«La littératie est un pont entre la misère et l’espoir» (Kofi Annan)
Les mutualités s’intéressent à juste titre depuis quelques années au degré de littératie en santé de leurs affiliés. En effet, on ne peut pas à la fois plaider pour la participation active du patient et promouvoir son consentement éclairé tout en ignorant l’importance primordiale de bonnes compétences en santé dans le grand public.
Cependant, beaucoup de chemin reste à faire: un Européen sur deux a un faible niveau d’alphabétisation en santé, ce qui constitue un obstacle majeur à l’émancipation du ‘consommateur de soins de santé’.
Les Mutualités libres ont organisé le 31 mai dernier à Bruxelles une demi-journée de conférences et de débat sur les enjeux de cette problématique, qui a réuni un public venu nombreux malgré les vicissitudes d’une journée de grève. Un signe tangible du vif intérêt suscité par le sujet du jour…
4 Belges sur 10
En introduction, Xavier Brenez, Directeur général des Mutualités libres nous a présenté les principaux résultats d’un sondage ‘Dedicated’ sur la question, réalisé en avril 2016 auprès de 1033 personnes de plus de 18 ans ayant eu deux consultations en médecine générale au cours des 12 derniers mois.
Ce sondage confirme largement les résultats d’études antérieures: très grande satisfaction des personnes interrogées vis-à-vis de leur médecin de famille et bonne littératie de 60% d’entre elles. Parmi les problèmes rencontrés par les 40% moins bien outillés: difficulté à comprendre certains mots (17%), à choisir un comportement favorable à la santé en présence de messages médiatiques parfois contradictoires (42%), à lire les notices des médicaments (32%, seulement 32% serions-nous tenté d’ajouter!), à intégrer les avertissements de santé publique (23%).
Définition de la littératie en santé
«La capacité d’avoir accès à de l’information, de la comprendre, de l’évaluer et de la communiquer de manière à promouvoir, à maintenir et à améliorer sa santé dans divers milieux au cours de la vie»
Association canadienne de santé publique (ACSP), 2014
Pour sa part, Stephan Van den Broucke, professeur en psychologie de la santé publique à l’UCL, grand spécialiste en la matière, nous rappela que le concept est loin d’être aussi neuf que certains le pensent, puisqu’il a fait florès depuis longtemps dans le domaine de l’éducation ‘pure’ avant de s’étendre à d’autres matières comme la santé (dès les années 70) et la promotion de la santé plus récemment.
Il insista aussi à juste titre sur le fait que dans ce domaine comme dans tant d’autres, la connaissance est loin de suffire, c’est la compétence acquise par les individus qui prime.
Belgique oblige, Stephan Van den Broucke nous précisa également que ‘l’alphabétisme en santé’ est meilleur en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles, avant de plaider à juste titre pour un renforcement des mécanismes éducatifs et de la prise en considération des besoins d’information et d’empowerment des plus faibles de notre société.
Concrètement…
L’intervenante suivante, Nathalie Boivin, professeure en science infirmière à l’Université de Moncton (Canada) nous montra avec une belle éloquence un grand nombre d’outils de promotion de la littératie auxquels elle collabore. Dans sa province du Nouveau Brunswick, le déficit de littératie était il n’y a pas si longtemps encore plus important que dans d’autres régions du pays, atteignant 75% des gens âgés de 16 à 65 ans, ce qu’elle eut de la peine à croire au départ, pensant ses pratiques plus efficaces que cela…
Définition de la littératie en santé
«La connaissance, la motivation et les compétences d’une personne pour accéder, à l’information de santé, la comprendre, l’évaluer et l’appliquer de façon à porter des jugements et prendre des décisions dans sa vie quotidienne concernant les soins de santé, la prévention des maladies et la promotion de la santé, pour conserver ou améliorer sa qualité de vie tout au long de son existence»
OMS, Health literacy. The solid facts. Health (2016)
Écouter les besoins des usagers, faire appel aux ‘trucs pour bien vivre’ qu’ils souhaitent partager, apprendre en famille par le jeu, «miser sur les atouts des gens plutôt que leur taper tout le temps sur la tête avec des messages négatifs», importance de messages universels, exploitation des radios locales mais aussi des technologies d’aujourd’hui, que d’idées partagées dans la bonne humeur avec l’auditoire…
Du débat proprement dit, nous retiendrons les propos mesurés et pertinents de Marleen Finoulst, rédactrice en chef du magazine BodyTalk et aussi cette intervention d’une travailleuse du CPAS de Schaerbeek, qui souligna combien les outils de littératie d’une asbl comme Cultures & Santé peuvent rendre de services pour réduire cette fracture culturelle.
Même si on se réjouit toujours des bonnes pratiques d’Outre-Atlantique, le rappel que chez nous aussi il y a des ressources de grande qualité ponctuait joliment cette intéressante matinée.
«Les performances des conteurs répondent à un besoin social, à des enjeux autres que ceux du simple divertissement» (Soazig Hernandez)
En tant que conteuse ayant participé au projet Raconte-moi ton quartier#2-Saint-Josse-ten-Noode, je propose de mettre en lumière quelques enseignements tirés directement de mon expérience. Ce projet, mené de juin à août 2015, est la deuxième édition d’un processus en cours, fruit d’une collaboration entre l’ARC (Action et Recherche Culturelles) et les Conteurs en Balade.
Le projet Raconte-moi ton quartier, animé en partenariat par l’ARC et les Conteurs en Balade, est né au carrefour des chemins de l’éducation permanente et du conte. Il a pour objectifs l’expression et la participation des citoyens sur et dans leur quartier, la création de liens sociaux en favorisant la rencontre entre les acteurs d’un quartier, la valorisation du conte et de sa dimension poétique de l’expression populaire. Il part d’une récolte des récits, rêves et représentations des habitants et habitués d’un quartier. Le fruit de ces récoltes est ensuite l’inspiration première pour la création de contes. Les histoires sont présentées au public et réunies dans un recueil. Raconte-moi ton quartier voyage et souhaite par ce biais mettre en perspective les réalités à la fois spécifiques et communes des différents quartiers. Nous aimons le présenter telle une création urbaine au cœur des questionnements contemporains.
Au fil du projet, une préoccupation est apparue: comment donner la parole aux bénéficiaires du projet, comment les transformer en acteurs du projet au moyen de dispositifs propres à la création en général et à l’art du conte en particulier? En somme, comment transformer le spectateur en ‘spectACTEUR’?
Trois moments possibles pour l’expression
Théorisons un tantinet en partant du postulat que toute œuvre artistique, toute production culturelle se fonde sur trois moments.
Le moment 1 est celui de l’imprégnation, de l’absorption plus ou moins consciente d’une série d’éléments qui plus tard se trouveront dans la création de l’œuvre.
«… c’est un artiste (…) Le connu lui suffit et il le prend comme ça vient, l’accepte sans s’émouvoir ni se poser de questions. Il l’avale, absorbe tout, il fait l’éponge (…) et <un jour> il va se mettre à restituer tout ce qu’il a avalé et vu et compris, en noir et en couleurs, ou en mots, ou en geste, en trois dimensions avec sono (…) et le monde s’en trouvera plus riche.»
Le moment 2 est celui de la création de l’œuvre. Le pinceau sur le tableau, la plume sur le papier… Ce moment sera plus au moins long et plus ou moins douloureux (c’est un poncif, mais qui reflète quoi qu’on en dise une certaine réalité: l’acte créateur est une nécessité pas toujours facile).
Le moment 3, enfin, correspond à la production de l’œuvre dans l’espace public. C’est le moment de rencontre entre l’œuvre (parfois l’artiste) et le public.
Cette rencontre est également une dépossession. L’œuvre n’est pas nécessairement perçue comme l’artiste se l’imaginait. La perception du spectateur recrée l’œuvre. Dans le cas précis du conte, ce moment 3 est également un moment 2: la parole contée, qui n’est pas récitation d’un texte, se recrée constamment dans le contact avec le public et est adaptée en fonction du ressenti du public, principalement lors des premières fois que le conte est dit en public. Peu à peu, le conte se polira pour atteindre une certaine forme définitive.
Par conte (ou art du conte) nous entendons un art de la parole.
Le conte signifie ici l’acte de raconter à un public un récit cohérent, en son nom propre (c’est le conteur qui narre le récit et non un personnage qu’il incarne), le tout en lien avec le public.
Le mot conte désigne donc une démarche/pratique artistique basée sur l’oralité. Il ne désigne pas ici un répertoire spécifique comme par exemple les contes de Perrault, les contes traditionnels de telle ou telle région du monde.
Voilà pour l’analyse en trois moments. Tentons à présent de l’appliquer au projet Raconte-moi ton quartier#2-Saint-Josse-ten-Noode.
Moment 1 – Atelier de recueil de paroles
Dans le cas du projet susmentionné, la participation du public se fait lors de ce moment, car c’est lors des ateliers que sont recueillies les paroles qui serviront de base aux histoires dites.
À noter que dans notre monde ultra connecté, la place pour l’expression est omniprésente mais que finalement, ce qui peut manquer, ce sont des lieux d’écoute. Les ateliers en offrent un.
Le conte possède la potentialité d’exprimer les représentations d’un groupe. Un des enjeux de l’artiste-conteur est de se faire le porte-parole d’une parole commune au sein d’une société axée sur l’individu et le développement personnel. Ainsi par exemple des préoccupations liées à la propreté, au trafic urbain, à la rencontre entre habitants ont émergé lors des ateliers de Saint Josse.
Le recueil de paroles constitue une possibilité de faire le lien: une parole personnelle est recueillie dans une animation collective, et dès lors d’emblée confrontée à d’autres paroles.
Un atelier de recueil de paroles est un moment organisé avec un groupe afin de permettre aux membres de ce groupe de s’exprimer librement sur un sujet donné.
Les objectifs de ces ateliers, dans le cadre de Raconte-moi ton quartier, sont de:
recueillir histoires, anecdotes, contes des habitants en lien avec leur quartier;
recueillir des représentations autour du quartier (en d’autres termes les ressentis des citoyens et leurs conceptions, l’image qu’ils en ont);
recueillir les revendications par rapport au quartier.
De l’interaction entre participants ressortent les préoccupations et les représentations les plus fortes. Vient ensuite l’interaction avec l’imaginaire du conteur… Passons donc au moment 2.
Moment 2 – Création des récits sur base des paroles recueillies
Dans le cadre du projet, la création de l’œuvre nait de la rencontre entre les paroles recueillies et l’imaginaire du conteur, imaginaire nourri à de multiples sources (contes traditionnels, littérature, cinéma…). De cette rencontre, ‘binôme imaginatif’, surgissent les histoires.
Le travail du conteur consiste en un tri dans les paroles recueillies (qu’est-ce qui a été dit, quels sont les points qui émergent de manière la plus évidente), le choix de ce qu’il souhaite dire, ne pas dire et, enfin, comment il le dit.
L’enjeu consiste à se faire le traducteur, le porteur d’une parole qui reflète les représentations, les univers des participants aux ateliers, sous forme d’un récit cohérent. Le conteur mêle «son expérience au point de vue culturel et idéologique de <la> communauté».
Un des outils dans ce travail de composition est la métaphore. Dans le cas précis du conte, le recours à la métaphore se définit comme l’utilisation d’images concrètes pour désigner des notions abstraites par substitution analogique.
Par exemple, l’impression d’être perdu face à l’administration, évoquée par un habitant, a été traduite par une succession d’interlocuteurs à rencontrer avant de pouvoir parler au roi, métaphore de l’objectif à atteindre.
La métaphore du conte offre l’avantage de créer une distanciation: «une trop grande proximité est inquiétante, intrusive, tandis que, grâce au déplacement provoqué par la métaphore, il (le specta(c)teur, dans le cas qui nous occupe) trouvera des mots qui lui rendront le sens de son expérience ou lui permettront au moins une échappée».
Dans le projet Raconte-moi ton quartier, le public ne participe pas à ce moment 2, pour diverses raisons. D’une part, le plaisir de la balade contée provient entre autres de la surprise de découvrir les histoires. D’autre part, la création des histoires par les habitants nécessiterait un autre type de processus, qui pourrait comprendre par exemple des ateliers d’écriture, d’art de la parole contée, etc.
Moment 3 – La production dans l’espace public
Ici, cette mise en espace se fait sous forme de balade contée. Ce dispositif permet une appropriation de l’espace public (le même espace servant de thématique aux ateliers de recueil de paroles), voire une réappropriation nouvelle de ‘l’espace-quartier’ et de l’espace urbain, mode de vie a priori collectif mais nécessitant aujourd’hui des actions de cohésion sociale en vue de trouver des terrains/points communs. L’un des enjeux du conteur et de son public, dans le cadre d’une balade contée urbaine, est la création d’un espace scénique. La parole, par sa densité, crée un espace particulier.
Par ailleurs, au sein du récit en lui-même, certains dispositifs de l’art du conte permettent la participation des spectACTEURS: poser des questions, faire répéter quelque chose, proposer des devinettes, des formulettes, des chansons… Ceci n’est pas anodin. L’acte de parler, même pour ‘seulement’ répéter ou répondre à une question, a un impact, car il active dans le cerveau les circuits liés à la parole, le tout dans un contexte de plaisir, sans stress, ni enjeux.
Enfin, les récits permettent un enrichissement des représentations, autrement dit «nous donner un autre point de vue sur <les> réalités (…), nous aider à les mettre à distance, à les décortiquer, à en voir les ficelles, à en critiquer les fictions sous-jacentes».
«Le conte offre un large champ de significations potentielles aux auditeurs qui ne reçoivent pas le récit passivement: celui-ci continue son travail après avoir été entendu».
Dans le cadre qui nous occupe, les récits résultent de la rencontre de différentes représentations, mise en travail dans les ateliers de recueil de paroles puis dans le cadre de la création des histoires. Ces représentations mêlées, entrelacées, métaphorisées en récits vont, par le pouvoir de la parole, être transmises aux spectACTEURS et un travail souterrain pourra s’opérer.
En guise de conclusion
Une des spécificités du conte est le lien avec le public. L’adresse est directe, le public est «partenaire du conteur». Le conte possède en germe les ingrédients pour créer une complicité entre spectateur et conteur.
Si cet enjeu essentiel à la pertinence du projet est inhérent à la rencontre entre l’éducation permanente et le conte, sur le terrain, il se re-découvre un peu plus chaque jour. D’un côté, le conteur peut s’appuyer sur la sagesse des contes traditionnels, sur leur pertinence sociale pour aborder des thèmes qui le dépasseraient autrement en tant qu’individu, tels le racisme, les rapports de forces, la relation au pouvoir, l’exclusion… De l’autre, lors de la création des histoires, il doit veiller à ce que le choix de son propos soit bien celui des publics qu’il a rencontrés.
Les représentations, les métaphores et la distanciation, citées plus haut, sont des outils très actifs. Par contre, ils restent à disposition du conteur et de sa volonté propre vis-à-vis de laquelle il voyage tel un funambule, à chercher l’équilibre entre ses réalités et celles d’un monde contemporain, d’un quartier et de différents publics. Ces réalités présentent à la fois des différences profondes et des similitudes ancrées dans une collectivité à laquelle nous appartenons tous, d’humanité du XXIe siècle.
Par ailleurs, le conte est apte à créer un sentiment de groupe et d’appartenance au sein de l’audience. À l’origine, le conte exprime des représentations qui doivent leur survivance non à «leur exactitude mais à leur pertinence sociale». En d’autres termes, les motifs du conte sont ‘sélectionnés’ par le groupe (de manière inconsciente), afin qu’ils «véhiculent des préoccupations sociales essentielles». Activer cette capacité du conte est tout l’enjeu du projet Raconte-moi ton quartier et démontré dans cette analyse.
Enfin, le conte peut constituer un outil pour permettre aux gens d’ouvrir leur imaginaire, voire de s’approprier la parole, c’est entre autre pourquoi un projet tel que Raconte-moi ton quartier, initiateur d’une mobilisation et d’une expression collective autour du conte, pourrait veiller à produire des suites (par exemple: ateliers d’écriture, voir plus haut) permettant d’aller plus loin dans ce processus du spectACTEUR. Le but n’est pas que les gens deviennent eux-mêmes conteurs, mais de faire circuler la parole. Dans la lignée de Gianni Rodari, travailler l’imaginaire, donner l’accès aux mots, c’est marcher vers une plus grande justice sociale, car «la parole peut avoir une valeur de libération. ‘Tous les usages de la parole pour tout le monde’: voilà qui me semble être une bonne devise, ayant une belle résonnance démocratique. Non pas pour que tout le monde devienne artiste, mais pour que personne ne reste esclave».Analyse publiée par l’ARC en novembre 2015.
Hernandez Soazig, ‘Le monde du conte. Contribution à une sociologie de l’oralité’, L’Harmattan, 2006.
Cette théorie se base sur les interventions et ateliers suivis dans le cadre de Signal – Interventions urbaines, Université d’été du CIFAS (Saint-Gilles), du 9, 10 et 11 septembre 2015. Il n’est pas interdit de penser que d’autres l’ont déjà développée par ailleurs…
Lacq Gil, Personne ne m’aime, Duculot, 1986, pp.95-96.
Source: ‘Renégocier les relations de pouvoir – qui parle et qui écoute?’, atelier animé par Fiona Whelan le 9 septembre 2015, dans le cadre de Signal – Interventions urbaines, Université d’été du CIFAS (Saint-Gilles).
À noter que ces représentations ne correspondent pas nécessairement à une réalité ‘objective’ (si tant est qu’elle existe), ou simplement aux représentations des personnes qui animent l’atelier. Dans le cadre d’un atelier de recueil de paroles, il importe d’accueillir avec bienveillance les représentations des participants (surtout si elles ne correspondent pas aux nôtres), ainsi que de veiller à instaurer un cadre sécurisant et de respect (il peut arriver que les participants se heurtent entre eux au sujet de leurs représentations).
«Un pôle électrique ne suffit pas à faire jaillir une étincelle, il en faut deux» (Rodari Gianni, Grammaire de l’Imagination. Introduction à l’art de raconter des histoires, Rue du Monde, 2010.)
Hernandez Soazig, op. cit.
Se référer au recueil de contes issu de Raconte-moi ton quartier#2-Saint-Josse-ten-Noode.
Detambel Régine, Les livres prennent soin de nous. Pour une bibliothérapie créative, Actes Sud, 2015.
À ce sujet, je vous renvoie à l’analyse: Clerfayt Sophie, De Lœul Emmanuel, ‘Le conte, un art de proximité et de rencontre’, ARC – Action et Recherche Culturelles, 2015.
«Comment survivre? En se liant, en se liguant. La fonction primordiale des histoires humaines, c’est l’inclusion et l’exclusion. Le nous s’instaure et se renforce par le récit bricolé du passé collectif. Par la mémoire, c’est à dire par des fictions». In: Huston Nancy, L’espèce fabulatrice, Actes Sud, 2008.
On lira avec profit sur ce sujet: Sacks Oliver, Des yeux pour entendre. Voyage au pays des sourds, Seuil, 1996. Bien que traitant d’abord et avant tout de la langue des signes, cet ouvrage propose de passionnantes réflexions sur l’acquisition du langage en général.
Huston Nancy, op. cit.
Belmont Nicole, Poétique du conte. Essai sur le conte de tradition orale, Gallimard, 1999.
Voir analyse déjà citée: «Le conte, un art de proximité et de rencontre».
Début 2011, la Société scientifique de médecine générale (SSMG) démarrait www.mongeneraliste.be, un site d’informations de santé destiné au grand public. Nous avons rencontré le Dr Patrick Trefois, une des chevilles ouvrières de ce projet qui a entre autres mérites celui d’unir la profession médicale et deux grandes mutualités dans un projet au profit des consommateurs de soins de santé.
ES : Pouvez-vous nous rappeler quels étaient les objectifs de départ de ‘Mon généraliste’ et en quoi il se distinguait des innombrables sites ‘santé’ présents sur la toile ?
Patrick Trefois : La SSMG a créé le site mongeneraliste.be pour qu’il devienne un trait d’union entre les généralistes et les patients, pour qu’il contribue à enrichir les échanges et mettre en place un réel partenariat avec le patient, reposant sur son autonomie, son libre choix et ses ressources.
Pour le dire autrement, à travers ce site, le médecin de famille écoute, informe et conseille son patient, met en place un dialogue avec celui-ci dans un but d’éducation thérapeutique. Bien sûr, les informations proposées par mongeneraliste.be le sont à titre indicatif et ne peuvent servir à établir un diagnostic ou à établir un traitement médical : elles ne remplaceront jamais la consultation d’un médecin ni la spécificité d’un examen médical.
Pour résumer le positionnement particulier de ce site, j’en citerai trois caractéristiques : la place centrale de la relation médecin/patient, l’indépendance vis-à-vis de tout intérêt commercial et la référence à la médecine basée sur les preuves (EBM).
ES : Quelles informations peut-on y trouver aujourd’hui ? Comment sont-elles validées ?
PT : On trouve actuellement sur le site plus de 130 articles consacrés à des maladies, plus de 70 centrés sur la prévention primaire et secondaire et une quinzaine de dossiers.
En outre, plus de 120 sujets sont accessibles dans la rubrique ‘Actualités’, qui aborde des informations neuves (nouvelles études ou avis récents du Conseil supérieur de la santé par exemple) ou complémentaires aux articles présents sur le site.
Enfin, le site accueille aussi des vidéos, ainsi que des ‘fiches patients’ non accessibles directement aux internautes, qui sont ‘prescrites’ au patient par son médecin généraliste. Ce dernier peut lors de la consultation soit imprimer la fiche et la remettre au patient, soit lui envoyer le lien par mail.
La validation repose en amont sur des sources scientifiques fiables et reconnues. Dans ce cadre, le site mongeneraliste.be a conclu un partenariat avec ebmpracticenet.be, un site mis en place pour les médecins par le CEBAM. Les articles EBM destinés aux médecins belges servent donc de base à l’élaboration des articles du site.
En aval, les médecins de la SSMG sont invités à réagir aux contenus du site s’ils décèlent une information qui leur apparaît inadéquate ou erronée.
ES : Avez-vous une idée des sujets les plus populaires ?
PT : Oui, mais avec cette nuance : ils sont populaires car bien référencés par les moteurs de recherche, Google étant évidemment le principal. Ce sont donc un peu les gagnants d’une loterie que je vais donner…
Le top 5 de 2015 est constitué des douleurs de nuque et de cou (plus de 60.000 visiteurs), suivies des maladies du gros intestin (plus de 58.000), de l’anémie (plus de 49.000), de la cystite (plus de 47.000) et des ongles incarnés (plus de 36.000) ! Le temps de lecture sur ces pages est assez long et permet une lecture du contenu, puisqu’il va de 4’52 à 6’06, ce qui est appréciable sur le net.
Ceci dit, nous travaillons sérieusement la question du référencement, en construisant les articles selon une logique web : titre et sous-titre signifiant et redondant, etc.
ES : ‘Mon généraliste’ a-t-il trouvé son public au fil des ans ? Je suppose que vous suivez de près les chiffres de fréquentation…
PT : La fréquentation est en croissance constante : plus de 660.000 visiteurs en 2015 et plus de 800.000 pages vues. Bien sûr, la proportion d’internautes français n’est pas négligeable !
ES : Le site accepte-t-il des annonceurs payants ?
PT : Non, il n’y a aucun annonceur commercial payant évidemment. Seules les mutualités partenaires du site et les pouvoirs publics compétents en matière de santé, pour leurs campagnes de sensibilisation du grand public, ont accès aux bannières placées en haut des pages du site.
Mais le plus important sur le plan de l’indépendance est la totale autonomie de l’équipe rédactionnelle, la référence systématique aux sources EBM et la supervision dans un second temps par des médecins de famille ayant une pratique.
ES : De nos jours, les professionnels de la prévention sont de plus en plus attentifs à la littératie en santé ? En quoi mongeneraliste.be s’inscrit-il dans cette tendance appréciable ?
PT : Au risque de me répéter, je dirai que le site vise essentiellement à donner une information avec des garanties de lisibilité, de fiabilité scientifique, d’indépendance, de cohérence avec la pratique de la première ligne de soins, un ensemble de caractéristiques regroupées de manière sans doute assez unique.
Bien sûr, on pourrait dire que le site contribue ainsi à améliorer «la capacité des individus à repérer, comprendre, évaluer et utiliser des informations utiles pour pouvoir fonctionner dans le domaine de la santé et agir en faveur de leur santé».
Mais le vrai travail de littératie en santé se déroule, selon moi, dans la rencontre entre la spécificité d’un patient (sa langue, sa culture, ses plaintes, ses attentes) et celle d’un médecin à l’écoute. Et le plus accessible des médecins (sur les plans géographique, économique, etc.) est le généraliste… Pour le reste, la littératie en santé devrait évidemment être développée dès l’école…
Cependant, une question mérite d’être posée : voulons-nous, ce qui est le cas à lire certains écrits de professionnels de la (promotion de la) santé, un bon niveau de littératie pour que la population se soumette mieux aux prescriptions de la santé publique, du système de soins, en vue d’une meilleure prévention, d’une réduction des coûts des soins ?
Il s’agit là d’une vision utilitariste où on évoque des termes comme le ‘rendement’, l’efficience, la baisse du recours aux soins, etc. Pourquoi pas, mais une autre possibilité est d’ouvrir le champ des choix possibles, y compris ceux que la population pourrait privilégier pour son bien-être immédiat sans souci de sa santé ‘physique’, en privilégiant le court plutôt que le long terme.
J’ai parfois l’impression d’une évocation incantatoire de la littératie en santé par certains technocrates et responsables politiques. Il me semble qu’une approche de promotion de la santé pourrait aussi être de simplifier le système de santé plutôt que de le complexifier à l’excès : pensez à la multiplicité des dispositifs (et à leur durée de survie très brève !), par exemple en matière de diabète : passeport diabète, trajet de soins, pré-trajet de soins depuis cette année, etc. Le tout avec des conditions que même les médecins les plus aguerris ont des difficultés à maîtriser. Faut-il condamner la population à intégrer de tels pensums ?
Pour citer un autre exemple, les médecins généralistes, les mutualités et mongeneraliste.be ont consacré du temps et des moyens à faire connaître le Dossier Médical Global+, qui après 3-4 ans d’existence disparaît purement et simplement en 2016 ! Et je ne parle pas des entraves financières croissantes à l’accessibilité aux soins…
ES : Le site est-il interactif ? Propose-t-il des forums aux usagers ?
PT : Non, aucune possibilité de forums. C’est une question de moyens, mais surtout un choix ‘idéologique’ : rappelons que le site veut soutenir le dialogue et la relation patient/médecin, pas se substituer à eux !
PT : Je souhaite que le futur comité directeur de la SSMG continue à croire et à soutenir le projet comme l’équipe actuelle. J’espère aussi que progressivement, une équipe de jeunes médecins et journalistes prendra le relais et fera évoluer le site avec son époque. Enfin, il ne serait pas inutile que les pouvoirs publics soutiennent plus efficacement le site.
Le point de vue des deux mutualités partenaires de mongeneraliste.be
Le Dr Alex Peltier, membre de la Direction médicale de la MC, a souligné lors de la conférence de presse du 17 mars 2016 que «L’offre d’informations dans le domaine de la santé a explosé avec internet mais elle est loin d’être de qualité. Nous sommes convaincus qu’il faut viser une performance informative qui soit compréhensible (adaptée au niveau d’éducation), pertinente (basée sur l’EBM), accessible à tous et suffisante (adaptée aux besoins de chacun). Le site mongeneraliste.be répond à toutes ces exigences. Le patient peut mieux comprendre sa maladie et ses symptômes, se documenter en toute objectivité, lire des conseils qu’il n’aurait pas mémorisés dans le cabinet de son généraliste, préparer des questions en prévision de la consultation suivante…»
Et d’ajouter : «Les soins de santé n’interviennent que pour 20 % dans l’état de santé des personnes. La situation socio-économique et le mode de vie sont bien davantage déterminants. Dans ce contexte, aider le patient à repérer, comprendre, évaluer et utiliser des informations qui lui permettront de mobiliser ses ressources personnelles et d’agir en faveur de sa santé est dès lors important.»
Quant au Dr Pierre Baldewijns, responsable du Service Promotion de la Santé à l’UNMS Solidaris, il a abordé la question suivante : le site contient-il réellement une information scientifiquement fondée, facilement accessible, simple sans être simpliste, et indépendante de tout intérêt commercial ?
La conclusion de son analyse est que l’indépendance du site est visible dans la manière de concevoir les textes, tant dans la forme que le fond. Les médicaments sont positionnés à leur juste place, conformément aux recommandations scientifiques de prise en charge. Sur base de l’article consacré à la dépression, il a ainsi montré que la structure et les mots répondaient bien à une approche de promotion de la santé.
Ainsi, le lecteur est invité à «réfléchir» et «comprendre», à «chercher l’issue» (les titres ne parlant pas de «traitement» ni même de «prise en charge»). Pour «chercher l’issue», les médicaments sont une des pistes, à la fin, après «la psychothérapie et l’écoute adaptées».
Le rôle du traitement médicamenteux est précisé sans en faire LA solution : «L’emploi de médicaments spécifiques – comme les antidépresseurs- s’impose parfois. Ils sont alors prescrits pour une durée de 6 mois au moins. Ils contribuent à atténuer les symptômes, à prendre un certain recul pour rendre la situation supportable, mais ils ne règlent pas les problèmes.»
L’approche tente d’être positive, sans minimiser le problème : «L’entourage joue un rôle crucial… quand il ne minimise pas la maladie…»; «Les idées suicidaires… sont à prendre au sérieux…»). Le message final ouvre une porte vers un avenir meilleur : «Après avoir traversé la dépression, beaucoup de personnes la considèrent comme le signe d’une réaction saine qui les a amenés à s’interroger sur leur vie et à y apporter des changements positifs.»
Voir l’article de C. De Bock ‘www.mongeneraliste.be, un site qui enrichit les consultations’, Éducation Santé n° 265, mars 2011. Au départ, l’initiative était soutenue par les Mutualités chrétiennes et les Mutualités libres. Ces dernières ont cédé la place à Solidaris en 2015.
Le Centre belge pour l’Evidence-Based Medicine est un organisme scientifique médical indépendant, interuniversitaire et pluridisciplinaire. Il s’adresse aux prestataires de soins, patients et citoyens en bonne santé.
Le programme de dépistage organisé du cancer du sein pour les femmes de 50 à 69 ans a été mis en place en Région bruxelloise depuis juin 2002 et est mis en oeuvre par l’asbl Centre bruxellois de coordination pour le dépistage du cancer du sein Brumammo. L’Observatoire a publié fin 2015 un quatrième rapport qui analyse les données du programme entre 2009 et 2013.
Fin 2013, 32 unités radiologiques sont agréées à Bruxelles, dont 30 fonctionnent en numérique et 2 en analogique; environ 54 radiologues sont actifs dans la lecture des mammotests.
Depuis 2010, Brumammo met progressivement en place une gestion numérique globale de l’imagerie médicale, des données administratives et des protocoles de lecture des radiographies.
Les délais d’attente pour les femmes désireuses de participer au programme diffèrent selon les unités: il faut entre 2 jours et 6 semaines pour obtenir un rendez-vous.
Depuis 2010, les actions d’information et de sensibilisation ont été très limitées. Au vu de l’évolution du débat sur l’importance d’informer correctement les femmes sur les avantages et inconvénients du dépistage, partant des outils existants, il pourrait être utile de développer ou de mettre à disposition des outils de communication adaptés aux différents publics cibles bruxellois. Le travail du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) sur le sujet peut servir de base de travail.
Les chiffres du cancer du sein
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme: les 930 tumeurs invasives diagnostiquées chez les Bruxelloises en 2012 représentent plus d’un tiers des cancers féminins.
En 2012, le taux d’incidence brut est de 157,8/100.000. Ce taux diminue depuis 2004 et après standardisation pour l’âge, il devient, à partir de 2011, intermédiaire entre l’incidence mesurée en Wallonie et celle en Flandre. L’incidence diffère selon l’âge, 45% des cancers du sein surviennent entre 50 et 69 ans. L’incidence est plus élevée dans les communes du sud-est de la région ainsi qu’à Ganshoren et Jette, reflétant en partie la distribution inégale des facteurs de risque et des facteurs protecteurs vis-à-vis du cancer du sein et probablement aussi la meilleure couverture du dépistage.
Le cancer du sein est la première cause de décès par cancer chez la femme et également la première cause de décès prématuré féminin. En 2013, 208 Bruxelloises sont décédées d’un cancer du sein, ce qui représente 18,5% des décès par cancer et 4,2% de l’ensemble des décès.
En 2013, le taux de mortalité brut par cancer du sein est de 35/100.000. Depuis le milieu des années 80, ce taux diminue. Le taux de mortalité des Bruxelloises âgées de 25 ans ou plus (67,9/100 000), est supérieur à celui en Flandre (55,2/100 000).
Le risque de décéder d’un cancer du sein augmente avec l’âge. La mortalité par cancer du sein n’est pas significativement différente entre les clusters socioéconomiques des communes bruxelloises.
Les chiffres du dépistage
En 2012-2013, 107.681 invitations ont été envoyées, ce qui représente 93,9% des femmes de 50-69 ans inscrites au Registre national et affiliées à un organisme assureur (en 2009-2010, 104.583 invitations avaient été envoyées soit 97,1% de la population cible) : le taux d’invitation a donc légèrement diminué.
En 2013, 6.034 Bruxelloises ont effectué un mammotest dans une unité radiologique à Bruxelles. Le taux de couverture par mammotest est stable depuis 2009-2010, il varie entre 9,9 et 10,7%. Même si on ajoute le taux de dépistage par mammographie hors programme organisé (42,7% en 2011-2012), la proportion de femmes bénéficiant d’un dépistage est d’environ 53%, ce qui est inférieur au taux de 70% recommandé au niveau européen.
En 2013, 70,8% des femmes qui font un mammotest subséquent le font dans les trois ans après le précédent ce qui est le délai recommandé par l’Europe; 52,9% le font après 21 à 27 mois (recommandation en Belgique : 24 mois).
Sur dix femmes participantes, environ six femmes adhèrent au programme sur base d’une invitation, trois sur base d’une prescription d’un médecin et une apporte à la fois une invitation et une prescription. Les principales raisons qui poussent les femmes à réaliser une mammographie sont les conseils de leur médecin généraliste ou de leur gynécologue. Le mammotest est plutôt recommandé par le généraliste et la mammographie hors programme par le gynécologue.
En 2012-2013, 75% des résultats sont envoyés dans les 16 jours, soit deux jours de plus qu’en 2009-2010. Cette augmentation est en partie due à la forte augmentation du nombre de troisième lecture qui atteint 24,6% des mammotests contre 13% en 2009-2010 et 3% en Flandre en 2013.
En 2012-2013, 13,4% des femmes sont rappelées pour des examens complémentaires que ce soit pour un mammotest positif (11,3%), pour des seins denses (2,1%) ou une mammographie ininterprétable. C’est 1% de moins qu’en 2009-2010 mais ce taux reste loin au-dessus des normes européennes. Le changement d’algorithme décisionnel en 2011 a eu pour conséquence une diminution du rappel pour échographie pour sein dense mais, en parallèle, il y a eu une augmentation des mammotests positifs, notamment en raison du passage au numérique (visibilité de petites lésions, absence d’anciens clichés).
En 2009-2010, on détecte 6,9 cas de cancer pour 1 000 femmes dépistées lorsqu’il s’agit d’une première participation (mammotest initial); 36% de ces cancers sont des cancers invasifs avec un stade II ou plus. Pour les participations ultérieures (mammotests subséquents), le taux de détection est de 6,0 pour 1 000; 34% de ces cancers sont des cancers invasifs de stade II ou plus (valeurs corrigées pour la population standard mondiale).
Les chiffres relatifs au mammotest initial sont influencés par le nombre important de femmes bruxelloises qui ont déjà réalisé une mammographie diagnostique avant de participer au programme organisé. Ce qui veut dire qu’une part significative des mammotests initiaux sont en fait des mammotests subséquents.
Évolution du programme
Ce quatrième rapport fait le point après 11 années de dépistage organisé du programme bruxellois.
L’incidence du cancer du sein invasif en Région bruxelloise est stable voire légèrement à la baisse au cours des dix dernières années. Le cancer du sein reste le cancer qui touche le plus de femmes en Belgique et en Région bruxelloise. L’incidence et la mortalité par cancer du sein en Belgique et en Région bruxelloise se situent dans le tiers le plus élevé parmi les pays européens.
Les inégalités entre les communes en termes d’incidence et de mortalité observées dans le précédent rapport s’amenuisent. Cette diminution apparente du gradient social, en termes de mortalité notamment, peut être liée à différents facteurs dont l’évolution du profil de la population bruxelloise dans les communes et à l’absence de données plus fines pour identifier les groupes sociaux à risque.
Depuis le round 2009-2010, quelques changements ont eu lieu.
L’algorithme décisionnel menant au résultat du mammotest a été simplifié et a entrainé une diminution du taux de rappel pour échographie pour sein dense, ce qui était l’effet recherché, au prix cependant d’une augmentation importante du nombre de troisièmes lectures. Le taux de rappel global du programme est cependant resté stable car le taux de rappel pour résultat positif a, lui, augmenté.
L’analyse des données de diagnostic et de remboursement complètent utilement les données de dépistage. Le couplage des données du programme avec le Registre du cancer a permis de développer les analyses de la performance du programme. Par ailleurs, l’Agence Intermutualiste (IMA) a progressé dans la caractérisation des femmes non-participantes.
Forces et faiblesses du programme
Toute la population cible des femmes de 50 à 69 ans est invitée depuis 2006 et le fichier est mis à jour régulièrement avec les données de la banque carrefour de la sécurité sociale (BCSS).
Depuis le changement de protocole en 2011, moins de femmes sont rappelées pour une échographie mais en plus grand nombre pour une image douteuse. Le taux de rappel reste très élevé comparativement à la Flandre. La plupart des unités agréées pour le dépistage sont passées aux examens en format numérique et échangent des données par voie électronique avec Brumammo.
Ce dernier assure un suivi de la qualité technique des examens réalisés. La fiabilité de la connectivité entre les systèmes doit encore s’améliorer et la performance de ce nouveau système ne sera complète que lorsque les clichés antérieurs seront disponibles pour tous les radiologues impliqués. Ce dernier point devrait permettre de diminuer le taux de rappel.
Le taux de couverture totale (53% en 2011-2012) et par mammotest ne s’est pas amélioré. Environ 10% des femmes invitées participent au programme organisé (réalisent un mammotest). La plupart des Bruxelloises qui participent au dépistage le font toujours via la mammographie dite opportuniste et facturée comme un examen diagnostique. En particulier, les gynécologues consultés par les Bruxelloises réfèrent principalement vers la mammographie. Le nombre de femmes qui pratiquent un surdépistage (plus d’une fois tous les deux ans) n’est pas connu en Région bruxelloise.
Le taux de rappel total (examen positif et échographie pour sein dense) des femmes ainsi que le taux de troisièmes lectures sont élevés et des mesures supplémentaires devraient être mises en oeuvre pour les réduire. La proportion de femmes informées de leur résultat dans les 21 jours devrait être améliorée et mieux évaluée.
Perspectives pour le programme
Brumammo compte poursuivre les efforts d’amélioration de la qualité du dépistage par la mise sur pied d’un feedback aux radiologues deuxièmes/troisièmes lecteurs sur la performance globale et individuelle des examens réalisés grâce au suivi des femmes dépistées. Ce feedback se basera notamment sur le couplage des données du programme avec celles du Registre du cancer.
À l’instar de ce qui se fait en Flandre et en Wallonie, Brumammo souhaite la mise sur pied de listes d’exclusion permettant de ne pas inviter les femmes qui ne sont pas éligibles, par exemple lorsqu’elles ont déjà un cancer du sein diagnostiqué.
D’un point de vue technique, les centres de dépistage agréés qui travaillent encore en analogique devraient rapidement passer au numérique et la mise à disposition de manière fluide des nouveaux et des anciens clichés devrait être accélérée.
Le processus d’évaluation du programme bruxellois se doit d’évoluer et certains indicateurs devront probablement être intégrés dans le prochain rapport tel que le surdépistage, le délai entre l’envoi des résultats et la mise au point complémentaire voire la prise en charge.
Le défi d’une politique bruxelloise de prévention
Au vu de la polémique persistante sur la pertinence du dépistage, les professionnels de santé doivent offrir un message clair et équilibré sur les avantages et inconvénients du dépistage. Le dépistage opportuniste en dehors du programme ne doit pas être oublié dans cette discussion. Partant des travaux du KCE, une série d’outils répondant aux besoins du terrain devraient être développés.
La sensibilisation des femmes non-participantes devrait faire l’objet d’un effort actif. Les recherches de l’IMA sur les non-participantes montrent que la première ligne de soins pourrait jouer ici un rôle privilégié. Un projet pilote existe en Flandre et pourrait également être testé en Région bruxelloise.
Les acteurs bruxellois du dépistage du cancer du sein ont élaboré en 2010 un Plan stratégique pour l’information et la sensibilisation au programme de dépistage organisé du cancer du sein en Région bruxelloise en direction du public cible et des professionnels de santé, plan qui n’a pas été mis en oeuvre.
Il est urgent de clarifier la structure qui aura pour mandat d’assurer que tous les Bruxellois puissent bénéficier des interventions de prévention et de promotion de la santé basées sur les évidences scientifiques (dont le dépistage des cancers du sein et du colon), et de coordonner les actions dans le respect des compétences de chacune des entités fédérées compétentes pour la santé en Région bruxelloise.
Des efforts significatifs ont été faits sur le plan de la numérisation et de la qualité technique depuis 2011. Cependant, en termes de participation et de taux de rappel, peu de progrès ont été enregistrés. La définition claire des responsabilités en termes de politique de prévention en général et de dépistage des cancers en particulier «au service de tous les Bruxellois» reste à ce stade un élément clé nécessitant une action politique forte et cohérente pour faire avancer le programme de dépistage du cancer du sein en particulier et la santé des Bruxellois en général.
Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, Commission communautaire commune, avenue Louise 183 – 1050 Bruxelles. Tél.: 02 552 01 89. Courriel: observat@ccc.irisnet.be. Internet: www.observatbru.be.
Le FARES (Fonds des Affections Respiratoires asbl) est une association sans but lucratif qui se consacre à la prévention du tabagisme, à la lutte contre la tuberculose et à l’information sur d’autres affections respiratoires chroniques. Si elle est présente partout en Belgique francophone depuis de nombreuses années avec ses Unités de secteur pour la tuberculose, le Service Prévention Tabac quant à lui ne disposait que d’une petite équipe bruxelloise très active. Récemment, celle-ci s’est vue renforcée de deux chargés de projets engagés pour mettre sur pied une nouvelle antenne wallonne, située à Namur. Éducation Santé a rencontré Cédric Migard, l’un des deux nouveaux engagés de l’antenne wallonne, pour en savoir plus…
Éducation Santé : Vous avez récemment été engagé pour développer l’antenne wallonne du Service Prévention Tabac du FARES. Quels sont les enjeux de cette nouvelle implantation ?
Cédric Migard, chargé de projets : Cela fait de nombreuses années que le Service Prévention Tabac du FARES est actif sur le territoire wallon, notamment en tant que coordinateur du Plan wallon sans tabac. Cependant, au vu de la récente réforme institutionnelle et du transfert des compétences santé, il est apparu important d’y renforcer sa présence par la mise en place, en juin dernier, d’une nouvelle antenne, située à Namur, au cœur de la région. L’objectif est bien sûr de renforcer l’ancrage du service en Wallonie et, à terme, de pouvoir répondre plus efficacement aux besoins des acteurs des secteurs de la santé, du social et de l’éducation œuvrant sur ce territoire.
ES : Quels types d’activités l’antenne namuroise développe-t-elle ?
CM : La présence de deux chargés de projets en Région wallonne permet de contribuer au développement des activités du service et à la création de nouveaux partenariats locaux. Concrètement, nous répondons aux interpellations des acteurs de terrain en matière d’animations, d’accompagnements de projets, de concertation, etc. Récemment, par exemple, nous avons reçu une demande émanant d’un internat namurois, lequel souhaitait réaliser un travail de fond sur la problématique du tabagisme avec les 230 jeunes qui y séjournent. Nous avons imaginé un programme phasé sur six mois et permettant aux jeunes d’être eux-mêmes acteurs de la démarche de prévention en matière de tabagisme au travers d’un projet créatif, ludique et didactique.
Pour ce qui est des démarches de sensibilisation auprès du grand public, nous avons tenu un stand aux Fêtes de Wallonie à Namur et au Salon des 1001 familles à Marche-en-Famenne ou encore participé à un événement à Louvain-la-Neuve, en lien avec la santé dentaire, dans le cadre d’une collaboration avec Partenamut et la Société de Médecine Dentaire. Les activités et les sollicitations ne manquent pas au sud du pays !
Par ailleurs, nous continuons à renforcer notre ancrage au sein des secteurs de la santé mentale et de la psychiatrie. De manière générale, nous tentons d’atteindre par divers biais les publics fragilisés, et ce en ayant comme impératif la promotion de l’égalité des chances en matière de gestion du tabagisme.Nous menons également des travaux de recherche, de sensibilisation et d’information que nous diffusons sous la forme d’articles. Nous avons sorti un papier sur la cigarette électronique, sujet hautement d’actualité au regard de la prochaine directive européenne et du dernier avis du Conseil Supérieur de la Santé. C’est aussi un sujet polémique qui se trouve à mon sens au centre de vrais enjeux en termes de santé publique. Plus récemment, nous avons travaillé à l’écriture d’un article d’information ayant pour objectif de proposer quelques clefs aux parents et grands-parents qui désirent aborder la question du tabagisme avec leurs enfants/petits-enfants.
Il y a aussi de nouvelles perspectives qui voient le jour. Nous sommes en train d’œuvrer à l’élaboration de projets avec des acteurs de la promotion de la santé et du secteur assuétudes afin de partager nos expériences et de renforcer les liens et la dynamique partenariale. Nous vous en reparlerons certainement très bientôt…
Enfin, je dirais que notre présence sur le terrain permet au FARES de participer plus activement aux concertations, réseaux et groupes de travail dans la région, notamment au sein de la Fedito wallonne ou de la Plateforme wallonne de promotion de la santé. Un effort de communication est en tout cas fait en ce sens.
ES : Des collaborations entre l’équipe de Bruxelles et celle de Namur sont-elles toutefois possibles ?
CM : Oui, il est très fréquent que nous collaborions, ne fût-ce que pour la réflexion de fond sur les projets que nous accompagnons. Ma collègue et moi, nous nous rendons à Bruxelles pour échanger avec nos collègues et profiter de leur expérience. Ensuite, nous rencontrons, parfois sans eux, les structures que nous accompagnons et travaillons à faire vivre le projet dans notre région. Nous sommes en contact permanent avec l’équipe de Bruxelles. En outre, un travail de communication assez conséquent sur les missions et activités du service est en cours et, pour ce faire, une véritable synergie avec l’équipe bruxelloise est nécessaire.
ES : De quel travail de communication s’agit-il ?
CM : Quand nous avons été engagés, nous éprouvions beaucoup de difficultés à cerner les missions du service, tant son champ d’action est large et varié. Nous ne voyions pas très bien comment communiquer vers l’extérieur sur ses actions, sans pouvoir nous-mêmes les décrire. Nous avons donc décidé tous ensemble de réaliser un support de présentation du service qui serait destiné à la fois au travail de mise en valeur de la nouvelle antenne et à la diffusion d’informations claires sur nos activités lors des événements et actions auxquels nous prenons part.
Ce support reprend l’offre complète du Service Prévention Tabac du FARES, ses missions, ses projets et formations, les réseaux auxquels il est associé et les coordinations qu’il assure. Un focus particulier est également mis sur les actions de promotion de la santé menées en son sein. Cet outil a demandé une implication active de l’ensemble de l’équipe wallonne et bruxelloise. En effet, un travail particulier de mise en commun des projets du service et un recentrage sur les missions de base de celui-ci a été nécessaire.
Ce document a été diffusé via un mailing au contenu personnalisé adressé aux acteurs institutionnels et relais de l’éducation, du social et de la santé en Wallonie. Dans la même optique, une adaptation de la partie ‘Tabac’ du site internet du FARES a été effectuée, afin de mettre en cohérence les différents supports de communication. Plus concrètement, il s’agit de structurer de manière similaire le site internet et le dépliant de présentation, dans un souci de transparence et de clarté vis-à-vis du public.
Nous espérons que tout ce travail permettra à notre public de mieux cerner la large palette d’activités que nous pouvons proposer.
Les activités du Service Prévention Tabac du FARES
L’appui aux professionnels-relais dans les secteurs de l’éducation, de la santé et du social dans une perspective de promotion de la santé. Le Service Prévention Tabac propose aux professionnels-relais des modules de formation/sensibilisation ainsi que des animations ou un soutien dans la mise en place de projets relatifs à la prévention du tabagisme auprès des jeunes, des familles, des futurs et jeunes parents, des publics fragilisés, etc. Il a aussi choisi d’aborder la question du tabagisme et de la gestion du poids en éditant un journal de bord (également disponible en ligne) destiné à accompagner dans leur projet d’arrêt les personnes fumeuses soucieuses de leur équilibre pondéral et de leur prise de poids. Par ailleurs, une formation est dédiée aux diététiciens et futurs diététiciens.
Le développement de savoirs et compétences en matière de gestion du tabagisme par les formations continuées à l’entretien motivationnel et en tabacologie à destination des intervenants du secteur de la santé. Le Service Prévention Tabac propose notamment d’informer, de sensibiliser et de former les intervenants du secteur psychiatrique et de la santé mentale, y inclus les équipes 107, par rapport au tabagisme de leurs patients. Ainsi, le service a développé une plateforme d’e-learning consacrée à la gestion du tabagisme.
L’orientation des fumeurs qui le souhaitent vers les structures de prise en charge dont il assure la coordination: Centres d’aide aux Fumeurs et réseau de tabacologues.
La gestion du tabagisme/sensibilisation de publics dans divers lieux de vie: depuis plusieurs années, le service a développé une vaste campagne de sensibilisation auprès du grand public visant à promouvoir l’information relative au remboursement des consultations de tabacologie et aux différentes alternatives d’accompagnement des fumeurs. Cette campagne se traduit par divers dépliants, outils et supports promotionnels, par des séances de sensibilisation et des groupes de parole. Par ailleurs, des supports et outils ont été créés afin de sensibiliser spécifiquement futurs et jeunes parents aux risques du tabagisme passif.
La coordination de différents réseaux : Hôpitaux sans tabac, Plan wallon sans tabac, etc.
L’appui documentaire en tabacologie et prévention du tabagisme via son centre de documentation, l’édition de dépliants d’information, de publications, d’articles spécialisés, etc.
Quand on a besoin d’aide et qu’on en reçoit, on se sent (généralement) mieux. Quand on en donne, l’effet serait de même nature… mais en double!. Ainsi, les aînés qui apportent leur aide à autrui se sentent en meilleure santé que les autres. Mais c’est à tout âge de la vie que le bénévolat a des effets marqués sur la santé de ceux qui l’exercent. Sans compter ses effets bénéfiques pour la santé publique.
Un volontariat est une activité exercée gratuitement et librement, au profit d’autrui, dans le cadre d’une organisation sans but lucratif. En Belgique, c’est ainsi qu’il est défini depuis la loi relative aux droits des volontaires adoptée en 2005, qui fêtait donc ses 10 ans en 2015. 1.165.000 citoyens exercent une activité volontaire – ou bénévole, les termes étant synonymes en Belgique –, ce qui représente une personne sur huit. Il existe de très nombreuses façons d’être bénévole, dans de multiples secteurs, de l’environnement au sport en passant par la santé, la jeunesse ou encore la culture. On peut être clown dans un hôpital, surveiller les passages cloutés devant les écoles, animer des adolescents dans un mouvement de jeunesse, participer à l’organisation d’une compétition sportive, nettoyer des espaces publics, partager son savoir en soudure, participer à la gestion d’une association…
Facteur de santé et de qualité de vie chez les aînés
L’action du bénévole est par essence tournée vers les autres, mais elle est aussi bonne pour lui-même. Nombreuses sont les études qui vont en ce sens, en particulier chez les plus de 60 ans, qui représentent la plus grande part des bénévoles en Belgique (24%). Comme on peut s’y attendre, le fait d’exercer une activité volontaire est associé à une meilleure santé perçue et à une plus grande satisfaction vis-à-vis de la vie. C’est ce que démontre notamment une recherche menée sur les aînés de Taiwan qui indique qu’un volontariat régulier est associé à de meilleures fonctions physiques et à moins de dépressions.
Une recension de la littérature portant sur les bénéfices du volontariat chez les aînés a conclu que le volontariat est associé à une réduction des symptômes de dépression, à une meilleure santé perçue et à moins de limitations fonctionnelles. Selon les auteurs, le bénévolat des aînés augmente l’activité sociale, l’activité physique et l’activité cognitive à divers degrés, ce qui, via des mécanismes biologiques et psychologiques, améliore le fonctionnement de l’individu.
Dans le même ordre d’idée, l’étude SHARE consacrée à la santé, au vieillissement et à la retraite en Europe et menée sur un échantillon de 55.000 personnes dans 14 pays a démontré qu’une personne de 60 ans pouvait gagner plusieurs années de bon fonctionnement cognitif si elle s’engageait dans une activité de volontariat, si elle maintenait une vie sociale active ou si elle continuait à travailler. De toute évidence, le volontariat a un rôle privilégié à jouer dans les politiques qui visent un vieillissement actif.
Meilleurs comportements de santé chez les jeunes
Il n’y a pas que les personnes âgées qui bénéficient des effets positifs du bénévolat. Des chercheurs américains ont conclu que l’âge ne jouait aucun rôle dans le lien entre volontariat et bien-être. L’engagement volontaire a donc aussi un impact sur la santé des plus jeunes, notamment par le biais des comportements de santé. Bonne nouvelle pour les 15-29 ans, qui, en Belgique, constituent le plus grand groupe de bénévoles après les aînés (22%). Une vaste étude menée sur plus de 70.000 étudiants américains vient de montrer que les jeunes volontaires sont plus susceptibles que les autres de respecter les recommandations qui concernent la pratique d’une activité physique et que ceux qui font une à neuf heures de volontariat par semaine souffrent moins de dépression.
La Plate-forme francophone du Volontariat
La Plate-forme francophone du Volontariat (PFV) est une asbl qui a pour objet de susciter, faciliter et encourager la pratique du volontariat en Belgique francophone.
La PFV articule son travail autour de quatre missions:
défendre et promouvoir le volontariat tel que défini dans sa charte;
lever les obstacles à l’exercice de ce volontariat;
améliorer la qualité du volontariat;
représenter, défendre et porter les intérêts ses membres.
C’est une structure pluraliste composée de plus de 200 organisations. Elle mène ses actions en partenariat avec ses membres et ses volontaires actifs dans différents centres locaux.
Vous souhaitez faire du bénévolat? Si vous cherchez une organisation auprès de laquelle vous engager, vous pouvez vous adresser au centre le plus proche de chez vous ou consulter les petites annonces du site www.levolontariat.be.
Une autre équipe de recherche s’est intéressée aux effets du volontariat sur les facteurs de risque de maladie cardiovasculaire chez les adolescents. Une centaine de jeunes de quatrième secondaire d’une école canadienne ont été répartis en deux groupes: tandis que les premiers étaient invités à réaliser des activités hebdomadaires avec des enfants de l’école primaire, le groupe témoin était inscrit sur une liste d’attente. Avant et après les activités bénévoles, qui ont duré deux mois, les chercheurs ont mesuré la protéine CRP (une protéine qui permet d’évaluer le risque cardiovasculaire), le niveau de cholestérol, l’indice de masse corporelle… Alors qu’ils n’avaient relevé aucune différence significative au départ, ils en ont observé pour trois de ces marqueurs à la fin de l’expérience. Il semblerait en outre que la plus grande baisse de facteurs de risques cardiovasculaires ait été observée chez les élèves qui ont développé le plus d’empathie et de comportements altruistes.
Facteur d’équilibre chez les adultes
Entre les aînés et les jeunes, les adultes des tranches dites ‘actives’ représentent une moins grande proportion des bénévoles. Paradoxalement, c’est le groupe des 40-49 ans qui présente le plus haut taux de bénévolat, avec 14,8% de la population, suivi par les 50-59 ans (13,3%). Les personnes professionnellement actives qui s’engagent dans le volontariat jouissent d’une meilleure santé que les autres. Elles sont également plus satisfaites de l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée, malgré la charge supplémentaire que cela implique. Chez les adultes d’âge moyen surtout, le bénévolat aurait même un effet sur plusieurs facteurs de risque de maladies cardiovasculaires, comme l’excès de graisse, la dérégulation des lipides, le niveau de glucose ou encore l’hypertension.
Des bénéfices à certaines conditions
Pour être bénéfique, l’engagement bénévole doit rencontrer certaines conditions. Tout d’abord, il semble qu’un minimum de prestations volontaires soit requis. Une recherche portant sur le lien entre volontariat et hypertension a démontré que ceux qui avaient exercé au moins 200 heures de volontariat dans les douze derniers mois étaient moins susceptibles de développer de l’hypertension que les non-volontaires, ou que ceux qui avaient fait moins d’heures. On peut s’attendre à ce que cette condition soit requise pour n’importe quel effet du bénévolat sur la santé. À l’inverse, l’excès nuit en toute chose: l’étude américaine sur le volontariat et la santé des jeunes a aussi révélé que trop d’heures hebdomadaires de volontariat (combinées aux études et à une activité rémunérée) affectent le sommeil et augmentent le sentiment d’être submergé.
Entretenir sa santé, est-ce une motivation suffisante pour se porter volontaire? Absolument pas! La situation est même plutôt paradoxale. D’après deux recherches – l’une menée dans l’État du Wisconsin aux États-Unis et l’autre en Suisse –, les personnes qui font du volontariat régulièrement ou fréquemment vivent plus longtemps ou sont en meilleure santé… mais uniquement si elles le font par altruisme. Les volontaires motivés par des raisons orientées vers eux-mêmes ou poussés par la pression sociale auraient des risques de décès ou de mauvaise santé similaires aux non-volontaires. Devenir volontaire pour profiter des bienfaits du volontariat, ça ne marche pas!
Volontariat et inégalités sociales
Le lien entre volontariat et santé étant établi, on peut légitimement se demander quel est le sens de cette relation… Est-ce le bénévolat qui joue vraiment sur les différents facteurs de santé, ou y a-t-il un biais de sélection, les personnes qui exercent du bénévolat étant, justement, celles qui sont en suffisamment bonne santé pour le faire? Dans ce second cas de figure, il s’agirait d’une belle illustration de l’ ‘effet Matthieu’, c’est-à-dire d’un mécanisme qui tend à accroître les avantages des plus favorisés sur les autres. De là à dire que le bénévolat serait un amplificateur des inégalités sociales, il n’y aurait qu’un petit pas…
En Belgique, il est bien démontré que le taux de bénévolat s’élève en même temps que le diplôme obtenu et que près de la moitié du travail volontaire est effectué par des personnes qui possèdent un diplôme de l’enseignement supérieur ou universitaire.
À Bruxelles, les écarts entre niveaux de formation sont encore plus marqués: les universitaires assument à eux seuls plus de 40% des activités bénévoles. Par ailleurs, les personnes ayant un emploi font significativement plus de volontariat que celles ayant un autre statut, suivies par les étudiants: les travailleurs représentent pas moins de 56,5% des volontaires. Hommes et femmes au foyer, personnes en incapacité de travail et demandeurs d’emploi sont les moins susceptibles de s’engager. Les obstacles à la participation sont bien connus : la pauvreté, le chômage, la lourdeur des démarches administratives et le manque de structure. Les personnes en lutte quotidienne pour survivre ont peu de temps et d’énergie à consacrer à une implication volontaire. Il est aussi plus difficile de trouver une activité et une organisation qui vous accueille comme bénévole quand vous faites partie de la population dite ‘fragilisée’.
Effet de compensation
Pourtant, si l’on s’intéresse aux groupes de population moins favorisés, l’effet bénéfique du volontariat est démontré par plusieurs recherches. Ainsi, d’après une étude suédoise, exercer une activité volontaire diminue significativement la probabilité pour les chercheurs d’emploi de fumer, le nombre de cigarettes fumées, la probabilité de consommer de l’alcool et la probabilité d’avoir un diagnostic d’hypertension. Le volontariat aurait donc un effet de compensation du chômage sur les comportements de santé et sur la santé.
D’autres études tendent à prouver que plus les personnes se trouvent dans une situation difficile, plus les effets positifs du volontariat sont importants: par exemple, chez les aînés de Nouvelle-Zélande, la relation entre volontariat et bonheur est plus forte chez ceux qui ont un niveau économique plus faible. Une autre recherche a montré que le bénévolat bénéficiait davantage aux personnes atteintes de maladies chroniques. Enfin, l’étude suisse citée plus haut a aussi démontré que les effets positifs du bénévolat sont plus marqués chez les individus isolés et disposant d’un accès limité aux ressources psychosociales – par exemple, les personnes sans emploi ou les migrants.
Par ailleurs, le volontariat contribue indéniablement à l’intégration sociale des personnes exclues ou marginalisées. Par exemple, l’engagement bénévole des personnes en situation de handicap remet en question les stéréotypes négatifs selon lesquels celles-ci ne bénéficient de soins que passivement.
Pour que le volontariat contribue efficacement à l’intégration sociale, il est essentiel de permettre aux personnes exclues ou marginalisées de s’engager davantage. Autant de bonnes raisons de promouvoir le ‘volontariat pour tous’, d’encourager les organisations à favoriser la diversité de leurs volontaires, de sensibiliser les personnes précarisées au bénévolat et de réduire les obstacles administratifs qui se posent aux demandeurs d’emploi et aux personnes en incapacité de travail qui veulent faire du bénévolat.
Acteurs de promotion de la santé
Même si la promotion de la santé est un secteur hautement professionnalisé, les différentes stratégies de promotion de la santé énumérées dans la Charte d’Ottawa reposent en grande partie sur l’engagement citoyen: le renforcement de l’action communautaire, bien sûr, mais aussi la création de milieux favorables, le développement des aptitudes individuelles, voire la réorientation des services de santé et l’élaboration de politiques publiques saines. Les personnes qui s’engagent dans le bénévolat présentent divers profils, qui sont autant de façons d’agir sur le monde qui les entoure: le bénévole de service (par exemple, un participant à la préparation de colis alimentaires ou un médiateur de dettes), le bénévole d’animation (par exemple, un animateur de séances scolaires sur l’alimentation ou un animateur sportif), le bénévole de militance (par exemple, en faveur de l’égalité des genres ou contre les inégalités sociales) et le bénévole de gestion (par exemple, un membre du conseil d’administration ou de l’assemblée générale d’une organisation de santé). À son niveau d’engagement, chacun est susceptible de contribuer à l’une ou l’autre des stratégies de promotion de la santé.
Indispensable pour la santé publique
«Il semble exister un cercle vertueux dans le cadre duquel les bénévoles ‘vont bien en faisant le bien’.» Si le bénévolat est bon pour la santé du bénévole, il l’est aussi pour la santé des autres. En Belgique, 35.000 bénévoles sont actifs dans le secteur des soins de santé. Même si leur nombre est relativement limité, ils assument des fonctions essentielles et complémentaires à celles des professionnels, de l’accueil de l’hôpital au chevet des malades à leur domicile.
Hors de la santé au sens strict, les volontaires sont présents dans de nombreux secteurs de notre société. Par exemple, dans le monde du sport, celui qui rassemble le plus de volontaires, près de sept fois plus d’heures sont prestées à titre bénévole que par des salariés. Grâce à leur engagement, des dizaines de milliers d’enfants et d’adultes ont accès à une activité sportive régulière, près de chez eux, à prix modique.
Le secteur de l’aide alimentaire repose aussi sur le volontariat: des récoltes de vivres à leur stockage et à leur distribution, presque toutes les tâches sont prises en charge par des bénévoles. C’est donc grâce à l’engagement de milliers de volontaires que de nombreuses personnes ont accès à l’alimentation.
En santé mentale, des associations souvent constituées de bénévoles concernés peuvent jouer un rôle clé auprès de ceux qui souffrent. Les bénévoles du secteur de l’environnement également, en militant et en agissant pour une planète plus saine, contribuent à la santé de tous…
Les exemples sont innombrables. Tout récemment, les centaines de citoyens qui se sont mobilisés pour l’accueil des réfugiés au Parc Maximilien et ailleurs témoignent des réponses que le bénévolat peut apporter aux besoins primaires des plus fragiles de notre société.
On est évidemment en droit de se demander s’il est normal que la santé, le bien-être, l’accès à l’alimentation ou à un hébergement reposent sur les bonnes volontés des uns et des autres. C’est un débat important, mais ce n’est pas notre propos ici. Ce qui est certain, c’est que les bénévoles ont toujours été ceux qui identifiaient les besoins sociaux émergents. S’ils sont souvent, dans un premier temps, ceux qui y répondent, le volontariat ne vise nullement à remplacer l’État. Pour se développer, il a au contraire besoin d’un secteur public… en bonne santé.
Avec l’aimable relecture de Jean-Baptiste Dayez, Chargé de développement en matière de volontariat aux Mutualités chrétiennes
Cette ‘méthode miracle’, qui s’appelle Prolongitudine, se présente comme une boîte de médicament et promet à l’utilisateur de réduire son risque de cancer de plus d’un tiers. Dans la boîte, pas de pilule, mais bien une ‘notice’ contenant les 12 recommandations du Code européen contre le cancer.
Le code européen
Le Code européen contre le cancer est une initiative coordonnée par l’IARC (International Agency for Research on Cancer – OMS) et soutenue financièrement par le Programme Santé de l’Europe. Il fait la synthèse des comportements à adopter pour limiter son risque de cancer. Son objectif est de faire reculer l’incidence des cancers et de réduire la mortalité.
En effet, selon l’IARC, plus d’un tiers des décès dus au cancer pourraient être évités si tout le monde suivait les recommandations de ce code. Il est donc primordial de le faire connaître auprès du grand public. La première édition du code a été publiée en 1987. Ici, il s’agit de la 4e version qui intègre les dernières publications et découvertes scientifiques sur le sujet. L’objectif est de fournir à chacun des repères clairs et prouvés pour adapter son mode de vie et réduire ainsi ses risques potentiels.
La campagne
La campagne ‘Prolongitudine’ de la Fondation contre le Cancer se focalise sur le code dans son ensemble, car aucun conseil unique ne peut être suffisant de manière isolée. Grâce à la collaboration d’associations professionnelles de première ligne, l’Association pharmaceutique Belge (APB), la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG) et son équivalent flamand Domus Medica, l’information peut être diffusée dans les pharmacies et dans les salles d’attente des médecins généralistes. En outre, il y aura une campagne média grand public.
Dans un second temps, toujours en se référant au code dans son ensemble, chaque thème sera approfondi pendant une période de quelques mois et fera notamment l’objet d’un film d’animation et d’un quiz, ainsi que d’informations sur le site de la Fondation.
Tout le monde aimerait croire en des méthodes miracles pour limiter son risque de cancer. D’où la nécessité de remettre les pieds sur terre, ne serait-ce que pour éviter les arnaques… Avec sa nouvelle campagne ‘Prolongitudine’, la Fondation contre le Cancer veut montrer que chacun peut effectivement diminuer son risque de cancer, en adaptant son style de vie au quotidien. Ça, c’est prouvé !
Des réserves
Afin de s’assurer que le message de cette campagne passe bien auprès de la population, le concept a été testé sur un échantillon de la population du pays. Les conclusions du test ont montré que le message était bien passé.
Cela dit, le recours à une ‘fausse’ boîte de médicaments pour attirer l’attention du public ne renforce-t-il pas l’idée selon laquelle la solution à tous nos problèmes de santé est nécessairement là? Dans un pays champion de la surconsommation médicamenteuse, est-ce bien utile d’en rajouter, même pour la ‘bonne cause’ ?
À propos de bonne cause, sans contester le bien-fondé des recommandations du code, comme la vie serait triste pour celles et ceux qui arriveraient à appliquer toutes les 12 !
D’après un communiqué et un dossier de la Fondation contre le Cancer
En 2015, Tabacstop (0800 111 10) a comptabilisé près de 20.000 contacts via ses différents services qui se répartissent en six catégories: appels dits réactifs où le fumeur prend contact avec un tabacologue (8362 appels), entretiens proactifs à l’initiative du coach tabacologue (7059 appels), conseils répondeur (1602), accompagnement online (4290), e-contacts par courriel (1212) et commandes de matériel (817).
Du côté du site internet www.tabacstop.be, le nombre de visiteurs continue d’augmenter pour atteindre 230.000 en 2015.
La notoriété de Tabacstop
En 2015, 80% des fumeurs ayant l’intention d’arrêter connaissaient l’existence de la ligne d’aide gratuite. La notoriété est moins forte dans les classes socio-économiques basses (68%) et à Bruxelles (66%). La mention obligatoire de Tabacstop sur les paquets de cigarettes est citée comme source de connaissance du numéro 0800 111 00 par la moitié des appelants. À partir de mai 2016, Tabacstop sera également mentionné sur les paquets de tabac à rouler, en accord avec la nouvelle directive de l’Union européenne sur les produits du tabac.
Profils des contacts
Si la proportion d’appels spontanés est sensiblement la même entre hommes et femmes, ces dernières sont plus enclines à entamer un coaching téléphonique gratuit avec un tabacologue de Tabacstop (61% de femmes contre 39% d’hommes).
Sur l’ensemble des personnes coachées, 18% ont plus de 5 tentatives d’arrêt à leur actif et 71% avaient déjà fait 1 à 4 tentatives avant d’avoir recours à l’accompagnement intensif de Tabacstop.
46% des coachings concernent des fumeurs lourds consommant plus de 20 cigarettes par jour.
Visites en hausse sur le site
Tabacstop.be est LA référence grand public en matière d’arrêt tabagique, avec près de 230.000 visiteurs uniques en 2015. C’est une croissance de 22% par rapport à 2014. Il est frappant de remarquer que c’est le lundi que les visites sont les plus nombreuses, ainsi qu’après le nouvel-an (tout le monde souhaite démarrer l’an neuf du bon pied!).
Le test de dépendance proposé sur le site a été fait 102.000 fois. Grâce à quelques questions très simples, ce test permet de connaître son niveau de dépendance au tabac.
Un renforcement des aides à l’arrêt est nécessaire
Il est très difficile de se défaire d’une dépendance à la nicotine et Tabacstop apporte une aide réelle dans ce combat. 45% des participants avaient arrêté de fumer à la fin de l’accompagnement et 23% étaient toujours en arrêt 12 mois plus tard. C’est une proportion nettement plus importante que les 3 à 5% de réussite des sevrages tentés sans aide. À noter aussi, la majorité des participants ont utilisé en plus de l’accompagnement proactif une aide pharmacologique.
Si le mode de vie devient un critère dans les remboursements de l’INAMI – un débat qui a pour la première fois lieu publiquement en Belgique – alors Tabacstop plaidera auprès des autorités pour que plus d’efforts soient consentis en matière d’arrêt tabagique.
Évolution institutionnelle
Pour Tabacstop, la 6e réforme de l’État signifie aussi collaborer avec trois interlocuteurs afin d’obtenir des subsides pour ses activités – Région wallonne, Région de Bruxelles-Capitale et Communauté flamande – alors qu’auparavant, un seul dossier devait être introduit auprès du fonds fédéral tabac.
Ce changement exige de nombreux ajustements, et pas seulement de la part de Tabacstop. Les nouvelles administrations ont eu besoin de temps pour mettre en place les procédures de reconnaissance et d’octroi des subsides.
En 2015, Jo Vandeurzen, le ministre flamand de la Santé publique, a lancé un appel afin de mettre en place une politique de prévention et d’accompagnement à l’arrêt tabagique pour les années 2016 à 2020. La Fondation contre le Cancer a signé un accord avec Kom op tegen Kanker, le VIGEZ et la VRGT afin de créer un consortium en vue d’établir un plan de politique tabac pour les 5 années à venir.
Tabacstop joue un rôle important dans ce plan. L’enveloppe destinée à la prévention et à l’accompagnement à l’arrêt tabagique offre des perspectives de communication via les –médias de masse, grâce à des campagnes à grande échelle comme celles qui ont lieu en Angleterre et aux Pays-Bas.
Pour veiller à la continuité et pouvoir s’atteler à un plan pluriannuel, il serait bénéfique que la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale accompagnent Tabacstop sur la voie d’une planification à long terme. La Fondation contre le Cancer souhaite même aller plus loin, et demander aux trois autorités de signer un protocole de collaboration…
Lors de son université d’hiver des 3 et 4 décembre derniers à Namur, la Fédération Laïque des Centres de Planning Familial (FLCPF) nous a proposé de mener une large réflexion sur les mutations sociétales et les réalités vécues sur la toile. Ce nouvel espace de socialisation des jeunes confronte souvent utilisateurs, professionnels et parents à de nombreuses difficultés et questions.
La révolution numérique
«L’être humain a inventé l’écriture, puis le livre, pour prendre en relais et amplifier certaines de ses capacités mentales et sociales. Mais il a aussi inventé les écrans, et la culture qui leur est liée, pour prendre en relais et amplifier tout ce que la culture du livre imprimé laissait de côté», nous explique Serge Tisseron, psychiatre et docteur en psychologie français renommé. Celui-ci décrit la culture numérique comme une quadruple révolution:
une révolution dans la relation aux savoirs: les nouvelles technologies nous font brutalement passer d’une culture du livre, caractérisée par une conception verticale du savoir, à une culture des écrans, plutôt horizontale, qui invite au partage en temps réel des connaissances;
une révolution dans la relation aux apprentissages: le livre, centré sur la temporalité et la mémoire, est un support d’apprentissage par cœur. Il favorise la pensée linéaire, là où les écrans mobilisent la mémoire de travail par la pensée en réseau, fonctionnant davantage par analogies et contigüités que par continuité. L’organisation spatiale prime sur l’organisation temporelle;
une révolution dans le fonctionnement psychique: l’identité du jeune sur le web est définie en référence à l’espace social dans lequel elle se situe. Elle se démultiplie. Les jeunes les essayent, se mettant en scène, à la recherche de leur personnalité. Les identités multiples constituent la nouvelle normalité dont la plasticité est la valeur ajoutée, l’ancienne norme (le «moi fort intégré») étant disqualifiée de psychorigidité. Ensuite, nous explique S. Tisseron, le mécanisme de défense privilégié sur la toile est le clivage entre les diverses parties de la personnalité, là où, avant le web, celui du refoulement des désirs était celui qui prévalait. En effet, «sur internet, aucun contenu n’est réprimé et tous sont accessibles instantanément par l’ouverture d’une ‘fenêtre’: c’est le système ‘Windows’. Or cette logique correspond exactement à ce qui se passe lorsque, dans le clivage, nous sommes capables de penser à une chose, et aussitôt après de l’oublier comme si elle n’avait jamais existé. Du coup, les contraires peuvent y coexister sans s’exclure.» Enfin, alors que la culture du livre donne un statut privilégié aux formes verbales, celle des écrans valorise les formes non-verbales, imagées et sensorimotrices, de la symbolisation et de la communication;
une révolution des liens et de la sociabilité: avec l’avènement de la culture des écrans, nous passons de liens forts, organisés par la proximité physique ou généalogique, à des liens élastiques organisés par des centres d’intérêt partagés. Cela revient à dire que les liens que nous entretenons avec les autres peuvent passer de plus à moins proches assez facilement. Dans ce nouveau modèle, le désir d’extimité (voir plus loin dans cet article) est élargi du cercle proche (familles et amis) à la planète entière; l’autorité est fondée sur la reconnaissance par les pairs, la régulation reposant sur tous les participants; l’expression des expériences intimes renforce l’appartenance de groupe, là où traditionnellement, elle s’y opposait.
L’invité de marque de ces deux journées clôture son intervention en invitant les «penseurs catastrophiques» à prendre le temps de se familiariser avec ces deux cultures complémentaires pour apprendre à passer de l’une à l’autre, pour ce que chacune apporte de meilleur.
Le désir d’extimité, un processus de validation
«Poster des morceaux de soi sur les réseaux sociaux, est une invitation au débat», nous explique Pascal Minotte, psychologue et formateur au Centre wallon de référence en santé mentale (CRéSaM). Partager des photos de soi, la musique que l’on aime ou afficher son humeur expriment toute la dimension narcissique des réseaux sociaux. Le jeune plus particulièrement se trouve dans un processus de validation de la part des autres. Cette validation (ou invalidation) par les pairs participe à la construction de l’identité et de l’estime de soi.Serge Tisseron appelle cela le «désir d’extimité», celui de montrer des facettes de soi jusque là gardées cachées afin de les faire valider (ou invalider) par autrui et de se les approprier différemment, comme quelque chose qui a de la valeur (ou non). Il précise que ce désir est différent du désir exhibitionniste. Celui-ci se traduit par une absence de prise de risque dans ce qui est exposé (l’exhibitionniste ne montre que ce qu’il sait être choquant), là où le désir d’extimité des jeunes est une prise de risque puisqu’il les expose au retour, potentiellement négatif, des autres. Ainsi, l’extimité est considérée comme un processus au service de la création d’une estime de soi plus riche et de liens sociaux plus nombreux et plus diversifiés.
Un désir pas si neuf…
64% des jeunes belges ont un profil sur un réseau social: 25% des 9-10 ans, 49% des 11-12 ans et 83% des 13-14 ans, et ce malgré le fait que certains réseaux, comme Facebook, soient interdit aux moins de 13 ans. 41% des jeunes ont entre 100 et 300 amis en ligne… Si l’explosion des réseaux sociaux peut effrayer éducateurs, pédagogues, enseignants et autres professionnels ou adultes en contact avec les jeunes, S. Tisseron nous rassure encore. Ceux-ci doivent l’essentiel de leur succès à quatre désirs qui ont toujours existé:
Se raconter pour exister: le jeune construit son sentiment d’exister. Paul Ricoeur, dans les années 80 déjà, parlait d’«identité narrative». L’identité serait fondamentalement liée au fait de se dire soi-même. Il répond au besoin de valoriser ses expériences et de leur donner du sens.
Se cacher et se montrer à volonté: très tôt, bébé cherche déjà une réponse d’autrui à ses sollicitations. Plus tard, vient le besoin d’intimité… En effet, si se montrer, c’est se raconter, pouvoir se cacher quand on en ressent le besoin est tout aussi important. L’anonymat que permet internet offre au jeune la possibilité de disparaître quand il le souhaite et satisfait ce besoin. Ces deux désirs sont complémentaires. L’un (se cacher) valorise l’intimité, et l’autre (se montrer) l’extimité. Désirs d’extimité et d’intimité participent ainsi ensemble à la construction de l’estime de soi.
Vouloir n’être jamais oublié: avoir beaucoup d’amis sur les réseaux assure au jeune qu’on ne l’oublie pas. Il se sent exister intensément parce qu’il imagine qu’un grand nombre de personnes pensent à lui de temps en temps (via ses publications en ligne). La quantité remplace la qualité. Mais la démarche fait aussi place à l’altruisme car le jeune, via ces mêmes médias, se rend utile en prodiguant des conseils aux autres (en partageant des recettes de cuisine ou des conseils pour des jeux en ligne par exemple).
Maîtriser la distance à l’autre: tout un chacun rencontre la difficulté de trouver la «bonne» distance avec les autres. Quand on s’en trouve trop près, on angoisse pour sa liberté, on perd son intimité. A contrario, quand on s’en trouve trop loin, on se sent abandonné. L’adolescent rencontre aussi de grandes difficultés à gérer ce problème qui l’angoisse particulièrement. Les réseaux sociaux lui permettent de moduler cette distance et de résoudre le problème: on peut y être proches et s’y faire des confidences mais il existe indéniablement une distance physique liée aux écrans le rendant inatteignable. L’anonymat y est même possible, le protégeant totalement. Les jeux vidéo en ligne sont aussi une parade à cette difficulté: il y alterne moments de jeux (caché derrière son avatar) et moments d’échanges (discussions).
Bref, «rien de bien nouveau sous le soleil»… conclut le psychiatre.
Usages sociaux d’internet: les selfies
Si Serge Tisseron nous rassure sur l’évolution des moeurs, les professionnels que nous sommes cherchent à donner un sens à ce que font et vivent nos jeunes sur la toile.Yves Collard, animateur et formateur à Média Animation asbl, nous a proposé un atelier pour décrypter les selfies, ces autoportraits photographiques partagés.En 2013, 60 millions de selfies ont été postés sur Instagram. C’est dire l’importance du phénomène. Un selfie, c’est de la «production de soi». Une réponse au besoin d’extimité évoqué par Serge Tisseron (voir plus haut dans cet article), ce besoin de s’exposer dans toutes les facettes de sa vie, au regard de l’autre. Yves Collard, lui, parle d’une forme de narcissisme social. Le selfie existe depuis longtemps. On fait des selfies «pour soi» ou «pour le monde», sur un sujet donné ou dans un contexte particulier. Ils révèlent où l’on est, avec qui et qui on est. Beaucoup de selfies sont utilisés pour faire passer un message. Les adolescents, par le selfie, veulent exprimer quelque chose de leur identité et de leur sociabilité. Se photographier avec ses meilleures amies, dans la même pose, montre le sentiment d’appartenance à un «groupe de copines». Beaucoup de selfies sont pris dans le miroir, très souvent dans la salle de bain, pour exposer son intimité (à ne pas confondre avec sa sexualité!). Car il est évident que, pour l’adolescent, le corps et ses changements ont une importance primordiale.Les nudies sont des selfies plus ou moins déshabillés. C’est malheureusement un sujet encore peu étudié. Néanmoins, on peut identifier quelques raisons qui poussent les jeunes à les utiliser:
pour faire carrière: «si je veux chanter/faire du cinéma, je dois être à l’aise avec mon corps»;
par jeu sexuel: l’adolescent a peur de l’acte sexuel. Le nudie permet de ne pas prendre le risque du contact physique et de «le faire» par écrans interposés;
par «amour»: «cap ou pas cap? Prouve-le moi»;
pour vivre sa sexualité: le jeune émoustille l’autre, ils en reparlent, sans danger;
par curiosité (de soi): le jeune photographie des «parties» de lui;
par bravade: «tu crois que j’ai peur?» «moi, le sexe, je connais!»;
par «publicité»: les photos portent sur les conquêtes (féminines ou masculines). L’intention de celui qui prend la photo n’est pas forcément mauvaise, le petit ami qui diffuse une photo de sa copine ne veut pas forcément la blesser, mais l’exposer comme un trophée.
Ce type de pratiques est évidemment facilité par l’appareil photo numérique avec lequel les jeunes se baladent partout (intégré au smartphone la plupart du temps). Ils peuvent alors prendre le nombre de photos qu’ils veulent, où ils veulent, quand ils veulent, sans contrôle extérieur.L’animateur conclut en indiquant que les selfies ou nudies ne doivent pas être inquiétants en soi, si leur diffusion reste limitée. Si par contre ils sont largement diffusés, ce petit jeu peut vite devenir dangereux. Il nous rappelle aussi que le selfie mérite d’être considéré à sa juste valeur et «contribue à une construction sociale de l’intimité».L’utilisation d’internet à la croisée des droitsJean-Marc Van Gyseghem, directeur du master en droit des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) à l’Université de Namur a débuté son intervention en qualifiant internet de «cours de récréation de laquelle on a changé les limites». Il nous a entretenus de la liberté d’expression, favorisée par l’essor d’internet, dont les limites sont mal connues des jeunes. De même que celle du droit à l’image et du double consentement souvent oublié mais pourtant nécessaire en matière de diffusion et de partage sur la toile de données et photos à caractère personnel. «Les nouveaux réseaux donnent accès à l’arrière-boutique» nous explique-t-il et «fragilisent la maîtrise qu’a l’individu sur ses informations», nous rappelant que «le droit à l’oubli sur internet est un leurre». Un discours résolument plus pessimiste et alarmiste mais non moins intéressant.
Des outils pour en parler
Lors de la seconde journée, les associations d’aide aux jeunes en milieu ouvert (AMO) Arpège et TCC Accueil nous ont respectivement présenté les outils Why net? et Faites le mur, destinés à amorcer la réflexion avec les jeunes sur les usages d’internet.
Why net?
Why net? est un jeu à utiliser en classe ou en groupe (1er degré du secondaire) pour répondre à toutes les questions liées à l’usage du Web 2.0, de manière ludique.À l’aide d’un pdf interactif (utilisable hors ligne) et de saynètes vidéo humoristiques, des équipes de jeunes sont invitées à répondre aux questions posées sur des thématiques aussi diverses que l’identité multiple, les jeux en ligne, la recherche d’information, les achats sur le net, etc. Il s’agit de rébus, de mimes, de mises en situation.L’animateur dispose de fiches questions/réponses pour l’aider à mener l’activité, modulable selon le temps disponible, le type de public ou les sujets qu’il juge opportun d’aborder avec le groupe. Complémentairement au jeu, un site internet (www.whynet.be) répertorie des outils, trucs et astuces à destination des professionnels et des parents.Contact: AMO Arpège: Rue Z. Caron, 39b – 7333 Tertre, 065/75 05 71, amoarpege@hotmail.com.
Faites le mur
Faites le mur est un outil destiné aux jeunes de 10 à 13 ans. Grâce à un plateau de jeu et un décor (école), les jeunes se mettent dans la peau d’élèves d’une école fictive, où il est permis d’écrire sur le mur. Ils sont confrontés, tout au long du parcours, à différentes situations et problématiques et sont invités à prendre des décisions collectives, dont les effets sont visibles directement sur le mur de l’école. L’animateur a le rôle de médiateur, il facilite l’expression et donne corps à toute une série de personnages adultes-ressources.L’idée sous-jacente est la suivante: les jeunes, dans les espaces virtuels, ne se rendent pas forcément compte des implications réelles de ce qu’ils y font. Par ailleurs, ils ne conçoivent pas que des adultes peuvent les aider en cas de problème ou de question. C’est pourquoi le jeu a pour support une maquette d’école, où le «mur» du réseau social est remplacé par le mur du bâtiment scolaire, beaucoup plus tangible à leurs yeux (de même que les conséquences de ce qu’ils y disent/font). L’objectif est de faire prendre conscience aux jeunes, par le biais d’une expérience concrète, que leurs actes sur la toile ne sont pas sans conséquence tangible. Cela permet à l’animateur d’amener la question des règles de base d’internet, sensiblement les mêmes que celles de la vie sociale en réalité.Le parallèle avec les réseaux sociaux n’est mis en avant qu’à la fin du jeu, afin de permettre aux jeunes de prendre conscience des similitudes entre ce qui vient de se jouer et les réseaux en ligne.Plus d’infos sur: https://www.pipsa.be/outils/detail-2139613980/faites-le-mur.htmlContact: AMO TCC Accueil: rue St Guidon 19 – 1070 Bruxelles, 02/521 18 30, tccaccueil@hotmail.com.En résumé, on peut souligner la pertinence et l’intérêt de l’organisation de ces deux journées de colloque, dans un contexte où les professionnels du secteur de l’EVRAS se posent encore de nombreuses questions et semblent toujours frileux vis-à-vis du Grand Méchant Web!Pour plus d’informations sur le programme des deux journées: https://www.planningfamilial.net/images/Flyer_web.pdfContact: FLCPF – rue de la Tulipe 34, 1050 Bruxelles – 02/502 82 03 – flcpf@planningfamilial.net.
Paul Ricoeur, «Temps et récit», Tomes 1, 2 et 3, Paris, Éditions du Seuil, 1983, 1984 et 1985.
Instagram (www.instagram.com) est une application et un service de partage de photos et de vidéos, disponible sur les smartphones. Il permet le partage de photos et vidéos (personnelles ou pas), avec un réseau d’«abonnés». Pour plus d’informations sur les nouveaux médias et leur utilisation en promotion de la santé, lire «Promotion de la santé et Web 2.0 – Réflexions et bonnes pratiques», un ebook de Question Santé asbl, disponible gratuitement sur https://www.questionsante.org/promotion-sante/internet-promotion-sante.
‘Sweet reminder’, c’est le nom d’une praline en forme de ‘crotte’ qui invite à sauver des vies. Créée par le chocolatier Laurent Gerbaud pour la Fondation contre le Cancer, son but est de rappeler tout en douceur à la personne qui la reçoit de faire le dépistage du cancer colorectal.À l’occasion du mois de lutte contre le cancer colorectal, la Fondation contre le Cancer a déployé toute son énergie à mieux faire connaître ce cancer, qui est l’un des plus fréquents et des plus meurtriers en Belgique. En 2013, il a fait près de 3.000 victimes, soit presque 10 décès par jour. C’est plus que le nombre de tués sur les routes. Malheureusement, ce cancer est encore tabou, car il touche à l’intime, à nos intestins, et suscite encore trop souvent de la honte chez ses victimes.
Un test de dépistage gratuit et efficace
Pourtant, il existe un test de dépistage gratuit, sans douleur et qui se fait à la maison. Ce test recherche du sang non visible à l’oeil nu dans les selles. En cas de résultat positif, une colonoscopie doit être réalisée afin de déterminer d’où provient le saignement. Cet examen peut permettre de découvrir des lésions précancéreuses qui pourront alors être ôtées directement, afin d’éviter qu’elles n’évoluent en cancer. Il permet également de dépister des lésions cancéreuses à un stade précoce, ce qui augmente fortement les chances de guérison.Depuis 2009, la Fédération Wallonie-Bruxelles a lancé un programme de dépistage systématique. Les personnes âgées de 50 à 74 ans sont invitées par courrier à se rendre chez leur médecin généraliste pour obtenir le kit de dépistage. Ce test doit être réalisé tous les deux ans.Depuis le début, le taux de participation à ce programme est très faible: à peine 7,5% de la population invitée y participe en Wallonie et à Bruxelles.Pour celles et ceux ayant déjà participé au programme, l’envoi d’un nouveau test de dépistage directement au domicile de la personne deux ans après un test précédent négatif a été généralisé en mars 2015. Cette procédure garantit une plus grande fidélisation au programme et un plus grand respect de la périodicité entre deux dépistages.Et c’est bien utile: en Flandre, le programme a commencé fin 2013 après plusieurs années de projets pilotes qui ont permis d’affiner la stratégie de recrutement. Le médecin n’intervient pas au stade de l’invitation. Les patients ayant entre 56 et 74 ans reçoivent le test directement par la poste, à effectuer chez eux. En 2014, le taux de participation était de 50,3%!
Le cancer colorectal en chiffres
Le cancer colorectal représente 13% de tous les cancers en Belgique. Avec près de 9.000 nouveaux cas par an (8.670 nouveaux cas recensés en 2013), le cancer colorectal est le 3e cancer le plus fréquent chez les hommes et le 2e chez les femmes.Ce cancer est associé à une mortalité élevée car il est souvent diagnostiqué à un stade très avancé. En 2013, il a causé la mort de près de 3.000 personnes. C’est le 2e cancer le plus tueur chez les hommes, derrière le cancer du poumon et le 3e cancer le plus tueur chez les femmes, derrière le cancer du sein et le cancer du poumon.
Test immunologique
Depuis janvier dernier, un nouveau test de dépistage est désormais disponible. Il s’agit du test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles (iFOBT), le même que celui utilisé en Flandre depuis le début du programme organisé.C’est une évolution importante, car ce test est beaucoup plus simple à réaliser que le précédent. Auparavant, le test utilisé était l’Hemoccult® qui requérait le prélèvement de trois selles successives, ce qui pouvait rebuter certaines personnes. Désormais, un seul prélèvement suffit.De plus, le test est plus fiable et plus performant. Les lésions sont détectées à un stade plus précoce et le test permet de détecter deux fois plus de cancers et trois fois plus d’adénomes (lésions précancéreuses).
Offrir une praline pour un rappel tout en douceur
Composée d’un chocolat noir 70% de cacao fourré à la ganache aux prunes, la praline ‘Sweet Reminder’ est donc aussi délicieuse qu’utile. Toute personne peut l’offrir à un proche de plus de 50 ans. La praline est accompagnée d’un dépliant explicatif pour lui rappeler de faire ce test qui peut potentiellement lui sauver la vie.Pour commander une praline en ligne: www.cancer.be/sweetreminderLa boutique du chocolatier Laurent Gerbaud est située rue Ravenstein, 2D à 1000 Bruxelles, en face de Bozar.
Ceci n’est pas un poisson d’avril! L’excellent chocolatier Laurent Gerbaud (ses œufs de Pâques sont à tomber) n’est jamais le dernier pour combiner bonne action et sens de l’humour. Il nous a confié avoir produit 5.000 pralines pour cette action.
Le site www.mangerbouger.be fait peau neuve et renforce son rôle de plateforme d’informations sur l’alimentation et l’activité physique pour soutenir les personnes dans leur démarche ou projet de santé.Dans le but de promouvoir et de protéger la santé, l’Organisation Mondiale de la Santé formule une série de recommandations qui visent à créer les conditions favorables pour permettre de réduire la morbidité et la mortalité liées à une mauvaise alimentation et à la sédentarité.www.mangerbouger.be s’inscrit dans cette perspective et constitue, dans la partie francophone du pays, une référence reconnue. Le site vise à rendre accessible à tous, des informations scientifiques validées, doublées de repères pratiques et d’échanges d’expériences sur les thèmes de l’activité physique et de l’alimentation. L’objectif? Contribuer à développer plus de pouvoir d’action, de décision et d’influence sur son environnement, sur sa vie et sa santé.En effet, après 10 ans d’existence, le site www.mangerbouger.be a été complètement relooké et repensé. Il élargit désormais ses questionnements et son public cible afin de proposer des informations adaptées aux contextes de vie actuels, tout en mettant l’accent sur les déterminants de la santé.La plateforme d’informations Manger Bouger s’appuie sur un Comité d’accompagnement constitué de professionnels, d’acteurs de terrain et d’institutions de première et de deuxième lignes. Cette collaboration permet notamment d’enrichir les contenus du site, en plus d’assurer une visibilité aux initiatives développées par chacun(e).
Concrètement, que propose le site www.mangerbouger.be?
Des articles d’information et de réflexion qui vont de Comment manger sainement avec un petit budget?, Les plats préparés sont-ils bons pour la santé?, Faut-il croire tout ce que l’on lit sur les emballages?Quelles sont les alternatives utiles dans une alimentation tenant en compte le développement durable? en passant par Pourquoi l’éducation physique est-elle bonne pour la réussite scolaire de l’enfant?, Comment mieux bouger à tout âge, même après 50 ans? ou encore Est-il possible d’adopter des pratiques sportives responsables?Un ensemble d’outils permettant d’approfondir chacun des thèmes abordés. On y trouve des outils pédagogiques, des brochures, des guides, des idées d’animations, des sites, des associations, des émissions radio… Par ailleurs, www.mangerbouger.be accorde également une place à des associations francophones, belges ou étrangères, qui développent des ressources en lien avec les principaux thèmes du site.Afin de favoriser les échanges d’expériences, la rubrique Projets d’écoles, par exemple, entend valoriser les projets en développement ou en cours, les idées mais également les questionnements des intervenants du secteur scolaire.Un espace Questions – Réponses où les internautes pourront poser leurs questions à des experts en lien avec l’alimentation et l’activité physique.
Soutiens ministériels
Pour la Wallonie, le Ministre Maxime Prévot «se réjouit et soutient le projet de l’asbl Question Santé qui offre ce support de communication en mettant à disposition des outils pratiques à utiliser au quotidien pour améliorer son alimentation (manger) et augmenter son activité physique (bouger) pour le grand public et les professionnels.Soulignons la complémentarité entre les deux actions indispensables pour lutter contre le surpoids et l’obésité en Wallonie que ce soit en agissant dans les lieux de vie (à l’école, au bureau), sur les comportements (face à l’offre, question de poids), par des enjeux sociétaux (vers une société plus durable) ou sur les caractéristiques de population (avec un petit budget).»De son côté, Cécile Jodogne, Ministre en charge de la politique de la santé à la Commission communautaire française à Bruxelles: «La promotion des attitudes saines nous concerne toutes et tous. On sait que manger équilibré et faire de l’exercice physique sont des bonnes habitudes qui préviennent les risques de nombreuses maladies. Mais les bénéfices sont bien plus larges et portent sur le bien-être physique, mental et social. Il est donc important d’encourager chacune et chacun à faire les bons choix, sans toutefois donner des leçons ou juger les différents modes de vie.»Le site www.mangerbouger.be est réalisé avec le soutien de la Wallonie, de la COCOF et de l’ONE.
En aidant à créer des conditions favorables à l’application de mesures durables à tous les niveaux de la société: individuel, communautaire, national et mondial.
Membres du Comité d’accompagnement: Commission Promotion de la santé à l’école, Cultures & Santé, Espace Environnement, Fédération des Services Sociaux, Fondation contre le Cancer, Mutualités chrétiennes, Mutualités socialistes, Office de la Naissance et de l’Enfance, Observatoire de la Santé du Hainaut, Société scientifique de médecine générale.
Les questions des relations interprofessionnelles, des partenariats en santé, des approches globales de la santé nécessitent des développements multidisciplinaires et des contextualisations tant locales que transnationales. Elles relèvent de la promotion de la santé et de la prévention, mais aussi de l’accès équitable à des soins de qualité dans une vision holistique du patient et des problèmes de santé.
Dans le but d’apporter de nouveaux éclairages sur ces questions, la 4e Université de printemps francophone en santé publique se tiendra du 17 au 20 mai 2016 à Bruxelles. Elle est organisée dans le cadre d’un partenariat entre l’École de santé publique et le Pôle santé de l’Université libre de Bruxelles, le partenariat G3 et l’asbl Éduca Santé.
Cette initiative est soutenue par le réseau des Universités soeurs de Besançon, Dakar, Tunis et Port au Prince et associera dans la mesure du possible, des partenaires spécifiques à certains modules de formation.
Les activités
Des activités transversales, communes à tous les participants, seront organisées pour favoriser les échanges entre les participants et renforcer ainsi la coopération interprofessionnelle entre les métiers de la santé et entre les secteurs qui ont une influence sur celle-ci.
Des activités ciblées seront proposées pour renforcer les compétences et les pratiques des participants.
Sept modules seront proposés durant cette quatrième édition.
Module 1 – La coopération interprofessionnelle, outil de qualité des soins?
La compétence individuelle du soignant ne suffit pas pour garantir la qualité des soins. Reconnaître le patient comme expert de sa santé et partenaire de sa prise en charge est un pas supplémentaire plus difficile encore à franchir. Il s’agit de plus de coordonner les interventions de plusieurs professionnels de la santé.
Un résultat optimal en santé nécessite une approche collaborative et de décision partagée entre tous ces acteurs. Cela suppose chez les soignants une mobilisation de compétences en matière de travail d’équipe, de clarification des rôles, de résolution de conflits interprofessionnels et de leadership collaboratif.
Le résultat n’est cependant pas garanti. La coopération interprofessionnelle s’avère difficile, au point de générer de nombreux dysfonctionnements et coûts cachés sous la forme de perte d’efficience et d’apparition de défauts de qualité des soins.
Des activités et mises en situation seront proposées pour atteindre les objectifs d’apprentissage des participants. L’équipe d’animation de ce module est elle-même multiprofessionnelle.
Partenaires: Hôpital Érasme, Fédération des Maisons Médicales, G3: ULB (Faculté de Médecine et École de santé publique) – Université de Montréal – Université de Genève et Érasme Coopération
Module 2 – Le patient: partenaire de santé, oui, mais comment faire?
L’édition 2015 de l’Université de printemps a été l’occasion pour les participants de se familiariser avec le concept de patient-partenaire et d’envisager sa mise en oeuvre à tous les niveaux du système de santé. Après avoir rappelé les fondements du Montreal Model de partenariat-patient, l’édition 2016 s’intéressera:
aux enjeux pour les professionnels de santé;
aux enjeux pour les patients;
aux outils nécessaires à la mise en oeuvre du modèle: sélection et formations des acteurs du partenariat.
Partenaires: G3: Université libre de Bruxelles – Université de Montréal – Université de Genève – CUB Hôpital Érasme- CH Jolimont
Module 3 – La place de la famille dans la prise en charge du patient en médecine générale
Le médecin généraliste soigne en principe les patients individuellement et non les familles. Pourtant l’interaction avec les familles est fréquente et parfois déterminante dans la prise en charge. Le module abordera cinq aspects de cette problématique:l’optimalisation de la communication avec la famille, le suivi des enfants de couples séparés, le rôle de la famille dans des prises en charge (patient en maison de repos, soins palliatifs, demande d’euthanasie), le rôle de la famille dans les prises en charge multidisciplinaires et des aspects plus particuliers tels que le patient incarcéré ou la communication interculturelle.
Partenaires: Département de médecine générale de l’ULB, Université de Montréal
Module 4 – Le dossier Patient (Informatisé), outil de continuité des soins et de coopération
Largement déployées dans le domaine des soins, les technologies de l’information sont susceptibles de provoquer des changements significatifs de notre système de santé, notamment dans les rôles des différents acteurs et des relations qu’ils entretiennent entre eux.
L’expression «dossier patient», privilégiée à celle de «dossier médical» ou «dossier informatisé» traduit la volonté de cadrer ces évolutions technologiques dans une démarche d’amélioration de la qualité et de la continuité des soins, en se centrant sur le patient. Le morcellement des parcours de soins entre professionnels de la santé est sans doute l’un des obstacles majeurs à une prise en charge optimale.
Une bonne transmission des informations nécessite donc des dispositifs humains et technologiques qui éliminent, hiérarchisent et trient les données patientes accessibles. Et non qui les accumulent. En un mot, des échanges des données qui ont du sens et qui permettent la coopération.
Partenaires: Projet Innoviris Imediate (ESP-ULB) • CUB Hôpital Érasme
Module 5 – L’activité physique comme outil de prévention et de remédiation pour la santé
Selon la charte européenne du sport, on entend par sport «toutes formes d’activités physiques et sportives qui, à travers une participation organisée ou non, ont pour objectif l’expression ou l’amélioration de la condition physique et psychique, le développement des relations sociales ou l’obtention de résultats en compétition de tous niveaux».
La forme physique est plus qu’un concept fonctionnel puisqu’un grand nombre de facteurs de risques pathologiques diminue avec l’amélioration de la forme physique.
Cette forme physique peut résulter des effets de l’activité physique qui correspond à toutes actions motrices engendrant une dépense énergétique supérieure à celle mesurée au repos sans avoir obligatoirement pour fonction d’améliorer la forme physique. Elle peut en effet prendre diverses formes comme jardiner, se promener, jouer avec ses enfants. L’activité physique peut également être organisée en exercices qui correspondent à des activités physiques planifiées, structurées et répétées dont l’un des principaux buts est de maintenir ou d’améliorer la forme physique. Aussi, si les activités physiques quotidiennes contribuent à la forme physique, l’exercice physique va avoir un impact bien supérieur sur cette dernière.
Ce module abordera, sur base d’apports scientifiques et pratiques la mise en place de pratiques physiques adaptées au public ciblé et à ses objectifs.
Partenaires: Faculté des Sciences de la Motricité de l’ULB
Module 6 – Les comportements suicidaires chez les personnes âgées: de la prévention à la prise en charge?
Le suicide est un phénomène complexe et multifactoriel qui touche toutes les couches sociales et toutes les tranches d’âge. Même si le suicide chez les personnes âgées de 65 ans et plus n’apparaît pas parmi les premières causes de mortalité (comme c’est le cas chez les jeunes adultes), c’est bien chez les aînés que le taux de suicide complété est le plus élevé.
Ce module abordera successivement
L’épidémiologie des comportements suicidaires: Quelle ampleur? Quels facteurs de risque? Quels facteurs de protection?
Les concepts de prévention universelle (qui vise la population générale ou certains groupes), sélective (qui vise les individus les plus exposés) et indiquée (qui vise les personnes ayant déjà manifesté un ou des comportements suicidaires)
Les interventions probantes en prévention et dans le cadre de la prise en charge
Le rôle des professionnels et de l’entourage social et familial.
Le public visé par ce module comporte les professionnels de santé et des services sociaux auprès des personnes âgées vivant à domicile, les professionnels des maisons de repos et des maisons de repos et de soins, les animateurs des centres de loisir et d’activités physiques pour personnes âgées, les responsables des départements «troisième âge» des communes…
Partenaires: Asbl Éduca Santé, Centre de référence Info-Suicide «Un pass dans l’impasse», Centre de Référence en Santé Mentale (CRéSaM) et ESP-ULB.
Module 7 – La santé globale et les maladies non transmissibles: analyses et stratégies aux niveaux international et local
La santé globale est un concept qui découle des transitions sanitaires multiples que nous connaissons et qui font que les problèmes de santé sont devenus mondiaux. La promotion de la santé et la prévention des maladies non transmissibles (MNT) sont rendues particulièrement complexes du fait de l’éventail très large des publics, secteurs et professionnels concernés.
Le concept de santé mondiale sous l’angle de la prévention et la gestion des maladies chroniques, est un domaine d’étude, de recherche et de pratique qui vise l’équité pour tous en matière de santé. Elle favorise la collaboration interdisciplinaire et met l’accent sur les questions et facteurs déterminants transnationaux dans ce domaine.
Ce module abordera, sur base entre autres de l’analyse de la transition nutritionnelle et des maladies non-transmissibles, des actions concrètes dans différents contextes, les composantes de programmes de lutte contre les MNT et la place des différents acteurs dans une vision multidisciplinaire et intégrative.
Différents contextes seront analysés dont des contextes à faibles ressources en pays industrialisés ou en développement.
Partenaires: G3: Université libre de Bruxelles – Université de Montréal – Université de Genève
En pratique
Lieu: École de santé publique de l’Université libre de Bruxelles (ULB), Campus Érasme
Dates: du 17 au 20 mai 2016.
Inscriptions jusqu’au 15 avril 2016, en ligne sur le site www.ulb.ac.be/esp/univprintemps. Le nombre de participants par module est limité, suivant les thèmes, de 15 à 25 personnes. Les demandes d’inscription sont traitées par ordre d’arrivée mais aussi à partir des informations reprises dans les fiches d’inscription.
Tarif individuel
Jusqu’au 15 mars 2016, 300 euros à titre individuel (350 euros après le 15/03/2016).
Tarif institution
Jusqu’au 15 mars 2016, 400 euros pour les personnes qui s’inscrivent dans le cadre de leur institution (450 euros après le 15/03/2016).
Le prix comprend l’inscription à la formation, l’accès aux conférences (mardi et jeudi), les lunches de midi, la possibilité de faire des activités sportives à la pause déjeuner et l’événement festif du jeudi soir.
Accréditation
Des demandes sont introduites pour permettre l’accréditation de participation aux différents modules.
Publics et modules
Les modules sont destinés aux professionnels de santé en activité (de terrain, chercheurs…) ainsi qu’aux décideurs, aux élus, à toutes les autres parties prenantes de programmes de santé publique et de secteurs qui ont un impact sur la santé des populations.
Des informations complémentaires et une description détaillée de chaque module sont disponibles sur le site www.ulb.ac.be/esp/univprintemps
Contacts
Demande de renseignements: Mme Myriam Dekerpel, Université de printemps francophone en santé publique. Tél.: 0032 (0)2 555 40 11. Courriel: univprintemps@ulb.ac.be
Une recherche-intervention longitudinale pour suivre un projet d’éducation à la consommation au collège
En septembre 2013 a débuté une recherche-action longitudinale consistant à évaluer les bénéfices d’une éducation alimentaire des collégiens (de la 5e à la 3e) aux ‘Arts de faire culinaires’ à l’interface entre l’école, la famille et l’univers marchand. Celle-ci accompagne un projet pilote éducatif ambitieux mis en place sur plusieurs années dans deux collèges de Charente.L’objet de cette recherche est d’accompagner in vivo les changements qu’opère l’action «Initiation aux arts de faire culinaires»: au niveau de l’équipe éducative au sens large et au niveau des collégiens et de leur famille (lutte contre le décrochage scolaire, apprentissages fondamentaux, autonomie, appropriation, transmission, réflexivité…).La recherche devra aboutir par la validation scientifique du guide méthodologique produit par le groupe-projet pour assurer la reproductibilité de cette initiative dans d’autres collèges en France.
Présentation du projet éducatif
Ce projet pilote éducatif, mis en place dans deux collèges à Angoulême, comprend des ateliers complémentaires sur le thème de l’alimentation: cours de cuisine, modules d’éveil sensoriel issus des classes du goût et d’éveil à la dégustation, éducation aux médias et au développement durable, sensibilisation aux arts de la table et au gaspillage alimentaire, découverte des métiers de bouche, éducation à une alimentation saine, durable et raisonnée, découverte des cultures alimentaires… Leur but est de permettre aux adolescents d’acquérir une plus grande conscience de certains enjeux liés à la consommation alimentaire.Quelques exemples d’actions organisées en 5e :Visites matinales (7h) de la cuisine de l’établissement par demi-classe, pilotées par le responsable de la production, suivies d’un petit déjeuner partagé avec l’équipe de cuisine. Ateliers de préparation des entrées du ‘salad-bar’ pour l’ensemble des internes de l’établissement sous la conduite conjointe de l’animatrice cuisine et de l’équipe de cuisine dans les locaux de production; élaboration par les collégiens d’un questionnaire d’enquête pour interroger les internes sur leur ressenti concernant les fabrications réalisées par les élèves de 5e. Participation à plusieurs ateliers de cuisine, répartis sur toute l’année, aboutissant à la préparation du buffet destiné aux familles à l’occasion des portes ouvertes. À l’issue de chaque atelier cuisine, caractérisation des déchets, évaluation du volume de déchets recyclables, évacuation des bio-déchets vers le composteur mis en place dans l’établissement; les élèves rapportent les préparations à la maison grâce à une lunchbox accompagnée d’un carnet de bord, pour déguster les préparations en famille…Françoise Cuisinier, l’ancienne principale du collège pilote nous explique que «l’équipe du projet a mis bout à bout toutes les initiatives en cours dans l’établissement, qu’elles émanent des enseignants ou des services, et les a complétées par des interventions extérieures permettant de structurer le programme d’actions. Cette méthode d’élaboration a permis de prendre en compte les besoins des élèves (bien-être, développement de l’autonomie, lutte contre le décrochage scolaire, orientation scolaire) et de leurs familles (participation, confiance)».
L’origine du projet
À l’origine du projet, le constat dressé par le Chef d’établissement et les personnels du service restauration de la cité scolaire: difficultés à faire évoluer les habitudes alimentaires des collégiens, difficultés à associer les familles au projet d’établissement, désintérêt des collégiens pour la restauration scolaire.«En tant que Principale, poursuit Mme Cuisinier, j’avais envie de trouver une façon d’attirer les familles afin qu’elles s’impliquent davantage dans la vie du collège mais aussi de redonner confiance aux élèves en difficultés scolaires en leur permettant d’être à l’aise sur cette nouvelle compétence que nous avions décidé de ne pas noter (évaluation par le socle commun des compétences). Les ‘Arts de faire culinaires’ nous ont paru une belle opportunité».
Les objectifs du projet AFCC
1°) Développer l’esprit critique des collégiens quant à l’alimentation et la santé;2°) Éduquer les jeunes à mener une vie plus saine/autonome, faire évoluer les pratiques quotidiennes à long terme;3°) Lutter contre le décrochage scolaire par une mise en pratique culinaire;4°) Agir sur le climat et l’ambiance scolaire;5°) Créer un pont actif et durable d’échanges entre familles et collège;6°) Fédérer l’équipe éducative autour d’un projet unique.
Les perspectives à long terme
Marie-Line Huc, diététicienne du Club Experts Nutrition et Alimentation (CENA) et membre actif du groupe de pilotage explique que «ce projet, qui bouleverse le fonctionnement de l’établissement, souhaite démontrer son utilité, pour qu’à terme, les ateliers d’éducation à la consommation soient définitivement intégrés dans les programmes d’enseignement au collège. L’Inspection Académique suit son développement et encourage son déploiement dans d’autres collèges du département, à titre expérimental, afin d’en confirmer la pertinence».Émilie Orliange, responsable de la recherche-intervention et chargée du projet, ajoute que «la recherche aboutira par la validation scientifique du guide méthodologique accompagné d’une mallette pédagogique produit par le groupe-projet pour assurer la reproductibilité de cette initiative dans d’autres collèges français.»
Un projet français original, fédérateur et reproductible
Ce projet a récemment été intégré aux actions du PNA (Programme National pour l’Alimentation) du Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt: «Je ne suis pas étonnée que le projet porté par le CEPE (Centre Européen des Produits de l’Enfant) ait été retenu par le panel d’experts réunis à l’échelon national» explique Valérie Dutruel, Responsable du Pôle Alimentation à la DRAAF (Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt). «Il répondait à tous les critères de sélection. Il est très original, fédérateur et reproductible. Surtout, il s’appuie sur une méthodologie exemplaire, puisque l’évaluation du projet est réalisée par Émilie Orliange, une doctorante spécialisée dans le comportement du consommateur».
Une recherche-action longitudinale
Afin de mesurer l’impact de ce programme et d’envisager son déploiement de façon pérenne dans d’autres établissements, l’action intègre un accompagnement par une doctorante en Sciences de Gestion spécialisée dans l’Étude du Comportement du Jeune Consommateur, Émilie Orliange.Cette étude porte sur le rôle de la mise en pratique des ‘Arts de faire culinaires au collège’, comme objet de transmission/appropriation/autonomisation des jeunes apprentis-mangeurs et cuisiniers, ouvrant un espace de liberté au sein de l’institution familiale.Cette recherche-intervention longitudinale (3 ans) consiste à étudier de l’intérieur un dispositif (de captation et développemental)transversal d’éducation adressé aux adolescents de la 5° à la 3°, intitulé: ‘Arts de faire culinaires au Collège’.Ce dispositif pédagogique innovant revendique une visée transformative des pratiques et des compétences du jeune consommateur. Son originalité consiste à relayer au sein de la famille les pratiques culinaires découvertes en pratique au collège.Considérant la cuisine non plus seulement comme le passage originel et symbolique entre nature et culture (Lévi-Strauss, 1964), ni comme la résolution, symbolique également du paradoxe de l’Homnivore (Fischler, 2001), mais bien dans ses manifestations les plus concrètes, le projet met en exergue le rôle central de la pratique culinaire en tant qu’activité sociale de consommation au quotidien.Dans ce cadre, les questions de recherche privilégiées sont notamment:
Comment favoriser le développement de pratiques appropriées à des individus donnés, dans une société et à un moment donnés?
Comment dépasser les essais qui ont été faits en matière d’éducation au goût ou d’éducation nutritionnelle qui privilégient le registre cognitif, pour aborder la question dans une pratique quotidienne d’alimentation?
Comment transformer un projet pilote en modèle d’innovation organisationnel que d’autres collèges puissent mettre en œuvre?
L’objectif de cette recherche d’inspiration ethnographique et psychosociologique est de suivre et d’analyser sur trois années les effets du projet pilote sur les représentations relatives aux aliments des collégiens et de leur famille ainsi que sur l’évolution de leurs pratiques de consommation dans un univers marchand valorisant notamment des marques de plats cuisinés ou de produits plaisir…Plus concrètement, la recherche vise à:1) cerner les conditions organisationnelles favorisant une appropriation par d’autres établissements scolaires français du projet pilote pour construire un guide méthodologique heuristique permettant l’adaptation du projet à la réalité de différents types/contextes de collèges;2) valider scientifiquement le guide méthodologique produit dans le cadre du premier transfert du projet qui a débuté à la rentrée 2015;3) apporter des connaissances nouvelles afin d’orienter la politique de différents acteurs en matière d‘éducation alimentaire: l’Éducation Nationale, le Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, le Ministère de la Santé.La recherche fait ressortir des résultats permettant de présenter plusieurs «trajectoires évolutives de mise en pratique culinaire» passant d’une participation périphérique assistée pour aller vers une réelle autonomie dans une pratique culinaire dont les enjeux sont pleinement maîtrisés par l’adolescent.
État des lieux du champ de recherche
Les classes du goût / les restos du goût / les familles du goût
Les conclusions de ces études montrent que l’éducation sensorielle est efficace pour réduire la néophobie alimentaire et ceci davantage chez les 7 à 9 ans. Elle semble d’autant plus efficace que son contexte d’application est formel et théorique: la classe scolaire supérieure à la famille et la famille supérieure au restaurant scolaire. Cependant, la persistance de cette efficacité est compromise dans le cadre d’une éducation ponctuelle et qui n’est pas pratiquée hors du cadre scolaire. Ainsi, les effets de l’exposition sensorielle par la pratique et les expériences ont, sans aucun doute, un impact à plus long terme que la seule éducation sensorielle dans un cadre formel tel que le programme scolaire.
Programme National Nutrition Santé 3 (PNNS 3)
Un certain nombre d’actions formelles d’éducation nutritionnelle mises en place dans le cadre du PNNS n’ont pas non plus d’impacts concrets à long terme observables ou mesurables. En particulier, l’éducation alimentaire passe par une catégorisation purement cognitive des aliments sous forme de nutriments, connaissances que les jeunes ne peuvent concrètement mobiliser dans leur vie quotidienne car elles sont complètement déconnectées de la réalité des sociabilités enfantines et de la pratique alimentaire de leur famille. L’éducation nutritionnelle ne suffit pas (tant au niveau cognitif qu’au niveau sensoriel) notamment car elle est faite par des enseignants qui n’ont pas nécessairement le temps ni les compétences spécifiques d’un nutritionniste pour qu’elle soit comprise et assimilée par les jeunes. Certaines dérives ont été observées concernant l’éducation alimentaire, notamment en maternelle et primaire car la notion de diète globale n’y est pas abordée.
Plan National Alimentation (PNA)
Dans le cadre du PNA, ce projet de recherche s’appuie sur des courants de recherche qui expliquent que l’alimentation est avant tout une pratique ordinaire faisant appel à des perspectives cognitives, affectives et symboliques absolument indissociables. Nous cherchons à placer le collégien au centre d’un dispositif d’éducation à l’alimentation et de promotion d’un comportement alimentaire raisonné et équilibré.
Originalité de la recherche
La recherche consiste à ouvrir une alternative aux approches d’éducation nutritionnelle ou aux classes du goût dans le but de susciter et d’accompagner la participation de l’enfant à la préparation des repas sous la bienveillance d’un adulte (parent, enseignant ou éducateur) et en autonomie, car si les approches habituelles apportent des connaissances aux enfants, elles restent souvent très éloignées des sociabilités alimentaires (goûters, lunchbox, cantine, etc.) que ces derniers pratiquent.Selon nos conclusions, initier le collégien à pratiquer les ‘Arts de faire culinaires’ en lien avec sa vie quotidienne le prépare à mener une vie autonome.
Cadrage théorique
Dans le cadre de ce projet de recherche constructiviste, nous mobiliserons plusieurs cadres théoriques complémentaires afin d’avoir un prisme de lecture qui nous semble novateur et enrichissant.En premier lieu, celui établi par Michel De Certeau concernant les ‘Arts de faire du quotidien’, ensuite les cadres conceptuels de Lev Vygotski concernant les usages et les pratiques socialement et historiquement situées ainsi que les méthodes de développement des capacités d’agir de l’individu et pour finir, les apports de Franck Cochoy concernant les dispositifs de captation des publics.Ces cadres théoriques seront ensuite intégrés à un modèle de communication interactionniste et dynamique, typique du contexte d’un projet d’éducation à la consommation des adonaissants (François de Singly). Pour finir, notre fondement épistémologique s’inspire de la logique dynamique du contradictoire (une approche par les paradoxes) émise par Stéphane Lupasco.
Méthodologie de l’évaluation
Une doctorante du CEPE/Université de Poitiers a été sollicitée pour concevoir une méthodologie de suivi et d’évaluation de ce projet afin de le valoriser et de trouver des financements.
Recherche bibliographique
Sociologie de l’alimentation, sociologie de l’enfance/l’adolescence, sociologie de l’éducation; Comportement du consommateur, marketing, sciences de gestion.
Évaluation des résultats
Indicateurs
L’éducation à la santé par l’alimentation par la pratique des ’Arts de faire culinaires au collège’,
Le bien-être au collège et dans l’assiette,
Le lien entre l’école et la famille par l’alimentation,
La lutte contre le décrochage scolaire (travail sur l’orientation) par une valorisation par la pratique,
La fédération de l’équipe enseignante autour d’un projet unique,
La transférabilité du projet pilote par l’appropriation du guide méthodologique.
Terrains
COLLEGE 1
COLLEGE 2
Milieu social
Intermédiaire à populaire, section sportive
Défavorisé, classé REP+, SEGPA
Nombre de classes
15
12
Nombre moyen d’élèves par classe
26
21
Effectif total
390
260
Effectif étudié
290
(90 en cohorte sur 3 ans, de la 5ème à la 3ème + 200 en analyse comparative des 3 éditions du niveau 5ème)
60
Détails de la méthodologie
Diverses techniques, directes et indirectes (entretiens, observations in situ et questionnaires) sont combinées pour apporter de multiples éclairages sur cet objet complexe qui, longtemps déconsidéré par la sociologie ou le marketing, implique d’apporter des réponses à la fois à des préoccupations sociales contemporaines faisant l’actualité de ce thème de recherche (et la difficulté de l’aborder), mais aussi devant relever le défi de sa dimension transdisciplinaire en tentant d’apporter un double éclairage bio-psycho-sociologique et marketing.L’analyse se cristallise davantage à un niveau micro-social, se concentrant sur l’individu et porte sur les processus décisionnels et d’actions.À partir des données recueillies, la focale porte sur l’analyse des modes d’appropriation, d’incorporation, d’actualisation et d’autonomisation suite à des expériences de mise en pratique culinaires de l’école vers l’institution familiale.Combinaison multi-méthodes (quantitatives et qualitatives):Une analyse quantitative de l’évolution des connaissances, pratiques et habitudes alimentaires des jeunes et des familles: questionnaires/panels (familles et adolescents) systématiques. Le second collège constituant le groupe témoin de l’étude, il permet d’obtenir une base de comparaison des résultats obtenus avec le 1er collège.L’analyse qualitative comprend:
des observations participantes pendant les ateliers;
des entretiens collectifs auprès des enfants lors des ateliers et de focus groupes;
le recueil de données issues des carnets de bord parents-élèves qui retrace l’appréciation familiale des préparations faites par les jeunes et des bilans élèves recueillis à la fin de chaque atelier;
des entretiens individuels avec le personnel du collège/les principaux;
une grille d’évaluation de la transférabilité du projet (outil ASTAIRE);
un questionnaire qualitatif destiné à l’équipe-projet du second collège pour valider la performance du guide méthodologique;
des questionnaires qualitatifs destinés aux familles et adolescents;
la rédaction de portraits d’apprentis-cuisiniers.
Résultats préliminaires
La démarche d’évaluation du projet fait ressortir des résultats probants sur les deux premières années: évolution positive du climat scolaire, effet de synergie autour du projet, augmentation de la fréquentation des familles aux différents événements du collège, constat des premiers bénéfices sur le comportement alimentaire des jeunes. C’est pourquoi, un second collège nous a sollicités dans le but de reproduire le projet à la rentrée 2015.Pour ce qui est des bénéfices du projet perçus par les collégiens, ils font essentiellement allusion à la mise en pratique des ‘Arts de faire culinaires’ lors des ateliers de cuisine, d’éveil sensoriel et d’éducation aux médias également reproduite dans le cadre du foyer familial.Après deux années d’existence, le projet a un impact direct sur les pratiques des jeunes dans le cadre familial. En effet, au 30 juin 2015, 70% des collégiens (270 élèves) déclarent avoir refait des préparations à la maison suite aux ateliers. Les jeunes trouvent que le projet est concrètement bénéfique pour eux autant dans le cadre familial qu’à l’école car ils expliquent que cela leur permet d’être plus autonomes et responsables par rapport à des tâches alimentaires quotidiennes à la maison: «Oui, parce que maintenant mes parents me laissent cuisiner tout seul à la maison», «Maintenant on peut faire le beau, faire le fier parce qu’on peut cuisiner à la maison», «Je cuisine plus qu’avant à la maison».Autre résultat intéressant, le projet semble devenir un outil de négociation de nouvelles marges d’autonomie dans le cadre familial, à la fois du côté des jeunes qui souhaitent devenir plus actifs dans le quotidien alimentaire de la maison, mais aussi un outil de négociation pour les parents qui souhaitent encourager leurs enfants à devenir plus actifs dans les tâches quotidiennes: «Malheureusement maintenant mes parents savent que je sais faire la vaisselle», «Ils veulent toujours que je cuisine maintenant, ils me disent: tu sais faire maintenant», «Maintenant, mes parents, ils m’obligent à cuisiner».
Des élèves témoignent
«J’ai apprécié cet atelier parce qu’on avait l’impression d’être dans une cuisine avec un chef et des cuisiniers à côté de nous.»«Grâce à ‘Arts de faire culinaire’, j’ai eu la chance de faire les ateliers cuisine et de faire découvrir aux plus petits ‘art toast’ pendant les gastronomades.»«Mon moment préféré c’était le design pack lorsque nous avons créé nos propres emballages. Nous avons imaginé le produit, sa pub, son slogan et nous avons fabriqué l’emballage.»«Le moment le plus fort pour moi pendant ce projet est quand nous sommes partis au CIFOP: on a appris ‘l’art de la table’ et le côté design de la table et de sa présentation, on a participé à l’aide des apprentis de ce lycée à laver les couverts, faire le dressage de la table et à la fois remplir un questionnaire pour l’atelier ensuite nous avions dégusté les plats faits par les apprentis-cuisiniers.»«J’ai découvert des aliments que je ne connaissais pas alors que je les utilise au quotidien.»«J’ai découvert comment observer, découvrir, sentir ou ‘écouter’ un plat ou un aliment avant de le manger.»«L’atelier qui m’a le plus intéressé c’est quand on a fait le poisson en papillote car j’ai appris une nouvelle façon de faire cuire du poisson.»«J’aime ce projet, parce que ce sont des ateliers qui peuvent nous servir dans l’avenir.»«Ce projet m’a permis de savoir les bases et de pouvoir me débrouiller seul quand je cuisine à la maison.»
Les financeurs
La recherche est soutenue par le FFAS (Fonds Français pour l’Alimentation et la Santé), le Ministère de l’Agroalimentaire et de l’Agriculture et de la Foret avec la DRAAF Poitou-Charentes et le PNA (Programme National pour l’Alimentation), ainsi que par l’Institut Olga Triballat.Les actions du projet sont financièrement soutenues par le Conseil Général de la Charente, la région Poitou-Charentes, le Fond Européen AgriMer (fruits pour la récré) et la Fondation de France. Le projet est inscrit dans les actions innovantes du Rectorat de Poitiers et soutenu par l’Éducation Nationale et le Ministère de l’Agriculture.
Les acteurs du projet
Caroline Bayle, animatrice culinaire et membre de l’ANEGJ: crée, organise, anime chaque atelier cuisine et participe au groupe de pilotage. En charge de la création de la mallette pédagogique pour le niveau 5e . Courriel: caroline.bayle.16@gmail.com. Site internet: https://www.espritculinaire.fr.Françoise Cuisinier, Principale du Collège Marguerite de Valois (2013-2015): a permis la mise en place opérationnelle des ateliers du projet en organisant le travail de l’équipe pédagogique. Elle participe au groupe de pilotage du transfert. En charge du dossier administratif lié au guide méthodologique. Courriel: francoise.cuisinier@ac-poitiers.fr.Marie-Line Huc, chef de projets CENA: Coordinatrice et animatrice du groupe de pilotage, apporte son expertise sur les aspects nutritionnels du projet, valide notamment le choix des recettes et des produits des différents ateliers. Courriel: marie-line.huc@nutrition-expert.org.Émilie Orliange, doctorante de l’Université de Poitiers – comportement du jeune consommateur: en charge du suivi, de l’évaluation, de la valorisation et du transfert du projet AFCC, elle conduit en parallèle une recherche-action longitudinale afin d’évaluer les bénéfices du projet pilote. Son travail permettra la validation scientifique du guide méthodologique produit pour transférer le projet dans d’autres établissements. Courriel: emilie.orliange01@univ-poitiers.fr.Florence Raillat-Rouet, professeure des sciences de la vie et de la terre: co-animatrice des différents ateliers, membre du groupe de pilotage, référente du projet pilote au collège Marguerite de Valois. Courriel: florence.raillat@ac-poitiers.fr.
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Cela correspond aux humanités inférieures en Belgique (ndlr).
Une recherche-action est «une recherche ayant un double objectif: transformer la réalité et produire des connaissances concernant ces transformations» (Hugon et Seibel, 1988, p.13). Une mesure longitudinale se dit d’une mesure résultant du suivi d’une population dans le temps en fonction d’un évènement de départ: en l’occurrence, l’introduction du projet en septembre 2013.
Doctorante en Sciences de Gestion, spécialité Étude du Comportement du Consommateur, à l’Université de Poitiers, 3e année, Laboratoires CEREGE/MSHS de Poitiers et chargée du projet AFCC, sous la direction de Valérie-Inés de La Ville, Professeur des Universités – Directrice Centre Européen des Produits de l’Enfant – IAE de Poitiers, Responsable de la thématique «Stratégies de marchés et cultures de consommation» du Laboratoire Centre de Recherche en Gestion CEREGE EA 1722 – Université de Poitiers.
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Où se déploie l’EVRAS, l’Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle à l’école? Est-ce uniquement en classe, au cours de biologie ou via une animation? Non, évidemment, rétorquent les acteurs concernés! Retour d’une demi-journée d’échanges proposée par la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial ( FLCPF) en collaboration avec le Point d’Appui Evras aux écoles secondaires (PAE) du Centre bruxellois de promotion de la santé (CBPS) et les membres de la concertation mise en place par le PAE.Depuis 2012, l’EVRAS se voit généralisée dans toutes les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles et la circulaire qui la prévoit ne va pas sans poser de questions.Ce petit matin d’octobre 2015, c’est l’effervescence à la FLCPF. Et pour cause, l’invitation est large: tout directeur/trice d’école, professeur, éducateur/trice, agent PSE, membre d’association de parents, animateur/trice de planning, de structure AMO (Aide en Milieu Ouvert) ou autre institution travaillant l’EVRAS prêts à réfléchir aux différents lieux de l’école et à ses abords où peut se décliner l’EVRAS.Le défi de cette matinée est d’amener les participants à réfléchir aux multiples façons de décliner l’EVRAS au quotidien. Exit l’unique représentation de ‘Monsieur et Madame Sexe’, afin de pouvoir mettre en scène l’importance du relationnel, l’incontournable préalable à l’EVRAS. C’est ce ‘relationnel’ qui fera trame, fil conducteur dans les six ateliers.
Mais où se passe l’EVRAS?
Un grand plan d’une école est affiché sur le mur de la salle qui nous accueille: classes de cours, wc, salle de gymnastique, vestiaire, salle des professeurs, cour de récréation, bureau de la direction, du secrétariat mais aussi les abords de l’école. Chaque participant va apposer une gommette sur un lieu précis, celui-là même où, à son avis, l’EVRAS se joue… Un peu partout des points multicolores apparaissent. Étonnant combien sans discours cette production est éloquente pour démontrer que l’EVRAS s’exporte dans tous les lieux, qu’elle est bien une notion complexe touchant les relations de chacun, élèves et élèves, élèves et professeurs (ou autres professionnels) mais aussi professeurs entre eux.Après cette mise en bouche, tambour battant, les participants sont invités à se rendre dans les ateliers. La mise en situation se prolonge; six lieux vont être passés au crible des constats et expériences des professionnels. On choisit deux ateliers qui dureront chacun une petite heure. Et oui, on bouge, on traverse des couloirs, on se mélange, on fait connaissance, après tout, expérimentons aussi le relationnel transversal! Pour ma part, je me dirige vers l’atelier ‘L’EVRAS dans les lieux informels au sein de l’école’.On se présente, l’atelier est intersectoriel; des professeurs (d’anglais, de français, de morale), une directrice de primaire, un directeur du secondaire, une secrétaire, une assistante sociale d’un PMS, une animatrice d’un planning, une psy d’un PMS, et encore d’autres.
Jusqu’où aller?
Très vite, les enseignants présents manifestent leur désarroi. Certains évoquent les systèmes mis en place, parfois connus par la direction mais non formalisés afin que les adolescents puissent se confier. Il peut s’agir d’un local dédié à cet effet sur le temps midi, d’une simple boîte mail… des formules qui correspondent aux besoins des ados.Et les enseignants de se dire désemparés devant la lourdeur de la tâche, de ce qu’il leur faut parfois accompagner. Bien sûr, chacun dans l’atelier est interpelé. Des questions fusent: où sont les personnes relais, les PMS, les plannings, les Services d’Aide à la Jeunesse pour les cas extrêmes? S’il semble que certains de ces relais soient aussi en difficulté (saturation des services ou difficulté de trouver des solutions), la question du champ des compétences des uns et des autres et de leurs limites reste un point sensible. Ainsi, un professeur, s’il est facilitateur pour libérer une parole, où pose-t-il ses limites? N’a-t-il pas un réel inconfort à mélanger l’intime, l’histoire du jeune et les exigences scolaires à son égard? Comment ne pas brouiller les messages? Les questions se bousculent et beaucoup s’accordent pour souligner l’importance de ne pas travailler seul et de poser un cadre clair et reconnu par tous.
Quelle extériorité?
Créer des synergies entre enseignants, éducateurs, directeurs, autres acteurs scolaires ( PMS, PSE, médiateurs, etc.) permet d’enrichir le regard, de construire une réflexion et de mutualiser les ressources. À titre d’exemple, une participante mentionne l’existence d’une cellule EVRAS composée d’acteurs pluridisciplinaires.
Ressources documentaires
Un catalogue d’outils pédagogiques EVRAS réalisé dans le cadre des Points d’appui aux écoles est à la disposition des équipes éducatives des 5e et 6e primaires et des écoles secondaires qui le souhaitent. Il a été établi par les documentalistes des centres locaux de promotion de la santé qui hébergent les points d’appui.Ce catalogue, édité en 2015, recense 63 outils sélectionnés sur base de la thématique, de la date de production et du type de support. Il ne cherche pas à être exhaustif. Les outils sont classés par ordre alphabétique et peuvent être retrouvés au moyen de quatre index: par titre, support, thématique et disponibilité géographique (tous les CLPS ne disposent pas de tous les outils). Les fiches contiennent aussi un avis élaboré par les documentalistes des CLPS.Important à retenir: le catalogue ne remplace pas un conseil personnalisé que les animateurs en EVRAS pourront obtenir de leur CLPS de référence.Une belle réalisation disponible gratuitement dans les 9 CLPS wallons et au CBPS bruxellois.
Travailler ensemble autour de sujets sensibles et confidentiels de la vie des adolescents touche aussi la question du secret professionnel. Cette question va être largement abordée dans l’atelier suivant où je me rends. Dans celui-ci, la place de l’EVRAS au niveau de la direction d’école va être débattue. C’est vers cette direction que les acteurs viennent en bout de course dans les cas ‘aigus’.Aux participants de l’atelier alors de souligner l’importance de respecter la confiance accordée par l’adolescent à l’adulte, de demander au jeune son autorisation de livrer quelques éléments de son problème: «Est-ce que tu me permets d’en parler au directeur?» Mais insistent certains, ces directeurs sont aussi ceux qui, plus qu’offrir un ‘laisser passer’ aux acteurs extérieurs, peuvent convoquer, organiser la mise en œuvre de l’EVRAS dans l’école.À midi, nous nous retrouvons tous dans la salle où les animateurs tâcheront de synthétiser les différents ateliers. La nécessité de négocier un cadre clair, de prendre en compte l’hétérogénéité des publics, de pouvoir articuler avec plus d’aisance l’extérieur (de l’école) et l’intérieur, de s’autoriser à être ‘expert’ mais en travaillant ensemble reviendra régulièrement.Car il s’agit qu’aucun professionnel ne se retrouve sur le fil, tout comme le jeune en difficulté. Et il sera l’heure d’évaluer la matinée. Pour ma part, elle fut intense et animée!
La cloche a sonné
Deuxième rencontre
Pendant la seconde matinée d’échanges de pratiques en EVRAS du 9 décembre 2015, on se serait cru à la fin de la récréation à l’école: chaque clôture de discussion était ponctuée par un vigoureux signal de Melissa, du CBPS, brandissant une magnifique petite cloche, nous invitant à passer à une autre table de conversation.Bref retour en arrière. L’objectif de cette rencontre, à laquelle une cinquantaine de personnes s’étaient inscrites, était de confronter des acteurs du terrain à quatre questions:Quelles collaborations entre opérateurs EVRAS à Bruxelles?Quelles articulations entre les différentes thématiques présentes dans l’EVRAS?Comment prendre en compte le contexte lors des projets?Quelles collaborations entre acteurs scolaires?
On peut salir la nappe
Plutôt que de speed dating, on parlera de tables de conversation, les participants étant invités à changer de table, de question et de groupe après une demi-heure de débat. Une formule simple et efficace, permettant des échanges fructueux et respectueux entre animateurs de plannings et travailleurs de PMS ou de PSE.Pas bête: les tables étaient recouvertes de nappes en papier blanc que les participants pouvaient remplir de leurs constats, de quoi faciliter la future synthèse des échanges.Assurément, une approche de ce genre génère plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, ce qui n’est pas grave dès l’instant où la confrontation des pratiques éducatives et des stratégies d’approche du milieu scolaire est recherchée.Dans une ville-région comme Bruxelles, les réalités sociologiques sont très variables d’une commune à l’autre, d’un réseau à l’autre, d’une école à l’autre, ce qui apparaît encore plus crûment lorsqu’il s’agit d’aborder avec des enfants ou des ados une problématique aussi intime.
Déplacer une montagne
Telle participante relevait que son souhait de favoriser par son travail l’émancipation et le libre choix des élèves se heurtait parfois à un mur, les jeunes n’en voulant pas. Pire, il faut parfois être capable d’encaisser les opinions très violentes des élèves (rejet radical de l’homosexualité, de l’avortement, mépris – pour rester poli – des jeunes filles d’origine maghrébine voulant être autonomes…) sans pour autant les ‘forcer’ à adhérer aux valeurs des intervenants. Pas simple, pas simple du tout.Il y avait aussi, et c’est tant mieux pour la dynamique de la matinée, une question qui fâche, les préjugés tenaces des uns et des autres quand plannings et PMS/PSE sont invités à travailler ensemble. «Ils ne veulent pas de nous», «On ne veut pas d’eux», «Ils ne connaissent pas le milieu scolaire», «Ils ne sont pas formés suffisamment pour l’EVRAS», «C’est génial de collaborer mais horriblement compliqué», etc.C’est certain, avec l’EVRAS, on ne s‘ennuie jamais, mais c’est parfois si compliqué qu’on parlerait plutôt d’EVEREST!Dans un prochain numéro, Carole Feulien reviendra sur l’université d’hiver des 3 et 4 décembre derniers organisée à Namur par la Fédération Laïque des Centres de Planning Familial (FLCPF). Ces deux journées nous ont proposé de mener une large réflexion sur les mutations sociétales et les réalités vécues par les jeunes sur la toile.
Nous vivons dans une société où tout nous incite à prendre du poids… et où tout nous pousse à vouloir être le plus mince possible. La troisième campagne de Voyons large aborde ce paradoxe en explorant quelques-unes des multiples raisons qui le sous-tendent. Soit autant de pistes pour mieux appréhender les enjeux qui entourent les questions de poids…
Une première campagne sur les discriminations liées au poids, une autre sur les 10 bonnes raisons de ne pas faire régime… Voyons large ne pouvait s’arrêter là. Pour sa nouvelle campagne, Voyons large propose donc de continuer à réfléchir, ensemble, aux normes qui pèsent sur la population.
Cela suppose, entre autres, de s’interroger sur les raisons pour lesquelles le poids – et les kilos en trop – ont pris tant d’importance dans nos vies. L’idée? Continuer à prendre du recul, à mieux comprendre ce qui dicte nos comportements alimentaires et à poser nos propres choix en connaissance de cause.
Contrairement à ce que l’on croit souvent, gagner ou perdre des kilos est loin d’être uniquement une question d’attitudes individuelles, auxquelles s’ajouterait (dans le cas d’une perte de poids) un zeste de volonté. Ce serait bien trop simple! Pour sortir de cette vision, Voyons large entame un nouveau voyage dans le monde du poids, du surpoids, et de l’obésité, en suggérant un nouveau regard. Il est porté, de façon ludique, par l’édition d’un calendrier, compagnon sympathique de l’année 2016. Autre allié dans cette démarche, le site www.voyonslarge.be qui détricote les normes de poids et de minceur, les préjugés et les croyances, sans moraliser ni juger. Enfin, cette approche passe, aussi, par l’analyse du Pr Olivier Corneille, psychologue à l’UCL et par son décryptage de nos comportements alimentaires.
Le but? Mieux comprendre les complexités du ‘jeu’ dans lequel nous nous trouvons, et découvrir des éléments qui peuvent nous aider à (re)prendre le contrôle de nos décisions et de nos manières de consommer…
La piste du contexte
Actuellement, entre malbouffe et santé, nos coeurs (et nos assiettes) balancent.
«Nous sommes placés entre un objectif hédonique à court terme et un objectif de santé à long terme», tranche Olivier Corneille. «Il est difficile de résister à l’appel du premier, qui procure des plaisirs certains et immédiats. Une série de recherches actuelles portent sur la régulation de soi, sur les moyens de résister à nos envies et nos tentations, ou sur les moyens de les réguler. Pourtant, je ne suis pas persuadé qu’il s’agisse de la voie la plus prometteuse. En effet, elle tend à nous épuiser et à nous culpabiliser de nos échecs répétés. En conséquence, elle diminue souvent notre estime de soi et notre sentiment de contrôle. Cette optique s’apparente aussi à celle qui nous pousse à tomber dans le cycle des régimes. Dans une immense majorité des cas, ils ne marchent pas, et nous le savons, mais… nous les adoptons quand même.»
Le psychologue suggère donc une autre piste: agir sur le contexte, sur cet environnement qui nous pousse à acheter et/ou à consommer. Cela signifie qu’il s’agit aussi, pour tout le monde, de mieux connaître et d’identifier de quelles manières on trompe nos cerveaux pour mieux contrôler nos comportements.
Mince, c’est dans la tête!
Ainsi que le souligne Olivier Corneille, en matière de poids, une information préventive est nécessaire. Mais elle ne suffit pas, puisqu’on assiste, dans tous les pays occidentalisés, à une augmentation globale du nombre de personnes touchées par des problèmes de poids. Ainsi, les chiffres publiés par l’Institut Scientifique de Santé publique, d’après une étude réalisée sur 3.200 personnes interrogées en 2014-2015, font état de 29% de répondants en surpoids et de 16% en situation d’obésité soit, sur ce dernier point, 5 % de plus que lors d’une enquête similaire menée en 2004.
L’information préventive ne suffit pas parce que, la plupart du temps, elle individualise les questions au lieu de les inscrire dans une réflexion qui prenne en compte le poids du contexte économique, social et culturel dans lequel baignent nos rapports à la nourriture et au corps. Elle ne suffit pas non plus car elle inscrit la rationalité comme principe alors que notre psychisme l’ignore.
«Clairement, c’est bien notre rapport à l’alimentation qui doit être interrogé ici», relève le Pr Corneille. «Savoir qu’il faut manger 5 fruits et légumes et que cela sera plus sain que de manger des chips n’empêche pas d’acheter et de dévorer ces derniers aliments. Pour faire changer les choses, il s’agit donc de parvenir à jouer sur le contexte immédiat de l’achat ou de la consommation effective.»
Notre cerveau nous trompe
En réalité, comme l’explique le Pr Olivier Corneille, «nos comportements alimentaires témoignent d’une rationalité très limitée. Ils sont largement automatiques et largement contaminés par des jugements ‘défectueux’.»
Des exemples? Olivier Corneille en propose de nombreux. Ainsi, lorsqu’on nous sert une belle grande assiette bien remplie, nous imaginons – à tort – que la quantité proposée est adaptée et conforme à nos besoins. Dès lors, au lieu de porter notre attention sur notre sentiment de faim (ou de satiété), nous terminons bien sagement notre plat, l’esprit tranquille. Le psychologue souligne aussi que les assiettes actuelles sont, en moyenne, 44% plus grandes que celles utilisées il y a une quarantaine d’années! De quoi nous pousser à prendre l’habitude de consommer trop…
«Un certain nombre d’effets psychophysiques nous empêchent de bien appréhender les quantités que l’on nous sert», confirme le psychologue. «Par exemple, nos cerveaux vont être trompés par l’augmentation de la taille de récipients de pop-corn: contrairement à ce qu’elle imagine, la personne ne parvient pas à calculer correctement la quantité servie, et à réaliser que dans certains cas, elle se retrouve avec jusqu’à 75 % de produit en plus!»
Différentes études ont confirmé nos difficultés à réguler les quantités que nous mangeons, en fonction du cadre ou des conditions dans lesquelles nous sommes placés. Ainsi, dans l’une de ces recherches, menée aux États-Unis en 2005, des volontaires se voyaient proposer un bol de soupe. Or, chez certains d’entre eux, le contenant se remplissait imperceptiblement au fur et à mesure du repas. Résultat: une consommation accrue de 73%… et, malgré tout, chez les personnes concernées, le sentiment de ne pas avoir mangé davantage que les autres! On sait également que les possibilités de se resservir à volonté dans certains restaurants augmentent la consommation de 70 %.
Dans un autre domaine, les chercheurs, tout comme les industriels, ont également compris qu’un label ‘pauvre en graisse’, censé permettre d’ingérer moins de calories, déculpabilise le consommateur qui se sent dès lors autorisé à augmenter la consommation des produits étiquetés de la sorte. Au final, les quelque 15% de calories en moins dans l’aliment ne servent à rien, bien au contraire: la personne mange davantage (une attitude également profitable au vendeur de ces produits) et ingère plus de calories.
Enfin, les enfants sont loin d’être épargnés par un certain nombre de conditionnements destinés à les pousser à adopter des comportements alimentaires probablement inadaptés. «Les publicités pour céréales, barres chocolatées ou autres sodas sont fréquemment associées à des personnages souriants. On y ajoute aussi des musiques entraînantes ou positives. Or le jeune, tout comme l’adulte, transfère toutes ces qualités sur le produit qui lui est associé…» rappelle le Pr Corneille. De quoi donner envie de manger… et de faire coup double: un consommateur captif dès l’enfance n’est-il pas la promesse de profits garantis pour de longues années?
On le voit bien au travers de ces exemples, notre cerveau nous trompe… mais les industriels aussi!
Small is delicious, qu’ils disaient
Comment le consommateur peut-il ‘faire autrement’ sans tomber dans les restrictions, les troubles alimentaires, les oublis du caractère convivial et social de l’alimentation? Connaître les pièges qui balisent le chemin permet de mieux les éviter. À cet égard, certaines pistes développées dans les recherches sur les comportements de consommation sont également très prometteuses.
L’une d’entre elles consiste à s’entraîner à se concentrer sur ses expériences sensorielles. «En effet, paradoxalement, lorsqu’une personne apprend à se concentrer sur le plaisir que lui apportent des produits hédoniques, elle est amenée à choisir de plus petites portions et à en attendre plus de plaisir. Une expérience l’a montré: quand on demande à des enfants d’imaginer leur plaisir à manger des produits chocolatés, ils optent ensuite pour de plus petites portions.»
«En fait», précise le Pr Corneille, «la courbe de satiété et celle du plaisir sont inversées. Le plaisir est à son pic lors des premières bouchées. En revanche, il n’augmente plus très significativement lors des 50, 100 ou 150 grammes supplémentaires que l’on avale ensuite. En cadrant le choix au sein d’une expérience plus sensorielle, il devient donc possible de modifier les comportements.»
Pile je ne bouge pas, face je reste assis
L’analyse et les informations apportées par Olivier Corneille s’inscrivent dans une vue globale du problème du poids et du contrôle de ce dernier, une problématique qui relève de facteurs multiples.
Parmi eux, réside le fait que, petit à petit, sans que nous ne le réalisions toujours clairement, l’activité physique déserte nos journées: nous ne bougeons plus, ou pas assez. Une série d’excellentes raisons justifient cette tendance à la sédentarité.
Les distances (et/ou le manque de temps) ne permettent pas d’amener les enfants à pied à l’école, et encore moins de se rendre ainsi au travail, ou de faire ses courses ou d’aller rendre visite à ses proches. Des rues ou des quartiers jugés peu sûrs, ou peu adaptés à la promenade ou au vélo, n’encouragent pas davantage à y faire un tour, et pas plus à y jouer avec les enfants. Quant à nos emplois, combien consistent désormais à rester devant un ordinateur?
C’est ainsi que, dans de nombreux cas, nous devenons sédentaires non par choix ou par envie, mais parce que nos métiers, nos vies et nos villes nous y conduisent et qu’il n’entre pas forcément dans la culture (ou le goût) de tout le monde de pratiquer régulièrement un sport, ce qui aiderait pourtant à réintroduire une indispensable activité physique dans nos vies et dans nos agendas.
Et puis, je craque!
Histoire de continuer à mettre les choses en perspective, voici un petit jeu, praticable dans n’importe laquelle de nos villes. Il suffit de se rendre au cœur de celle-ci, ou bien dans ses rues les plus commerçantes, et de compter les possibilités de s’arrêter pour consommer plats ou boissons. Le chiffre obtenu est parfois impressionnant. Mais ces appels, ces incitations à se sustenter ou à boire (presque) en tout lieu et à (presque) n’importe quelle heure, ne sont pas seuls en cause, ni les seuls pièges qui nous guettent en matière de poids.
Loin des disettes et des famines qui ont marqué l’histoire de nos sociétés, l’industrie agro-alimentaire a réussi le pari de pouvoir proposer, en permanence, une offre abondante, sinon pléthorique, et adaptable à une majorité des budgets. Certes, cela représente un véritable progrès, mais on ne peut en nier des aspects moins positifs.
Comment ne pas craquer face à une série de produits par ailleurs poussés, propulsés, vantés par de multiples publicités? L’histoire ne dit pas si ces aliments sont tous bien nécessaires. Ou plutôt si, elle nous le dit pour un grand nombre d’entre eux. Trop gras, trop sucrés, trop salés, ils contribuent à alimenter nos envies de gras, de sucres, de sel et à nous engager dans un processus nutritionnel au mieux coûteux et sans grand intérêt, au pire délétère pour notre santé.
Les ‘snacking’, plébiscités par les enfants, les adolescents… et les adultes qu’ils deviennent, ne sont pas seuls concernés. Tout comme les autres aliments industriels, un grand nombre de plats préparés, si pratiques pour le gain de temps qu’ils représentent, bénéficient encore et toujours d’étiquetages peu lisibles, et peu ou pas compréhensibles pour qui ne possède pas un diplôme de nutritionniste.
Un concours du double langage
Dans notre environnement, tout nous pousse à consommer, et à prendre du poids… Mais rien ne nous empêche, bien au contraire, de rêver d’être mince, et de se vouloir maigre et belle (ou beau) comme ces modèles (retouchés ou pas) qui s’étalent des murs des villes aux pages glacées des magazines et qui font figure de standards de beauté.
Selon une enquête menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) en 2012, en France, 60% des femmes et 44% des hommes souhaitent peser moins. Tous avec raison? En Belgique, 35% des femmes et 21% des hommes voudraient perdre du poids. Un quart de la population seulement ne se soucie pas de son poids. Clairement, ces chiffres dépassent, et de loin, le nombre de personnes pour lesquelles une perte de poids pourrait effectivement représenter un gain de santé – seule justification sensée à une traque drastique aux kilos.
Seulement voilà, chaque kilo en trop mène à se sentir jugé, décrédibilisé, condamné. Et nos propres regards ne sont guère plus tendres envers celles et ceux qui frisent l’excès de poids. Dès l’enfance, une multitude de discriminations et de préjugés les accompagnent, entamant souvent leur confiance en eux.
Cela aide-t-il à comprendre les raisons pour lesquelles, même si nous savons que les régimes mènent au pire, c’est-à-dire à une reprise de poids supérieure aux kilos perdus, ainsi que, pour certains catégories de la population, à des troubles du comportement alimentaire, nous voulons encore y croire?
Y’a plus de place pour les gros!
Insensiblement, rappelle le Pr Corneille, nous sommes incités à manger plus, à ingérer davantage de nourriture. Nous le faisons en toute bonne conscience et en oubliant de prêter attention au seul signal (certes parfois difficile à percevoir) qui nous donnerait des renseignements pertinents: celui de nos sensations.
Pour parler de ce phénomène global, aux États-Unis, le Pr Brian Wandink a dénoncé, dès 2006, le ‘mindless eating’, la nutrition irréfléchie. Afin de sortir de ce schéma, il s’agit d’apprendre à mieux comprendre comment nous réagissons aux sollicitations de notre environnement et pourquoi celui-ci nous piège; nous pouvons ensuite agir sur notre environnement quotidien (par exemple, la taille de notre vaisselle), explique Olivier Corneille.
Des recettes à réinventer
En plus de mieux comprendre notre fonctionnement, le Pr Corneille évoque également l’importance de s’assurer de l’adéquation des messages de prévention ou d’éducation.
L’objectif? Que le contenu des messages transmis touche bien sa cible, et de manière efficace. En effet, si une personne imagine qu’en prenant, en plus de son hamburger, une salade elle ‘rachète’ celui-ci et s’autorise donc une portion de frites en plus, le message est raté!
Il s’agit de rendre possible un autre regard sur nos façons de manger et de consommer, de nous regarder et d’accepter les différences, les imperfections, de lâcher un peu le contrôle et de redécouvrir le bien-être. Cesser de faire croire aux mangeurs qu’eux seuls sont responsables des désordres alimentaires.
De plus, au-delà de notre éducation, un changement significatif de cet environnement propice à troubler nos relations avec l’alimentation et la santé serait sans doute utile. Les modifications à opérer passent donc probablement par un aménagement différent des villes (qui inciterait davantage à l’exercice physique des petits et des grands), et par de nouvelles législations et de nouvelles balises pour le secteur agro-alimentaire…
En remettant les choses en perspective, la campagne Voyons large devrait ainsi permettre à chacun de continuer à prendre du recul sur les normes de poids et à mieux comprendre les causes, complexes et multiples qui influent sur nos comportements. Sans oublier de conserver le plaisir de manger et de partager ensemble…
Le calendrier Voyons large est disponible gratuitement sur simple demande par mail à info@questionsante.org
Le quizz de Voyons large
1. Nos sociétés semblent ne valoriser que la minceur. Pourtant, sur Terre, combien de personnes en surpoids compte-t-on?
A. Plus de 980 millions d’adultes
B. Plus de 1,9 milliard d’adultes
C. Plus de 3 milliards d’adultes
2. Les régimes, ça ne marche pas la plupart du temps. Pourtant, combien de Belges en ont déjà tenté un ou plusieurs?
A. 52 %
B. 67 %
C. 74 %
3. Si Barbie n’était pas une poupée mais une personne réelle, que lui arriverait-il?
A. Elle remporterait probablement la couronne de Miss Monde.
B. Appliquées à un corps humain, ses mensurations l’empêcheraient de se tenir debout ou de marcher.
C. Sur les réseaux sociaux, elle participerait probablement aux discussions prônant l’anorexie.
4. Si nous mangions en suivant les exemples et les injonctions de la publicité, que se passerait-il?
A. Nous consommerions 2560 % de l’apport recommandé en sucre, et 2080 % de celui préconisé pour les graisses.
B. Les pourcentages de personnes en surpoids ou obèses baisseraient de 5 %.
C. Nous nous contenterions de 40 % de l’apport recommandé en légumes, de 32 % pour les produits laitiers et de 27 % pour les fruits.
5. Être mince est un signe de bonne santé.
A. Cette affirmation est vraie.
B. Cette affirmation est fausse.
C. Cette affirmation est partiellement vraie et partiellement fausse.
6. Laquelle des affirmations ci-dessous est exacte?
A. Les personnes obèses ont toujours intérêt à faire un régime.
B. Les personnes obèses n’ont jamais intérêt à faire un régime.
C. Les personnes obèses présentant un problème de santé peuvent avoir un intérêt à perdre du poids.
7. Pour les personnes obèses décidées à perdre du poids, quel objectif est-il raisonnable de viser?
A. Pas plus de 5 à 10 % de leur poids de départ par an.
B. Pas plus de 10 à 20 % de leur poids de départ par an.
C. Pas plus de 20 à 30 % de leur poids de départ par an.
8. Laquelle de ces affirmations est exacte?
A. Les personnes en surpoids ne suscitent que peu de rejets discriminatoires dans le monde du travail.
B. Dans le monde du travail, les personnes en surpoids sont aussi discriminées qu’un immigré.
C. Il est démontré que les personnes en surpoids travaillent et produisent moins que les autres.
9. Pour nous pousser à consommer davantage, la taille de nos assiettes a augmenté au cours des quarante dernières années. Dans quelle proportion?
A. 10 %
B. 25 %
C. 40 %
10. Certains restaurants ont institué une formule grâce à laquelle il est possible de se resservir à volonté. De combien cette pratique augmente-t-elle notre consommation?
A. 40 %
B. 70 %
C. 80 %
Réponses
1: B (chiffre OMS, 2014).
2: C .
3: B et probablement C.
4: A et C.
5: C (on peut être mince et en bonne santé, ou bien mince et en mauvaise santé, par exemple en raison d’un trouble du comportement alimentaire. Avec des kilos en trop, on peut aussi être en meilleure santé qu’une personne mince.).
6: C (dans ce cas, une perte de poids pourrait améliorer leur espérance de vie; de manière générale, des mesures diététiques douces et une activité physique accrue sont préconisées pour toutes les personnes en surpoids.).
7: A.
8: B (D’après P. Peretti Watel et J-P Moatti dans ‘Le Principe de prévention. Le culte de la santé et ses dérives’, Éditions du Seuil – La République des Idées, 2009). La réponse C fait référence à une accusation fallacieuse de paresse, cliché et préjugé courant à l’égard des personnes en surpoids.
9: C (source: Pr Olivier Corneille, UCL).
10: B ( source: Pr Olivier Corneille, UCL).
Les questions ci-dessus ont essentiellement trouvé leur inspiration dans les informations fournies sur le site www.voyonslarge.be.
Les domaines concernés sont la santé publique, la promotion de la santé, la prévention, le dépistage, l’accès et la qualité des soins, l’éducation thérapeutique du patient, l’environnement et le développement durable, ceci avec le prisme des déterminants de santé (habitat, travail, éducation, culture…). La valorisation se fera par le site de l’association et sa lettre d’information électronique bimensuelle.
Développer la littératie en santé
Lire, c’est comprendre: rédiger et solliciter des commentaires afin de favoriser la lecture rapide des documents et apporter une aide pour mieux les comprendre, réaliser des interviews des auteurs.
Favoriser un travail collectif autour du référencement
Objectif à atteindre avec les personnes adhérentes, collaboration à la fois pour la recherche et la sélection des articles, la rédaction de notes de synthèse ou la valorisation des références.
Accompagner des projets
À la demande, mise en relation avec des associations, des services ou des entreprises privées susceptibles d’accompagner les projets.
Financer des micro-projets
Les excédents de l’association seront intégralement reversés à des projets modestes à partir d’un ou deux appels à candidature par an.
Adhésion
Pour faire partie de l’association, il faut s’engager à collaborer au référencement des articles, d’expériences, de vidéos, etc.; valoriser ces connaissances auprès de professionnels, de bénévoles et du grand public. Les lettres de manifestation d’intérêt et de collaboration sont à envoyer au président de Pratiques en santé, do@pratiquesensante.eu.
Soutien
Vous pouvez faire un don à l’association. Les sommes recueillies serviront à gérer les frais de la plateforme (abonnements, hébergement, déplacements, fournitures, aucun salaire). Les excédents serviront à financer les micro-actions.Pratiques en santé, Daniel Oberlé, Maison Moreau-Nélaton, 22 place Aristide Briand, 02130 Fère-en-Tardenois. Internet: www.pratiquesensante.eu. Courriel: do@pratiquesensante.eu.
Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) vient de publier en début d’année, comme il le fait tous les 3 ans, un ‘check-up’ de notre système de santé, élaboré en collaboration avec l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) et avec l’Institut Scientifique de Santé Publique (ISP).
À travers 106 indicateurs, portant sur la période 2008–2013, ce rapport dresse la liste des points forts et des points faibles du système, et indique aux décideurs politiques et aux responsables de notre système de santé où il serait judicieux de placer les priorités pour garder le système performant, voire l’améliorer. Cet exercice est réalisé dans beaucoup de pays européens, ce qui leur permet de se comparer et de se fixer des objectifs à atteindre pour s’aligner sur les meilleurs.
De façon générale, les Belges sont satisfaits de leurs soins de santé, et 78 % s’estiment en bonne santé. Sur le plan de la qualité des soins, notre pays se situe dans la moyenne européenne. Toutefois, l’examen de l’ensemble des indicateurs livre un tableau plus nuancé et 34 signaux d’alarme ont été identifiés.
Comment se porte notre système de santé?
En début d’année, nous avons coutume de nous souhaiter «une bonne santé» les uns les autres. Mais qui se soucie de la santé de… notre système de santé? Traditionnellement, on dit de lui qu’il est ‘bon’, mais qu’est-ce que cela veut dire au juste? Comment peut-on mesurer cela? Un concept aussi vaste recouvre forcément de très multiples facettes. Mesurer chacune de ces facettes permet d’obtenir la vision globale qui se rapproche le plus de la ‘valeur’ de notre système de santé. C’est à cette vaste tâche que s’attelle le projet récurrent ‘Performance du système de santé’ mené en continu par trois institutions fédérales, le KCE, l’INAMI et l’ISP. La troisième édition de cet exercice est publiée aujourd’hui.
À quoi sert-il de mesurer la performance de notre système de santé?
L’objectif premier d’une évaluation de la performance du système de santé est de fournir une photographie régulièrement mise à jour de l’ensemble du système, pour aider les autorités à choisir leurs priorités dans l’orientation des politiques de santé.
Cette photographie résulte de la mesure de 106 indicateurs portant sur 6 grands domaines: la promotion de la santé, les soins préventifs, les soins curatifs, les soins de santé mentale, les soins de longue durée et les soins autour de la fin de vie. Chacun de ces domaines est à son tour évalué à l’aune de cinq dimensions: la qualité, l’accessibilité, l’efficience (efficacité par rapport à l’investissement consenti), la soutenabilité et l’équité.
Les données se basent sur la période 2008-2013, ce qui est un délai courant quand on utilise des bases de données administratives, mais qui ne permet pas de prendre en compte les derniers changements dans le système. Il reste néanmoins intéressant de voir l’évolution dans le temps des indicateurs, pour vérifier qu’une politique donnée a porté ses fruits, ou pour constater, au contraire, qu’une situation s’est détériorée depuis la dernière mesure.
Cet exercice est réalisé dans beaucoup de pays européens, ce qui permet d’établir des comparaisons entre pays et de se fixer des objectifs à atteindre pour s’aligner sur les meilleurs d’entre eux.
Des citoyens satisfaits mais…
Du point de vue du citoyen, le bilan est plutôt positif: une large part (78 %) de la population belge s’estime en bonne santé, un résultat supérieur à la moyenne des autres pays européens, et les Belges sont satisfaits de leurs soins de santé. Toutefois, l’examen de l’ensemble des indicateurs livre un tableau plus nuancé, avec 34 indicateurs sur 106 qui sont au rouge.
Notre système de santé peut être considéré comme accessible, grâce à notre assurance maladie, doublée de filets de sécurité pour les revenus les plus faibles (maximum à facturer, remboursement majoré des dépenses de santé). Néanmoins, il reste souvent un montant important à charge des patients: 18 % des dépenses de santé totales, ce qui est beaucoup en comparaison avec les autres pays d’Europe.
Une qualité dans la moyenne
La plupart des résultats relatifs à la qualité des soins se situent dans la moyenne des autres pays européens avec toutefois quelques points noirs comme par exemple les trop fréquentes prescriptions d’antibiotiques. Par contre, on note des améliorations au niveau de la coordination des soins aux patients cancéreux et aux patients diabétiques.
Dans les maisons de repos ou maisons de repos et de soins, les résultats sont mitigés: si par exemple on peut se féliciter que les escarres soient relativement peu nombreuses, il reste difficile pour les personnes âgées qui y résident d’avoir accès à la médecine spécialisée (par exemple un ophtalmologue pour le suivi des patients diabétiques). Le nombre de personnes âgées recevant plus de 5 médicaments par jour est élevé.
En ce qui concerne l’accessibilité et la qualité des soins en fin de vie, le recours aux soins palliatifs progresse et le recours à des traitements agressifs est relativement faible. L’hôpital demeure toutefois le lieu de décès le plus fréquent, alors que ce n’est pas le souhait de la majorité des gens.
Prévention: peut mieux faire
Les objectifs de prévention (qui sont fixés à l’échelon international) ne sont pas toujours atteints: par exemple, la couverture vaccinale chez les jeunes reste parfois inférieure aux recommandations (p.ex. la rougeole chez les adolescents) et la vaccination contre la grippe est même en recul chez les personnes âgées. Quant au dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus, il est insuffisant.
En matière de promotion de la santé, les résultats sont peu glorieux: stagnation de l’obésité chez les adultes, tabagisme relativement élevé, faible taux d’activité physique, consommation d’alcool à risque (binge drinking) chez les jeunes hommes. De plus, de façon générale, de nombreuses inégalités socio-économiques subsistent dans ce domaine, avec notamment un déficit de compréhension des messages de santé (littéracie en santé) dans la population.
Quelques signaux d’alarme en santé mentale
Certains indicateurs touchant à la santé mentale et aux soins psychiatriques sont inquiétants: le taux de suicide reste élevé, les hospitalisations psychiatriques continuent à progresser, et la prise d’antidépresseurs augmente. S’ajoutent à cela de longs délais d’attente pour le premier contact avec un centre de santé mentale, ce qui pose la question de l’accessibilité de ces services.
Le système devient plus efficient, même si il reste des efforts à faire
Sur le plan budgétaire, l’efficience de notre système de santé s’améliore comme le suggère l’augmentation du recours aux médicaments génériques et moins chers, la diminution des hospitalisations classiques (au moins une nuit) au profit de la chirurgie de jour et la réduction de la durée du séjour après un accouchement normal.
Toutefois, on déplore encore la surutilisation de certains examens ou équipements (en radiologie par exemple) et de grandes variations entre hôpitaux pour certaines interventions (les césariennes par exemple).
Les dépenses de santé totales représentent 10,2 % de notre produit intérieur brut. Ces chiffres sont légèrement supérieurs à la moyenne européenne. Par rapport à 2011, ces dépenses sont restées inchangées en 2012 et 2013.
La disponibilité des médecins généralistes et des infirmiers est à surveiller de près
Enfin, les indicateurs concernant la disponibilité actuelle de médecins généralistes et d’infirmiers/infirmières mettent en question la capacité du système à répondre aux besoins de santé futurs liés au vieillissement de la population. La proportion de nouveaux médecins généralistes diplômés dans l’ensemble des spécialités médicales n’atteint pas les quotas fixés par la Commission de Planification, même si la situation s’est améliorée ces dernières années. De plus, bien que le nombre de diplômés en sciences infirmières ait augmenté ces dernières années, le nombre d’offres d’emploi difficiles à pourvoir pour des infirmiers reste important, et le nombre d’infirmiers par patient dans nos hôpitaux reste plus faible qu’à l’étranger.
Formuler des objectifs d’amélioration pour la Belgique
Ce rapport, qui rend compte de la situation actuelle, a pour objectif final l’amélioration tangible de la performance. Les décideurs politiques et les responsables de notre système de santé devraient donc fixer des objectifs mesurables en tenant compte des points d’attention que le rapport met en avant.
Éducation Santé reviendra plus en détail sur ce rapport dans un prochain numéro.
Une initiative européenne
Cette mesure de la performance fait suite et élargit le champ des deux premiers rapports KCE-INAMI-ISP publiés en 2010 (rapport KCE n° 128) et en 2012 (rapport KCE n° 196).
Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Charte de Tallinn, signée en 2008 par tous les pays européens. À travers cette charte, ils se sont engagés à mesurer et évaluer régulièrement la performance de leur système de santé.
Vrijens F, Renard F, Camberlin C, Desomer A, Dubois C, Jonckheer P, Van den Heede K, Van de Voorde C, Walckiers D, Léonard C, Meeus P. La performance du système de santé Belge – Rapport 2015. Health ServicesResearch (HSR). Bruxelles: Centre Fédéral d’Expertise des Soins de santé (KCE). 2015. KCE Reports 259B. D/2015/10.273/02.
Suspens, rebondissements, intrigues… La saga qui se joue actuellement en France autour de l’étiquetage nutritionnel simplifié des produits alimentaires a tout d’une grande oeuvre de… friction.
Les personnages
Le Ministère de la Santé et son bras armé, la Direction générale de la santé (DGS) pilotent l’élaboration de la Loi de Santé 2015, dont l’un des objectifs est d’améliorer l’information nutritionnelle sur les emballages alimentaires en la rendant plus simple, plus synthétique et plus accessible.Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) produisent des recommandations et des avis scientifiques et techniques à la demande de la DGS.L’Équipe de Recherche en Épidémiologie Nutritionnelle (EREN) conçoit et pilote des études scientifiques en population générale telles que SU.VI.MAX ou NutriNet-Santé. Elle teste notamment l’efficacité (usage, acceptabilité, compréhension) des différents systèmes d’information nutritionnelle.Les sociétés savantes, associations professionnelles, de consommateurs et de malades s’associent pour faire entendre la voix de la société civile et défendre ses intérêts.La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) et l’Association nationale des industries alimentaires [ANIA) représentent les enseignes du commerce et de la grande distribution soumises à l’obligation d’information nutritionnelle sur les produits alimentaires qu’elles commercialisent.
Si vous avez manqué le début
Le gouvernement français a entrepris de moderniser son système de santé. Pour ce faire, la Ministre de la Santé a engagé en 2013 une réflexion collective baptisée Stratégie nationale de santé. Les discussions ont abouti à la rédaction d’un projet de loi de santé, qui a été adopté par le Parlement en janvier dernier.L’un des articles de ce texte prévoit d’améliorer l’information nutritionnelle sur les emballages alimentaires en la rendant plus simple, plus synthétique et plus accessible. Objectif: permettre au consommateur lambda, lorsqu’il s’apprête à acheter de quoi manger, de comparer facilement et d’un coup d’oeil les produits alimentaires entre eux, à l’intérieur d’une même famille ou entre produits du même type mais de marques différentes.Il est vrai que seule la déclaration nutritionnelle incluant la composition du produit et sa valeur énergétique est obligatoire. Elle figure dans un tableau situé sur la face arrière des emballages et détaille les quantités de graisse, d’acides gras saturés, de glucides, de sucres, de protéines et de sel, pour 100 g, 100 ml ou par portion.La comparaison entre denrées alimentaires est donc théoriquement possible. Seulement voilà: les consommateurs ne comprennent pas grand chose à tous ces chiffres et n’en tiennent généralement pas compte. D’où l’idée d’inciter les producteurs et les distributeurs à afficher une présentation complémentaire et surtout plus abordable et intuitive (graphiques, symboles) sur la face avant des emballages.La démarche – volontaire et non obligatoire, au grand dam de la ministre qui a dû faire une concession sur ce point – se veut complémentaire de celle du Plan national nutrition santé (PNNS) qui a pour but de promouvoir une alimentation globalement équilibrée, via des repères de consommation notamment.De nombreuses sociétés savantes médicales, associations de consommateurs et de malades parmi les plus influentes du pays ont largement appuyé cette demande. «Cette mesure est d’un grand intérêt pour aider le consommateur à orienter ses choix et pour mettre en pratique la recommandation de ‘ne pas manger trop gras, trop sucré, trop salé’», argumentent-elles dans une lettre ouverte adressée au Ministère de la Santé.
Où le système 5 couleurs sort du peloton
Le principe d’un étiquetage simplifié étant posé, reste à en définir les modalités. Les solutions ne manquent pas. Différents systèmes ont été mis en place en Angleterre, au Danemark, aux Pays-Bas ou encore en Suède. Les uns ont opté pour une coche verte, d’autres pour des feux tricolores. D’autres systèmes ont été proposés dans la littérature scientifique.Dans un rapport remis en 2014 au Ministère de la Santé, le Pr Serge Hercberg, président du PNNS 2011-2015, défend l’idée de recourir à une échelle à cinq couleurs (vert, jaune, orange, rose, rouge), aussi appelée système 5-C et qui repose sur le calcul d’un score de qualité nutritionnelle mis au point par la Food Standards Agency (FSA). Cet indicateur tient compte des calories, des quantités de sucres simples, d’acides gras saturés, de sodium, de fibres, de protéines et du pourcentage de fruits et légumes pour 100g de produit, autant d’informations disponibles sur l’étiquetage nutritionnel. Il serait apposé sur la face avant de l’emballage, la plus visible quand les produits sont en rayon.Pour déterminer la couleur attribuée à chaque produit, il faut calculer un score nutritionnel mis au point par la FSA à partir des données disponibles sur l’étiquetage obligatoire et l’interpréter au regard de seuils préalablement définis pour savoir dans quelle cartégorie se range le produit. Est-on réellement en mesure de le faire? La question a d’abord été posée à l’ANSES, qui a tenté d’y répondre dans un long avis technique publié en mars 2015. Sa réponse: oui le calcul est faisable. Il est pertinent pour la plupart des catégories d’aliments mais pour d’autres, comme les fromages, les compotes ou les boissons rafraichissantes sans alcool, quelques adaptations sont nécessaires pour prétendre recourir à ce mode de classement.Le HCSP a lui aussi été sollicité pour y voir plus clair. Plus précisément, pour fixer les seuils permettant d’orienter la population vers des achats alimentaires plus favorables à son équilibre nutritionnel et pour évaluer la pertinence des différents scores nutritionnels utilisés dans le monde, au regard de leur faisabilité et de leur intérêt en termes de santé publique. Ses recommandations, parues en août 2015, vont dans le sens du score à cinq couleurs et insistent sur la nécessité d’élaborer le visuel avec les consommateurs, en particulier les plus éloignés de l’information et de la prévention santé. Et les auteurs de rappeler que l’objectif principal de la mise en place d’un système d’information nutritionnelle synthétique est d’intervenir sur les déterminants de la santé et de souligner leur attachement à ne pas aggraver les inégalités sociales et territoriales.
La réplique – épisode 1
Les enseignes du commerce et de la distribution allaient-elles rester les bras croisés et attendre que d’autres acteurs fixent les règles du jeu? C’eût été surprenant! De fait, à peine les rapports de l’ANSES et du HCSP étaient-ils rendus publics que l’ANIA dénonçait «un dispositif d’étiquetage nutritionnel simpliste reposant uniquement sur un code de couleurs et une approche médicalisée de l’alimentation». Dans la foulée, la FCD annonçait être parvenue à un consensus pour adopter son propre système d’information nutritionnelle basé sur le modèle proposé par l’un de ses membres: un visuel composé de quatre pictogrammes en forme de triangle violet, jaune, bleu et vert, complété d’une indication de fréquence de consommation (1 à 2 fois par semaine, plusieurs fois par semaine, tous les jours).Une proposition qui, aux yeux des sociétés savantes de santé publique et de pédiatrie, ne tient pas la route, tant sur le plan scientifique que de la santé publique. «Il est (…) totalement impossible de fournir, pour les aliments transformés de telle ou telle marque, une précision sur sa fréquence de consommation optimale, qu’elle soit journalière ou hebdomadaire», affirment-elles.Par ailleurs, ce système, omet d’indiquer la catégorie d’aliments dont la qualité nutritionnelle est la plus défavorable pour la santé, à la différence de l’échelle 5-C qui prévoit dans ce cas une pastille rouge. Cette information est pourtant nécessaire pour indiquer clairement qu’il est préférable, dans la même catégorie d’aliments, de choisir celui d’une autre marque dont la composition nutritionnelle est plus satisfaisante; ou encore choisir de manger l’aliment ‘rouge’ plus occasionnellement ou en plus petite quantité. Plusieurs travaux épidémiologiques et d’économie expérimentale soulignent d’ailleurs l’intérêt et l’absence de culpabilisation de la pastille rouge.Enfin les sociétés savantes pointent le risque de défiance des consommateurs vis-à-vis de l’étiquetage si celui-ci émane de l’industrie agro-alimentaire elle-même et si son mode de calcul n’est pas totalement transparent. Alors qu’elles campent sur leur position en faveur du système 5-C, elles s’en expliquent une nouvelle fois: «Un produit appelé de la même façon, par exemple ‘Muesli croustillant au chocolat’ (il en existe 35 sur le marché français) peut avoir des différences de qualité nutritionnelle aisément mises en évidence par le logo à 5 couleurs. La question n’est pas de recommander la fréquence quotidienne du muesli au chocolat ou la fréquence hebdomadaire de la pizza au fromage, mais de permettre au consommateur de voir les différences de qualité nutritionnelle d’une marque à l’autre et ainsi de lui permettre d’orienter ses choix vers des produits qui lui font plaisir mais de meilleure qualité nutritionnelle.»
La réplique – épisode 2
Prenant actes de ces critiques, la FCD a donc revu sa copie et mis au point un nouveau visuel qui ressemble au premier, a le goût du premier mais n’est pas le premier. Celui-ci a même un nom: SENS (Système d’Étiquetage Nutritionnel Simplifié) et ne manque ni d’arguments scientifiques, ni de références internationales.«Le ‘SENS’ est fondé sur le système ‘SAIN, LIM’ développé dès 2008 dans le cadre du groupe de travail de l’AFSSA sur les profils nutritionnels, et ayant fait l’objet de nombreuses publications scientifiques», met en avant la Fédération. «Le système ‘SAIN, LIM’ classe les aliments selon leurs défauts (score LIM) et leurs qualités nutritionnelles (score SAIN). Il a été adapté de manière à s’appuyer sur les valeurs nutritionnelles de référence européennes et est applicable partout en Europe par l’ensemble des opérateurs de manière autonome, quels que soient les produits, et cohérent avec les repères de consommation du PNNS. Ouvert à tous, l’algorithme obtenu permet de valoriser l’intérêt nutritionnel de chaque catégorie d’aliments, tout en conservant une approche transversale car applicable aux différentes catégories d’aliments.»À noter que la pastille rouge, elle, n’y est toujours pas.
Bientôt la fin du bras de fer
On en est là, en plein bras de fer entre la grande distribution d’une part, les autorités de santé, la communauté scientifique et les associations de consommateurs de l’autre. Une étude de l’EREN menée sur un échantillon de 14 230 adultes participant à l’étude NutriNet-Santé et publiée l’été dernier dans la revue Nutrients a certes mis en évidence que le système d’information nutritionnelle 5-C est le plus efficace pour permettre aux consommateurs de reconnaître et comparer la qualité nutritionnelle des aliments y compris dans des populations dites ‘à risque’, telles que les sujets âgés, à bas revenus, de faible niveau d’éducation ou de faible niveau de connaissance en nutrition, telles aussi que les personnes en surpoids ou obèses.Mais c’était avant que la grande distribution ne propose le SENS. À l’heure où nous bouclons cet article (le 29 février 2016), la Loi de Santé vient d’être promulguée. Elle pose le principe d’un étiquetage nutritionnel simplifié. Même en l’absence d’obligation faite aux fabricants et aux distributeurs qui pourront décider en toute légalité de ne pas jouer le jeu, nul doute que cela constitue un grand pas vers la mise en place du dispositif. Le match n’est toutefois pas complétement terminé car c’est un décret d’application attendu en juillet qui précisera le modèle retenu par la Ministre.
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