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Pour un accès optimal aux vaccins et aux données vaccinales. Quelles perspectives pour les vaccinateurs en Communauté française?

Le 30 Déc 20

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La vaccination est l’un des atouts majeurs de la santé publique et son utilisation rationnelle nécessite la mise en place de programmes cohérents. Au fil du temps, de nombreux vaccins ont été développés, ils constituent tout un arsenal contre les maladies infectieuses. Les patients et les professionnels de santé sont donc confrontés à des calendriers vaccinaux de plus en plus complexes.
L’augmentation des vaccinations recommandées, la multiplicité des vaccinateurs et le libre choix du vaccinateur font que les données vaccinales d’une personne se trouvent souvent dispersées dans de nombreux dossiers médicaux en de nombreux sites. La personne ou le vaccinateur disposent rarement d’une vue complète sur l’état vaccinal.
Le programme de vaccination a pour mission de mettre en oeuvre les recommandations auprès des populations concernées. Pour ce faire il met à disposition des vaccinateurs, dans le circuit de distribution de la Communauté française, les vaccins utiles aux différents âges de la vie, actuellement de la naissance à l’âge de 18 ans.

Un forum pour avancer

Le 24 avril dernier, un forum s’est tenu au Ministère de la Communauté française à l’invitation de Provac, pour un échange entre parties prenantes du programme de vaccination: ONE, PSE – PMS, médecins généralistes, ISSP, mutualités…
Ce forum se tenait dans le cadre de la Semaine européenne de la vaccination. Il a permis de peser les avantages et inconvénients du passage à un système de commande en ligne des vaccins couplé à la réalisation d’une base de données vaccinales (1). Un vote de tendance a clairement indiqué que les premiers l’emportent sur les seconds, tout en comportant à l’heure actuelle un obstacle majeur: l’ONE n’est pas en mesure d’assurer à court terme l’informatisation de ses consultations, jugée évidemment indispensable vu que l’ONE vaccine environ 50% des enfants de moins de 6 ans.
Bref, ce ‘passage au XXIe siècle’, comme le disait un des participants, ne se fera pas du jour au lendemain, mais une dynamique encourageante est lancée.

Pour cibler les populations concernées et leur laisser le libre choix du vaccinateur, la Communauté française distribue depuis 1999 des vignettes aux nourrissons via le carnet de santé de l’enfant et aux élèves de 3e maternelle et de 6e primaire via les services PSE. Grâce à celles-ci, les vaccinateurs peuvent obtenir les vaccins utiles à leurs patients.
Par ailleurs, le programme dispose d’un système informatisé de commandes de vaccins vers les différents producteurs (Comvax), d’enquêtes de couverture vaccinale, triennales chez les nourrissons et annuelles en médecine scolaire, et de données via le rapport des structures préventives (ONE et PSE) ainsi que via l’Enquête nationale de santé. L’ensemble de ces données permet de suivre l’évolution du programme au niveau populationnel.
L’évolution de la technologie informatique et la mise en oeuvre de celle-ci chez les différents vaccinateurs permettent aujourd’hui d’envisager, à moyen terme, l’organisation d’un système plus performant de commandes des vaccins via internet ainsi que sa liaison à une banque de données vaccinales. Cette banque de données permettrait un stockage des données individuelles de vaccination qui pourront être accessibles à tous les vaccinateurs pour vérifier l’état vaccinal d’un patient. Cette banque ne répondra pas directement aux exigences d’un Registre de vaccination mais doit plutôt être considérée comme une aide mise à disposition pour améliorer la vaccination de la population.
L’expérience et le développement de Vaccinnet en Flandre peuvent servir de point d’appui pour notre réflexion et être à l’origine d’un projet de collaboration entre les programmes communautaires de vaccination.
Avec le Comité de concertation interinstitutionnel sur la vaccination (CCIV), Provac souhaite mettre en place le processus de réflexion nécessaire pour mener à bien une telle évolution du programme: lier les commandes de vaccins à la constitution d’une banque de données vaccinales multi-utilisateurs.
Cette démarche vise les objectifs suivants:
– lancer un processus de sensibilisation et de mobilisation des structures représentées au CCIV en faveur de l’organisation d’un nouveau système de commande de vaccins lié à la constitution d’une banque de données vaccinales individualisées;
– réaliser, avec tous les partenaires (leurs décideurs), un état des lieux des bénéfices attendus et des verrous à lever pour mettre en oeuvre une centralisation des données vaccinales;
– étudier en quoi la proposition Vaccinnet de la Communauté flamande (couplage de la commande de vaccins avec la centralisation des données) apporte des solutions aux problèmes soulevés;
– établir un calendrier de travail pour adapter, le cas échéant, Vaccinnet à la réalité de la Communauté française (y compris Bruxelles et la Communauté germanophone).

Arguments en faveur de la constitution d’une banque de données liée à un système de commande de vaccins par internet

L’outil que nous voulons développer est avant tout orienté vers l’organisation d’un système de commandes de vaccins plus performant alliant facilité d’emploi et respect des populations ciblées par le programme de vaccination. La constitution d’une banque de données vaccinales n’en est que le produit dérivé. Cependant au fil du temps cette banque de données concernera de plus en plus de sujets et pourra être considérée comme un registre. C’est pourquoi, il nous semble nécessaire de mener dès à présent une réflexion de fond sur le sujet.
Un outil tel un registre sanitaire nécessite de nombreuses réflexions préalables ainsi qu’un investissement important tant au niveau administratif, économique que politique ou encore éthique. Les questionnements menés devront être réalisés à la fois au niveau de l’administration publique et au niveau du terrain des professionnels de santé. Les éventuels inconvénients d’un registre rencontrés tant par les professionnels de santé que par les patients devront être compensés par des avantages évidents. Chaque acteur quel qu’il soit devrait donc pouvoir tirer profit du nouveau système envisagé.
La création d’une banque de données vaccinales doit répondre à trois conditions: l’utilité, la faisabilité et l’acceptabilité.
Ces trois critères devront être rencontrés tant par les professionnels de santé que par les bénéficiaires. Les différents types d’acteurs doivent par conséquent avoir intérêt à participer à cet enregistrement.

Utilité (avantages à tirer d’une banque centralisée de données vaccinales)

La perception de l’utilité varie bien évidemment selon que l’on se situe du point de vue de l’individu, des professionnels de santé, du responsable de programme ou du chercheur, ou encore des experts politiques. Néanmoins, la banque centralisée de données vaccinales doit être à terme utile pour ces différents types d’acteurs.
L’utilité apparaît ci-dessous comme une liste descriptive d’avantages objectivables. Quels sont-ils?
Du point de vue des patients
Cette banque centralisée de données vaccinales permet de fournir à tout individu l’information sur son état vaccinal depuis sa naissance et cela jusqu’à un certain âge (qui devrait être réfléchi au préalable). En cas de perte du carnet vaccinal, la banque permet de retracer le parcours vaccinal de la personne et de fournir un duplicata. Elle permettra de prévenir les vaccinations inutiles dans le cas de personnes déjà immunisées qui auraient perdu la preuve de vaccination. En effet, sans preuve de vaccination, il y a (re)vaccination, qu’on soit enfant ou adulte, surtout lors d’admission aux services d’urgence.
La banque permettrait, dans des cas plus exceptionnels, et pour autant que le type de vaccin et le numéro du lot y soient inscrits de retracer les personnes vaccinées avec un vaccin d’un lot identifié comme suspect ou inefficace afin de les revacciner si nécessaire.
L’individu aurait accès aux vaccins fournis gratuitement par la Communauté directement auprès de son médecin, sans report de consultation comme cela peut être le cas avec le système actuel des vignettes. Ces avantages individuels qui sont nombreux et importants ne sont bien évidemment pas isolables de ceux que la communauté peut en tirer.
Du point de vue de la population (santé publique)
Un système d’enregistrement des données permet de vérifier la bonne utilisation des vaccins mis à disposition et de mieux cibler les campagnes d’information sur l’application des calendriers proposés. Il donnerait également la possibilité de mesurer rapidement l’impact de la presse dénonçant à tort ou à raison les effets indésirables d’un vaccin.
En termes de pharmacovigilance, le système d’enregistrement permettra de retrouver les vaccins utilisés en cas d’effets indésirables déclarés pour autant que le lot et le type de vaccin y soient mentionnés.
Ce système offrirait également la possibilité de réagir en cas de rupture de stock de vaccin et d’adapter la distribution de vaccins.
La commande de vaccins étant directement liée au renouvellement progressif du stock de vaccins en fonction des dates de vaccination fournies, le coût de la distribution des vaccins serait moins arbitraire et mieux contrôlé.
Théoriquement, et pour autant qu’elle soit exhaustive, cette banque pourrait servir pour établir des couvertures vaccinales brutes. Elle ne pourra néanmoins pas fournir d’analyse en fonction de variables sociodémographiques.
Du point de vue du praticien
La facilité d’accès au système de commandes de doses de vaccin (en ligne ou en différé) ainsi que l’obtention d’un stock renouvelé au fur et à mesure des vaccinations rapportées par le praticien constitueront certainement un attrait pour ce dernier. Néanmoins, associer la commande de vaccins à l’enregistrement des données vaccinales signifie avoir suffisamment de gage de qualité et de fiabilité quant aux données qui y seront enregistrées. Les dates encodées devront être les dates réelles de vaccination et non des données fictives. En effet, afin que le vaccinateur puisse recevoir les doses de vaccins, il sera obligé par le système de commandes de fournir des dates de vaccination. Dès lors que commandes de vaccins et banque de données vaccinales sont reliées, il est impératif d’un point de vue médico-légal que la qualité de ces données soit maximale. Ceci n’est pas seulement vrai pour la santé publique, mais aussi pour le praticien qui doit, afin de vacciner correctement, être sûr que les dates de vaccination encodées, éventuellement par d’autres confrères, sont exactes.

Faisabilité [enjeux organisationnels)

Les avantages évidents d’un système centralisé d’enregistrement des vaccinations ne doivent pas occulter toutes les difficultés et les inconvénients sous-jacents. Les problèmes qui pourraient se poser au niveau individuel sont principalement d’ordre éthique. Cependant, l’éthique et les questions qu’elle pose dans ce domaine apparaissent aussi au niveau collectif.
En plus des questions éthiques, les enjeux au niveau collectif seront d’ordre tant juridique, financier, politique que technologique. L’étude de la Commission européenne (2) montre d’ailleurs que les éléments qui limitent le plus la mise en place d’un registre sont d’ordre organisationnel (système de santé complexe avec division des responsabilités, coûts, complexité de la mise en place d’un tel système, exigence de sa pérennité…).
Enjeux éthiques
Les questions éthiques qui découlent de l’utilisation d’un registre sanitaire sont nombreuses. L’enjeu éthique majeur est le conflit entre d’une part, la possibilité d’atteinte à la vie privée par l’accès abusif à des données centralisées informatisées et d’autre part, l’avancement des connaissances en santé publique ainsi que l’amélioration de la protection sanitaire de la population.
Le fait que la Commission de la vie privée ait donné son accord en Flandre montre que le système lui semble acceptable.
La question du consentement du patient à figurer dans un tel système d’encodage doit cependant être posée et les modalités pratiques du refus éventuel de figurer dans la banque de données précisées. La conséquence éventuelle que ce refus entraînerait sur l’accès aux vaccins doit également être discutée.
Enjeux législatifs et légaux
Pour les systèmes centralisés de données, utilisés dans le secteur sanitaire et qui concernent l’intégrité physique et la vie privée des patients, un cadre légal défini de façon précise devrait préexister au développement de ces méthodes surtout à l’heure de l’informatisation généralisée. Le cadre légal devrait tenir compte à la fois des droits des citoyens par rapport au système, des droits et devoirs des praticiens médicaux mais aussi des droits et devoirs de l’administration tant par rapport aux citoyens, que par rapport à la recherche scientifique ou encore au monde médical. Les questions concernant la responsabilité, la sécurité, l’autorité du système devraient être discutées mais aussi celles concernant l’usage abusif des données y figurant.
Enjeux techniques et technologiques
Au niveau individuel, la question de l’équipement et du matériel tourne principalement autour du type d’ordinateur, des logiciels et de la connexion Internet dont chaque vaccinateur devra être équipé.
Au niveau institutionnel, auquel il appartient de créer le logiciel adéquat, ce sont des questions concernant à la fois l’alimentation de la base de données, la gestion de cette base de données, le stockage de ces données, l’accès à l’information et le respect de la vie privée qui devront trouver des réponses.
La construction d’un tel site nécessite la mise en place d’un système sécurisé d’identification des médecins vaccinateurs, la désignation d’un responsable de fichier et des accords avec la Banque Carrefour pour obtenir, sur une base hebdomadaire, le fichier des données de population.
Une conception modulaire de l’outil permettra le phasage de l’extension grâce à l’ajout des modules d’interface avec les logiciels des différents fournisseurs de données. Il permet d’envisager dans le futur l’extension à d’autres missions comme par exemple l’enregistrement des effets secondaires ou du numéro du lot du vaccin (cf. par exemple les besoins à long terme d’info sur la vaccination HPV).
Enjeux économiques
Un système d’enregistrement centralisé de données vaccinales nécessite un support financier et humain non négligeable.
Même si certains postes de dépenses sont liés à la mise en place du système, d’autres dépenses seront récurrentes et intrinsèques à son bon fonctionnement. Le financement d’un tel projet doit donc comporter les frais de mise en oeuvre mais aussi les frais de fonctionnement. Les dépenses vont concerner le niveau institutionnel, mais pas seulement puisque les professionnels de santé, dont les structures préventives (PSE, ONE), devront s’équiper du matériel informatique et de l’accès à Internet pour pouvoir utiliser le système de commandes et de transmission de données vaccinales.

Acceptabilité

Pour qu’un outil soit accepté tant par les bénéficiaires du système que par les professionnels de santé, il ne suffit pas seulement que l’instrument soit utile et qu’il ait dépassé toutes les difficultés de mise en oeuvre. Un système peut effectivement s’avérer utile et fonctionner correctement et néanmoins ne pas être facilement accepté.
Le système d’enregistrement étant conçu sur une base volontaire, il est fondamental que la population, en plus d’en comprendre l’utilité, soit fondamentalement d’accord avec l’usage du système et soit prête à y prendre part. Le concept d’acceptabilité, contrairement à celui d’utilité n’est pas basé sur des critères ou des arguments de type objectif. Il fait aussi intervenir la notion d’intérêt. Les intérêts, quant à eux, peuvent à la fois être d’ordre subjectif et objectif. Ils pourraient fortement varier d’un groupe d’acteurs à un autre ou au contraire se superposer partiellement.
Le système de commande lié à la banque de données devra donc être un outil utile avec un intérêt évident pour les différents acteurs et intervenants aux différents niveaux de réalisation. Cet outil sera d’autant plus efficace que chacun y trouve un intérêt particulier c’est à dire tant l’individu pris isolément en tant que personne vaccinée ou susceptible de l’être que le vaccinateur qui complètera la base de données ou qui l’utilisera. La Communauté en tant qu’initiateur d’un tel système devra aussi bien évidemment trouver plus d’intérêt que d’inconvénients dans son implémentation.
Niveau de la population
Plusieurs méthodes peuvent se concevoir pour évaluer le degré d’approbation dans la population.
Afin d’avoir une première estimation de l’acceptation, la littérature internationale peut être utile. Mais, il est évident que les réactions des populations peuvent s’avérer fort différentes d’un pays à l’autre. En effet, nous savons par exemple, que la Suède a une tradition de registre dans de nombreux domaines. Par contre, d’autres nations peuvent être plus réticentes à l’enregistrement systématique des données relatives à la vie privée.
Dans notre pays, l’acceptabilité peut être différente au Nord et au Sud du pays.
Un travail avec la population en amont de la mise en oeuvre d’un tel système sera sans doute à prévoir dans notre communauté.
Niveau des professionnels
Là aussi il peut s’avérer utile de connaître le degré d’acceptabilité de cet outil selon les différents types de professionnels qui devront y avoir recours. Il se peut en effet que l’acceptabilité ne soit pas pareille pour les acteurs de la médecine générale (pratique solo ou de groupe), pour la pédiatrie hospitalière et de ville ainsi que pour les structures de médecine préventive. Il pourrait par conséquent être utile de sonder les différents secteurs par rapport à l’accueil éventuel d’un registre. L’acceptabilité sera liée à l’utilité personnelle variant selon chaque professionnel, mais aussi à la quantité de travail que celui-ci devra fournir, notamment en matière d’encodage pour remplir la base de données (par exemple les difficultés soulevées par le double encodage éventuel).
Niveau des autorités
Les autorités administratives et politiques peuvent marquer un grand intérêt à disposer d’un système de commandes de vaccins qui externalise le travail quotidien d’encodage des commandes.
Il faut néanmoins qu’elles s’accordent pour identifier et accepter qui seront les responsables de la gestion des banques de données (commandes, stocks de vaccins attribués, back-up de données vaccinales…) et de l’adaptation éventuelle des programmes de gestion d’un tel système.
L’assurance de la qualité des données dans le système et de la couverture de la population ainsi que l’analyse des coûts récurrents d’un tel système définiront le seuil d’acceptabilité pour les autorités.
Béatrice Swennen , Emmanuelle Robert , Marie-Christine Miermans , Karin Levie , Provac
Adresse de l’auteur: Provac, Ministère de la Communauté française, Bd Léopold II 44, 1080 Bruxelles. Education Santé a déjà traité cette problématique (84 articles correspondant au mot-clé ‘vaccination’). Voir en particulier Swennen B., Miermans M.-C., Levie K., Plan communautaire opérationnel – la vaccination , n° 224.
Vous pouvez consulter ces articles sur notre site www.educationsante.be(1) Voir le site https://www.vaccinnet.be de la Communauté flamande, développé et hébergé par le pendant flamand de l’ONE, Kind & Gezin.
(2) European Commission, Directorate-General Health and Consumer Protection, Development of Vaccination Registers (2000/SID/017), Final report, may 2003.

Apprivoisons le soleil. Le deuxième épisode de l’histoire de Palou

Le 30 Déc 20

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Peut-être vous souvenez-vous de l’histoire de Palou, le petit garçon qui voulait devenir l’ami du soleil? (1) Doté d’un chapeau, de lunettes de soleil et d’un petit costume bleu, il invitait les enfants à apprivoiser le soleil. Cette histoire et son personnage sympathiques étaient à la base d’une campagne de prévention du mélanome malin auprès des enfants et de leurs parents. C’était en été 2007… et voici la suite de l’histoire.

La campagne ‘Palou, le petit garçon qui voulait devenir l’ami du soleil’ s’appuyait sur un projet éducatif pilote mené dans plusieurs écoles du Hainaut concernant la prévention du mélanome malin. Ce projet est mené par l’Association pour la lutte contre le mélanome malin (asbl), en partenariat avec le Réseau hospitalier de médecine sociale, le CLPS Hainaut occidental, l’Observatoire de santé du Hainaut et des services PSE.
Pour diffuser plus largement les messages de prévention, le SCPS Question Santé avait été chargé par le Cabinet de la Ministre de l’Enfance, de l’Aide à la Jeunesse et de la Santé Catherine Fonck , de réaliser une campagne de communication pour l’ensemble de la Communauté française.
En outre, à la demande du Cabinet de la Ministre et suite à une proposition de l’Etnic (2), la campagne s’était appuyée sur un nouveau moyen technologique de communication via le SMS (en envoyant un SMS, le public pouvait se procurer la brochure via internet). L’objectif était de réaliser un test «grandeur nature» sur une campagne d’un des départements du Ministère de la Communauté française.
Cette contrainte a évidemment pesé sur le choix des éléments repris dans la communication.
La procédure de commande via SMS était activée durant une période limitée (environ 3 mois). C’est la raison pour laquelle d’autres moyens pour se procurer le matériel d’information de la campagne ont été proposés: brochure imprimée via le numéro vert de la Communauté française, site internet, etc.

La campagne de communication en quelques mots

Les objectifs étaient de sensibiliser les jeunes enfants et leurs parents au bien vivre au soleil et d’énoncer les 4 messages clés pour se protéger des risques liés à l’exposition au soleil:
ne pas s’exposer entre 12h et 16h , heures où les rayonnements solaires sont les plus intenses;
porter un chapeau à larges bords , style bob: une casquette ne protège pas la nuque, ni le cou ou les oreilles;
porter des lunettes de soleil : attention, il s’agit de choisir des lunettes qui protègent des UV (indice CE) et non pas des lunettes ‘jouets’;
porter un tee shirt , ne pas rester dévêtu trop longtemps au soleil.
Le fil conducteur était un conte, une histoire que les parents peuvent raconter à leurs enfants pour apprivoiser le soleil.

La diffusion elle-même

Le conte «Palou, le petit garçon qui voulait devenir l’ami du soleil», a été décliné à travers plusieurs outils de communication.
Des spots radiophoniques
Les 4 spots radiophoniques débutaient par une amorce du conte et une voix off donnait les informations sur la campagne (SMS ou 0800) Ils ont été diffusés en 3 vagues successives durant l’été 2007:
-du 18/06 au 01/07/2007 : promotion du SMS;
-du 23/07 au 29/07/2007 : promotion du n° vert;
-du 20/08 au 26/08/2007 : promotion du n° vert.
Des affiches
Une affiche avec une illustration du conte et le slogan donnait les informations sur la campagne (SMS, 0800 et site). 20.000 exemplaires ont été diffusés auprès des relais via la Société scientifique de médecine générale, OPHACO, APB, ONE, l’Observatoire de santé du Hainaut, les CLPS et les PSE.
Une brochure animée
Une brochure animée en version Flash était envoyée par messagerie électronique: des contenus didactiques, le conte en version écrite et illustrée imprimable, le conte en version enregistrée par une conteuse.
Au total, 2280 personnes ont envoyé le SMS ‘soleil’. Parmi elles, 1561 personnes ont envoyé une adresse électronique. Toutes n’étaient pas valides, ce qui fait que 1434 personnes ont reçu la brochure. Les spécialistes traduisent ces chiffres en un taux de conversion de 72% (rapport entre le nombre de personnes ayant reçu la brochure et le nombre de personnes ayant envoyé au départ le mot ‘soleil’). Cette nouvelle technologie est intéressante mais la diffusion paraît cependant faible au vu des moyens mis en œuvre.
Une brochure imprimée
La brochure imprimée reprenait le conte illustré ainsi que des contenus informatifs et didactiques. 15.000 exemplaires ont été imprimés, et environ 9.000 brochures ont été diffusées. Le principal diffuseur de la brochure ‘papier’ a été le numéro vert de la Communauté française qui en a envoyé quelque 7300. L’objectif de départ était de seulement compléter l’offre faite par SMS, non pas de la concurrencer.
Les agents de l’équipe du numéro vert de la Communauté française nous ont précisé les catégories de personnes qui les ont contactés: des maisons de jeunes, des maisons médicales, des pharmacies, des pédiatres, des établissements d’enseignement, des asbl actives dans le domaine de l’enfance et enfin des particuliers, parents et enfants.
Des brochures ont été envoyées pour information auprès des PSE et des CLPS, l’objectif n’étant pas qu’ils fassent une diffusion large de la brochure imprimée mais qu’ils soutiennent la diffusion via SMS. L’Observatoire de santé du Hainaut a également reçu environ 700 brochures.
Le site internet https://www.palou.be
En ligne depuis le début de la campagne, le site a rencontré un certain succès malgré une promotion relativement peu importante.
Voici quelques chiffres: au total il y a eu plus de 2.400 visiteurs, avec un total de 10.891 accès de page, ce qui signifie que les visiteurs ont consulté en moyenne plusieurs pages lors de leur visite.
La durée moyenne de visite est de 3 minutes. 2134 visiteurs ont téléchargé la brochure informative disponible en PDF.
Encore aujourd’hui, le site internet permet d’assurer une certaine continuité du projet: la brochure en version Flash est maintenant mise en ligne sur ce site.
Des signets
Des signets ont également été imprimés et distribués pour faire connaître plus largement la campagne. Cette première expérience de diffusion de signets lors d’événements a été testée dans différentes circonstances et lieux. Les statistiques d’utilisation du SMS2mail par dates ont montré une augmentation du trafic à ces moments-là et principalement, lors des deux journées de distribution dans les gares. C’est sans doute une modalité à retenir car en peu de temps et avec des ressources limitées, un grand nombre de personnes sont touchées.
De plus, c’est l’occasion d’avoir un retour plus qualitatif du public: accueil souvent très positif vis-à-vis d’une campagne ‘santé’, réactions parfois douloureuses mais aussi positives de personnes ayant vécu elles-mêmes ou dans leur entourage la réalité du mélanome, réactions amicales de parents ou d’enfants ayant déjà lu et apprécié l’histoire de Palou…

Analysons un peu plus la diffusion

La diffusion via numéro vert et SMS2mail
Ces deux modes de diffusion doivent être considérés comme complémentaires mais nous pouvons cependant constater que la diffusion via le numéro vert a été largement plus importante que via le SMS.
Quelques hypothèses peuvent expliquer cette différence:
-le numéro vert de la Communauté française est connu et apprécié, le système SMS2mail est nouveau;
-crainte que le système SMS2mail ne soit quelque chose de commercial, une arnaque?
-souhait des personnes d’avoir une brochure papier qu’ils conservent, plutôt qu’un mail que l’on consulte une fois et que l’on élimine ensuite;
-perte de demandeurs dans le système SMS2mail entre l’envoi du premier sms et du deuxième (où la personne doit communiquer son adresse électronique).
La diffusion globale du projet
Si l’on additionne les différentes modalités de contact mises en œuvre autour de ce projet, quelque 13.000 personnes ont bénéficié de la campagne. On aurait toutefois pu espérer que la diffusion via SMS2mail soit plus importante…
Des conditions estivales peu favorables
L’été (pourri) que nous avons connu en 2007, n’a pas favorisé la campagne. Parler des risques du soleil quand celui-ci fait tellement défaut… Difficile de trouver une audience à ce sujet dans les médias. D’où l’intérêt de relancer cette campagne en 2008 en se basant sur les outils existants.

La suite de l’histoire de Palou pour 2008

Pour 2008, l’accent sera mis sur la diffusion de la brochure en version ‘papier’ via le réseau de partenaires potentiels : CLPS – ONE – PSE…
Les contacts seront intensifiés avec les médias proches du public visé, tels que Le Ligueur . Des signets seront à nouveau utilisés pour faire une diffusion de masse auprès du grand public.
Le projet éducatif mené par l’Association pour la lutte contre le mélanome malin auprès d’écoles du Hainaut se développe sur le terrain; la cohérence entre le projet dans le Hainaut et la campagne de communication en Communauté française devrait permettre un renforcement mutuel des actions et des messages de prévention vers le public.
La campagne de communication a démarré fin avril pour se terminer fin août…
En espérant que le soleil sera notre partenaire durant cet été 2008!
Bernadette Taeymans , SCPS Question Santé asbl
Adresse de l’auteur: rue du Viaduc 72, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 512 41 74.

(1) Voir DE BOCK C., Le petit garçon qui voulait devenir l’ami du soleil , Education Santé n° 225, août 2007.
(2) L’Etnic (Entreprise des technologies nouvelles de l’information et de la communication) est un organisme d’intérêt public, créé en 2002 par la Communauté française, qui assure à tout service public de la Communauté un support informatique, téléphonique et statistique.

Dépistage du cancer, de l’art de bien choisir le test

Le 30 Déc 20

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Pour qu’un dépistage du cancer puisse être mis sur pied à l’échelle de toute une population, il doit satisfaire à une série de critères, qui ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux d’un dépistage individuel. Un dépistage de masse (ou screening) doit être gratuit et accessible à tous, offrir des garanties maximales de qualité, et être accompagné d’une présentation claire des bénéfices et des risques qui y sont associés de manière à ce que les citoyens puissent décider d’y participer en toute connaissance de cause. Il faut y ajouter qu’il doit être coût-efficace pour la société, un argument qui n’entre pas nécessairement en ligne de compte pour les dépistages individuels.
Les bénéfices escomptés ne sont pas non plus strictement superposables à ceux d’un dépistage individuel. En effet, là où le dépistage individuel se focalise sur le cas particulier qui lui est soumis, le screening doit calculer le juste compromis entre gagner le plus grand nombre d’années de vie et exposer la population au minimum de risques d’effets secondaires, de faux positifs et de faux négatifs. Ce sont là des impératifs éthiques d’autant plus importants que le screening s’adresse à une population a priori en bonne santé.
L’efficacité d’un dépistage dépend avant tout du taux de participation de la population cible, de la qualité du test de dépistage et des possibilités de traitement que l’on pourra ensuite proposer aux personnes chez qui on aura observé des lésions. Si ces trois critères ne sont pas remplis de manière optimale, le screening ne peut satisfaire aux impératifs éthiques décrits plus haut.
Le KCE a examiné cette année les données de la littérature internationale relative au dépistage de trois types de cancers parmi les plus répandus chez nous: le cancer du côlon, le cancer de la prostate et le cancer du col de l’utérus. Les conclusions sont riches d’enseignements.

L’avis d’un acteur

«Au cours de l’année 2006, le KCE a mené plusieurs études relatives au dépistage du cancer qui nous concernent évidemment au premier chef. Nous avons même été directement impliqués dans celle sur le cancer de la prostate, qui a généré pas mal de commentaires. Ce sont des études qui font réagir, même s’il y a parfois une certaine lenteur de réaction, qui provient de la complexité des structures décisionnelles dans notre pays.
Je pense que les questions qui ont été abordées dans ces études étaient tout à fait pertinentes, et que pour chacune d’entre elles, il était bien nécessaire de mener ce genre de réflexion rigoureuse. Je suis persuadé que de telles analyses coût / bénéfice / efficacité / inconvénients sont devenues incontournables aujourd’hui en médecine, et en particulier en cancérologie, une discipline qui devient de plus en plus complexe et coûteuse. Il ne sera plus possible de se passer des approches de santé publique. Ce qui, bien entendu, n’exclut pas de rester très attentif à la qualité des relations individuelles entre soignants et patients. Il ne faut pas sous-estimer les difficultés d’une approche critique comme celle développée par le KCE. D’autant plus que le dépistage est une notion très complexe à faire percevoir de manière juste par le grand public, et aussi par les médecins. On l’a vu l’an dernier avec la polémique sur le dépistage du cancer du sein avant 50 ans, c’est un message qui ne ‘passe’ pas facilement. C’est un domaine très émotionnel où les opinions se basent souvent sur des cas particuliers, des histoires vécues. Le patient est parfois trop enthousiaste, le médecin parfois trop critique… Très souvent, on surestime ou on sous-estime l’efficacité de tel ou tel test, en fonction de ce que l’on en attend. Par exemple, quand on détecte un cancer du sein grâce à une mammographie de dépistage, on aura tendance à oublier que 9 femmes sur 10 ne seront jamais concernées par ce cancer… mais qu’elles devront subir les inconvénients de ce dépistage.
Il ne faudrait cependant pas que le KCE soit perçu comme une instance normative, qui critiquerait tout sans apporter de solution. Ils ont aussi des démarches très positives. La preuve: dans le cancer colo-rectal, les experts se prononcent clairement en faveur de l’organisation d’un dépistage systématique.
Je constate également que le KCE se prononce régulièrement pour la création d’un Registre du dépistage. Je suis tout à fait d’accord, et j’irais même plus loin: il faut qu’il existe un continuum entre ce registre et le registre du cancer, qui est enfin mis sur les rails et qui commence à bien fonctionner. Les informations recueillies de chaque côté, peuvent bénéficier à l’autre. Par exemple, les résultats négatifs des dépistages sont aussi des informations importantes. Et à terme, le registre du cancer permettra, en quelque sorte, d’évaluer l’efficacité des dépistages mis en place.»

Dr Didier Vander Steichel , directeur scientifique de la Fondation contre le Cancer

Cancer du côlon

Le cancer du côlon (gros intestin) touche chaque année 7700 personnes dans notre pays. On dispose aujourd’hui de suffisamment de preuves scientifiques pour dire que le meilleur test pour un dépistage à grande échelle de ce cancer est la recherche de sang sur un simple prélèvement de selles. Il doit se faire tous les deux ans à partir de 50 ans. Ce test est loin d’être parfait, mais il permet de détecter des lésions débutantes, le saignement étant à peu près le seul symptôme que ce cancer produit à ce stade. Le test n’est pas très spécifique; il est donc nécessaire que les personnes chez qui il est positif se soumettent ensuite à une coloscopie pour vérifier l’origine du saignement détecté. Malgré ces imperfections, on constate que dans les pays où un tel dépistage est organisé de manière systématique, la mortalité de ce cancer baisse de 15% au moins, et ceci de manière coût-efficace. Le KCE a chiffré entre 20 et 35 millions d’euros par an le coût de l’introduction d’un tel programme de dépistage en Belgique.
Une des grandes inconnues – et un facteur critique de réussite – reste le taux de participation de la population à un tel screening. Le KCE a donc suggéré de lancer quelques projets-pilotes pour éclaircir les points d’interrogation qui persistent encore sur la meilleure manière de mettre en oeuvre un tel programme chez nous.
Ces points sont, entre autres:
– comment inviter les gens à y participer? Faut-il leur envoyer directement le test par la poste ou faire intervenir leur médecin traitant?
– comment présenter le test pour que les gens en aient une perception positive et rassurante?
– comment organiser les 10.000 coloscopies supplémentaires (estimation pour la première année) dans les cas détectés comme positifs?
– comment convaincre les gens de se soumettre à ces coloscopies quand c’est nécessaire?
– comment mettre en oeuvre le contrôle de qualité de ces coloscopies?
Une fois que toutes ces questions seront résolues, le KCE conseille fortement de mettre sur pied un screening systématique de la population dans notre pays.
La majorité des cancers colorectaux apparaissent chez des personnes qui ne présentent aucun risque particulier, mais un quart environ se développent chez des individus prédisposés, soit à cause de leur histoire familiale, soit à cause de leurs antécédents personnels. Pour ces personnes, le simple dépistage ne suffit pas, et une surveillance régulière par coloscopie est à conseiller.
Rapport KCE vol. 45: Dépistage du cancer colorectal: connaissances scientifiques actuelles et impact budgétaire pour la Belgique.

Cancer du col de l’utérus

En matière de dépistage du cancer du col utérin, les femmes belges sont raisonnablement bien informées: 59% d’entre elles se soumettent régulièrement à un frottis, et cela 9 fois sur 10 chez leur gynécologue. Ce test permet d’éviter en Belgique environ 1400 cancers du col par an.
Malgré cela, chaque année, 700 femmes sont encore atteintes d’un cancer invasif du col, et un tiers en mourront prématurément. Si l’on veut diminuer encore la mortalité de ce cancer si aisé à détecter, il faut que davantage de femmes s’y soumettent, déclare le KCE. C’est-à-dire les 41% des femmes entre 25 et 64 ans qui ne le font jamais ou rarement.
Dans les pays où un dépistage systématique du cancer du col a été mis sur pied, la couverture atteint au moins 80% de la population féminine, et la réduction du nombre de cancers invasifs est conséquente: jusque 35%! Ces programmes de dépistage bien organisés sont donc plus efficaces que le dépistage opportuniste individuel, parce qu’ils peuvent inclure davantage de femmes et qu’ils se prêtent mieux à la mise en place de mesures d’assurance de qualité (inexistantes chez nous). Le KCE admet toutefois que la situation actuelle, où le frottis est prélevé par le gynécologue ou le médecin traitant, est probablement la solution la plus réaliste pour les femmes qui bénéficient déjà de cette approche. Celle-ci n’est sans doute pas la plus coût-efficace, mais la relation interpersonnelle entre la femme et son médecin permet d’aborder en confiance d’autres problèmes et contribue à la santé féminine en général.
Par ailleurs, la littérature internationale démontre de façon nette qu’un frottis de dépistage tous les trois ans est amplement suffisant. Or très nombreuses sont les femmes qui en font un chaque année. Le KCE estime qu’il n’est pas logique que ces tests superflus continuent à faire l’objet de remboursements.
Certains laboratoires couplent l’analyse du frottis de col à une recherche beaucoup plus sophistiquée de présence du virus HPV dans les cellules du col. Ce virus est effectivement considéré comme le responsable du développement du cancer du col, mais sa présence ne signifie en rien que la patiente développera un tel cancer. De très nombreux hommes et femmes font des infections à virus HPV qui passent inaperçues et qui disparaissent d’elles-mêmes. En outre, un test positif peut inquiéter inutilement et semer le doute entre la femme et son partenaire. Enfin, ce test n’est pas remboursé et la facture de 10 à 50 € atterrit généralement chez la patiente. Le KCE rappelle donc que ce test coûteux n’a fait la preuve de son utilité que dans certains cas (notamment quand le frottis est anormal), et que ceux qui le proposent quand même doivent alors fournir une information claire à son sujet.
Rapport KCE vol. 38: Dépistage du cancer du col de l’utérus et recherche du Papillomavirus humain (HPV), en collaboration avec l’Institut de Santé Publique (ISP)

Cancer de la prostate

Le cancer de la prostate ne suit pas la même logique que les autres cancers: il n’est pas toujours nécessairement utile de le dépister trop tôt! (1) Petite explication: ce cancer survient le plus souvent chez des hommes déjà âgés, et il se développe très lentement. Si des foyers microscopiques sont présents chez plus de la moitié des hommes de 60 ans, la plupart d’entre eux mourront bien plus tard, avec ce cancer mais non à cause de lui. En outre, à part dans les stades avancés, ce cancer ne provoque que très peu de désagréments. Par contre, le traitement du cancer de la prostate n’est pas dénué de risques: 75% de difficultés d’érection et 10 à 20% d’incontinence urinaire après une prostatectomie chirurgicale; 35% de problèmes digestifs et 45 à 63% de risques d’impuissance après radiothérapie. Des problèmes qui affectent lourdement la qualité de vie.

Cancer de la prostate: le dépistage en question

Beaucoup d’hommes ont pris l’habitude de faire doser régulièrement leur taux de PSA à partir de la cinquantaine. Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) qui a étudié la question de manière approfondie, conclut qu’un tel examen n’est pas forcément intéressant pour tous les hommes et que les hommes doivent recevoir une information complète avant toute décision à ce sujet.

Qu’est-ce que le PSA?

Le PSA est une protéine secrétée par la prostate. Le taux de PSA (de l’anglais Prostate Specific Antigen) est déterminé au moyen d’une prise de sang. Plus le taux de PSA est élevé, plus le risque de cancer est grand.
Cependant, le résultat peut être faussement positif: 9 hommes sur 10 qui ont une augmentation du taux de PSA n’ont pas de cancer de la prostate. En effet, le PSA peut être augmenté dans toute une série d’autres circonstances moins graves: une augmentation bénigne du volume de la prostate, une infection ou une inflammation. Par ailleurs, certains cancers prostatiques ne s’accompagnent pas d’une augmentation du PSA, le résultat est alors faussement négatif. La moitié des hommes qui ont un cancer de la prostate ont un taux de PSA normal.
Les nombreux résultats faussement positifs peuvent entraîner de l’inquiétude et des examens complémentaires inutiles.

Que se passe-t-il si le taux de PSA est trop élevé?

Si le taux de PSA est trop élevé, des examens complémentaires doivent être effectués: un toucher rectal, c’est-à-dire une palpation de la prostate, ainsi qu’une échographie réalisée par une sonde introduite dans le rectum. Ensuite, il peut être nécessaire de prendre des biopsies (prélèvements de cellules de la prostate ) guidées par échographie. Celles-ci peuvent provoquer un saignement ou une infection. Il est important d’informer le patient préalablement de ces risques.

Que se passe-t-il si un cancer est dépisté?

Dans la plupart des cas (9/10), les examens complémentaires montrent qu’il n’y a pas de cancer. Toutefois, si un cancer est dépisté, il est important de savoir que nombre de ces cancers se développent si lentement qu’ils n’auront aucun impact significatif sur l’espérance de vie.
Il n’est donc pas toujours nécessaire de traiter le cancer de la prostate. D’autant que les traitements peuvent s’accompagner de séquelles (risque d’impuissance, d’incontinence ou de problèmes intestinaux) susceptibles de perturber gravement la qualité de vie. La décision de traiter sera prise en pesant soigneusement le pour et le contre avec le patient.
Il faut aussi savoir que la moitié des hommes de 60 ans et plus sont porteurs de cancers microscopiques de la prostate qui ne feront jamais parler d’eux. Le cancer de la prostate est la troisième cause de décès par cancer (1%) jusqu’à l’âge de 75 ans. Par comparaison, le cancer du poumon est responsable de 10 fois plus d’années de vie perdues (ces années sont la somme de toutes les années que les hommes perdent à cause du cancer avant 75 ans).

Conclusion: une décision individuelle «sur mesure» est indispensable

Compte tenu des limites et imperfections du dosage du PSA, du devenir incertain de nombreux cancers microscopiques de la prostate et des séquelles possibles de leur traitement, une approche au cas par cas est nécessaire.
Il importe de tenir compte de l’âge et de la présence éventuelle d’une prédisposition familiale. Un patient encore jeune mais ayant connu plusieurs cas de cancers de la prostate agressifs dans sa famille proche, bénéficiera d’un suivi particulier. Votre médecin peut vous informer des avantages et inconvénients du dosage du PSA et des examens complémentaires éventuels et discuter avec vous le pour et le contre avant de prendre une décision.
Pour plus d’informations, voir le rapport complet sur le site du Centre d’expertise: www.centredexpertise.fgov.be (KCE reports vol. 31 B: «Health Technology Assessment – L’antigène prostatique spécifique (PSA) dans le dépistage du cancer de la prostate.»
Cette information a été rédigée en collaboration avec Dr D. Vander Steichel (Fondation contre le Cancer), Dr. B. Spinnewyn (Domus Medica), Dr. L. Erpicum (Société scientifique de médecine générale), Dr. P. Galloo (Socialistische mutualiteiten), M. C. De Bock (Mutualités chrétiennes), Dr. A. Vandenbroucke (UCL), de Heer P. Vandenbulcke (Vlaams Agentschap Zorg en Gezondheid), Madame la Ministre C. Fonck (Communauté française).

L’objectif d’un dépistage systématique devrait donc être de repérer les cancers agressifs et pas les autres, pour ne pas soumettre des hommes en bonne santé à des traitements potentiellement invalidants qui ne sont peut-être pas nécessaires. Mais un tel test n’existe pas encore. Pourtant, dans notre pays, les hommes se voient souvent proposer des “dépistages” lors de checkups, dans des “prostamobiles” ou dans certaines cliniques réservées aux hommes. Ces dépistages se basent principalement sur un test sanguin appelé PSA, pour Prostatic Specific Antigen, une protéine fabriquée par la prostate. Plus il y a de PSA dans le sang, plus le risque de cancer est élevé. Malheureusement, ce test n’est pas très fiable; il donne beaucoup trop de faux positifs et de faux négatifs. Ainsi, un test PSA peut être positif pour toute une série de raisons, dont le cancer n’est pas la plus fréquente. Plus de la moitié des hommes entre 65 et 74 ans subissent ce test chaque année, mais il n’a jamais été prouvé que cela permette de faire baisser les chiffres de mortalité de ce cancer.
Le KCE estime donc que le test PSA ne devrait plus être employé pour le dépistage systématique, mais utilisé au cas par cas, quand il y a de bonnes raisons. Les hommes qui passent le test doivent d’abord recevoir de leur médecin des informations claires sur ses incertitudes et ses conséquences potentielles. Un texte d’information a été réalisé en collaboration avec la Fondation contre le Cancer, les associations scientifiques des généralistes, le “Vlaams agentschap zorg en gezondheid”, la Communauté française et les mutuelles. Il est reproduit dans l’encadré ci-dessus.
Rapport KCE vol. 31: L’antigène prostatique spécifique (PSA) dans le dépistage du cancer de la prostate.
Enfin, dans chacune de ses études consacrée au dépistage du cancer, le KCE rappelle l’urgente nécessité de doter notre pays d’un registre détaillé du dépistage qui puisse être couplé aux registres de population et du cancer en utilisant un code d’identification gérable par la sécurité sociale.
Extrait du Rapport annuel 2006 du Centre fédéral d’expertise des soins de santé. Publié avec son aimable autorisation. (1) Voir aussi VANDENBROUCKE A., A propos du dépistage du cancer de la prostate , Education Santé n° 202, juin 2005.

Combattre l’insalubrité des logements au coeur des Marolles

Le 30 Déc 20

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Pour pallier la crise du logement, faire face à l’insalubrité de nombreux logements, mais aussi pour améliorer l’environnement du quartier des Marolles, plusieurs associations y ont développé un projet de promotion de la santé et de l’environnement. Le projet comprend notamment un kit d’animation visant à aider les habitants à améliorer leurs conditions de vie au sein de leur logement.
Début 2000, la Région de Bruxelles-Capitale et l’Echevinat des Affaires Sociales de la Ville de Bruxelles décidaient de libérer des budgets pour financer un contrat de quartier, courant sur une période de quatre ans, dans le quartier Tanneurs situé au cœur des Marolles.
Dans ce cadre, les associations du quartier furent invitées à remettre des projets pouvant entrer dans le volet social du contrat, le but étant d’améliorer le bien-être des habitants du quartier, aussi bien dans leur logement, qu’au sein de leur environnement, tout en veillant à les impliquer dans un projet commun.

Un quartier très mélangé

Lieu de passage et surtout d’accueil, les Marolles comptent aujourd’hui 11.000 habitants. Sa population se répartit de façon presque égale entre Belges (53 %) et immigrés (47 %). Parmi la population étrangère issue de la Communauté européenne, les plus représentés sont les Espagnols, les Français, et ensuite les Portugais. En ce qui concerne les étrangers hors Union européenne, la majeure partie est d’origine maghrébine et africaine. Le quartier Tanneurs se situe au bas des Marolles et compte 6.902 habitants. Sa population est composée de 59 % de Belges et de 41 % d’étrangers. Ce quartier comprend de nombreux jeunes (44 % de la population est âgée de 0 à 30 ans) et de personnes en âge de travailler (28 % sont âgés de 31 à 50 ans).
Source: «Promotion de la santé et de l’environnement, enquête auprès de la population, état des lieux en matière de santé et d’environnement dans le quartier Tanneurs» par le Groupe Santé et Environnement, 2002 .

Déjà avant le lancement de ce contrat de quartier, trois associations – le Centre d’Action Sociale Globale Entr’Aide des Marolles, la Maison Médicale des Marolles et l’asbl Habitat et Rénovation – se préoccupaient des conditions de vie et de logement des habitants. « Les médecins des maisons médicales qui se rendaient au domicile des patients se disaient interpellés par les conditions de logement dans lesquelles vivaient les gens ( humidité , moisissures , surpopulation , cafards …) et par les maladies générées par de telles conditions ( asthme , bronchites , problèmes respiratoires , allergies cutanées …), se souvient Bénédicte Hanot , promotrice en santé à la Maison Médicale des Marolles. Nous avions l’intention de créer des groupes de travail afin de mettre en commun les problématiques rencontrées au niveau du logement . A cet effet , nous avons mené une petite enquête auprès de quelques habitants pour connaître leur conception du logement : comment se représentaient ils un logement , un quartier , une rue agréables , quelles étaient leurs relations avec les voisins
L’annonce du contrat de quartier est tombée à point, puisqu’elle a permis aux trois associations de peaufiner et de lancer, en février 2000, le projet Promotion de la santé et de l’environnement.
Très vite, deux autres associations du quartier – le Centre de Santé du Miroir et l’Antenne Blaes du CPAS de Bruxelles – se sont associées au projet naissant. « Ensemble , nous avons alors décidé de développer un projet assez vaste autour de l’environnement , mais en y intégrant aussi le logement et la rue , raconte Bénédicte Hanot. Le projet vise avant tout à réaliser un travail de prévention et d’information centré autour du logement , de l’habitat et de la santé . Notre projet entend aussi créer l’occasion de travailler avec la population à l’amélioration de la santé en lien avec l’environnement pour une meilleure santé globale . Le projet lancé , nous avons à nouveau réalisé une enquête , plus scientifique cette fois , afin de cerner les attentes , besoins , problèmes , ressources de la population , et de développer ensuite des stratégies adéquates .» L’enquête, menée auprès d’un échantillon de 121 personnes vivant dans le quartier des Tanneurs et clôturée en octobre 2001, a permis de mettre en évidence des problèmes à l’intérieur des logements (humidité, bruit, monoxyde de carbone, cafards, souris, exiguïté, manque de confort sanitaire, fumée de tabac…), mais aussi à l’extérieur (bruit, gaz d’échappement, dépôts clandestins, déjections canines…).

Un kit d’animation «gestion de son logement»

Pour tenter de trouver des solutions aux problèmes constatés dans les logements du quartier, le Groupe Santé et Environnement a créé un kit d’animation appelé «Gestion de son logement». Ce kit est utilisé depuis 2005 et s’adresse à des adultes qui connaissent ou risquent de connaître des conditions d’insalubrité dans leur logement et qui rencontrent des difficultés dans la maîtrise de leur budget. L’animation vise à amener les habitants à établir un lien entre leur logement et leur santé, à donner des conseils pratiques aux habitants afin de diminuer les problèmes d’insalubrité (humidité, moisissures, cafards…) et de permettre des économies d’énergie (diminution des factures de gaz et d’électricité). Le kit encourage aussi les habitants à témoigner de leurs démarches, habitudes et besoins dans divers domaines ayant trait au logement.
« Partant des résultats de notre enquête , l’idée était d’avoir un outil qui nous permette , lors de nos visites au domicile des familles , de déblayer le terrain avec elles , d’identifier les problèmes relatifs au logement , de chercher des solutions que les usagers pourraient mettre en place dans leur maison , souligne Sylvie Leenen , infirmière en santé communautaire auprès du Centre de Santé du Miroir. Le kit d’animation tente aussi d’apporter une réponse , d’une part , à la demande des travailleurs sociaux face à leur impuissance devant la crise du logement et d’autre part , aux questions liées au logement qu’ils se posent lorsqu’ils se rendent au domicile des familles
Concrètement, les animations se font par des intervenants sociaux au domicile des habitants du quartier. Le kit d’animation contient une valisette et quatre brochures illustrées. La valisette se compose de divers outils destinés à identifier les problèmes à l’intérieur du logement: un thermohygromètre (appareil qui mesure la température d’une pièce et son taux d’humidité), un compteur de consommation d’électricité, un détecteur permettant de déceler l’humidité des murs. En guise de solutions aux problèmes de cafards et de consommation d’énergie, la valisette contient également des plaquettes anti-cafards et des ampoules économiques.
Les brochures, illustrées par Frédéric Thiry et réalisées en collaboration avec les asbl Question Santé et le Centre Urbain, sont distribuées au cours de l’animation. Etant destinées à un public qui maîtrise peu ou pas la lecture et la langue française, les quatre brochures sont le fruit d’un travail particulier. Elles illustrent concrètement l’information donnée aux personnes et reprennent les conseils judicieux à transmettre. Quatre thèmes précis y sont traités: « Moisissures et humidité dans le logement », « Lutter contre les cafards », « Quelques trucs pour diminuer votre facture de gaz » et « Quelques trucs pour diminuer votre facture d’électricité ».

Déculpabiliser les habitants

Un an et demi après son lancement, une cinquantaine de maisons ont fait l’objet d’une animation à domicile par les intervenants du quartier. « Les problèmes d’humidité et de cafards sont les grandes thématiques qui reviennent le plus souvent , constate Sylvie Leenen. Aborder le thème de l’économie d’énergie est plus complexe , car cela demande une analyse des habitudes de vie des habitants , de leurs dépenses énergétiques et des possibilités de diminuer ces dépenses , ce qui prend beaucoup de temps . Nous constatons que notre démarche tend à déculpabiliser les gens par rapport à l’état de leur logement . Si face à certaines situations , nous sommes impuissants , nous pouvons , d’une manière générale , donner des conseils pratiques . Pour certaines familles , des choses peuvent être changées , par exemple en aérant correctement les pièces ou en faisant appel au propriétaire pour résoudre un problème d’infiltration . Mais pour d’autres , il y a clairement un problème structurel au niveau du bâtiment et dans ce cas , les personnes ne peuvent évidemment rien y changer . Déménager constitue alors la meilleure solution : certaines familles parviennent à trouver un autre logement , mais d’autres doivent vivre avec les problèmes constatés en attendant un éventuel déménagement
De son côté, Bénédicte Hanot déplore le fait que les intervenants sont souvent envoyés trop tard auprès des habitants: « Lorsque nous arrivons chez eux , le problème est déjà trop important et les solutions que nous avons à proposer ne suffisent plus . Pour plus d’efficacité , nous devrions être appelés dès qu’un petit problème est constaté , de sorte que nous puissions intervenir et donner des conseils aux gens avant que les problèmes ne prennent des proportions considérables
Lorsque les compétences des travailleurs sociaux sont dépassées, ceux-ci doivent alors se tourner vers des experts. A ce propos, un des intérêts de l’utilisation pratique du kit d’animation est d’avoir mis en évidence le manque de ressources techniques dans le quartier des Marolles. « Nous pouvons collaborer entre associations , par exemple , en ce qui concerne les formations , mais nous n’avons pas d’expert à qui faire appel pour approfondir l’analyse des problèmes liés aux logements , constate Delphine Louterman , assistante sociale au Centre d’Action Sociale Globale Entr’Aide des Marolles et coordinatrice du Projet Promotion de la Santé et Environnement. Pour faire face à cette carence , nous avons , d’une part , établi des contacts avec d’autres associations ayant un technicien sur place et , d’autre part , nous avons étoffé le livret d’adresses et de ressources pouvant prendre le relais lorsque nous ne pouvons rien faire

Une idée qui se propage

L’initiative n’a pas manqué d’intéresser d’autres associations de quartier confrontées elles aussi à l’insalubrité des logements. Comme le souligne Delphine Louterman, « nous avons constaté une satisfaction par rapport à l’aspect concret et utilisable de l’outil à domicile . De nombreuses associations de Bruxelles et même de Wallonie se sont montrées intéressées par le kit d’animation : elles ont acheté des brochures ( 1 ) et loué la valisette . Face au souhait des travailleurs sociaux de connaître l’outil , nous avons organisé des séances collectives pour présenter le kit d’animation , nous avons aussi donné une formation sur les quatre thèmes abordés par les brochures . Les associations se sont réunies pour échanger leurs pratiques par rapport à l’usage de l’outil , à la question de la visite à domicile , de la problématique santé et logement
Colette Barbier
Adresse utile: Centre d’Action Sociale Globale Entr’Aide des Marolles asbl, Delphine Louterman, Rue des Tanneurs 169, 1000 Bruxelles. Tél.: 02 510 01 80. Courriel: d.louterman@entraide-marolles.be
Education Santé a déjà traité cette problématique, voir entre autres:
-Maillard C., Santé et habitat. Des constats aux actions , n° 218
-Verstraeten K., Gossiaux Y., Doumont D., Habiter en santé , n° 218
-Cherbonnier A., ‘Ma Casa bon vivre’. Une expo et un DVD pour habiter en santé , n° 221
-Maillard C., Bruxelles, ville-région en santé. Quand l’aménagement de la ville est centré sur ses habitants , n° 223
Vous pouvez consulter ces articles sur notre site https://www.educationsante.be

(1) Les brochures n’ont pas été conçues pour être distribuées au tout venant, mais pour être utilisées dans le cadre d’animations à domicile. Des exemplaires peuvent être achetés auprès de l’asbl Entr’Aide des Marolles au prix de 0,50 euro pièce. Cet argent permettra de rééditer les documents.

Programme mammotest: polémique

Le 30 Déc 20

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Devant le succès mitigé du programme de dépistage du cancer du sein en Communauté française (voir notre numéro précédent), la Ministre Catherine Fonck avait évoqué un faible enthousiasme du corps médical pour adhérer au programme. Cela lui a valu une lettre ouverte outrée dans Le Journal du Médecin du 6 novembre 2007, signée par plusieurs dizaines de radiologues et cliniciens francophones.
Elle y a répondu en invitant ses contradicteurs à un dialogue dans le cadre d’un groupe de travail à mettre en place au Centre de référence communautaire.
Elle leur rappelle aussi que « le Programme de dépistage est organisé conformément aux recommandations européennes . Ses principes de fonctionnement ont été confirmés par le Centre fédéral d’expertise en soins de santé ( KCE reports vol . 11B : Dépistage du cancer du sein . 2005 ), de même que par les experts signataires du livre blanc concernant la prise en charge du cancer en Belgique ( juin 2007 ). Ces experts soutiennent totalement le Programme de dépistage par mammotest et incitent à le promouvoir . Sans vouloir envenimer la polémique , je tiens à les citer : ‘ D’une façon générale , il est important d’augmenter le taux de couverture en attirant les femmes qui ne se font pas dépister vers le dépistage organisé » et « il s’agit d’inciter davantage de femmes à quitter la mammographie ordinaire pour s’inscrire dans le dépistage systématique qui offre des garanties de qualité supérieure à un coût de revient beaucoup plus avantageux pour la société ».
La ministre ne nie pas qu’il y a eu un manque de concertation préalable à l’organisation du programme en ajoutant que son cabinet a entrepris de nombreuses démarches pour rencontrer les médecins traitants, les doyens, les chefs de service de radiologie et gynécologie. Le Centre de référence a également participé à un grand nombre de réunions.
Sur le plan scientifique, elle précise que « c’est parce que nous sommes parfaitement au courant des limites de la mammographie en cas de seins denses que le Programme de dépistage prévoit de réaliser des échographies si nécessaire . Il ne serait pas honnête d’affirmer que le Programme de dépistage se limite à une mammographie seule . L’échographie est bien recommandée dans le cadre du Programme , non de façon systématique mais bien lorsque deux radiologues la jugent nécessaire .
Les résultats préliminaires du Programme mettent en avant l’apport de la double lecture : elle a permis de « récupérer » des cancers non identifiés par le premier lecteur à un taux de 11 %.
L’échographie en cas de seins denses a pour sa part « récupéré » 0 , 8 % de cancers . Ces données ont été confirmées par une étude réalisée par le Programme de dépistage français : 0 , 4 % des cancers sont découverts via l’échographie + l’examen clinique . (…)
Notons que le mammotest rencontre beaucoup plus de succès en Flandre alors que l’échographie n’y est pas recommandée . Plus de la moitié des examens réalisés dans le groupe d’âge le sont dans le cadre du programme . Le corps médical et les femmes y adhèrent mieux . Il serait édifiant d’étudier les causes profondes de cette divergence .
Concernant le dépistage français, nous ne disposons pas aujourd’hui d’éléments prouvant la supériorité du programme français en termes de réduction de la mortalité. Aucun élément ne permet d’affirmer non plus que le dépistage tel qu’il est réalisé hors Programme est efficace en termes de réduction de la mortalité. La seule méthode de dépistage qui effectue un suivi épidémiologique à grande échelle et qui évalue ses résultats est le mammotest. Et les résultats préliminaires du Programme sont excellents.»
Réponse de la Ministre fournie aimablement par son Cabinet

Les aidants proches cherchent de l’aide. Résultats d’une enquête et perspectives

Le 30 Déc 20

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Avec le vieillissement de la population et le coût important du placement en institution, le rôle des aidants de proximité devient crucial. Une journée d’étude organisée par l’UCP mouvement social des aînés, a présenté les résultats (1) d’une enquête identifiant les besoins des aidants proches ainsi que les réponses à apporter. Plusieurs associations se sont regroupées au sein d’une plate-forme (2) afin de mieux cerner leur réalité et de proposer une aide adéquate qui ne concerne pas que les personnes âgées, mais aussi les personnes touchées par la maladie, l’accident ou le handicap.

Qui sont les aidants proches?

Ce sont celles et ceux qui apportent leur aide au moins une fois par semaine, en dehors de leur profession, à une ou des personne(s) à l’autonomie limitée de leur famille ou de leur entourage, à domicile ou en maison de repos. Agés en moyenne de 58 ans, ils représentent la «génération sandwich», devant se partager entre les parents, les enfants et petits-enfants. Près de 65% sont des femmes. 36,5% exercent encore aujourd’hui leur profession contre 55% au début de l’aide. 44% d’entre eux sont à l’heure actuelle pré-pensionnés ou pensionnés contre 25% au début de l’aide.

Comment ça démarre?

L’aide se met en route suite au décès du (de la) conjoint(e), à une maladie, à un handicap ou encore à l’hospitalisation d’une personne. Mais cette personne n’est évidemment pas sentimentalement étrangère à l’aidant. 65% des aidants apportent leur aide dans le cercle familial. Qu’il soit familial ou non, le lien qui unit l’aidant et la personne en perte d’autonomie est, dans tous les cas, très fort. Certains aidants parlent même de l’aide comme d’un acte d’amour envers la personne en perte d’autonomie. En effet, comment serait-il possible de surmonter toutes les difficultés inhérentes à l’aide pour une personne qui n’est pas chère à l’aidant?
D’une manière générale, l’aide évolue au fil du temps et au rythme de la maladie ou du handicap de la personne aidée. D’une visite occasionnelle, les aidants passent vite à des visites régulières pour apporter les repas, les courses, les médicaments, etc. Évoluant d’une aide morale et légère à une aide physique plus lourde, les aidants n’ont souvent pas su «prendre la mesure» de ce qui les attendait et peuvent se sentir piégés.
L’aide volontaire cohabite avec l’aide professionnelle: médecin généraliste, infirmière, kinésithérapeute, logopède, aide familiale, garde à domicile, aide ménagère, service de repas à domicile, etc. sont une présence et un soutien fondamental à domicile. Alors qu’initialement, cette aide professionnelle est destinée à la personne en perte d’autonomie, elle joue également un rôle primordial pour l’aidant. En dispensant des informations, en assurant une présence, en prodiguant des soins… les aidants professionnels soulagent le travail de l’aidant bénévole. Ils peuvent être par ailleurs un soutien moral à l’aidant proche mais aussi un moyen de le rassurer quant au bien-être et au confort de la personne aidée.

Les répercussions de l’aide

Sur le plan professionnel d’abord, 13% des aidants sondés réduisent leur temps de travail, d’autres, au contraire, souhaitent travailler davantage afin de faire appel à des services professionnels et ainsi de garantir une qualité de vie à la personne aidée.
L’aide peut également avoir un impact sur le revenu, cet impact étant très variable selon les cas: cela va du coût des déplacements pour rejoindre la personne aidée au paiement des services ou soins professionnels à domicile. 32% des aidants sondés par questionnaire n’ont qu’un revenu net mensuel se situant entre 750 et 1500€ pour l’ensemble de leur ménage. Si le lien est matrimonial, cet impact est considérable. Pour ces aidants, il y a souvent une réduction du «train de vie» du couple mais aussi des activités qui s’organisent en fonction de la maladie ou du handicap. Le coût de la maladie (en terme de visites médicales, de médicaments, etc.) pèse alors fortement sur les revenus du couple.
S’ajoutent aussi des difficultés physiques et psychologiques. Pour 60% des aidants sondés, l’aide peut sembler difficile physiquement. Cette fatigue physique s’accompagne d’une fatigue morale et renforce cette dernière. L’aide apportée laisse 31% des aidants fatigués ou très fatigués. Outre la difficulté physique, la plupart des aidants reconnaissent négliger leur vie sociale, culturelle et familiale. Ainsi, ne pas s’oublier peut relever du défi pour l’aidant.
Par ailleurs, 46% des aidants sondés admettent que l’aide est parfois difficile à vivre sur le plan psychologique. Au total, ils sont 68% à rencontrer des difficultés de ce point de vue. Les témoignages récoltés en entretien collectif mettent en avant la détresse psychologique que vivent bon nombre d’aidants.
Signal important: les aidants estiment ne pas avoir la possibilité de refuser de venir en aide. Ils ne le disent pas explicitement, l’analyse met pourtant en évidence le fait que ceux-ci se sentent redevables vis-à-vis de la personne à aider. L’aide est alors le «juste retour des choses». Ce qui peut donc a priori passer pour un choix délibéré est en réalité une «décision contrainte et contraignante». L’aide est vécue comme une obligation morale. Les aidants ne se situent donc pas dans une logique du choix où la raison guide la pensée mais dans une «logique» de l’affect.
Si, en apportant cette aide, les aidants répondent au sentiment du devoir accompli, ils éprouvent en retour de l’anxiété, de la révolte ou encore de la déprime. L’aide ne peut laisser place qu’à un seul et unique sentiment. Les sentiments de révolte, de bonheur, de tristesse et d’anxiété n’apparaissent finalement pas comme des antonymes mais représentent la réalité psychologique des aidants. L’aide comme acte d’amour, comme source d’anxiété, comme obligation morale, etc. sont autant de représentations qui reflètent la réalité complexe que vivent les aidants.

Les besoins prioritaires des aidants

45% d’aidants réclament un soutien. Les trois besoins prioritaires cités sont respectivement «quelqu’un pour me remplacer» (51%), «des informations sur des services d’associations de bénévoles» (42,5%) et enfin «des informations sur des services professionnels disponibles» (38%). Ensuite, près de 20% citent comme besoin «un lieu pour échanger, rencontrer des personnes qui vivent une situation similaire». Ajoutons que les femmes sollicitent davantage que les hommes un soutien (49% des femmes contre 39% des hommes).
En réponse à leur fatigue physique et morale, à leur solitude… le besoin d’être remplacé (afin de retrouver du temps pour soi, de souffler, de partir une semaine, de s’occuper des petits-enfants…) est souvent répété en entretien. Si cette demande est récurrente chez les aidants, certains se sentent coincés par la personne aidée qui souhaite la présence et l’aide uniquement de son aidant proche et pas d’un autre.
Les aidants expriment leur besoin d’être correctement informés sur les services professionnels disponibles. Ils expriment l’idée d’une information centralisée car ils dépensent beaucoup d’énergie et de temps à trouver le bon interlocuteur et la bonne information. Outre le besoin d’ informations claires et centralisées sur les services professionnels, ils mentionnent un manque de personnel dans ce secteur, un manque de formation et enfin, un accès encore trop onéreux à ces services pour certains aidants et aidés. Ainsi, les aidants réclament plus de personnel disponible, une bonne formation de celui-ci et enfin une diminution du coût de ces aides professionnelles.
Une autre manière d’aider les aidants dans leur tâche est de les soutenir moralement et donc de diminuer leur charge émotionnelle. Pour certains, un groupe de parole permettant de partager, d’évacuer le stress, de déculpabiliser apparaît comme la réponse à leurs difficultés psychologiques. D’autres privilégieraient davantage l’écoute individuelle et professionnelle d’un psychologue ou psychiatre au groupe de parole. Répondre à cette charge morale serait aussi de reconnaître le rôle et les compétences des aidants. En effet, le manque de reconnaissance de leur travail par l’extérieur, tant par la famille que par le corps médical, est mal vécu par les aidants.

Quelles perspectives d’aide aux aidants?

La réalité des aidants recouvre une multitude de situations faite d’une grande hétérogénéité. Les appels à l’aide viennent de toutes parts: enfants malades, personnes dépendantes, accidentées, malades ou handicapées ou encore aux prises avec diverses assuétudes. Le vécu de l’aidant est également habité d’une grande ambivalence de sentiments. Dans tous les cas, on note une forte intensité du lien dans la relation, même si au départ la conscience de l’engagement est faible. La difficulté survient quand l’aidant se retrouve comme seul interlocuteur face aux exigences de la personne aidée. D’où l’importance pour les aidants de pouvoir exprimer leurs attentes et leurs besoins, d’échanger leurs expériences, mais aussi de pouvoir trouver le répit au bon moment et donc la personne disposée à les remplacer, ou l’accueil temporaire de la personne aidée au sein d’un centre d’accueil de jour et de court séjour. L’accessibilité financière des aides professionnelles pose un gros problème à des ménages à faibles revenus n’ayant souvent d’autre solution que de faire appel à l’économie souterraine…
La Mutualité chrétienne, partenaire de la plate-forme «Aidants proches», est d’avis que les réponses à apporter doivent avant tout viser le renforcement des services existants ainsi que des mesures de financement comparables à celles existant en Flandre dans le cadre du Budget d’aide personnalisée et de l’Assurance autonomie. Dans une optique de temps partagé, les politiques fédérales relatives à l’aménagement de la fin de carrière ainsi que celles visant à l’octroi du congé parental, du congé pour maladies graves ou aide d’un proche en fin de vie doivent être élargies.
Pour Paul Magnette , à l’époque Ministre wallon de la Santé, de l’action sociale et l’égalité des chances, les résultats de l’enquête décèlent une mutation de l’action sociale nécessitant d’infléchir le dispositif de soutien aux familles et aux personnes âgées. Un pas important sera franchi avec le nouveau décret organisant l’aide aux familles et visant à améliorer et à faciliter l’aide apportée par la personne en tant qu’aidant proche.
Il y est en effet prévu que l’aide à la vie quotidienne s’étende aux aidants proches du requérant. L’agrément des services professionnels de qualité sera renforcé en vue de faciliter leur accessibilité. D’une manière générale, il paraît indispensable au ministre d’accentuer, par des formations adaptées, la professionnalisation du secteur de l’aide aux familles. Cela devrait notamment permettre de rencontrer le besoin des aidants proches de groupes de paroles où échanger des expériences communes. Cela devrait également permettre une attention renforcée dans la détection de la maltraitance des personnes âgées compte tenu de la dominante familiale de cette sourde violence. Des formations spécifiques pourront y être consacrées dans le cadre d’un décret de lutte contre cette maltraitance qui sera déposé prochainement sur la table du Gouvernement.
Charlotte Royen , UCP mouvement social des aînés et Bernard Van Tichelen , Mutualité chrétienne
Si vous désirez en savoir plus, sachez que la revue ‘Balises’, journal des cadres de l’UCP mouvement social des aînés, a publié un numéro spécial de 44 pages consacré à cette problématique. Contact: elisabeth.hubert@mc.be.

(1) Une enquête quantitative a été menée sur base de questionnaires afin d’établir objectivement le profil général des aidants proches. Dans un second temps, des entretiens collectifs ont été organisés sous forme de groupes focalisés. La dernière étape consistait à conjuguer ces deux approches en vue d’obtenir une analyse rigoureuse et complète d’une réalité complexe, tantôt crue, tantôt empreinte de tendresse. Les résultats de l’enquête ont été présentés le 18 septembre 2007 lors d’une journée d’étude organisée par l’UCP et sont disponibles sur https://www.ucp .mc.be
(2) La Croix-Rouge Institution d’utilité publique, la Fédération de l’aide et des soins à domicile asbl, la Mutualité chrétienne, Permanence Soins à Domicile asbl, les Pensionnés Prépensionnés Chômeurs Agés/CSC, l’UCP mouvement social des aînés asbl.

Vaccin HPV: le dépistage reste crucial

Le 30 Déc 20

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Le cancer du col de l’utérus est causé par un virus, le papillomavirus humain (HPV). Deux vaccins contre ce virus sont disponibles actuellement. Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) a examiné l’efficacité et le rapport coût-efficacité de ces vaccins, ainsi que leur impact sur le budget de l’assurance maladie. Le KCE considère que ces vaccins protègent efficacement contre certains types du virus HPV et que, selon les estimations, jusqu’à 50% des cancers du col de l’utérus pourraient être évités (1). Le dépistage du cancer du col de l’utérus par frottis vaginal reste toutefois indispensable, même après vaccination. Une réduction de la couverture du dépistage pourrait en effet anéantir les effets positifs de la vaccination. L’introduction combinée d’un registre de la vaccination et du dépistage est donc recommandée.
Grâce au dépistage, le nombre de cas de cancers du col de l’utérus en Belgique a fortement diminué, même si dans notre pays ce dépistage n’est pas organisé de manière optimale. Chez nous, le diagnostic d’un cancer de ce type est posé chez près de 600 femmes chaque année, et plus d’un tiers de ces femmes en décéderont.
Le cancer du col de l’utérus est causé par un virus assez commun, le papillomavirus humain (HPV). La plupart du temps, l’infection par le HPV guérit spontanément. Dans de rares cas l’infection devient chronique et peut alors engendrer, des années plus tard, un cancer du col de l’utérus. L’infection et le cancer qui en résulte pourraient dès lors en théorie être évités grâce à un vaccin. Deux vaccins contre le HPV sont actuellement disponibles en Belgique. L’un d’entre eux (Gardasil) sera bientôt quasi intégralement remboursé par l’assurance maladie sous certaines conditions (2), l’autre (Cervarix) n’est disponible sur le marché belge que depuis le 1er octobre 2007.
L’étude du KCE fait ressortir que tant l’efficacité du vaccin HPV que son rapport coût-efficacité sont fortement liés à certaines conditions. Le vaccin ne protège pas contre toutes les souches de HPV qui provoquent le cancer du col de l’utérus. La proportion totale de cancers du col de l’utérus qui pourrait être évitée par la vaccination est inconnue. Cependant, on sait qu’après la vaccination de femmes n’ayant jamais été infectées par le virus, une diminution de seulement 46% des lésions précancéreuses a été constatée.
La première condition est donc de maintenir le dépistage: une diminution de la couverture du dépistage suffirait à annihiler tous les bénéfices de la vaccination.
La deuxième condition est que le vaccin soit administré avant la transmission du virus par voie sexuelle. La vaccination contre le HPV chez les femmes infectées n’a de fait aucune efficacité. Ceci implique donc de vacciner avant les premiers rapports sexuels.
La troisième condition est que le vaccin offre une protection suffisamment longue. Cette protection a été démontrée jusqu’à 5 ans après la vaccination mais des observations sur des périodes plus longues ne sont pas disponibles. Dans l’hypothèse d’une immunité à vie, il est prouvé que 50% des cancers du col de l’utérus pourraient être évités à terme et le coût par année de vie gagnée (ajusté pour la qualité de vie) a été estimé à 14.000 euros. Par contre, si la durée de protection du vaccin est plus courte, le KCE ne prévoit qu’une diminution de 20% du nombre de cancers du col de l’utérus (même en cas de vaccination de rappel après 10 ans). Dans ce cas, le coût par année de vie gagnée (ajusté pour la qualité de vie) a été estimé à 33.000 euros.
Le budget d’un programme de vaccination de routine de l’ensemble des jeunes filles de 12 ans a été estimé par le KCE à 24 millions par an. Une partie de cet investissement pourrait être récupérée si le dépistage actuel du cancer du col de l’utérus (estimé à 50 millions par an) était mieux ciblé. Le KCE recommande l’introduction combinée d’un registre de la vaccination et du dépistage, couplé aux données du registre du cancer.
Le texte intégral de ces recommandations est disponible sur le site internet du KCE: https://www.kce.fgov.be (rubrique «publications») sous la référence KCE Reports vol 64B.
(1) Si on considère l’ensemble des femmes, indépendamment du fait qu’elles aient ou non été infectées préalablement par le virus HPV et si on tient compte de tous les types de virus à haut risque pour le cancer du col, la protection conférée par les vaccins peut en effet être estimée à 50% de tous les cancers du col. Mais les deux vaccins, couvrant les HPV 16 et 18, offrent bien une protection de près de 100% contre ces deux types d’HPV chez les femmes qui n’ont jamais été préalablement infectées par ceux-ci.
Sachant que les types 16 et 18 sont responsables d’environ 70% des cancers du col, on peut en déduire un taux de protection théorique de 60 à 70% lors d’une vaccination des femmes indemnes de toute infection, comme c’est le cas des jeunes filles avant leurs premières relations sexuelles (note de la rédaction).
(2) Depuis le 1er novembre, l’assurance maladie prend en charge la plus grande partie du coût du vaccin Gardasil administré à des jeunes filles ayant atteint l’âge de douze ans et n’ayant pas encore fêté leur seizième anniversaire. Pour ces jeunes filles, le vaccin coûte 10,6 euros par dose (7,10 si elles bénéficient de l’intervention majorée). Pour les autres, il revient à 130,22 euros par dose. Une vaccination complète coûte donc 390,66 euros au lieu de 31,80 euros dès le jour des 16 ans de la jeune fille. Certaines mutualités ont décidé de faire jouer leur assurance complémentaire pour alléger l’addition. Les Mutualités chrétiennes flamandes, par exemple, ont décidé fin octobre de rembourser 50 euros par dose à leurs affiliées nées en 1989, 1990 et 1991 (75 euros en cas d’intervention majorée).

Algérie – des porteurs du VIH exclus des soins

Le 30 Déc 20

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Officiellement, l’Algérie ne serait que faiblement touchée par le sida. Mais cette maladie reste cachée parce que des malades craignent d’être discriminés. Des médecins refusent de s’occuper d’eux, par peur de la contamination.
La trentaine révolue et le corps frêle, Zoubida fulmine: ‘ C’est à cause de ces pseudo médecins que , l’an dernier , j’ai perdu ma fille . Prétextant le manque de place , aucun établissement sanitaire d’Alger n’a voulu m’admettre pour accoucher . Allongée par terre dans le hall d’une polyclinique , j’ai donné naissance sans assistance médicale . Un médecin est seulement venu couper le cordon ombilical . Quelques jours plus tard , ma fille est décédée .’
Zoubida affirme avoir été refusée parce qu’elle est porteuse du virus du sida et qu’en Algérie, des personnes comme elles sont exclues des soins par certains médecins. ‘ Des malades sont victimes d’une discrimination de la part du corps médical . Les femmes enceintes infectées par le VIH ne sont pas admises dans la plupart des structures sanitaires pour accoucher . La majorité des dentistes , chirurgiens , néphrologues , réanimateurs et autres praticiens refusent catégoriquement de prendre en charge ces malades ‘, affirme une source crédible, bénévole depuis dix ans dans le mouvement associatif, qui souhaite conserver l’anonymat.
Ainsi, interventions chirurgicales, séances d’hémodialyse, soins dentaires, endoscopies… sont refusés quotidiennement aux malades, dont certains finissent par cacher leur infection. ‘ Cette attitude irresponsable des médecins n’encourage guère le dépistage ‘, ajoute-t-elle. Ce qui favorise la propagation du virus.

Manque d’hygiène

Du coup, les statistiques algériennes en matière de sida risquent d’être sous-estimées. Les dernières en date données par Onusida (2005) indiquent un taux de prévalence de 0,1 % pour les 15-49 ans; 19 000 personnes vivraient avec la maladie. Mais le bilan 2006 de l’organisation signale aussi que la collecte des données s’améliore en Algérie, ce qui peut faire monter les chiffres. A Alger, la capitale de 3 millions d’habitants, seules 500 personnes sont en traitement, dont 19 enfants, indique Zaheira Merah , présidente de l’association El Hayet (La vie) qui regroupe des personnes vivant avec le VIH. Des chiffres relativement faibles, car ils occulteraient le grand nombre de personnes malades ou porteuses du sida qui ne se font pas connaître, par crainte d’être victimes de discrimination ou de rejet. ‘ Des médecins qui refusent de prendre en charge un sidéen ou un séropositif , cela existe en Algérie , et ce , en dépit de la promulgation d’un décret ministériel qui stipule que toute personne , quelle que soit sa maladie , a droit à une prise en charge médicale ‘, précise Mme Merah.
Les médecins que nous avons interrogés, sans démentir clairement, soulèvent le problème du manque de matériel d’hygiène, qui expliquerait leur méfiance. Par exemple, des gants chirurgicaux qui couvrent insuffisamment les bras. ‘ Il y a quelques mois , une sage femme a été infectée par ce virus en assistant une sidéenne à accoucher , et ce , à cause du manque de matériel garantissant l’hygiène ‘, rapporte l’un d’eux.
Les personnes à la fois porteuses du sida et toxicomanes sont doublement exclues. ‘ Mon frère , hospitalisé en psychiatrie pour une cure de désintoxication , a été mis à la porte dès que ses analyses ont révélé une infection au VIH ‘, témoigne un homme, avant de relever une autre anomalie: ‘ De plus en plus de chirurgiens demandent une sérologie VIH avant de procéder à une intervention chirurgicale . Certains services de chirurgie vont jusqu’à pratiquer le test à l’insu du patient , alors que la loi est claire : le dépistage doit être volontaire . Nous avons connaissance de cas où le médecin a refusé d’opérer parce que le malade a refusé de pratiquer ce test .’

Difficile à prouver

Samia Lounnas Belacel , administratrice d’Onusida pour l’Algérie, reconnaît l’existence de ce type de comportement, mais précise aussitôt qu’ils sont ‘ d’initiative personnelle , pas gouvernementale ‘. Catégorique, elle ajoute: ‘ La réglementation en vigueur n’oblige pas les personnes porteuses du VIH à déclarer leur maladie . Nul ne doit être stigmatisé parce qu’il a déclaré sa séropositivité .’ D’un autre côté, ‘ il faut aussi garantir aux professionnels de la santé les moyens matériels nécessaires pour se protéger ( gants chirurgicaux , stérilisateurs , boîte pour détruire les aiguilles …) ajoute-t-elle. L’Algérie a mis en place un plan national pour lutter contre le sida , qui comporte l’amélioration de la prévention en milieu de soin et la protection des professionnels de la santé .’
Parmi les mesures prises figure l’introduction de la gestion et de l’analyse sociologique de cette maladie dans le cursus universitaire des médecins et des infirmiers, en plus de la dimension médicale pure. Légalement, la discrimination médicale est condamnable, mais elle est difficile à prouver et donc à chiffrer. Et les médecins ont du poids dans la société…
Malika Belgacem , InfoSud – Syfia Algérie

C’est l’exclusion qu’il faut exclure. Pas les séropositifs’

Le 30 Déc 20

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La dernière enquête par interview réalisée par l’Institut de Santé Publique en 2004 révèle que 69% de la population belge adhèrent à une ou plusieurs affirmations à caractère discriminatoire vis-à-vis des personnes séropositives ou malades du sida. Ce pourcentage est encore plus élevé dans les tranches d’âges supérieures ou parmi les publics faiblement scolarisés. C’est donc un fait: les personnes séropositives et les malades du sida restent encore et toujours victimes de discriminations dans leur vie quotidienne.
Le slogan percutant de la Plate-forme prévention sida se justifie donc autant aujourd’hui qu’hier. Et pour la première fois en 2007, la vaste campagne internationale liée à la Journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre a été relayée en Belgique par une campagne nationale menée solidairement par la Plate-forme en Communauté française et par Sensoa, son association sœur, en Communauté flamande. Par les temps qui courent, cela mérite d’être souligné…
Sur le thème «C’est l’exclusion qu’il faut exclure. Pas les séropositifs.», la campagne a reçu l’appui d’une série de personnalités proches du grand public, issues du monde du spectacle, mais aussi celui de la chanson et du sport, sans oublier les vedettes du petit écran, chaînes publiques et privées pour une fois main dans la main.
La campagne bénéficie du côté francophone de la collaboration de Maurane , Jeff Bodart , Bérénice , Julie Taton , Virginie Hocq , Mbo Mpenza , Jacques Mercier , Jean-Michel Zecca , Thomas Van Hamme , Maureen Louys et Sandrine Corman . Elle a pu aussi s’appuyer sur des spots TV et radio (dont un très beau de Maurane) bénéficiant d’espaces radiodiffusés gratuits en Communauté française.

Pourquoi est-il important de manifester sa solidarité?

Parce qu’il est insupportable que des personnes déjà confrontées au terrible virus de la maladie soient, en outre, victimes de discriminations au travail, à l’école, et dans de nombreuses autres situations: dans les clubs de sport, à l’hôpital, lors de l’achat d’un bien immobilier…
Rien ne justifie cette exclusion car, si le sida peut frapper tout le monde (hommes et femmes, hétéro-, et homosexuels, jeunes et vieux, Belges et étrangers…), le risque de contamination est exclusivement limité à la contamination par voie sexuelle ou contact sanguin (partage de seringues entre toxicomanes, par exemple). En clair, il n’y a aucun risque à travailler, jouer, étudier, manger, etc. quotidiennement avec des séropositifs…
Depuis le 10 mai 2007 une nouvelle loi anti-discrimination est d’ailleurs entrée en vigueur dans notre pays. Elle s’applique à tous les cas avérés de discrimination fondés sur l’état de santé actuel ou futur. Elle concerne les personnes vivant avec le VIH. Leur exclusion est donc une attitude incompréhensible, voire condamnable par la loi. Grâce à la collaboration de nombreux organismes de prévention sida et du Centre pour l’égalité des chances, la Plate-forme vient de publier une nouvelle édition de la brochure ‘Connaître et faire valoir ses droits’ qui aborde les aspects juridiques de la vie avec le VIH.
Plus d’infos sur https://www.preventionsida.org
D’après un communiqué de presse de la Plate-forme prévention sida

L’information des patients bientôt confiée aux firmes pharmaceutiques?

Le 30 Déc 20

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Pour la Commission européenne actuelle, la compétitivité de l’industrie pharmaceutique est l’objectif prioritaire. Les conclusions du Forum pharmaceutique européen, mis en place par la Commission avec comme objectif principal le soutien à la compétitivité industrielle, en sont la démonstration flagrante (1). Les citoyens européens ne se reconnaissent pas dans ses conclusions rendues publiques fin juin 2007.

Bientôt deux ans de travail dans l’opacité et des résultats très contestables

L’absence de méthode solide de travail du Forum pharmaceutique et l’opacité de son fonctionnement ont déjà été largement dénoncées (2) (3). En 2007, ces pratiques ne se sont pas améliorées, et des membres du Forum ont même été contraints de renoncer à signer certaines de ses conclusions (4). De fait, ces conclusions s’appuient sur des inventaires incomplets, des enquêtes non méthodiques, et des constats hâtifs, qui ouvrent la voie à des propositions biaisées, en faveur des seules firmes pharmaceutiques.
L’inventaire de l’état de ‘l’information-patient’ dans l’Union européenne dressé par le Forum pharmaceutique omet de multiples sources indépendantes et de qualité, et minimise le rôle de nombreux acteurs qui informent les patients au quotidien. Les ‘critères de qualité’ retenus par le Forum pharmaceutique ne permettent pas de garantir l’impartialité et la pertinence nécessaires aux patients pour faire des choix éclairés.
La fiche d’information sur le diabète, censée servir de ‘modèle’, est extrêmement décevante et son inutilité a été largement soulignée. Pourtant, sans tenir compte des nombreuses critiques résultant de la consultation extérieure, le Forum pharmaceutique s’entête.
Au total, l’initiative de la Commission sur l’information-patient paraît surtout destinée uniquement à justifier un projet législatif, préparé de longue date, de dérégulation de la communication des firmes avec le public.

L’évaluation de l’intérêt thérapeutique relatif des médicaments renvoyée à plus tard

Les conclusions du Forum pharmaceutique sur ‘l’intérêt thérapeutique relatif’ sont timorées au regard des efforts méthodologiques faits depuis longtemps par beaucoup d’États membres pour évaluer l’intérêt des nouveaux médicaments. Elles constituent une plate-forme minimaliste et laissent croire au public qu’une véritable comparaison entre médicaments nouveaux et traitements déjà disponibles est rarement possible. Elles prennent en revanche en compte toutes les exigences des firmes pharmaceutiques, notamment sur l’intégration rapide de la moindre donnée susceptible de valoriser un médicament. Et elles proposent une ‘harmonisation’ des pratiques d’évaluation de l’intérêt thérapeutique relatif qui risque de freiner les pays les plus avancés et de conduire à un nivellement par le bas.
Au total, l’initiative de la Commission aboutit à une liste de vœux pieux et n’aidera pas les Etats membres qui en auraient besoin à mieux identifier les vraies innovations thérapeutiques.

Les causes de l’envolée des prix passées sous silence

Les conclusions du Forum pharmaceutique sur les prix rappellent opportunément quels sont les besoins: l’assurance d’un accès équitable au médicament, la maîtrise des dépenses pharmaceutiques dans les États membres, et la récompense de l’innovation. Mais ces conclusions n’abordent aucun des thèmes essentiels pour répondre à ces besoins.
Ainsi, elles ne mentionnent pas le caractère artificiel des prix exigés, sans justification, par les firmes pharmaceutiques, alors qu’une évaluation sérieuse des coûts de recherche et développement permettraient d’établir des prix plus justes. Sur l’évaluation de l’intérêt thérapeutique relatif, autre critère essentiel pour la fixation de prix cohérents, les conclusions renvoient au groupe de travail chargé de ce sujet, alors que ce groupe n’a émis aucune conclusion consistante.
Au total, tout se passe comme si l’initiative de la Commission sur les prix et le remboursement n’était pas sous-tendue par une volonté d’aboutir.

Les propositions des citoyens délibérément ignorées

Des documents solides et étayés ont déjà été publiés par différents acteurs sur les trois sujets retenus par la Commission pour les travaux du Forum pharmaceutique. Ils rapportent les besoins des patients, dressent des inventaires de ce qui existe déjà pour y répondre, et listent des propositions concrètes d’amélioration. La Déclaration conjointe de HAI Europe, de l’ISDB, du BEUC, de l’AIM et du Collectif Europe et Médicament sur l’information-santé d’octobre 2006 (5) et la Déclaration de l’ISDB sur le progrès thérapeutique de novembre 2001 (6) font partie de ces documents de base. Leur prise en compte permettrait de porter un regard plus réaliste sur la situation des patients, alors qu’ils sont presque oubliés par la Commission, préoccupée avant tout par les intérêts à court terme des firmes pharmaceutiques.
Les signataires de ce communiqué appellent à une réorientation des travaux du Forum pharmaceutique dans le sens de l’intérêt des patients, avant toute modification législative dans les domaines concernés.
D’après un communiqué du Collectif Europe et Médicament – International Society of Drug Bulletins – Health Action International Europe

(1) Pharmaceutical Forum ‘Second progress report’ 26 June 2007. Site internet https://ec.europa.eu/enterprise/pharmaceuticals/index_en.htm : 17 pages.
(2) Position conjointe du Collectif Europe et Médicament, de l’International Society of Drug Bulletins, de Health Action International Europe ‘Information-santé: chacun sa place’ mars 2007 : 4 pages. Site internet https://www.prescrire.org ou https://www.isdbweb.org .
(3) ‘Patient-‘information’ in Europe: many concerns’ revue de presse et extraits de contributions à la consultation organisée par le groupe ‘information patient’ (mai 2007). Site internet https://www.prescrire.org/cahiers/dossierEuropeMedInfoPatientAccueil.php (dossier complet).
(4) ESIP and AIM ‘Joint Position Statement on Information to Patients on Diseases and Treatment Options’. Site internet https://ec.europa.eu/enterprise : 1 page.
(5) Déclaration conjointe de HAI Europe, de l’ISDB, du BEUC, de l’AIM et du Collectif Europe et Médicament ‘Une information-santé pertinente pour des citoyens responsables’ 3 octobre 2006. Site internet https://www.prescrire.org ou https://www.isdbweb.org : 9 pages.
(6) ISDB ‘ Déclaration sur le progrès thérapeutique dans le domaine des médicaments’ Paris 15-16 novembre 2001. Site internet https://www.isdbweb.org : 12 pages.

Infor Santé ou comment faire de la promotion de la santé de 1001 façons

Le 30 Déc 20

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Infor Santé est le service de promotion de la santé de la Mutualité chrétienne. Il possède une équipe ‘centrale’ au siège de l’Alliance nationale à Bruxelles (1), et des implantations sur tout le territoire de la Communauté française Wallonie-Bruxelles.
Il réalise des programmes de prévention et de sensibilisation autour de l’alimentation, des médicaments, de l’hôpital, de la sécurité routière (casque vélo)… pour un public d’adultes, d’enfants ou de professionnels. Dans ce cadre, des outils pédagogiques sont à la disposition de quiconque souhaite réaliser un projet santé dans une école, une association…
Il met aussi à disposition du grand public et des professionnels des dépliants et des brochures. Tous les sujets sont abordés: petit-déjeuner, médicaments moins chers, tabac, sommeil, cholestérol…
Enfin, Infor Santé propose des animations locales sur différents thèmes de santé dans toute la Communauté française à travers le réseau mutuelliste chrétien. Celui-ci constitue un atout non négligeable quand on veut travailler au plus près des besoins du public.
Il y a huit entités régionales francophones à la Mutualité chrétienne (2). Ces huit mutualités ont chacune des réalités de terrain différentes et ont donc diverses façons d’exploiter tous ces contenus. Education Santé vous invite à un petit tour en Wallonie…

A Comblain-la-Tour, ‘Gargouilli te souhaite bon appétit !’

De nos jours, beaucoup d’enfants se nourrissent «mal». On sait qu’une alimentation déséquilibrée peut avoir des conséquences graves sur la santé, tant au niveau physique que psychique: diabète, maladies cardio-vasculaires, mal-être, piètre estime de soi… Au vu des chiffres alarmants diffusés dans les médias et de ses observations sur le terrain, la Mutualité chrétienne du Centre, de Charleroi et de Thudinie a conçu un jeu coopératif sur l’alimentation, destiné aux enfants de 5 à 8 ans, «Gargouilli te souhaite bon appétit!» (3). L’initiative leur paraissant intéressante, toutes les fédérations francophones de la Mutualité chrétienne ont décidé d’embrayer et de diffuser le jeu dans leurs écoles.
Ainsi, Françoise Delens , responsable Infor Santé pour la région de Liège, et diététicienne de formation, visite depuis plusieurs mois les écoles de la province afin d’y présenter le jeu aux professeurs de la 1e à la 3e primaire.
30 mars 2007 – Après plus d’une demi-heure de route, il est environ 12h30 quand nous arrivons à la petite école de Comblain-la-Tour où nous retrouvons les instituteurs attablés dans la salle des profs du premier étage.
C’est le temps de midi, les enfants jouent. Pendant que les cris fusent dans la cour, la présentation commence avec l’histoire de Gargouilli, un petit bonhomme vivant dans le ventre d’un ogre affamé. Cet ogre, bien entendu, mange n’importe comment!
Françoise explique aux instituteurs que ce conte doit leur permettre d’introduire le jeu à leurs classes. Ensuite, elle leur montre comment l’utiliser: un plateau, deux puzzles, un disque des équivalences…
Les profs se prennent au jeu: ils veulent savoir combien de morceaux de sucre contient une pomme, si le jus d’orange pressé est moins calorique que le jus en boîte…
Après une heure passée à leurs côtés, ils nous paraissent convaincus, ils imaginent déjà comment ils vont pouvoir exploiter avec les enfants le livre de recettes mis à leur disposition. La séance d’info semble avoir atteint son objectif, la chargée de projets peut continuer sa route vers d’autres écoles!
Infor Santé Mutualité chrétienne de Liège, Place du XX Août 38, 4000 Liège. Tél.: 04 230 16 14. Courriel: infor.sante.liege@mc.be

Les ateliers du dos de Charleroi

80% de la population belge connaît un jour un problème de dos. Le grand responsable de ces maux est notre mode de vie! C’est pour cette raison que depuis 7 ans, la Mutualité chrétienne du Hainaut oriental organise des ateliers de prévention des maux de dos.
Concrètement, elle propose 5 séances de 2h30 et une séance d’évaluation durant lesquelles le public apprend à connaître son dos. Les thèmes abordés sont l’anatomie, les différentes douleurs et les traitements, et les principes de base de la manutention (voir encadré).
Ces ateliers sont animés par une équipe multidisciplinaire: kinés, médecin, psychologue, diététicienne. Des ateliers adaptés aux femmes enceintes et aux jeunes mamans sont également proposés.
19 avril 2007 – Il est 18h lorsque j’arrive dans les locaux de l’Institut Notre-Dame de Charleroi. Dans le réfectoire réaménagé pour l’occasion, la responsable Infor Santé de la Mutualité chrétienne du Hainaut oriental, Dominique Serbruyns et ses deux collègues Julie Hayette et Anne-Catherine Loriaux (4) s’affairent: déballage des ballons en mousse, déménagement des tables et des chaises, préparation des sandwiches pour la pause…
Peu de temps après, le public arrive, principalement des personnes âgées, mais aussi quelques jeunes. Lorsque tout le monde est installé, l’exposé commence par une présentation de l’équipe de professionnels qui l’accompagnera tout au long des ateliers.
L’un des kinés inaugurera la première séance: pendant presque 2 heures, il expliquera à son public ce qu’est le dos, comment il fonctionne pour nous permettre de nous baisser, de nous étirer… Puis il lui expliquera concrètement comment se baisser sans se faire mal, comment éviter de faire peser une charge trop lourde sur le dos… Une série de trucs et astuces bien utiles et directement applicables.
La séance se terminera par de bons sandwiches et une tasse de café qui donneront l’occasion aux participants d’échanger les premières impressions. Cinq autres séances du même type sont prévues dans les prochains mois.
Une bonne formule pour évoquer cette thématique: conviviale et proche des préoccupations quotidiennes!Infor Santé Mutualité chrétienne Hainaut oriental, rue du Douaire 40, 6150 Anderlues. Tél.: 071 54 83 18. Courriel: infor.sante.cct@mc.be

Les ateliers du dos en détail

Séance 1
Rencontre avec les participants, présentation des intervenants
Anatomie du dos
Biomécanique: quelques notions théoriques sur la façon dont le corps et le dos fonctionnent «mécaniquement»
Aspects médicaux
Séance 2
Exercices posturaux
Déséquilibre musculaire
Séance 3
Exercices en lien avec les déséquilibres
Séance 4
L’alimentation équilibrée: notions
Le facteur stress dans les problèmes de dos: définitions et pistes de gestion du stress
Présentation des techniques utiles dans la gestion du stress: sophrologie, massage, relaxation…
Séance 5
Manutention: exercices avec des objets de la vie courante
Mise en situation
Séance 6
Evaluation des 5 soirées
Demandes du public et suivi

A Libramont, ‘L’incontinence, en parler, mieux la gérer!’

L’incontinence est un problème beaucoup plus fréquent qu’on ne l’imagine. De nombreuses personnes, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, en sont les victimes. Pour elles, les conséquences sociales, psychologiques et financières peuvent être lourdes. Et le pas le plus difficile à franchir aujourd’hui reste… d’en parler. Pourtant, des solutions existent!
C’est sur cette réflexion que la Mutualité chrétienne de la province du Luxembourg a choisi d’organiser une après-midi et une soirée d’information pour aborder ce sujet encore tabou.
26 avril 2007 – C’est au Centre culturel de Libramont, à quelques minutes seulement de la gare, que je retrouve Sylvie Reuter , responsable Infor Santé pour toute la province du Luxembourg, et organisatrice principale de la journée.
Dans le hall, tous les acteurs de la Mutualité chrétienne et ses partenaires sont présents: Infor Santé, le service social, le service diététique, les magasins Solival, Alteo (5), la firme de protections Tena… Chacun est là pour informer dans son domaine d’action, les quelque 120 personnes présentes. Ainsi, Solival donne de précieux conseils concernant les chaises percées ou les protège-matelas, le service diététique fournit des conseils alimentaires adaptés aux personnes incontinentes.
L’incontinence étant parfois souvent synonyme de repli sur soi, l’UCP (6) a également un rôle social important à jouer. Pour l’occasion, chacun a donc préparé son outil d’information en lien avec la thématique. Les différents stands seront accessibles toute l’après-midi.
A 14h, dans la grande salle, a lieu une conférence dirigée par le Prof. Opsomer , urologue aux Cliniques Saint-Luc à Bruxelles, Mme Bottin , Chef du service d’urologie au CHU de Liège et Mme Buttiens , infirmière à la Clinique St-Joseph de Liège.
Ces professionnels du secteur expliquent au public le mécanisme de l’incontinence et les traitements possibles. Silence absolu! La salle est comble mais très studieuse, le public écoute et observe attentivement les différents schémas présentés dans le diaporama.
Plus tard, 3 ateliers de démonstration sont proposés. L’un aborde les protections urinaires, l’autre la manutention de la personne incontinente «grabataire» et le dernier, les gestes préventifs au quotidien.
Le public a l’occasion de participer à chacun d’entre eux. Ils semblent satisfaits et s’empressent, à la fin de la séance, d’aller poser quelques questions en toute discrétion aux intervenants. Les langues se délient, chacun peut trouver une réponse à ses propres questions, l’objectif est parfaitement atteint!
La soirée est réservée aux professionnels: médecins, infirmières, gynécologues… Une centaine d’entre eux sont présents. Un badge, un dossier de presse et de la documentation les attend à l’entrée.
Au programme, une conférence est donnée par une équipe spécialisée des Cliniques universitaires Saint-Luc de Bruxelles. Elle aborde l’actualité des traitements ainsi que le suivi d’un cas clinique. Enfin, la journée se clôture par un repas offert à tous au rez-de-chaussée du complexe. Il est l’occasion pour les professionnels d’échanger, et de rencontrer les organisateurs.
Il faut souligner l’excellente organisation de cette journée: un coin eau a été installé, les toilettes sont facilement accessibles (!), les ateliers sont bien fléchés, des montages de fleurs ornent la salle… Bonne ambiance, beau cadre et thème intéressant… Cet événement très réussi témoigne d’une excellente coordination entre les différents partenaires de la Mutualité chrétienne et d’une organisation sans faille, très professionnelle, à la hauteur de ses invités.
Infor Santé Mutualité chrétienne Province du Luxembourg, rue Netzer 23, 6700 Arlon. Tél.: 063 21 18 80. Courriel: infor.sante.lux@mc.be A côté de ces initiatives fort intéressantes, d’autres régions mettent leur énergie dans l’organisation d’ateliers «cuisine sans gluten» (7) (Hainaut-Picardie) ou encore de «rencontres allaitement» (8) (Bruxelles Saint-Michel). La mutualité du Brabant wallon de son côté a mis récemment sur pied l’«Alicademy», un grand concours inter-écoles de cuisine (9)…
Vous l’aurez compris, Infor Santé ne manque pas de ressources et d’imagination pour aborder de 1001 façons la promotion de la santé! Education Santé ne manquera pas de vous tenir informés de ses initiatives futures.

Pour découvrir toutes les publications du service Infor Santé ou connaître toutes ses adresses en Wallonie et à Bruxelles, demandez son catalogue en appelant le 0800 10 9 8 7 (numéro gratuit), ou en écrivant à infor.sante@mc.be, ou à Mutualité chrétienne – Infor Santé, Chée de Haecht 579/40 à 1031Bruxelles .(1) C’est cette équipe qui réalise également le mensuel Education Santé que vous êtes en train de lire.
(2) Bruxelles, Brabant wallon, Namur, Luxembourg, deux mutualités pour le Hainaut (Hainaut oriental et Hainaut-Picardie), et deux mutualités pour la province de Liège (Liège et Verviers, qui a aussi des affiliés germanophones).
(3) Voir Apprendre à manger en s’amusant , Education Santé n°218, décembre 2006.
(4) La MC du Hainaut oritental est la seule du côté francophone à pouvoir compter sur une équipe aussi nombreuse…
(5) Mouvement social des personnes malades, valides et handicapées.
(6) Mouvement social des aînés.
(7) Voir Brèves, Education n°226, septembre 2007.
(8) Voir Nos premières fois ou comment naître parents par C. Feulien, Education Santé n°216, octobre 2006.
(9) Voir Alicademy – Face à nos 200 petits chefs coqs, les restaurants du Brabant wallon n’ont qu’à bien se tenir… , par P. Squifflet, Education Santé n° 227, octobre 2007.

Illusoire tolérance zéro? Lutte antidopage: un point de vue qui décoiffe

Le 30 Déc 20

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Le Professeur Alexandre Mauron, biologiste et éthicien suisse, pense qu’il est illusoire de vouloir supprimer totalement le dopage. Selon lui, la solution ne réside pas dans une répression tous azimuts, mais dans un contrôle ciblé sur les pratiques dont la dangerosité est la plus certaine.
Invité par le Comité consultatif belge de bioéthique lors de la conférence «Tous dopés? Ethique de la médecine d’amélioration», Alexandre Mauron, professeur à l’Université de Genève, a tenu un discours qui en aura étonné plus d’un. Le bioéthicien suisse se démarque clairement des fédérations et des grandes organisations sportives comme le Comité international olympique qui préconisent la «tolérance zéro» à l’égard du dopage. Certes, il ne va pas jusqu’à prôner une libéralisation complète mais, dans l’interview qu’il nous a accordée, il propose une stratégie de «réduction des risques», analogue à la politique adoptée par son pays à l’égard des drogues illicites.
Equilibre: De nos jours, en matière de lutte antidopage, on se dirige vers une radicalisation croissante. Mais vous fustigez cette lutte que vous considérez comme totale hypocrisie?
Alexandre Mauron : Je considère en effet que la lutte antidopage repose sur des bases éthiques fragiles et qu’elle empiète de plus en plus sur les libertés individuelles. Dans quelle autre situation peut-on contraindre une personne non détenue à rendre compte à chaque instant de ses allées et venues, voire à uriner sous le regard d’autrui pour que le contrôle puisse s’assurer d’un échantillon authentique? Au nom de la croisade symbolique que représente cette lutte antidopage, tous les coups semblent permis au sein de l’establishment sportif: surveillance invasive, mépris de la présomption d’innocence, tribunaux d’exception, procédure bâclées, etc. C’est le contrôle total de l’athlète qui est en quelque sorte visé. Un fantasme…
E: L’objectif d’un sport «clean» comme l’évoque le discours public est-il donc irréaliste?
A.M .: Ouvrez la page sportive de votre quotidien favori et vous verrez la réponse… De plus, c’est la définition même de «clean» qui pose problème, car la frontière entre les usages de la médecine à visée thérapeutique et à des fins d’amélioration des performances (finalité ergogénique) devient de plus en plus floue.
E.: Est-il vraiment illusoire de définir une «normalité» de l’athlète de haut niveau qui permettrait d’établir une sorte de frontière entre des pratiques qui seraient acceptables et d’autres qui ne le seraient pas?
A.M .: L’athlète de compétition a un rapport à son propre corps qui est hors normes par définition; il accepte des sollicitations physiologiques et des stress qui seraient clairement hors de la norme de santé applicable à vous et à moi. Ceci dit, l’athlète de haut niveau n’est pas un «trans-humain».
Il peut tomber malade, il peut subir des dommages graves à sa santé, que ce soit du fait d’un entraînement excessif ou mal conçu, de pratiques dopantes nocives, ou de la pratique excessive du sport lui-même.
La mission du médecin du sport est de protéger l’athlète contre ces atteintes à la santé. En ce sens, il a sa propre responsabilité éthique et ne doit pas être réduit au statut de simple exécutant des désirs ou des fantasmes de l’athlète et de son entraîneur.
E.: Qu’il s’agisse de sports ou d’autres types d’activités, certaines pratiques (usage de médicaments, psychotropes, produits dopants, drogues, etc.) ne mettent-elles pas en péril la santé humaine? Notre société peut-elle tolérer que de tels risques soient encourus?
A.M .: Notre société accepte très largement que les individus mettent en danger leur santé, dès lors que la valeur prépondérante est la productivité économique. Du point de vue épidémiologique, le simple fait d’être dans un emploi subalterne, stressant et peu rémunéré induit des dommages à la santé qui se traduisent par des années de vie perdues comparables à celles que perd un gros fumeur ou un obèse avec de multiples facteurs de risque cardiovasculaire. Ironiquement, le spectacle sportif ne réclame probablement pas autant de victimes que l’Horreur économique. Certes, on a le droit de remettre en question cet état de choses, mais la solution ne réside pas dans la lutte antidopage tous azimuts, mais dans un contrôle ciblé sur les pratiques dont la dangerosité est la plus certaine.
E.: Le dopage est également considéré comme contraire à l’éthique du sport, à l’«esprit sportif» et à ce titre condamnable. Est-ce aussi votre avis?
A.M .: La notion d’esprit du sport est un cache-misère qui démontre, en dernière analyse, la vacuité du «théâtre moral» que nous joue l’establishment sportif. L’esprit du sport semble exprimer l’idée que dans le sport (sous-entendu, ailleurs ce n’est pas le cas), la victoire est vraiment méritée, ce qui exclut des aides «artificielles» à la performance.
Or la notion de mérite sportif inclut d’ores et déjà toutes sortes de composantes imméritées, depuis les prédispositions génétiques favorables jusqu’aux techniques diététiques sophistiquées de préparation à l’effort. Seule la pharmacologie à usage explicitement amélioratif est condamnée.
En définitive, l’esprit du sport est essentiellement défini par une certaine conception du dopage et de la lutte antidopage, si bien qu’affirmer que le dopage est contre l’esprit du sport est un raisonnement circulaire.
E.: Y a-t-il donc lieu d’accorder une place aux substances ou techniques visant à améliorer nos aptitudes physiques ou mentales?
A.M .: Oui, à mon sens, l’augmentation des performances par des méthodes scientifiques, qu’elles relèvent de la pharmacologie ou non, est légitime. Mais contrairement aux libertaires qui pensent que tout devrait être permis, j’estime que la dangerosité avérée d’une technique d’amélioration (pharmacologique ou non) est un motif d’interdiction. Je ne suis donc pas favorable à l’abolition pure et simple de la lutte antidopage.
E.: La «tolérance zéro» en matière de dopage fait songer à la politique du «tout répressif» pour lutter contre l’usage des drogues illicites. Que vous inspire cette politique?
A.M .: Le «tout répressif» en matière de drogues illicites est porté par des intuitions morales très similaires: rêve d’une jeunesse «clean», gesticulation héroïque envers la criminalité liée aux drogues (elle-même en partie engendrée par ce «tout répressif»), politiques interventionnistes des Etats-Unis en Amérique latine et en Asie centrale.
A l’opposé, la politique de «réduction des risques» accepte de voir la multiplicité des valeurs en jeu. C’est ainsi qu’au nom de la survie et de l’intégration sociale de certains toxicodépendants chroniques, la Suisse et quelques autres pays acceptent la prescription d’héroïne sous contrôle médical.
E.: Actuellement, les milieux dirigeants du sport redoutent de plus en plus l’arrivée d’un «dopage génétique»? Leurs craintes vous paraissent-elles fondées?
A.M .: Le dopage génétique est le détournement aux fins de dopage de la thérapie génique. Or aucun protocole de thérapie génique n’a à ce jour dépassé le stade des essais cliniques. A fortiori, on n’est pas près de voir aboutir des tentatives scientifiquement valides d’une technologie qui est encore complètement expérimentale dans ses applications purement thérapeutiques. Les laboratoires antidopage qui suscitent la grande peur du dopage génétique y ont un intérêt évident.
E.: Si ce n’est le «tout répressif», quelle attitude préconisez-vous? Quelles seraient vos propositions?
A.M .: Il conviendrait d’abord d’accepter le principe de pratiques d’amélioration dans le sport. Ensuite, je propose de réduire les ambitions du contrôle antidopage et de le redéployer sur les seules pratiques hautement dangereuses. Enfin, il s’agirait de mettre en place une éducation à l’usage prudent de pratiques ergogéniques non seulement dans le sport de compétition mais aussi dans le sport amateur et populaire.
Propos recueillis par Luc Ruidant
Article paru dans le mensuel Equilibre d’août 2007 et reproduit avec son aimable autorisation
Pour vous abonner à Equilibre, tél. 0800 12683 (numéro gratuit) ou https://www.abonnements.be . Le prix est de 84 euros par an pour un magazine mensuel de 48 pages dénué de toute publicité. Cela les vaut largement!

Pub et enfance, le loup et l’agneau? pas si sûr…

Le 30 Déc 20

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En tout cas pas si sûr… selon le Département marketing, stratégie et diagnostic des performances des FUCAM (Facultés universitaires catholiques de Mons), récemment invité d’un Midi Santé de l’Observatoire de la Santé du Hainaut. L’occasion pour ses représentantes de développer un de leurs axes de travail, à savoir le marketing social. Le Département mène en effet un projet de recherche évaluant des messages de promotion de l’alimentation équilibrée.
Le Département marketing, stratégie et diagnostic des performances fut, un peu, sous les feux de l’actualité voici quelques mois. Certains lui attribuaient la mise en cause de la règle des 5 minutes (interdiction de la publicité 5 minutes avant et après les émissions pour enfants). Il n’en était rien. Le Département plaide pour une politique globale de protection des enfants face à la publicité. La règle des 5 minutes en est un élément constitutif. Elle participe du contrôle du placement de la publicité (complémentaire du contrôle du contenu de la publicité destinée aux enfants). « L’éducation aux médias et à la lecture des publicités est , elle aussi , fondamentale », explique Claude Pecheux , responsable du Département. « Elle permet aux enfants de se familiariser avec l’univers et le langage de la publicité , ce qui les aide à mieux décrypter les messages
Encore faut-il comprendre comment la publicité influence les enfants, lesquels constituent un public particulièrement prisé puisqu’ils représentent un triple marché (marché primaire via leur pouvoir d’achat, marché secondaire via les prescriptions d’achat et enfin marché futur).
Le Département s’emploie à cette compréhension des mécanismes mis en œuvre par la publicité. Le travail mené par ses soins auprès des 8-12 ans montre que cette tranche d’âge est très sensible aux éléments d’exécution dans les publicités. Au nombre de ces éléments: l’histoire, les personnages, les couleurs, le décor, la musique.
« Les enfants auront une réaction affective basée sur ces éléments dits d’exécution .», poursuit Claude Pecheux. « Mais cette réaction variera en fonction du programme qui précède . Nous avons ainsi montré que l’annonce est plus appréciée quand elle suit le J . T . que lorsqu’elle suit les Simpsons ou la Star Academy .» Et d’ajouter: « On entend de nombreux discours sur la publicité . Des propos pas toujours scientifiques . Je ne crois pas qu’il faille diaboliser la publicité télévisée . Elle est bien identifiée par les enfants . Ce qui n’est pas le cas de la publicité sur le net , dans les jeux vidéo ou dans des magazines , où n’existe pas encore un vrai contrôle

Marketing social

Loin de minimiser cependant l’impact de la publicité, le Département s’est engagé dans la voie de l’utilisation de ses mécanismes dans des campagnes de marketing social.
Une doctorante, Karine Charry , s’est ainsi penchée sur la promotion de l’alimentation équilibrée et saine sur base de spots publicitaires. « Des enquêtes qualitatives ont d’abord été réalisées », explique-t-elle. « Elles ont porté sur le monde alimentaire de l’enfant , ses croyances et ses connaissances . On a posé aux enfants la question des conséquences d’une mauvaise hygiène alimentaire . On les a interrogés sur leurs craintes à cet égard
Il en ressort que la crainte principale est sociale. Les enfants redoutent le regard d’autrui. Ils craignent que le surpoids ne devienne un obstacle à une vie en commun.
Dans la foulée de ces résultats, des spots ont été élaborés et testés. L’un est relativement neutre, mettant en exergue les avantages d’une alimentation équilibrée. Un autre montre un enfant participant à un cours de gymnastique, bardé de son cartable, métaphore d’un surpoids fort encombrant. Le troisième illustre la stigmatisation d’une fillette en surpoids. D’ores et déjà, l’utilisation de la menace semble efficace, mais les résultats demandent à être confirmés via de nouvelles expérimentations, lesquelles, comme les précédentes le furent, seront assorties d’un débriefing avec les enfants, éthique oblige.
On ajoutera encore que l’axe de travail «marketing social» du Département a également donné lieu à une réflexion sur l’utilisation de logos (indices de rappel) sur les messages publicitaires pour des aliments non sains. L’hypothèse est que les enfants, sidérés en quelque sorte par les images, n’ont pas accès aux connaissances en matière d’équilibre alimentaire, mais que la présence des logos rend cet accès à nouveau possible.
Alain Husdens et Véronique Janzyk , Cellule communication de l’Observatoire de la Santé du Hainaut

A Dakar, l’urbanisation change les habitudes alimentaires

Le 30 Déc 20

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Avec la journée de travail continue et la croissance rapide de leur ville, les Dakarois changent leurs habitudes alimentaires. Les repas en famille sont désormais réservés aux fins de semaine. Les jours ouvrables, matin et midi, on mange dans la rue et à proximité immédiate de son travail, dans des cafétérias populaires.
Un café au lait et une demi miche de pain beurré ‘, lance à la tenancière de la cafétéria un habitué des lieux. ‘ Avec le crédit d’hier , tu dois payer 400 Fcfa ( 0 , 60 €)!’, répond, souriante, Astou Faye, patronne de ce ‘café trottoir’ situé près du marché Sandaga, en plein centre de Dakar, la capitale sénégalaise. ‘ Un sachet de bissap frais (boisson à base de fleurs d’hibiscus)’, réclame à son tour cet ouvrier pressé.
Depuis les premières heures de la matinée, Astou, regard vif et gestes alertes, s’occupe inlassablement de ses nombreux clients. Celui-ci demande un bout de pain avec du café au lait. Celui-là veut du pain bourré de mayonnaise avec de la viande grillée… Sa cafétéria ne désemplit pas. Sur le trottoir, elle a installé une large table basse et quatre bancs. De vieux pagnes font office de clôture.
Chauffeurs de taxis, policiers, enseignants s’y rencontrent le matin avant de prendre leur service et à midi, au moment de la pause déjeuner. Ils avalent alors à la va-vite un sandwich à 300 Fcfa, qui consiste la plupart du temps en une demi-miche de pain avec des frites accompagnées de poisson ou de viande. ‘ Dans ce bouillonnement quotidien , pas question d’arrêter notre service ‘, souligne Mame Fatou qui tient elle aussi un café trottoir, comme il en existe des centaines à Dakar. Celui de Fatou est situé à deux rues du siège du gouvernement. ‘ À 13 heures , explique-t-elle, c’est la pause dans l’administration et on s’y prépare .’

Pas vraiment le choix

Malgré des conditions d’hygiène parfois douteuses, les cafés trottoir ont la cote chez les Dakarois. Question de moyens, peut-être… Dans les cafés chics classiques où il est de bon ton de manger léger, il faut en effet compter 1.000 Fcfa (1,5 €) pour un modeste café et 1.500 à 2.000 Fcfa pour un simple sandwich. Des tarifs réservés d’office à la jet-set locale qui vient y frimer avec nonchalance aux terrasses.
Les Dakarois n’ont en fait pas vraiment le choix. Depuis que les autorités ont instauré la journée continue, il y a une vingtaine d’années, bon nombre d’entre eux ne peuvent plus prendre leur petit déjeuner et leur déjeuner à la maison. La courte pause déjeuner d’une demi-heure leur donne en effet tout juste le temps de souffler et de se sustenter à proximité immédiate de leur travail qu’ils quitteront pour la plupart aux alentours de 16 heures.
Aujourd’hui, encore bien plus qu’hier, inutile de songer rentrer déjeuner chez soi. Dakar, qui compte autour de 2,5 millions d’habitants, soit le quart de la population du pays, a bien du mal à gérer sa croissance (près de 100.000 nouveaux habitants chaque année). Bâtie sur une presqu’île, la ville, qui ne possède qu’une seule voie vers l’intérieur du pays, est de plus en plus embouteillée. Ces dernières années, le transport urbain se modernise, mais les travaux routiers (échangeurs, nouvelles routes, etc.) avancent très lentement et la capitale ressemble à un perpétuel et vaste chantier.

Autre temps, autres moeurs

La mégapole s’étend. De nouveaux quartiers résidentiels sortent de terre à 15 ou 20 km de la capitale. Avec les embouteillages, ceux qui habitent dans ces banlieues mettent plus de deux heures pour rallier leur lieu de travail. C’est le cas de Fallou Diop, qui se lève chaque matin à six heures. ‘ Au réveil , dit-il, je n’ai pas le temps de prendre le petit déjeuner en famille . Ma principale préoccupation est d’arriver à l’heure au travail . Le petit déjeuner , je le prends sur place à 200 Fcfa .’ ‘Sur place’, cela signifie dans un des multiples cafés trottoir de Dakar. ‘ Aller manger à la maison à midi et revenir à 15 heures , je n’y pense même pas . C’est fini ça !’, lance encore Fallou.
Les cafés trottoir accompagnent les changements des habitudes alimentaires des Dakarois de plus en plus pressés, mais aussi de plus en plus nostalgiques d’une époque bel et bien révolue. Autrefois, la plupart des gens prenaient leurs repas en famille. Aujourd’hui, il faut attendre la fin de l’après-midi et le retour du travail pour déguster chez soi, parfois seul, le fameux thiéboudieune (riz au poisson).
À midi , je rentrais chez moi . Je pouvais participer à l’éducation de mes enfants ‘, se souvient Amadou Seck. Ce commis d’administration proche de la retraite se désole de voir disparaître l’apprentissage des bonnes manières qui n’a dorénavant plus lieu que les samedis et les dimanches. Et encore, pour ceux qui y restent attachés…
Autre temps, autres mœurs. Dans la vénérable capitale qui a fêté cette année le 150è anniversaire de sa fondation, Amadou, Fallou et les autres retourneront demain au café trottoir d’à côté pour s’offrir un sandwich. Les plus nostalgiques tenteront peut-être d’avaler un thiéboudieune ‘sur place’. La famille en moins, celui-ci n’aura sans doute pas tout à fait la même saveur…
Madieng Seck et Moussa Gassama , InfoSud – Syfia

Plan wallon sans tabac 2003-2007, faisons le point!

Le 30 Déc 20

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Un contexte inédit

Sous l’impulsion de l’Organisation Mondiale de la Santé et de mesures prises au niveau politique, la dénormalisation du tabagisme a récemment pu connaître un développement déterminant en Belgique. En effet, de nos jours, il n’est plus anodin ni branché de fumer. Le regard du grand public change, le tabac est perçu comme addictif et le tabagisme environnemental ou passif est une préoccupation de plus en plus prégnante qui conduit à une réglementation plus restrictive en divers lieux de vie: au restaurant comme au travail, dans les transports en commun, dans les lieux publics y compris les lieux de sport et plus récemment à l’école. Autres changements: le paquet de cigarettes comporte maintenant des illustrations en plus d’avertissements sanitaires, le prix du tabac évolue à la hausse et sa vente est interdite aux moins de 16 ans.
Le gouvernement fédéral a pris ses responsabilités, en l’occurrence des mesures ayant pour effet la dénormalisation du tabac: campagnes, avertissements, restrictions, taxes, interdictions… Tandis que la prévention du tabagisme incombe à la Communauté française Wallonie-Bruxelles, l’aide aux fumeurs est du ressort de la Région.
C’est à cet échelon que réside un formidable enjeu: car si le tabagisme est combattu sur tous les fronts, comment les consommateurs de tabac, jeunes ou moins jeunes, hommes ou femmes vivent-ils ces contraintes et gèrent-ils leur consommation selon les lieux qu’ils fréquentent? Alors que ces nouvelles règles de vie bousculent leurs habitudes, il apparaît que pour certains c’est l’occasion de réguler voire d’abandonner leur consommation. Se pose alors la question de l’aide proposée par les professionnels de santé, par des structures spécialisées ou par les pairs.

Aider les fumeurs en Wallonie

L’aide aux fumeurs ne se limite pas à la voie unique du sevrage. En effet, l’accompagnement proposé permet d’explorer les motivations éventuelles du fumeur pour un changement et d’engager un processus de réflexion en terme de gestion du comportement. Ceci passe par la sensibilisation et/ou l’exploration d’une ambivalence pour étayer le changement avec une visée de bien-être ou de recherche d’un nouvel équilibre. C’est notamment vers un public cible ambivalent voire rétif et spécialement vers les populations fragilisées que se déploient des initiatives originales et complémentaires telles que des groupes de parole, notamment en maisons médicales et dans le cadre de filières de formation/requalification professionnelle ou sociale.
Aider les fumeurs est l’option prise d’emblée par la Région wallonne en appui sur les compétences et l’interaction des professionnels de santé, au premier rang desquels figure le médecin généraliste, avec à ses côtés le pharmacien, les tabacologues en ligne au numéro vert de Tabac-Stop (0800 111 00), les intervenants du cadre hospitalier, ceux des maisons médicales et des consultations spécialisées (Centres d’aide aux fumeurs (CAF) et consultations de tabacologie). Outils, formations, diversification des offres et des modalités, permettant de baliser la réduction des risques ou l’arrêt du tabagisme, en sont les axes principaux d’autant qu’il semblait primordial de mobiliser l’intérêt des acteurs potentiels et d’augmenter à la fois leurs moyens et leur sentiment d’efficacité personnelle dans l’abord et dans la gestion de la problématique.
Ainsi, en septembre 2003, un Comité de pilotage réunissant plusieurs organisations (1) actives dans le domaine de la gestion du tabagisme, s’est mis en place en Région wallonne et avec son soutien, pour proposer, en concertation, diverses dynamiques complémentaires et interactives à déployer au travers d’un Plan wallon sans tabac.
Un état des lieux des offres de service a été réalisé. Il a permis de mettre en évidence des lacunes en terme de sensibilisation, d’émergence de motivations, d’information et de formation. Certaines sont encore actuelles tandis que d’autres ont évolué, ou évoluent encore, positivement.

Le premier Plan wallon sans tabac (de septembre 2003 à juin 2005)

Il a permis
-la mise en place d’une dynamique de réseau pour favoriser les échanges de pratiques entre professionnels de santé et une complémentarité dans les modes d’intervention à mettre au service de la population;
-l’ offre de formations initiales et continuées aux professionnels de santé actuels et à venir (assistants en formation de médecine générale, médecins généralistes, médecins spécialisés, infirmiers, aides familiales, kinésithérapeutes, pharmaciens, psychologues…) pour les préparer à l’abord de la question du tabagisme et travailler également sur les motivations et les modes de communication;
-la création d’outils assurant la promotion et la visibilité de l’aide disponible pour les personnes désireuses d’être accompagnées dans la gestion de leur tabagisme dans une perspective de bien-être et de qualité de vie (brochures «Mon patient fume» et «Plan wallon sans tabac», groupes de paroles, recommandations de bonnes pratiques en médecine générale, annuaire des structures et personnes ressources pour une gestion du tabagisme, lancement d’une ligne «Tabac stop»…);
-une évaluation continue des nouveaux besoins tant des professionnels de santé que des patients , en ce compris de publics particuliers (populations plus fragilisées, précarisées, femmes enceintes, adolescents, travailleurs, patients à consommations multiples…).
L’aide au sevrage se décline selon trois niveaux.
Première ligne : acteurs locaux comprenant les médecins généralistes, les pharmaciens, les professionnels de santé, etc. (niveau de sensibilisation et de motivation).
Deuxième ligne : constitution d’un réseau de personnes et d’institutions ressources au niveau local, dont les Centres d’aide aux fumeurs, des généralistes spécialisés, des tabacologues… (niveau d’intervention: offre à la préparation au sevrage et sevrage à mettre en lien avec le décret «assuétudes» de la Région wallonne).
Troisième ligne : recherche, évaluation et formation sur l’ensemble du territoire wallon (niveau d’implantation et de structuration en veillant à une cohérence avec le Plan fédéral et le plan opérationnel de la Communauté française).

Le deuxième «Plan wallon sans tabac» (de juin 2005 à juin 2007)

Il s’est donné pour but de consolider et pérenniser les actions réalisées, de les amplifier voire même de les compléter. Ainsi le Comité de pilotage réunissant les acteurs wallons poursuit son travail de concertation et de développement de stratégies nouvelles tandis que la mobilisation suscitée auprès des médecins généralistes et autres professionnels de santé se structure et s’intensifie. De nouveaux modes d’intervention sont explorés notamment par le biais du «coaching (2)» ou encore de «l’entretien motivationnel (3)». De nouveaux canaux d’échanges de pratiques et de questionnement se constituent («hotline» pour les médecins généralistes, «forum de tabacologie», vidéos illustrant l’entretien motivationnel…).
Les sujets abordés lors de formations proposées sont jugés «fort pratiques et concrets». Ils contribuent à rafraîchir voire à actualiser des connaissances tout en proposant une meilleure approche de la communication avec le patient au sens large: l’écoute efficace, ne pas «le braquer» dans ses positions, pouvoir répondre à ses attentes au bon moment sans brûler les étapes…
Plus à l’aise pour aborder le sujet, les professionnels de santé situent mieux le patient et proposent plus systématiquement une aide. Par ailleurs, les échanges entre professionnels favorisent l’expression de feed-back des situations vécues, le croisement d’expériences individuelles et collectives ainsi que le questionnement et le partage de compétences.
Des partenariats étroits se développent au fil du temps, et on perçoit très clairement une reconnaissance des rôles et des compétences de chacun des acteurs wallons. Une économie d’échelle est ainsi réalisée, limitant les doubles emplois et les pertes d’énergie, tablant sur la complémentarité des compétences et des niveaux d’intervention . Les échanges sont porteurs de stratégies nouvelles et de réponses en fonction de l’évolution des besoins constatés au travers de l’ensemble des actions développées. Une meilleure cohérence des contacts tabacologues/médecins généralistes se dessine et une complémentarité des structures SSMG (4)/SEPT (5), par des formations continues communes s’installe.
La plupart des dynamiques enclenchées visent un effet «boule de neige» et un travail en réseau:
-formation de futurs formateurs (maîtres de stage, médecins généralistes formateurs, référents en terme de ressources pour une «hotline» ou la «ligne Tabac stop»;
-formation de relais permettant une amélioration et une augmentation de l’offre d’aide (augmentation croissante du réseau des professionnels formés à l’accompagnement de la gestion du tabagisme, à une pratique de coaching ou d’entretien motivationnel…);
-implantation de groupes de parole destinés aux fumeurs et aux ex-fumeurs (transposables et adaptables à diverses formes de publics et touchant des publics différents de ceux que l’on retrouve en consultation privée);
-meilleure connaissance des pratiques d’entretien et d’accompagnement, des structures et personnes relais (annuaire des personnes et structures ressources en gestion du tabagisme, forum de tabacologie, promotion de la recommandation de bonne pratique et de l’accompagnement par les 5 A (Ask – Advice – Assess – Assist – Arrange), interrogatoire systématique à propos du tabagisme…);
-création de lieux d’échanges entre professionnels de santé et au profit de la population.
La dédramatisation de l’échec, l’analyse de la localisation du patient dans le cycle du fumeur (Prochaska Di Clemente), les précisions apportées quant au rôle du médecin sont des notions très appréciées. Trop souvent, en effet, on s’enferme dans un raisonnement d’obligation de résultat quand la question du sevrage tabagique est abordée. Chacun est invité à une gestion plus gratifiante de la question du tabagisme. Le savoir-être et les habiletés relationnelles revêtent autant d’importance que les connaissances factuelles.
La relation médecin/patient est très importante. Aussi, il est essentiel de maintenir cette «relation de confiance» dans le suivi voire l’orientation proposée. D’où l’intérêt d’un travail en réseau sur un mode multi-disciplinaire. A ce titre, le binôme «médecin/psychologue» constitue un enrichissement dans le soutien à proposer.
La mobilisation de professionnels de santé dans les formations «continuées» ou «de base» qui y sont proposées sont porteuses d’effets à long terme et garantissent une meilleure accessibilité et proximité de l’aide à apporter au grand public en terme de gestion du tabagisme dans une perspective plus large de bien-être et de qualité de vie.
Un processus d’évaluation continue est intégré aux actions développées dans le cadre du plan wallon. Cette évaluation permet d’assurer une validation des projets et un pilotage des stratégies. Ceci offre une vision globale des diverses dynamiques, de leurs objectifs, de la méthodologie utilisée et de leur impact. Déclinées sous forme de fiches, il s’agit en quelque sorte des pièces d’un puzzle qui rassemblées constituent ensemble le dispositif du «Plan wallon sans tabac».
Le Comité de pilotage du Plan wallon sans tabac

(1) Centre Académique de Médecine Générale (CAMG UCL), Département de Médecine (DUMG ULg), Fédération des Maisons Médicales (FMM), Fonds des Affections Respiratoires (FARES), Promotion Santé et Développement Durable (PSDD), Service d’Etude et de Prévention du Tabagisme (SEPT), Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG).
(2) Le coaching est l’accompagnement d’une personne par un coach (ou accompagnant) qui, par l’écoute et la reformulation, par le diagnostic de la situation et la recherche d’options, aide son client dans une période donnée et dans un cadre fixé, à franchir différentes étapes afin d’atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, que ce soit dans la sphère privée ou dans la sphère professionnelle.
(3) L’entretien motivationnel est une méthode de communication directive et centrée sur le patient/client, utilisée pour augmenter la motivation intrinsèque au changement, par l’exploration et la résolution de l’ambivalence (traduction libre par V.Rossignol – Québec).
(4) Société Scientifique de Médecine Générale.
(5) Service d’Etude et de Prévention du Tabagisme.

La consommation d’alcool en milieu étudiant

Le 30 Déc 20

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Le Groupe porteur «Jeunes et alcool» et la Fédération des étudiant(e)s francophones (FEF) organisaient le 28 novembre dernier un séminaire relatif à la consommation d’alcool en milieu étudiant (1).
Pour commencer sur une bonne note, selon diverses enquêtes, les études restent la dimension principale de la vie des étudiants des universités et des hautes écoles. A côté de cela, et ce n’est pas nouveau, la consommation d’alcool, surtout de bière, fait partie intégrante du folklore étudiant. Environ 20 à 30 % des étudiants âgés de 18 à 25 ans sont ainsi des guindailleurs réguliers.
Si seule une minorité d’étudiants présente une consommation problématique, on constate néanmoins depuis quelques années une modification des pratiques de consommation des jeunes: ils commencent à consommer de l’alcool de plus en plus tôt, les ivresses se multiplient, et le nombre de filles qui consomment de l’alcool est en augmentation.
Depuis 1992, le «binge drinking» – le fait de boire pour atteindre l’ivresse – augmente de façon inquiétante. A titre indicatif, 3 étudiants masculins sur 10 et 1 étudiante sur 10 déclarent s’y adonner au moins une fois par semaine. Le pourcentage de jeunes qui déclarent avoir été ivres plus d’une fois est passé de 18 % en 1992 à 26 % en 2004.
Par ailleurs, la consommation d’alcool par les étudiants va régulièrement de pair avec d’autres comportements à risque tels que, notamment, la prise de cannabis et de médicaments.

Pression des alcooliers et culture de l’alcool

Les stratégies marketing des alcooliers, qui segmentent très fort leur marché et ciblent spécifiquement les jeunes, contribuent fortement à cette évolution. Par exemple, les alcopops au goût et à la couleur de limonade, apparus il y a une dizaine d’années sur le marché, attirent davantage les filles.
Les offensives marketing en milieu étudiant, notamment par le biais des contrats brasseurs qui offrent des conditions très intéressantes aux cercles étudiants, le sponsoring des voyages étudiants, poussent à la surconsommation d’alcool.
D’autre part, dans notre culture, l’alcool est le psychotrope le plus commun, le plus culturellement admis, le plus accessible sur le plan financier, géographique et légal. Ajoutons encore à cela le goût et l’effet de l’alcool, la convivialité, la pression médiatique et des pairs… Tous ces facteurs ont pour conséquence de banaliser la consommation et même la surconsommation d’alcool. A tel point que la cuite est aujourd’hui valorisée dans les milieux étudiants, comme en témoignent les nombreux blogs mettant en scène des jeunes ivres.

Des actions en relation avec les réalités de terrain

Bien que l’alcool soit un réel problème de santé publique, le Groupe «Jeunes et alcool» insiste sur le fait qu’il ne faut pas diaboliser la consommation d’alcool ni empêcher les jeunes de boire, mais bien les responsabiliser par rapport à leur consommation et à ses conséquences.
Dans ce sens, «il est important de se mettre à la place de l’étudiant et d’adopter son point de vue pour mettre en place une prévention efficace , souligne le Groupe «Jeunes et alcool». Pour Martin de Duve , directeur d’Univers santé, «s’interroger et les interroger sur leur consommation, les motivations de celle-ci et les nuisances qui y sont liées constituent sans doute un premier pas éducatif. L’éducation participative et le soutien aux initiatives étudiantes doivent être privilégiées pour mener à bien des réflexions et des actions, tout en tenant compte de la réalité de chacun des étudiants et de chacune des institutions. Certains étudiants engagés dans l’animation étudiante et dans l’organisation de la guindaille mesurent d’ailleurs les risques et les nuisances liés à cette guindaille et réagissent.»
A titre d’exemple, les 24 heures vélo de Louvain-la-Neuve s’améliorent progressivement. Sur le site de Louvain-la-Neuve et de Woluwé, une opération de sensibilisation et de prévention à la consommation excessive d’alcool a été lancée en 2005 via des affiches illustrant un super héros de la guindaille, appelé «Top Gars», buveur et noceur qui a décidé de ne pas nuire à sa santé ni au bien-être des autres.
De leur côté, les Facultés universitaires catholiques de Mons font de la prévention autour des actions étudiantes: les heures de bleusaille se font sans alcool, et les guindailles ont lieu dans un cadre sécurisé. Le rectorat a fait le choix de maintenir les soirées organisées par les étudiants sur le site des Fucam de manière à établir une responsabilisation conjointe de l’université et de ses étudiants.
Dans le cadre des projets associatifs, le groupe «Responsible party» développe, depuis 2007, une action visant à inciter les jeunes fêtards à adopter un comportement plus civique avant et après les soirées.
En somme, l’alcool en milieu étudiant peut se gérer!
Colette Barbier
Pour en savoir plus: Univers santé, Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 28 28. Courriel: univers-sante@uclouvain.be. Site: https://www.univers-sante.ucl.ac.be .

(1) Nous publierons très prochainement les actes de cette journée.

Réduire les inégalités en matière de santé

Le 30 Déc 20

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Recommandations d’un groupe de travail de la Fondation Roi Baudouin

Au départ, deux constatations: d’abord, les inégalités en matière de santé en Belgique sont beaucoup plus grandes qu’on ne le pense généralement. Une personne peu qualifiée meurt trois à cinq ans plus jeune et vit même 18 à 25 ans de moins en bonne santé qu’une personne ayant un haut niveau de qualification. Un écart énorme alors que le droit à la santé est universel. Ensuite, tous les pays européens sont confrontés à ce constat. Un certain nombre d’entre eux ont mis en œuvre ces dernières années des plans stratégiques d’action afin de réduire ces écarts. Il manque encore en Belgique une telle stratégie politique intégrée.
La Fondation Roi Baudouin a mis sur pied un groupe de travail composé de représentants du secteur de la santé et de l’aide sociale au sens large (1). Après avoir attiré l’attention sur l’ampleur du problème en vue des élections fédérales, le groupe de travail a publié fin 2007 un rapport plus détaillé. Il contient des recommandations politiques destinées à tous les niveaux de pouvoir en Belgique afin de réduire les inégalités face à la santé. L’objectif final est de parvenir à une répartition juste et équitable des chances de vivre en bonne santé.
Deux points centraux dans ces recommandations:
le groupe constate que l’existence de services de santé accessibles et financièrement abordables constitue une condition certes nécessaire mais pas suffisante pour garantir une plus grande égalité des chances face à la santé. La pauvreté entraîne la maladie comme la maladie entraîne la pauvreté. Les personnes précarisées sont plus souvent en mauvaise santé. Mais le chômage, un logement insalubre et un cadre de vie malsain sont également des facteurs importants d’inégalité en matière de santé. Les mesures visant à réduire ces inégalités ne peuvent dès lors jamais se limiter au seul secteur de la santé.
Pour le groupe, cela incite à intensifier la collaboration: entre différents secteurs, comme l’aide sociale et la santé, entre différents niveaux de compétence, entre différentes disciplines de première ligne, entre l’action préventive et curative.

Quelques recommandations importantes

Le groupe de travail propose de créer un Centre de coordination politique pour l’égalité en santé. Ce centre, orienté sur l’action, doit réunir les différents niveaux de compétence, collaborer avec tous les acteurs concernés et développer et diffuser une expertise pratique et concrète sur la manière de résorber effectivement les inégalités en santé.
Par ailleurs, des services de première ligne de qualité sont indispensables dans la lutte contre les inégalités face à la santé. Le budget qui leur est affecté doit connaître une croissance annuelle supérieure à la croissance moyenne du budget des soins de santé. Ces services de première ligne doivent être présents partout, en particulier dans des quartiers défavorisés, et promouvoir la collaboration (entre différentes disciplines comme les médecins de famille, les kinés, les diététiciens, mais aussi entre l’action curative et préventive, par exemple).
Un mode de vie sain est un élément crucial pour la santé. Un cadre de vie sain l’est tout autant. Le groupe de travail plaide pour que toutes les initiatives qui concernent le style de vie saine intègrent également une dimension d’égalité des chances.
Enfin, le groupe de travail plaide pour que la politique de réduction des inégalités face à la santé repose sur des faits objectifs et prouvés. Cela veut dire qu’avant de prendre toute initiative, on possède ou on s’efforce de réunir le maximum d’éléments d’information quant à l’efficacité de cette mesure. Cela implique aussi que de nombreuses actions ne soient plus seulement évaluées en termes d’impact sur la santé, mais que l’on prenne aussi en compte leur impact sur les différentes catégories de la population (ce qu’on appelle le test d’équité).
Vous trouverez des infos plus détaillées sur ces recommandations et sur d’autres encore dans le rapport de 20 pages ‘Inégalités en santé – Recommandations politiques’. Il peut être commandé gratuitement à la Fondation Roi Baudouin, rue Bréderode 21, 1000 Bruxelles ou être téléchargé sur le site internet https://www.kbs-frb.be

(1) Voir Les Belges inégaux face à la santé , Education Santé n° 225, août 2007.

Question Santé ne fait pas que de la promotion de la santé

Le 30 Déc 20

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Vous connaissez probablement l’asbl Question Santé, le service communautaire spécialisé dans la communication en promotion de la santé. Mais son action ne s’arrête pas là. Question Santé dispose aussi d’un pôle «éducation permanente». Rencontre avec deux membres de l’équipe, Isabelle Dossogne, coordinatrice du projet et Bernadette Taeymans, chargée des animations. Education Santé: Tout d’abord, pouvez-nous rappeler ce qu’est Question Santé?
Isabelle Dossogne et Bernadette Taeymans : Question Santé est une asbl qui existe depuis 1981. Elle est agréée par la Communauté française en tant que service communautaire de promotion de la santé et organisation d’éducation permanente. Elle collabore également avec la COCOF bruxelloise pour des missions entre autres rédactionnelles telles que la réalisation du magazine Bruxelles Santé .

Question Santé en détails…

Question Santé a pour objet social:
• la mise sur pied et l’évaluation de programmes de promotion de la santé, de prévention et d’éducation permanente, visant à favoriser l’autonomie et la participation de la population, et prenant en compte les multiples déterminants de la santé, notamment socio-économiques, culturels, environnementaux, biomédicaux…
• le développement des aptitudes à l’analyse critique et à la citoyenneté active, plus spécifiquement dans le domaine de la santé.
Concrètement, Question Santé offre:

En promotion de la santé
• Une aide méthodologique
* pour un projet de communication médiatique,
* pour les aspects de communication d’un projet d’action communautaire et/ou intersectorielle,
* pour l’évaluation d’un projet ou d’un outil de communication.
• Une aide logistique
* une information sur les ressources existantes,
* une aide pratique pour mener à bien un projet de communication.
• Des outils de travail
* une documentation et des formations aux méthodes, outils et techniques de communication,
* une documentation, une information, une formation concernant les concepts de promotion de la santé,
* l’accès à un fichier de journalistes travaillant dans le domaine de la santé,
* un guide théorique, méthodologique et pratique Communication et promotion de la santé (2e édition, 2004),
* un guide Agir en promotion de la santé: un peu de méthode (réédition 2005).
Pour en savoir plus: https://www.questionsante.org

En éducation permanente
• Des outils pédagogiques: la plupart sont disponibles sous forme de brochures et sont téléchargeables sur le site internet de Question Santé. D’autres sont présentés sous forme de panneaux ou d’animations sous PowerPoint. Tous ces supports peuvent être utiles pour aider à l’animation.
• Des informations et des ressources: des ressources et des liens sont proposés avec chaque outil pédagogique pour approfondir le sujet si souhaité.
• Des animations: le service éducation permanente propose aux associations et aux collectifs des animations sur les thèmes traités dans ses brochures.
Pour en savoir plus: https://www.questionsante.be

E.S.: Quel est le projet du service éducation permanente de Question Santé? En quoi le pôle promotion de la santé et le pôle éducation permanente sont-ils différents?
B.T. : Le nouveau décret d’éducation permanente a engendré une reformulation et un repositionnement par rapport au projet initial. Ce sont les enjeux de société sous-jacents à la santé que nous visons par notre action, les déterminants sociétaux prédominants.
Concrètement, notre objectif en éducation permanente est de repartir de questions de santé telles que le tabagisme ou l’alimentation en posant la question des enjeux de société sous-jacents à nos comportements individuels. Par exemple, des mesures légales ont été prises pour interdire de fumer dans un maximum d’endroits publics. On axe donc fort le discours sur l’interdiction et l’arrêt individuel, mais on se préoccupe moins de tous les mécanismes sociaux, économiques et autres, inhérents à cette problématique.
Notre projet vise à faire réfléchir: le discours dominant actuel cible l’individu qui doit bien s’alimenter, qui doit arrêter de fumer, faire de l’exercice physique…
I.D. : Pour rappel, les objectifs du décret de la Communauté française relatif au soutien de l’action associative dans le champ de l’éducation permanente sont de favoriser et de développer principalement chez les adultes une prise de conscience et une connaissance critique des réalités de la société; des capacités d’analyse, de choix, d’action et d’évaluation; des attitudes de responsabilité et de participation active à la vie sociale, économique, culturelle et politique.
Nous portons la critique sur une approche généralement admise et diffusée qui lie la santé essentiellement au système sanitaire en oubliant l’action des déterminants de la santé. L’idée est d’approcher et de mettre en évidence ces déterminants socio-économiques, environnementaux, culturels, sociétaux… Dans la perspective de l’éducation permanente, la recherche de la santé ne représente pas pour nous un objectif. La santé constitue le champ dans lequel nous agissons.
La compréhension de la notion de santé est proche de la promotion de la santé puisqu’elle «… ne relève pas seulement du secteur sanitaire: elle dépasse les modes de vie sains pour viser le bien-être» (Charte d’Ottawa).
Nous voulons diffuser dans l’espace public des questions de société qui influent sur la qualité de vie et la santé. C’est pourquoi nous avons intitulé le projet «Questions de société… Questions de santé». Les aptitudes qui sont désirées dans le domaine de la santé sont par ailleurs autant d’acquis transversaux qui soutiennent globalement la construction d’une société plus juste et plus démocratique.
Il y a donc des différences et des convergences. À Question Santé, le service éducation permanente bénéficie sans doute d’un horizon de travail plus ouvert puisque la santé ne représente pas un objectif en soi mais un domaine d’actions choisi parmi d’autres grâce à l’histoire de l’asbl.
En caricaturant, on pourrait dire que la promotion de la santé «veut un individu en bonne santé en agissant sur des facteurs individuels et collectifs». L’éducation permanente quant à elle «veut un citoyen conscient des enjeux et des influences qui gravitent autour de lui (et dans notre projet, plus particulièrement autour de sa santé) et capable de faire un choix personnel».
Au sein de l’équipe de Question Santé, les objectifs et les pratiques des services sont complémentaires. D’autant plus que le service en promotion de la santé est tourné vers la communication et le service éducation permanente vers la production d’outils pédagogiques.
E.S.:Pouvez-vous nous parler de vos outils pédagogiques?
I.D. : Les outils pédagogiques sont surtout des brochures. Avec chaque outil, nous souhaitons mettre en évidence et éclairer un questionnement. Nous recherchons des témoignages d’acteurs dont l’expérience est encourageante, enthousiasmante, éclairante, interrogeante… Montrer que des initiatives existent déjà nous semble porteur, surtout si elles interrogent les politiques de logement, les modes de consommation… Savoir que c’est possible.
Pour concevoir ces outils, nous faisons aussi appel à des experts du monde associatif ou individuels sur des thèmes spécifiques. Nous nous appuyons sur des recherches documentées. À partir de là, nous menons un travail de réflexion sur les tenants et les aboutissants de la question.
E.S.: Quels sont les thèmes existants? Comment sont-ils choisis?
I.D. : Les sujets de débat que nous proposons s’insèrent dans une dizaine de collections qui reprennent des enjeux que nous trouvons majeurs pour l’évolution de la société (voir encadré, ndlr).
Nous choisissons les thèmes selon deux logiques: descendante et ascendante.
Descendante quand nous estimons que certaines questions sont à débattre comme celles des politiques de prévention basées sur la peur, la médicalisation des troubles de comportement… Le choix se base sur des hypothèses que nous émettons ou des intuitions.
Ascendante quand des sujets se révèlent suite à des rencontres avec des acteurs de terrain, des associations. Citons pour exemples, la parole des usagers des services de santé mentale, la paternité, la pollution par les particules fines…

Les collections thématiques et les outils pédagogiques du service éducation permanente

Collections thématiques
Ces thèmes ont été retenus car il s’agit d’enjeux de société, déterminants pour l’évolution de celle-ci:
• Environnement physique
• Marchandisation
• Droits du patient, paroles des usagers
• Société interculturelle
• Liens sociaux
• Egalité entre femmes et hommes
• Exclusion, insertion
• Ethique et santé
• Histoire et santé
• Communication et santé
• Expression et créativité

Outils pédagogiques
Les outils pédagogiques rejoignent des préoccupations quotidiennes. Ils reprennent des témoignages et des exemples. Ils montrent des manipulations ou des conflits d’intérêts. Ils ont l’ambition de mettre en lumière certains mécanismes de notre société et de les «décortiquer». Ce sont des portes d’entrée proposées pour des débats:
• Antennes GSM (panneaux d’exposition) – Les antennes GSM (brochure)
• Au temps de la retraite, vivre en habitat groupé
• Convergences entre associations de patients et firmes pharmaceutiques?
• Être adulte aujourd’hui. Question de maturité ou de pouvoir d’achat?
• Être père aujourd’hui
• Femmes d’horizons différents face à la contraception
• Femmes et hommes face aux tâches ménagères
• Femmes immigrées et dépistage du cancer du sein
• Fumer à travers l’histoire: du prestige à la culpabilisation
• Hommes et femmes inégaux face à la dépression
• Interdire ou ne pas interdire de fumer
• Jeunes et habitants… Quartier Esseghem
• La santé fait vendre
• Le corps, cible du marketing
• Le tabagisme: une épidémie industrielle
• Les systèmes d’échange local: une source de mieux-être
• Médicalisation des troubles du comportement: instrument de contrôle social
• Mon quartier en noir & blanc
• Pollution de l’air par les particules fines: quelle place pour les habitants?
• Publicité pour les médicaments: soyons vigilants
• Regards sur le vieillir en immigration
• Santé mentale: paroles d’usagers
• Séropositifs et malades du sida: ne pas ajouter le poids de l’exclusion à celui de la maladie
• Tabac: faut-il faire peur?
• Usagers du système de santé, à vous la parole
Pour plus de détails ou pour télécharger les brochures: https://www.questionsante.be

E.S.: Parlez-nous maintenant de vos animations…
B.T. : En général, elles s’inspirent d’une brochure, mais parfois c’est l’inverse. Elles sont très diverses, et visent un public varié. Nous avons fait des animations pour un collectif d’alphabétisation, pour des relais sociaux, pour une école lors d’une journée pédagogique associant parents et enseignants, pour la Ligue des Familles, ou encore pour un groupe en insertion socio-professionnelle…
Il s’agit d’animations ponctuelles ou de cycle d’animations selon le projet du partenaire, son public et sa réalité.
I.D. : Les objectifs des animations ne sont pas d’apporter des recettes toutes faites face à des questions posées. Au contraire, nous souhaitons provoquer des réflexions collectives, des discussions, des débats… Les méthodologies sont donc adaptées en fonction du public participant. Parfois, nous prévoyons des entrées en matière au débat comme une intervention théâtrale, un film ou des témoignages. Par exemple, lors d’un débat «pour ou contre l’interdiction de fumer», la «Compagnie Maritime» a introduit le sujet par une intervention théâtrale.
Comme l’a soulevé Bernadette, des animations se réalisent en aval de la réalisation de l’outil pédagogique. Elles sont demandées suite à la diffusion des brochures.
D’autres animations se déroulent en amont, servant de fil conducteur à l’élaboration d’un outil pédagogique. C’est alors une montée en généralisation, une discussion particulière qui sert de tremplin à une diffusion plus large d’une question.
Par exemple, la brochure «Mourir en exil» a été réalisée suite à la tenue de deux tables rondes sur le sujet. Celles-ci étaient co-organisées avec l’asbl Carrefour des Cultures et réunissaient des personnes issues du monde associatif et de cultures minoritaires en Belgique.
E.S.: Avez-vous des partenariats?
I.D. : Nous avons des accords avec des associations le temps de l’élaboration d’un outil pédagogique ou d’une animation. Etre en contact avec différents acteurs dans divers domaines est un des côtés encourageant et enthousiasmant du projet.
E.S.: Quelque part, vous voulez un peu bousculer le public pour qu’il remette en question sa manière de vivre. Comment cela est-il vécu par les gens?
B.T. : Il est certain que des sujets sont plus «croustillants» que d’autres, suscitent plus le débat lors des animations. Le but est de faire réfléchir, de faire adopter un positionnement personnel. Cela peut évidemment titiller ou déstabiliser les participants. En effet, ce type de démarche peut être difficile car cela bouscule les repères tels ceux que nous martèle la publicité qui nous imprègne au quotidien. Mais ce qui est intéressant, c’est justement que les gens aient des avis différents et que les uns puissent se nourrir de l’avis des autres.
I.D. : L’idée n’est pas tellement de bousculer le public pour qu’il se remette en question mais plutôt de proposer des réflexions et discussions sur des enjeux importants pour le devenir de notre société. Nous mettons des questionnements en évidence. Nous n’arrivons pas avec un objectif de changement précis sur un public. En mettant des outils pédagogiques à la disposition d’associations et du tout public, nous souhaitons ouvrir des perspectives de débat et de mobilisation citoyenne.
E.S.: Vous dénoncez pas mal de faits de société. Vous dénoncez les firmes commerciales par exemple… Est-ce que cela dérange?
I.D. : En abordant une question, nous tentons de montrer les intérêts des différents acteurs: ceux des firmes phamaceutiques comme ceux des associations d’usagers par exemple. Lorsque se pose une question de société, savoir quels sont les objectifs des différents intervenants est important pour en analyser la complexité. Il ne s’agit ni de dénonciation ni de démonstration mais plutôt de monstration. Quels sont les intérêts en jeu? Qui les porte? Il s’agit de décoder, de comprendre pour entrer en débat.
E.S.: En quelques mots, quel type de soutien votre service peut-il apporter?
I.D. : Nous diffusons les brochures et les outils pédagogiques vers le monde associatif et le grand public. Ils peuvent être utiles aux professionnels pour des animations, être distribués pour servir de déclencheur à des réflexions individuelles ou à des discussions en groupe. Certaines brochures comme celles sur les Systèmes d’échange locaux (SELs) ont été utilisées par des groupes de citoyens qui souhaitaient initier un SEL près de chez eux. C’est alors une aide à la sensibilisation.
Des brochures sont également mises à disposition de partenaires avec lesquels nous collaborons pour leur réalisation. Nous participons de cette manière à la visibilité d’une action d’association dont le témoignage nourrit une brochure.
Nous jouons aussi en quelque sorte un rôle de passeurs d’informations ou de mise en relation d’acteurs.
E.S.: Enfin, comment faire pour obtenir ce soutien?
B.T. : Les brochures et animations sont disponibles gratuitement. Tout le monde peut en bénéficier. Il suffit de faire une demande par courriel ou par téléphone. En général, s’il s’agit d’une demande d’animation, une rencontre préalable est organisée pour mieux cerner les attentes.
Vous l’aurez compris, il n’y a pas que le système de soins et nos habitudes de vie qui conditionnent notre santé. Il y a aussi des changements de société – les conditions de vie culturelles, environnementales… – sur lesquels nous n’avons pas ou peu de prise. C’est pourquoi l’éducation permanente et Question Santé font le pari de la participation citoyenne et misent sur la dynamique collective en incitant les gens à se questionner, à analyser et critiquer le monde qui les entoure, et à agir.
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour obtenir des brochures, pour concrétiser l’organisation d’une animation, ou pour tout renseignement complémentaire, n’hésitez pas à contacter le service éducation permanente de Question Santé, rue du Viaduc 72, 1050 Bruxelles Courriel: education.permanente@questionsante.be, tél. 02 512 41 74. Contacts: Isabelle Dossogne et Bernadette Taeymans).
https://www.questionsante.be (pour le site du service éducation permanente)
https://www.questionsante.org (pour le site du service communication en promotion de la santé)