriation du réseau par tous les membres et partenaires, des rencontres bilatérales seront organisées cette année, suivies par des réunions de concertation trois fois par an, permettant aux membres de se rencontrer et d’échanger sur leurs pratiques dans un cadre intersectoriel. Un rôle important du réseau sera également de soutenir les membres et partenaires dans leurs actions auprès du groupe cible (les communautés migrantes concernées par les MGF), à travers la création d’outils, l’organisation d’ateliers thématiques, de formations… En 2018, l’un des thèmes explorés lors de l’assemblée annuelle, en février dernier, était le développement psycho-sexuel des enfants et comment répondre aux questions de parents qui ont protégé leur(s) fille(s) de l’excision. Les professionnel.le.s peuvent être confronté.e.s à des idées de la part des parents et ne savent pas toujours comment y répondre : « Si on ne coupe pas le clitoris, ça va grandir, cest sale… », « Pourquoi ma fille met la main dans sa culotte, peut-être que j’aurais dû lexciser… ». Un atelier d’une journée avec l’asbl le CéréNote bas de page (Centre d’expertise et de ressources pour l’enfance), organisé à Bruxelles le 14 juin prochain, devra ainsi permettre aux professionnel.le.s de savoir comment aider les parents à déconstruire ces idées reçues autour du développement psycho-sexuel de leurs enfants.Le lancement officiel du réseau CB SC-MGF (volets « action-sociale » et « promotion de la santé ») est prévu le mardi 12 juin de 9h à 12h dans les bureaux de l’asbl INTACT. Toute personne intéressée par le travail de prévention des MGF, de prise en charge des femmes/filles concernées, ou travaillant auprès de communautés potentiellement concernées, sont vivement invitées à cette première rencontre. (Inscription par mail : scmgf.be@gmail.com)Crédits photos : Bea UhartPhoto1 : Khadia Diallo, fondatrice et présidente du GAMS Belgique (au centre), lors de l’Assemblée annuelle des SC-MGF en 2017.Photo 2 : Ibrahima Alpha Diallo, relais communautaire du GAMS Belgique, et Cendrine Vanderhoeven, sexologue au centre CeMAViE (*centre de prise en charge des complications des MGF) lors d’une conférence sur le thème « Excision et Sexualité -Déconstruire les idées reçues » organisée par les SC-MGF en septembre 2016.


UNICEF, 2016, “Female Genital Mutilation/Cutting: A global concern. New York : United Nations Children’s Fund.

https://uefgm.org/index.php/legislative-framework-be/?lang=fr

Dubourg, Dominique et Richard, Fabienne, 2018, « Estimation de la prévalence des filles et femmes excisées ayant subi ou à risque de subir une mutilation génitale féminine vivant en Belgique, 2018 – Mise à jour au 31 décembre 2016 », IEFH et SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement

Jeunes, alcool & société – Un groupe porteur devenu réseau

Le 30 Déc 20

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Jeunes, alcool & société – Un groupe porteur devenu réseau

Le groupe « Jeunes, alcool & société » est l’un des quatre réseaux subsidié par le Plan de promotion de la santé en région bruxelloise. Education Santé est allé à la rencontre de Anne-Sophie Poncelet (co-pilote du réseau et responsable de projets chez Univers santé) qui revient avec nous sur l’origine, l’évolution et les revendications du groupe.

Il y a une quinzaine d’années déjà, Univers santé, tout comme d’autres acteurs de terrain, observait l’émergence de nouvelles tendances en matière d’alcool : sur les pratiques commerciales d’abord et ensuite sur les consommations dans la société en général. C’est en 2003, à l’initiative d’Univers santé, que les partenaires à l’origine du groupe se rassemblent pour partager leur analyse et tenter d’objectiver leurs constats. Démarre alors une fructueuse collaboration et un travail en réseau, désormais reconnu comme tel.ES : Vous aviez formulé plusieurs constats sur les consommations d’alcool et les pratiques commerciales, il y a de cela 15 ans. A l’origine du groupe « Jeunes, alcool et société », ceux-ci ont-ils changé depuis lors ? ASP : Non, les constats restent principalement les mêmes, c’est-à-dire : un rajeunissement de la consommation, une féminisation grandissante des consommateurs et de nouvelles pratiques commerciales plus agressives et insidieuses pour, justement, atteindre et élargir son spectre de consommateurs. On a vu débarquer par exemple les alcopops, ces sodas alcoolisés, sur le marché.De plus, on constate que la consommation régulière (c’est-à-dire sur la semaine) concerne davantage les adultes, mais la consommation jusqu’à l’ivresse (plutôt pendant le week-end) concerne plus les jeunes. Cette tendance-là aussi se maintient.De manière générale, nous observions également un manque de concertation et de dialogue autour de la consommation d’alcool, que ce soit entre acteurs de terrain mais plus globalement au sein de la société. Boire de l’alcool est très ancré culturellement et fait partie de notre quotidien, mais cela reste paradoxalement tabou. Il y a un manque de dialogue sur le sujet, notamment entre les parents et leurs enfants (« quelles limites poser ? », « comment l’aider à prendre conscience ? »…). Parler de la consommation d’alcool fait aussi appel à toute une série de représentations. De plus, les médias jouent allègrement avec les stéréotypes, qu’ils renforcent malheureusement la plupart du temps.ES : Comment le groupe a-t-il démarré ? ASP : C’est autour de ces constats que nous nous sommes réunis en 2003, et le démarrage du groupe porteur s’est officialisé à l’occasion d’un colloque sur les jeunes et l’alcool en 2004. S’y sont réunis des partenaires qui touchent aux différents milieux de vie du jeune. L’idée était d’avoir une vision enrichie de différents points de vue et de pratiques de terrain.Nous avons décidé de nous réunir plusieurs fois par an afin d’échanger et se concerter, ainsi que poursuivre nos observations et travailler à la sensibilisation des questions liées à la consommation d’alcool chez les jeunes et plus largement de la société.Nous travaillons sur les contextes liés aux consommations, pour promouvoir in fine des modes de consommation plus responsables et moins risqués.ES : De quelle manière la démarche s’inscrit-elle dans une optique de promotion de la santé ? ASP : Notre nom « Jeunes, alcool & société » peut porter à croire que nous stigmatisons le produit ou le public. Or, notre approche reste bien ancrée dans la promotion de la santé, malgré un angle qui cible un produit et un public. L’alcool est un produit qui tient une place particulière dans notre société, est culturellement ancré, légalisé… c’est un produit qui a des spécificités dont il faut tenir compte. Dans ce cas, un ancrage « produit » permet d’aborder ces particularités tout en ayant la volonté d’élargir aux consommations et de tenir compte des nombreuses dimensions qui y sont associées.En veillant à adopter une vision globale et nuancée sur ces questions, notre démarche s’inscrit donc bien dans une optique de promotion de la santé. Nous ne cherchons pas à promouvoir l’abstinence ou la prohibition, mais nous ne souhaitons pas non plus banaliser sa consommation. C’est donc sur les contextes de consommation que nous travaillons pour que celle-ci soit responsable, à moindre risque et qu’elle reste un plaisir.ES : Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour atteindre « une consommation d’alcool plus responsable et moins risquée chez les jeunes » ? ASP : Vu la complexité du sujet et les différents facteurs (culturels, législatifs, individuels…) qui entrent en jeu, nous avons décidé de travailler sur deux niveaux : les représentations et les contextes de consommation.Au préalable et de manière continue, un travail sur les représentations est indispensable pour pouvoir aborder cette problématique très complexe. En effet, plusieurs facteurs individuels et sociaux entrent en jeu : l’acceptation (voire la valorisation) culturelle de la consommation d’alcool, les représentations que les parents ou adultes-relais mais aussi que les jeunes en ont, les représentations véhiculées par les médias, les alcooliers… Par exemple, les parents ou adultes-relais se sentent souvent démunis pour aborder ce sujet avec le jeune.ES : Ces objectifs ont-ils évolué ? ASP : Notre travail s’est progressivement axé de plus en plus sur les contextes de consommation, le deuxième niveau sur lequel le Groupe travaille, et qui reste complémentaire au travail sur les représentations.ImageQuand on parle de contextes de consommation, on fait aussi référence à « & société » dans notre nom. Il nous a semblé important de l’ajouter pour traduire notre volonté de travailler à l’échelle de l’ensemble de la société et souligner que chacun a sa responsabilité face à la question. Pas seulement les jeunes. Pas seulement les parents face au jeune. Mais les décideurs, les acteurs politiques, les médias, l’ensemble des citoyens… Sensibiliser, interpeller sur les politiques publiques, les législations, faire remonter nos préoccupations… Rapidement, nous nous sommes dit au sein du groupe que notre point fort était de construire ensemble un plaidoyer et de mener un travail de lobbying aux niveaux médiatiques, législatifs, politiques pour influencer les environnements liés aux consommations. Ensemble, nous avons un poids et des ressources que nous n’avons pas isolément, chacun de notre côté. A plusieurs et au départ de nos terrains respectifs qui rassemblent différents lieux de vie du jeune, nous pouvons agir plus haut.Il y a un flou artistique en matière de législation sur le sujet (par exemple, la définition des « spiritueux » n’est pas claire et peu connue). Nous sommes régulièrement interpellés par des parents ou des adultes-relais qui se questionnent sur les législations en vigueur et la manière de les interpréter. Toutes ces questions nourrissent et renforcent notre plaidoyer.On attache beaucoup d’importance et le temps nécessaire à trouver un consensus sur la position que l’on porte, c’est un aspect primordial pour faire « front commun ». Cela nous a permis par exemple d’établir 9 revendications (voir encadré), portées intégralement par l’ensemble des partenaires.ES : Qu’en est-il des résultats attendus ? Y a-t-il déjà eu des batailles remportées au niveau du plaidoyer ? ASP : Au niveau du travail sur les représentations, c’est toujours très compliqué à évaluer, les indicateurs sont difficiles à construire. Nous attendons que les médias et la société en général fassent part d’une vision plus fine et plus complexifiée de la thématique. Nous devons nous attacher à construire et élaborer plus d’indicateurs pour évaluer ces éléments.En ce qui concerne la législation et les contextes, les résultats attendus sont plus précis et concrets, en partant de nos 9 revendications (voir ci-après), comme la suppression de la publicité pour l’alcool qui peut être facilement évaluée (« est-on arrivé à cet objectif ou non ? »).Tout ce travail prend du temps mais nous percevons une évolution positive. Depuis quelques années, de plus en plus de politiciens s’adressent à nous pour des questions, des recommandations, des avis, des questions parlementaires… Toute l’expertise du Groupe est reconnue. Nous avons l’impression qu’ils sont beaucoup plus enclins maintenant à débattre du sujet alors qu’il y a quelques années encore, il n’était même pas mis sur la table. L’alcool reste cependant une manne financière de poids, certains partis restent plus frileux que d’autres sur des questions telles que la publicité.ES : Qui sont les membres du réseau ? Y a-t-il eu des nouveaux venus ? ASP : Aujourd’hui, le Groupe se compose de 12 partenaires issus du secteur assuétudes (Infor Drogues, RAPID et La Citadelle), du secteur Jeunesse (les Scouts, le Conseil de la Jeunesse, Jeunesse & Santé, Latitude Jeunes), du secteur santé (Univers Santé et Prospective Jeunesse), du secteur parents avec La Ligue des Familles. Question Santé et Modus Vivendi nous ont rejoint dernièrement. Chaque nouvelle demande de rejoindre le réseau est étudiée pour voir la plus-value par rapport aux membres déjà présents.Pour l’instant, le secteur scolaire, pourtant incontournable dans la vie d’un jeune, n’est pas représenté au sein du Groupe. Certains des membres du réseau sont en contact avec ce secteur mais c’est compliqué de le représenter car il se compose lui-même de différents réseaux. De plus, il faut rester prudent dans le nombre de membres, afin de garder un fonctionnement efficace et optimal.Le milieu sportif par exemple, est un autre secteur concerné par la consommation d’alcool (pensons aux 3èmes mi-temps). Mais nous pouvons également solliciter ces secteurs sans pour autant qu’ils intègrent forcément le groupe. Enfin, nous encourageons toute association à cosigner nos revendications et à soutenir ainsi le réseau.ES : Pouvez-vous nous expliquer concrètement comment « fonctionne » le réseau Jeunes, alcool & société ? ASP : Univers santé est le pilote du groupe porteur depuis le départ. Mais nous remettons régulièrement ce mandat en question pour être certains que cela convient encore à tous les membres.Nous sommes la cheville-ouvrière en quelque sorte. Tous les membres du réseau nous alimentent en continu et travaillent au plaidoyer, mais il y a un travail de veille, de planification des réunions, de rapports à faire. La gestion et la mise à jour du site web – www.jeunesetalcool.be – fait également partie du boulot car il permet un partage d’informations et d’outils, une rubrique de questions fréquentes… Deux nouvelles fonctionnalités sont d’ailleurs apparues cette année : d’une part, les citoyens ont la possibilité de nous envoyer leurs interpellations quant à des publicités ou des pratiques marketing douteuses ; d’autre part, les associations intéressées sont invitées à co-signer nos revendications.Par le passé, nous avons organisé un colloque sur l’alcool en milieu étudiant en 2006. En 2008, c’était une table-ronde bruxelloise sur les spécificités de la consommation d’alcool chez les jeunes à Bruxelles. Ce processus s’est d’ailleurs poursuivi pendant une année encore pour essayer de créer des espaces de discussion entre acteurs du terrain, secteur par secteur (sportif, festif…). Le Groupe est également à l’origine de plusieurs outils « pour en parler » tels que la vidéo « A contre-pied », les « PictosConsos »… ; et des outils « pour décoder » comme le dossier « Les publicitaires savent pourquoi » et « Les jeunes savent pourquoi », en plus des outils conçus par chacun des membres du réseau. Nous nous réunissons 4 fois par an, sur une base régulière. Certains projets comme les outils nécessitent parfois de se voir plus fréquemment. Entre nos réunions, il y a beaucoup d’échanges et de partages d’informations entre les partenaires.ES : En guise de conclusion, quel message le Groupe Jeunes, alcool & société souhaite-t-il adresser aux lecteurs d’Education Santé ? ASP : Une invitation à continuer à se mobiliser et à soutenir le réseau dans ses actions et revendications. Plus on est nombreux, plus on est forts. Et qu’il ne faut pas hésiter à nous faire parvenir les témoignages de ce que chacun observe au sein de sa pratique, ceci peut alimenter notre travail.

Pour plus d’informations : www.jeunesetalcool.be

Les 9 revendications du groupe Jeunes, alcool et société

Nos décideurs politiques ne prennent pas toujours la mesure de la responsabilité de l’État et/ou de leur capacité d’action sur ces questions. Ce document résume les réflexions et propositions du Groupe en matière de législation qui nous semblent essentielles à mettre en œuvre dès que possible.

ImageSupprimer la publicité pour les produits alcoolisés

L’alcool est le psychotrope le plus consommé dans l’ensemble de l’Union européenne et, contrairement à d’autres produits psychoactifs (tabac, cannabis, ecstasy…), c’est aujourd’hui le seul psychotrope pour lequel il est encore autorisé de faire de la publicité ; il n’est pourtant pas dépourvu de conséquences sur la santé, bien au contraire. De nombreuses études prouvent l’effet très important de la publicité sur la consommation d’alcool.Or, la publicité pour les boissons alcoolisées est omniprésente, en particulier en Belgique, et les alcooliers ne cessent de développer des pratiques commerciales douteuses dans le but de favoriser les surconsommations et de toucher de nouveaux publics, dont celui des plus jeunes.Il est donc temps que les pouvoirs publics prennent des mesures plus égalitaires afin de mieux protéger les consommateurs, y compris les plus jeunes, et lèvent le paradoxe qu’ils entretiennent entre protection des consommateurs et incitation à la surconsommation par une règlementation trop permissive pour les grands producteurs de boissons alcoolisées.Le Groupe porteur « Jeunes, alcool & société » demande l’interdiction de la publicité pour l’alcool, à l’instar des autres psychotropes pour lesquels elle a déjà été interdite. En effet, l’Etat, dans le cadre d’une politique « drogues » cohérente, doit permettre aux consommateurs de faire des choix libres et éclairés, dénués de toute influence publicitaire et commerciale.

Image Clarifier et simplifier la loi

La loi permet de poser un cadre, des limites et, dans le cas de la consommation d’alcool, de protéger les mineurs. Cependant, la législation en vigueur, qui distingue boissons fermentées et boissons spiritueuses, n’est pas encore assez claire, malgré les dernières modifications de décembre 2009. Le terme « spiritueux » est difficilement compréhensible, peu connu du public et aucune information n’est disponible sur les contenants pour rendre compte de cette distinction. En outre, la loi reste peu appliquée (plus de 80% des commerces vendent encore des boissons spiritueuses à des mineurs d’âge alors que la loi le leur interdit) et témoigne de la difficulté à l’intégrer. Le Groupe porteur souhaite l’adoption d’une loi claire pour tous, facilitant ainsi le travail préventif et éducatif des acteurs de terrain. Une loi doit être compréhensible et appliquée pour qu’elle soit efficace.Dès lors, si le législateur veut garder une distinction entre certains types de boissons alcoolisées selon les âges (16-18 ans), il est préférable selon nous de se baser sur le taux d’alcool puisque l’information est accessible sur les bouteilles et donc disponible à tous. Nous proposons ainsi cette clarification :

  • En-dessous de 16 ans : aucune boisson alcoolisée

  • A partir de 16 ans : toute boisson alcoolisée dont le taux d’alcool ne dépasse pas 16°

  • Au-dessus de 18 ans : toute boisson alcoolisée

Cette proposition a le mérite de simplifier la distinction actuelle, bien trop complexe, tout en étant plus proche de la réalité de terrain (interdire tout en dessous de 18 ans serait plus simple mais utopique puisque l’on sait que la plupart des mineurs consomment, que l’âge moyen de la première consommation est de 13 ans et qu’une législation plus stricte nécessiterait des moyens considérables pour la faire appliquer correctement).

Image Renforcer structurellement l’éducation, la prévention et la réduction des risques

L’évolution des préoccupations politiques témoigne d’une belle avancée en la matière mais cela reste insuffisant. Il est urgent de tendre vers une politique de drogues plus globale, afin de développer des actions et des législations qui font sens, sans démultiplier les énergies et pour atteindre des objectifs communs.Parmi les moyens d’action, la promotion de la santé doit être réellement considérée comme prioritaire, et à soutenir à long terme. Or, en matière de drogues, les dépenses publiques octroyées au secteur « prévention » et « réduction des risques » paraissent encore quasi insignifiantes au regard de celles attribuées aux secteurs « assistance » et « sécurité ». En effet, sur l’ensemble des dépenses publiques consacrées aux assuétudes, tout confondu, seulement 1,2% vont à la prévention et 0,4 % à la réduction des risques contre 68,7% pour l’assistance et 29,6% pour la sécurité2 ! Le budget consacré à la prévention a même reculé de 7 % entre 2004 et 2012 alors que celui consacré à la sécurité a augmenté de plus de 30% ; pourtant toutes les études montrent que la prévention et la réduction des risques sont à renforcer et que les politiques répressives sont partiellement en échec.Il est donc temps de rétablir un juste équilibre pour donner une place plus importante qu’elle ne l’est actuellement aux actions éducatives et de promotion de la santé, investissement utile et efficace puisqu’il permet, in fine, d’agir réellement sur les comportements à risque pour l’individu et pour la société.Agir en amont est dans l’intérêt de tous, tant des populations que des pouvoirs publics, en permettant de limiter les dommages liés aux consommations problématiques, dont les coûts sont très conséquents (1€ investi en prévention permettrait de gagner 4€ sur la sécurité sociale à moyen terme, la prévention serait donc le placement le plus rentable pour l’Etat).

Image Dépénaliser l’apprentissage parental

Aujourd’hui, la loi pénalise toute personne qui sert de l’alcool à un jeune de moins de 16 ans et concerne ainsi, de facto, les parents. Le Groupe porteur souhaite dépénaliser l’apprentissage parental et permettre ainsi aux parents d’assurer un rôle éducatif en matière de consommation d’alcool, levier d’apprentissage à une consommation cadrée, généralement progressive, socialement adaptée, plus responsable et moins risquée.Conscients que tous les modèles parentaux ne sont pas idéaux, nous estimons cependant que les adultes doivent pouvoir accompagner le jeune et en parler avec lui lorsqu’il commence à témoigner de l’intérêt pour le produit. Ceci afin de l’éduquer au « bien boire », aux plaisirs qualitatifs (et non quantitatifs) mais aussi aux risques qui y sont liés, le dialogue étant la clé de tout travail en prévention et constituant déjà un pas éducatif.Nous souhaitons qu’à la loi actuelle « Il est interdit de vendre, de servir ou d’offrir… » soit ajoutée la mention « à titre commercial ou promotionnel » afin de pallier à ce travers.

Image Créer un Conseil fédéral de la publicité

Au quotidien, la publicité nous manipule et limite notre liberté de faire un choix éclairé en matière de consommations. Ses dérives sont nombreuses et le marché publicitaire est en pleine mutation depuis quelques années, comme en témoignent le développement de nouveaux produits et des techniques publicitaires toujours plus agressives et plus ciblées. Le secteur de l’alcool en est un illustre exemple. Mais les dérives s’observent également en matière d’alimentation, de développement durable, d’égalité des sexes ou encore de greenwashing. C’est donc l’ensemble de la publicité qui doit être mieux contrôlée.Dès lors, outre les questions liées à la publicité pour l’alcool, la solution proposée serait de légiférer en matière de pratiques commerciales et de réguler l’ensemble de la publicité à travers un Conseil fédéral de la publicité, organe public à créer, indépendant, au pouvoir réellement contraignant et aux missions d’observation élargies.Seul un contrôle public de la publicité permet de garantir au citoyen un niveau de protection élevé et effectif, synonyme d’une publicité éthique et responsable. Le secteur privé ne pourra jamais se substituer au secteur public dans la défense de l’intérêt général.

Image Rendre l’eau gratuite dans l’Horéca

Les risques encourus par le consommateur sont exacerbés par la déshydratation que l’alcool provoque. Nous devons donc faciliter l’accès à l’eau afin de généraliser le fait d’alterner boisson alcoolisée et boisson « soft » chez les consommateurs d’alcool. Rendre l’accès gratuit à l’eau dans les restaurants, cafés et bars, serait donc une politique publique utile et nécessaire, rendant prioritaire la santé de tous plutôt que l’intérêt économique d’une minorité. Favoriser un environnement responsable tout en laissant le choix des produits consommés, c’est laisser le libre arbitre à chacun et lui permettre d’avoir des alternatives propices à sa santé.Comme c’est déjà le cas en France, en Grèce, en Suède ou encore au Royaume-Uni, le Groupe souhaite donc que l’eau de distribution soit accessible gratuitement dans l’Horeca.

Image Obliger l’étiquetage nutritionnel sur les boissons alcoolisées

Le consommateur devrait avoir, en toutes circonstances, le droit d’être informé sur ce qu’il consomme. L’UE impose d’ailleurs cela sur tous les produits alimentaires – à tout le moins concernant les apports nutritionnels et la composition du produit. Tous, sauf un : les boissons alcoolisées ! Une consommation d’alcool, comme tout comportement de santé d’ailleurs, devrait pouvoir se faire sur la base d’un choix éclairé.C’est pourquoi nous demandons qu’il n’y ait plus d’exception à la règle et que tous les produits alcoolisés soient étiquetés comme les autres produits alimentaires.A ces informations nutritionnelles pourrait être ajouté le nombre d’unités standards d’alcool que contient le flacon, cela faciliterait l’auto-évaluation de sa consommation (pour rappel : une unité standard d’alcool contient 10gr d’éthanol et sert de référence dans toute la littérature internationale).

Image Découpler la publicité alcool des espaces de campagnes de prévention sur les médias publics

Un décret sur les services de médias audiovisuels en Fédération Wallonie-Bruxelles prévoit l’octroi d’espaces gratuits pour des campagnes d’éducation pour la santé au prorata des espaces publicitaires pour des boissons alcoolisées.Il est impératif de rompre le lien paradoxal et insensé entre le volume de publicités pour l’alcool diffusé dans les médias belges et les espaces dédiés aux campagnes de prévention dans ces mêmes médias. Le législateur doit fournir des espaces garantis et indépendants tout en renforçant le budget octroyé à la prévention. Dès lors, nous proposons que soit mis en place un quota annuel fixe d’espaces gratuits pour les campagnes de prévention, basé sur la moyenne des espaces qui ont été octroyés pour celles-ci lors des cinq dernières années sur chaque chaîne (budgets de réalisation non compris).

Image Modifier le slogan actuel sur les publicités pour les produits alcoolisés

Aujourd’hui, le Jury d’Ethique Publicitaire « oblige » (sans réel pouvoir contraignant puisque le JEP est un organe privé) la mention « Notre savoir-faire se déguste avec sagesse » sur toute publicité alcool. Mais celle-ci apparaît plutôt un slogan publicitaire qu’un avertissement sanitaire.Dès lors, pour sortir de cette hypocrisie et tant que la publicité est autorisée (cf. proposition 1), le Groupe propose de remplacer la citation actuelle par une mention plus objective et informative pour que le consommateur puisse faire des choix éclairés, comme c’est le cas par exemple en France, avec la mention obligatoire : « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé ».

« Ville en santé, ville en mouvement », une première matinée pour réfléchir ensemble la mobilité

Le 30 Déc 20

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« Ville en santé, ville en mouvement », une première matinée pour réfléchir ensemble la mobilité

Comme l’indique le nom de la matinée d’échange organisée par l’Observatoire de la santé du Hainaut (OSH), « Ville en santé, ville en mouvement », la santé et la mobilité sont étroitement  liés. Le 29 novembre dernier étaient conviés dans les locaux de l’observatoire,  différents acteurs en lien avec la mobilité au sens large. Du sport à l’aménagement urbain, des enfants aux personnes âgées, des initiatives communales au plan wallon, les échanges d’idées ont été riches ! Cette matinée prend d’autant plus de sens lorsqu’on nous rappelle que la sédentarité est devenue la 4ème cause de mortalité. Alors, comment « bouge-t-on » aujourd’hui dans notre pays ?

Quelques focus de la matinée

La mobilité, vaste sujet que voilà… Voici donc quelques focus sur certaines idées, faits marquants présentés ou éléments de réflexion exposés lors de cette matinée ainsi que des initiatives réalisées dans différentes régions du pays.

  • L’observatoire de la santé du Hainaut dont les priorités de recherches et d’actions sont « manger-bouger-respirer » nous indique qu’il ressort de leurs études que les loisirs des jeunes sont en évolution. On constate une diminution du temps consacré à une activité sportive au profit de l’utilisation des écrans, soit une activité passive. Derrière le terme général des écrans on y retrouve évidemment les smartphones mais aussi les consoles de jeux vidéo qui occupent une place importante.Pour en savoir plus sur les projets et actions de l’OSH : https://www.hainaut.be/sante/osh/template/template.asp?page=accueil
  • Philippe Lorent, directeur à la direction la planification et de la mobilité pour la région wallonne, a expliqué que la région souhaite penser la mobilité pour plus de déplacements physiquement actifs. Cela demande une réflexion sur la mobilité en elle-même pour qu’elle soit plus conviviale et surtout différente de la voiture en favorisant par exemple les transports en commun. Il est également important d’avoir des endroits qui soient agréables pour se déplacer. A titre d’exemple, les citoyens ont moins envie de se déplacer à pied si les trottoirs sont occupés par des voitures garées dessus

Il faut permettre au citoyen de se déplacer au bon moment, avec le bon moyen de transport.

Monsieur Lorent a également remis en avant le plan Wallonie cyclable qui promeut une mobilité durable pour tous les citoyens. Actif depuis 2010, il a pour but d’améliorer les conditions de pratique du vélo sur le territoire wallon pour augmenter son utilisation d’ici 2020. Sept ans après sa mise en place, on constate déjà des effets significatifs notamment à Liège où l’usage du vélo à triplé.

Pour en savoir plus :

Des ASBL qui soutiennent la mobilité douce:

  • Mouscron, ville cyclable représentée par sa bourgmestre Brigitte Aubert.

Dans le cadre du plan wallon, la ville a été choisie comme commune pilote au même titre que Namur, Wanze ou encore Marche-en-Famenne. Mouscron a donc repensé sa ville ou plutôt sa ville en vélo en aménageant son territoire avec des bandes cyclables suggérées, des chevrons, des zones avancées pour cyclistes et  autorisé dans certaines rues à sens unique le passage des vélos à contre sens. Ce dernier aménagement est particulièrement important puisque la ville compte un bon nombre de rues à sens unique. Cette transformation du paysage mouscronnois a demandé du temps et parfois un réaménagement complet de la voirie.

  • Caroline Ena, coordinatrice fédérale pour Enéo Sport, a apporté un éclairage sur la place de l’activité sportive pour les ainés. Nous sommes tous de plus en plus d’accord sur l’importance de rendre le citoyen acteur de sa santé, et donc de sa mobilité. Pourtant, on remarque que les espaces sportifs sont très occupés : la journée par les écoles, le soir par les loisirs. Où se trouve donc la place des ainés ? Caroline Ena souligne également toute l’importance de proposer des espaces accueillants sans oublier de proposer des activités. Ces activités devraient non seulement valoriser l’activité sportive mais aussi anticiper une plus-value sociale pour l’ainé, par exemple, enrichir son réseau social. De plus, une bonne activité est celle pensée en fonction des régions et du mode de vie des gens. On sait qu’en région bruxelloise les citoyens sont moins enclins à faire de longs déplacements pour pratiquer un sport à l’inverse des wallons.

En savoir plus sur https://www.eneo.be/

  • L’ASBL GYMSANA était représentée par Thierry Boutte, son directeur. Elle a pour mission d’aider à reculer l’entrée en dépendance des personnes âgées. Aidée de 150 partenaires locaux elle organise différentes activités sportives. Tout en se basant sur les données scientifiques elle a pour mission de rendre ces activités accessibles à tous, peu importe l’âge, le lieu de vie, le niveau socio-économique ou encore la pathologie. Monsieur Boutte a souligné toute l’importance de comprendre que les personnes âgées ne sont pas un groupe mais bien des groupes. En effet, un passé de sportif, une pathologie, un manque de moyen financier sont des facteurs influençant l’accès au sport des ainés.Promouvoir le sport c’est lutter contre la sédentarité mais aussi contre l’isolement en faisant de l’activité sportive un espace-temps de rencontre et d’échanges. Mais comment amener les ainés vers le sport ? Une piste évoquée était de travailler sur l’image de jeunesse véhiculée par le sport qui s’accompagne de « ce n’est pas/plus pour moi » dans la bouche des ainés. Il faut faire naître/renaître le désir de pratiquer un sport. Pour ce faire, pratiquer un discours non paternalisant ou infantilisant en passant par des personnes ressources comme le médecin traitant, la famille ou l’efficacité du bouche à oreille serraient des pistes à explorer.

En savoir plus sur https://www.gymsana.be/accueil.php

Quid de demain ?

Une telle matinée d’échanges permet de croiser nos savoirs et nos actions. Elle permet surtout de faire se rencontrer des acteurs de différents niveaux qui ne se connaissent pas toujours mais œuvrent pour le même but. Des acteurs qui travaillent pour un mode de vie plus actif car aujourd’hui, dans le domaine de la santé publique, la sédentarité occupe une place tout aussi importante que l’alcool !

« En 40 ans, un quart de la capacité cardio-vasculaire des jeunes a disparu » – Pierre Bizel (OSH)

A l’heure actuelle, ce qui différencie la sédentarité des autres « grandes » pathologies de santé publique c’est le fait que nous n’avons pas encore d’histoire de la maladie. Nous avons donc moins de recule, moins de plateformes, de porte-paroles ou de réseaux d’échanges que l’alimentation par exemple.

Le prochain rendez-vous donné par l’observatoire de la santé du Hainaut sera en novembre 2018… à vos agendas !

Ensemble pour la santé : la première biennale

Le 30 Déc 20

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Ensemble pour la santé : la première biennale

Le premier et deux décembre, s’est tenue à Bruxelles, la première biennale nationale pour la santé et le mieux-être, « Ensemble pour la santé ». Cet évènement de taille a été organisé à l’initiative de la Plate-forme d’Action Santé et Solidarité. Son objectif principal ? Promouvoir les actions locales et participatives sur les déterminants sociaux de la santé afin d’améliorer la santé des populations et de réduire les inégalités sociales de santé.

La Plate-forme d’Action Santé et Solidarité, c’est qui ? C’est quoi ?

C’est plus de 30 représentants de la santé et du bien-être issus des milieux associatifs, mutualistes, syndicaux, des universités, de la citoyenneté, … Qu’ils viennent de Flandre, de Wallonie ou de Bruxelles, ils se rassemblent tous autour d’un projet commun. Ce projet commun, fondement de la charte de la plate-forme, c’est de promouvoir des politiques de santé progressistes et égalitaires en Belgique, en Europe et dans le monde.Ensemble, ils forment un groupe militant et enrichissant qui unit ses forces pour d’une part informer et sensibiliser les professionnels et la population sur les conséquences des attaques des politiques néolibérales sur la protection sociale et le service public des soins de santé. Et d’autre part pour proposer, encourager et défendre des politiques de santé et de promotion du bien-être progressistes et solidaires. Ces deux axes principaux se dessinent autour de grands thèmes bien connus dans la santé :

  • La santé comme droit pour tous,

  • La lutte contre les inégalités sociales de santé,

  • Résister au processus de privatisation et de marchandisation du secteur de la santé,

  • Encourager la recherche publique et le prix bas des médicaments,

  • Défendre des soins de qualité et de bonnes conditions de travail pour le personnel de santé.

La plate-forme d’Action Santé et Solidarité est fédérale et bilingue. Elle fonctionne grâce aux affiliés et à leur investissement. Si aujourd’hui on y compte une majorité d’acteurs francophones, on prévoit une plus grand parité d’ici 2019 avec l’arrivée de nouveaux affiliés néerlandophones.

Le bilinguisme, voire même le multilinguisme a particulièrement été bien mis à l’honneur durant la biennale. En plus de proposer une traduction simultanée lors de la séance plénière, des traducteurs étaient présents pour permettre à chacun de communiquer au sein d’un même groupe. A l’image même de la plate-forme, il n’y a pas de barrière de la langue mais bien des moyens de connexion entre les acteurs porteurs d’expertise.

« Ensemble pour la santé »

« Ensemble pour la santé » c’est un grand projet qui touche les nombreuses réalités qui gravitent autour de la santé et du bien-être en mobilisant les citoyens, les professionnels (bien au-delà du secteur de la santé) et les politiques.

Ses objectifs

L’objectif général est de « promouvoir les actions locales et participatives sur les déterminants sociaux de la santé afin d’améliorer la santé des populations et de réduire les inégalités sociales de santé. »Note bas de pageCet objectif général couvre plusieurs dimensions :

  • « Mettre en évidence les facteurs sociaux (logement, culture, environnement,…) comme déterminants majeurs de la santé.

  • Mettre en valeur les dynamiques et stratégies d’action qui ont un impact sur ces déterminants sociaux de la santé et qui sont mises en œuvre à un niveau local et à travers des démarches participatives. Ainsi:

    • Contribuer à la visibilité et la reconnaissance de ces démarches, par le grand public et par les politiques.

    • Etre un moment d’interpellation du politique pour à la fois montrer que des alternatives existent et fonctionnent, en vue d’obtenir son soutien.

  • Permettre l’échange de savoirs et d’expériences entre acteurs dans le but de renforcer les compétences et les actions.

  • Mettre en valeur l’impact des actions locales et participatives à travers la recherche scientifiques (existantes ou à mettre en œuvre).

  • Créer des liens solidaires entre acteurs, citoyens, professionnels et élus, provenant des différentes régions de la Belgique et de différents secteurs. Ils se baseront sur des valeurs communes dans le but d’un mieux-être pour tous.

  • Identifier les conditions nécessaires au développement des actions locales et notamment mettre en évidence les stratégies mises en œuvre à différents niveaux de décision (fédéral, régional, communautaire, communal). »Note bas de page

La biennale

Nous le savons, la santé est influencée par une multitude de déterminants tels que le logement, la scolarité, la culture, l’environnement, … et bien d’autres encore. Les membres organisateurs, et maintenant les participants de la biennale, sont convaincus qu’en reconnaissant la diversité de chacun et en unissant les savoirs et les ressources nous pouvons favoriser des projets qui s’élaborent dans un processus de co-construction à différents niveaux. Une co-construction où nous passons du « je » au « nous » pour partager nos ressources et donner de l’énergie à nos créativités. Cet évènement a été l’occasion de tourner les projecteurs vers des initiatives locales qui proposent des projets innovants et participatifs. C’est rassembler en un même lieu des acteurs de différents niveaux qui ne se connaissent pas toujours et ainsi faire émerger une meilleure adéquation entre eux.

« Nous le faisons car nous pensons que ces initiatives contribuent à une plus grande justice sociale, une plus grande solidarité, une meilleure qualité de vie et santé pour toutes et tous. »Note bas de pageLes participants ont été particulièrement bien accueillis durant cet évènement. Comme cela avait été mentionné avec humour dans l’introduction le premier jour, nous avons assisté à deux journées de « chaos créatif », un peu organisé quand même. Cette biennale est décrite comme cela car plus il y a d’ordre, moins il y a de place pour la créativité, pour amener de nouvelles choses. Et c’était vrai !S’il était impossible d’assister à la totalité des activités proposées durant ces deux jours, voici quelques exemples de ce qui nous était proposé:

  • Une séance plénière où monsieur Wim Van Hees a présenté le groupe d’action Ademloos, mouvement citoyen qui milite depuis plus de 20 ans pour un recouvrement respectueux de la santé du ring d’Anvers. Madame Christine Ferron, directrice de la FNESNote bas de page illustrait toute l’importance de lutter contre les inégalités de santé.

  • Le théâtre du Copion jouait quelques scènes de son spectacle « Je me soigne moi non plus ! » portant sur les inégalités d’accès aux soins.

« Tu vois mon p’ti Oscar, je crois qu’on ne peut guérir que quand on a du monde autour de soi » – Je me soigne moi non plus !

  • Un marché aux initiatives : la LUSS, la Plate-forme pour promouvoir la santé des femmes, Cultures & Santé, Prenons soins de nous, Handicap & Santé, …soit plus de 30 associations présentes pour expliquer leurs projets et activités.

  • Différents ateliers autour de sujets proposés par les participants ou autour de projets déjà existants pour découvrir, échanger, alimenter les débats, … quels sont nos obstacles d’aujourd’hui et les solutions de demain ? Quelles pourraient être nos stratégies ? Que serait notre action symbolique pour marquer la biennale ?

  • Des présentations artistiques sous forme de conférence gesticulée, film ou slam pour illustrer des problématiques vastes et complexes comme l’accès au logement ou l’ingérence de la santé des femmes.

De manière générale nous avons contribués durant cette première biennale à répondre à la question de « comment améliorer la santé entre 2018 et 2024 ? ». Papillonnant d’un atelier à un autre pour contribuer aux échanges ou simplement écouter, chaque participant pouvait répondre avec bienveillance à la loi des deux pieds. Cette loi nous dit que si sur le pied droit nous n’apprenons plus rien et que sur le pied gauche nous ne sommes plus en train de contribuer… alors il faut aller voir ailleurs, comme dans un autre atelier.

Et si on ne devait en retenir qu’une chose de cette biennale…

Ce serait que ce n’est pas tant l’apport de nouvelles connaissances qui a marqué cette première édition d’ « Ensemble pour la santé » mais bien la prise de conscience de l’importance du processus en lui-même ! C’est par la façon de penser le processus de co-construction de nos projets que nous pourrons peut-être agir au mieux pour la santé de demain, pour la santé de chacun.Pour en savoir plus : https://www.samenvoorlasante.be/fr/


Fédération Nationale d’Education et de promotion de la Santé en France.

« Je pense aussi à moi » : des outils pour ne pas s’oublier !

Le 30 Déc 20

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« Je pense aussi à moi » : des outils pour ne pas s’oublier !

Stress, surcharge, burn-out, déséquilibre familial… des concepts qui sont loin de nous être inconnus. Comment préserver son bien-être mental dans la société actuelle ? Comment mener un travail de prévention en santé mentale ? Le projet « Je pense aussi à moi » (JPAAM) tente de répondre à ces questions. C’est un projet, initié par la Mutualité Chrétienne (MC), qui se compose d’un site qui propose des conseils et des articles de fonds pour comprendre les mécanismes sous-jacents au stress, à l’épuisement… JPAAM c’est aussi une offre d’activités régionales pour découvrir et s’initier à de nouvelles activités, pour trouver des conseils et des ressources, pour ne pas être seul !Education Santé a rencontré Aline Franssen, chargée de projets chez Infor Santé, , le service de promotion de la santé de la MC, qui travaille sur la campagne « Je pense aussi à moi ».ES : Comment tout cela est-il né ?Par un constat de départ réalisé il y a quelques années déjà : de nombreux signaux du terrain et demandes des professionnels avec lesquels nous travaillons nous parvenaient. La consommation de médicaments (antidépresseurs, psychotropes…) en augmentation constante les données épidémiologiques ainsi que le nombre d’incapacité de travail pour causes « mentales » en hausse importante allaient (et malheureusement vont encore) dans le même sens : celui de la détresse psychologique d’un nombre croissant d’individus.Donc nous nous sommes mis au travail ! Nous avons commencé par affiner les constats et les demandes. Nous avons rencontré de nombreux professionnels (psy, médecins, services sociaux, associations, secteur de la jeunesse…) afin de poser un diagnostic plus précis de la situation. Cela nous a permis de confirmer une série d’intuitions que nous avions et mesurer l’ampleur du travail ! Et du travail, il y en avait ! Nous avons identifié plusieurs publics cibles et plusieurs thématiques à investir. Notamment un besoin d’information sur les mécanismes qui induisent un déséquilibre mental (stress, non respects de ses besoins de base, faible niveau de compétences émotionnelles…) et surtout vers qui se tourner lorsqu’on sent que ça ne va plus. Le chantier était vraiment énorme et nous avons alors déterminé plusieurs phases, en commençant par le volet informatif. Deux brochures d’information (l’une sur le stress et ses mécanismes, l’autre sur les différents professionnels qui peuvent aider (psychologues, psychiatres, thérapeutes…) ont été rédigées. En marge de ces publications, nous avons également organisé des cycles de conférences et d’ateliers afin d’outiller le public et de lui permettre de prendre une part active pour recouvrer un sentiment plus grand de maîtrise sur sa vie.ES : Comment en êtes-vous arrivés à imaginer un projet comme JPAAM ?Fort de nos premières expériences sur ce terrain, nous avons continué sur d’autres axes. Lors de la phase d’analyse, les experts que nous avions rencontrés nous avaient tous dit que si nous voulions faire quelque chose en matière de prévention (ce qui est notre champ de travail), nous devions absolument travailler le plus en amont possible, bien avant que les difficultés surviennent. En effet, les spécialistes sont confrontés à des personnes « qui ont le nez dans le guidon » comme le dit l’expression, dont la situation dégénère : il s’agit de personnes coincées dans un quotidien, qui sont dans un engrenage de vie tel qu’elles ne parviennent plus à (re)trouver leur équilibre personnel en santé mentale, et qui finissent par craquer (stress, dépression, burn-out…). Notre seconde mission a donc été de travailler sur les facteurs de protection que sont les compétences individuelles : améliorer l’estime de soi, la connaissance de ses besoins fondamentaux, de ses limites, améliorer le niveau de compétences émotionnelles, savoir ce qui nous fait du bien…Nous avons imaginé un grand projet avec plusieurs axes. Un axe « contenu/ressources », un axe « ateliers /actions concrètes » et un axe « communication/sensibilisation » afin d’éveiller les consciences à la problématique et également de faire connaître les deux premiers axes.ES : Comment se décline l’axe « contenu/ressources »?Cet axe s’est matérialisé par un site internet lui-même composé de 4 parties.Premièrement, le site donne de l’information approfondie sur les grandes notions qui concernent tout le monde : les besoins, les limites, les émotions, le burn-out, les valeurs, mais aussi le sommeil, le stress…Ensuite, 5 profils sont mis en avant, qu’on peut considérer comme des portes d’entrée différentes qui symbolisent la manifestation du déséquilibre, à chaque fois sous un angle différent :Le profil « Je vis dans les contraintes » concerne davantage les personnes qui ont des difficultés à lâcher prise car elles répondent à toutes les demandent et ponctuent leurs journées par des « je dois » et autres « il faut ».Le profil « Metro-boulot-dodo » symbolise une existence menée tambour battant, avec un quotidien rythmé tous les jours de la même façon. Bouclé à la minute près, on y oublie la spontanéité et la flexibilité nécessaire aux imprévus.Le profil « D’abord les autres, et moi après » cristallise l’idée même de ne pas se créer d’espaces personnels, car on pense d’abord à tous les membres de la famille, au travail et aux diverse tâches. Et moi ? on verra …Le profil « Je subis ma vie » illustre l’idée même de sentir sa vie glisser entre ses doigts, se sentant sans prise sur les éléments. Que puis-je faire d’autre que continuer à faire comme je fais ?Et tout récemment, un profil spécial parent « Parent mais pas que… » pour ceux qui se sentent engloutis par les contraintes de la parentalité ou qui sont frappés de plein fouet par le décalage trop grand entre leurs rêves et la réalité des parents.Les articles sont rédigés par les experts avec lesquels nous avons travaillé pour l’analyse des besoins, et d’autres rencontrés pour les besoins spécifiques des thématiques…Le site se veut aussi pratico-pratique : plus de 30 articles « solutions bien-être » mettent en lumière différentes façons de penser aussi à soi, de retrouver son équilibre, de se reconnecter à ses besoins. Ecrits majoritairement en collaboration avec des professionnels de terrain, ils se veulent tantôt très pragmatiques, tantôt source d’inspiration. Les pistes de solution variées ont été choisies pour correspondre au plus grand nombre de personnes, pouvant se réaliser sans matériel et à moindre frais, à réaliser soit seul soit en groupe.Le site affiche également un agenda (lien vers l’axe ateliers/actions concrètes) : les activités proposées sont diverses, de la plus théorique (conférence) à la plus pratique (expérimentation de techniques de relaxation). Elles ont pour objectifs d’aider les personnes à mobiliser des ressources personnelles et/ou de s’appuyer sur des ressources externes afin de maintenir ou retrouver leur équilibre psychique.ES : A qui s’adresse ce projet?Il s’adresse à toute personne qui se sent glisser vers un engrenage de vie tel qu’elle ne peut plus « profiter » de sa vie. Si le premier public ciblé est celui des adultes actifs, les étudiants et les personnes pensionnées peuvent aussi s’y retrouver car bon nombre de thématiques sont transversales.ImageES : Pourquoi ce public cible ?Le public des adultes actifs est celui le plus mis sous pression dans notre société : travailleur, époux.se, parent, aidant proche … les 30-55 ans sont souvent pris en étaux entre ces différents rôles et le sacro-saint impératif d’être performant sur tous les fronts. Il reste peu de temps pour soi-même, et il est facile de perdre pied si l’on n’y prend pas garde.ES : Vous avez aussi développé toute une offre d’activités, de quel type ? Pourquoi ?Eveiller la conscience des gens sur leur possible état de déséquilibre est une première étape. La seconde est de leurs proposer des outils pour se sortir de l’engrenage. Chacun est différent, c’est pourquoi certains travailleront plus « en solo » sur base de lectures théoriques, ou en testant chez eux nos différentes « solutions bien-être ». Pour d’autres, c’est sortir de chez soi, suivre un cours ou expérimenter une technique en groupe qui sera le plus efficace et le plus motivant. L’aspect collectif est important pour le bien-être : un réseau social assez fourni est un facteur de protection.Nous voulions également proposer des activités de développement personnel proches des gens, c’est pourquoi nous essayons de couvrir tout le territoire de la région wallonne et Bruxelles.Enfin, nous travaillons avec des professionnels certifiés dans leur domaine, qui ont fait leurs preuves, et à un coût faible voire nul : ceci garantit un accès pour tous à des activités bien-être de qualité. Depuis le début du projet, nous avons proposé plus de 300 activités (conférences, ateliers, cours, découvertes, évènements… tous sous le signe du bien-être).ES : Vous travaillez aussi via les réseaux sociaux, pourquoi ce choix ?Nous nous sommes questionnés un assez long moment au sujet d’une présence sur les réseaux sociaux. Nous avons finalement décidé d’investir dans Facebook, prioritairement dans le but de faire connaître le programme et de lancer le site internet. Mais nous nous sommes vite rendus compte que le public qui nous suit sur la page Facebook (plus de 6300 fans à l’heure actuelle) n’est pas le public du site internet : sur Facebook, l’information va droit au but, elle capte l’attention, elle « titille » la conscience. Il s’agit d’ouvrir une petite parenthèse dans la journée, pour penser aussi à soi. D’un autre côté, les informations du site internet sont plus complètes, elles vont en profondeur. Vidéos, articles fouillés, pistes de solution détaillées… Elles invitent davantage à s’installer et à prendre du temps pour soi.Et puis, il y a tant d’infos sur internet qu’il faut aller chercher les gens où ils sont, être plus proches d’eux, attirer directement leur attention, ce qui n’est pas facile quand on traite de la santé (et encore moins si l’on parle de santé MENTALE). Faire de la promotion de la santé via les réseaux sociaux permet davantage cette présence, à moindre frais.

Un site, des situations de vie, des experts… et vous ! ImageLe site de JPAAM propose plusieurs portes d’entrée, toutes axées sur la vie quotidienne des personnes actives :

  • Une section « Etat d’esprit » : vous avez le sentiment que votre vie vous échappe ? Vous vous sentez prisonnier de votre rythme de vie ? Vous culpabilisez quand vous prenez soin de vous ? Accompagnés de témoignages cette page vous aidera à identifier votre « profil » et vous guider ensuite au mieux dans la navigation du contenu proposé.

  • Les « solutions bien-être » : pensée positive, désencombrer son intérieur, tai-chi, l’art de relativiser… des exemples parmi tant d’autres de solutions qui favorisent votre bien-être au quotidien.

  • Les « paroles d’experts » : qu’est-ce que c’est réellement une émotion, un besoin, le burn-out… ? Des experts ont rédigé des articles de fond pour expliquer scientifiquement différents concepts inhérents à notre quotidien.

  • L’ « aide et soutien » : on retrouve dans cette section les points de contact des différents associations, mouvements, plateformes qui peuvent venir en aide à la population.

  • Les « activités » : c’est le panel des différentes activités liées au bien-être proposées par les mutualités régionales à travers le pays.

Pour consulter notre site : https://www.jepenseaussiamoi.be/

Un mois sans alcool ? Chiche !

Le 30 Déc 20

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Un mois sans alcool ? Chiche !

La Tournée Minérale, c’est un projet lancé par la Fondation contre le Cancer en 2017. Sa thématique ? L’alcool. Son public cible ? Les belges actifs entre 25 et 65 ans. Certainement déjà bien connus, il est tout de même toujours bon de rappeler les effets néfastes de l’alcool sur la santé. La consommation de ce dernier majore le risque de cancer de nombreux organes : bouche, gorge, foie, côlon, sein… mais aussi à plus de 200 problèmes de santé de manière générale. Entre bilan de la première édition en 2017 et démarrage de ce nouveau mois de février tout en sobriété, on vous raconte l’histoire de ce grand projet !

Bilan de la première édition

La Tournée Minérale, c’est une aventure d’un mois où on choisit de ne pas consommer d’alcool. Qu’elle se fasse seule ou en équipe, les objectifs initiaux de la Tournée Minérale sont :

  1. Faire prendre conscience à la population de sa consommation d’alcool
  2. Sensibiliser aux dangers de l’alcool
  3. Faire baisser la consommation
  4. Récolter des fonds pour la recherche contre le cancer

L’édition 2017 en quelques chiffres, c’est :

  • 122 460 participants dont 60% étaient des femmes

  • Une participation majoritaire des néerlandophone (75%)

  • L’âge moyen des participants était de 40,6 jours pour les femmes et 43,4 jours pour les hommes

  • Les principales motivations à participer étaient (par ordre décroissant) : faire une pause d’alcool, se sentir mieux, faire un don, perdre du poidsNote bas de page, mieux dormir

  • 51 750 followers sur Facebook

  • Plus de 420 mentions du projet dans la presse

  • Plus de 800 000 visiteurs uniques sur le site web de Tournée Minérale

On ne veut pas dire aux consommateurs « vous ne pourrez plus jamais boire ».

C’est une prise de conscience, parce que maintenant beaucoup de gens boivent par habitude. Une étude en trois phases, avec plus de 15 000 participants, a été menée avec l’Université de Gand : au début de la tournée, juste après et 6 mois après (soit septembre 2017). Effet positif sur le poids, regain d’énergie, meilleure qualité de sommeil… 9 participants sur 10 disent ressentir au moins un de ces effets positifs sur la santé. Il ressort également que les participants réalisent à quel point l’alcool peut occuper une place importante dans le quotidien, de façon souvent inconsciente. D’autres chiffres parlants ont été énoncés :

  • 80% des participants n’ont pas bu d’alcool pendant le mois de février

  • 40% ont découvert de nouvelles alternatives à l’alcool

  • 44% ont cité les occasions sociales comme principal obstacle

  • 40% se sont sentis soutenus par leur famille et leurs amis

  • 86% sont prêts à recommencer en 2018

La donnée la plus importante est que 6 mois après la Tournée Minérale, les participants déclarent avoir changé leur consommation d’alcool.Passant ainsi de 10 verres par semaine à 8 !

Education Santé a rencontré la Fondation contre le Cancer…

Et c’est Martine Ceuppens, communication manager, qui travaille sur la Tournée Minérale qui nous parle de ce projet d’ampleur.ES : La Tournée Minérale c’est dire « non » à l’alcool pendant 28 jours. D’où est né ce projet ? Et pourquoi avoir choisir le mois de février pour faire la campagne ?Le concept initial vient de « Cancer Research UK » où le projet existe sous le nom « Dryathlon », au mois de janvier et qui fonctionne très bien. Je les ai rencontré il y a trois ans, nous pensions aussi faire ce projet en janvier en Belgique. Mais nous sommes une ONG avec des moyens limités. Cela voulait dire de lancer une telle campagne en novembre-décembre pour démarrer le 1er janvier. J’ai donc contacté beaucoup de médias pour obtenir de l’espace gratuit. En décembre, je n’en aurais jamais eu car le projet se serait noyé entre les périodes de Noël et de nouvel an. Même en payant de l’espace publicitaire, je n’aurais pas eu le même impact car on se serait retrouvé entre la pub pour le foie gras, le champagne et les cadeaux de Noël. Je me serais perdue dans la masse de la communication. Nous nous sommes donc dit que janvier était un mois plus calme au niveau médiatique et que les gens en auraient marre des produits de fête, ils seraient donc plus enclins à écouter notre discours. C’est l’argument le plus important. D’autant plus qu’en janvier, il y a encore beaucoup de drinks dans les entreprises ou des gens qui se retrouvent parce qu’ils n’ont pas pu le faire pendant les fêtes.Nous avons donc fait une petite enquête il y a deux ans pour déterminer quel mois serait le plus propice à la réussite du projet. 95% des gens étaient d’accord avec le mois de février, les autres mois étaient mars, octobre et novembre.Nous avons choisi le thème de l’alcool car nous connaissons ses effets sur la santé, d’autant plus graves quand on le lie au tabagisme. Cela nous permettait aussi de toucher un public différent, plus jeune, que notre publique habituel. Pour toucher ces jeunes nous sommes passés par le digital ! De plus, l’alcool est un sujet qui touche beaucoup de gens et de tous les milieux sociaux.Nous nous sommes aussi aperçus que la consommation autour de nous augmente : le binge drinking chez les adolescents de 13-14 ans, le petit apéritif quotidien… L’alcool est devenu plus accessible, moins cher. Nous estimons que la consommation moyenne est de 10 verres d’alcool (tous confondus) par semaine. Il est assez simple d’arriver à ce chiffre. Prenons l’exemple d’un repas au restaurant : un apéritif, deux verres de vin. Ce n’est pas une consommation exagérée pour une repas comme celui-là et pourtant nous sommes déjà à trois verres en un seul repas et le reste peut s’accumuler rapidement.ES : Y-a-t-il des collaborations autour de Tournée Minérale ?Nous collaborons avec le CLPS et la FEDITO à Bruxelles et en Wallonie. En Flandre, c’est avec la VAD (centre d’expertise flamand sur l’alcool et autres drogues) ainsi que De Druglijn pour la deuxième année consécutive.L’an dernier, des personnalités publiques et des social media influencers avaient participés,. Cette année ce sera également le cas mais nous ne pouvons pas encore révéler les noms.Des marques et grandes enseignes s’associent aussi au projet comme Spa®, Basic-Fit®, JIMS® ou encore kinépolis® en offrant des lots ou des espaces de pub.ES : Avez- vous identifié des freins pendant la construction ou la mise en place du projet ?Ça a été un boulot monstre à réaliser ! Vraiment, un boulot monstre ! C’est toute la mécanique du projet. On peut le constater quand on s’inscrit. Une fois que c’est fait, il y a beaucoup de choses qui se mettent en place (une cascade d’e-mails, des conseils, des recettes, des encouragements…) et ça, ça implique énormément de construction technique, digitale. Il y a aussi par exemple une campagne Facebook qui s’organise autour de certains profils de consommateurs, d’utilisateurs, il y a un ciblage. Tout ceci rend la campagne complexe. Nous avons dû démarrer à zéro puisque le Dryathlon est un projet équivalent mais construit et lié à un système différent, au serveur de Cancer Research UK.Image Le temps aussi a été un frein. En 2017, nous étions une équipe de 4-5 personnes mais pas à temps plein sur le projet, ainsi que deux personnes de la VAD. Cette année nous sommes un petit peu moins, 2-3 personnes mais nous avons travaillé sur les bases de l’an dernier.ES : A l’inverse, y-a-t-il eu des éléments facilitateurs ?Le fait que tout au long de la campagne on suive le même fil rouge : « le fun ». La campagne est fun, attrayante, on a un le sourire quand on parcourt les différentes étapes du site ! Nous ne voulions souligner que les éléments positifs, enthousiasmer les gens à participer. A titre personnel, j’ai toujours dit que je voulais que cette campagne ait la notoriété d’une campagne BOB. Le bureau d’étude Profact a fait une enquête de façon tout à fait spontanée : sur un échantillon de 1 150 belges, 95% ont entendus parler de Tournée Minérale… Après une seule vague de communication, avoir ce taux de notoriété, je ne l’ai jamais vu !

On va s’amuser mais avec une tête lucideIl faut garder en tête que nous pouvons avoir un discours et une attitude fun parce que notre public cible n’est pas constitué des personnes avec un problème d’alcoolisme avéré. Nous devons aussi penser à ne pas choquer quand nous communiquons autour de ce thème.Cette année, en plus de pouvoir relever le challenge qu’est la Tournée Minérale comme l’an dernier, vous pouvez défier vos amis, votre famille ou encore vos collègues ! L’idée est de dire : « si tu réussis la Tournée Minérale, je verse 10 euros à la Fondation », et ainsi de suite. En plus d’être une idée stimulante, c’est une opportunité de récolter des dons.ES : A-t-on observé ou craint un effet rebond de ce projet (une consommation excessive d’alcool après le mois d’abstinence) ?Non. Pour nous, la question importante était d’avoir un changement de comportement à long terme. Ici, on constate que la moyenne de 10 verres d’alcool par semaine est descendue à 8 verres, c’est un succès. On n’exclut pas que des personnes aient pu avoir une consommation excessive après Tournée Minérale mais ça n’a jamais été rapporté à la Fondation, sur les réseaux sociaux ou dans la presse.On sait aussi, par contre, que beaucoup de gens ont prolongé la campagne. Soit en commençant plus tôt en janvier dès l’inscription, soit en finissant après le mois de mars, voire parfois les deux.ES : 2018, c’est l’année de la seconde édition, peut-on espérer voir ce projet se réorganiser dans l’avenir ? Peut-on attendre d’autres projets similaires sur d’autres thématiques ? Oui, on veut vraiment continuer Tournée Minérale mais à l’heure actuelle nous ne prévoyons pas d’autres projets similaires. Ce qui est aussi encourageant, c’est que nous savons qu’il y a plus de participants que ceux recensés via les inscriptions. Une partie de la population a encore peur de donner son adresse mail en s’inscrivant et d’être bombardée de mails ou de publicité. Ce n’est pas du tout le cas, inscrivez-vous !

Vous voulez participer à l’édition 2018 ? Vous pouvez encore vous inscrire jusqu’au 15 février sur le site : https://www.tourneeminerale.be/fr. Vous y trouverez aussi des flyers, logos ou encore des affiches à télécharger.


NDLR : ce critère ne sera plus pris en compte dans l’édition 2018.

Du nouveau sur www.jeunesetalcool.be

Le 30 Déc 20

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Du nouveau sur www.jeunesetalcool.be

Le Groupe « Jeunes, alcool & société » , composé de plusieurs associations actives dans le secteur de la jeunesse, de la santé, des assuétudes et de l’éducation, s’est donné pour mission de promouvoir une consommation d’alcool responsable et prudente. L’attention porte particulièrement sur la relation entre les jeunes et l’alcool, dont la consommation est toujours acceptée et souvent encouragée.

Désormais, le site web du groupe – https://www.jeunesetalcool.be – propose deux nouvelles fonctionnalités sur son site web:

  • le signalement d’une publicité ou d’une pratique commerciale liée à l’alcool qui semble poser problème, afin de permettre au groupe d’appuyer son plaidoyer concernant la réglementation de la publicité et du marketing des boissons alcoolisées.
  • Une marque de soutien, pour les associations, groupements et fédération, une ou plusieurs des huit revendications fondatrices du groupe. Leur signature apparaît ensuite lorsque les réflexions correspondantes sont abordées par « Jeunes, alcool & société ».

L’action du Groupe est fortement axée sur trois points:

• « La publicité, qui se montre toujours aussi agressive et dont les limites se basent sur une convention privée largement insuffisante. Les boissons alcoolisées restent ainsi le seul psychotrope pour lequel il est autorisé de faire de la publicité. Une pratique que le groupe voudrait voir interdire par les autorités publiques. »

• « La législation, trop méconnue et peu claire pour les consommateurs mais aussi pour les commerçants, qui ont du mal à la mettre en pratique. « Jeunes, alcool & société » propose donc de simplifier la lecture de la loi en associant aux limites d’âge des limites de degrés d’alcool permis, ainsi qu’en autorisant aux parents à servir de l’alcool à leurs enfants (ce qui est jusque maintenant interdit) dans le but de leur donner un rôle dans l’éducation des jeunes par rapport à leur consommation. »

• « La prévention, qui ne dispose que d’une toute petite partie du budget « drogues » en Belgique, avec seulement 1,24 % des 975 millions d’euros mis à disposition par l’État en 2011. Elle est pourtant essentielle à la bonne compréhension de la législation. »

Les 8 propositions de « Jeunes, alcool & société » sont :

  1. supprimer la publicité pour les produits alcoolisés ;
  2. clarifier et simplifier la loi ;
  3. renforcer structurellement l’éducation, la prévention et la réduction des risques ;
  4. dépénaliser l’apprentissage parental ;
  5. créer un conseil fédéral de la publicité ;
  6. rendre l’eau gratuite dans l’Horeca ;
  7. obliger l’étiquetage nutritionnel sur les boissons alcoolisées ;
  8. découpler la publicité alcool des espaces de campagnes de prévention sur les médias publics.

Le Plan prévention et promotion de la santé en Wallonie – Proposition pour l’opérationnalisation

Le 30 Déc 20

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Le Plan prévention et promotion de la santé en Wallonie – Proposition pour l’opérationnalisation

Mars 2018 – Une proposition d’opérationnalisation du Plan prévention et promotion santé en Wallonie a été remise en janvier 2018 à la Ministre wallonne de la santé, ainsi qu’à l’ensemble des acteurs qui ont contribué à son élaboration. Yves Coppieters et Bénédicte Scheen, de l’Ecole de Santé Publique (ESP) de l’ULB présentent dans cet article le processus d’élaboration ainsi que les principaux axes pour l’opérationnalisation et les recommandations formulées. Le secteur wallon est en attente des réactions et des suites données à cette proposition. A suivre…Le Plan wallon de prévention et de promotion de la santé a pour ambition d’étendre son dispositif jusqu’à l’horizon 2030. Sa finalité est d’améliorer l’état de santé, le bien-être et la qualité de vie de la population wallonne. L’objectif de cet article est de rappeler les différentes étapes qui témoignent de l’avancement et de la mise en œuvre de ce Plan très attendu par les acteurs de terrain en Wallonie.

1er acte : les priorités de santé

En février 2017, le Ministre wallon en charge de la santé a présenté au Gouvernement la première partie du Plan Prévention et Promotion de la SantéNote bas de page, à savoir la définition des priorités en santé. Cette première partie, élaborée avec la collaboration de l’AViQ, de l’Observatoire Wallon de la santé et des services communautaires de promotion de la santé, a procédé à une analyse des contextes institutionnels et épidémiologique, des indicateurs de santé et des principaux déterminants de la santé pour la Région.En s’appuyant sur cette analyse, le Plan identifie cinq axes thématiques prioritaires en raison de leur importance en termes de santé, de leur gravité et de leurs possibilités d’éviction ou de réduction par le biais de stratégies de prévention et de promotion de la santé.

1. La promotion des modes de vie et des milieux favorables à la santé

2. La promotion d’une bonne santé mentale et du bien-être global

3. La prévention des maladies chroniques

4. La prévention des maladies infectieuses y compris la politique de vaccination

5. La prévention des traumatismes non intentionnels et la promotion de la sécuritéLe document définit également 11 objectifs stratégiques transversaux auxquels devront répondre les actions de la partie II du Plan, consacrée à son opérationnalisation. La prise en compte de ces objectifs est essentielle afin de faire face aux défis actuels en matière de santé en Wallonie et pour produire des actions de prévention et de promotion de la santé efficaces.Objectifs stratégiques transversaux :

  • Promouvoir la santé dans toutes les politiques

  • Adapter les stratégies pour faire face aux inégalités sociales de santé

  • Favoriser l’accessibilité et veiller à une bonne couverture territoriale en matière de prévention et de promotion de la santé

  • Veiller à l’efficience des actions et instaurer une culture d’évaluation continue

  • Intégrer les priorités de santé dans une approche selon le parcours de vie

  • Intégrer les priorités de santé dans une approche selon un continuum

  • Renforcer l’action communautaire (bottom-up), promouvoir la participation citoyenne et l’empowerment

  • Développer le travail en réseau et le partenariat intersectoriel

  • Créer des environnements favorables à la santé (milieux de vie)

  • Inscrire la promotion de la santé dans une perspective durable

  • Promouvoir l’innovation au service de la santé

2ième acte : l’opérationnalisation

La déclinaison des axes stratégiques thématiques en mesures concrètes a fait l’objet d’une deuxième partie du Plan. Afin de constituer celle-ci, l’Ecole de Santé Publique (ESP) de l’ULB a reçu pour mission en juin 2017 d’appuyer méthodologiquement des concertations d’acteurs et d’élaborer une propositionNote bas de page de Plan opérationnel sur base de leurs productions.

Méthodologie

Malgré un calendrier très serré, la phase d’opérationnalisation s’est basée sur un processus participatif, cherchant à mobiliser de la façon la plus large possible de nombreux acteurs du secteur de la prévention et de la promotion de la santé actifs en Région wallonne.À partir des cinq axes prioritaires, 11 groupes de travail thématiques (GT) ont été définis par le Cabinet et la Région :

GT 1 : L’alimentation et activité physique

GT 2 : La lutte contre le tabagisme

GT 3 : La promotion du bien-être et d’une bonne santé mentale

GT 4 : La prévention de l’usage addictif d’alcool et d’autres substances psychoactives

GT 5 : La prévention du suicide

GT 6 : Le diabète de type II, les maladies cardiovasculaires et les maladies respiratoires

GT 7 : Les cancers

GT 8 : La vaccination et la prévention des maladies infectieuses

GT 9 : La santé sexuelle et reproductive et les IST

GT 10 : La prévention des traumatismes non intentionnels et la promotion de la sécurité

GT 11 : Les personnes âgées et la promotion et prévention pour le maintien à domicileCes GT ont rassemblé dans leur composition plus de 150 partenaires : acteurs des différents secteurs concernés, professionnels de la promotion de santé et de la première ligne de soins, acteurs issus du monde associatif, représentants des pouvoirs locaux, bénéficiaires et acteurs des milieux de vie, membres de l’AViQ ainsi que d’autres parties prenantes provenant du milieu universitaire, des observatoires et des services communautaires de promotion de la santé.Il faut mentionner que les GT 1 et 2, coordonnés respectivement par l’APES-ULiège et le FARES, avaient commencé dès 2016 à produire une programmation spécifique à la demande du Cabinet du Ministre Prévot, préalablement au lancement des autres GT qui ont débuté en septembre 2017.Concernant les 9 autres GT, l’utilisation d’un guide de planification conçu par l’ESP et l’appui technique et logistique de l’AViQ ont permis de mobiliser et structurer les apports des différents acteurs lors de 27 réunions de concertation tenues en l’espace de deux mois. Chaque groupe a ainsi produit des objectifs de santé, des objectifs opérationnels ainsi que des actions à mettre en place pour améliorer l’état de santé et le bien-être de la population wallonne dans les 12 prochaines années.Un Comité de pilotage s’est constitué pour assurer le bon déroulement de cette deuxième phase du Plan de prévention et de promotion de la santé en Wallonie et superviser de manière générale les productions des groupes.

Structuration et objectifs du Plan opérationnel

La proposition de Plan opérationnel intègre les différentes dimensions de la promotion de la santé et de la prévention en se basant sur les concepts de bien-être, de qualité de vie et de santé « positive », intégrant l’ensemble des objectifs stratégiques transversaux repris ci-dessus. D’autres principes fondamentaux transcendent la programmation tels que l’action directe sur les déterminants de la santé, une vision globale de la santé, la responsabilisation sociale plutôt qu’individuelle ainsi qu’une approche sociétale inclusive.La proposition est structurée en 6 axes ayant trait aux priorités identifiées dans la première partie du Plan. Les axes proposés ont cependant quelque peu évolués par rapport à celle-ci : la thématique des assuétudes a été isolée dans un axe et se situe au croisement des modes de vie et du bien-être et l’axe 5 traitant initialement des maladies infectieuses a vu s’élargir son champ pour aborder des questions relatives à la santé sexuelle et reproductive.Outre la programmation opérationnelle composée d’une centaine d’objectifs et de plus de 350 actions, la proposition de Plan comporte également des compléments au diagnostic épidémiologique de la partie I du Plan ainsi que des principes d’intervention spécifiques par axe.

Proposition de programmation opérationnelle

Image - unnamed fileLes actions proposées dans la partie II du Plan souhaitent couvrir les différents milieux de vie dans lesquels il est opportun d’agir et rencontrer les besoins du « grand public » et de certains publics cibles. Ces milieux de vie et ces publics sont divers et les propositions d’actions reprises sont dès lors non-exhaustives et seront amenées à évoluer en suivant le caractère dynamique du Plan.Les actions du Plan sont en majorité issues d’actions existantes mais il faut souligner que de nombreux acteurs ont vu dans le Plan l’opportunité de créer, d’innover et aussi de renforcer et de pallier certains manques ressentis actuellement en Wallonie en termes de prévention et de promotion de la santé. Nous pouvons citer en exemple l’indispensable mise en réseau des acteurs, le renforcement des compétences des professionnels et l’implication des bénéficiaires et de leurs aidants proches dans les actions.Soulignons aussi que cette proposition aborde les compétences santé de la Région wallonne, mais s’inscrit d’emblée dans une vision intersectorielle, via la mobilisation de toutes les compétences concernées au niveau de la Région, mais aussi aux niveaux communautaire et fédéral.

AXE 1 : La promotion des modes de vie et des milieux favorables à la santé

Cet axe comporte un premier volet sur la promotion d’une alimentation équilibrée et durable, du mouvement et d’une activité physique régulière issu des travaux menés par l’APES-ULiège. Un des principaux objectifs de ce volet s’attache à protéger la santé et la qualité de vie des wallons et wallones dans un contexte de transition des modes de vie en soutenant l’innovation sociale et en accompagnant une transformation culturelle et démocratique des rapports individuels et collectifs à l’alimentation et l’activité physique. Parallèlement, il s’agit également de développer des mesures législatives, réglementaires et organisationnelles qui modifient les déterminants de l’alimentation et de l’activité physique, dans le but de faciliter l’accès de tous à une alimentation équilibrée, à des milieux de vie et à des offres propices à l’adoption d’un style de vie actif.Le second volet de cet axe est dédié à la lutte contre le tabagisme et provient du dispositif stratégique wallon de prévention et de gestion du tabagisme élaboré par le FARES. Les objectifs de ce volet visent la prévention, l’accompagnement et la promotion de santé ainsi que la promotion d’environnements plus favorables à la santé. Les objectifs visent en effet de réduire l’initiation tabagique chez les jeunes de 11 à 24 ans, d’accroître la cessation tabagique chez les jeunes et les adultes et de contribuer à diminuer l’exposition des personnes à la fumée de tabac et vape.

AXE 2 : La prévention des usages addictifs et la réduction des risques

Les stratégies mises en avant dans cet axe portent sur les usages, qu’ils soient ou non problématiques, de l’ensemble des substances psychoactives légales et illégales (alcool, médicaments psychotropes, cannabis, cocaïne, héroïne, etc.) ainsi que les comportements de « consommation » sans produit qui peuvent également faire l’objet d’un usage abusif ou addictif (jeux d’argent, jeux vidéo, Internet et nouvelles technologies de l’information et de la communication, etc.). Afin de couvrir cet axe, trois objectifs majeurs ont été définis : améliorer la qualité de vie des consommateurs et diminuer les conséquences problématiques liées aux consommations de produits licites et illicites et les conduites addictives sans produit ; promouvoir une politique intégrée et globale favorisant la concertation avec les différents niveaux de pouvoirs pour faire progresser les politiques publiques en matière de consommation et d’addiction et renforcer les connaissances, compétences et savoir-être des professionnels, en lien avec les consommations.

AXE 3 : La promotion d’une bonne santé mentale et du bien-être global

« La promotion de la santé mentale consiste à favoriser l’acquisition d’une santé mentale positive en encourageant la résilience individuelle, en créant des environnements de soutien et en étudiant l’influence des déterminants (sociaux, culturels, économiques, politiques et environnementaux) plus généraux de la santé mentale. Elle vise à améliorer les facteurs de protections qui aident les personnes, les familles et les collectivités à faire face aux évènements, ainsi qu’à renforcer les conditions – comme la cohésion sociale – susceptibles de réduire les facteurs de risque de problèmes de santé mentale. »Note bas de page C’est notamment sur cette définition choisie par les acteurs concertés que repose la programmation de ce volet qui a pour objectif de favoriser et promouvoir le bien-être de toute la population et également de réduire le taux de tentatives de suicide ainsi que le taux annuel actuel de décès par suicide.

AXE 4 : La prévention des maladies chroniques

Les maladies chroniques ciblées par cet axe sont les maladies respiratoires, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type II ainsi que les cancers. Ces pathologies sont en grande partie évitables par des actions sur les facteurs de risque et de protection communs : l’alimentation et la nutrition, l’activité physique et la lutte antitabac. Ces actions sont principalement couvertes par l’axe 1 du Plan qui promeut des modes de vie et des milieux favorables à la santé. Cet axe propose donc une programmation orientée davantage vers des stratégies de prévention secondaire, tertiaire et quaternaire avec un premier objectif de réduction de la morbidité globale et la mortalité prématurée du diabète de type II, maladies cardiovasculaires et maladies respiratoires et un second objectif de réduction du nombre des cancers, de la morbidité et de la mortalité imputables aux cancers.

AXE 5 : La prévention des maladies infectieuses et la promotion de la santé sexuelle et reproductive

Pour améliorer la santé et le bien-être et éviter l’apparition ou l’aggravation de problèmes de santé en matière de maladies infectieuses, cet axe du Plan se dote d’une stratégie globale alliant la prévention des maladies infectieuses, la promotion de la santé affective, sexuelle et reproductive et la réduction des risques. Cette partie du Plan veut contribuer à une politique globale et cohérente en faveur de la santé et du bien-être par des objectifs de réduction du risque infectieux dans une perspective de santé globale tout au long de la vie, de promotion des attitudes positives à l’égard des mesures préventives applicables aux maladies infectieuses auprès de la population et des professionnels, de réduction de l’incidence des IST dont le VIH et les hépatites en Wallonie et enfin, d’amélioration de la santé et les droits sexuels et reproductifs de la population en favorisant les conditions d’une sexualité épanouie et responsable.

AXE 6 : La prévention des traumatismes non intentionnels et la promotion de la sécurité

Cet axe couvre d’une part la prévention des traumatismes non-intentionnels et la promotion de la sécurité et d’autre part la promotion et la prévention pour le bien-vivre des personnes âgées. Bien que cette dernière thématique ne soit pas en rapport direct avec l’intitulé de l’axe, il a semblé approprié de la placer ici car elle aborde des éléments en lien avec les chutes des personnes âgées, qui sont des traumatismes non-intentionnels. Plus largement, elle présente les stratégies qui contribuent à vision globale et positive du vieillissement. Les objectifs de cet axe se concentrent donc sur ces deux thématiques et visent l’amélioration de la sécurité physique et psychologique, objective et ressentie, des personnes dans leurs environnements pour assurer leur santé, parallèlement avec la promotion du vieillissement en santé des aînés ainsi que la promotion du bien-être et de la qualité de vie des personnes vieillissantes pour soutenir leur inclusion dans la société.

Perspectives

La proposition de Plan présente en guise de derniers chapitres un cadre de gestion détaillé ainsi que des recommandations pour la suite.Différents objectifs sont mis en évidence pour opérationnaliser et implémenter le Plan sur tout le territoire Wallon jusqu’en 2030. Parmi ceux-ci, il s’agit notamment de mettre en place d’un cadre d’implémentation, de gestion et de suivi, de récolter et d’analyser les données ainsi que d’évaluer et mettre à jour le Plan. L’accent est également placé sur la communication vers la population, en ce compris les publics spécifiques, à propos du Plan et de son cadre de mise en œuvre.À ce stade et sur base du travail réalisé, des recommandations aux futurs gestionnaires et responsables du Plan ont été formulées :

  • Continuer le processus participatif engagé avec les parties prenantes. Il est en effet nécessaire de finaliser la phase de validation des propositions reprises dans le rapport par les acteurs ayant participé aux groupes de travail thématiques. Par ailleurs, il faudrait également penser l’élargissement de la participation aux acteurs concernés mais non concertés à ce jour.

  • Renforcer les actions du Plan. Il s’agirait notamment de développer davantage d’actions impliquant les bénéficiaires et celles consacrées aux déterminants environnementaux de la santé et de renforcer les actions liées aux services en promotion de la santé.

  • Continuer l’opérationnalisation des actions reprises dans le Plan. Proposer une politique de santé à horizon 2030 à partir de trois journées de travail participatif par thématique était une mission plus qu’ambitieuse. Si la proposition de Plan identifie des objectifs à atteindre et des actions à mener pour améliorer la santé des Wallons d’ici 2030, elle ne documente pas systématiquement les éléments précis de leur opérationnalisation tels que les estimations de coûts et de ressources nécessaires ou les acteurs responsables. Ce travail pourra néanmoins être continué en 2018 sous l’impulsion de l’AViQ et des gestionnaires du Plan. Il est important de préciser que cela devrait être effectué en cohérence avec les modalités de financement stipulées par le nouveau décret organisant la promotion de la santé en Wallonie.

  • Assurer un encadrement scientifique pour la suite du processus de l’opérationnalisation du Plan. En effet, il est selon nous très important de garder une démarche méthodologique rigoureuse dans le suivi, l’accompagnement des acteurs et l’évaluation continue.

Si la proposition remise à la Ministre wallonne en charge de la santé est approuvée, l’année 2018 sera alors consacrée à la mise en place du dispositif d’appui aux actions de ce Plan. Celui-ci devra proposer un cadre favorable à l’implémentation du Plan, fixer les modalités opérationnelles et de gestion et permettre de finaliser pleinement les composantes. Tout cela s’inscrivant dans une vision de santé publique, c’est-à-dire le développement d’un Plan intégré, cohérent, coordonné, qui s’inscrit dans la continuité, agit simultanément sur différentes dimensions et favorise la pleine participation et l’implication des bénéficiaires.


Care.Connexion, un projet de promotion de la santé en prison

Le 30 Déc 20

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Rencontre avec Vinciane Saliez, directrice d’I.Care

ES : Comment est né le projet Care.Connexion ?

V.S : L’idée est née en même temps que l’asbl I.Care en 2015 et part des constats de terrain de ses trois fondateursNote bas de page. Nous avions tous les trois l’expérience du travail en prison et nous voulions entre autre mettre en place des projets de promotion de la santé de longue haleine. C’est dans le cadre d’une conférence interministérielle « prison » que la ministre Madame Jodogne, en charge de la santé à la Cocof, a pris la décision de donner une première subvention à l’asbl.

Peu de projets de promotion de la santé en prison existent, et sont sous financés. C’était toujours une articulation difficile avec des financements compliqués. Avant la 6ème réforme de l’Etat, il y avait un jeu de ping-pong entre les communautés et le SPF Justice, chacun se renvoyant la balle. Désormais, les Régions ont la compétence de la promotion à la santé. Ceci dit nous sommes toujours face à un sous financement puisqu’on ne peut pas dire que l’ensemble des établissements bénéficient de projets de promotion de la santé à Bruxelles et en Wallonie. Ensuite, la plupart des projets existants sont des projets « court terme ». Il s’agit par exemple de travailler une thématique pendant six semaines avec les détenus. Ces projets sont très pertinents mais nous voulons travailler sur le long terme. Pour notre asbl, il est essentiel pour nous de travailler la promotion de la santé à trois niveaux, allant de questions environnementales aux questions individuelles :

  • Le plaidoyer du côté des pouvoirs publics parce qu’il faut d’abord que l’environnement et le système changent si on veut avoir une amélioration des conditions de santé des détenus. Ce public est touché de plein fouet par les inégalités sociales en santé.
  • Le renforcement des connaissances et des compétences des professionnels de la santé. On constate que les prisons sont des environnements très isolés par rapport à l’extérieur et qu’il est nécessaire de transmettre l’information au-delà des murs des prisons. On édite à ce propos la revue « MursMurs », destinée aux professionnels de la santé et du social en contact avec des détenues et ex détenus.
  • Et enfin, le projet Care.Connexion avec les détenus. Pour l’instant, il est développé depuis 18 mois auprès des femmes à la prison de Berkendael.

ES : Qu’est-ce que « faire de la promotion de la santé » en prison auprès des détenus ?

V.S : Agir pour la santé, c’est renforcer les compétences psychosociales du public concerné. Cela commence par une écoute, en mettant la personne au centre de ses préoccupations en lui offrant autant que possible des espaces dans lesquels elle peut agir, être actrice des choses. Cela se prolonge par la mise à disposition d’information et de la réorientation vers les acteurs compétents. Mais cela peut également toucher ce qui peut paraître des petits détails… nous traquons en effet tout ce qui fait violence.

J’ai en tête l’exemple d’une dame qui était dans une cellule sans rideaux. Au départ pour de bonnes raisons car c’était une cellule de surveillance importante dans les cas où il y a un risque de suicide. Mais la détenue allait mieux et était toujours dans cette cellule plusieurs semaines plus tard. Or cette personne avait toujours vécu recluse chez elle, dans la pénombre. Toute cette lumière en plein été était vécue par elle comme une violence extrême. Nous sommes allés demander à la direction s’il était encore nécessaire que cette dame soit placée dans cette cellule… et elle a été installée ailleurs dans les 48h.

Une autre fois, il s’agira de faire placer un rideau près du lavabo dans une cellule de six détenues. On pourrait se dire que ce n’est pas notre rôle, et pourtant, on estime que l’intimité a un impact sur le bien-être et la santé au quotidien. De plus, étant donné les défaillances de soins entre l’intérieur et l’extérieur des prisons, nous devons régulièrement nous assurer que certaines détenues aient bien accès aux soins dont elles ont besoin. Cela reste très compliqué à l’heure actuelle, d’où l’indispensable transfert de compétences .

Nous, on va chercher parfois le détail… et agir sur ce qui semble être anecdotique peut faire toute la différence pour une personne. On s’intéresse au quotidien dans la prison, et on joue un rôle qui n’était joué par personne.

On essaye au maximum de ne pas « faire à la place de » mais d’expliquer à la détenue à qui elle doit adresser la demande et on va la soutenir dans sa démarche. C’est primordial dans une perspective de promotion de la santé d’aider la personne à trouver sa place dans la prison, dans ce temps d’incarcération et l’aider à trouver des moyens pour obtenir des réponses à ses questions. Ce n’est pas toujours possible car on est dans un milieu fermé au sein duquel la personne n’a qu’une très petite marge de manœuvre. Donc dans certains cas, c’est plus efficace si nous allons nous-même formuler la demande.

Le temps est aussi un enjeu pour nous. Dans le cadre de notre approche, nous faisons le choix de prendre le temps d’accompagner ces personnes. Le service médical, quant à lui, est obligé de voir tout le monde et est débordé face aux urgences. Nous sommes dans ce contraste où nous allons arriver chez eux avec une demande qui peut leur sembler être un détail, mais que nous estimons être fondamental pour la personne.

ES : Care.Connexion, c’est donc faire des connections entre les demandes, les besoins, les acteurs… ?

V.S : Nous ne sommes pas là pour faire ce que d’autres font, pour se substituer à leur travail. Nous avons un rôle de « facilitateur » pour permettre par exemple à une personne détenue et une association de se rencontrer. Au sein de la prison elle-même, certains acteurs qui font du travail psycho-social ne voient pas les détenus jusque dans leur cellule, soit ils n’ont pas l’occasion d’y aller, soit le détenu n’est pas informé de leur travail, soit il n’y a pas de demande consciente ou formulée, etc.

On va chercher les compétences ailleurs et essayer d’amener ces acteurs en prison ; ou inversément, faire lien vers l’extérieur pour une personne qui a des demandes ou des besoins au moment de sa sortie. La prison est un milieu très souvent oublié en promotion de la santé… et les freins pour y entrer sont multiples. De manière générale, les professionnels de santé et autres acteurs de la promotion de la santé sont très peu informés des actions de promotion de la santé en prisons. De plus, tout prend énormément de temps pour obtenir les autorisations, etc. Nous pouvons aider, faciliter et accompagner le travail, grâce à notre bonne collaboration avec la direction, très soutenante étant donné sa préoccupation pour ces femmes incarcérées.

Avis à tous nos lecteurs!

V.S : Avec I.Care, on cherche à travailler dans une logique d’équivalence de soins. Dès lors, nous souhaitons vraiment travailler en collaboration et en partenariat avec des acteurs et des services qui travaillent avec la société libre en matière de promotion de la santé et de santé en général.Faire de la prison un milieu de vie à prendre en compte, au même titre que les autres, est primordial pour nous à chaque fois qu’un nouvel outil ou de nouvelles pratiques sont pensés. Le public des détenus est presque systématiquement oublié par les acteurs externes. Les acteurs « en prison » se retrouvent entre eux, on fait des colloques spécifiques « prisons » alors que beaucoup de sujets autour de l’amélioration des soins, des TRODs, etc. concernent également le public des détenus, au même titre que d’autres publics prioritaires. Dès lors nous sommes très attentifs à travailler en réseau.

Tant que la prison reste un univers « à part », on n’arrivera pas à l’équivalence des soins.

La logique qui est au départ de la création d’I.Care, c’est de « diminuer la hauteur des murs » en quelques sortes. Cela passe par des réformes comme celle en cours sur les soins de santé en prison, mais aussi par le fait d’inclure les prisons quand on travaille l’état de santé d’un territoire, de la population en général…et de ne pas en faire « un monde à part ».

ES : Comment abordez-vous les détenues ?

VS: Avec nos « semeuses de promotion de la santé », nous avons mis en place le premier volet du projet qui s’appelle Cellul’Air. Il s’agit d’une approche individuelle qu’on pourrait comparer aux soins à domicile, en quelque sorte. Quand l’agent ouvre la porte d’une cellule, il demande à la détenue : « peut-on entrer ? ». On n’entrera jamais sans autorisation. Entrer dans une cellule, c’est entrer dans le « chez elle » de la personne, on se met dans la position d’une personne invitée. Si elles en ont, les personnes nous offrent une chaise pour nous asseoir nous proposent un café ou un biscuit… qu’il est d’ailleurs très difficile de refuser car, pour une fois, la personne peut offrir. Il faut savoir que les détenues ne sont pas autorisées à offrir des choses aux autres détenues. Leur donner la possibilité de nous accueillir dans la cellule, c’est fondamental pour nous.

En prison, on est face à des personnes qui sont niées dans leur singularité, et ce dès l’entrée en prison où beaucoup d’effets personnels ne peuvent entrer dans la cellule. Toute demande, quelle qu’elle soit, doit être formulée via un billet de rapport, tout se fait sous demande d’autorisation.

Une fois avec la personne, on écoute ce qu’elle a à nous dire, quels sont ses besoins et ses demandes. Il y a beaucoup de besoins, mais ceux-ci ne s’accompagnent pas forcément d’une demande. Parfois, nous essayons d’aller vers les personnes avant même que la demande soit formulée. Certaines refusent notre visite en cellule et on les approche tout doucement. Ça commence par un « bonjour » quand on les croise. Il arrive aussi que ce soient d’autres personnes, comme la bibliothécaire ou des agents pénitentiaires qui nous suggèrent d’aller rencontrer une détenue. Avec le temps, on arrive aussi à détecter quand une personne ne va pas bien juste en la croisant dans le couloir. Alors on va les voir spontanément et ça, ça les touche beaucoup. Dans un environnement comme la prison, cette attention à la personne a toute son importance.

ES : Est-ce que vous travaillez d’emblée des thématiques particulières ?

VS: On ne travaille pas sur des thématiques en particulier, mais sur celles qui émergent du terrain. Cela peut prendre du temps avant d’arriver à aborder des sujets qui nous paraissent prioritaires et relever du champ de la santé. Il y a d’abord des besoins plus urgents qui émergent. En effet, quand on rencontre une personne qui est dans une prison depuis 24h, qui n’a jamais été incarcérée auparavant et qui vit le choc de l’incarcération, la première préoccupation va parfois être de contacter sa famille, de trouver quelqu’un pour aller s’occuper du chien qui est resté seul, etc. Parfois, notre rôle est de vérifier que ces demandes ou besoins urgents ont été pris en compte.

ES : C’est paradoxal de faire de la promotion de la santé dans un environnement qui y est peu favorable. Plus qu’en dehors de la prison, la marge de manœuvre sur certains déterminants de la santé est quasi nulle. Je pense aux questions d’alimentation par exemple.

VS: Pour nous, ce n’est pas prioritaire de toucher aux problématiques de l’alimentation et du tabac. On considère que l’environnement est tel et que les personnes n’ont presque pas de prise. Si on prend l’exemple de l’alimentation, le budget par personne est très limité, l’équilibre alimentaire est plutôt défaillant. Pour le tabac, il y a un travail énorme à faire en termes de prévention, mais en même temps, il faut tenir le coup en prison. C’est un choix de notre asbl. On ne nie pas l’importance de traiter des sujets tels que l’alimentation et le tabac mais on ne peut pas exiger un effort individuel là où le système et l’institutionnel a cette forme de violence. On ne va pas dire « en prison, mangeons bio et faisons du vélo » ! On ne définit pas les thèmes d’actions au préalable mais s’il y a une demande, on ne va pas refuser de travailler la question avec la personne.

Par contre, la question de la transmission de maladies virales dont la prévalence est importante en prison ou encore de l’usage de drogues font partie de notre quotidien. On est face à une population qui cumule des facteurs de vulnérabilité, que ce soit par son origine sociale, son parcours scolaire, son état de santé, son recours à l’aide psycho-sociale en général… et qui se retrouve dans un milieu qu’on peut qualifier d’« hostile à la santé ». C’est très particulier de faire de la promotion de la santé dans un milieu hostile à la santé et au bien-être en général, on doit agir à l’encontre de tout cela, en quelques sortes. Des actions en promotion de la santé, c’est des gouttes d’eau au milieu d’un océan…

ES : Quels sont les autres volets de Care.Connexion ? quels sont vos projets pour l’avenir ?

VS: Au-delà de l’approche individuelle par le projet Cellul’Air, qu’on pourrait comparer à une approche « soins à domicile », on aimerait développer aussi des approches communautaires et collectives. Un projet communautaire où on travaille des questions avec un groupe de détenues afin de voir comment on peut faire changer les choses ou comment elles peuvent s’appuyer les unes sur les autres. C’est fondamental de leur donner l’occasion de se rencontrer pour aborder des problèmes pratiques ou des questions de ressenti et faire émerger ensemble des solutions. C’est leur permettre de devenir actrices de leur santé. Ce projet n’a pas encore de nom d’ailleurs car ce sont les détenues elles-mêmes qui décideront de l’appellation. Un espace Pow-Wow sous le préau, au moment où les détenues peuvent sortir prendre l’air. Cette approche serait plus comparable à un travail de rue. Lors de ces moments, on peut avoir des discussions informelles individuelles ou en petits groupes. On peut marcher, circuler… ça facilite certaines discussions sur des sujets plus délicats car on ne se retrouve pas en face-à-face. Ce travail demande beaucoup de délicatesse et de ne pas s’y rendre tous les jours car c’est le seul endroit où les détenues sont juste entre elles.

Les trois volets (Cellul’Air, Projet communautaire et le Pow-Wow) nous semblent complémentaires. En effet, il y aura toujours des femmes qui ne viendront pas autour de la table dans le projet communautaire car elles n’ont pas l’habitude de ça, elles ont des freins ou des inquiétudes, etc. Et d’autres qu’on ne rencontrera jamais au préau car elles ne sortent pas. D’autres encore qui ne veulent pas nous voir en cellule car la démarche parait plus intime. Nous sommes actuellement en réflexion et en négociation pour que les trois projets puissent être développés ensembles.

Enfin, notre projet compte aussi un quatrième volet qui va se développer prochainement : BiblioTakeCare. On s’est rendu compte, par hasard, que les informations en santé qu’on trouve dans les bibliothèques en prison sont parfois très périmées. Une détenue nous avait fait une demande sur un sujet en particulier et on lui avait suggéré d’aller voir s’il y avait un ouvrage à ce propos à la bibliothèque. Elle est revenue avec un livre dont l’édition datait de 1972 ! Autant dire que les informations santé n’y étaient plus du tout au goût du jour. Par exemple, pour le SIDA, les bouquins datent encore des années ‘80. Avec BiblioTakeCare, notre idée est de revoir le contenu « santé » des bibliothèques, en participation avec les détenues afin de déterminer leurs besoins tant au niveau des contenus qu’au niveau des langues.

A l’avenir, on aimerait dupliquer le projet Care.Connexion au sein d’autres établissements pénitentiaires pour alimenter et renforcer notre plaidoyer. Cela demande à chaque fois d’adapter le projet car les réalités peuvent être très différentes d’un établissement à un autre. Si on travaille au sein de plusieurs prisons, on peut développer des constats de terrain plus élaborés et faire remonter des revendications tant au niveau local qu’au niveau des politiques. A ce jour, I.Care va démarrer un nouveau projet à la prison de Saint-Gilles.

Vinciane SALIEZ (infirmière licenciée en travail social, chargée de missions et de projets en santé / précarité. Directrice de I.Care), Gaetan de DORLODOT (médecin chef du Centre Médico Chirurgical de la prison de Saint Gilles), Kris MEURANT (coordinateur social et responsable du volet prison à l’asbl Transit. Président de I.Care)

Soins de santé en prison, en route vers une réforme

Le 30 Déc 20

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Soins de santé en prison, en route vers une réforme

Education Santé a participé à la journée d’étude « Soins de Santé en Prison » organisée par l’asbl I.Care ce 23 janvier. Au centre de l’attention, le transfert de la compétence des soins de santé en prison du SPF Justice vers le SPF Santé publique qui se profile à l’horizon. L’occasion nous est donnée ici de revenir également sur des questions telles que l’indépendance des soins de santé, ses enjeux, ainsi que sur la place de la promotion de la santé en prison et la notion d’environnement favorable à la santé.Au cours de cette journée d’étude, les différents thèmes abordés étaient d’une part la place de l’indépendance des soins de santé en prison, par le Pr. Hans WolffNote bas de page (dont Vinciane Saliez, directrice d’I.Care a porté les propos) ; et d’autre part, les résultats du rapport du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) sur les soins de santé pénitentiaires et les recommandations et scénarios pour la réforme à venir. S’en sont suivies une table ronde et une intervention des représentants des ministres Koen Geens (Justice), Maggy De Block (Santé) et Cécile Jodogne (Santé pour le Gouvernement francophone bruxellois).

Soins de santé en prison : des constats alarmants

Revenons tout d’abord brièvement sur l’état des lieux général de la santé en prison. (Très) Brièvement… car nous pourrions en dire tellement plus tant tous les indicateurs santé sont au rouge. Sans surprise, la prison est un environnement délétère pour la santé de la personne. Outre le fait que la santé globale des personnes qui arrivent en prison est moins bonne que la moyenne générale de la population, le séjour en prison génère une dégradation de la santé chez les détenus, des pathologies propres aux conditions de détention, un risque plus élevé de contamination d’une maladie infectieuse, etc. La question de la santé des détenus, amenés à réintégrer la population « libre » en fin de peine, ne se limite pas aux murs d’enceinte de la prison.

Les besoins sont donc gigantesques. Qu’en est-il de l’offre de soins ?

Les soins de santé sont gratuits en prison et les professionnels sont souvent très dévoués… mais il y a un tel dysfonctionnement au sein des établissements liés à une absence de stratégie globale et de coordination, un manque criant de ressources, de formation… que ceux-ci sont témoins de situations kafkaïennes en termes d’accès aux soins. Education Santé a pris connaissance du rapport final « santé » des Commissions de surveillance pénitentiaire pour 2015 et 2016. Voici – toujours dans les grandes lignes – les principaux problèmes rapportés :

  • « l’accès aux soins de première ligne est un souci majeur ». Par exemple, la durée d’une consultation auprès d’un médecin généraliste est parfois de quatre, voire deux minutes par patient. Ou encore, les infirmiers sont parfois absents en dehors des heures de bureaux et la nuit pour les soins urgents.
  • « les équipes soignantes sont incomplètes, tant en diversité qu’en nombre ». Au regard des besoins de prise en charge en santé mentale (or « les problèmes psychiques sont un souci majeur » souligne à maintes reprises le rapport), on constate que peu de psychothérapeutes font partie de l’équipe, un intervenant dans la salle évoquait même une liste d’attente de près d’un an pour obtenir un rendez-vous chez le psy ! Les assistants sociaux ne sont pas non plus nécessairement intégrés dans ces équipes de première ligne.
  • Des problèmes multiples dans la continuité des soins, l’accès à la médecine de seconde ligne et en ce qui concerne les traitements sont rapportés. Nous pouvons lire notamment le refus de donner des soins en raison d’une libération prochaine, des refus d’opérer ou un changement de médication

« Les prisons en Belgique, c’est l’antithèse des environnements promoteurs de santé » (un intervenant dans la salle)

Cette situation prend en otage le personnel psycho-médico-social, qui en est réduit à faire du micro-management, c’est-à-dire à répondre aux crises aigues, à faire du cas par cas, dans des conditions d’exercice difficiles… mais surtout, ceux qui en font le plus les frais : les patients détenus. Pourtant, selon l’article 88 de la Loi de principes « concernant l’administration pénitentiaire ainsi que le statut juridique des détenus » (2005), « Le détenu a droit à des soins de santé qui sont équivalents aux soins dispensés dans la société libre et qui sont adaptés à ses besoins spécifiques »… Mais à ce jour, cette loi n’a été que partiellement traduite en Arrêtés Royaux d’Application.

Paroles d’un détenu

« Quand tu rentres, soit tu sais comment ça marche et t’arrives à t’en tirer un peu, soit t’es largué. Dans tous les cas tu subis le système, les chefs… et tu attends, seul toujours seul parfois en duo et là ça peut être pire. T’es non-stop en cellule, c’est pour devenir dingue et le préau c’est pas toujours facile. Si tu veux quelque chose t’écris un billet de rapport et à un moment on t’appelle et tu vois le médecin, vite fait alors que ça fait parfois des jours que tu attends et au mieux tu ressors avec des médocs. Ces médocs m’aident à tenir, à m’évader, à acheter aussi des trucs au préau. Avant de rentrer mon traitement me permettait de tenir en rue, mais en prison il a changé, je ne sais pas toujours ce qu’on me donne et c’est pas facile. Les agents font des remarques parce que j’ai de la méthadone. Je suis maqué et les journées ne passent pas. J’ai pas de visite et le temps est long ». (Luis)

La nécessaire indépendance des soins en prison

Depuis plusieurs années déjà, les associations actives dans le milieu carcéral réclament le transfert des compétences « santé » du SPF Justice vers le SPF Santé publique. Elles s’appuient notamment sur les recommandations formulées par l’OMSNote bas de page et le Conseil de l’EuropeNote bas de page. Les « Standard Minimum Rules for the Treatment of Prisoners »Note bas de page des Nations Unies (appelées « Mandela Rules », 2015) mettent en exergue trois principes fondamentaux: la continuité des soins, leur équivalence par rapport à ceux donnés dans la société et l’indépendance des prestataires. Cette question fut l’objet de la présentation du Pr. Hans Wolff (dont Vinciane Saliez fut la porte-parole) lors de la journée d’étude.En effet, quand les missions sécuritaires et sanitaires sont ainsi mêlées, cela pose toute une série de questions éthiques. Prenons l’exemple du conflit de loyauté envers l’employeur (la Justice) et les difficultés pour un médecin à se positionner quand sa hiérarchie formule des injonctions qui ne sont pas dans l’intérêt du patient. Parfois, le médecin traitant est aussi directement impliqué dans les procédures disciplinaires quand il lui est demandé de remettre un avis pour qu’un détenu soit mis à l’isolement. De plus, on peut se poser la question de la perception du personnel soignant de la part des patients eux-mêmes. Comme le soulignait Vinciane Saliez, « l’indépendance des soignants favorise la confiance et libère la parole des patients détenus ».

Une approche essentiellement curative

Au fil des discussions de cette journée d’étude, nous voyons resurgir un vieux démon : les soins de santé en prison sont abordés sous un angle presque exclusivement biomédical, peu de place est laissée à une approche psycho-médico-sociale de la santé. Comme le fait remarquer un médecin pénitentiaire présent dans la salle, cela se traduit aussi par une très grande consommation de médicaments, outre les pathologies lourdes qui le nécessitent parfois. A ce jour, le curatif en prison relève de la compétence du SPF Justice tandis que la prévention et la promotion de la santé ont été transférés aux régions, suite à la 6ème réforme de l’Etat. Les régions financent quant à elles une myriade d’acteurs externes à la prison pour prendre en charge ces aspects de prévention et de promotion de la santé. Cela amène à considérer les soins curatifs et la « santé » de manière plus globale comme des compétences distinctes. Ce morcellement de l’approche « santé » des détenus impacte directement les acteurs de terrain. Comme le souligne le rapport du KCE, il y a un besoin criant d’établir une stratégie globale et une coordination entre les acteurs internes (prestataires de soins, personnel pénitentiaire, assistants sociaux, etc.) et les acteurs externes tels que les associations actives en promotion de la santé. Au sein d’une même structure pénitentiaire, ils ne se connaissent pas toujours entre eux, ne sont pas toujours au courant du travail des uns et des autres…et cela renvoie notamment au problème de la continuité des soins, évoqué de nombreuses fois au cours de la journée, avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut amener pour le patient. De manière générale, il y a un manque d’offre en promotion de la santé dans le milieu carcéral. Le porte-parole de Mme Jodogne a toutefois expliqué dans son allocution que l’importance de la promotion de la santé a été soulignée lors de la conférence interministérielle intra-francophone. Dans le Plan de Promotion de la Santé Bruxellois (2018-2022), le milieu carcéral est indiqué comme un des milieux prioritaires dans les milieux de vie spécifiques.

Des scénarios pour une réforme à venir

« La prison doit devenir un milieu favorable à la santéNote bas de page ». C’est par ces mots que débute la présentation de Marie Dauvrin, chercheuse au KCE, pour présenter un modèle qui, dit-elle, « essaye de tendre vers cet idéal ».A la faveur d’un transfert des compétences vers le SPF santé publique, Le KCE a été mandaté pour formuler toute une série de recommandations et des scénarios pour une réforme des soins de santé en prison. Ce rapport est sorti à la fin de l’année 2017 et pose les balises pour les différents domaines : les soins de première et de seconde ligne, les soins dentaires et pour la santé mentale. L’interdisciplinarité, indispensable, serait coordonnée par un « coordinateur de soins » dans chaque prison par exemple. Les besoins humains et financiers ont été réévalués et devraient être défini en fonction des besoins des patients détenus. Une autre piste serait l’élaboration d’un plan de soins individuel réalisé à l’arrivée de chaque personne, ou encore le maintien de la couverture par la mutuelle durant tout le séjour en prison. Toutefois, une question à l’attention du Ministre de la Justice, Koen Geens, posée par un membre de l’assemblée mérite d’être partagée: « les conditions de détention étant un déterminant majeur de la santé en prison, le SPF Justice est-il prêt à aborder cette question ? Car le transfert des compétences « santé » n’enlève pas l’environnement néfaste de la prison ». Rappelons qu’en septembre 2016, la Belgique a été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour l’état lamentable de ses conditions d’enfermement. Affaire à suivre…

Quelques liens utiles :


Médecin-chef du service de médecine et de psychiatrie pénitentiaires dans les Hôpitaux Universitaires de Genève, également membre du CPT (Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants).

Voir à ce sujet le rapport « Prisons and Health » (2005) : https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0005/249188/Prisons-and-Health.pdf?ua=1 (en anglais)

La « création d’environnements favorables » est l’une des grandes actions pour promouvoir la santé mises en avant par la Charte d’Ottawa.

Comment voulez-vous être soigné en fin de vie? Parlez-en à temps!

Le 30 Déc 20

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Comment voulez-vous être soigné en fin de vie? Parlez-en à temps!

Qu’entend-on par des soins de fin de vie « appropriés » dans notre pays ? Comment se fait-il que certaines personnes reçoivent des soins « inappropriés » et comment peut-on l’éviter ? En collaboration avec des chercheurs de l’UCL et de l’UAntwerpen, le Centre fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE) a analysé les publications belges et a lancé une vaste étude (dont une enquête) impliquant des prestataires de soins, des patients, des proches, et des bénévoles. Il en ressort que les soins sont considérés comme appropriés quand ils sont en accord avec ce que le patient trouve important, et qu’une bonne manière d’éviter de recevoir des soins inappropriés est d’exprimer à l’avance ses souhaits et préférences pour la fin de vie. Les soignants doivent (pouvoir) dégager du temps pour en parler avec leurs patients : qu’attendent-ils encore de la vie ? Quelles sont leurs priorités ? Quant à la société dans son ensemble, elle doit ré-apprivoiser la question taboue de la fin de vie, afin de rendre ce sujet abordable entre le patient, ses proches et ses soignants.

Faites connaître vos souhaits à l’avance!

D’après notre étude, les soins de fin de vie sont considérés comme appropriés lorsqu’ils répondent aux souhaits et préférences du patient et qu’ils lui apportent confort et qualité de vie, afin de lui permettre de donner un sens à la dernière phase de sa vie.

Dans la pratique, on constate cependant que les opinions des uns et des autres peuvent être très divergentes sur la signification concrète de ce concept. Certains veulent prolonger leur vie par tous les moyens possibles, tandis que d’autres préfèrent stopper tous les traitements curatifs et privilégier les soins de confort. Délivrer des soins appropriés consiste donc, en quelque sorte, à s’adapter aux besoins individuels de chaque patient. Ce qui pose problème, car tant les patients (et leurs proches) que les soignants éprouvent beaucoup de difficultés à aborder le sujet de la mort qui approche. Parfois aussi, le patient n’est plus en état de faire connaître son avis.

La démarche de planification anticipée des soins (c’est-à-dire réfléchir et définir à l’avance ce que l’on souhaite) est une solution qui permet, par exemple, d’éviter un traitement qui se prolonge trop. Idéalement, cette planification anticipée devrait même se faire avant toute maladie grave, de préférence avec son médecin généraliste, et déboucher sur une trace écrite que le médecin peut conserver dans le dossier médical. Les décisions ainsi prises peuvent ensuite être réajustées autant de fois que le patient le souhaite.

Il est évidemment essentiel que toutes les personnes concernées soient au courant de l’existence et du contenu de la dernière version d’une planification anticipée. Pour cette raison, il est important qu’elle soit accessible, via le dossier médical électronique, à tous les médecins susceptibles de prendre des décisions à la place du patient si celui-ci n’est plus en état de le faire.

Qu’est-ce que la planification anticipée des soins ?

La planification anticipée des soins ou Advanced Care Planning (ACP) est un processus de concertation entre le patient, ses proches et les dispensateurs de soins en vue de définir une orientation commune des soins et des traitements à mettre ou non en œuvre. L’ACP vise à fixer un objectif thérapeutique basé sur les valeurs et les priorités du patient. C’est une démarche proactive et anticipative, qui facilite les prises de décision dans les situations d’urgence ou lorsque le patient n’est plus en état d’exprimer clairement ses volontés. (…)

Dans le décours d’une ACP, le patient peut, s’il le désire, remplir et signer un ou plusieurs document(s) de directives anticipées (p.ex. sur l’euthanasie, les traitements médicaux que l’on ne souhaite pas/plus recevoir, etc.). Ces documents et un résumé écrit de l’ACP seront consignés dans le dossier médical. Ils sont révocables à tout moment et n’entreront en ligne de compte que si le patient devient incapable de faire connaître sa volonté. (…)

Le soignant doit être prêt à respecter les valeurs philosophiques, culturelles et socio-familiales de chaque patient et lui permettre de s’exprimer librement sur la signification qu’il donne à sa vie, sur la façon dont il définit sa qualité de vie, sur ses attentes, ses préférences, ses craintes et ses préoccupations, les soins qu’il désire et ceux qu’ils refuse.

(D’après la Fédération bruxelloise des soins palliatifs et continus www.fbsp-bfpz.org)

Dans certaines maladies, les soins palliatifs et la lutte contre la douleur sont moins souvent proposés

Les auteurs de l’étude ont également constaté que les soins palliatifs – qui consistent à gérer la douleur et les symptômes pénibles et à offrir un soutien psychologique, social et spirituel – sont souvent mis en place trop tard. Ils sont aussi perçus comme insuffisamment disponibles.

De plus, il semble que ces soins sont moins souvent proposés dans certaines maladies, comme par exemple en cas d’insuffisance respiratoire (BPCO-bronchique chronique obstructive). On observe également que chez les personnes atteintes de démence, qui éprouvent davantage de difficultés à prendre des décisions au sujet de leur traitement, on prend moins de mesures pour lutter contre la douleur et les autres symptômes.

La formation aux soins de fin de vie et aux soins palliatifs elle-même n’est d’ailleurs pas toujours optimale. Or un médecin sensibilisé aux soins palliatifs multidisciplinaires reconnaît à temps quand ils deviennent nécessaires et les met en place plus rapidement.

Les soignants doivent parler mais surtout écouter, écouter, écouter…

Les soignants ont un rôle majeur dans la réussite des soins de fin de vie. Mais les pressions de travail auxquelles ils sont soumis ne leur permettent pas souvent de trouver assez de temps pour discuter avec les patients de leurs souhaits. Au-delà des seuls soignants, c’est toute l’institution de soins – hôpitaux, maisons de repos et soins à domicile – qui devrait considérer qu’être à l’écoute des patients, parler avec eux et être présent auprès d’eux fait partie du travail quotidien normal.

Mais les soignants n’ont pas toujours les aptitudes de communication nécessaires. Leur formation devrait mieux les préparer à échanger sur des sujets aussi émotionnellement intenses.

C’est parfois compliqué de collaborer!

Les médecins sont de plus en plus spécialisés. Or en devenant les super-spécialistes d’une pathologie particulière, ils peuvent perdre de vue le patient et sa qualité de vie dans leur globalité. Lorsque différentes disciplines, voire différentes organisations de soins, sont impliquées dans les soins de fin de vie, la collaboration peut devenir vraiment compliquée. Quoi qu’il en soit, il est essentiel que, à côté des problèmes médicaux, la qualité de vie du patient reçoive aussi la pleine attention des soignants, ainsi que le soutien psychologique et spirituel du patient et de sa famille.

La formation et le financement à l’acte incitent au « faire » plutôt qu’au « laisser faire »
Les médecins sont formés à soigner en vue de guérir ; pour certains d’entre eux, ne pas traiter, ou traiter autrement, peut être vu comme un échec. Le financement actuel des soins de santé va dans le même sens, car les institutions de soins et les médecins sont souvent payés « à l’acte », ce qui peut pousser davantage dans le sens du « faire » que du « laisser faire ». Il serait donc préférable de chercher à faciliter financièrement la planification anticipée des soins et certains aspects des soins de fin de vie, comme la présence, l’écoute et la collaboration interdisciplinaire.

« Ne rien faire » n’est pas une option dans la société actuelle

Parler de la fin de vie est tabou pour tout le monde : les patients, les soignants, les proches et…la société en général. En outre, l’idée d’« abandonner » et de « ne rien faire » n’est pas une option facilement acceptée aujourd’hui ; le patient est souvent encouragé à « continuer à se battre ». Les attentes vis-à-vis de la médecine sont irréalistes, nourries entre autres par les médias (sociaux) qui relayent parfois sans aucun recul de soi-disant progrès scientifiques spectaculaires.

Le KCE préconise donc des initiatives visant à sensibiliser tant les soignants que le grand public à réfléchir à ce que l’on veut/ne veut pas lorsque la fin de la vie approche, et à en parler avec ses proches, son médecin de famille et les autres soignants.

Quelques témoignages tirés de l’enquête :

« Notre oncle a été hospitalisé pendant 3 semaines dans un centre de soins palliatifs, où il a été soigné et choyé, et où il a été écouté … Il était traité comme une personne et pouvait décider à tout moment s’il voulait ou non recevoir des soins, s’il voulait manger… Mais surtout il n’a jamais souffert et il a pu communiquer avec nous jusqu’à 24 heures avant sa mort. L’équipe lui a apporté beaucoup de soutien, ainsi qu’à nous et à ses fils. Ils ont même pris en compte le décalage horaire pour qu’il puisse parler avec l’un en Asie et l’autre aux États-Unis … Bref, il a été traité comme une personne. » (un membre de la famille)

« Pour cette résidente, nous ne disposions pas d’une demande anticipée ou d’un testament de vie, et sa famille était divisée sur la question. Comme sa démence ne lui permettait plus d’exprimer elle-même ce qu’elle aurait voulu, elle a été maintenue en vie pendant plusieurs mois à l’aide d’une alimentation par sonde et de médicaments. Les derniers mois, elle était grabataire, souffrait de graves escarres au niveau du coccyx et des chevilles et ne communiquait plus du tout. Vers la fin, elle n’était plus guère qu’un squelette émacié… Lors des soins, nous pouvions clairement voir qu’elle souffrait. Mais aucun traitement antalgique efficace n’était disponible et de plus, la nuit, comme il n’y avait pas toujours d’infirmière sur place à la maison de repos, l’administration des antidouleurs n’était pas optimale. La famille ne voulait plus qu’elle soit hospitalisée. Elle a finalement connu une mort lente et douloureuse. » (un prestataire de soins)

« En tant que médecin, j’aimerais qu’il y ait davantage de soirées d’information sur la planification anticipée des soins. Je pense que cela permettrait d’évacuer bien des malentendus. Apprendre aux parents et aux enfants à parler de leurs attentes, réapprendre à communiquer et ne pas attendre que les premiers se retrouvent en maison de repos. Ce sont des questions qu’il faut pouvoir aborder beaucoup plus rapidement, d’autant que ce sont des discussions qui doivent aussi pouvoir mûrir et évoluer. Il ne faut pas attendre l’âge de la retraite. Aborder la planification anticipée des soins donne souvent l’impression d’être malvenu et désagréable parce qu’on ne le fait généralement qu’à l’entrée en maison de repos. C’est un thème que l’on associe beaucoup trop à la vieillesse. Cela représenterait un guide précieux pour les prestataires de soins, mais aussi un grand soutien pour les enfants dont un parent sombre dans la démence, qui sauraient ainsi beaucoup mieux quel était l’avis de leurs parents sur la fin de vie. Ce serait un grand soulagement pour bien des enfants qui, aujourd’hui, ne savent pas quelles décisions prendre lorsque leurs parents arrivent au terme de leur existence. Il faudrait organiser beaucoup plus de séances d’information sur ce à quoi il faut s’attendre dans le processus qui mène au décès, sur ce que l’on peut faire à côté des traitements médicamenteux, sur ce que la famille peut faire elle-même. Rapprocher à nouveau ce processus des gens, veiller à ce qu’il soit à nouveau connu. »

(un prestataire de soins)

Pour entrer en contact avec les chercheurs du KCE :

Karin Rondia, Communication scientifique KCE
Tél. : +32 (0)2 287 33 48
GSM : +32 (0)475 769 766
Email : press@kce.fgov.be

Campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a compté… »

Le 30 Déc 20

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Claire était bizarre. Elle ne pouvait plus tenir sa tasse. Des difficultés à parler, sa bouche était déformée. Elle ne pouvait plus bouger son bras ni sa jambe…

Vingt-six secondes. Pour rappeler les signes d’un AVC et motiver celui qui les constate à faire appel. C’est court…Et pourtant des médecins en témoignent : ces patients sont venus parce qu’une voix leur rappelait inlassablement« Lors de mon AVC, chaque minute a compté… ».

Campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a compté… »

Pour la deuxième année consécutive, le Centre d’Education du Patient et Question Santé inscrivent à leur agenda une campagne de communication portant sur l’importance de diminuer les délais d’attente face aux signes pouvant évoquer un AVC.

L’objectif de la campagne « Lors de mon AVC, chaque minute a compté… » est d’amener le public à repérer ces signes et à adopter des réactions rapides et adéquates en présence de ceux-ci. Car du temps gagné représente pour la victime des possibilités de récupération en supplémentaires.

Cette campagne 2017 est réalisée en étroit partenariat avec la SSMG et le Belgian Stroke Council ; elle bénéficie du soutien du Fonds A.B géré par la Fondation Roi Baudouin. Cette année encore, les spots tv et radio, pilier de la campagne, concourent à la diffusion du message clé « Faire appel – sans attendre ».

Une attitude qui va à l’encontre de croyances encore bien ancrées « de toute façon, les médecins ne savent rien faire » ; « A l’hôpital, ils vont s’acharner » ou encore opinion contraire, « ils vous laissent dans un lit alors autant rester chez soi… » Ces croyances prennent racines dans des pratiques et des faits du passé. Mais il convient d’expliquer et de persuader tous les publics, qu’aujourd’hui, avec l’évolution des traitements et des pratiques médicales des interventions qui vont permettent aux personnes touchées de garder des capacités sont possibles.

La campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a compté » …

La stratégie de communication repose dans un premier temps, sur une sensibilisation des professionnels avec une mise à disposition de supports d’information et dans un second temps, sur une information du public. Comme en 2016, la campagne s’ancre sur

  • la diffusion de spots TV et radio dans des lieux publics et sur les chaines nationales ;
  • la mise à disposition de supports de communication standardisés et personnalisés (spots, affiches, feuillets, bannières…);
  • l’organisation d’une conférence de presse.

Nouveautés et objectifs pour 2017 : « susciter et renforcer les initiatives du terrain »

  • une invitation aux initiatives et à la mobilisation de tous les acteurs (professionnels, associations de patients…),
  • la participation à la diffusion du rapport européen présenté ce 11 mai 2017 au Parlement Européen, « Le Fardeau de l’AVC en Europe »Note bas de page
  • et enfin, une actualisation du site internet www.DelaiAVC.eu.

AVC, d’un problème de santé majeur à un tsunami

Comme le rappelle le Professeur Laloux, chef de service associé au CHU UCL Namur, l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) est une maladie dont il faut se préoccuper car c’est une pathologie fréquente – une personne sur six dans le monde subira au court de sa vie un AVC ; cela représente 19 000 nouveaux cas par an en Belgique -, grave – deuxième cause de mortalité chez les personnes de plus de 60 ans dans notre pays -, aux conséquences pouvant être invalidantes – 1/3 des personnes vont avoir besoin d’une aide extérieure.

Pourquoi reconnaître les symptômes représente-t-il une urgence ?

Les accidents vasculaires cérébraux sont de deux sortes : les hémorragies cérébrales dues à une rupture d’une artère cérébrale (20% des cas) et les infarctus cérébraux liés à une artère qui se bouche (80 % des cas). Comme le souligne encore le Pr Laloux, aujourd’hui, il est possible de réduire les conséquences de l’AVC par des traitements administrés très précocement : la thrombolyse intraveineuse doit être administrée dans les 4h30 (injection d’un produit qui dissout le caillot obstruant l’artère du cerveau) et la thrombectomie (aspirer le caillot par un fin cathéter introduit jusqu’au caillot) dans les 6 heures. Une prise en charge rapide dans une unité clinique permettra d’effectuer un bilan et un suivi correct de la personne.

En comparant les deux périodes 1992-1993 et 2010 -2011, la thrombolyse et les traitements en unité spécialisée ont permis d’augmenter de 30 % le nombre de patients autonomes et de réduire de 40 % le taux de mortalité.Des avancées dont il faut se féliciter.

Une campagne 2017 aux accents de participation et de solidarité

La conférence de presse de lancement de la campagne et des actions en 2017 s’est tenue ce 1er juin à Namur. Elle a rassemblé les partenaires du projet, les représentants politiques et ceux des associations de patients, unis dans cette même optique d’une lutte contre l’AVC et d’optimaliser le soutien aux victimes et aux familles.

Les représentantes des Ministres de la Santé, Anne Boucquiau, Cheffe de cabinet du Ministre Maxime Prévot et Pascale Pensis, Directrice de cabinet adjointe de la Ministre Cécile Jodogne ont tenu à rappeler combien lutter contre cette pathologie est importante, doit rassembler les efforts et mobiliser l’ensemble des acteurs tant au niveau de la détection précoce que de la prise en charge après l’accident. Lutter contre l’AVC est donc bien l’affaire de tous.

Comme le rappelait Anne Boucquiau, deux axes du Plan prévention santé Horizon 2030 pour la Wallonie ciblent particulièrement la lutte contre les AVC. Il s’agit de la Promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables à la santé – promotion d’une alimentation équilibrée, lutte contre la consommation excessive d’alcool et contre le tabagisme et promotion de l’activité physique et lutte contre la sédentarité ainsi que la prévention des maladies chroniques avec la prévention des maladies de l’appareil circulatoire et du diabète de type II.

L’importance de la prévention se retrouve aussi dans le cadre du plan de promotion de la santé du Gouvernement francophone bruxellois. Une place sera faite, le souligne Mme Pensis, pour encourager les personnes les plus fragiles à adopter des comportements favorables pour prévenir les risques cérébrovasculaires (bouger ; arrêter de fumer ; traiter l’hypertension artérielle, combattre le diabète et le cholestérol).

Des supports pour vos initiatives et projets …

Vous pouvez découvrir et commander les affiches et supports de communication de la campagne 2017 sur le site www.delaiAVC.eu . Le Centre d’Éducation du Patient souhaite aussi soutenir vos projets et initiatives en répondant au mieux à vos attentes par la mise à disposition de supports et de moyens « personnalisés ». N’hésitez pas à nous contacter.

Prochain événement mobilisateur : Journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux – dimanche 29 octobre 2017.


Burden of stroke report in Europe. Recherche réalisée par le King’s College (London) à la demande de l’association européenne SAFE (Stroke Alliance for Europe). Ce rapport est disponible sur www.strokeeurope.eu

Parce que le fardeau de l’AVC ne peut être une fatalité ni en Europe ni en Belgique …

Le 30 Déc 20

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Le 9 mai 2017 était consacré « Journée européenne de sensibilisation aux AVC (Europe Stroke Awareness day) ». Cette journée était organisée par l’association européenneNote bas de page (Stroke Alliance For Europe), association sans but lucratif qui rassemble des groupes de patients atteints d’AVC de différents pays européens. SAFE est particulièrement active au niveau politique.ImageLa Belgique est représentée au sein de SAFE par la société scientifique, le Belgian Stroke Council (BSC)Note bas de page et plus précisément par son « Patient board », le conseil des patients qui rassemble des représentants de différentes associations de patients.L’intérêt d’avoir un Patient board est de recueillir l’avis des patients, les premiers concernés et de les répercuter. Ces avis influent sur les décisions prises par la société scientifique.Les organisations de patients jouent un rôle croissant et cela est intéressant car le patient est l’expert de son vécu ; le modèle hiérarchique médecin / patient se redessine en pilote-copilote et enfin, on assiste à une augmentation de l’implication des patients à tous les niveaux y compris au niveau politique.La journée européenne a été l’occasion de diffuser le rapport The burden of stroke in Europe »Note bas de page que l’on peut traduire par « Le fardeau de l’AVC en Europe » ; rapport réalisé par la Division of Health and Social Research for SAFE et présenté ce 11 mai 2017 au Parlement Européen. Ce rapport permet un regard sur les associations européennes actives dans le domaine. Il est intégralement disponible via le lien https://strokeeurope.eu/« The burden of stroke in Europe » donne un état des lieux détaillé de l’organisation des systèmes de soins, de l’épidémiologie de l’AVC, des facteurs de risque et de leur prise en charge, de la réponse des services de recours, de l’organisation hospitalière à la phase aiguë de l’AVC, notamment des stroke units, du pourcentage des différents traitements disponibles (thrombolyseNote bas de pagethrombectomiesNote bas de page, de la réadaptation fonctionnelle et de l’encadrement du patient après son retour au domicile. Ce rapport sera suivi d’un plan d’action prévu pour mars 2018.Que dit le rapport « The burden of stroke in Europe » de la situation en Belgique ?Les points forts, pour la Belgique, sont l’existence de campagnes régulières de sensibilisation du grand public quant aux facteurs de risque cardiovasculaire et à leur traitement, aux signes de l’AVC aigu et à la réponse à adopter, ainsi qu’à la présence de stroke units et d’unités de réadaptation fonctionnelle dans la plupart des grands hôpitaux.Les points faibles sont l’absence d’un registre national pour les AVC (données épidémiologiques, % des patients admis en stroke unit, traités par thrombolyse et/ou thrombectomies) ; l’absence d’un système d’accréditation/certification des stroke units ; un manque de suivi (multidisciplinaire) bien organisé après le retour au domicile.Le rapport termine avec un avertissement : entre 2015-2035, le nombre d’AVC va augmenter de 34%, surtout suite au vieillissement de la population. Les systèmes de soins doivent se préparer à ce « tsunami d’AVC ».Les résultats du rapport européen cité plus haut doivent être complétés par l’enquête menée par l’association scientifique européenne, ESO (European Stroke Organisation). Cette enquête a été menée parmi les représentants nationaux et même locaux pour connaître l’accessibilité à une stroke unit et à un traitement thrombolytique et/ou endovasculaire (thrombectomie). La Belgique se situe dans la moyenne européenne, toutefois, l’enquête met en évidence des différences importantes au sein du pays.Les AR publiés le 08/08/2014 dans le Moniteur Belge ont clairement défini l’organisation des soins de l’AVC (hôpitaux sans programme de soins de l’AVC (S0), avec un programme de soins de base (S1), avec un programme de soins spécialisé (S2), la collaboration en réseau). Bien que l’approche en Flandre et Bruxelles/Wallonie soit différente, la situation est actuellement bloquée pour les 2 communautés, en attendant la programmation du nombre de centres S2 par la Ministre de Santé publique.Soulignons l’impulsion donnés par ces deux organisations européennes SAFE et ESO dont les actions se complètent.Pointons le travail effectué dans chaque pays par les associations de professionnels et les groupes de patients.Beaucoup de conditions pour réussir sont déjà remplies, les éléments clés sont la volonté de collaborer en réseau et un système d’audit/accréditation.


Belgian Stroke Council https://www.belgianstrokecouncil.be/

The full BofS Report « The burden of stroke in Europe » https://strokeeurope.eu/

Thrombolyse : la thrombolyse consiste à lyser (désagréger) par médicament les thrombus (caillots sanguins) obstruant les vaisseaux sanguins.

Espaces gratuits pour les campagnes de promotion de la santé : bilan de l’année 2016

Le 30 Déc 20

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Espaces gratuits pour les campagnes de promotion de la santé : bilan de l’année 2016

Le SCPS Question Santé asbl est en charge du suivi du dispositif permettant à des promoteurs de campagnes de promotion de la santé de diffuser gratuitement leurs spots à la télévision et/ou à la radio en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les chaînes de télévision et de radio doivent, en effet, mettre à disposition du Gouvernement du temps de diffusion gratuit équivalent aux temps publicitaires consacrés, au cours de l’année écoulée, aux boissons alcoolisées, aux médicaments et aux traitements médicaux (Arrêté du 18 janvier 1995 du Gouvernement de la Communauté française relatif à la diffusion de campagnes d’éducation pour la santé par les organismes de radiodiffusion, M.B. 19/04/1995). Le SCPS Question Santé répond aux demandes d’informations sur le dispositif d’octroi d’espaces publicitaires gratuits. Des promoteurs de projet, la presse, des parlementaires, des radios ou TV non participant à l’attribution des espaces gratuits…, font appel à Question Santé pour recevoir une information générale ou un accompagnement sur les espaces.

Bilan de diffusion des campagnes 2016

Neuf campagnes différentes ont été diffusées en 2016 :

Campagne

Promoteur(s)

Nombre de spots

Campagne Journal de Marie

Fédération Wallonie-Bruxelles,

Direction de l’Egalité des Chances

TV : 1 spot

Radio : 7 spots

Campagne Journée mondiale du SIDA « Partager sa vie avec une personne séropositive,

c’est possible »

Plateforme de Prévention du Sida

TV : 1 spot

Radio : 1 spot

Campagne Tabacstop « La solution est dans votre poche »

Fondation contre le cancer

TV : 1 spot

Campagne « Les bons réflexes pour réduire

la transmission des IST/SIDA. »

Plateforme de Prévention du Sida

TV :1 spot

Radio : 1 spot

Campagne AVC « Lors de mon AVC, chaque minute a compté »

Centre d’éducation du patient

TV : 1 spot

Radio : 1 spot

Campagne YAPAKA « Un enfant difficile a toujours

quelque chose à nous dire »

Ministère de la Communauté française

Coordination de l’aide aux victimes de maltraitances

TV : 1 spot

Radio : 1 spot

Campagne Et toi.T’es casé-e ?

Direction de l’Egalité des Chances

TV : 3 spots

Radio : 3 spots

Campagne IST 2016 : « Get Tested »

SIDA SOS

Radio : 7 spots

Campagne 7 Jours Santé « Santé entreprise »

Question Santé

Radio : 1 spot

Gestion des espaces gratuits

Pour toutes les campagnes, le SCPS Question Santé a dans ses attributions la gestion des espaces gratuits mis à disposition. Ce travail comprend la « comptabilité des espaces gratuits ». Les chiffres des quotas, en seconde, attribués par les différentes chaînes sont communiqués par les régies publicitaires en début d’année. Le SCPS Question Santé, après avoir calculé le nombre de secondes utilisées pour chaque campagne (en TV et en radio) , déduit ce nombre du quota annuel. Cette comptabilité est indispensable pour conseiller au mieux les promoteurs.Un planning annuel sous forme d’une ligne du temps répertorie semaine par semaine chacune des campagnes programmées. Ce planning est nécessaire pour proposer la meilleure période pour chaque campagne tenant compte des congés scolaires qui ont un impact sur les possibilités d’entendre ou de voir le spot. Le planning permet également de tenir compte de la règle négociée avec les régies : ne planifier que 2 campagnes en même temps. Cela réduit les possibilités de planification et d’utilisation des quotas annuels.En 2016, le SCPS Question Santé a constaté qu’aucune campagne n’était programmée en octobre et novembre, et a proposé une diffusion supplémentaire d’un spot déjà programmé durant l’année. En concertation avec les cabinets des Ministres concernés, le SCPS Question Santé a proposé à la Fondation contre le Cancer d’occuper l’espace média avec le spot TabacStop durant deux semaines.

Analyse sur les évolutions entre 2012 et 2016 en télévision

TV : espaces disponibles

Chaines

2012

2013

2014

2015

2016

RTBF TV

(La Une, La Deux, La Trois)

128 170

120 105

191 564

216 740

190 867

RTL TV

(RTL-TVI, Club RTL, PLUG TV)

35 000

35 000

35 000

35 000

35 000

AB TV

(AB3, AB4)

22 000

/

32 328

52 150

64 626

Be TV

660

12 240

19 875

6 200

7 140

Total TV

185 830

167 345

278 767

310 090

297 633

TV : espaces utilisés

Chaines

2012

2013

2014

2015

2016

RTBF TV

63 310

57 230

47 125

29 785

60 500

RTL TV

32 625

29 920

29 070

10 150

19 970

AB TV

20 775

16 080

14 680

8 470

22 080

Be TV

1 470

5 670

10 005

3 990

6 720

Total TV

118 180

108 900

100 880

52 395

109 270

Solde TV

69 270

80 445

177 887

257 695

188 636

Que constate-t-on ?

Une très forte augmentation des espaces disponibles : 60% de plus qu’en 2012 excepté pour RTL qui attribue un forfait de 35.000 secondes d’année en année et pour Be TV. Le total des espaces utilisés est légèrement inférieur : 0,92. Le solde des secondes non utilisées est d’autant plus important. Il augmente de 2,72. Il faut interpréter certains chiffres avec réserve car les régies changent parfois la programmation.RTL n’est plus dans l’obligation de mettre à disposition des espaces gratuits pour les projets de promotion de la santé. RTL –TVI, Club RTL et Plug TV : un forfait de 35.000 secondes est offert chaque année.

Analyse sur les évolutions entre 2012 et 2016 en radio.

Radio : espaces disponibles

Chaines

2012

2013

2014

2015

2016

RTBF Radio

(La Première, Radio 21, La Trois)

38 955

77 775

81 325

94 715

99 015

Bel RTL

9 475

28 030

12 690

29 530

32 560

Contact

13 095

19 250

12 915

17 930

13 205

NRJ

10 995

4 440

18 220

19 345

16 530

FUN

11 055

16 730

12 775

?

5 880

Nostalgie

4 210

20 615

10 065

?

26 995

Radio Twiz et DH Radio

5 115

Radio Twiz

5 330

Radio Twiz

5 380

DH Radio

3 435

DH Radio

15 220

Total Radio

92 900

172 170

153 370

164 955

209 405

Radio : espaces utilisés

Chaines

2012

2013

2014

2015

2016

RTBF Radio

38 970

58 020

63 110

38 325

98 820

TWIZ/DH Radio

4 680

6 240

4 620

2 310

10 290

Bel RTL

9 450

12 390

12 675

6 510

24 810

Contact

12 240

12 390

12 850

5 880

13 230

Nostalgie

6 090

5 880

10 045

5 670

21 450

FUN

2 520

840

7 560

4 900

5 880

NRJ

7 680

3 360

4 235

4 900

15 360

Total Radio

81 630

99 120

115 095

68 495

189 840

Solde Radio

13 165

40 665

38 275

96 460

19 656

Que constate-t-on ?

Une très forte augmentation des espaces disponibles : 2,25 de plus qu’en 2012. Le total des espaces utilisés est également en augmentation : 2,32. Le solde des secondes non utilisées reste important. Il augmente de 48%. Comme en TV, il faut interpréter certains chiffres avec réserve car les régies changent parfois la programmation. Le paysage médiatique a également évolué en 5 ans : Twiz est devenu DH radio par exemple. Toutefois, cela donne une très bonne idée de la réalité et de l’évolution dans le temps des espaces gratuits et de leur utilisation pour les campagnes en promotion de la santé.

D’autres possibilités de diffusion existent

Certaines radios locales sont demandeuses pour diffuser les spots sur leurs antennes selon le planning de chaque campagne. Mélodie FM, en Brabant wallon, par exemple. Fin 2016, la société « Médiawind » a par exemple diffusé un écran de promotion du vaccin contre la grippe via son réseau d’écrans digitaux installés dans les hôpitaux. Ce sont également des modes de diffusion mis gratuitement à la disposition des campagnes de promotion de la santé.Pour en savoir plus sur ce dispositif, vous pouvez contacter le SCPS Question Santé – Marie-Cécile Bruylants au 02/512.41.74 ou par mail marie.cecile@questionsante.org