Le travail est à la fois le meilleur allié et le pire ennemi de la santé. À l’occasion du départ à la retraite du Pr Philippe Mairiaux, l’ULg a organisé en octobre dernier un colloque sur les évolutions de la prévention en milieu professionnel, dont il fut un pionnier.C’est à la fin des années 70 que Philippe Mairiaux, alors jeune médecin généraliste, commence à s’intéresser à la médecine du travail. Sa première recherche portera sur la condition des mineurs dans les charbonnages du Limbourg et les moyens d’améliorer leur tolérance à la chaleur. Il développera ensuite ses recherches au sein de l’ULg, accompagnant, au fil des années, les évolutions du monde du travail et du secteur de la santé.Ses derniers travaux concernent ainsi le développement d’un site internet visant à assurer un meilleur partenariat entre médecins généralistes et médecins du travail. Dans le cadre des nouvelles politiques de maintien dans l’emploi, le médecin du travail, dont le législateur avait décidé en 1965 la complète indépendance par rapport au reste du système de santé, est en effet appelé à travailler en collaboration de plus en plus étroite avec les médecins traitants et les médecins-conseils.Lors de son allocution, le Pr Mairiaux n’a pas manqué de souligner les multiples bouleversements qui ont touché les travailleurs au cours des dernières années, apportant aux chercheurs en prévention des défis sans cesse renouvelés.Le passage d’une économie industrielle traditionnelle à une économie largement numérique a ainsi changé drastiquement la donne: alors que les nuisances physiques (chaleur, bruit, poussières) et/ou les ambiances chimiques toxiques constituaient auparavant les causes majoritaires des maladies professionnelles, les risques psychosociaux ont aujourd’hui largement pris le dessus. Et l’on sait à quel point ils sont complexes à appréhender, tant dans leurs liens avec la vie personnelle et les évolutions sociétales (importance de l’accomplissement individuel, culte de la performance, discontinuité des parcours…) que dans leur dépendance aux modes d’organisation du travail (absence de reconnaissance directe, obligation de résultat, délocalisation, menace du chômage…).
La révolte des corps
Les premiers intervenants – Yves Roquelaure (Université d’Angers) et Patrick Loisel (Université de Toronto) – ont ainsi rappelé que dans les années 70-80, la médecine du travail se résumait en grande partie à une réflexion sur l’ergonomie et les aménagements capables de réduire les risques. Les systèmes de protection physique et technologique visant à prévenir les accidents sont alors au centre de l’attention.Mais au fil du temps, les risques professionnels vont s’élargir à d’autres beaucoup moins palpables (dépression, addictions, douleur chronique…). En matière de prévention, cette évolution imposera donc petit à petit des approches plus participatives, qui impliquent les travailleurs dans l’analyse et la recherche de solutions. C’est ce qu’on a appelé la macro-ergonomie ou l’ergonomie organisationnelle: plus ambitieuse mais bien plus difficile à mettre en place qu’une chaise de bureau adaptée ou un nouvel uniforme de protection…Car il est aujourd’hui incontestable que ce sont les modes d’organisation qui engendrent la plupart des problèmes de santé dans le milieu du travail. Lorsque les salariés d’une entreprise ne peuvent plus faire face aux exigences de productivité, lorsque les défis stimulants font au contraire défaut (bore-out), lorsqu’ils vivent des conflits avec leur hiérarchie, qu’ils ont le sentiment de ne plus disposer des moyens nécessaires pour bien faire leur travail, ou que ce travail, pour toutes ces raisons et d’autres encore, n’a plus de sens à leurs yeux, la ‘souffrance au travail’ finit toujours par s’installer.Ainsi, en Belgique, le nombre de personnes en invalidité a augmenté fortement au cours des dernières années, passant de 257.935 au 31 décembre 2010 à 321.573 au 31 décembre 2014, soit une augmentation de 24,67% en quatre ans.La féminisation du marché du travail et le vieillissement de la population, tout comme le relèvement de l’âge de la pension des femmes (fixé à 65 ans depuis 2009), sont généralement cités comme des facteurs impliqués dans cette croissance, l’incapacité de travail ayant tendance à augmenter avec l’âge.Mais c’est bel et bien la modification du type de pathologies qui permet d’appréhender la réalité de la problématique. Si l’on observe un net recul des invalidités liées aux maladies cardiovasculaires (avec des traitements plus précoces et plus efficaces), on constate parallèlement une augmentation constante du nombre d’invalides souffrant de troubles psychiques et de maladies du système ostéo-articulaire, des muscles et du tissu conjonctif.Car la souffrance au travail ne s’exprime pas systématiquement, comme on le croit parfois encore, sur le mode psychologique. Les fameux TMS (troubles musculo-squelettiques) ou lombalgies, loin d’être le seul résultat d’une mauvaise posture ou de la sédentarité, sont aussi une forme de douleur chronique favorisée par le stress et les conflits intrapsychiques. Confrontés à de nouvelles exigences et contraintes – quand ils ne sont pas tout bonnement sommés de mettre en sourdine leur esprit critique et leurs valeurs –, les travailleurs sous pression développent des symptômes qui sont autant d’expressions socialement plus acceptables de leur souffrance. Certains sociologues et psychologues du travail n’hésitent d’ailleurs pas à interpréter ces symptômes comme une ultime forme de résistance, voire de révolte, à l’heure où l’action collective et notamment syndicale semble en perte de vitesse. Une manière de dire «Stop» quand les conditions d’exercice d’un métier deviennent proprement intolérables.
Le travail: déterminant social de la santé
Lors de son intervention, Annette Leclerc, directrice de recherche émérite à l’INSERM, a tenu à rappeler pour sa part que si le travail nuit parfois à la santé, les personnes sans emploi sont généralement en moins bonne forme que les autres. Elles présentent en effet une morbidité cardio-vasculaire plus élevée et leur espérance de vie est globalement réduite.Mais comme l’a précisé la chercheuse, il est aussi significatif que ces différences en matière de santé soient aussi très marquées au sein même de l’entreprise, entre les travailleurs situés en bas de l’échelle et ceux qui occupent des emplois supérieurs. La célèbre étude de cohorte réalisée dans les ministères de Londres à la fin des années 60 (cohorte de Whitehall) avait ainsi montré que le taux de mortalité, sur une période de 10 ans, s’était avéré quatre fois plus élevé parmi les employés occupant des fonctions subalternes. Des différences qui n’ont malheureusement fait qu’empirer au cours des dernières décennies, en dépit des politiques de protection sociale.Plus édifiant encore: les inégalités sociales continuent de se creuser… en cas d’arrêt de travail. Les salariés fragilisés (faible niveau d’études) pâtissent ainsi plus que les autres de cette mise à l’écart. «La situation sociale se dégrade, on perd les avantages liés au travail comme l’identité, les repères, la reconnaissance sociale, les liens sociaux…», commente Annette Leclerc. De même, un faible niveau d’études favoriserait le retrait définitif du marché du travail en cas de troubles musculo-squelettiques.À l’heure où le gouvernement belge souhaite instaurer dès cette année un trajet de réintégration multidisciplinaire en cas d’absence-maladie de longue durée, cette problématique des inégalités sociales mérite une attention particulière. Car si la sortie définitive du marché du travail est présentée unanimement comme un mal à combattre – elle serait délétère tant pour le système de santé que pour l’entreprise et le travailleur –, aucune approche sérieuse ne pourra faire l’économie de cette question: qu’est-ce qu’un travail supportable pour un individu donné? Peut-être bien celui qu’il est capable de reprendre autrement que sous la pression d’autrui ou le spectre de la pauvreté. Un travail qui ne tue pas donc, mais qui rend plus fort. Et qui contribue à réduire les inégalités au lieu de les creuser.
Le programme «Vive Saludable» promeut une alimentation saine auprès d’adolescents mexicains, dans la petite localité rurale d’Ixtenco
35 % des ados en surpoids
Le Mexique est le pays qui enregistre le plus haut taux d’obésité dans la population adulte, devant les États-Unis. Selon la dernière étude nationale, 35% des adolescents entre 12 et 19 ans y souffrent d’excès pondéral (21,6% de surpoids contre 13,3% d’obésité).
Le diabète de type 2 touche quant à lui une proportion alarmante de jeunes adultes. Si la transition nutritionnelle – passage d’un mode de vie rural à un mode de vie occidental – est souvent invoquée comme un déclencheur d’obésité dans ce pays comme dans d’autres régions en voie de développement, les comportements lors des repas y sont peu étudiés et pris en compte. C’est donc sur ce facteur que s’est en particulier penché le Français Romain Pierlot, doctorant à l’université de Tlaxcala au Mexique et responsable d’un programme de promotion de la santé auprès d’une communauté d’adolescents du centre-est du pays, à Ixtenco, une localité rurale de quelque 6000 habitants.
Lors de son stage au sein de l’APES à l’ULg, Romain Pierlot a par ailleurs pu mettre ce programme en lien avec les différentes initiatives prises autour de la promotion d’une alimentation saine en Fédération Wallonie-Bruxelles ces dernières années. En dépit d’un contexte géographique, politique et culturel très différent, il identifie, çà et là, des pistes de réflexion communes, comme il l’a exposé l’été dernier au cours d’une journée de séminaire à l’ULg.
Le sens du surpoids
Romain Pierlot a élaboré son programme «Vive Saludable» sur le modèle Precede/Proceed de Green & Kreuter, un modèle de planification basé à la fois sur l’épidémiologie, les sciences sociales, les sciences comportementales et les sciences de l’éducation.
En prenant en compte la nature multifactorielle de la problématique, le modèle Precede/Proceed conduit logiquement à préconiser des mesures multidimensionnelles et multisectorielles. Une première enquête sur les associations sémantiques de 60 adolescents autour de mots-clefs comme ‘sain’, ‘soda’ ou ‘diabète’ a permis en particulier d’identifier les savoirs, croyances et lacunes afin d’élaborer les ateliers en fonction des besoins.
Dispensés en collaboration avec des diététiciennes et une étudiante en psychologie, à raison d’une à deux heures hebdomadaires, les ateliers se sont déroulés sur une période de 15 à 17 semaines. «Nous avons d’abord présenté le programme aux parents. Tous les jeunes ayant participé au programme sont des volontaires, avec un très bon taux de suivi du programme», explique Romain Pierlot. L’âge des volontaires – de 14 à 17 ans – est apparu d’autant plus pertinent que beaucoup de jeunes femmes tombent enceintes pour la première fois entre 16 et 20 ans dans cette région. «Ce sont aussi des jeunes qui vont devoir prendre en charge l’alimentation de leur propre famille», a expliqué Romain Pierlot sans toutefois vouloir s’avancer sur la répartition des rôles masculin et féminin dans la gestion des repas. «Il y a un peu plus de filles qui ont participé aux ateliers mais sans différence prononcée», a-t-il simplement observé.
Au cours de ces ateliers souvent ludiques et dispensés en dehors du temps scolaire, les adolescents ont ainsi appris, entre autres choses, à composer un petit déjeuner – «l’idée étant de montrer que c’est possible en 10 à 15 minutes, alors que le manque de temps est souvent invoqué pour expliquer l’absence de repas le matin» – ou encore à déchiffrer les étiquettes.
L’observation de leurs comportements – nourriture prise en position debout ou assise, seul ou en groupe – a permis de constater que les repas pris en solitaire et/ou en s’adonnant à une autre activité (télévision, téléphone, lecture…) incitaient à manger beaucoup plus vite, un facteur qui favorise en général la prise de poids.
Au terme du programme, le chercheur a par ailleurs constaté une évolution des champs sémantiques, avec un renforcement de l’association entre alimentation et santé. Alors qu’au début, les mots ‘obésité’ et ‘soda’ étaient associés au physique avec des mots comme ‘gros’ ou ‘gras’, ils sont, en fin de programme, plus facilement associés à des termes comme ‘maladie’, ‘surpoids’, ou ‘dégâts’.
S’alimenter dans et en dehors de l’école
Romain Pierlot a parallèlement analysé une série d’initiatives prises en Fédération Wallonie-Bruxelles autour de l’alimentation saine afin de ‘nourrir’ son travail, offrant par la même occasion un panorama des programmes en vigueur dans le sud du pays. Il a ainsi rappelé que le Plan de promotion des attitudes saines (PPAS), mis en place en 2005, se base sur un cahier de charges orienté sur l’alimentation saine, bio et durable et permet aux cantines des collectivités (écoles mais aussi centres de vacances, sportifs, d’accueil, de l’aide à la jeunesse…) de faire des appels d’offres. Certaines structures comme les hautes écoles de diététique ont ainsi pu aider les écoles à choisir leurs fournisseurs.
Lors du lancement du PPAS, le label ‘Manger Bouger’ a également été mis en place dans les écoles afin de valoriser la pratique physique, la distribution de fruits ou de potage et/ou de développer les pôles nécessaires à l’obtention du label. Or, si le succès est globalement au rendez-vous pour le maternel et le primaire, il en va autrement des écoles secondaires où l’alimentation apparaît comme une préoccupation mineure face aux problèmes d’absentéisme, de tabac, d’assuétudes ou de harcèlement.
«Dans une école, en Belgique, une année scolaire, ce sont 182 jours maximum, soit environ 140 repas. Dans une année, c’est moins d’un jour sur deux. Donc l’alimentation reste essentiellement un problème de la famille et de milieu socio-économique», a par ailleurs rappelé Romain Pierlot, pointant l’importance de sensibiliser les parents, responsables de l’organisation des repas, à ces thématiques.
Lors de son programme mexicain, le chercheur a ainsi privilégié les occasions – comme la fête municipale d’Ixtenco – de faire connaître «Vive Saludable» aux familles. Du reste, la prise en compte du degré d’autonomie des individus dans leurs choix alimentaires est également apparue comme un élément central. «Au Mexique, les adolescents sont relativement livrés à eux-mêmes en ce qui concerne le choix des repas, notamment à midi, car ils reçoivent en général de l’argent de poche», a-t-il expliqué. Pas de meilleure promotion de l’alimentation saine que celle qui permet à chacun de prendre des décisions en connaissance de causes… multiples (envie, santé, plaisir, budget, partage social, etc.).
Manger, une question de société
Romain Pierlot s’est également penché sur le programme Viasano, né à partir du programme français EPODE (Ensemble Prévenons l’Obésité des Enfants) et actuellement présent dans 20 villes et communes belges. En posant un diagnostic santé de la ville, Viasano permet de mobiliser l’ensemble de la communauté autour d’un projet commun: sécuriser un parc public, installer une fontaine à eau, une piste de skate, etc. Autant de mesures qui encouragent les activités physiques et en extérieur.
«Un article publié en février 2015 par Vinck et collègues suggère que Viasano est prometteur en termes de prévention du surpoids et de l’obésité chez les jeunes puisqu’on constate une légère baisse de ces critères dans les villes concernées», a expliqué le chercheur. Enfin, Romain Pierlot a rappelé l’importance d’un réseau comme IDée qui, en rassemblant les associations locales actives autour de l’environnement et de l’alimentation au sens large (‘Le début des haricots’, ‘Rencontre des continents’, ‘Jeudi Veggie’…), permet de coordonner les actions auprès des publics éducatifs, qui ne savent pas toujours où s’adresser.
À travers ce panel d’initiatives et ce réseau en particulier, on constate que ce sont aussi les enjeux environnementaux, sociaux, énergétiques et culturels associés à la question alimentaire qui refont aujourd’hui surface. Car si la promotion d’une alimentation saine vise la réduction des inégalités sociales, c’est aussi en mettant au jour ces liens complexes entre assiette, santé et société qu’elle doit le faire.
«Au Mexique, il y a clairement une mauvaise image de la nourriture traditionnelle comme le maïs par exemple, alors que c’est en réalité un aliment très sain et très intéressant sur plan nutritif», a ainsi pointé Romain Pierlot. Or, travailler ces croyances dépasse largement les questions d’IMC et de diabète pour mobiliser, à rebours, la question de la transition nutritionnelle.
Nul n’ignore plus que le retour vers des produits naturels, locaux, peu transformés est non seulement une clef pour mieux manger… mais aussi un choix de société. L’étude réalisée à Ixtenco va dans le sens de cette réflexion: s’il est intéressant que le champ sémantique de l’excès de poids et de la malbouffe soit, au terme d’un programme de ce type, associé à la santé plutôt qu’à l’apparence, il est tout aussi utile – et d’autant plus responsabilisant – d’en dévoiler les implications socio-culturelles, économiques, politiques, imaginaires, familiales… Autant de grains distincts dans un même épi d’excellent maïs.
Supernova est une pièce de théâtre montée en 2011 par Céline Delbecq à partir du texte écrit par Catherine Daele. Le spectacle aborde, entre autres, la maltraitance infantile, la négligence parentale, l’homosexualité, l’inceste, le suicide. Il a la particularité d’avoir suscité un long et difficile, mais combien passionnant, questionnement sur la pertinence d’utiliser l’objet artistique comme outil de promotion de la santé. Deux ans après la présentation de Supernova à des élèves de plusieurs écoles liégeoises, le questionnement est toujours là.Lorsqu’elle fut présentée aux Rencontres du Théâtre jeune public de Huy, le 22 août 2011, le moins que l’on puisse dire est que Supernova bouleversa, dans tous les sens du terme, tant les spectateurs que les programmateurs venus acheter des spectacles. Ces derniers reçurent particulièrement mal la pièce tellement elle était chargée de thématiques fortes, difficiles et complexes. À l’inverse, la représentation enchanta le public des adolescents présents, certains allant même jusqu’à parler de coup de cœur.En réalité, la pièce a manifestement eu le pouvoir de provoquer de fortes décharges émotionnelles car elle touche, sans concession aucune, à un sujet hautement délicat, car tabou: l’inceste. Voici ce qu’a écrit, à propos de Supernova, Malvine Cambron, une stagiaire venant de la section Art du spectacle de l’ULg: «L’inceste, la découverte de la sexualité et le suicide y sont traités sans détours sur le mode de la tragédie. La pièce ne cède pas au manichéisme ni aux faux semblants: l’inceste est rendu dans toute son ambiguïté, les balbutiements de la sexualité dans toute leur crudité, la folie dans ce qu’elle a de pire. Il apparaît dans les premières réactions que les adultes préfèrent garder le contrôle, proposer un spectacle sans ambiguïté, d’où le jeune retire un message clair. Supernova ne propose pas de solution prémâchée au problème et les adultes y brillent plutôt par leur absence que par leur sagesse. Et c’est peut-être ce qui dérange.»
L’Aide à la jeunesse donne le coup d’envoi
Véronique Michel, programmatrice jeune public au Centre culturel Les Chiroux, fait partie des personnes qui ont eu un coup de foudre pour la pièce. Raison pour laquelle elle a cherché des confrères programmateurs avec qui réfléchir aux suites qui pourraient être données à la pièce. En vain.Finalement, c’est une rencontre fortuite avec l’administratrice générale de l’Aide à la jeunesse de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Liliane Baudart, qui a donné le coup d’envoi d’un projet pas encore très clair à ce moment-là, mais que les protagonistes avaient manifestement très à cœur de concrétiser. Liliane Baudart a, en effet, vu dans la pièce l’occasion de développer un outil de prévention destiné aux jeunes. Ce qui, du même coup, a eu pour conséquence de créer un lien entre la culture et l’aide à la jeunesse.À partir de là, le Centre culturel Les Chiroux et le Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse (CAAJ) de Liège ont décidé de programmer la pièce Supernova pour les élèves des écoles secondaires (à partir de la troisième année).
Culture et promotion de la santé se rencontrent et se confrontent
Une réflexion sur la collaboration entre le secteur artistique (Luc Dumont du Zététique théâtre), le secteur culturel (Véronique Michel du Centre cultuel Les Chiroux) et les membres de la Plateforme liégeoise de promotion de la santé relationnelle affective et sexuelle avait déjà débuté en juin 2012 autour de la pièce Djibi.com. Elle avait permis d’identifier les enjeux des uns et des autres, les points communs, les différences, les richesses et les limites de la collaboration.Forts de cette expérience, Les Chiroux ont à nouveau fait appel au Centre liégeois de promotion de la santé – qui coordonne la Plateforme liégeoise de promotion de la santé affective, relationnelle et sexuelle – afin de réfléchir à la mise en place d’un processus d’accompagnement pour un nouveau spectacle.D’emblée, les membres de la Plateforme liégeoise de promotion de la santé relationnelle affective et sexuelle se sont interrogés sur la pertinence d’un tel dispositif de prévention autour de Supernova. Si la qualité du texte et la mise en scène ont été saluées par l’ensemble des membres, les questions suivantes furent posées: comment gérer l’émotion que susciterait Supernova? Comment les personnes concernées par l’inceste réagiraient-elles face à la pièce? Comment être sûr que les jeunes aux idées noires ne se sentiraient pas soutenus dans leurs idées suicidaires? Car dans Supernova, tout est sombre. Pas la moindre lumière. Il n’existe pas de tiers pour mettre des limites, pour «mettre fin à ça». La pièce donne le sentiment qu’il n’existe pas d’interdit, chacun étant livré à lui-même.
À situation critique, débat critique
Les membres de la Plateforme ont donc davantage approfondi leur réflexion: cette pièce joue-t-elle encore son rôle de médiateur, de tiers? Permet-elle de prendre la bonne distance dont parle Marlène Alvarez, Coordinatrice de l’équipe d’animation du Centre de planning familial pour jeunes Le SIPS: «L’expérience des plannings montre qu’une animation collective qui aborderait l’inceste et qui viserait le dévoilement peut avoir des effets pervers, être plus nocive que bénéfique et pour le jeune concerné par l’inceste et pour le reste du groupe. On peut bien entendu dire des choses sur l’inceste. Le sujet n’est pas tabou. C’est le fait de le traiter collectivement et via un outil culturel imposé qui mérite toute notre attention».C’est pourquoi les membres de la Plateforme ont souhaité faire appel à deux experts en matière de prévention de la maltraitance.
Kaléidos et Yapaka
Samira Bourhaba, Directice de l’asbl Kaléidos chargée de la prise en charge des situations d’abus sexuels intrafamiliaux sous mandat des autorités de l’Aide à la jeunesse a estimé que la pièce pouvait être perçue comme une opportunité pour les victimes d’abus sexuels. Car elle pouvait représenter une première porte qui s’ouvre et laisser entrevoir qu’ils ne sont pas seuls à vivre ça. Sachant que les victimes finissent par penser que ce qui leur arrive est normal, les réactions des jeunes spectateurs pourraient provoquer un choc salutaire.De son côté, Vincent Magos, Directeur de la cellule Coordination de l’aide aux enfants victimes de maltraitance, a considéré que l’intention artistique était très éloignée de l’intention pédagogique. Cette intention pédagogique devait donc être questionnée. Car pour lui, l’objet artistique ne peut pas être retiré de la relation dans laquelle il prend sa place. Aussi, quels étaient les buts des partenaires? Quels objectifs visaient les écoles qui viendraient voir Supernova? Car aux yeux de Vincent Magos, ce qui fait prévention, c’est de mettre du sens, de penser la pièce et le processus avec les écoles. Si ce travail sur les intentions n’est pas fait avec les écoles, on prend un public captif en otage.
Un groupe de travail intersectoriel
En parallèle à ce travail de fond mené au sein de la Plateforme liégeoise de promotion de la santé relationnelle affective et sexuelle, un groupe de travail réunissant des professionnels de la promotion de la santé affective, relationnelle et sexuelle, de l’aide à la jeunesse et des acteurs culturels s’est constitué sous la direction de l’ex-Secrétaire du Conseil d’arrondissement de l’Aide à la jeunesse (CAAJ), Pedro Vega-Egusquizaga. Au total, douze partenaires se sont alliés pour travailler ensemble. De nombreuses réunions ont été nécessaires pour examiner, confronter les réticences et les craintes des divers associés concernant la réception d’un tel spectacle par les jeunes et la façon de débattre en groupe de l’inceste.Un temps de préparation important (lecture du texte, visionnement du spectacle avec les enseignants et les porteurs du projet, débats…) fut nécessaire.
La moitié des partenaires sont partis
Suite aux débats, les membres de la Plateforme ont adopté des positions différentes. La plupart ont mis fin à leur collaboration pensant que les objectifs poursuivis n’étaient pas suffisamment travaillés («Que veut-on faire de la pièce?»). Du côté du groupe de travail intersectoriel, des objectifs communs n’ont pas été déterminés, les attentes des écoles n’ont pas été questionnées alors qu’elles sont la base de toute démarche de promotion de la santé, comme le rappelait Vincent Magos.Les représentations de la pièce étant programmées dans le cadre du projet de prévention du CAAJ, le CLPS et trois centres de planning familial ‘Infor Famille’, ‘Le 37’ et ‘Estelle Mazy’ ont souhaité poursuivre le projet. Il leur semblait que si une animation en lien avec la pièce ne paraissait pas opportune, il était tout aussi dangereux de laisser les jeunes repartir chez eux, seuls avec leurs questions, leurs doutes, leur mal-être. Si l’adulte ne prend pas ses responsabilités dans la pièce de théâtre, il fallait, à leur sens, qu’il les prenne dans la réalité. Il leur paraissait donc incontournable de prendre le temps d’échanger avec les jeunes, de tempérer les émotions, de les faire réfléchir. Il était également important de les informer sur l’existence de services où ces questions peuvent être traitées individuellement dans le secret professionnel.Ces partenaires se sont à nouveau mis autour de la table. Ils sont arrivés à un consensus et ont défini un processus d’accompagnement du spectacle:
informer sur l’existence de services ressources;
permettre l’échange entre les jeunes, les acteurs, l’auteure et les services ressources pour mettre des mots sur l’émotion et prendre de la distance;
répondre aux éventuelles questions des jeunes qui portent sur le contenu.
Le cap des représentations de la pièce
La collaboration a donné naissance à l’organisation d’une représentation à l’attention des équipes éducatives scolaires et extra-scolaires (AMO, Maisons de jeunes, etc.) suivie d’un temps d’échange. Elle a également débouché sur la programmation de six représentations à l’attention des jeunes pour les écoles et pour le tout public. Enfin, des animations post-représentation étaient également proposées: débat après spectacle, atelier d’écriture et/ou animation en classe.Une représentation à l’attention des équipes éducatives scolaires et extra-scolairesPour le CLPS, l’organisation d’un temps de rencontre formel entre les professionnels engagés dans le projet et les enseignants est un préalable indispensable dans une démarche de promotion de la santé. Ceci dans l’objectif de découvrir la pièce avant les jeunes et de prendre le temps d’en parler.Cette avant-première destinée aux seuls professionnels leur permet de prendre le temps de s’interroger sur le sens d’emmener des jeunes au théâtre, de s’interroger sur les représentations mentales que chacun a de la culture, de l’art, de l’éducation, de l’Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), mais aussi de prendre conscience du rôle que chacun peut avoir en matière d’EVRAS et d’éventuellement établir des collaborations.
Six représentations à l’attention des jeunes
Au total, 6 représentations ont eu lieu à Liège, Seraing et Soumagne, et ont touché environ 900 jeunes fréquentant des classes de troisième et sixième secondaire, de futurs éducateurs et assistants sociaux.Chaque représentation a fait l’objet d’un encadrement approprié des élèves:
préparation en amont dans certaines classes en fonction des demandes;
introduction du spectacle par le délégué liégeois de l’Aide à la jeunesse;
débat après le spectacle avec les artistes, un centre de planning familial et des représentants du secteur associatif, entre autres dans le but que les élèves puissent contacter l’une ou l’autre association, après coup, si nécessaire.
Le débordement émotionnel était une des plus grandes frayeurs des professionnels réticents à l’encadrement de la pièce car il est très délicat de traiter les émotions en grands groupes. Toute la difficulté était de sortir de l’immense émotion suscitée par la pièce. Afin de canaliser le flux émotionnel, des émoticônes ont été utilisées (tristesse, colère, rire ou indifférence) pour se faire une idée de l’état émotionnel des jeunes spectateurs et les aider à qualifier la pièce.Il revenait ensuite aux professionnels d’être capables d’entendre cette émotion délivrée en l’enrobant d’une reformulation en terme de ‘sens’ suffisamment étayante pour que l’émotion ainsi dévoilée ne se transforme pas en hémorragie émotionnelle impudique.
Ce qu’ils en ont pensé et dit
Parmi les réactions des élèves, l’importance de briser les tabous et d’oser parler de sujets difficiles avec beaucoup de justesse – comme la pièce le fait – a été soulignée plus d’une fois. La pièce a été unanimement décrite comme forte, choquante, violente, dérangeante. Elle a provoqué malaise, tristesse, parfois un trop plein d’émotions. Les jeunes ont souligné la force de la scène, force qu’ils ne retrouvent pas à la TV (on peut zapper) ou au cinéma qui rend moins que le théâtre cette impression de réalité.Les jeunes ont posé de nombreuses questions. Ils voulaient comprendre, donner du sens, mettre des mots sur la confusion, sur la mécanique de la pièce. Même, lorsqu’en apparence, les questions concernaient le jeu ou l’écriture, elles étaient en réalité liées au contenu. Dans un tel contexte, il s’avérait donc difficile de travailler uniquement les intentions artistiques.
L’objet artistique, ami de l’inconscient
Alors, peut-on, doit-on utiliser l’objet artistique comme outil de prévention? Comme cela a été dit au début de cet article, la question est restée entière, mais au cours des réflexions sur l’encadrement, il a été unanimement accepté qu’une pièce de théâtre dans son écriture ne doit pas avoir une intention pédagogique. Tout comme la créativité de l’auteur ne doit pas être bridée par une quelconque intention pédagogique. Une création artistique réalisée dans ce sens risquerait d’être un flop. L’objet artistique doit nous toucher à un autre niveau que pédagogique. Il se doit de nous toucher à un niveau inconscient, sans quoi le public sent que l’on essaie de le manipuler et de le séduire.Une fois l’œuvre réalisée, le pédagogue peut s’en servir dans une visée pédagogique, pour peu que ses intentions, ses objectifs et son public soient clairement définis.Combien de films, de livres ou de pièces de théâtre ne sont pas utilisés comme support à un cours ou une animation car mieux qu’une leçon théorique, ils permettent de faire comprendre à l’auditoire les subtilités d’un sujet sensible qui tourne autour de l’humain. Si les œuvres d’art nous parlent, c’est parce qu’elles parlent à notre inconscient et pas à notre raison. Elles nous permettent de sentir des choses qui se disent difficilement dans un discours rationnel.
Pour le CLPS
Ce projet est une illustration des difficultés et de la richesse du développement de démarches de promotion de la santé sur le terrain. Il aurait été plus aisé de travailler chacun dans son coin mais, ici, la volonté a été de se mettre tous autour de la table. Elise Malevé, du CLPS: «Nous avons tenté de comprendre les visions, les enjeux, les valeurs différentes de chacun. Nous avons pris le temps de confronter nos idées et nos doutes afin de parvenir à se construire un langage et des objectifs communs, étape indispensable pour réaliser un projet solide dans le respect des uns et des autres.Dans un projet comme celui-ci, personne ne détient à lui seul la vérité. Plutôt que de diaboliser les positions des uns et des autres, nous les avons écoutées et tenté de co-construire une démarche qui ait du sens.Il faut accepter que cela prenne du temps et reconnaître que le processus est tout aussi important que le résultat.»
Synopsis de Supernova
Parce que leur père a souvent besoin de la maison et qu’il ne leur porte une certaine attention que la nuit, Rachel et son frère Brésil ont adopté un terrain vague pour territoire où chacun à sa manière s’est construit un univers à sa mesure. C’est là, sur ce terrain, que Mathilde aime rejoindre Rachel pour qui elle éprouve une attirance particulière.Mais un avis met le trio d’adolescents en alerte: on annonce un projet de construction qui les privera de leur terrain de jeu et de vie. Avec les moyens du bord, ils vont tenter d’empêcher cette intrusion des adultes dans leur monde.Cette pièce dépasse le clivage du bien et du mal pour explorer les arcanes d’une adolescence orpheline des repères qui pourraient lui permettre de se construire. Le spectacle se termine mal: deux personnages meurent, seul le troisième vit.
Sources
Synthèse du projet Supernova, du Centre liégeois de promotion de la santé (CLPS).
Rapport rédigé par Malvine Cambron, stagiaire venant de la section Art du spectacle à l’ULg.
Le texte de Catherine Daele a été texte lauréat des prix metteurs en scène belges et étrangers 2010. Il a également été parmi les 10 finalistes du prix SACD 2012.
Partenaires du projet: le Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse de Liège (CAAJ), le Centre culturel de Liège ‘Les Chiroux’, la section de Prévention générale du Service d’Aide à la jeunesse de Liège (SAJ), les services d’Aide en Milieux Ouverts (AMO), le centre des méthodes de la Province de Liège, le Centre liégeois de promotion de la santé (CLPS), les plannings familiaux ‘Infor Famille’, ‘Estelle Mazy’ et ‘Le 37’, l’asbl Kaléidos, le Plan de cohésion sociale de la ville de Seraing (PCS) et l’asbl Panache Seraing.
En favorisant la publicité pour l’alcool, le vote des parlementaires français a privilégié l’économie aux dépens de la santé publique.Le coût social de l’alcool et du tabac représente le montant (valorisé monétairement selon une méthode classique) des pertes en vies humaines ou en qualité de vie, des pertes de production, des dépenses de santé, diminué des recettes provenant des taxes et du montant des retraites ‘économisées’.Selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, ce coût social serait voisin en France d’environ 120 milliards d’euros par an pour l’alcool, et autant pour le tabac, des montants très supérieurs au coût social des drogues illicites (environ 9 milliards).Les années de vie perdues et les pertes de qualité de vie représentent une part prépondérante de ce coût. En 2010, les années de vies perdues sont de 17 années par personne concernée pour l’alcool (810.000 années au total en France), de 9 pour le tabac (690.000 années au total) et de 18 pour les drogues illicites (43.000 années au total).Les taxes sur le tabac et l’alcool et les économies engendrées par les retraites non versées, ne compenseraient pas, selon ces calculs, le coût des soins induits, les taxes couvrant seulement 37% des coûts des soins liés à l’alcool et 40% pour le tabac.Quelles que soient les limites de ce type de calcul, notamment sur la valorisation monétaire de la vie humaine, cette étude a le mérite de montrer que les drogues qui sont le plus combattues par la collectivité ne sont pas forcément les plus coûteuses en vies humaines.À méditer, notamment par les responsables politiques qui défendent sans relâche le lobby de l’alcool. Les députés et sénateurs qui ont voté massivement un affaiblissement de la loi Evin qui lutte contre l’alcoolisme, avaient sans doute d’autres chiffres en tête que celui des pertes de vies humaines.
Ce jugement vaut aussi pour notre pays, le lobby de l’alcool ayant fait jouer ses relais politiques pour faire échouer un ambitieux Plan alcool 2014-2018. Voir l’article deThierry Goorden, ‘Pourquoi le plan alcool est tombé à l’eau’, Éducation Santé n° 299, avril 2014.
Près de 10% des adultes en Belgique consomment l’alcool d’une manière que l’on qualifie de problématique. Mais parmi eux, seulement un sur douze cherche ou reçoit de l’aide, et encore, souvent après plusieurs années. À la demande du SPF Santé publique, le Centre fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a analysé les raisons de cet écart et recommande plusieurs mesures pour faciliter la demande d’aide.Des raisons à la difficulté à trouver de l’aide ont été identifiées à différents niveaux: la société dans son ensemble, l’organisation/les prestataires de soins et la personne concernée elle-même. Comme ces facteurs interagissent les uns avec les autres, il serait plus efficace d’agir sur ces trois niveaux en même temps. Les mesures préconisées comprennent entre autres un ‘Plan alcool’ extensif, une meilleure formation des prestataires de soins, et davantage d’information du public au sujet de la consommation (problématique) d’alcool.
10% des Belges ont une consommation d’alcool problématique
La période des fêtes de fin d’année est propice aux commentaires des médias sur la consommation d’alcool, et on sait qu’elle est élevée chez nous. Selon l’enquête de santé de l’Institut scientifique de Santé publique (ISP), un Belge sur dix (de plus de 15 ans) consomme de l’alcool de manière problématique.Mais qu’entend-on par consommation problématique? Les définitions sont variables, mais retenons celle de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui décrète qu’au-delà de 14 verres standard par semaine pour les femmes et 21 pour les hommes, on est dans une consommation excessive. Il est également important de préciser qu’avec une telle consommation, on n’est pas (encore) nécessairement dans la dépendance, mais dans une situation à risques accrus de problèmes de santé, d’accidents, de conflits relationnels ou de soucis professionnels. Sans oublier le prix social, économique et humain de la consommation problématique d’alcool.
Une personne sur douze cherche ou reçoit de l’aide, en moyenne après 18 ans de consommation
Il apparaît que seulement une personne sur douze ayant une consommation problématique d’alcool cherche à se faire aider par un professionnel – et cela après avoir attendu en moyenne 18 ans. Beaucoup tentent d’abord de résoudre leur problème seuls et y réussissent parfois. Les autres ne cherchent ou ne trouvent le chemin de l’aide que fort tard, voire jamais, ou ne se voient pas proposer une aide appropriée.Pourtant, certaines interventions ont déjà largement prouvé leur utilité, comme l’entretien motivationnel, l’accompagnement psychologique, les groupes d’entraide et certains traitements médicamenteux. Le but ultime n’est pas nécessairement d’aboutir à un arrêt total de l’alcool; il suffit souvent que la personne diminue sa consommation.
Agir à 3 niveaux: la société, l’organisation/les prestataires de soins, les personnes concernées elles-mêmes et leur entourage
Il existe plusieurs explications au fait que la personne qui a une consommation problématique d’alcool ne demande, ne trouve ou ne reçoit pas d’aide. Différents facteurs interviennent et interagissent: au niveau de la société dans son ensemble, de l’organisation/des prestataires de soins, et de la personne concernée elle-même.Au niveau de la société, on soulignera à quel point la consommation d’alcool fait partie de notre vie quotidienne. Par conséquent, une consommation problématique n’est souvent reconnue comme telle que très tard, voire pas du tout. En revanche, une fois que le problème devient gênant pour un individu et/ou son entourage, notre tolérance diminue: nous avons alors tendance à penser qu’il est seul responsable et qu’il n’a qu’à s’en sortir tout seul. Ce qui suscite chez l’intéressé de la honte et un déni qui peut se prolonger longtemps.Pour changer cette mentalité ambiguë, à la fois indulgente et stigmatisante, c’est la société dans son ensemble qui doit évoluer. Toutes les parties concernées – décideurs politiques, organisations et prestataires de soins, associations de patients – doivent élaborer ensemble un ‘Plan alcool’. Celui-ci devrait notamment comporter des campagnes d’information ainsi qu’une réglementation plus stricte de la publicité et de la vente d’alcool. Un tel ‘Plan alcool’ avait déjà été proposé il y a trois ans par la précédente ministre de la santé publique, mais il n’avait pas reçu le soutien politique nécessaire. Un nouveau plan serait actuellement en cours de développement; les enseignements de la présente étude pourront certainement y apporter leur contribution.Toute personne présentant une consommation problématique doit se voir proposer une prise en charge appropriée. Or beaucoup de prestataires de soins sont d’avis qu’il est difficile de reconnaître ce problème, de l’aborder avec le patient et de proposer l’aide nécessaire. C’est pour cette raison que la formation des professionnels de la santé doit y accorder davantage d’intérêt et veiller à développer les compétences communicationnelles nécessaires.La consommation problématique d’alcool doit être comprise et abordée comme un problème de santé qu’il est possible de soigner, et il est souhaitable que les prestataires de soins adoptent avec ces patients une attitude empathique et sans jugement. On sait par ailleurs que répéter régulièrement la question de la consommation d’alcool et proposer une intervention brève quand c’est nécessaire sont des démarches qui ont prouvé leur efficacité pour faire baisser la consommation. C’est le médecin généraliste qui est l’intervenant le plus logique mais il y en a d’autres, comme le gynécologue qui peut s’y intéresser à l’occasion d’une grossesse, par exemple.Certaines améliorations au niveau de l’organisation des soins peuvent également jouer un rôle facilitateur pour augmenter le recours à l’aide. Il faut notamment élargir l’offre tant en première ligne (médecins généralistes, psychologues, etc.) que dans les hôpitaux généraux et psychiatriques, avec un financement correct et une bonne collaboration entre les différents niveaux de soins. De cette manière, les intervenants enverront plus facilement les patients vers une aide spécialisée et les temps d’attente seront plus courts.Enfin, on peut agir au niveau des personnes ayant une consommation problématique elles-mêmes. Elles ont souvent tendance à nier le problème, à éprouver de la honte, à penser qu’elles n’ont pas le temps ou l’argent pour un traitement, ou encore à se convaincre qu’elles peuvent s’en tirer toutes seules.Souvent aussi, ces personnes doutent de l’efficacité des traitements et craignent de perdre leurs contacts sociaux si elles arrêtent ou diminuent leur consommation. Pour cette raison, il faut faire largement savoir à qui l’on peut s’adresser pour poser des questions et demander de l’aide en ce qui concerne la consommation d’alcool. Les sites web qui proposent de l’information et des dépistages en ligne doivent être soutenus, et il faut mieux faire connaître les groupes d’entraide.La famille et l’entourage proche peuvent jouer un rôle crucial auprès des personnes ayant une consommation d’alcool problématique. Ils doivent recevoir le soutien nécessaire, notamment sous forme d’informations au sujet des prises en charges possibles et du rôle qu’ils peuvent y jouer, au sujet des possibilités de thérapie familiale, etc.
Une approche synergique est cruciale
Étant donné que les facteurs responsables du recours tardif à l’aide, ou de l’absence de recours, sont étroitement imbriqués, l’approche du problème doit se faire selon une stratégie globale et en combinant des mesures à différents niveaux. Ce qui ne doit pas empêcher chacun, à son propre niveau, de se mettre sans tarder à l’ouvrage.
Les personnes en séjour irrégulier, encore couramment appelées ‘sans-papiers’, sont des personnes qui ne disposent pas d’un titre de séjour les autorisant à résider sur le territoire de notre pays. La Belgique, en accord avec les traités internationaux qu’elle a ratifiés, leur accorde l’accès aux soins de santé, via une ‘Aide Médicale Urgente’ (AMU). Toutefois, les procédures à suivre pour obtenir cette AMU sont complexes et variables; elles occasionnent pour les CPAS un coûteux travail administratif, parfois inutilement répétitif.Le KCE propose une réforme qui vise à simplifier et harmoniser les procédures administratives d’une part, à rationaliser l’organisation et le suivi des pratiques de soins et à monitorer les coûts d’autre part.
Sans papiers, mais pas sans droits
Les personnes en séjour irrégulier, encore couramment appelées ‘sans-papiers’, sont des personnes qui ne disposent pas d’un titre de séjour les autorisant à résider en Belgique. Il est important de les distinguer des demandeurs d’asile et des réfugiés, qui disposent d’un titre de séjour (temporaire ou définitif).Les personnes en séjour irrégulier ont le droit de bénéficier de soins de santé, car il s’agit d’un droit fondamental de tout être humain. La Belgique a d’ailleurs ratifié, depuis une trentaine d’années, plusieurs traités internationaux en ce sens. L’accès de ces personnes aux soins de santé est donc organisé depuis bien plus longtemps que l’actuelle crise migratoire.
Complexité administrative
Toutefois, les procédures pour y avoir accès sont complexes. C’est ce qui ressort d’une réflexion approfondie menée par l’INAMI en 2014, à l’occasion de ses 50 ans, en collaboration avec Médecins du Monde et plus de 300 acteurs de la santé et du social.C’est dans le cadre de cette réflexion que le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a été chargé d’analyser en profondeur les mécanismes d’accès actuels et de proposer des pistes viables pour le futur.
Aide médicale urgente
Les personnes en séjour irrégulier en Belgique ne sont pas affiliables à une mutualité. Elles peuvent cependant s’adresser au Centre public d’action sociale (CPAS) de leur commune pour obtenir l’accès aux soins. Le CPAS mène alors une enquête sur leur état de besoin (enquête sociale) et décide d’accorder ou non l’autorisation d’aide médicale urgente (AMU). Contrairement à ce que son nom laisse entendre, l’AMU peut inclure des soins de santé préventifs et curatifs, y compris pour des maladies chroniques.
Combien de personnes sont concernées?
On estime que les personnes en séjour irrégulier seraient entre 85.000 et 160.000, soit 0,8% à 1,4% de la population générale. Seulement 10 à 20% d’entre elles ont eu recours à l’AMU en 2013, soit 17.600 personnes. Ce nombre global est resté stable depuis 2011, après une forte diminution les années précédentes: leur nombre était encore de 22.478 en 2006. Toutefois, étant donné la crise migratoire actuelle, on observera vraisemblablement une augmentation de leur nombre dans les chiffres de 2014 et 2015.Les coûts de l’AMU sont pris en charge par l’État. En 2013, cette aide médicale a coûté 44,6 millions d’euros. Cela représente moins de 0,2% du coût des soins de santé.
Une analyse de terrain
Le KCE a consulté un large panel d’acteurs du terrain ainsi que des personnes en séjour irrégulier pour dégager les points forts et les points faibles de ce système. Conclusion: les procédures en vigueur pour accéder à l’AMU ont le mérite d’exister, mais elles sont appliquées de façon très variable d’un CPAS à l’autre, avec entre 2% et 26% de refus, ce qui se traduit par un accès inégal aux soins. Par ailleurs, les soins couverts dans le cadre de l’AMU varient aussi d’un CPAS à l’autre.Tant les personnes en séjour irrégulier que les prestataires de soins manquent d’informations sur ce que recouvre exactement l’AMU et sur les procédures administratives qui doivent être suivies pour l’obtenir. Des deux côtés, on affirme avoir dû «apprendre sur le tas», ce qui s’est accompagné de son lot de stress, de malentendus, et surtout de retards dans les soins. Enfin, les données relatives à l’AMU ne sont pas centralisées, ce qui rend le monitoring des pratiques de soins et des coûts malaisé pour les autorités publiques.
Harmonisation et simplification
Le KCE propose une réforme qui devrait permettre de trouver un nouveau point d’équilibre entre le respect du droit à accéder aux soins de santé et une utilisation rationnelle des ressources publiques. La réforme proposée suit deux lignes directrices: simplifier et harmoniser les procédures administratives d’une part, rationaliser l’organisation et le suivi des pratiques de soins et monitorer les coûts d’autre part.Concrètement, cette réforme consiste:
à faciliter et à clarifier les démarches des demandeurs;
à recentrer le rôle des CPAS sur les aspects sociaux (leur domaine d’expertise);
à déplacer la responsabilité des décisions médicales vers les médecins (qui doivent ouvrir un dossier médical informatisé pour ces patients);
à harmoniser la couverture des soins accordés en la calquant sur celle déjà accordée par la loi aux demandeurs d’asile;
à renforcer l’informatisation des flux d’informations entre les prestataires de soins, les CPAS et les services de l’Intégration sociale;
à améliorer la communication entre tous les intervenants;
et enfin à assurer un monitoring centralisé des pratiques de soins et des coûts.
La mise en œuvre de cette réforme nécessitera une concertation entre toutes les institutions impliquées: les services de l’Intégration sociale et de la Santé publique, l’INAMI, la Caisse Auxiliaire d’Assurance Maladie-Invalidité (CAAMI) et l’Union des Villes et des Communes.
—- Suite aux événements de ce jour à Bruxelles, cette rencontre est annulée. Merci de votre compréhension. La rédaction —-
Depuis plusieurs années, Question Santé, Éducation Santé et le FARES ont pris la bonne habitude d’inviter en Belgique les auteurs d’ouvrages francophones récents en matière de promotion de la santé et de santé publique.En octobre 2013, le public a répondu avec enthousiasme à leur invitation pour une journée de séminaire-conférence-débat avec Alain Douiller, auteur de l’excellent ouvrage ’25 techniques d’animation pour promouvoir la santé’. Cette année, les trois organisations ont le plaisir de vous proposer une journée de réflexion et d’échanges sur le même canevas, en présence d’Éric Le Grand, sociologue et consultant en promotion de la santé travaillant en France.
Un atelier d’échange de pratiques le matin
En première partie de journée (10h-12h30), Question Santé vous propose un atelier autour de la place de l’approche par les pairs dans la promotion de la santé des jeunes. Celle-ci se trouve au croisement de l’éducation permanente, de la promotion de la santé et des finalités visées par les organisations de jeunesse. Ces trois domaines d’activités partagent-ils la même vision de l’approche par les pairs? Quels sont ses enjeux? En quoi ces questions interrogent-elles nos pratiques? Notre invité Éric Le Grand nous proposera un regard en miroir de son expérience dans son pays et de sa réflexion théorique.Inscription gratuite et indispensable à: info@questionsante.org, avant le 1er mars 2016. Nombre de participants limité à 20. Une réflexion préalable sera demandée aux participants.
Une conférence l’après-midi
L’après-midi (14h–16h, accueil à partir de 13h30), Éric Le Grand nous fera le plaisir de nous entretenir de ‘L’éducation pour la santé par les pairs: un enjeu pour la participation des jeunes!’
Détails pratiques
Date: 24 mars 2016Lieu: FARES, rue de la Concorde 56, 1050 BruxellesMatin – séminaire animé par Question Santé de 10 à 12h30Après-midi – conférence d’Éric Le Grand de 14 à 16hInscriptions à info@questionsante.org avant le 1er mars 2016.
Aujourd’hui en France, l’éducation pour la santé par les pairs est souvent citée tant par les pouvoirs publics que par les jeunes eux-mêmes, comme une stratégie de prévention nécessaire pour promouvoir efficacement la santé. Malgré cette volonté affichée et si de nombreuses expérimentations ont pu se dérouler, son développement reste encore à ce jour assez faible.Après avoir donné une définition de l’éducation pour la santé par les pairs, notre conférencier s’intéressera aux enjeux liés à l’éducation pour la santé par les pairs. En effet, son développement ré-interroge la question de la participation des jeunes et de leur reconnaissance en tant qu’acteur et auteur de leur santé, le positionnement des professionnels quant à l’accompagnement de programme de ‘peer-education’ et les politiques publiques, dans leur volonté ou non de concevoir le jeune comme une ressource pour la société et non comme un risque.Inscription gratuite et indispensable à: info@questionsante.org, avant le 1er mars 2016. Nombre de places limité, ne tardez pas à vous inscrire!Veuillez noter qu’il est possible de s’inscrire aux deux activités ou à seulement une des deux parties de la journée. Merci de le spécifier à l’inscription.
Notre invité Éric Le Grand
Après avoir travaillé entre 1998 et 2004 dans un Comité Départemental d’Education pour la Santé (Codes) et puis à l’INPES, Éric Le Grand, sociologue, est devenu consultant en promotion de la santé. Menant plus particulièrement des études, évaluations et formations sur la santé des jeunes, les publics en situation de précarité et les inégalités sociales de santé, il axe plus notamment ses travaux sur les questions du développement de l’éducation pour la santé par les pairs (peer-education). Il est aussi membre de la Chaire de Recherche sur la Jeunesse (EHESP), du comité de rédaction de la revue ‘La santé en action’ (anciennement ‘La Santé de l’homme’) et du conseil scientifique des Francas (Mouvement d’éducation populaire).Quelques publications :
Chapitre: Éducation pour la santé par les pairs et alcool , pp 187-197, ouvrage Boire: une affaire de sexe et d’âge, sous la direction de Marie Laure Déroff, Thierry Fillault, Presses de l’EHESP, 2015, 207 pages.
Sous la direction d’Éric Le Grand et Yaelle Amsellem-Mainguy (INJEP): Éducation pour la santé des jeunes: la prévention par les pairs, Cahiers de l’action, n°43, décembre 2014.
Chapitre: Jeunes, acteurs de leur santé, une injonction à l’autonomie? pp 71-86, ouvrage Usages et pratiques de l’autonomie. Décoder pour agir. Sous la direction de Patricia Loncle, L’Harmattan, 2014, 189 pages.
‘Spiritualité et santé: plus l’incertitude de l’avenir est grande…’ Éducation Santé, mars 2013, n° 287, pp7-9.
Coordination n° 421 de La Santé de l’homme: Les jeunes et l’éducation pour la santé par les pairs, septembre-octobre 2012.
‘Quand la santé des jeunes m’était contée!’ La jeunesse dans la revue La Santé de l’homme, agora débats/jeunesse, pp 61-73, 2010.
Chapitre: L’estime de soi: un enjeu éducatif et social, pp 93-100, ouvrage Éducation populaire, enjeu démocratique. Défis et perspectives, sous la direction d’Albert Restoin, L’Harmattan, 2008,160 p.
Nous avions démarré, en partenariat avec l’APES ULg, avec le regretté Bernard Goudet, auteur de ‘Développer des pratiques communautaires’ chez Chronique sociale.
Elle y croit dur comme fer, Julie Poissant, intervenante du module «Réduire les inégalités sociales de santé: comprendre pour mieux intervenir» lors de la 12e Université d’été francophone en santé publique de Besançon: c’est en agissant dès le plus jeune âge qu’on pose les bases d’un parcours de vie en santé. À condition de promouvoir autant la prévention universelle que les interventions ciblées. Vous avez dit ‘universalisme proportionné’?Dans notre champ professionnel comme dans d’autres, il y a des expressions qui tout d’un coup font florès. L’universalisme proportionné est de celles-là. Il faut dire que son caractère abscons présente au moins deux avantages: ceux qui l’utilisent se sentent appartenir à une élite intellectuelle supérieurement informée et ceux qui la découvrent peuvent légitimement se moquer de sa tournure alambiquée… Et cependant, au-delà de ce premier abord peu sympathique, que de trésors dans cette expression pour la santé publique! Surtout lorsqu’on se préoccupe des inégalités sociales et de santé…Il est des constats qui font mal, mais qu’il faut avoir le courage de regarder en face. Selon un récent rapport de l’Unicef sur «les privations et la pauvreté relative des enfants dans l’ensemble des pays les plus riches», on observe dans tous ces pays une aggravation de la situation depuis la survenue de la grande crise économique de 2008. En France, par exemple, trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté (soit un sur cinq) dont 440 000 ont basculé dans cette catégorie depuis l’entrée en récession de la France.Sur le plan de la santé publique, cela veut dire notamment qu’une proportion grandissante d’enfants naissent et passent les premières années de leur vie dans des environnements où ils sont confrontés à un stress ayant un impact terrible sur leur développement. Ce stress est généré par l’extrême pauvreté et ses conséquences, la sous-stimulation, la souffrance psychique ou les contextes de violence, d’abus, de négligence… Or, pendant la gestation et au cours des deux premières années de la vie, le cerveau subit un intense processus de maturation qui le rend très vulnérable aux influences, positives ou négatives, des environnements.La période qui va de la conception jusqu’à l’âge de huit ans est fondamentale en termes de construction de toutes les aptitudes de vie et des bases d’une vie en santé. Les conditions de vie défavorables imposées aux enfants par l’extrême pauvreté mettent en péril ces processus de maturation et de construction, et relèvent d’une immense injustice: à ces âges précoces, en effet, les enfants dépendent entièrement ou très majoritairement de leur environnement; il ne saurait être question de choix individuel. Les mesures à prendre pour restituer à ces enfants une partie des chances perdues par les seules conditions de leur naissance se trouvent donc exclusivement dans le champ social et politique.
À chacun selon ses besoins
L’universalisme proportionné, fondé sur le principe «à chacun selon ses besoins», vise d’abord à répondre à cet enjeu-là. Dans le cadre de la contrainte de plus en plus forte imposée aux financements publics, il est impératif que les populations en situation d’extrême pauvreté, dont la santé est la plus menacée, bénéficient d’un apport maximal de ressources et de services. Il est également essentiel de travailler sur les obstacles qui empêchent ces populations de recourir aux services auxquels elles ont théoriquement accès: absence de moyen de transport, horaires inadaptés, mais aussi problème de langue ou peur d’être mal jugé. Ces obstacles peuvent faire que ceux qui ont le plus besoin des services sont en réalité ceux qui y ont le moins accès… Un paradoxe insupportable pour les familles, mais aussi pour les intervenants.Cependant, agir uniquement au bénéfice de ces publics en très grande difficulté ne permet pas de réduire les inégalités de santé qui se répartissent dans toute la population selon un gradient social: «Ceux qui sont au sommet de la pyramide sociale jouissent d’une meilleure santé que ceux qui sont directement en-dessous d’eux, qui eux-mêmes sont en meilleure santé que ceux qui sont juste en-dessous et ainsi de suite jusqu’aux plus bas échelons» (Rapport Black).L’existence de ce gradient fait que les interventions uniquement destinées aux populations très démunies laissent de côté un grand nombre d’enfants appartenant aux classes moyennes et supérieures, qui ont également besoin d’être accompagnés et soutenus. Les interventions les plus pertinentes en termes de réduction des inégalités sociales de santé sont universelles, c’est-à-dire qu’elles touchent l’ensemble de la population, mais avec une intensité proportionnelle au niveau de défaveur sociale. C’est ça, l’universalisme proportionné.
Moduler l’intensité des interventions
Le principe de proportionnalité renvoie les intervenants à une notion complexe, qui est celle de l’adaptation des interventions à chaque catégorie de la population en fonction de son niveau de besoin. Une approche ‘sur mesure’ qui paraît bien souvent irréalisable! Et pourtant, il existe des programmes de santé publique qui s’y essayent avec un certain succès, comme le Triple P (Programme de Parentalité Positive). Ce programme propose un même type d’intervention pour l’ensemble de la population, mais avec cinq niveaux d’intensité différents permettant d’ajuster le soutien au plus près des besoins des parents: le niveau de base est appliqué d’emblée, puis éventuellement adapté aux besoins réels.Moduler l’intensité d’une intervention n’est pas le seul moyen pour appliquer le principe d’universalisme proportionné. Il ne s’agit pas d’envoyer dix fois plus de brochures ‘Au moins cinq fruits et légumes par jour sans effort’ aux familles défavorisées! Il s’agit aussi et surtout d’adapter la modalité d’intervention en mettant en œuvre des actions différenciées et appropriées sur les déterminants de la santé: veiller à l’accessibilité des transports publics, par exemple, ou mettre en place des actions de santé communautaire.Le principe d’universalisme proportionné nous invite donc à intégrer deux nouvelles conceptions:
agir dès la petite enfance est absolument crucial. Cela ne veut pas dire que le destin de chacun se trouve scellé dès ses premières années de vie, ou qu’il ne faut pas intervenir auprès d’autres populations. Mais chaque personne s’inscrit dans un parcours de vie et de santé qui trouve ses racines dans l’enfance. C’est donc bien à cette période de la vie que nos actions, politiques et programmes de prévention doivent donner la priorité;
une action qui améliorerait la situation d’une catégorie de la population mais accroîtrait les inégalités de santé au sein de la population générale serait un échec sur le plan de la santé publique. Notre responsabilité est donc d’adapter nos interventions aux besoins spécifiques de chaque sous-groupe de population, mais aussi d’offrir à l’ensemble de la population des programmes de prévention universels de qualité.
Tout cela sans perdre de vue la continuité et la cohérence d’une politique de santé publique qui, en articulant tous ces niveaux d’intervention, donnera du sens à nos actions, autant pour la population que pour nous-mêmes.Texte publié initialement dans le n° 4 du Temps de l’Université d’été de Besançon, 2 juillet 2015, et reproduit avec l’aimable autorisation de Christine Ferron et Julie Poissant.
Julie Poissant est experte conseil à l’Institut national de santé publique de Québec.
La lutte contre le tabagisme requiert des armes diversifiées et complémentaires. À côté des mesures législatives et des campagnes de sensibilisation, il est essentiel de soutenir dans leur démarche ceux qui veulent arrêter de fumer. Au début des années 2000, le Québec a mis en place une série de services complémentaires destinés à soutenir les fumeurs qui souhaitent se libérer du tabac. Une dizaine d’années plus tard, le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a dressé l’état de situation de l’implantation de ces services.
Le tabagisme est l’une des principales causes de décès, partout dans le monde. «Le tabac tue un fumeur sur deux. Arrêtez de fumer avant qu’il ne soit trop tard», affirme ainsi sur un mode émotif une récente campagne française de l’Inpes et du Ministère de la Santé, diffusée dans le cadre du nouveau Programme national de réduction du tabagisme.
Au Québec, même si le ‘fléau’ a connu une diminution, sa prévalence stagne depuis quelques années autour de 24%. Un million et demi de Québécois fument. Chaque année, environ 10 000 d’entre eux décèdent des suites de leur addiction au tabac, ce qui représente un décès sur cinq. Pourtant, en 2009, 40% des fumeurs indiquaient avoir tenté d’arrêter de fumer au cours de l’année précédente.
Ces statistiques effrayantes justifient pleinement les efforts de lutte contre le tabagisme et en particulier les investissements réalisés pour aider les fumeurs à abandonner la cigarette et les autres produits du tabac.
La docteure Michèle Tremblay, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec, a assisté aux balbutiements du Plan québécois d’abandon du tabagisme, quelques années après que le gouvernement du Québec eût reconnu le tabagisme comme une priorité nationale de santé publique. «À partir de 2002, une série de services gratuits d’aide au renoncement tabagique se sont mis en place partout au Québec, y compris en région éloignée», se remémore le médecin.Membre du comité de suivi du Plan, la docteure Tremblay a étroitement contribué à la rédaction de l’état de situation d’implantation des différentes mesures, une publication d’une quarantaine de pages qui vise à dresser un inventaire des services développés depuis 2002 pour soutenir les fumeurs dans leur démarche de renoncement au tabac et à identifier le nombre et le profil de personnes rejointes.
Les lignes suivantes présentent le rôle que jouent depuis une bonne dizaine d’années dans le combat contre le tabagisme au Québec les centres d’abandon du tabagisme, le counselling par les professionnels de la santé, la ligne téléphonique j’Arrête, le site internet du même nom, le Défi J’arrête, j’y gagne et les aides pharmacologiques.
Les centres d’abandon du tabagisme
Il existe au Québec plus de 150 centres d’abandon du tabagisme, implantés dans divers établissements tels que des centres de santé ou des hôpitaux. Les conseillers de ces centres offrent des interventions individuelles ainsi que du counselling de groupe, organisé en plusieurs rencontres qui se tiennent sur une période de quelques semaines. Au cours de celles-ci, les participants discutent ensemble, avec l’aide d’un intervenant, de leurs motivations et des moyens pour arrêter de fumer dans une approche de résolution de problèmes.
Chaque année, quelque 6.000 fumeurs utilisent les services individuels d’un centre d’abandon du tabagisme et un millier participent aux activités de groupe. Ce sont essentiellement les femmes qui en profitent, d’un âge moyen de 50 ans. Il s’agit le plus souvent de gros fumeurs (ou grosses fumeuses), c’est-à-dire ceux et celles qui fument davantage et sont plus dépendants que la moyenne. Plus de la moitié de ceux qui fréquentent ces centres sont sans emploi, ce qui laisse supposer que ce service parvient à toucher ceux qui en ont le plus besoin.
La question cruciale est bien sûr celle de l’efficacité. Une étude montréalaise révèle que 57% des fumeurs ont cessé de fumer durant leur suivi, et qu’après six mois, 27% étaient toujours abstinents. Donc, quand un fumeur décide de fréquenter un centre d’abandon du tabagisme, il aurait une chance sur quatre de succès. Par ailleurs, l’intervention de groupe serait aussi efficace que le suivi individuel de même intensité.
Le rôle des professionnels de la santé
Avec son collègue André Gervais, Michèle Tremblay a calculé en 2001 que si tous les médecins du Québec abordaient la question du sevrage tabagique avec les patients fumeurs qui les consultent, leurs interventions pourraient mener à plus de 30.000 sevrages. Il est d’ailleurs démontré que plus les échanges entre patient et médecin à ce propos sont longs et répétés, plus grande est leur efficacité. Selon certaines recommandations américaines, les médecins et autres professionnels de première ligne devraient systématiquement déterminer le statut tabagique de leurs patients et leur intention de renoncer au tabac s’ils fument, conseiller à tous les fumeurs d’arrêter de fumer, motiver ceux qui ne souhaitent pas arrêter et offrir un suivi à ceux qui arrêtent. Parmi les différentes approches possibles, l’entretien motivationnel semble particulièrement efficace: il s’agit d’amener le patient à explorer son ambivalence à l’égard du changement de comportement, en identifiant les difficultés qui se présentent à lui et les stratégies à adopter pour les surmonter.
Les médecins ne sont pas leurs seuls professionnels de la santé à pouvoir jouer un rôle. Dans le cadre de l’édition 2012 de la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac, sept ordres professionnels ont déclaré conjointement que «tous les acteurs du réseau de la santé se doivent d’inclure la lutte contre le tabagisme dans la pratique clinique et faire en sorte que celle-ci fasse partie intégrante des soins de santé au Québec».
Au cours des dernières années, la docteure Tremblay a été l’une des chevilles ouvrières d’un vaste projet visant à optimiser les pratiques de counselling des membres de cinq ordres professionnels, en collaboration avec ceux-ci: les pharmaciens, les dentistes, les hygiénistes dentaires, les infirmiers et les inhalothérapeutes.
Une analyse préalable avait alors révélé que, bien qu’ils croyaient que cela faisait partie de leur rôle, ces professionnels de la santé se sentaient mal armés pour intervenir auprès de leurs patients fumeurs. À la suite de ce constat, 65 actions ont été mises en place en vue de renforcer leurs compétences et leur sentiment de compétence: des formations en salle et en ligne, la rédaction d’orientations cliniques, de guides et d’articles dans les revues adressées à ces professionnels, des outils d’aide à la pratique…
Une seconde enquête menée après l’implantation de ces activités a indiqué, sans surprise, que les professionnels formés avaient de meilleures pratiques, se sentaient plus compétents, percevaient moins d’obstacles et avaient une meilleure connaissance des autres ressources d’aide que ceux qui n’avaient pas été formés. «Aujourd’hui, le défi est de maintenir l’intérêt de ces ordres professionnels, compte tenu de toutes leurs priorités» souligne Michèle Tremblay.
La ligne d’aide téléphonique j’Arrête
Depuis 2002, les conseillers de la ligne téléphonique j’Arrête répondent à toutes les questions concernant le sevrage tabagique. Jusqu’en 2011, les répondants de la ligne traitaient en moyenne 18 000 demandes d’aide par an, un nombre qui est en augmentation actuellement. Ils ne se contentent pas d’attendre les appels: depuis 2006, ils sont aussi proactifs, c’est-à-dire qu’ils recontactent eux-mêmes les fumeurs pour les encourager dans leur démarche.
Le numéro de la ligne est inscrit sur les emballages de produits du tabac depuis 2012. Cette nouveauté a entraîné une augmentation très importante du volume d’appels, ainsi qu’un changement dans le public appelant: les hommes, les jeunes, les personnes de plus de 60 ans et les fumeurs plus dépendants sont désormais plus nombreux à recourir au service. Enfin, des collaborations avec divers partenaires établies au fil du temps permettent d’offrir du soutien à un public qui y a moins facilement accès, tel que les patients hospitalisés, les militaires, les détenus, etc.
Le site internet j’Arrête
Les études indiquent que, pour être efficaces, les sites web de soutien au sevrage tabagique doivent offrir une information ciblée et personnalisée ainsi que des contacts fréquents. Le site interactif www.jarrete.qc.ca mis en ligne en 2003 et régulièrement mis à jour propose au fumeur une démarche de renoncement au tabac basée sur un modèle de changement de comportement. Il comprend notamment une section clavardage (‘chat’) et vidéoclavardage ainsi qu’un forum de discussion. Il en existe une version pour les adolescents ainsi qu’une déclinaison anglophone. Le nombre de visites du site varie fortement d’une année à l’autre, autour d’une moyenne de 276.700. Les visiteurs passent en moyenne douze minutes sur le site. Les statistiques d’utilisation révèlent que la version pour les adolescents rencontre moins de succès que celle qui s’adresse aux adultes.
Le Défi J’arrête, j’y gagne!
Parce qu’elles permettent de toucher un très large public et de modifier certaines croyances, perceptions et attitudes ou encore de faire connaître les services d’aide disponibles, les campagnes sont des composantes de base de tout programme de contrôle du tabac. Cependant, leur efficacité est très difficile à évaluer. Parmi ces campagnes, le Québec a choisi, à l’instar de l’OMS, d’adopter une approche de concours. En créant une mobilisation collective, ces concours valorisent la décision d’arrêter de fumer.
Chaque année depuis 2000, le Défi J’arrête, j’y gagne! invite à s’abstenir de fumer durant six semaines. Pendant cette période et au cours de l’année qui suit, les participants inscrits peuvent utiliser un dossier de suivi en ligne et recevoir des courriels d’encouragement et des appels téléphoniques.
Un peu plus de 300 000 Québécois ont pris part au défi depuis les années 2000, surtout des femmes (60% des participants) et des jeunes adultes de 18 à 34 ans. Résultats: plus de six participants sur dix cessent complètement de fumer au cours du défi et 19% sont toujours non-fumeurs un an après. C’est donc dire que le défi permet à un participant sur cinq d’atteindre son objectif.
Les aides pharmacologiques
Les traitements pharmacologiques de la dépendance à la nicotine permettent de diminuer les symptômes du sevrage lors d’une tentative d’arrêt tabagique. Ils comprennent plusieurs classes de médicaments qui, au Québec, sont remboursés par le régime public d’assurance médicaments. Ils peuvent bien sûr être combinés à d’autres approches. Le timbre de nicotine représente le choix de 80% des patients qui ont recours à un médicament. Fait à noter: les chômeurs sont proportionnellement plus nombreux que les autres à avoir recours à ce moyen d’arrêter de fumer.
La complémentarité, clé de l’efficacité
Si aucune des méthodes ne peut prétendre atteindre seule un taux de succès impressionnant, les études reconnaissent cependant clairement l’efficacité de certaines actions: l’intervention individuelle, si elle est prolongée et répétée, le counselling téléphonique proactif, l’intervention en groupe et les aides pharmacologiques.
En fait, c’est bien souvent la combinaison de plusieurs méthodes qui permet d’atteindre l’objectif tant convoité, que ce soit sur le plan individuel ou en termes de santé publique. Car «la plupart des fumeurs sont conscients des effets néfastes du tabagisme et veulent arrêter de fumer» assure la docteure. C’est pour cette raison que les services, loin de se faire concurrence, sont organisés de manière intégrée.
Des ententes sont conclues entre les différentes ressources d’aide. Par exemple, un fumeur qui s’adresse à son pharmacien pour obtenir des aides pharmacologiques pourra se voir proposer le soutien téléphonique d’un intervenant. Ou encore, une personne qui appelle la ligne mais semble avoir besoin d’un suivi en face-à-face ou de groupe sera dirigée vers un centre d’abandon du tabagisme. De même, les services téléphoniques sont renforcés lors du Défi J’arrête, j’y gagne! Enfin, la ligne j’Arrête travaille aussi en collaboration avec le site internet du même nom puisque ce sont les conseillers de la ligne qui animent notamment le forum de discussion et assurent le clavardage.
Législation, sensibilisation et dénonciation
L’abandon du tabagisme ne représente que l’un des aspects du contrôle du tabac. En plus des mesures mises en place pour aider les fumeurs à arrêter, une série d’autres stratégies poursuivant des objectifs complémentaires ont été implantées au cours des dernières années au Québec.
Du côté des mesures législatives, l’année 1998 a vu l’adoption de la première loi réglementant l’usage du tabac dans les lieux publics, laquelle a été renforcée en 2005. Cette loi prévoyait notamment la diminution des points de vente, l’interdiction de l’étalage des produits du tabac et une augmentation des lieux où fumer est défendu.
La sensibilisation de la population aux effets nocifs de la cigarette et de la fumée secondaire ainsi qu’à l’importance de l’arrêt est également un des axes importants de la prévention du tabagisme. En plus du Défi J’arrête, j’y gagne!, la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac, qui se tient chaque année en janvier, est un moment privilégié de diffusion de ces messages, tout comme la campagne Famille sans fumée. Selon les sondages, ces campagnes répétées atteignent un taux élevé de pénétration.
La dénonciation est une autre des stratégies déployées pour lutter contre le tabac. La Coalition québécoise contre le tabac est un acteur très impliqué sur la scène médiatique, qui n’hésite pas à dénoncer les efforts de l’industrie du tabac pour contrer la loi, recruter de nouveaux fumeurs et faire la promotion de nouveaux produits. D’autres initiatives intéressantes se sont déployées dans la dernière décennie, comme la campagne De Facto du Réseau du sport étudiant du Québec qui vise à révéler la vérité sur l’industrie du tabac et ses produits.
Les défis à relever
L’état de situation après une dizaine d’années d’implantation des mesures révèle que les services existants peinent à rejoindre les jeunes de moins de 18 ans, les femmes enceintes, les toxicomanes et ceux qui souffrent de problèmes de santé mentale. En effet, les services s’étant surtout développés en suivant un principe d’universalité, l’accent a été peu mis jusqu’à présent sur les populations plus fragilisées et sur la prise en compte des inégalités sociales de santé. Des solutions sont envisagées et ont déjà été expérimentées, notamment le développement de collaborations avec les organismes qui offrent des soins et services à ces publics.
L’avenir de l’aide à l’arrêt tabagique passera également par les nouvelles technologies. Les textos (SMS) ont déjà fait l’objet de projets pilotes et leur utilisation semble prometteuse, surtout combinée à d’autres modes d’intervention comme les contacts téléphoniques, les courriels et le recours aux sites internet.
Finalement, la situation actuelle implique que la diminution du tabagisme et en particulier le soutien au sevrage tabagique restent des enjeux importants. «Il ne faut pas penser que la lutte est gagnée, d’autant que l’industrie a à coeur de continuer son marketing et de cibler de nouvelles clientèles», avertit Michèle Tremblay. Avec persévérance, le comité de suivi du Plan québécois d’abandon du tabagisme se penche aujourd’hui sur les orientations stratégiques des cinq prochaines années et sur de nouveaux indicateurs de résultats. À ces efforts, par contre, il n’est pas question de renoncer.
En Belgique, d’après la toute récente Enquête de santé par interview 2013 pilotée par l’Institut scientifique de santé publique, elle est de 23%.
La superficie totale du Québec équivaut à plus de 50 fois celle de la Belgique, cependant la grande majorité des 8 millions de Québécois se concentrent sur environ 20 % du territoire.
Tremblay, M. & Roy, J.-M. (2013). Plan québécois d’abandon du tabagisme – État de situation après 10 ans d’implantation. Québec: Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.
Tremblay, M. & Gervais, A. (2001). Interventions en matière de cessation tabagique: description, efficacité, impact, coûts estimés pour le Québec. Montréal, Québec: Institut national de santé publique du Québec.
Tremblay, M. & Poirier, H. (2012). Énoncé de position – Le tabagisme, un fléau de santé publique: des professionnels de la santé engagés. Montréal, Québec: Institut national de santé publique du Québec.
Les hygiénistes dentaires travaillent avec les dentistes et ont pour rôle de prodiguer des soins d’hygiène dentaire et d’assurer la sensibilisation des patients, alors que les dentistes se concentrent davantage sur les soins aux dents abîmées.
Les inhalothérapeutes traitent les problèmes qui affectent le système cardiorespiratoire et participent aux anesthésies.
Tremblay, M. & Poirier, H. (2012). Regards sur un partenariat fructueux: cinq ordres professionnels et l’Institut national de santé publique du Québec engagés dans la lutte contre le tabagisme. Montréal, Québec: Institut national de santé publique du Québec.
L’industrie a par exemple été à l’origine d’une campagne pointant du doigt les produits de contrebande, alors que l’on sait par ailleurs que ce problème est en nette diminution. Une campagne qui visait, sans aucun doute, à valoriser les cigarettes de marque.
L’asbl Skateboarders est un acteur unique dans le paysage francophone par l’engagement de longue date de ceux qui y œuvrent pour la promotion d’un sport qui est aussi un art. Rencontre avec Vincent Cremer autour du plaisir du skate et des enjeux qui sous-tendent son avenir.
En ce mercredi, le soleil pointe le bout de ses rayons. Des enfants et des ados convergent vers le skatepark des Ursulines, à deux pas de la gare du Midi à Bruxelles. Près des bancs quelques poussettes aussi sont de sortie. Des parents s’y sont installés pendant que les enfants sont partis s’équiper auprès des animateurs de l’asbl Skateboarders.
La rue des Ursulines accueille un endroit unique dans la capitale et en Wallonie. Le skatepark y jouxte un square, l’ensemble offrant un espace public que se partagent sportifs, jeunes et moins jeunes, et habitants du quartier. L’initiation et l’accompagnement des enfants, des ados et des adultes (il y en a quelques-uns), va pouvoir commencer. Un résident de la maison de repos est descendu. Il a ses habitudes ici. Il traverse le square avec son déambulateur. Il y va de quelques conseils: le skate c’est bien, mais comment vont les études?
Vincent Cremer est assis un peu à l’écart. Ce jeune quinquagénaire connaît comme sa poche le monde du skate en Belgique. Il avait à peine dix ans quand il s’y est mis. Il n’a plus jamais décroché. Il est l’une des chevilles ouvrières de l’asbl Skateboarders. «J’ai énormément de plaisir à pousser les gars», confie-t-il. «Il y en a d’autres chez nous qui construisent en travaillant le béton et le bois. Moi je suis plutôt du côté initiation.»
Il en a fait du chemin Vincent, depuis ses début seul à skater au Mont des Arts, le Trocadéro bruxellois. La galère, il a connu, pas découragé: «C’était tellement la crise qu’avec un autre qui roulait comme moi, j’étais gaucher en skate et lui était droitier, on usait les chaussures de manière différente. On avait la même pointure, on achetait les mêmes modèles et quand l’un avait la chaussure usée, on se filait les chaussures. Comme ça, on avait une paire de chaussures neuves et ça marchait bien.» Vincent a vécu l’époque creuse où les espaces dédiés au skate avaient disparu et où il s’agissait de se réapproprier la ville et son mobilier urbain. «Ce n’est toujours pas gagné aujourd’hui», explique-t-il, «même si des skateparks ont à nouveau vu le jour. Je pense à ces bancs conçus de manière telle que des SDF ne peuvent y dormir. Qui dit anti SDF dit anti-skate, car pour nous aussi, dans une moindre mesure, ces bancs sont dissuasifs…»
Des défis pour l’association
Ceux qui consacrent leur énergie à défendre ce sport considéré aussi comme un art par le style que chacun peut lui imprégner le tiennent aussi comme un mode de vie. Il y a là la quête d’un équilibre permanent et l’inscription dans un espace public, qui elle n’est jamais gagnée. «Le combat est encore et toujours à mener», souligne Vincent Cremer. «Il y a un écart entre le monde du skate comme on peut le voir dans la pub, glorifié, et puis le skate comme il vit au quotidien.»
L’asbl a du pain sur la planche. Ambassadrice du skate, elle organise, à l’invitation d’autres organisations, des initiations un peu partout en Wallonie et à Bruxelles. Parmi ses ambitieux projets, on trouve en tête la création d’un skatepark couvert. «Les skaters sont fort dépourvus», déplore Vincent Cremer, «dans un pays où il pleut autant! Un projet d’envergure prend forme, avec le soutien toujours fidèle de l’Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement. Il y a un paradoxe. Le skate est reconnu. Regardez la pub. On y voit relativement souvent des skateurs ou l’image d’un skate. Mais dans la vraie vie, nous luttons pied à pied pour que chacun ait la possibilité de pratiquer. Le skatepark des Ursulines est le seul espace public du genre. Ailleurs, à Namur, Dinant ou Liège, ce sont des espaces fermés. La vie comme elle va y circule moins.»
Parmi les projets soutenus, on trouve encore ce camion remorque équipé d’une rampe amovible destiné à la pratique du skateboard, la Traveling Skate Ramps. On déploie la rampe, et tout le monde peut s’amuser, débutants et confirmés. Le but est aussi de promouvoir le skateboard sur de nombreux évènements et festivals à travers la France et l’Europe.
«Maintenant j’ose»
Boucles blondes jaillissant du casque, joues rougies par l’effort, Sofian (7 ans) roule avec une belle assurance. Il fonce vers une pente, amorce une montée, se laisse descendre, recommence. Il a fait du judo et du foot avant de trouver une activité où il a envie de persévérer.
Pourquoi? «On a peur et puis on n’a plus peur. On ose. Et puis, on a des copains, même des plus grands.» Maman de cinq enfants, Sacha a aujourd’hui conduit à leur cours collectif ses deux jumeaux, six ans au compteur. Impossible de les arrêter. Ils effectuent le tour du square entre de plus grands, nettement moins à l’aise qu’eux. «Mes premiers enfants, de grands ados aujourd’hui, sont aussi venus au skatepark. Ça aide à être à l’aise dans son corps. Ça a fait du bien à mon aînée. C’est gai. Ici, les jeunes sont libres de leurs mouvements, dans le respect des autres, et en même temps ils sont dans un groupe. Il y a de l’entraide. Les plus expérimentés conseillent les plus jeunes. Il y a de la solidarité. Et moi un encadrement comme celui qu’il y a ici, ça me rassure.»
«Cette cohabitation entre les âges et les niveaux, c’est un des objectifs pédagogiques de l’asbl Skateboarders», explique Damien Delsaux, l’un des animateurs de l’association. «Pour que les plus jeunes apprennent des aînés et que les aînés partagent leur expérience avec les plus jeunes.» Vivre en bon voisinage avec les ‘autres roues’, avec ceux qui roulent à vélo, en BMX ou en rollers est aussi un des enjeux de cet espace ouvert à tous, sportifs ou pas. Entretenir la communication avec la maison de repos dont les fenêtres donnent sur le skatepark est important aussi. Il a fallu rassurer les résidents quant au bruit induit. Certains s’inquiétaient de voir très souvent les mêmes skateurs. Et leurs études là-dedans? Aujourd’hui, l’asbl dispose même au sein de l’institution d’un point de chute pour son matériel.
Accrochage scolaire
«Justement», explique Sergio (16 ans), «ici, avec les animateurs de l’association, j’ai appris à canaliser ma pratique du skate. Le skate m’a équilibré sur beaucoup de plans. Je suis moins impulsif, plus calme.» Vincent Cremer confirme évidemment: «Le skate demande de la concentration. C’est aussi physique que mental. Il faut de l’autodiscipline si on veut avancer. Ce n’est qu’une planche à roulettes on dirait. Mais on peut tout faire avec un skate. Les figures sont multiples.» Et le passionné d’empoigner son skate et de le tourner dans tous les sens.
Effectivement, le skate danse sous les pieds. Et le skate danse sur les parois du skatepark, marque des pauses sur les arêtes et repart de plus belle. «Chaque fois que j’ai été au fond», continue Vincent, «le skate m’a aidé. Vous savez ce que j’ai remarqué? Que le skate ouvre l’espace. Le skate, c’est avant, arrière, sur les côtés. Les œillères tombent. Le skate amène à développer d’autres passions. Je connais beaucoup de skaters profondément curieux.» Pour l’anecdote, Vincent a développé une passion pour… les cailloux. Est-ce un hasard si c’est la seule surface sur laquelle on ne peut skater?
Héritiers du skate
Le skate est partageur. Il a ouvert la voie, à ceux qui s’adonnent aux joies des rollers, à celles du BMX. Plus récemment, il a ouvert la voie au golf street, le ‘golf sauvage’, où l’on décide que cette poubelle ici et cette autre là-bas ce seront les trous. On y trouve, comme dans le skate, l’utilisation du mobilier urbain.
Parmi les héritiers, on notera aussi l’émergence du frisbee dans les cages d’escaliers. Vincent Cremer est plutôt du genre à regarder en avant qu’en arrière. Ou alors un souvenir récent: «Il y a eu un crossover avec des jazzmen à Malines. Tu avais une rampe de skate en bois dans un centre culturel et des musiciens de jazz sont venus jouer. En fait, le but était d’anticiper et de continuer sur le son que font les axes de skate sur les rampes et le frottement des roues et à ce moment-là, le bling le blang, les musiciens improvisaient, c’était absolument super.» Un dernier mot pour la route: «L’asbl offre non seulement des stages, mais aussi un accompagnement pour des institutions, des communes qui voudraient développer de manière structurée des activités en lien avec le skateboard. Un aspect auquel nous tenons beaucoup c’est l’élaboration adaptée de lieux destinés à la pratique du skate, en tenant compte des spécificités de l’endroit et du public, loin du simple agencement de structures dont on peut trouver les éléments clés sur porte.»
À lire, l’apport de Vincent Cremer (et de son comparse José) dans ‘Pratiques culturelles, trajectoires sociales et constructions identitaires’, Couleur livres, 2012.
‘Danger Dave’: un skate pour la vie
Monté pour la première fois sur un skate à dix ans, il n’en est pas descendu ou presque. Le skate, notre compatriote et jeune quadragénaire David Martelleur lui a tout consacré. Le cinéaste Philippe Petit, également comédien et déjà auteur d’un documentaire sur les ‘adulescents’, a suivi pendant cinq années le parcours du skateur en fin de course.
Résultat: un portrait d’homme tout court. Voici pourquoi il faut voir ‘Danger Dave’ même si on n’y entend fichtre rien aux planches à roulettes!
«Il n’y a rien de plus cool que le skate avec des potes», c’est ainsi que David Martelleur évoque sa passion née à Charleroi, à l’époque où un espace était réservé aux skateurs et où il ne cesse d’être espéré aujourd’hui, le projet sortant régulièrement des cartons. «On est seul sur son skate. Et en même temps on n’est jamais seul. Il y a ceux avec qui on skate.»
Pendant plus de vingt ans, la vie de David Martelleur ce seront des ‘tours’ (ces voyages aux quatre coins du globe pour se livrer à des performances), organisés par des ‘compagnies’ (comprenez des marques). De chambre d’hôtel en camping, David pérégrine. Pour virevolter dans des skateparks, dans des bowls (ces espaces en forme de piscine rondes) ou sur des rampes (qu’on appelle aussi des U). La vie d’un skateur professionnel reste relativement modeste. Les compagnies financent les voyages, organisent des événements. On sourit d’ailleurs à une scène de ‘Danger Dave’ lors de cette compétition américaine où le trophée consiste en une veste en cuir, à franges certes…
Un mode de vie alternatif
«Mon film a été qualifié de film de non skate», raconte le réalisateur Philippe Petit, «ce n’est pas faux. Ce n’est pas une enquête. Ce n’est pas un film social. Le postulat de départ, c’était de suivre la fin de carrière d’un skateur. J’ai choisi David, parce que son intégrité me touchait. Il a un rapport sain aux sponsors. Je crois que chez les skaters plus jeunes c’est différent.»
La démarche de Philippe Petit s’inscrit aussi dans le prolongement d’un autre documentaire, tourné lui en trois jours. Le documentaire, intitulé ‘Les insouciants’, centré autour de deux skateurs déjà, permettait d’aborder l’adulescence, ce prolongement de l’adolescence et de comportements adolescents jusqu’à l’âge adulte. Mais pour ce qui est de filmer à travers David et avec lui «le passage d’un état à un autre, la fin d’une certaine insouciance», ce n’était pas gagné pour Philippe Petit.
Son sujet joue les prolongations certes, fréquente les chemins de traverse parfois bien arrosés avec comme corollaires pour le cinéaste l’impression de piétiner, de tourner des scènes qui finissent par se ressembler.
Le film est-il dans l’ornière alors que son cher sujet, lui, virevolte? ‘Danger Dave’ commence sur ces difficultés. Philippe Petit enjoint David Martelleur à être plus disert, à se livrer plus ouvertement, davantage que par des comportements. Il trouve qu’il lui bat froid. Il plante devant lui la caméra pour qu’il parle. Simplement. Philippe Petit se fait menaçant. Balance: «C’est la dernière fois que tu parles, alors vas-y, parce que moi je rentre à Paris!» Suivent quelques mots (durs) que l’on ne reproduira pas ici, et que tout le film démentira. Le générique peut démarrer.
Et c’est le début en effet d’un film qui est aussi celui de la rencontre entre deux artistes (puisque le skate est aussi un art, une pratique à laquelle chacun imprime son style). Plus loin dans le film, ce sont aussi des reproches que David Martelleur adressera à Philippe Petit. Fragilisé par ce qui tient, même s’il s’en défend, de fin de parcours, le sportif se rebelle. «Tu n’es pas là quand il faut. Je souffre et tout le monde s’en fout.»
Les contraintes de tournage sont effectivement telles que Philippe Petit est présent de manière épisodique aux côtés de David Martelleur (environ un mois par an). C’est dire que bien des choses se sont passées entre-temps et que du temps présent il s’agit de tirer profit. Est-ce ce qui confère au film son punch incroyable, le fait qu’il se nourrisse de ce qui a manqué disparaître, a disparu, et renaît à la faveur de mots (que le skateur dispense avec parcimonie et que celui qui le filme sait être fondamentaux pour relancer la machine) et de souvenirs, de ce qui est montré et de ce qui se cache, de ce qui n’a pas pu être filmé? Un film fait de vides, d’apparitions, de regrets, de passion. Un film fait des hauts et des bas de son sujet. Mais n’est-ce pas l’essence du skate, d’affronter des hauts et des bas, voire de les susciter?
Chronique d’une non fin
Sans cesse remonter sur le skate. Sur le métier remettre son corps. Défier les lois de la pesanteur. Le quotidien des skateurs est exigeant. David décroche parfois. S’étourdit d’alcool. Repart. «Comme toutes les vies, la mienne connaît des turbulences», explique-t-il. «Sur cinq années c’est normal. C’est le choix des images fait par Philippe Petit. Mais ça va.» Un acolyte sportif fait remarquer: «Les jeunes, c’est autre chose. Ils sont prêts à s’entraîner de treize à dix-neuf heures.»
Ce n’est pas une menace, ni un propos moralisateur. C’est un constat. La relève est là. Et elle est différente. Dans ‘Danger Dave’, il faut attendre une bonne heure pour voir longuement David aux manœuvres de son skate, de son corps, de son corps sur le skate, de sa vie. C’est une longue séquence où l’homme surfe dans les airs, dans des bowls, sur des rampes, marquant la pause sur des arêtes. C’est la métaphore de ce que l’on a vu jusque-là, en terme de parcours humain: l’exercice difficile de l’équilibre au quotidien. Il est une scène mémorable où après de sombres images on retrouve David sur une rampe jaune soleil. Homme de contrastes. De l’ombre et de la lumière. Des tourments et de la joie enfantine. Il revient paradoxalement à David de rassurer son comparse réalisateur en fin de film. «Ce n’est pas une fin. Et si c’est une fin, c’est aussi le début d’autre chose.» Le voici néanmoins reparti sur son skate, sac au dos. Le réalisateur le laisse à contrecœur, on le sent, disparaître de l’image. Sans David, plus de film.
Refus du biologique
Pourquoi ce sentiment face à ‘Danger Dave’ d’être devant un film ovni? Est-ce à cause de la durée du tournage qui donne cent visages à David Martelleur? Chevelure changeante, corps aussi. Est-ce dû à ces dialogues du cinéaste avec son sujet, qui sont plutôt rares au cinéma? Au fait qu’on voit à l’image de vrais retournements de situation où un ‘sujet’ s’empare de la caméra? Est-ce de voir à l’image la rencontre et la confrontation de deux passions, l’une pour le skate, l’autre pour les images?
«Le cinéma est mon seul refuge», admet Philippe Petit. «Le cinéma qui est images en mouvement. C’est une consolation face à une existence trop monocorde. Filmer est ma manière de résister. Les répétitions de la vie ordinaire me pèsent. Comme le fait de devoir se soumettre à un rythme biologique. Avec le cinéma, on vit plusieurs vies.»
On retrouve exactement les même mobiles chez David Martelleur, mais appliqués au skate: vivre au carré, défier la pesanteur dans tous les sens. Si le skate se fait aujourd’hui moins présent pour David, la philosophie demeure: rouler de belle façon, avancer à sa mode, continuer d’avancer envers et contre tout.
Le ‘toujours pas retraité’ a plusieurs projets. Coacher des jeunes, pourquoi pas? Son avenir ne l’inquiète pas ni celui du skate en Belgique. «Après deux crises du skate, l’une dans les années 80 et l’autre dans les années 90, on est dans une phase de stabilité. Avec ses quinze skateparks en dur, la Belgique est même une destination prisée pour les skateurs européens.»
Philippe Petit, lui, a réalisé un moyen métrage, ‘Buffer zone’ promené de festival en festival. Il y est aux manettes de tout: acteur, réalisateur, scénariste. «Un auto-film», dit-il. Et côté documentaire, il est en train de tourner aux États-Unis un film consacré à un joueur de poker. Une autre façon d’aborder un mode de vie lui aussi alternatif et une relation à l’argent particulière.
Après une présentation en salles et lors de festivals, ‘Danger Dave’ est désormais disponible pour le plus grand nombre. Voici un rappel des sites de téléchargement VOD. Une page Facebook est consacrée au film, qui n’en finit pas de vivre.
La Plate-forme francophone du volontariat (PFV) est une structure pluraliste composée d’associations fédératives comme de petites et moyennes associations. Ses membres couvrent les grands secteurs de la vie associative et de l’engagement volontaire.
La Plate-forme francophone du volontariat a pour objet de susciter, faciliter et encourager la pratique du volontariat, mais pas à n’importe quel prix. Elle le voit comme un engagement libre, ouvert à tous et qui doit respecter les normes légales.
À propos de prix, la PFV a consacré son séminaire du 29 mai dernier au rapport entre emploi et volontariat. Une centaine de personnes se sont retrouvées dans le cadre convivial des installations du Bouche-à-Oreille à Bruxelles pour aborder cette question manifestement très délicate.
Animée avec autant de charme que de fermeté par Gaëtane Convent, la coordinatrice de la Plate-forme, la journée a démarré par un exposé de Dan Ferrand-Bechmann, sociologue et professeure émérite à Paris VIII sur le bénévolat (puisque c’est ainsi qu’on l’appelle en France) et son impact positif sur l’emploi dans le secteur associatif, qui occupe 2 millions de personnes chez nos voisins. Comme souvent aussi chez nous, le bénévolat français s’inscrit dans la tradition de l’éducation populaire, il était bon de nous le rappeler.
Un sujet qui fâche
Une grande partie de la matinée fut ensuite consacrée à trois ‘discussions non bornées’ sur des sujets qui fâchent (parfois):
le volontariat est-il un acte gratuit, défrayé ou rémunéré?
le volontariat deviendrait-il un ‘piqueur’ d’emploi?
ni volontariat, ni emploi. Alors quoi?
Dans le groupe où j’étais, le débat fut très émotionnel, à cent lieues de ce que j’imaginais naïvement au sujet de l’engagement volontaire. Sans généraliser, le témoignage d’une responsable d’un théâtre bruxellois réputé avait de quoi refroidir notre enthousiasme. Elle nous expliqua que la seule manière de s’en tirer dans le secteur culturel est de faire appel à des ‘volontaires’ dont l’unique motivation est d’obtenir un faible revenu de ce ‘travail non rémunéré’. Frustration de ne pas pouvoir faire appel à des gens correctement rétribués, mépris de cette main d’œuvre sous-payée, ignorance des nobles valeurs du volontariat, le tableau était très noir.
Heureusement, cela ne semble pas être le cas dans tout le secteur associatif et il existe encore de véritables engagements volontaires sans arrière-pensée ‘lucrative’ dans notre pays, mais il est certain que la PFV a tapé juste en abordant sans faux-fuyants une question aussi sensible.
L’après-midi, les participants ont eu l’occasion de se remettre de leurs émotions en mettant à leur tour sur la sellette des ‘politiques’ francophones préoccupés par le volontariat et qui se sont prêtés au jeu de bonne grâce.
Campagne
‘Émile et Bertrand sont dans un bar. Le salaire tombe. Qui reste?’ Cette vidéo d’un peu plus de trois minutes est au coeur de la campagne 2015 de la Plate-forme francophone du volontariat dont elle résume les enjeux. Derrière ces trois minutes, il y a des heures de discussions, de réflexions et de débats autour d’une question: quelle est la frontière entre volontariat et emploi?
Comment s’assurer que le volontariat ne pique pas l’emploi? Y a-t-il des postes ‘réservés’ à des employés et d’autres à des volontaires? Sur le terrain, on distingue facilement un emploi (avec salaire et contrat) d’une activité volontaire. Mais, avant d’engager, comment faire un choix entre les deux? Les arguments peuvent-ils être uniquement économiques? J’ai des sous, j’engage; je n’en ai pas, je cherche un bénévole?
La différence entre emploi et volontariat, c’est quoi?
Une question de motivation? Pas vraiment. Les raisons qui poussent un bénévole à s’engager peuvent être partagées par un travailleur. Il n’y a pas d’exclusivité d’un côté ou de l’autre.Une question de compétences? Non plus. Les chirurgiens qui sont bénévoles dans certaines ONG en savent quelque chose, le bénévolat n’est pas réservé uniquement aux ‘amateurs’.
Une histoire de ‘tâches’? La Plate-forme y a réfléchi. Longuement. Sa conclusion, c’est que tout métier peut être fait contractuellement ou bénévolement.
Quel sens donnez-vous à l’acte gratuit?
Pour une organisation, il est essentiel de déterminer l’apport spécifique du volontariat, au-delà de sa gratuité. Le sens du volontariat ne peut se résumer simplement. Il y a autant de ‘bonnes raisons’ de travailler avec des bénévoles qu’il y a d’organisations, voire même de projets: le temps qu’ils peuvent accorder aux bénéficiaires, leur humanité, leur liberté, leur pouvoir d’initiative, leur créativité, leur connaissance de la réalité de terrain, leur proximité sociale avec les bénéficiaires, la force de leur militance…
Si les volontaires abattent des masses de travail immenses, leur valeur réside moins dans ce qu’ils font que dans ce qu’ils sont.
Pourquoi cette campagne?
Créateur de solidarité, de lien et d’évolution sociale, le volontariat est aussi, jusqu’à présent, créateur d’emploi. Mais aujourd’hui, le contexte économique difficile pourrait changer la donne. Ce sont des appels téléphoniques, des observations, des témoignages de volontaires et de responsables d’organisations, des extraits de presse qui ont interpellé la Plate-forme.
Quand une école engage des surveillants de garderie ‘sous statut de volontariat’, quand un étudiant se déclare à la recherche d’un ‘bénévolat rémunéré’, quand une crèche privée fait appel à des bénévoles les jours où les puéricultrices sont moins nombreuses, quand, aux Pays-Bas, une maison de repos donne un logement à un jeune en échange de quelques heures mensuelles de bénévolat auprès de ses résidents, quand, en France, une ville offre des leçons de conduite contre 70 heures de volontariat…
Les exemples se multiplient. Dans certains cas, ne confond-on pas volontariat et emploi? Ne recourt-on pas au volontariat uniquement pour avoir de la main d’oeuvre bon marché?
Il n’est évidemment pas question de jeter la pierre, ni aux bénévoles, ni aux organisations. En contexte de contrainte budgétaire, comme c’est le cas depuis quelques années, conserver des emplois rémunérés est un véritable défi. En créer est encore plus ardu. Les besoins, quant à eux, sont toujours aussi présents, souvent même de plus en plus pressants. Le bénévolat a toujours été une alternative, un moyen de pallier les failles d’un système. Le problème n’est pas de recourir au bénévolat. Le problème est de recourir au bénévolat parce qu’il est une main d’œuvre gratuite, sans envisager son apport spécifique, sa plus-value pour l’organisation et pour le projet. Le bénévole ne doit pas être considéré comme un employé sans salaire.
La Plate-forme francophone du volontariat appelle donc les associations et le monde politique à être attentifs: le volontariat, acte essentiel de solidarité gratuite, ne doit pas remplacer l’emploi.
Plate-forme francophone du volontariat, Place l’Ilon 13, 5000 Namur (tél.: 081 31 35 50) et Rue Royale 11, 1000 Bruxelles (tél.: 02 512 01 12). Courriel: info@levolontariat.be. Internet: www.levolontariat.be.
On ne jettera pas non plus la pierre à ceux qui doivent utiliser ce pis-aller pour boucler tant que faire se peut leurs fins de mois.
Visible sur le site www.levolontariat.be, sur la page Facebook de la Plate-forme et sur YouTube.
Les groupes Al-Anon/Alateen, pour soutenir les proches des personnes alcooliques
Un malade boit, cinq personnes souffrent
Le second et rapport de la cinquième enquête de santé de l’Institut Scientifique de Santé publique (HIS 2013) révèle qu’en Belgique, le pourcentage de la population de 15 ans et plus buvant quotidiennement de l’alcool est en constante progression.Il nous apprend également que 6% de la population a tendance à boire trop, soit plus de 14 verres de boissons alcoolisées par semaine pour les femmes et 21 pour les hommes. Il rappelle enfin que, «parmi les comportements préjudiciables pour la santé, l’usage de l’alcool est plus que jamais inscrit à l’ordre du jour des autorités nationales et internationales, car les effets dommageables d’une consommation inappropriée touchent le consommateur bien sûr, mais aussi son entourage et la société dans sa globalité.»«Il n’est pas nécessaire de boire pour souffrir de l’alcoolisme» nous affirme à juste titre l’asbl Al-Anon, nous rappelant que l’alcoolisme est véritablement un ‘mal familial’, affectant à la fois le buveur, ses relations et sa vie sociale: son travail, ses amitiés, son mariage, son rôle d’enfant ou de parent…Les personnes les plus profondément atteintes par ce besoin compulsif de boire d’un parent sont souvent celles qui portent le plus d’affection au malade. Celles-ci se retrouvent alors prises dans un cercle infernal… L’alcoolisme de leur proche devient d’abord leur obsession: elles comptent le nombre de verres consommés, guettent «l’ouverture de la canette», fouillent la maison à la recherche de bouteilles cachées ou jettent des boissons coûteuses dans l’évier… Toute leur attention est focalisée sur les moyens de le faire arrêter de boire.Ensuite, c’est l’anxiété qui les envahit: leur proche ne se préoccupe plus des factures, de ses enfants, de son travail. Il s’agit alors de le protéger, et de gérer «à sa place» les relations qui se détériorent et son environnement social qui s’effondre. L’inquiétude fait généralement place à la colère. Le malade ne prend pas ses responsabilités et les fait peser sur ceux qui l’entourent, il ment, tente de les manipuler. Ses proches se mettent ensuite à jouer la comédie, à faire semblant de croire les promesses du malade, ou à vouloir y croire pendant les périodes d’abstinence. Mais aussi et surtout… à nier ce qu’ils perçoivent et ne peuvent se résoudre à voir. Enfin, la culpabilité les tiraille. Le sentiment de ne pas faire ce qu’il faut ou de ne pas être à la hauteur peut les submerger.
Sortir la tête de l’eau
Vivre avec un alcoolique et voir une personne que l’on aime se détruire peut devenir un drame quotidien. Face à ce constat, l’asbl Al-Anon a mis en place il y a des dizaines d’années un programme de rétablissement basé sur l’entraide et destiné aux familles, amis, collègues d’un malade alcoolique. L’objectif est d’aider les personnes faisant partie de l’entourage des alcooliques en les accueillant et les réconfortant, dans le respect du malade.Le programme Al-Anon est basé sur la même approche que celui des Alcooliques Anonymes mais est adapté aux besoins spécifiques des proches. Il leur propose différentes activités:
les réunions de groupe: les membres s’y rendent pour partager leur expérience et réfléchir ensemble à des solutions, sous la bienveillance d’un animateur volontaire;
les groupes en ligne: ces forums internes (privés) fonctionnement sur le même principe que les réunions;
les lectures: Al-Anon propose des publications et ouvrages variés dans lesquels les membres trouvent des réponses possibles à leurs problèmes.
le parrainage: est un échange entre deux membres. Le parrain ou la marraine est une personne spécialement choisie par le membre, avec qui il peut discuter de questions ou de problèmes personnels;
le téléphone: les membres peuvent se communiquer leur numéro de téléphone afin de s’entraider par des échanges plus personnels entre les réunions.
Témoignage d’une membre anonyme
«J’ai un peu plus de 40 ans, mariée, 2 enfants…(…) Tous les jours, il prenait des médicaments avec de la bière ou du vin pour dormir. La vie à la maison devenait pénible, l’alcool ne diminuait pas, au contraire. Je n’avais pas envie de le suivre là-dedans mais je me disais que c’était sa façon de ‘tenir le coup’. De plus en plus souvent, mes enfants et moi prenions nos repas à trois car il était ‘fatigué’. Quand il se levait, ses yeux étaient bizarres, le sommeil n’avait pas l’air de lui avoir fait du bien. On essayait de ne pas faire de bruit, d’être aux petits soins (il travaillait tellement!) c’était normal pour nous.Cette attention, qui tournait à l’obsession, était totalement centrée sur lui. On avait peur de le voir arriver, peur de le contrarier, peur de ne pas répondre à ses attentes, peur d’entendre ses rancoeurs. Pour lui, rien n’allait bien: le monde courait à la catastrophe (…). C’était de notre faute ou celle des autres. (…) Je me remettais en question et je croyais effectivement que j’étais coupable de tout. J’avais totalement perdu confiance en moi et n’osais plus rien désirer.J’ai commencé à prendre conscience de l’abus de l’alcool à la maison quand j’ai trouvé des bouteilles entamées à divers endroits: cave, bureau, chambre, jardin. Je surveillais en cachette le nombre de bouteilles qui disparaissaient, le niveau de liquide, j’étais à l’affût des bruits des portes et d’escaliers. Les enfants faisaient aussi de même, à notre insu.Cette vie devenait un enfer. Je me sentais seule car en société ou en famille rien ne se remarquait et je n’osais rien dire. (…) Les relations familiales et sociales se dégradaient. Je ne me reconnaissais plus, j’avais perdu mon échelle des valeurs, je me sentais enragée, impuissante, mal aimée, incomprise et surtout pleine de colère.Perdue, j’ai téléphoné chez les AA qui m’ont dirigée vers les groupes Al-Anon (pour les familles des alcooliques). Ils m’ont été d’un grand secours parce qu’ils comprenaient ma souffrance, ce que j’endurais, la culpabilité et l’obsession qui m’habitaient. (…)Entendre différents témoignages m’a rassurée, je n’étais plus seule et on me comprenait. J’ai appris que l’alcoolisme était une maladie, que je n’en étais pas responsable, que j’étais impuissante mais que je pouvais aller mieux grâce au programme d’Al-Anon. (…) En nous occupant davantage de nous, on sortait de l’emprise que mon mari exerçait sur nous. On lui donnait ainsi la possibilité de se reprendre en mains, de faire les bons choix pour lui.Actuellement, il est devenu abstinent, nous allons tous beaucoup mieux et la vie a pris un autre sens. Nous avons chacun nos centres d’intérêt et restons vigilants. Il y a encore des difficultés de temps en temps (…) mais nous savons qu’il existe des outils pour nous en sortir, des personnes pour nous écouter, un programme pour nous aider à avancer dans tous les domaines de notre vie. Croyez-moi, ça marche!»
Al-Anon
Al-Anon est une association créée aux États-Unis en 1941, quelques années après celle des AA, les Alcooliques Anonymes. Les groupes familiaux du même nom en sont cependant complètement indépendants. En 1957, Alateen voit le jour. Il s’agit de la section d’Al-Anon qui s’adresse aux enfants et adolescents, partant du principe que ces derniers ont des besoins et questionnements spécifiques.Dans le monde, on compte 26 000 groupes, disséminés dans 131 pays. Le premier groupe est apparu en Belgique en 1961. On en compte aujourd’hui 45 pour adultes et 3 pour adolescents en Wallonie et à Bruxelles et 72 pour adultes et 12 pour adolescents en Flandre. Il existe également deux groupes anglophones et un groupe d’expression polonaise dans la Capitale. En région germanophone fonctionnent également 5 groupes pour adultes.La seule condition requise pour faire partie de l’asbl est que sa vie soit ou ait été affectée par la consommation d’alcool d’un proche. Chaque membre est libre de choisir son groupe et quand il est présent ou non. Il n’existe pas de hiérarchie. Chacun prend dans le programme ce qui lui semble utile, en toute liberté. Tous les membres sont anonymes et tout ce qui se dit en réunion et entre membres est strictement confidentiel. Personne ne doit communiquer son identité, ni justifier son absence ou son départ d’Al-Anon. Les membres sont identifiés par leur prénom ou un pseudonyme, s’ils le désirent.Al-Anon ne demande ni frais d’inscription, ni cotisation. À la fin de chaque réunion, un ‘chapeau’ passe parmi les membres, où chacun met ce qu’il souhaite, en fonction de ses moyens, et en toute discrétion.Une structure de coordination existe dans chaque pays et au niveau mondial. Elle est composée essentiellement de bénévoles et financée par une partie des recettes des groupes, cédée sur base volontaire.
Al-Anon et les professionnels
Depuis sa création, Al-Anon collabore avec des professionnels actifs auprès des familles et amis d’alcooliques: médecins, infirmiers, conseillers, thérapeutes, assistants sociaux, avocats, policiers, équipes de ressources humaines en entreprises…Al-Anon/Alateen peut leur proposer:
des conférenciers et de la documentation pour leurs congrès, ateliers et réunions;
des réunions ouvertes;
des réunions dans les écoles, institutions et autres établissements;
des listes de réunions locales;
de la documentation gratuite.
Martine Biset-Saucez, conseillère conjugale et familiale au Blé en Herbe (www.guidesocial.be/le-ble-en-herbe-pf ), à Namur, a été invitée à une réunion Al-Anon. Elle témoigne…«Les groupes de soutien sont complémentaires à mon travail thérapeutique. (…) En écoutant tous ces témoignages (de proches, ndlr) remplis d’humilité et de courage, j’ai été profondément émue et marquée. Cela a changé profondément les représentations que j’avais de la maladie alcoolique.Psychothérapeute, lorsque je reçois une personne ou un couple souffrant d’alcoolisme, je repense toujours à ces groupes de soutien qui sont vraiment complémentaires avec l’entretien thérapeutique que je propose.En effet, en individuel, il est important de pouvoir écouter la souffrance parfois terrible vécue par l’entourage, la solitude, la frustration de ne pas être compris, la colère, la honte, la peur, le découragement… Le ‘travail psychologique’ consiste surtout à mettre des mots sur ces émotions, à bien les distinguer en soi. Car souvent des amalgames se créent, submergent les personnes qui ne voient plus le bout du tunnel.(…) La réunion Al-Anon se caractérise par un travail sur soi -bien précieux- entre personnes vivant les mêmes situations. Le travail thérapeutique que j’essaie d’instaurer, seul ou en couple, peut compléter parfois ce cheminement.»Plus d’infos? Asbl Al-Anon/Alateen, rue de la Poste, 111, 1030 Bruxelles. Tél.: 02 216 09 08 (permanence le mardi et le jeudi, de 14 à 18h) – Internet: www.al-anon.be (vous y trouverez notamment l’adresse et l’horaire de la réunion la plus proche de chez vous).
Lire à ce sujet, Gisle L., La consommation d’alcool. Dans: Gisle L, Demarest S (éd.). Enquête de santé 2013. Rapport 2: Comportements de santé et style de vie. WIV-ISP, Bruxelles, 2014. Également téléchargeable.
Le nom est formé des premières syllabes de Al-Anon et de Teenager (adolescent en anglais).
La Convention internationale des Droits de l’Enfant en quelques mots…
On entend souvent parler des droits de l’enfant sans véritablement en connaître tous les tenants et aboutissants. Ceci n’est pas étonnant tant la place de l’enfant dans la société fut maintes fois questionnée, consacrée, contestée et redéfinie. Ce sujet de plus en plus ‘bateau’ est au cœur de nombreux enjeux, légitimant ainsi le fait que les pouvoirs publics s’en saisissent, allant même jusqu’à l’ériger au rang de haute priorité sur l’agenda politique.
Les droits de l’enfant font partie intégrante des droits de l’Homme et définissent un domaine pluridisciplinaire, nécessitant de surcroit une approche transversale des politiques publiques. Éducation, culture, santé, logement, loisirs, médias sont autant de domaines et champs de compétences directement liés à la réalisation des droits de l’enfant.
Ces droits sont consacrés dans de nombreux textes juridiques. Toutefois, la Convention internationale des Droits de l’Enfant (CIDE), adoptée le 20 novembre 1989, est le premier instrument juridique international de force contraignante à exclusivement garantir des droits spécifiques aux enfants.
Cette Convention repose sur quatre principes-piliers qui sont l’intérêt supérieur de l’enfant, le principe de participation (active) des enfants, le droit à la survie, au bien-être et au développement et, pour finir, le principe de non-discrimination qui garantit le fait que tous les enfants jouissent des mêmes droits et libertés, sans distinction aucune (fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions, l’origine nationale ou sociale, l’appartenance à une minorité́ nationale, la fortune, la naissance ou toute autre situation).
Le Comité des droits de l’enfant, organe de suivi de la Convention
Il existe un organe international émanant de l’Organisation des Nations Unies (ONU) chargé de superviser l’application de la Convention internationale des Droits de l’Enfant par les États parties, soit les États ayant ratifié la Convention et donc accepté d’être liés à ses obligations. Cet organe onusien est composé de dix-huit experts indépendants qui, approximativement tous les cinq ans, passent en revue la situation des droits de l’enfant dans un pays donné afin d’y opérer un état des lieux des avancées et des enjeux qui demeurent en la matière. Ce Comité a produit plusieurs rapports appelés ‘observations finales’, qui ont été adressés à la Belgique. Certaines de ces observations encourageaient notamment notre pays à adopter une approche intégrée et transversale des droits de l’enfant afin d’être en mesure d’appliquer de manière effective et efficiente les droits de l’enfant.
Un plan d’actions consacrant une conception globale des droits de l’enfant
En 2002, le Comité des droits de l’enfant a adressé à la Belgique ses observations finales dans lesquelles il s’était montré «préoccupé par l’absence de toute conception globale des droits de l’enfant et à fortiori de toute concrétisation d’une telle conception sous forme de plan d’action national.»
Conformément à ces observations finales, le plan d’action national droits de l’enfant (PADE) fut adopté en juillet 2005 par les différents gouvernements. Il va sans dire qu’il ne s’agit là que d’une première étape et que l’existence d’un plan d’action est dépourvue de plus-value si celui-ci n’est pas opérationnel. Ce constat justifie en partie la réaction du Comité qui, dans ses recommandations adressées à la Belgique en 2010, met en exergue la nécessité que «le plan d’action national en faveur de l’enfance définisse des objectifs, buts, indicateurs et calendriers précis et qu’un mécanisme de suivi soit créé pour évaluer les progrès réalisés et identifier les éventuelles carences.»
Par ailleurs, il est à noter qu’en 2011, les plans d’action consacrés aux droits de l’enfant de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Région wallonne furent pour la première fois adoptés conjointement sous l’impulsion du Ministre-président Rudy Demotte. Un tel processus a permis d’optimiser la cohérence et la transversalité de ces plans.
Depuis l’accord de coopération conclu le 21 novembre 2013 entre la Région wallonne et la Communauté française, l’OEJAJ travaille en collaboration étroite avec la Direction interdépartementale de la Cohésion Sociale (DiCS) afin de mettre en œuvre les articles 42 et 44 de la CIDE pour les compétences de la Région wallonne en assurant notamment l’exercice de rapportage périodique au niveau national et au niveau des entités fédérées comprenant de surcroit l’évaluation des plans d’actions droits de l’enfant de la Communauté française et de la Région wallonne.
Une telle dynamique répond à une logique d’indivisibilité. En effet, cet accord de coopération illustre la prise de conscience «de la similitude des obligations qui découlent de la ratification de la CIDE par l’État partie composé des différentes entités». Ainsi, la Convention étant «une et indivisible» et l’enfant n’étant pas «fractionnable» mais bien sujet de droit à part entière, les pouvoirs décisionnels se devaient de dépasser les logiques qui prévalent aux délimitations institutionnelles imposées par la structure de l’État.
Mais en fait, un plan d’action, c’est quoi?
Un plan d’action n’est rien de plus qu’une feuille de route gouvernementale permettant d’identifier des mesures/actions à mettre en œuvre en vue de réaliser pleinement les droits de l’enfant. Par exemple, si l’on prend le plan d’action adopté pour la période 2011-2014, celui-ci a été́ conçu suivant trois axes et décliné́ de manière transversale en objectifs stratégiques et opérationnels. Un premier axe était dédié à la gouvernance des droits de l’enfant, un second axe, défini comme prioritaire, était consacré à l’information, la formation et l’éducation aux droits de l’enfant et un troisième axe était consacré à la lutte contre les inégalités sociales et la discrimination.
Il semble légitime d’être sceptique face à un tel exercice et d’en redouter l’effet ‘catalogue’. En effet, un plan d’action, pour ne pas être une simple liste de bonnes intentions, doit définir des objectifs stratégiques et opérationnels déclinés en actions et mesures concrètes à mettre en œuvre, le tout ancré dans un cadre logistique bien défini. Il s’agit d’identifier les instances compétentes, les ressources humaines et financières allouées ainsi que le cadre temporel dans lequel s’inscrivent ces mesures. Il est, par ailleurs, fondamental de mettre en place un processus de suivi et d’évaluation afin d’être en mesure d’examiner la pertinence et l’effectivité de ce PADE (notamment via l’identification d’indicateurs de réalisation et d’impact). C’est pourquoi l’OEJAJ a pour mission, en vertu du décret du 28 janvier 2004, d’évaluer le plan d’action national consacré aux droits de l’enfant et d’en assurer le suivi via la constitution du Groupe permanent de suivi de la Convention internationale des Droits de l’Enfant (GP CIDE).
Oui mais la parole des enfants dans tout ça?
Depuis sa création (décret du 12 mai 2004), l’Observatoire a fait de la promotion de la participation des enfants et des jeunes son cheval de bataille. C’est donc tout naturellement qu’il s’est impliqué dans la phase d’évaluation du PADE par ses bénéficiaires finaux, les enfants.
Comme expliqué précédemment, la Convention internationale des Droits de l’Enfant repose sur plusieurs principes piliers. Elle y consacre notamment, dans son article 12, le principe de participation des enfants. L’esprit de cet article tend vers la prise en compte de la parole de l’enfant et ce vers des degrés d’influence croissants sur la prise de décision.
Force est de constater que les droits de l’enfant sont bien souvent (à tort) appréhendés tel un outil de consécration du statut d’enfant roi ; il convient de rappeler que la participation de l’enfant n’implique pas que ce dernier décide de tout. Le principe de participation consacre à l’enfant le droit de participer au processus décisionnel et d’être entendu sur toute question l’intéressant. Il s’agit de garantir à l’enfant que son avis sera entendu et son opinion respectée. Cela implique donc de tendre vers un système empreint d’une approche child-focused dans lequel l’enfant se voit conférer une place d’acteur au sein de la société. En effet, bien que l’enfant ‘n’ait pas de moustache’, il a le droit de faire valoir son opinion auprès des adultes !
Ce processus de participation des enfants à l’élaboration et à l’évaluation du PADE a consisté en un ambitieux projet piloté par l’équipe pédagogique des CEMEA tout au long de l’année 2014. Il a permis d’impliquer quelque 250 enfants de groupes scolaires, associatifs et de groupes à attention particulière venant de divers horizons en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce projet vient réaffirmer la place de l’enfant dans la société et les possibilités qui lui sont offertes afin de jouir pleinement de son statut (légitime) d’acteur au sein de celle-ci.
Il s’est déroulé en trois étapes. La première consistait en un atelier ludique basé sur des pictogrammes représentant différents droits de l’enfant. Il s’agissait d’une étape cruciale ayant pour objectif de nourrir une réflexion chez les enfants sur le contenu de la Convention et sur leur vécu.
La seconde étape s’est déroulée en deux journées (une pour les groupes scolaires et l’autre pour les groupes non scolaires) ayant pour objectif d’informer les enfants sur le PADE. Ces deux journées se sont centrées autour d’activités ayant pour fil rouge les droits évoqués lors de la première étape.
Pour finir, la troisième étape fut consacrée à l’évaluation stricto sensu du PADE 2011-2014 et à la formulation de propositions par les enfants concernant les projets relatifs aux droits de l’enfant à adopter dans le cadre du prochain PADE (2015-2017).
Bien que l’adage voulant que «la vérité sorte de la bouche des enfants» ne soit pas scientifiquement prouvé, il n’en demeure pas moins que la parole de l’enfant est toujours riche en enseignements.
Quelques exemples:
Concernant le droit à une bonne santé, à une alimentation saine«Manger ça coûte cher», garçon, 16 ans.«Pour faciliter l’accès aux soins de santé, il faut promouvoir au maximum les maisons médicales», garçon, 17 ans.
Concernant le droit d’aller à l’école, une école accessible«Pour moi, il faudrait offrir un matériel minimum à chaque élève en début d’année, moins de sorties payantes, réutiliser les livres chaque année», garçon, 17 ans.«Je pense que l’école est là pour tout le monde, que tous les élèves peuvent y aller et que tout le monde a la capacité de pouvoir être dans l’école et qu’il ne faut pas faire des écoles spécialement différentes en fonction des élèves et de leurs capacités. Au final, l’école elle va nous préparer pour la vie future alors on pourrait nous préparer en étant tous dans la même école», fille, 17 ans.
Concernant l’accès à une école de la réussite pour tous «Et déjà l’école, c’est fait pour apprendre pas pour être jugé, nous rabaisser», fille, 16 ans.«Moi, j’ai des profs dans mon école, ils utilisent beaucoup la…violence verbale. Ils disent qu’on n’est pas capables et tout», fille, 15 ans.
Concernant l’intégration des personnes handicapées au sein de la société (école, culture, loisirs)«Dès le plus jeune âge nous mettre en relation avec des personnes handicapées comme ça on apprend…on crée des liens et je pense que ça serait bénéfique pour les enfants handicapés et pour les enfants comme nous», garçon, 16 ans.«À l’école, dans les musées : des ascenseurs, des haut-parleurs, du braille partout», fille, 11 ans.
Concernant l’accès à l’information«On n’est pas au courant de ce que telle asbl ou mutualité fait, même si c’est gratuit, on ne sait pas si c’est ouvert à tous, on n’ose pas pousser les portes», fille, 17 ans.
Quid du nouveau PADE 2015-2017 pour la Fédération Wallonie-Bruxelles?
Le nouveau PADE 2015-2017 a été adopté par le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles en mars 2015. Tenant compte de l’évaluation du plan précédent et fortement articulé à la Déclaration de politique communautaire 2014-2019, ce plan 2015-2017 définit une feuille de route ambitieuse et réaliste en matière de droits de l’enfant pour les années à venir.
Le fait que certaines recommandations formulées par les enfants aient été prises en considération lors de l’élaboration de ce nouveau PADE illustre sans nul doute la pertinence de ce processus participatif. La note méthodologique du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles prévoit de reconduire cette expérience. Il reste désormais à plaider en faveur d’un processus participatif encore plus abouti et touchant un plus grand nombre d’enfants.Il est temps de reconnaitre à l’enfant sa qualité d’acteur au sein de la société et de lui donner plus de marge de manœuvre et d’initiatives afin qu’il soit en mesure de mettre en débat des sujets qui le touchent et ont chaque jour des conséquences sur sa vie, son bien-être et son développement.
Observations finales du Comité des droits de l’enfant adressées à la Belgique en 2002, CRC/C/BEL/CO/2.
Observations finales du Comité des droits de l’enfant adressées à la Belgique en 2010, CRC/C/BEL/CO/3-4.
L’article 42 dispose que «Les États parties s’engagent à faire largement connaître les principes et les dispositions de la présente Convention, par des moyens actifs et appropriés, aux adultes comme aux enfants». L’Article 44 prévoit que les États s’engagent à soumettre des rapports périodiques au Comité des droits de l’enfant et d’assurer une large diffusion de ses observations finales et générales.
Accord de coopération entre la Région wallonne et la Communauté française relatif aux articles 42 et 44 de la Convention internationale des Droits de l’Enfant, Préambule.
Centre d’Entrainement aux Méthodes d’Éducation Active: mouvement d’éducation et praticien de terrain.
Les citations d’enfants et d’adolescents sont tirées du Rapport final sur l’organisation d’un processus de participation des enfants à l’élaboration et l’évaluation du plan d’actions relatif aux droits de l’enfant produit par les CEMEA en collaboration avec l’OEJAJ et la Fédération Wallonie-Bruxelles (janvier 2015), disponible en ligne sur notre site: www.oejaj.cfwb.be (Évaluer les politiques d’enfance et de jeunesse/Organisation d’un processus de participation des enfants à l’élaboration et l’évaluation du plan d’actions relatif aux droits de l’enfant).
Rapport du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles relatif à l’application de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, mars 2015.
En 2013, l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse a lancé une enquête quantitative de grande envergure auprès de 1.500 jeunes pour connaître les pratiques d’affiliation des jeunes dans les quatre premières années du secondaire.
Une enquête représentative
Les affiliations des jeunes adolescents sont en effet peu étudiées, les enquêtes s’axant souvent sur la tranche d’âge supérieure. Pourtant, l’entrée dans l’adolescence est une période clé où le jeune prend peu à peu son autonomie et rejoint des groupes sans passer par l’intermédiaire de ses parents. Nous avons fait le pari que nous avions beaucoup à apprendre en interrogeant des jeunes de cet âge. Nous n’avons pas été déçus: cette enquête est une véritable mine de données passionnantes et fiables sur les pratiques d’affiliation des jeunes de 12 à 16 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles.Elle se divise en deux volets :
le premier nous renseigne sur le profil des jeunes interrogés et leurs réalités de vie. Compte tenu de la rigueur scientifique avec laquelle l’échantillon a été constitué, les données sont extrapolables aux jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans leur ensemble;
le second volet porte sur les pratiques d’affiliation des jeunes et leurs effets.
Le volet baromètre
Le premier volet de cette recherche porte notamment sur les compositions familiales. On y apprend que, parmi les 40% de jeunes ayant vécu une séparation familiale, 67% vivent principalement avec leur mère, 18,5% connaissent un hébergement égalitaire et 14,5% vivent principalement avec leur père. 50% des jeunes interrogés déclarent vivre avec au moins deux frères et sœurs au moins une partie du temps, ceci en raison des recompositions familiales.Les pratiques de loisirs ont également été analysées. Les résultats révèlent par exemple que 60% des garçons et 40% des filles pratiquent une activité sportive de manière régulière (au moins une fois par semaine), que 98% ont accès à un ordinateur et à une connexion internet à domicile. Ils révèlent également que 30% des jeunes ne partent pas une semaine complète en vacances par an.D’autres questions portent sur la mobilité des jeunes, les langues parlées à la maison, le parcours scolaire, etc.Une série de questions traitent également de l’attitude des jeunes vis-à-vis de l’engagement et des valeurs sociétales. On y découvre que les jeunes dans leur majorité jugent positivement l’engagement bénévole, que le niveau socio-économique n’influence pas les attitudes vis-à-vis de ces questions, et que les filles sont proportionnellement plus nombreuses que les garçons à afficher un point de vue positif sur l’engagement.
Le volet affiliation
Le deuxième volet de la recherche porte sur les affiliations des jeunes proprement dites. Il s’est agi d’investiguer des questions telles que le type de groupes, formels ou informels que les jeunes rejoignent à partir de 12 ans, les canaux et motivations de leurs affiliations, les activités développées dans ces groupes, les apports éventuels de ces groupes en matière d’estime de soi, de connaissance de soi, des autres et du monde, les obstacles aux affiliations des jeunes, etc.
Un support affectif primordial
Une question portait sur le groupe d’affiliation le plus important aux yeux des jeunes interrogés. L’enquête met en lumière que pour 38% d’entre eux, il s’agit du groupe d’amis avec lesquels ils et elles pratiquent une activité sportive et que pour 27%, c’est le groupe d’amis qu’ils et elles retrouvent juste «pour être ensemble» ou «faire des activités diverses» (ces chiffres montent à 50 % si on prend en considération les deux groupes de prédilection des jeunes).Quand on les interroge sur leurs motivations à fréquenter un groupe, les jeunes mettent souvent en avant l’écoute, le soutien, la possibilité de «tomber les masques» et d’être soi-même. Les composantes de détente et de plaisir sont également essentielles dans la motivation à rejoindre et rester dans un groupe.Les groupes d’affiliation apparaissent comme très importants pour la sécurisation affective des jeunes et leur construction identitaire. Ce constat nous amène à plaider pour un support à ces affiliations qui peuvent compenser d’éventuelles difficultés dans d’autres domaines (familial ou scolaire notamment).
Les affiliations au regard de l’âge et du genre
Si une grande majorité de jeunes accorde une importance à la dimension relationnelle dans leurs affiliations, ce critère prévaut plus fortement dans les motivations des jeunes filles de 12 à 16 ans à intégrer et/ou évoluer au sein d’un cercle de jeunes. Cette propension est confirmée par leur investissement plus marqué que celui des garçons dans des groupes informels et sans objectif spécifique, dont l’intérêt principal réside dans le fait d’être et d’interagir ensemble. Dans un ordre d’idées assez proche, les adolescentes privilégient plus que les adolescents les groupes de copains/copines visant simplement à sortir, se divertir ou se détendre ensemble.Les garçons quant à eux s’impliquent plus volontiers dans des groupes (formels ou non) constitués autour d’une activité précise, qui peut être la pratique d’une discipline sportive ou artistique, le partage autour de centres d’intérêts communs, ou encore le jeu. Plus que les filles, c’est souvent un mobile ‘consistant’ ou un paramètre déterminé (lieu, activité…) qui les amène à se rassembler avec d’autres jeunes.Le genre de l’adolescent n’influence par contre pas les pratiques affiliatives en termes de quantité ou d’intensité. On retrouve cependant un peu moins de filles que de garçons dans les groupes d’affiliation formels.En ce qui concerne l’âge, on note, entre 12 et 16 ans, un accroissement progressif des implications dans des groupes de pairs. Cet accroissement se traduit par une montée des modalités informelles, souples voire volatiles au niveau des façons d’être ensemble. Si au-delà de l’âge charnière de 12 ans, les affiliations de type formel (club, académie, etc.) tendent à baisser, on ne constate pas de réel délaissement des activités cadrées ou organisées: il s’agit en effet d’une diminution de leur pourcentage relatif dans la totalité des affiliations des jeunes.
Des inégalités d’accès
En ce qui concerne l’accès à des groupes formels deux chiffres clés sont à épingler: 85% des jeunes déclarent avoir fréquenté dans le passé ou fréquenter encore une association sportive ou culturelle et 50% un mouvement de jeunesse. Ils sont respectivement 51% et 20% à fréquenter encore ces groupes au moment de l’enquête.Deux indicateurs retenus dans cette recherche en vue de tester l’influence de la situation économique du jeune sur ses affiliations livrent des tendances qui méritent d’être soulignées. Ces indicateurs sont la présence ou non d’au moins un parent avec emploi dans le foyer du jeune et la possibilité ou non pour l’intéressé de partir au moins une semaine en vacances par an. Voir les tableaux ci-dessous.Tout d’abord, il convient de souligner que les adolescents moins favorisés économiquement ne se démarquent pas significativement des autres quant à la nature des motivations à s’impliquer dans un collectif ou aux ressorts de l’intégration groupale (faire des choses ensemble, s’amuser, etc.). Par contre, il apparait que les jeunes dont le confort matériel est plus faible présentent un profil d’affiliation moins dense. Ce déficit (en intensité et en quantité), par rapport aux adolescents en meilleure situation financière, se manifeste notamment par une présence proportionnellement plus réduite dans des groupes structurés (clubs, académies, etc.).De la même manière, les jeunes de foyers plus vulnérables sont moins nombreux à avoir fréquenté un mouvement de jeunesse (25% contre 50% de l’ensemble).Il est également intéressant de souligner qu’une partie de ces jeunes désignent les groupes ‘formels’ comme des groupes qu’ils aimeraient rejoindre sans pouvoir y parvenir en raison d’une série d’obstacles dont le manque de temps, le refus des parents, la mobilité, les aspects financiers, ou encore, le fait de ne pas se sentir à sa place.Par ailleurs, les corrélations dégagées par la partie de l’enquête consacrée aux effets des affiliations tendent à confirmer les impacts positifs des affiliations, notamment formelles, sur les connaissances des jeunes sur leurs droits et la société ainsi que sur leur sentiment de compétence, leur confiance en eux, etc.
L’inégalité d’accès des jeunes aux groupes formels révélée par cette enquête est d’autant plus préoccupante à la lumière de ces résultats.
Pour en savoir plus…
Les résultats de cette recherche sont disponibles sur le site de l’OEJAJ.
Cette enquête a été confiée à SONECOM et a été réalisée par Stéphane Jonlet.
On entend par groupes formels des groupes encadrés (par des adultes ou des jeunes plus âgés), structurés, qui se réunissent régulièrement tels que des clubs sportifs, des centres de jeunes, des organisations de jeunesse, des associations culturelles, etc.
7 Jours santé, un programme de promotion de la santé piloté par l’asbl Question Santé sur la Région de Bruxelles-Capitale, a démarré récemment une nouvelle phase de son développement.
Fatigue, stress, douleurs musculaires… Un indépendant sur deux considère que son travail a un impact négatif sur sa santé. «Je n’ai pas le temps d’être malade», «Je ne vois mon médecin que lorsque ma banque l’exige pour une demande de crédit», voici le genre de phrases qu’on entend dans la bouche des indépendants et chefs de petites entreprises bruxelloises. Pourtant, la santé et le bien-être sont un ‘actif immatériel’ tout à fait essentiel au développement de leur activité professionnelle.
La santé reléguée au second plan
Moteurs de l’économie, les PME et TPE (très petites entreprises) contribuent largement à la prospérité bruxelloise. Mais, alors que 86% des entrepreneurs reconnaissent le lien entre santé et vie professionnelle, seulement la moitié d’entre eux en tient compte au quotidien.
Les leçons du terrain
7 Jours santé s’est appuyé sur une étude menée par l’École de Santé publique de l’ULB pour moderniser et préciser son programme. Conduite dans plusieurs quartiers commerçants de la capitale, cette recherche a livré des résultats interpellants: par exemple, 37% des petits patrons travaillent plus de 60 heures par semaine et 20% dorment moins de six heures par nuit.
Les actions de 7 Jours Santé
Pour mettre ou remettre la santé parmi les préoccupations des chefs d’entreprise, le programme travaille sur trois axes:
la prise en charge précoce;
une communication multi-supports (matériel imprimé, nouveau site internet www.7jsante.be, campagne de sensibilisation à la radio);
des ateliers pratiques gratuits et animés par des professionnels reconnus sur des thèmes tels que la gestion du stress, la gestion du temps, l’alimentation saine, etc.
Des partenaires
Question Santé peut s’appuyer sur un réseau développé depuis le début du programme, voici 3 ans, avec des partenaires solides comme la Cocof, qui soutient 7 Jours santé à hauteur de 65.000 euros. L’asbl travaille aussi avec la Chambre de Commerce & Union des Entreprises de Bruxelles (BECI, www.beci.be) ainsi que le Centre pour Entreprises en difficulté (www.ced-com.be).
Un environnement favorable à la réussite du programme?
Il est bien connu que les aspects purement sanitaires n’expliquent que partiellement la bonne ou mauvaise santé d’un individu ou d’un groupe d’individus. Une récente décision fédérale dans le cadre du ‘virage fiscal’ pourrait donner un joli coup de pouce à 7 Jours santé. Il s’agit de l’exemption de cotisations patronales pour un indépendant qui engage son premier collaborateur. La diminution des cotisations d’indépendant de 22,5 à 20% pourrait être également profitable à la santé (pas seulement financière!) des entrepreneurs.
Laissons le mot de la fin à Bernadette Taeymans, directrice de Question Santé: «Quand les entrepreneurs intégreront la dimension du bien-être dans leurs ‘business plans’, nous pourrons dire que nous avons réussi!»Programme 7 Jours santé, géré par l’asbl Question Santé. Chargé de projets : Sébastien Brégy. Contact: info@7jsante.be. Internet: www.7jsante.be
Les 10 questions bien-être à se poser
Quelles sont mes limites physiques et mentales?
Mon travail a-t-il du sens?
Comment est-ce que je perçois mon état de santé global et suis-je à l’écoute d’éventuels signaux d’alerte?
Suis-je (régulièrement) stressé et comment puis-je agir contre cela?
Suis-je ‘technostressé’?
Mon emploi du temps et mes priorités sont-ils adéquats?
Quel équilibre ai-je trouvé entre ma vie professionnelle et privée?Mes besoins en sommeil sont-ils satisfaits?
Mon activité physique est-elle en adéquation avec mon bien-être?
Suis-je suivi périodiquement par un médecin?
Extrait de la brochure de 40 pages ‘Les entrepreneur-e-s, des super-héros?
Un spot radio de sensibilisation sera diffusé sur les ondes bruxelloises en janvier 2016 (sous réserve de l’obtention d’espaces publicitaires gratuits.
Lors de cette rentrée, des projets vont démarrer dans 36 établissements qui ont décidé de «ne plus tourner autour du pot!»
La Fondation Roi Baudouin, a lancé récemment un appel à projets destiné aux écoles du fondamental, visant à soutenir leurs projets d’amélioration de leurs sanitaires. Les établissements sélectionnés sont connus: 36 projets vont se partager plus de 163.000 euros.
Le Fonds BYX annonce un nouvel appel à projets, à destination des écoles du secondaire cette fois, en janvier 2016. Il propose aussi les actes du séminaire qu’il a organisé autour du tabou relatif à la question des toilettes à l’école.
Les projets soutenus
Un jury indépendant, composé de membres de l’ensemble de la communauté éducative et de professionnels de la promotion de la santé, a sélectionné 36 projets à travers toute la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils se partagent 163.463 €. Tous prennent en compte les trois dimensions d’un projet destiné à améliorer les sanitaires à l’école durablement: améliorer l’infrastructure, développer une sensibilisation pédagogique et renforcer la logistique (entretien…). La liste des projets soutenus (avec des personnes de contact) est consultable sur le site de la Fondation Roi Baudouin.
Le site web et ses fiches
Afin d’aider l’ensemble des écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Fonds BYX propose un accompagnement de projet, pas à pas, grâce à des fiches réalisées en collaboration avec l’asbl Question Santé. Celles-ci seront consacrées à diverses thématiques (mobilisation des élèves, état des lieux, recherche d’idées, plan d’actions, réalisation, évaluation…) et diffusées progressivement, tout au long de l’année scolaire 2015-2016, via le site www.netournonspasautourdupot.be. La première de ces fiches sera mise en ligne à l’occasion de cette rentrée scolaire.
Les actes du séminaire ‘Sanitaires à l’école: levons le tabou!’
Afin de réfléchir et d’échanger autour de ce sujet délicat, le Fonds BYX a également invité tous les professionnels concernés à un séminaire intitulé ‘Sanitaires à l’école: levons le tabou!’, à Namur, le jeudi 12 mars dernier. Pour pouvoir bénéficier du foisonnement d’idées généré par la question, une publication électronique qui peut être consultée, téléchargée ou commandée en version papier via le site web est disponible dès à présent.
Le nouvel appel à projet ‘Ne tournons pas autour du pot!‘
Enfin, un second appel à projets sera, lui, lancé officiellement le 12 janvier 2016. Il s’adresse à toutes les écoles secondaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La date limite d’introduction des dossiers est fixée au 23 février 2016. Le dossier de candidature sera consultable et devra être rempli exclusivement via le site web www.kbs-frb.be. C’est le moment de déjà organiser la réflexion participative qui garantira la réussite de votre projet!
Pour être tenu au courant du lancement de l’appel à projets, nous vous invitons à vous inscrire à la e-news ‘enseignement’ de la Fondation Roi Baudouin via le site web et/ou au mail d’information du site web de la campagne www.netournonspasautourdupot.be.
Hasselt, Comines-Warneton, Jette, Liège, Marche-en-Famenne et Mouscron participent au projet européen OPEN (pour Obesity Prevention through European Network), avec le support de la DG Sanco.
De juin 2015 à juin 2016, elles mettront en place des actions spécifiques pour inciter les adolescents issus de milieux défavorisés à manger mieux et à bouger plus. OPEN mobilise 12 autres programmes en Europe.
La prévention traditionnelle n’atteint pas les adolescents
14,4% des adolescents belges en secondaire présentent une surcharge pondérale. Elle est plus fréquente chez les filles, dans l’enseignement professionnel ou technique et parmi les familles dont le niveau d’aisance est faible. Par ailleurs, il est généralement moins facile d’atteindre les adolescents par des programmes de prévention, car ils sont moins influencés par la sphère familiale que par leur pairs.
Un réseau européen pour lutter contre le surpoids et l’obésité des adolescents
L’objectif du projet européen OPEN est d’aider les programmes de prévention existants à augmenter leurs compétences et à élargir leurs cibles aux adolescents en milieu défavorisé.
13 programmes de prévention dans 13 pays européens font partie du projet OPEN: Allemagne, Belgique, Chypre, Espagne, France, Grèce, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie et Suède. La plupart de ces programmes fonctionnent selon la méthode EPODE, qui consiste, via un réseau d’acteurs locaux, à modifier l’environnement des familles pour faciliter les choix alimentaires sains et stimuler une activité physique au quotidien.
En Belgique, le programme Viasano a organisé un appel à projet et 6 villes recevront une bourse de 5.000 € pour organiser des actions spécifiques auprès des adolescents.
À Mouscron, par exemple, les élèves de première secondaire seront incités à se rendre à l’école activement: à pied, à vélo ou en transport en commun par le programme Move2School. Le challenge mobilité entre les écoles sera promu par une vidéo créée avec des élèves. La victoire reviendra à l’école qui comptera le plus grand nombre d’élèves actifs.«Nous avons opté spécifiquement pour les premières secondaires, afin de donner un prolongement à nos initiatives en primaire, et d’assurer ainsi la durabilité de nos projets» explique Brigitte Aubert, Échevine de la Santé.
Les autres projets: Bouge dans ta rue! à Comines-Warneton; BFF (Best Food Forever) à Hasselt; Shake&Move à Jette (Bruxelles); Ados bougent pour leur santé à Liège et S’portez-vous bien! à Marche-en-Famenne.
Agir aujourd’hui pour demain
«Grâce à la participation de Viasano au projet OPEN, nous avons l’occasion de partager l’expérience avec des programmes similaires dans d’autres pays, de recevoir des formations et des aides financières pour aider les villes sur le terrain.» dit Mireille Roillet, coordinatrice nationale de Viasano.
Au total, OPEN mobilisera environ 4 millions d’Européens, dont 975.000 adolescents.La Commission européenne via la DG Sanco et le réseau EPODE International Network supportent financièrement le projet OPEN.
Viasano est un programme d’intervention communautaire dont l’objectif est d’aider les familles à modifier durablement leur style de vie, par la mise en place avec les acteurs locaux d’un environnement qui facilite les choix plus sains. Le programme se base sur les recommandations scientifiques officielles en Belgique et encourage au sein des familles une alimentation équilibrée et conviviale ainsi qu’une activité physique quotidienne. Chaque année, une campagne sur ces thèmes est proposée aux villes participantes.
Dans les villes et communes Viasano, le bourgmestre et le collège s’engagent pendant 4 ans. Un chef de projet est désigné pour mettre en place le programme sur le terrain. Le chef de projet local est accompagné par la coordination nationale.
Un comité d’experts indépendant et pluridisciplinaire valide la stratégie du programme et ses outils. Viasano s’appuie sur un partenariat public-privé, défini par une charte éthique. Le groupe Ferrero est partenaire fondateur.
Depuis 2007, Viasano a lancé 14 campagnes de promotion de l’alimentation et de l’activité physique dans 20 villes belges.
Moreau N., de Smet P., Godin I. La santé des élèves de l’enseignement secondaire: résultats de l’enquête HBSC 2010 en Fédération Wallonie-Bruxelles. Service d’Information Promotion Éducation Santé (SIPES), ESP-ULB, Bruxelles, février 2013.
Robert H. Aseltine, Jr. A reconsideration of parental and peer influences on adolescent deviance. Journal of health and social behaviour, 1995.
Actif sur le front de la lutte anti-tabac et en tant que membre de la Coalition contre le tabac, l’Observatoire de la Santé du Hainaut regrette les décisions finalement adoptées par le Gouvernement.
«Nous sommes déçus car nous nous étions rendus aux ministères des Finances et de la Santé afin de sensibiliser les autorités. En Belgique, on compte pas moins de 7.000 morts par an dus au cancer du poumon et quelque 20.000 liés au tabagisme!», indique Pierre Bizel, expert à l’OSH et porte-parole de la coalition contre le tabac. «Ce taxshift, très souvent discuté, aura un effet moindre sur nos recettes fiscales mais un impact favorable pour l’industrie du tabac qui, au final, sera la grande gagnante».
En effet, si on a parlé de fixer un prix dissuasif au paquet de cigarettes, leur coût ne flambera finalement pas. Dans un communiqué rédigé conjointement par Pierre Bizel, Luk Joossens (Fondation contre le Cancer), Hedwig Verhaegen (Kom op tegen Kanker) et Stefaan Hendrickx (Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie), la coalition explique que l’augmentation (fixée à 70 cents pour un paquet de cigarettes et à 1,85€ pour le tabac à rouler) étant répartie sur 3 ans, elle restera très basse par année. «C’est sans doute l’intention du gouvernement belge actuel comme des précédents. Leur raison étant qu’une trop large augmentation du prix mènerait à moins d’achat et cela, le gouvernement aimerait l’éviter».
Certes le prix du tabac à rouler montera, lui, de manière importante. Mais comparativement il restera trois fois moins cher qu’une cigarette ordinaire. Or pour que la mesure soit réellement efficace, il faudrait augmenter le prix du tabac à rouler d’au moins un euro, et celui du paquet de cigarettes de 50 cents, et ce chaque année…
Le grand gagnant? Le lobby du tabac!
De plus, l’État ne récolte finalement que 63% des fruits de cette augmentation sous forme de recettes fiscales. Les 37% restants tombent dans l’escarcelle des industries du tabac. «Rien que pour le secteur de la cigarette, le gouvernement offre, pour la période 2016-2018, plus de 200 millions d’euros à l’industrie du tabac», souligne la coalition. Cette politique n’est pas neuve, puisque voici 15 ans que le système fonctionne comme cela. ‘Grâce’ au taxshift, le bénéfice des industries du tabac sera encore plus important.
Toujours selon le communiqué, la politique fiscale mise en place pour les cigarettes est un fiasco : «elle fera diminuer très faiblement la consommation de cigarettes, donc la santé publique ne sera pas améliorée. Par contre, la position financière de l’industrie du tabac se renforcera et, cerise sur le gâteau, le gouvernement perdra au moins 200 millions de recettes fiscales».
Quelles solutions?
L’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’il faut une augmentation du prix d’au moins 10% en une fois pour obtenir un réel effet dissuasif, voire diminuer effectivement la consommation de tabac et protéger notamment les jeunes des méfaits de la cigarette.
L’OSH s’inscrit dans la démarche de réglementation et de dénormalisation du tabac prônée par l’OMS, mais poursuit aussi ses efforts en matière d’information et d’éducation: éviter de commencer à fumer, encourager l’arrêt, promouvoir un environnement sans tabac en particulier en protégeant les plus faibles, les plus menacés. Éduquer et travailler sur la prévention restent des atouts majeurs en termes de santé publique…
Observatoire de la Santé du Hainaut, rue St Antoine 1, 7021 Havré. Tél.: 065 87 96 00. Courriel: observatoire.sante@hainaut.be
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