Articles de la catégorie : Initiatives

Qu’est-ce que la qualité de vie ?

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Parallèlement à l’enquête réalisée auprès de patients, la Fédération belge contre le cancer a commandé une revue de la littérature scientifique internationale sur le thème Cancer et qualité de vie.
En guise de préface à cette recherche, Jan Foubert , infirmier-chef de service à l’Institut Bordet, met en évidence plusieurs difficultés: la définition parfois floue ou subjective de ce que l’on entend par «qualité de vie», le nombre encore trop limité de travaux disponibles, le caractère difficilement comparable des études entre elles et les situations très différentes selon la forme de cancer dont les patients sont atteints…
Jan Foubert, toutefois, se veut encourageant: des outils standardisés de mesure de qualité de vie ont été développés et ils devraient permettre de progresser rapidement dans ce domaine. Pour autant, bien sûr, qu’on veuille bien les utiliser.

Une notion relative…

Analysant la littérature spécifique, Jan Foubert remarque que la qualité de vie reflète la différence entre les attentes d’une personne et l’expérience qu’elle vit. Rien d’étonnant donc à ce que les personnes atteintes de pathologies menaçantes pour leur vie (le cancer ou le sida, par exemple) ne définissent pas la qualité de vie comme les instruments destinés à mesurer la qualité de vie à l’aune de la santé.
Ces instruments accordent, par exemple, une place beaucoup plus restreinte aux questions existentielles que celle que leur réservent les malades du cancer. La perception de l’existence est modelée par les objectifs, les attentes, les préoccupations de chaque individu, mais elle ne peut être dissociée du contexte culturel où il évolue, avec ses valeurs et ses normes. Le point de départ d’un essai clinique doit donc être la survie du patient puis la manière dont il « fonctionne » et, enfin, la manière dont il se sent. Il n’existe donc pas d’instrument de mesure idéal de la qualité de vie. Néanmoins un bon instrument de mesure sera simple à comprendre, n’exigera pas plus de dix minutes de réponse, ne contiendra pas plus de trente questions et sera complété par le patient lui-même.

…et fonction des pathologies

Bien sûr, la notion de qualité de vie est vécue différemment selon le type de cancer dont souffrent les patients interrogés. Les hommes atteints d’un cancer de la prostate ont souvent une bonne espérance de vie, mais les traitements qu’ils subissent entraînent souvent des effets secondaires pénibles: problèmes urinaires et sexuels ou problèmes intestinaux selon les traitements. Ces perturbations causent inquiétudes et tracas et diminuent la qualité de vie. Les tumeurs de la tête et du cou entraînent elles aussi des conséquences négatives pour la qualité de vie.
Globalement, les femmes ont tendance à poser plus de questions que les hommes. De même, les patients les plus instruits osent interroger davantage. De plus, certains médecins se limitent à interroger les patients sur leurs symptômes physiques. L’activité quotidienne et la douleur sont souvent évoquées, la fatigue moins souvent et les aspects psychosociaux sont souvent passés sous silence.
Enfin, la qualité de vie en fin de vie obéit à des règles spécifiques. Des troubles fonctionnels et une augmentation de certains symptômes (fatigue, malaise généralisé, statut émotionnel) sont observés au cours des deux dernières semaines. Certains symptômes (problèmes gastro-intestinaux, douleur) peuvent être contrôlés. Dans le cadre des soins palliatifs, les différentes interventions sont autant de composantes de la qualité de la vie.

Qualité de vie des enfants malades

Jan Foubert signale que la qualité de vie des enfants ayant eu un cancer est un nouveau domaine de recherche. Une attention toute particulière est accordée à ceux qui ont surmonté une leucémie ou une tumeur cérébrale. Les premières études indiquent que la majorité de ces enfants sont en bonne santé, ont un statut psychosocial et une vie sociale et sont capables de vaquer à leurs activités quotidiennes.
Mais elles constatent aussi un certain nombre de problèmes mineurs comme un déficit cognitif après une tumeur cérébrale, l’angoisse d’une rechute après une thérapie lourde et une greffe de moelle osseuse autologue, la présence de la douleur. De plus, les résultats des études ne permettent pas de dire si c’est l’enfant lui-même ou un membre de son entourage qui a répondu au questionnaire. Or ce point est important car les difficultés émotionnelles sont souvent sous-estimées par des tiers et, en ce qui concerne la santé physique, le score attribué par les parents est généralement plus mauvais que celui attribué par les enfants eux-mêmes.
Jan Foubert insiste sur l’importance de multiplier de telles études afin d’optimiser les traitements actuels et de développer des interventions de mieux en mieux adaptées, de mieux comprendre les besoins de la famille et des proches des enfants malades.
Il conclut en rappelant que «le traitement du cancer va au-delà du simple traitement du cancer en tant que maladie» et note que «la guérison des patients ou la prolongation de leur durée de vie se mesure en terme de statistiques, mais pour le patient, cette réalité signifie bel et bien «continuer» à vivre avec le cancer et non être une fraction d’un pourcentage».

A.M. P. “Revue de la littérature relative à la qualité de vie chez les patients cancéreux” par Jan Foubert, infirmier – chef de service, responsable de la consultation axée sur la problématique de la fatigue à l’Institut Jules Bordet (Bruxelles). Rapport disponible à la Fédération belge contre le cancer. Internet: https://www.cancer.be

Cancer et qualité de vie : où en est-on ?

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Difficultés liées à la lourdeur des traitements, sentiments de rejet ou d’exclusion, mais soutien des proches et du personnel soignant… Telles sont les lignes de force exprimées par les personnes atteintes du cancer lors d’une étude sur leur vie quotidienne réalisée par la Fédération belge contre le cancer.
En quelques décennies, le visage de la lutte contre le cancer a bien changé. Au début, cancer et décès étaient toujours synonymes. Puis de meilleures conditions de guérison ou de survie ont largement modifié le champ des possibles. Et, pour ceux qui ne pourront guérir, le développement des soins palliatifs a fait naître de nouvelles priorités.
Certes, le cancer demeure une maladie fatale pour de nombreux patients. Mais les survies de plus en plus longues, les guérisons de plus en plus nombreuses constituent des progrès considérables. Et elles font évoluer les mentalités et les recherches. Si de nombreux traitements sont encore fort agressifs, de nouveaux médicaments permettent une lutte efficace contre les principaux effets secondaires en cours de traitement…
Aujourd’hui, le temps de la lutte à tout prix s’éloigne et une attention croissante se développe pour la qualité de vie des patients. Il ne s’agit plus seulement de savoir si l’on va survivre, mais dans quelles conditions. Il ne s’agit plus seulement de guérir, mais de savoir dans quelles conditions on va traverser l’épreuve de la maladie. En effet, les personnes qui survivent restent marquées leur vie durant par l’expérience de la maladie.

Des patients témoignent

Cette nouvelle réalité de la maladie a décidé la Fédération belge contre le cancer à consacrer une enquête au vécu quotidien des malades en Belgique, à tous les stades de la maladie et toutes formes de cancers confondues. L’objectif était de cerner les principales préoccupations des patients en termes de qualité de vie depuis l’annonce du diagnostic jusqu’au terme des traitements. Dans un premier temps, des enquêteurs de la société Pocket marketing ont réalisé une quarantaine d’entretiens qualitatifs d’une heure trente environ par patient. Sur cette base, ils ont réalisé un questionnaire général de 46 questions (ouvertes et fermées) sur les attentes et l’expérience des patients. Quinze cents questionnaires ont été distribués et plus de 220 réponses ont été dépouillées.
Premier enseignement de l’enquête: la maladie affecte durement la vie familiale et sociale. Près de trente pour cent des patients estiment que les principales difficultés rencontrées durant la maladie sont liées à la lourdeur des traitements et à leurs effets secondaires. 11,6 % des malades citent le sentiment de rejet ou de discrimination sociale et professionnelle parmi les difficultés les plus lourdes. Enfin, 10,4 % des personnes interrogées regrettent le nombre extrêmement limité de « vrais » amis c’est-à-dire d’amis compréhensifs, disponibles, apportant un véritable soutien.

Ecoute, respect, soutien moral

Deuxième enseignement de l’enquête: le cancer modifie les valeurs des patients. 45,7 % d’entre eux déclarent que l’amour est devenu la valeur la plus importante pour eux depuis leur maladie, 44 % citent l’écoute du partenaire et 42,2 % l’écoute de la famille et des amis.
Très normalement, la maladie a une influence majeure sur les relations conjugales. Et c’est d’un impact plutôt positif dont il s’agit: 44,4 % des patients estiment que le cancer n’a rien changé à leurs relations conjugales et 45 % déclarent qu’il les a améliorées. Interrogés sur leurs attentes vis-à-vis de leurs proches, les personnes malades du cancer citent tout d’abord la compréhension et le soutien (39,9 %) ou un comportement normal à leur égard (19,9 %). Ces attentes sont-elles effectivement rencontrées par leur entourage? 27,5 % des patients estiment avoir bénéficié d’une véritable écoute, 22,5 % disent avoir eu le sentiment d’être respectés et 21,4 % avoir pu compter sur un soutien moral.
Troisième et dernier enseignement de l’enquête: les malades expriment un degré de satisfaction très élevé envers les professionnels de la santé, spécialement les médecins et les infirmières, aux différents stades de la maladie.

Les soignants: proches et compétents

Leurs attentes vis-à-vis des professionnels sont en effet très claires. Au moment du diagnostic, ils souhaitent bénéficier de l’information la plus compréhensible possible (36,4 %). Au regard de cette attente, les résultats sont très favorables pour les médecins (75,5 % dispensent l’information souhaitée), bons pour les infirmières (67,5 % donnent l’information demandée) et un peu plus faible pour les travailleurs sociaux (61,7 % donnent l’information souhaitée). En revanche, ils sont médiocres pour les autres services (46,4 % de satisfaction seulement).
La même tendance est observée en matière de disponibilité. Ce résultat constitue une heureuse surprise qui doit être confirmée. En revanche, en matière de prise en charge, les résultats sont plus réservés et les patients témoignent de pas mal d’angoisses et d’incertitudes.
Médecins et infirmières obtiennent un taux de satisfaction correct (55 % environ) dans leur manière de rencontrer la demande des patients. En revanche, la satisfaction vis-à-vis des travailleurs sociaux n’est que de 40 % et elle tombe à 27,1 % pour les autres services hospitaliers.
La Fédération belge contre le cancer a manifesté son intention de poursuivre l’enquête auprès d’un nombre plus élevé de patients afin de confirmer et de préciser ces premières réponses. L’analyse des résultats sera elle aussi poursuivie et affinée. Mais, déjà, la Fédération tire trois enseignements de cette enquête: nécessité de continuer à améliorer la qualité de vie des patients en cours de traitement, importance de soutenir les proches des malades afin qu’ils puissent répondre efficacement aux nombreuses attentes des patients et nécessité d’améliorer la prise en charge sociale et l’approche des autres services.
Fédération belge contre le cancer, chée de Louvain 479, 1030 Bruxelles. Tél.: 02-736 99 99. Fax: 02-734 92 50.
Anne-Marie Pirard

A table les cartables !

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Souvenez-vous: le 2 décembre 2000, les Ministres Nollet (pour l’Enfance) et Maréchal (pour l’Aide à la jeunesse et la Santé) lançaient le Forum ‘L’alimentation à l’école: derrière un marketing juteux, un projet de promotion de la santé… un enjeu de société’. Il a permis une dynamique de réflexion avec les acteurs et partenaires du monde scolaire.
La Charte ‘A l’école d’une alimentation saine’ est le prolongement et la concrétisation des réflexions issues de ce forum. Elle s’est également inspirée des expériences et programmes éducatifs déjà existants.
Le slogan choisi pour lancer la Charte sonne bien: A table les cartables s’inscrira sans doute facilement dans les mémoires.
Pour développer et expliquer les principes de la campagne, une brochure a été réalisée par la Coordination Education/Santé, responsable des ‘Midis à l’école’ et chargée de la coordination de la campagne. Ce document, qui cadre de façon très complète le projet, a été envoyé à toutes les écoles de l’enseignement fondamental.
Il vise d’abord à rappeler aux acteurs scolaires que l’apprentissage des principes et des gestes d’une alimentation saine rencontrent les missions prioritaires de l’école et s’inscrit dans les apprentissages tels que les socles de compétences invitent à les construire. Il redéfinit aussi quelques grands principes de promotion de la santé à l’école, qui est avant tout une démarche participative. Il invite enfin les écoles à s’engager à respecter les principes décrits dans la Charte; à mettre en oeuvre, entre janvier 2002 et juin 2004, un plan d’action autour d’une thématique décidée en Conseil de participation et en accord avec les besoins de santé des élèves; à développer un partenariat éducatif entre les familles, l’école, les acteurs de la santé et les partenaires locaux pour améliorer l’alimentation à l’école; à impliquer les élèves dans la conception et la réalisation du plan d’action et soutenir les classes participantes.
En somme, nous trouvons ici une illustration particulièrement bienvenue du passage de la théorie à la pratique quant aux principes et valeurs ayant guidé la mise en place du décret promotion de la santé voici déjà quatre ans.

La Charte

A l’école d’une alimentation saine

1. Préserver sa santé s’apprend et se pratique dès le plus jeune âge.
2. La santé dépend aussi d’une alimentation variée et équilibrée.
3. Manger, c’est se nourrir mais aussi se faire plaisir, découvrir, explorer, partager, être ensemble.
4. Manger plus sainement sans forcément dépenser plus est un défi à relever.
5. Promouvoir la santé des élèves à l’école, c’est construire des savoirs et exercer des compétences pour être capable de poser des choix sains.
6. Nos choix de consommation s’inscrivent dans la volonté de construire une société en développement durable, solidaire et respectueuse de l’environnement.
7. L’alimentation et la santé sont l’affaire de tous les partenaires éducatifs des secteurs de l’Enfance, de la Famille, de l’Enseignement et de la Santé.

Comment adhérer à la Charte?

La démarche prévoit plusieurs étapes: en tout premier lieu, il faut lancer la réflexion et diffuser la Charte auprès des acteurs scolaires, responsables des menus, des achats, de l’hygiène, etc. Le débat doit avoir lieu lors d’une réunion du Conseil de participation de l’école, où une ou plusieurs thématiques prioritaires seront sélectionnées en accord avec les priorités éducatives et de santé de l’école. C’est à ce moment également que la ou les personnes de références volontaires seront identifiées, pour veiller au suivi de la Charte avec le Conseil de participation. La Charte sera signée par les membres du Conseil de participation et affichée dans l’école, le bulletin d’adhésion de l’école devant être envoyé aux Ministres de la Santé et de l’Enfance.

Le plan d’action

Un des principes fondamentaux rappelés par les promoteurs de cette campagne est qu’une action de promotion de la santé sur le thème de l’alimentation s’inscrit dans la durée. Lorsqu’on s’engage dans cette voie, il faut se donner le temps de la réflexion, de l’analyse des besoins et mettre en place un processus de changement à long terme. D’autres principes sont le travail sur base volontaire, l’implication de l’ensemble des acteurs, l’instauration d’une dynamique de changement aux objectifs clairs.
La brochure définit une série d’étapes qui permettront de dresser l’état des lieux, d’élaborer le plan d’action, et de le réaliser. A chaque étape, les acteurs scolaires seront épaulés par une personne-ressource de la Coordination Education/Santé.
D’autres adresses sont également renseignées, où trouver appuis et aides en Communauté française: la Plate-forme ‘Alimentation et promotion de la santé’, les équipes IMS ou PMS, les centres locaux de promotion de la santé, le programme ‘Midis à l’école’, le programme ‘Ecoles en santé’ de la Croix-Rouge, le programme de l’Observatoire de la santé du Hainaut, le Réseau Eco-consommation ou le Réseau Idée,…

Les thèmes

7 idées…pour commencer

1. La découverte des saveurs et des goûts.
2. L’équilibre alimentaire: repas chauds, pique-niques, collations et boissons.
3. Le développement durable et les choix de consommation.
4. Publicité, marketing et vente.
5. Une restauration de qualité à coûts maîtrisés.
6. Le respect de l’hygiène.
7. Le lieu et le cadre des repas.
Tout autre thème sur ce qui influence les choix, la consommation et les comportements des élèves en lien avec l’alimentation à l’école est évidemment le bienvenu.

Passer des discours à la réalisation demandera une bonne dose de créativité, une ouverture vers les autres partenaires éducatifs de l’école et un investissement (non négligeable diront certains!) d’énergie et de temps à ajuster suivant les possibilités de chacun.
Le programme des ‘Midis à l’école’ a déjà permis de mettre en place une série d’actions concrètes, certaines petites, d’autres plus ambitieuses. Ces ‘exemples’ sont repris dans la brochure pour illustrer les possibilités d’un plan d’action.

Un site

https://www.atablecartable.be est le site officiel de la campagne. On y retrouve la Charte expliquée et commentée, les étapes pour mettre sur pied un plan d’action, et aussi, très important, le Cahier technique qui reprend une série de critères permettant de réaliser des repas et une offre alimentaire de qualité au sein de l’école, véritable outil de référence pour négocier ou renégocier les contrats avec les fournisseurs de repas.
On y trouve également les adresses utiles pour trouver aides et supports pédagogiques. Enfin, tous les documents sont téléchargeables sur le site (brochure, affiche, logo de la campagne).
Les outils sont donc en place. Le processus d’adhésion des écoles à la Charte sera sans doute progressif et peut-être lent. Mais nous ne manquerons pas de vous tenir au courant du déroulement de cette campagne très alléchante!
Pour tout renseignement sur la campagne ‘A table les cartables!’: Coordination Education/Santé, rue de la Rhétorique 19, 1060 Bruxelles. Tél. et fax: 02-538 23 73. Mél: atablecartable@cfwb.be. Site: https://www.atablecartable.be
Maryse Van Audenhaege

Les antibiotiques, moins et mieux : une deuxième vague de sensibilisation

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Les Belges sont prêts à consommer moins d’antibiotiques. Tel est le résultat positif de la campagne de sensibilisation menée l’an passé auprès du grand public et des professionnels de la santé. Pour renforcer ces résultats, une deuxième campagne est organisée fin 2001, début 2002 avec, notamment, la diffusion d’un spot radio-TV et d’une brochure explicative.
75 % des Belges se disent prêts à consommer moins d’antibiotiques, 57 % des médecins ont personnellement évoqué la campagne auprès de leurs patients et une diminution moyenne mensuelle de 700.000 journées de traitement par antibiotiques a été constatée pour les mois de décembre à mars 2001. Tels sont les résultats, très encourageants, de la campagne de sensibilisation « Les antibiotiques, moins et mieux » menée à l’automne 2000 à l’initiative des ministres des affaires sociales et de la santé (1).
Toutefois, pour qu’une telle campagne ait un impact en profondeur et à long terme, il est nécessaire de relancer la sensibilisation et l’information. Les deux ministres concernés ont donc programmé une «deuxième» vague de cette campagne en novembre 2001. Celle-ci prend place dans le cadre des programmes d’information du grand public sur l’utilisation irrationnelle des antibiotiques lancés par l’OMS, l’Union européenne et tous les pays européens. Le 15 novembre 2001, le Conseil des ministres de la santé s’est d’ailleurs réuni afin d’examiner une proposition de recommandation sur l’utilisation prudente des antimicrobiens en médecine humaine.

Un programme européen

La première campagne avait pour objectifs de faire prendre conscience aux consommateurs de soins de santé de l’existence d’un problème d’antibiorésistance, de les inviter à utiliser les antibiotiques moins souvent et mieux et d’en discuter avec leur médecin et/ou leur pharmacien. Des moyens considérables avaient été mis au service de ces objectifs: diffusion de plus de 500.000 brochures dans les pharmacies, les cabinets des généralistes, des pédiatres, des ORL et des pneumologues, diffusion d’un spot radio-tv, ouverture de deux sites web (un francophone et un néerlandophone) pour le grand public et distribution de 200.000 dépliants par le biais des principaux organismes assureurs du pays.
Aujourd’hui, 46 % de la population se souvient d’avoir entendu, vu ou lu quelque chose en rapport avec ces conseils.
La comparaison des retombées de cette campagne et des résultats d’une enquête qui l’avait précédée, indique que 36 % des médecins semblent prescrire moins d’antibiotiques. Parallèlement, un pourcentage significatif de personnes résidant en Belgique n’attendent plus que le médecin leur fasse automatiquement une prescription pour un refroidissement, un mal de gorge, une fièvre, une bronchite, . Ainsi, par exemple, l’attente de prescription d’un antibiotique en cas de grippe passe de 49% des personnes interrogées avant la campagne à 30% après.

Une brochure pour tous

L’analyse des résultats de la campagne de sensibilisation a mis une nouvelle fois en évidence la grande confiance de la population envers les médecins traitants: moins de 5 % des personnes interrogées déclarent vouloir changer de praticien en cas de refus de prescription d’antibiotiques.

De nombreux praticiens (42% de l’échantillon) estiment que la campagne les a aidés à faire accepter aux patients le fait qu’ils ne leur prescrivent pas d’antibiotiques. Reste que près d’un tiers des médecins déclarent encore que la campagne ne sert qu’à faire épargner de l’argent à l’Etat! Reste aussi que certains points de la campagne sont mal compris: on constate une évolution négative du nombre de personnes s’attendant à une prescription d’antibiotiques en cas de méningite. Là, des précisions doivent être apportées compte tenu de l’évolution rapidement mortelle d’une méningite bactérienne. La nouvelle version de la brochure tient compte de cette donnée.

Une deuxième vague de sensibilisation et d’information s’imposait donc. Comme l’an passé, elle s’adresse parallèlement au grand public et aux professionnels de la santé. Une brochure claire, articulée sur sept questions fréquemment posées et sept réponses précises, est distribuée au grand public: Qu’est-ce qu’une infection? Les infections guérissent-elles spontanément? Les antibiotiques permettent-ils de guérir plus vite? Comment les bactéries deviennent-elles résistantes aux antibiotiques? Les antibiotiques sont précieux, que pouvons-nous faire pour sauvegarder leur efficacité? Les enfants ont-ils plus besoin d’antibiotiques que les adultes? Que retenir?

Bonnes pratiques médicales

Pour les professionnels de la santé, des recommandations de bonne pratique médicale sont établies au sein d’équipes multidisciplinaires d’experts. Elles concernent une série d’affections pour lesquelles on prescrit souvent des antibiotiques. Ainsi, des recommandations sur le mal de gorge et l’otite moyenne aiguë sont à la disposition des généralistes, des pédiatres, des ORL et des pneumologues, notamment sur le site web de l’INAMI. Suivront ensuite des recommandations pour la rhino-sinusite aiguë, la cystite chez la femme, la pneumonie, la bronchite aiguë et l’exacerbation de la bronchite chronique obstructive. Pour toutes ces recommandations, un document «grand public» est actuellement prévu pour aider les patients.
A.M.P.
Renseignements: Commission de coordination de la politique antibiotique, Docteur Bauraind, Cité administrative de l’Etat, Vésale 534, à 1010 Bruxelles. Tél. : 02 – 210 47 99. Fax : 02 – 210 44 93. Mél: isabelle.bauraind@health.fgov.be
(1) Voir Education Santé n° 155 de janvier 2001.
(2) L’impact de la campagne a étté mesuré par une enquête face à face auprès d’un échantillon de 1015 personnes résidant enBelgique (réalisée entre le 28 février et le 8 mars 2001). Cette enquête grand public a été complétée par un entretien téléphonique avec 400 médecins généralistes, effectué entre le 18 avril et le 11 mai 2001.

Vers une vie sans tabac

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

La Fédération des maisons médicales propose des formations tabac dans la relation individuelle et dans l’animation d’un groupe
Le tabac fait partie de la réalité quotidienne de beaucoup de patients et de pas mal de soignants, tant dans les maisons médicales que pour toutes les professions de santé… Nous nous sentons d’ailleurs souvent impuissants, découragés, abattus de reparler une fois encore d’une matière complexe et d’un comportement si difficile à changer.
L’année dernière, la Fédération des maisons médicales a testé une formule nouvelle pour préparer et aider des groupes de patients à arrêter de fumer s’ils le souhaitent. L’originalité de cette démarche -déjà expérimentée dans d’autres pays et d’autres publics- est de ne plus se centrer sur le tabac, mais bien sur les personnes qui le consomment, et prioritairement pour des femmes de milieux sociaux précarisés.
Au terme de cette formation, les quatre équipes qui y ont participé se sentent capables de proposer à leurs patients un accompagnement en groupe (on se sent plus fort et mieux soutenu dans un groupe amical) autour des questions liées au tabac: le stress, l’alimentation, le poids, la respiration, la dépendance, le bien-être, etc. Cette méthode permet de mettre en place des relations non culpabilisantes et responsables renforçant l’estime de soi des participants. Ceux-ci pourront ensuite envisager d’arrêter de fumer dans un futur proche ou pas.
Cette année 2002, nous reprenons cette formation d’accompagnement des patients tabagiques que nous proposons selon deux modalités complémentaires:

Première partie – formation à l’accompagnement du patient dans la relation individuelle

Comment intégrer la dimension ‘tabac’ dans les relations que nous avons déjà avec les patients?
– osons parler du tabac;
– faire émerger les motivations du patient à un changement possible;
– soutenir ces motivations;
– informer le patient: la dépendance à la nicotine, les moyens d’avancer;
– les croyances des soignants à propos du tabac;
– les croyances des patients;
– le stress, l’alimentation, le contexte, les habitudes de la vie avec le tabac;
– le contrat thérapeutique et le plan de traitement;
– la conduite du sevrage tabagique.

Deuxième partie – mise en route d’un groupe de personnes désireuses d’arrêter de fumer

– information sur le tabac (rappel et résumé de la première partie);
– préparation de la mise sur pied d’un groupe de personnes désireuses d’arrêter de fumer;
– adhésion de son équipe professionnelle à ce projet;
– découverte et utilisation d’outils pour parler du tabac dans un groupe;
– définir et construire son propre projet;
– partage d’expériences avec des personnes-ressources extérieures.
Cette formation est fondée sur les principes d’éducation des adultes: les gens peuvent faire des choix à la lumière de leur propre expérience; l’apprentissage doit se faire dans un cadre détendu, amical et accueillant. Il doit dans la mesure du possible, se fonder sur l’expérience, «le vécu des participants» et non sur la théorie. L’utilisation du langage écrit doit être réduite au minimum.
Le programme part du principe que la dépendance au tabac est influencée par le contexte social de la personne.
Il vise à sensibiliser les femmes et leur entourage se trouvant dans des conditions précaires et de pauvreté à une approche globale de la santé. Ces personnes pourront apprendre des techniques leur permettant de modifier leurs comportements de santé, d’arrêter éventuellement de fumer ou de réduire leur consommation de tabac quand elles se sentiront prêtes et accompagnées par ‘leurs’ soignants qu’elles connaissent déjà.

Le programme

Cette formation, étalée sur 6 mardis de février à octobre 2002, souhaite développer chez les professionnels de la santé leurs ressources et compétences en matière d’aide et d’accompagnement à l’arrêt du tabac. Ce souci est présent tant dans la première partie (les 3 premiers mardis) centrée sur l’accompagnement individuel des patients que dans la seconde sur la mise en place de groupes de patients (le cycle du fumeur, le sevrage tabagique, la gestion des symptômes du manque, la gestion du stress, des activités corporelles, des massages, des activités « souffle » ou diététique…).
Formateurs: Axel Roucloux , kiné licencié en éducation pour la santé, expérimenté dans plusieurs programmes ‘tabac’; Jean Laperche , médecin généraliste licencié en éducation pour la santé et d’autres experts sollicités ponctuellement suivant les besoins des participants: le Dr Galanti, tabacologue de renom, un kiné, une diététicienne, etc.
Public cible de la formation : les maisons médicales et les professionnels de la santé intéressés par ces difficiles questions d’aide à l’accompagnement et à la préparation de l’arrêt du tabac.
Contenu de la formation : les trois premiers mardis aborderont le tabac, la dépendance à la nicotine et les techniques de sevrage dans la relation individuelle. Les mardis suivants seront centrés sur la communication en groupe avec les patients, les messages positifs en promotion de la santé, la mise en route des groupes de patients, l’adhésion des collègues au projet et le contrat thérapeutique.
Les participants qui s’engagent dans la seconde partie devront avoir suivi également la première. Nous leur demanderons à ce moment d’inviter des patientes fumeuses à constituer un groupe d’environ 10 personnes qui se réunira 6 x 2 heures dans une ambiance amicale. Les participantes prioritaires de ces groupes sont les femmes des milieux précarisés. Le suivi de la dynamique mise en place dans ces groupes et à l’intérieur des équipes sera assuré par les organisateurs lors de deux demi-journées ultérieures.
Modalités de travail : en groupe dans une dynamique participative, suivant la tradition des maisons médicales! Pour chaque maison médicale participante, nous demandons que ce soient les deux mêmes personnes qui puissent participer à toute la formation des 6 mardis. Cette formation sera accréditée et évaluée par les chercheurs d’AEP.
Où et quand ? au domaine provincial d’Hélécine (accès aisé par l’autoroute Bruxelles – Liège, sorties 26 ou 27) les mardis 26 février, 12 mars et 16 avril 2002 pour la première partie et les mardis 17 septembre, 01 octobre et 22 octobre 2002 pour la seconde partie, toute la journée de 9h30 à 16h. Une petite restauration est disponible au bistrot du coin: 6 euros.
Prix : une demande de subsides est introduite au Ministère de la Région wallonne et ces formations seront donc gratuites. De plus, les équipes qui mettront en place un groupe de patientes pendant la formation recevront un soutien financier spécifique.
Le nombre de participants est limité. Ne tardez pas à vous inscrire à la Fédération des maisons médicales: tél.: 02-514 40 14; fax: 02-514 40 04, courriel: agir.prevention@fmm.be.

Le tabac et les jeunes : encore !

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Le 21 novembre dernier, l’Institut provincial des Arts et Métiers de La Louvière accueillait une journée consacrée au tabagisme des adolescents. Le lieu était propice pour permettre à près de deux cents personnes d’écouter les intervenants du matin et de partager leurs expériences en ateliers l’après-midi.
Le sujet du jour, ‘La prévention peut-elle faire un tabac auprès des jeunes?’, ne manque pas d’accrocher l’attention au moment où d’aucuns s’inquiètent d’une recrudescence du phénomène tabagique, en particulier chez les jeunes en âge scolaire.
En début de journée, la Ministre de la Santé, Nicole Maréchal , a rappelé sa conception non intrusive de la prévention, et s’est réjouie de la perspective de voir prochainement des moyens très importants débloqués pour la lutte antitabac, en bonne entente entre le pouvoir fédéral, les Régions et les Communautés.
Elle ajoutait un bémol à cette bonne nouvelle en insistant sur le fait que les moyens ne suffisent pas si les interventions manquent de pertinence, et qu’en prévention tabac chez les jeunes, le défi à relever pour être efficace dans le respect de l’autonomie des personnes n’est pas simple.
Ensuite, Bernard Defrance , professeur de philosophie en banlieue parisienne, nous a rappelé que ce comportement est une bonne occasion de prendre le temps de réfléchir à des choses aussi fondamentales que le permis et l’interdit, la Loi et les lois, le pouvoir et l’autorité, la douleur et la jouissance.
Pour répondre aux demandes d’outils concrets, plusieurs initiatives étaient présentées dans un ‘espace pédagogique’ animé par l’asbl Educa-Santé. La démarche d’un de ces outils, Libre comme l’air , axé sur le développement des compétences psychosociales des adolescents, a été détaillée par Michelle Perrot , chargée de mission au Comité français d’éducation pour la santé.
Enfin, le Dr Laurence Galanti , tabacologue aux Cliniques universitaires de Mont-Godinne, a fait une mise au point technique mais néanmoins vivante sur les dépendances physique, psychique et comportementale induites par le tabac chez le fumeur. Les questions posées par la salle confirmaient le bien-fondé d’une intervention de ce genre.
L’après-midi, les participants se répartirent classiquement en ateliers pour débattre de pistes concrètes pour gérer le problème avec intelligence en milieu scolaire. Et même si la journée ne leur offrit pas le même feu d’artifices d’idées percutantes que celle de Namur en mai 2001, ils auront pu se familiariser avec plusieurs approches intéressantes et adaptées à leur public; ce n’est déjà pas si mal…
C.D.B.

Pédagogie et entraide : deux sites gérés par la mutualité socialiste

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Nous vous avons déjà parlé de «Pipsa», le site de l’Outilthèque Santé. Depuis quelques mois, un autre site reprenant la base de données de l’ «Inventaire des groupes d’entraide», lui aussi géré par le Service Promotion santé de la Mutualité socialiste, est accessible.
Nous nous sommes demandé ce qui poussait une mutualité à investir dans des sites de promotion de la santé à côté de son propre site https://www.mutsoc.be . Nous avons donc rencontré Catherine Spièce et Anne Fenaux, qui gèrent respectivement les sites Pipsa et Self-help.

Education Santé: Pouvez-vous retracer pour nous en quelques mots l’origine des sites Pipsa et Self-help?
Catherine Spièce : Au départ, nous n’avions pas pensé immédiatement à un site. Nous songions plutôt à réaliser un catalogue papier présentant les outils disponibles dans le secteur de la promotion de la santé (un peu sur le modèle du catalogue de la collection Education pour la santé de la Médiathèque de la Communauté française de Belgique ). Pour nous, le site viendrait plus tard. Il faut savoir qu’au moment où nous imaginions de lancer l’ Outilthèque Santé (1998), moins de gens avaient accès à l’internet qu’aujourd’hui.
Nous étions toutefois confrontées au problème de la gestion des mises à jour d’un catalogue, de son manque d’interactivité, de sa lourdeur d’utilisation. L’idée a fait son chemin et nous nous sommes lancées dans le projet de site; nous avons introduit une demande de financement auprès de la Communauté française, qui a été acceptée.
La subvention prend en charge les coûts de fonctionnement du projet Outilthèque Santé , c’est-à-dire qu’elle soutient le travail réalisé en direction des éducateurs-relais.
Anne Fenaux : L’idée du site Self-help est venue un an après. Dans la décision de le réaliser intervient à nouveau le problème de la lourdeur des mises à jour de l’inventaire des groupes d’entraide que nous éditons depuis une dizaine d’années. Contrairement au site Pipsa, celui-ci est entièrement financé par la Mutualité socialiste, et non par la Communauté française, puisqu’il ne s’agit pas de prévention mais de participation des usagers des services de santé.
ES: Pourquoi ce choix de la Mutualité socialiste d’investir dans l’internet?
AF : En réalité, au moment de la création du site Pipsa, le site de la Mutualité socialiste n’était pas encore accessible. Mais la demande pour ce type de support était bien présente. Il faut quand même remarquer que le lien avec la Mutualité socialiste sur Pipsa est assez discret.
Par rapport au site Self-help, la Mutualité socialiste a depuis des années la pratique des associations de patients. Il s’intègre dans les ambitions de la Mutualité socialiste de développer un système de santé moderne et accessible à tous, de favoriser le travail de prévention et d’information et d’améliorer le soutien aux patients et à leur famille.
ES: Quel est le coût du lancement et de la maintenance de deux sites comme ceux-là?
CS : La conception de Pipsa a coûté environ 17.350 €. Dans ce montant, on compte le travail de la société créatrice ainsi que le service après-vente de la première année, mais pas notre temps de travail.
AF : On arrive à environ la même somme pour le site Self-help…
A cela, il faut ajouter le coût de l’hébergement du site (les deux sites sont hébergés chez le concepteur), qui se monte à 49,58 € par an, ainsi que la réactualisation du nom de domaine pour 2 ans. Pour nous, cela se chiffre à 991,57 € pour 8 noms (on peut ainsi arriver sur nos sites en utilisant plusieurs orthographes).
Dans le coût de l’entretien d’un site, il faut aussi compter le travail de référencement sur d’autres sites, qui dans notre cas est pris en charge par le concepteur, la gestion des ‘bugs’, l’ajout de fonctionnalités nouvelles, … Tout ajout ou toute modification technique fait l’objet d’un devis complémentaire.
ES: A qui avez-vous fait appel pour concevoir les sites?
CS : Nous avons envoyé des demandes de prix un peu au hasard, auprès de différentes sociétés qui ne s’occupent que de conception de sites. La société avec laquelle nous travaillons actuellement a été choisie en fonction du sentiment que nous avions de pouvoir travailler avec quelqu’un capable d’opérationnaliser nos souhaits, qui connaissait un peu notre domaine, et surtout qui avait le souci de rendre le client indépendant et autonome. C’est très important lorsqu’on se lance dans une telle aventure!
Un conseil pour ceux qui veulent créer un site de banque de données: n’hésitez pas à le pré-tester avec des gens qui ne sont pas familiarisés avec le message que vous voulez faire passer, laissez-les surfer et recueillez leurs impressions. C’est aussi une étape intéressante dans le processus de création.
ES: Comment arrivez-vous à maintenir un niveau de qualité dans la mise à jour de chaque site?
AF : Avant tout, il faut savoir que ce genre de sites ne peut pas vivre tout seul. Pour Pipsa, chaque mois ou parfois plus, un nouvel outil est publié. De plus, les avis sur les outils recueillis dans le cadre du travail de la Cellule d’experts , doivent être ajoutés au fur et à mesure. Sur le site Self-help, ce sont des adresses d’associations qui sont répertoriées, ainsi qu’un agenda de leurs activités, et il n’y a rien de plus changeant!
Pour ce dernier, nous travaillons donc en partenariat avec ces associations, chacune s’engageant par un accord annuel à nous fournir toute l’information sur un éventuel changement de coordonnées, sur les activités qu’elle développe (publications, colloques, formations,…). Ce n’est qu’avec cet accord daté et signé que nous renseignons l’association sur le site.
CS : Pour Pipsa, nous travaillons un peu différemment. Il y a en fait deux étapes: l’encodage dans la base de données d’outils pédagogiques se fait soit par nous-mêmes, soit directement par les producteurs des outils. On a alors une simple collection d’outils, sans jugement de valeur (sauf si un utilisateur prend la peine de partager son expérience avec un outil et souhaite en faire part au plus grand nombre via le site). Pour aller plus loin, nous avons mis sur pied une Cellule d’experts représentatifs du secteur de la promotion de la santé (relais de terrain, CLPS, pédagogues, documentalistes,…), qui analysent les outils et émettent un avis sur les objectifs qu’ils poursuivent et sur les utilisations possibles. A ce jour, 31 outils ont été évalués et ont reçu entre zéro et trois coups de cœur. Cette liste est accessible directement sur le site dans la rubrique « Sélection rapide » en sélectionnant « Nos coups de cœur ».
Par ailleurs, nous avons établi des conventions de partenariat:
– avec la plupart des centres locaux de promotion de la santé (CLPS), dans le but d’optimaliser l’échange d’informations entre les utilisateurs de Pipsa et les relais qui fréquentent les CLPS, et de mettre en commun l’analyse des besoins et attentes de nos publics respectifs;
– avec la Pédagothèque du Comité français d’éducation pour la santé, qui a la même démarche que nous dans le recensement et la recherche de qualité dans les outils de promotion de la santé;
– avec le service Infor Santé de l’Alliance nationale des mutualités chrétiennes qui publie Education Santé, afin d’optimaliser le système d’échange d’information entre les utilisateurs de Pipsa et les lecteurs de la revue (3)
AF : Vous l’aurez compris, la gestion de ces deux sites est très exigeante, elle demande beaucoup de rencontres et discussions avec les différents partenaires… Je pense que nous ne pourrions pas le faire si nous n’avions, derrière nous, l’appui de la Mutualité socialiste, c’est-à-dire une institution importante, qui nous soutient par l’apport de son infrastructure, de l’outil informatique, ainsi que par l’investissement en terme de temps de travail.
ES: Pouvez-vous nous donner un aperçu des gens qui consultent les sites?
AF : Pour Pipsa, il s’agit de relais et de professionnels de la santé ou de l’éducation. Nous avons environ 1800 visiteurs par mois (au bout de deux ans), dont on observe la fidélisation progressive et, peu à peu, l’interaction avec notre service en terme de demandes pour aller plus loin que le seul outil.
Pour le site Self-help, le public est différent. Il s’agit prioritairement des affiliés, des familles, des patients et ensuite des professionnels de la santé. Ce site a été ouvert en mai 2001 et nous avons à ce jour environ 850 visiteurs par mois. Il est possible d’obtenir chez nous des statistiques de consultation détaillées.
L’essentiel est de fidéliser l’utilisateur, puisque les sites évoluent chaque jour. Pour cela, la page d’accueil est très importante. Elle doit accrocher le visiteur et lui donner envie d’effectuer une visite plus complète du site. Mais ce qui compte, c’est surtout le contenu des bases de données (informations détaillées, claires et exactes).
Je voudrais encore dire une chose: le support internet permet de nous faire connaître dans le monde entier et de créer des liens (ndlr: sans jeu de mot!), notamment via le site Self-help. Une anecdote, à ce propos: nous avons un jour reçu un appel à l’aide venant du Mali (un enfant soldat déserteur et dans une grande détresse avait lancé une ’bouteille à la mer’ avec le mot ‘help’ repris dans l’adresse de notre site). Nous avons pu relayer cet appel auprès de différentes ONG qui ont pu le localiser et l’aider. Cela, c’est un des côtés agréables de notre travail sur internet!
Propos recueillis par Maryse Van Audenhaege
Ces sites sont accessibles aux adresses https://www.pipsa.org et https://www.self-help.be
Pour plus de renseignements: Union nationale des mutualités socialistes, Service Promotion santé, Anne Fenaux et Catherine Spièce, place Saint-Jean 1-2, 1000 Bruxelles. Tél. 02-515 05 85. (1)A présent, ce catalogue n’existe plus sous format papier mais est lui aussi accessible sur le site https://www.lamediatheque.be (ndlr)
(2)Voir Education Santé n° 155, janvier 2001, p.17.
(3) C’est pourquoi vous retrouvez les informations que nous publions dans la rubrique ‘Brèves’ sur le site Pipsa. Nous fournissons également aux ‘Niouzes’ de Pipsa les informations que nous recevons hors délais pour une publication dans la revue, mais qui trouvent leur place sur le site (ndlr).

La Communauté française de Belgique et le système d’information sanitaire

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Un constat

Après l’adoption par l’Assemblée Mondiale de la Santé, en mai 1977, de la fameuse résolution en faveur de « la santé pour tous » WHA30.43 1, les pays de la région européenne ont élaboré une stratégie de santé commune en 1980 2 et ils ont défini 38 objectifs régionaux en 1984 3.
L’objectif régional n°35 proposait, dès ce moment, une définition politique du système d’information sanitaire que chacun des pays de la région s’était engagé à mettre rapidement en place:
«Avant 1990, les Etats Membres devraient s’être dotés de systèmes d’information sanitaire pouvant soutenir leur stratégie nationale de ‘La santé pour tous’. Ces systèmes d’information auront pour vocation de soutenir la planification, la surveillance continue et l’évaluation des actions du développement sanitaire et des services, l’évaluation des progrès réalisés aux niveaux national, régional et mondial en direction de ‘La santé pour tous’ et de diffuser des renseignements scientifiques pertinents; ils auront d’autre part pour tâche de rendre l’information sanitaire aisément accessible au public.»
Force est de reconnaître qu’en Belgique cet objectif n’est toujours pas atteint. La situation actuelle, à tous les niveaux de pouvoir, se caractérise par la maîtrise insuffisante de nombreux éléments importants du système d’information sanitaire.
Il en résulte, en particulier,
– des manquements récurrents aux obligations nationales et internationales relatives à la collecte et au traitement des statistiques sanitaires (par exemple, dans le domaine de la déclaration des causes de décès ou de la déclaration des maladies transmissibles);
– une productivité faible du système et une exploitation limitée des informations disponibles en vue de la mise en œuvre d’une politique de santé cohérente;
– d’importants besoins d’information non couverts, particulièrement dans le domaine des comportements de santé et des attentes de la population.
Ce diagnostic, forcément incomplet, gagnera à être précisé et documenté dans le cadre de la préparation et de la réalisation de la table ronde qui est envisagée sur le sujet.

Le défi à relever

Face à cette situation, le défi principal à relever est celui de la maîtrise d’un système d’information sanitaire cohérent et performant au sein du système global de santé .
Il s’agit de relever un défi dans la mesure où la situation actuelle, jugée insatisfaisante, remet en cause la nature, la pertinence et l’adéquation des politiques et des moyens mis en œuvre dans le domaine de l’information sanitaire en Belgique et dans les entités fédérées.
Il s’agit d’affirmer un choix en faveur d’une approche qui prend en compte le système global de santé , c’est à dire l’ensemble des services (publics et privés), des acteurs (formels et informels), des politiques, des attitudes et des pratiques (explicites ou implicites), ainsi que des éléments du contexte socio-économique ou politique (identifiés ou non) qui, en interrelation plus ou moins visible, influent sur la santé des habitants. Le système d’information sanitaire peut alors être défini comme la partie du système global de santé, qui permet de fournir les données objectives, nécessaires à la prise de décision en santé et à l’évaluation des politiques, stratégies et tactiques, mises en œuvre. Ce choix a pour conséquence d’imposer que la réflexion sur le système d’information sanitaire en Communauté française de Belgique soit conduite de manière intersectorielle, s’appuie sur la réunion des représentants de l’ensemble des acteurs en santé, transcende les clivages de compétences entre les divers niveaux de pouvoirs et prenne en compte les attentes internationales en la matière (Union Européenne et Région Européenne de l’OMS).
Il s’agit enfin d’afficher une conviction 4. Le champ de la santé n’est pas celui de patients à normaliser, mais celui de personnes porteuses d’un projet individuel. Que tout un chacun puisse être un acteur social en santé suppose une capacité de choix et d’action autonome, permettant l’exercice d’un véritable droit personnel à la santé. La politique de santé publique doit donc avoir pour but de contribuer à réunir les conditions permettant l’exercice de ces droits objectifs et subjectifs. Pour réunir ces conditions, il est indispensable que, tant les décideurs que les professionnels et le public, aient accès à un système d’information sanitaire cohérent et performant. La mise en place d’un tel système est donc l’une des mesures indispensables de réorganisation des services de santé qui procèdent d’un impératif moral.

Les objectifs à atteindre

Le système d’information sanitaire (S.I.S.) a une finalité et ses objectifs doivent être identifiés, négociés et explicités. La situation actuelle se caractérise, entre autres, par un manque de clarté des objectifs poursuivis. Divers instruments de collecte des données sanitaires sont utilisés en vue de satisfaire à des obligations administratives, de réunir des informations pour assurer la gestion financière du système de santé, de soutenir des efforts de recherche, de contribuer à la surveillance épidémiologique, ou de permettre l’orientation optimale de programmes d’interventions spécifiques, mais les objectifs de ces activités en vue de l’amélioration de la santé de la population ne sont ni précisés ni hiérarchisés.
Il y a donc lieu d’ouvrir une négociation avec tous les acteurs de manière à redéfinir les objectifs du système d’information à mettre en place en vue de contribuer à une meilleure santé de la population. Ces objectifs devraient être redéfinis en fonction des priorités de santé identifiées au préalable. En effet, ce qui justifie la collecte continue d’informations sur un problème de santé c’est le caractère prioritaire de ce problème.
A l’heure actuelle, en Communauté française de Belgique, on peut constater que la disponibilité des informations relatives à un problème de santé est plutôt déterminée par les circonstances ou par des exigences opérationnelles que par un choix raisonné. Il en résulte que, dans le même temps, des informations d’une qualité exemplaire sont collectées sur des problèmes qui sont loin de pouvoir être rangés parmi les toutes premières priorités de santé (exemple: la tuberculose 5), alors que la pénurie d’informations utiles est criante pour ce qui a trait à des priorités reconnues par tous (exemple: les cancers 6).
De l’information utile pour servir un plan : le couplage entre objectifs de santé et objectifs du système d’information sanitaire doit donc être systématiquement organisé. La finalité première du système est de monitorer ce qui permettra d’atteindre les objectifs de santé que l’on s’est fixé, et de produire des données articulées aux interventions envisagées pour les atteindre. Afin de définir de tels objectifs, il serait certainement utile de prendre en compte les objectifs régionaux de l’OMS quitte à modifier, adapter et enrichir cette liste. En l’état, celle-ci propose cependant un cadre utile à la réflexion. Et les attentes de la Commission européenne devraient également être prises en compte de manière à ce que la Belgique contribue à la mise en place d’un recueil coordonné d’informations sanitaires en Europe 6-9.
De l’information utile pour alerter : par ailleurs, le système d’information sanitaire (S.I.S.), outre cette finalité première, peut aussi contribuer à définir de nouvelles priorités et doit être capable aussi de se détacher des politiques décidées, (ne pas monitorer qu’en fonction des objectifs), et rester apte à détecter un problème émergent ou à révéler l’apparition d’une problématique non suffisamment prise en compte jusque là.
De l’information utilisable pour guider l’action : le S.I.S. doit aussi fournir l’information nécessaire pour orienter les stratégies d’interventions et gérer les aspects opérationnels des programmes.
De l’information utilisée pour mobiliser : le S.I.S. doit encore veiller à organiser la diffusion des informations auprès des acteurs de santé et sociaux de manière à constituer un outil de sensibilisation, de clarification des débats démocratiques sur les enjeux de santé et de mobilisation sociale.
De l’information utilisée pour plus de justice sociale : de même, il faut certainement garder à l’esprit que l’un des objectifs du S.I.S. doit être enfin de fournir les données utiles à la recherche de plus d’équité en santé comme les données relatives à la situation et aux besoins spécifiques des plus défavorisés.

Les qualités du système à mettre en place

Le système à mettre en place doit être maîtrisé , cohérent et performant .
Maîtrise – On maîtrise une situation si on a prise sur elle, si on peut l’influencer. Ceci implique, en particulier, que le management du système d’information sanitaire soit assuré de manière continue, souple et réactive. De ce point de vue, il faut rappeler que la maîtrise du système d’information sanitaire implique la maîtrise de chacune des étapes du traitement de l’information: production 10, collecte, gestion, analyse, exploitation des données et diffusion des résultats.
Il y a également lieu d’insister sur la nécessité de donner au système d’information sanitaire les moyens nécessaires à la réalisation des objectifs fixés. Au minimum, ces moyens doivent permettre de professionnaliser la gestion du système et d’en assurer le pilotage de façon concertée entre les différents niveaux de pouvoir. Pour ce faire, il est sans doute indispensable de pouvoir compter sur une petite équipe permanente de professionnels qualifiés chargés de réguler le fonctionnement du système et de mettre à jour les indicateurs.
Cohérence – La cohérence du système d’information sanitaire concerne son aspect organisé (c’est-à-dire structuré, pensé, construit, voulu, réfléchi…), et tout le processus menant à l’amélioration de son organisation, en fonction d’une finalité de santé publique clairement reconnue par tous comme la référence ultime au point de vue politique, éthique, managérial, etc.: cette finalité ne peut être que la recherche d’une meilleure capacité de décision en vue de promouvoir la santé de la population. Cette proposition, qui semble évidente, l’est déjà moins lorsqu’on reconnaît que cette recherche se fait sous contrainte: contraintes budgétaires, mais aussi limites des ressources humaines et conflits d’intérêts. Au milieu de ces contraintes, conserver une cohérence signifie admettre que le critère ultime de référence ne peut être, par exemple, la défense d’intérêts sectoriels, la sauvegarde d’institutions obsolètes, le seul souci de l’efficience et de la réduction de coûts, ou les désirs exprimés unilatéralement par différents groupes de pression. La cohérence du système d’information sanitaire suppose donc que l’on évite le maximum de contradictions entre les enjeux, entre les objectifs et entre les acteurs. Comme il existe toujours des contradictions (ou des tensions) au sein de tout système social, la cohérence suppose que l’on gère au mieux les contradictions qui ne peuvent être évitées, en un élargissement continu et constant des zones de consensus entre intervenants.
Performance – Par performance du système d’information sanitaire, il faut entendre sa capacité à contribuer effectivement à améliorer la qualité des décisions relatives à la promotion de la santé de la population, mais aussi ses modalités de fonctionnement (processus de prise de décision, de règlement des conflits, de définition d’objectifs, de contrôle de la gestion, etc.). Cette performance est à apprécier davantage comme une dynamique d’amélioration que comme l’obtention de résultats considérables à court terme. Il ne s’agit pas avant tout d’obtenir de bons résultats ponctuels mais de garantir une évolution positive dans le temps.
Utilité – La qualité du système d’information sanitaire va être mesurée également en termes d’exhaustivité, de validité et de continuité de l’information recueillie, ainsi qu’en référence à sa pertinence par rapport au problème de santé visé.

Les outils à utiliser

Sans prétendre être exhaustif à ce stade de la réflexion, il semble possible de définir trois types d’outils pour réaliser les objectifs du système d’information sanitaire.
Les statistiques sanitaires de base 11 – Il va de soi que la collecte d’informations sur les causes de décès et la morbidité doit être assurée. Le recueil de ces informations est indispensable non seulement en raison d’obligations nationales et internationales mais encore par ce qu’il permet de suivre l’évolution à long terme d’indicateurs épidémiologiques robustes.
Dans ce domaine, il est absolument indispensable, en Communauté française de Belgique, de tout mettre en œuvre pour résoudre rapidement les problèmes inacceptables posés par les insuffisances de la collecte des données de mortalité et des données relatives aux maladies à déclarer.
Une concertation dans ce but est nécessaire entre l’INS, l’ISSP-LP, les Médecins Inspecteurs d’Hygiène et les autres acteurs concernés. Nous proposons d’envisager de créer une structure de veille sanitaire qui garantirait la réalisation de ces missions de surveillance épidémiologique de base. Cette structure devra prendre, à terme, la forme d’une agence nationale de veille sanitaire (un service fédéral, un parastatal).
Les registres et les enquêtes12 – Nous disposons, en Belgique, d’un ensemble d’outils mis en place en vue de collecter des informations exhaustives, valides et continues sur différents problèmes de santé prioritaires. Ce sont, par exemple, les registres du cancer ou de l’infarctus, l’enquête de santé par interview, le réseau des médecins vigies, etc. Ces outils se caractérisent cependant par des qualités et des modalités de gestion fort diverses. Ils sont très souvent le produit de l’initiative de quelques-uns. Ils disposent généralement de moyens précaires.
Afin de renforcer la maîtrise, la cohérence et la performance de ces éléments du système d’information, nous proposons d’envisager d’organiser une gestion concertée de ceux-ci en suscitant la création d’un comité national des registres et enquêtes de santé qui travaillerait en dialogue avec les autorités de tutelle, à l’image de ce qui se fait dans d’autres pays d’Europe comme la France 13.
Les observatoires et les réseaux locaux – Nous disposons, en Belgique, d’un réseau en voie de structuration d’Observatoires de la santé, avec des mandats de proximité et disposant de ressources spécifiques pour les assumer. Les Centres locaux de promotion de la santé et d’autres structures délocalisées ont également des responsabilités en matière d’identification des besoins. Il nous semble que les missions respectives et les actions de ces structures, en matière de collecte d’information sanitaire, devraient être le mieux possible définies et coordonnées, dans le cadre de la construction du S.I.S. Leur enracinement sur le terrain doit être valorisé comme source potentielle d’information sur les comportements et les attentes de la population. Probablement il y aurait-il lieu d’envisager le renforcement du maillage assuré par ces structures et de les charger d’une généralisation de l’usage, au niveau local, de véritables tableaux de bord permanents de la santé des belges.
René Tonglet , médecin, agrégé en sciences médicales et santé publique, professeur à l’UCL
Adresse de l’auteur: Ecole de santé publique UCL, Clos Chapelle-aux-Champs 30/30.34, 1200 Bruxelles.

(1) ‘Le principal objectif social des gouvernements et de l’OMS dans les prochaines décennies devrait être de faire accéder d’ici l’an 2000 tous les habitants du monde à un niveau de santé qui leur permette de mener une vis socialement et économiquement productive’.
(2) résolution EUR/RC30/R8
(3) WHO Regional Office for Europe. Les buts de la santé pour tous. Copenhague, 1985.
(4) A. Touraine. Comment une pathologie devient-elle un problème de santé publique? Rev Epidém et Santé publique 1997; 45: 185-192.
(5) Problème pour lequel leur utilité opérationnelle est néanmoins indéniable.
(6) Type de problèmes qu’il serait justifié de voir bénéficier d’une au moins aussi performante attention.
(7) Chamouillet H. L’épidémiologie et la Commission Européenne. Rev Epidém et Santé publique 1998; 46; 442-443.
(8) Aromaa A. Health observation and health reporting in Europe, Rev Epidém et Santé publique 1998; 46: 481-490.
(9) J.MP. Robine, C. jagger, V. Egidi, Selection of a coherent set of health indicators, a step towards: a user’s guide to health expectancies for the european union. Commission of the European Communities, Hjealth Monitoring Program, Montpellier, Euro-Reves, june 2000.
(10) La source doit émettre de manière fiable les données primaires (par exemple, rédaction du certificat de décès ou rédaction d’un protocole de recherche).
(11) Elles ont un caractère obligatoire, sont des données de routine permanentes et imposées, il s’agit, par exemple, des données de naissance, décès et des déclarations obligatoires de maladies.
(12) Des données qui ont, elles, un caractère facultatif, sont souvent plus spécifiques et voulues en réponse à un besoin.
(13) Collectif. Registres et décision en santé publique. Rev Epidém et Santé publique 1996; 44:SI-S96.

Manger varié et limiter les graisses

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Traquer les graisses cachées, manger sainement et de manière variée et diversifier les modes de cuisson sont les priorités mises en évidence par la Fondation pour la chirurgie cardiaque et l’Observatoire de la santé du Hainaut pour ce début d’année. Spots en radio et en télévision et brochure explicative assurent la diffusion du message auprès d’un très large public.
Chacun a pu entendre en radio ou voir sur le petit écran ce détective un peu bougon qui analyse les viandes, les sucreries et les boissons gazeuses et met le doigt sur un monceau de graisses invisibles à l’œil nu…
Traquer les graisses cachées, diversifier les aliments et varier leurs modes de cuisson, en un mot opter pour une alimentation équilibrée, sont les priorités mises en exergue par la Fondation pour la chirurgie cardiaque et l’Observatoire de la santé du Hainaut durant les premiers mois de l’année.
Les deux associations s’emploient à les faire connaître largement dans le grand public. Des messages sont diffusés en radio et en télévision depuis le lendemain des fêtes de fin d’année. On pourra les entendre et les voir jusqu’à la fin du mois d’avril. Et une remarquable petite brochure, Alimentation, saveurs et santé , disponible gratuitement, prolonge et soutient l’impact des spots publicitaires.

Modifier les mentalités

Les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité en Belgique.
La Communauté française a donc fait de leur prévention l’une des priorités de son programme de promotion de la santé 1998-2003. Elle soutient et subsidie donc la campagne ‘ Alimentation équilibrée ‘ qui s’inscrit dans cette logique et dans le droit fil des actions ‘ Votre cœur apprivoisé ‘ menées par la Fondation pour la chirurgie cardiaque.
Il est indispensable en effet de répéter régulièrement le même message pour arriver à modifier les mentalités. Or, l’alimentation fait partie des habitudes culturelles qu’il n’est pas aisé de changer. Elle est influencée par le mode de vie, les allégations et croyances diverses, les techniques agro-alimentaires, l’offre de produits. Résultat de cet ensemble de croyances et de pratiques: dans les pays industrialisés, la consommation de graisses est beaucoup trop élevée. Elle représente en effet 42 % de l’apport énergétique journalier alors que l’apport recommandé est de 30 %.
Or, le lien entre une consommation excessive de lipides, le développement des maladies cardiovasculaires et l’apparition de l’obésité est clairement établi. Et les graisses visibles, telles le beurre, l’huile, etc., ne constituent qu’un tiers de nos apports en graisses. Les deux autres tiers des graisses que nous consommons sont des lipides invisibles ou cachés. Ils se trouvent dans les viandes grasses, les charcuteries, les fromages gras, les pâtisseries, les sauces.

Varier les aliments et cuisiner sainement

Pour limiter la consommation de graisses, il est donc primordial de connaître l’existence des lipides cachés.
Il est primordial aussi de savoir comment diminuer leur importance. C’est ici qu’interviennent la variété des aliments absorbés chaque jour. Par leur diversité, ils ont des propriétés complémentaires pour la santé. La manière de cuisiner n’est pas neutre elle non plus: privilégier la cuisson à l’eau, à la vapeur, au court-bouillon, à la poêle anti-adhésive, en papillote, par exemple, permet de faire très peu appel aux matières grasses. La brochure Alimentation, saveurs et santé propose des recettes faciles qui proposent d’essayer une autre manière de cuisiner, de découvrir de nouvelles saveurs, d’expérimenter des associations de goût originales. Elle donne aussi des idées de collations douces ou salées, mais toujours saines, qui aident à éviter le grignotage. Et elle rappelle que l’absorption de deux fruits par jour constitue un atout-santé, en suggérant des manières inhabituelles de les préparer.
La brochure est distribuée au public via le numéro gratuit de la Communauté française (0800-20000) durant toute la campagne télévisée. Elle est envoyée gratuitement sur demande à la Fondation pour la chirurgie cardiaque, rue Tenbosch 11, 1000 Bruxelles. Tél.: 02- 644 35 44. Fax: 02- 640 33 02. Ou à l’Observatoire de la santé du Hainaut. Tél.: 065- 87 96 05. Enfin, elle est distribuée par les généralistes, les diététiciens, les pharmacies, les associations de terrain actives en promotion de la santé
A.-M.P.

Penser globalement, agir localement

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Le 1er Colloque international des programmes locaux et régionaux de santé s’est déroulé à Amiens du 23 au 26 octobre 2001. Le présent article présente de manière subjective quelques lignes de force inspirées par la centaine d’exposés, les symposiums, les forums et les posters qui ont rythmé ces journées très denses.

Les programmes régionaux de santé

Il faut savoir qu’à ce jour une centaine de programmes régionaux sont développés dans 22 régions de France et 4 départements d’Outre-mer. Ils recouvrent un éventail très diversifié de thématiques, de publics, de stratégies,… De plus, les organisateurs avaient invité des professionnels de Belgique, de Suisse, du Canada, d’Espagne,… La matière pour ce colloque était donc extrêmement riche.
Cette rencontre avait plusieurs objectifs:
– analyser et comparer les mutations socio-politiques à l’origine des programmes locaux et régionaux de santé;
– comprendre la place des différents acteurs de santé publique impliqués et analyser le rôle des populations;
– prendre connaissance des expériences et des pratiques locales;
– débattre sur les méthodologies, les outils et les questionnements que suscitent les programmes.
Chose remarquable, tous ces objectifs ont été effectivement travaillés, même si ce fut avec plus ou moins de réussite. Les séances plénières se sont attachées à un essai d’analyse socio-politique et de compréhension de la place des différents acteurs. Les communications orales ont permis quant à elles des échanges autour des expériences de terrain. Tandis que les forums auxquels j’ai pu assister, furent le lieu d’intéressants débats sur les pratiques professionnelles et les outils.

Régionaliser les politiques

Le premier jour, une remarquable conférence inaugurale du professeur JL Denis de l’Université de Montréal a balisé le contexte des travaux du colloque. Dans son exposé, M. Denis s’est démarqué d’emblée d’une vision trop angélique de la régionalisation en précisant qu’une des fonctions de celle-ci est d’adapter la ‘gouverne’ (la gestion politique) à de nouvelles contingences souvent impopulaires (restriction budgétaire par exemple)! Il a défendu l’idée que cette régionalisation des politiques de santé met en tension différentes logiques plus ou moins conciliables:
– la logique démocratique: si on régionalise, c’est pour permettre l’implication active du citoyen;
– la logique pluraliste: si on régionalise, c’est pour permettre la responsabilisation et la négociation d’un compromis entre différents acteurs locaux influents;
– la logique de délégation: si on régionalise, c’est pour assurer un meilleur contrôle des politiques par l’intermédiaire d’un niveau de pouvoir plus proche.
Il a pu ensuite nous démontrer que le potentiel des politiques de régionalisation est dépendant des choix et des équilibres créés entre ces options.
Les communications orales de ce premier jour ont souligné que les programmes régionaux peuvent permettre la promotion par les acteurs de terrain d’idées nouvelles – un programme régional ouvre un espace de liberté où des propositions créatives peuvent naître – mais ils voient aussi se confronter des logiques de travail différentes et d’inévitables enjeux de territoire; cet exercice de démocratie se révèle donc moins idyllique que prévu.
Les programmes régionaux sont une tentative de rapprocher et d’impliquer tous les acteurs concernés par les priorités de santé (professionnels, population, politique). Ce défi est atteint en partie: les professionnels de terrain se mobilisent, des nouveaux modes d’intervention apparaissent… Mais, nos amis français évoquent aussi de nombreuses difficultés proches du constat que font certains d’entre nous:
– la démarche participative ne se décrète pas, elle se construit;
– la participation de la population reste un vœu pieux;
– le temps administratif n’est pas le temps de l’action de terrain;
– les programmes ne sont pas la panacée pour éviter les luttes de pouvoirs.
Et un des intervenants de conclure, ‘les convives sont nombreux, la table bien mise mais hélas peu pourvue’.

Repenser les pratiques

Lors de la deuxième journée, les exposés des séances plénières ont rappelé que, lorsqu’il s’agit de mobiliser des acteurs au sein d’un même projet, il y a nécessité de créer un langage commun au sens propre comme au sens figuré.
La mise en parallèle des attentes et discours du médecin avec ceux du patient était une illustration intéressante de ce constat. Le Professeur Lalau du CHU d’Amiens fit la même démonstration, par le biais d’une vidéo originale, très humoristique et pleine d’autodérision. Il faut dire que les nombreux sigles utilisés – PRS, DRASS, DDASS, CRAM, ORS, APAIS, URCAM, CPAM, CRES,CODES… – par nos collègues français m’avaient déjà largement convaincue de cette nécessité!
Durant le reste de la journée, j’ai assisté aux ateliers et au forum présentant plusieurs méthodes d’évaluation de projets. J’ai pu ainsi identifier quelques éléments transversaux:
– l’évaluation a été utilisée par plusieurs acteurs: le promoteur du projet bien sûr mais aussi les relais de terrain impliqués dans le projet, les autorités subsidiantes,…
– elle peut être co-construite par les différents utilisateurs potentiels qui y introduisent ainsi leurs questions, leurs attentes,…
– elle peut être un facteur de changement et d’amélioration du projet;
– mais elle est difficile à mettre en œuvre car elle nécessite des outils pertinents et adéquats;
– elle continue à soulever un certain nombre de questions. Evaluer, est-ce contrôler? L’évaluation peut-elle être menée par l’équipe ou doit-elle être externe? Le rapport d’activités est-il de l’évaluation?…

Réfléchir les stratégies

Dans le cadre de la séance plénière de la troisième journée, le Docteur Demeulemeester a exposé comment l’utopie des programmes régionaux de santé avait pu être concrétisée et quelles leçons tirer de cette expérience. Dans le même registre, Michel Demarteau a fait partager sa conception des liens difficiles entre la réflexion et l’action et a proposé quelques pistes, notamment en terme d’évaluation, pour améliorer cette relation. Ainsi, il a présenté aux acteurs de terrain des modèles d’évaluation interactifs et participatifs. Chaque acteur du programme (promoteur, financeur, partenaires) est invité à définir les utilisateurs potentiels de l’évaluation, les attentes qu’ils ont en terme d’évaluation (pilotage du programme, aide à la décision de poursuite d’un financement,…), les valeurs de référence utilisées (l’efficacité, la faisabilité, la visibilité,…).
J’avais choisi de consacrer la suite de la matinée à la problématique ‘des territoires et partenariats’. Dans leurs communications, les orateurs faisaient le constat que l’implantation de programmes repose sur toute une série de conditions et rencontre de multiples obstacles. Ils ont ainsi évoqué le développement de partenariat, la nécessité de la souplesse, de la créativité, de la clarification des rôles et responsabilités de chacun, du respect et du partage des expertises diverses, l’implication des décideurs, la permanence/rotation des acteurs.
Les exposés de l’après-midi s’articulaient autour de la thématique ‘des outils aux résultats d’évaluation’. Les intervenants ont présenté des outils/méthodes d’évaluation: des fiches documentées, des entretiens, des questionnaires… Ce sont des outils dont la prise de connaissance n’était pas inintéressante car l’aspect très pratico-pratique est séduisant mais seuls des échanges plus longs avec les auteurs auraient pu permettre d’en apprécier toutes les dimensions.
Enfin, le dernier jour consacré à la régionalisation des politiques était utile pour des planificateurs de politique de santé mais moins porteur pour des acteurs de terrain.

Bref…

La présence d’un fil conducteur permanent a permis une réelle progression dans la connaissance des programmes régionaux de santé et surtout une première approche des éléments facilitateurs et des obstacles qu’ils rencontrent. Les nombreux parallélismes entre les expériences présentées et les situations rencontrées en Communauté française pourront se révéler enrichissants pour notre pratique quotidienne. Si on ajoute à tout cela, une organisation parfaite, des horaires respectés, des repas vite et bien servis, on comprend pourquoi ce colloque m’a laissé une excellente impression.
Carine Lafontaine , APES-ULG
Les actes du colloque sont disponibles auprès de l’APAIS – Facultés de pharmacie et de médecine – Monsieur P. Lorenzo, 3 Rue Des Louvels, 80036 AMIENS Cedex 1, France, tél. 00 33 322827977 .

Campagne de vaccination contre la méningite C

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

La Communauté française Wallonie-Bruxelles a décidé de proposer la vaccination gratuite contre la méningite à méningocoque C aux enfants âgés de 1 à 5 ans. La campagne de vaccination, qui durera quatre mois, a démarré début mars. Il est utile de préciser dans quel contexte est apparue la nécessité de vacciner les enfants et quel fut l’historique de cette décision qui a suscité pas mal de remous.

Contexte et rétroactes

Depuis quelques années, on constate un accroissement des cas de méningites à méningocoques en Belgique (de 77 cas en 1990 à 380 en 2001).
Alors que les méningites B représentaient de loin la majorité des cas par le passé, la proportion de méningites C s’accroît depuis 1997 jusqu’à constituer plus de 50 % du total des méningites aujourd’hui.
Précisons qu’on n’atteint pas les incidences du début des années 70 et qu’on n’est pas dans une situation d’épidémie. Cependant, cette croissance est inquiétante et représente un danger en terme de santé publique.
En novembre 2000, le Conseil supérieur d’hygiène remettait un avis sur la vaccination anti-ménigococcique. Au même moment, un vaccin anti-méningite C était enregistré en Belgique, et on prenait connaissance de l’expérience anglaise de généralisation de l’usage de ce vaccin.
Le Conseil supérieur d’hygiène, sans être alarmiste, recommandait l’administration du nouveau vaccin auprès de deux groupes d’âges plus à risque que d’autres, à savoir les enfants de moins de 5 ans et les grands adolescents.

Les chiffres de la méningite en Belgique en 2001

380 souches, contre 267 en 2000;
incidence de 3,7 cas pour 100.000 habitants, soit le triple par rapport à 1992;
49% appartenant au séro-groupe C, contre 47,5% du séro-groupe B;
68% des cas en Flandre (dont près de la moitié dans la province d’Anvers), 26% en Wallonie et 6% à Bruxelles;
27 décès (7% de mortalité), dont 12 attribués au séro-groupe C;
40% des cas chez les moins de 5 ans, et 18% des cas chez les 15 à 19 ans;
Ces données ont été enregistrées par le laboratoire de référence des méningocoques en 2001, pour l’Institut scientifique de santé publique.

La Conférence interministérielle de santé décide en mai 2001 de programmer une étude épidémiologique sur la question, et le Conseil supérieur d’hygiène remet un deuxième avis: constatant l’aggravation de la situation durant les premiers mois de l’année, caractérisée par la progression des infections du groupe C, il propose que la vaccination soit introduite dans le calendrier vaccinal à partir de l’âge de douze mois et que le vaccin bénéficie d’un remboursement partiel de l’INAMI pour améliorer son accessibilité pour les enfants de 2 à 21 ans, sans aller jusqu’à envisager la généralisation de ce vaccin pour toutes les tranches d’âge.
La distribution selon les tranches d’âge en 2001 sur l’ensemble du territoire national montre un plus grand nombre de cas chez les enfants de 1 à 4 ans (42) et entre 15 et 19 ans (36).
La Communauté flamande annonce alors qu’elle compte vacciner tous les enfants de 1 à 2 ans dès l’année 2001.
C’est que la dispersion de la méningite C est très hétérogène. Les cas sont trois fois plus fréquents en Flandre qu’en Wallonie et à Bruxelles (en 2001, on déplore 135 cas en Flandre pour 7 à Bruxelles et 37 en Wallonie).
Le débat est alors relancé au sein de la Conférence interministérielle de santé afin qu’une décision concertée soit dégagée. Un protocole d’accord est signé le 11 décembre 2001 entre l’autorité fédérale, les Communautés et la Commission communautaire commune de Bruxelles-Capitale (COCOM) pour la prise en charge du coût du vaccin et le choix du public prioritaire, c’est-à-dire les enfants de 1 à 5 ans.
Le Gouvernement fédéral s’engage à prendre en charge 2/3 du coût total de l’achat du vaccin, et les Communautés le 1/3 restant. Ces dernières, dans le cadre de leurs compétences en matière de prévention collective, sont également chargées d’organiser la campagne de vaccination.
Un budget total de 1.239.000 € est ainsi dégagé par la Communauté française, s’ajoutant aux 2.032.000 € du programme actuel de vaccination. L’appel d’offre est lancé en décembre et 200.000 doses de vaccin sont mises à disposition de la vaccination des enfants nés entre le 01/01/1997 et le 31/12/2000. De quoi permettre de vacciner quatre cohortes de 50.000 enfants, et probablement de conserver quelques dizaines de milliers de doses pour d’autres groupes d’âge, étant donné que certains parents ne feront pas vacciner leurs enfants, et que d’autres l’ont déjà fait l’an dernier sans attendre la proposition des autorités.

La campagne

Pendant deux mois, l’Administration de la Santé, Provac, le Service communautaire Question Santé et le Cabinet de la Ministre de la Santé ont travaillé à la mise au point de la campagne, en veillant notamment:
– à la gestion du flux prévisionnel des demandes;
– à l’information aux parents sur la possibilité offerte (mais non obligatoire) de protéger leurs enfants contre cette maladie;
– à la possibilité de veiller à ce que les vaccins fournis gratuitement parviennent effectivement aux enfants auxquels ils sont destinés.
Afin d’organiser efficacement cette campagne, une collaboration s’est également établie avec l’ONE qui est la «plaque tournante» de la mise en œuvre de la campagne, puisque c’est elle qui peut fournir aux familles les titres d’accès à la vaccination, de façon à vacciner précisément les enfants concernés et pas les autres. Cela est relativement complexe sur le plan logistique.

Un objectif de santé publique

Cette collaboration entre l’Etat fédéral, les trois Communautés et la COCOM conforte l’importance de la prévention, qui améliore la santé de la population. Cette politique de prévention active peut éviter bien des situations douloureuses pour les familles, et contribue également à la maîtrise des dépenses en soins de santé.
Cette collaboration d’un type nouveau aura peut-être des suites, puisqu’un Groupe de travail de la Conférence interministérielle de santé travaille plus globalement à une harmonisation de la politique de vaccination dans notre pays.
Comme toute politique de vaccination, cette campagne contre la méningite C vise à rencontrer un objectif de santé publique:
– assurer une couverture maximale de la population visée;
– protéger l’individu contre la maladie;
– protéger collectivement les personnes;
– utiliser un vaccin à l’efficacité avérée.
Le second objectif est celui de l’équité sociale et de l’égalité dans la prévention. Il faut à tout prix éviter une dualisation de la prévention vaccinale. Outre son injustice sociale, elle aurait un impact négatif sur la dispersion de la maladie. Dans le cas de la méningite C, le prix du vaccin, très élevé et non remboursé, créait un réel risque de ‘médecine à deux vitesses’. Une attention particulière sera d’ailleurs portée à l’information et la promotion de la campagne auprès des populations précarisées.
Si à la fin juin, le budget dégagé pour le public cible n’a pas été totalement utilisé (c’est-à-dire si toutes les doses de vaccin n’ont pas été nécessaires), il sera possible dès la rentrée scolaire de septembre 2002 d’entamer la vaccination de la deuxième tranche d’âge la plus vulnérable, en commençant par les jeunes de 15 ans.
A l’avenir, la vaccination contre la méningite C sera incluse dans le programme de vaccination de la Communauté française via les critères habituels de vaccination, la perspective et la volonté étant bien entendu d’éradiquer progressivement la maladie.
d’après l’intervention de Nicole Maréchal, Ministre de la Santé au lancement de la campagne, Bruxelles, 27/02/02

Quelques considérations autour de la campagne

Cette initiative témoigne d’un fonctionnement plutôt sympathique de nos institutions, puisque malgré le saucissonnage des compétences en matière de santé, voire de prévention, il a été possible de mettre en place en quelques mois une campagne ambitieuse de vaccination. Autre élément positif, le fait que dans la situation budgétaire précaire qui est toujours la sienne aujourd’hui, la Communauté française Wallonie-Bruxelles a pu dégager des moyens relativement importants sans mettre en danger ses autres programmes de promotion de la santé.
Ce satisfecit ne signifie pas pour autant que tout soit parfait, comme en témoignent certaines réactions.

Un enfant de six ans vaut-il moins qu’un enfant de trois ans?

La campagne ne passera pas inaperçue: les médias sont déjà largement sensibilisés au problème, et des spots publicitaires passent en radio au début de chacun des 4 mois pendant lesquels la vaccination est proposée. Pour éviter les embouteillages, il est prévu de vacciner les enfants nés en 2000 en mars, ceux nés en 1999 en avril, ceux nés en 1998 en mai, et ceux nés en 1997 en juin. Pour les enfants nés en 2001 ou en 2002, le vaccin sera proposé gratuitement quand ils auront 13 mois, ce qui évite de devoir leur administrer trois doses (coûteuses) pour les protéger contre la maladie.
Et les autres, diront les parents? Ceux nés en 1996, ou avant? D’aucuns ne manqueront pas de crier à l’injustice.
Une campagne collective de vaccination implique de la part des autorités sanitaires la libération d’un budget important, qui n’est forcément plus disponible pour d’autres initiatives aussi louables. Les autorités britanniques ont choisi en 1999 de vacciner massivement les moins de 18 ans, cela n’a pas été le cas en Belgique.
La cible retenue par la Communauté française n’a toutefois pas été choisie au hasard, puisqu’il s’agit du groupe le plus vulnérable (avec les adolescents).

Que font les mutualités?

C’est évidemment une maigre consolation pour les parents qui veulent protéger leurs enfants âgés de plus de 5 ans!
Certaines mutualités ont décidé l’an passé d’inclure le remboursement partiel du prix du vaccin dans leurs avantages d’assurance complémentaire, en attendant la mise en place de la campagne publique de vaccination. Ce n’était certainement pas la meilleure solution (démarche individuelle, vaccination ‘sauvage’, coût élevé restant à charge des familles, impossibilité de faire pression de manière significative sur les fabricants pour faire diminuer le prix, etc.), mais c’était toujours mieux que rien.
D’ailleurs, il semble que 20 à 40 % des enfants visés par la campagne auraient déjà été vaccinés à l’initiative de leurs parents, et au prix fort.
Les mutualités chrétiennes flamandes vont plus loin cette année, puisqu’elles ont décidé d’étendre le remboursement partiel aux tranches d’âges non visées par les autorités flamandes. A raison de 20 € par enfant ou jeune, et tenant compte de la part de marché dominante de cette mutualité, cela représente un gros effort financier. Il n’a pas échappé à la Ministre flamande de la Santé, Mieke Vogels , qui a apprécié cette démarche.

Des médecins de famille pas contents

Les contraintes diverses, institutionnelles, et autres, ont obligé la Communauté française à mettre en place une procédure d’accès au vaccin assez compliquée, avec la nécessité de se procurer à l’ONE un titre d’accès à la vaccination, pour autant que l’enfant concerné ait l’âge requis. Ce titre doit alors être remis au médecin vaccinateur, qui commande le vaccin en détachant un autocollant ad hoc. Bien entendu, il n’est pas exclu de faire vacciner les enfants à l’ONE, ce qui raccourcit sérieusement le circuit, mais l’Office ne peut pas se permettre de se mettre les médecins de famille à dos en obtenant le monopole de la vaccination. Dans un article vengeur, l’hebdomadaire Le Généraliste parle de ‘Procédure ubuesque’. Il n’a pas tout à fait tort, le système mis en place pour vacciner la bonne cible au bon moment est plutôt compliqué. La relative confusion au démarrage de la campagne, que les médias ont largement relayée, en témoigne aussi.
Si comme cette publication on estime qu’il n’y pas lieu scientifiquement de limiter la vaccination gratuite aux enfants de 1 à 5 ans, la procédure est évidemment absurde. Est-ce pour autant une raison pour écrire que ‘ce n’est pas par des procédures inquisitrices et vexatoires que nos décideurs politiques redoreront leur image auprès du corps médical’ , alors que l’effort entrepris par la Communauté française est déjà appréciable? N’exagérons pas!

Wyeth Lederle, entreprise ‘éthique’?

Il y a plus nul que l’attitude de l’hebdo médical, c’est la campagne de communication de la firme qui a vendu le vaccin à la Communauté française (ce n’est pas la même pour la Flandre). Je cite:
‘L’incidence des infections à méningocoque C augmente chaque mois de manière préoccupante.
Ces infections peuvent laisser de graves séquelles ou être fatales.
Les interventions financières qui existent aujourd’hui sont malheureusement limitées à certains groupes d’enfants.
Wyeth Lederle a décidé de faciliter l’accès des plus défavorisés à la vaccination antiméningococcique C, en créant une ‘initiative méningite C’, dotée d’une quantité importante de vaccins gratuits.’

Non contente d’avoir obtenu un prix de vente dissuasif pour son vaccin, d’avoir travaillé l’opinion publique de façon à contraindre la Communauté française à lui acheter 200.000 doses de son produit (à un prix il est vrai plus raisonnable), la firme se permet de donner des leçons de morale. On aura tout vu!
Christian De Bock

La publicité peut nuire à la santé

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

« Bon pour la santé ». L’argument fait vendre denrées alimentaires et produits sanitaires. Les fabricants en usent et en abusent. Pas toujours à bon droit. Mais les consommateurs se laissent volontiers tenter et parfois abuser. Attention, danger!
«Le yaourt untel combat la paresse intestinale », « La margarine machin diminue le cholestérol », « La ceinture chose permet de mincir sans bouger », « Le produit trucmuche renforce la protection naturelle contre le rhume »…
Les allégations « bonne santé » abondent sur les emballages des denrées alimentaires et des produits sanitaires. Pas sots, les responsables du marketing des grandes entreprises ont très vite saisi tout le profit qu’ils pouvaient tirer des campagnes d’éducation pour la santé s’ils réussissaient à les détourner à leur (plus grand) profit. Et les consommateurs, sensibilisés au lien entre leur alimentation et leur hygiène quotidiennes et leur état de santé, se laissent tenter. Et parfois tromper. Car les arguments utilisés sont parfois douteux. Certains risquent même d’entraîner une consommation inadaptée.
Trois associations de consommateurs belge, française et autrichienne ont tiré le signal d’alarme. Le Bond van grote en van jonge gezinnen (BGJG, homologue néerlandophone de la Ligue des Familles), l’Union féminine civique et sociale et l’Osterreichische Kinderfreunde ont investigué dans leur pays respectif. Elles ont tiré de leurs actions un bilan préoccupant et rédigé des propositions concrètes qu’elles ont soumises aux autorités européennes. Leurs démarches ont reçu l’appui de la Coface (Confédération des organisations familiales de la Communauté européenne) dont toutes trois sont membres.

Allégations fantaisistes

Le message publicitaire qui figurait sur l’emballage de Tropicana Pure Premium a attiré l’attention du BGJG : « Un verre de ce jus chaque matin apporte la dose de vitamine C recommandée par jour, est une bonne source d’acide folique et ne contient pas de matières grasses, peu de sodium et pas de cholestérol»
Evidemment! Aucun jus de fruit ne contient de matières grasses ou de cholestérol… Contactée, l’entreprise a refusé de donner plus de renseignements en se basant sur la confidentialité des informations. Or la loi d’avril 1988 relative à la publicité pour les denrées alimentaires interdit de laisser croire qu’un produit de marque a des propriétés particulières si les produits semblables possèdent les mêmes caractéristiques. Le BGJG a donc soumis le dossier à l’Inspection des denrées alimentaires. Celle-ci a fait savoir à l’association que la firme va changer son message publicitaire.
Plus grave, le cas d’un produit laitier, In’Pulse . Le message publicitaire affirme que les sphingolipides qu’il contient favorisent l’échange cellulaire et facilitent l’élimination des cellules mauvaises. L’allégation sanitaire est claire. Elle suggère qu’une personne menacée par le cancer ou atteinte par la maladie à son premier degré peut contribuer à la combattre en ingérant ce produit. Le Bond contacte l’entreprise qui refuse de répondre à ses questions en se réfugiant elle aussi derrière la confidentialité des informations.
L’association avertit donc l’Inspection des denrées alimentaires en invoquant la loi d’avril 80 qui interdit de suggérer un effet thérapeutique dans la publicité pour denrées alimentaires.
Depuis lors, l’Inspection a averti le BGJG que l’entreprise concernée a décidé de cesser la vente du produit.

Infractions à la législation

Autre cas, autre infraction à la législation: la publicité pour le produit amincissant Diane fat killer . Elle promet aux utilisateurs la perte de deux à quatre kilos par semaine jusqu’à l’obtention du poids idéal et d’une silhouette sexy. Cette fois, le Bond saisit l’Inspection pharmaceutique. En effet, la loi de mars 64 modifiée en octobre 98 interdit de mentionner dans la publicité le nombre de kilos que l’on peut perdre. L’Inspection constate que le produit est bel et bien un médicament, même s’il n’est pas enregistré comme tel en Belgique. Mais l’action est toujours en cours car le nom exact du fabricant et l’adresse de la firme ne sont pas officiellement connus. Seul le numéro d’une boîte postale figure sur l’emballage.
Les associations française et autrichienne ont fait le même genre de constat: allégations fantaisistes voire mensongères et infractions à la législation.
« Grâce à tous ces produits, nous serons en grande forme. Nous recevrons tout ce qui est indispensable pour être en bonne santé et dont, soi-disant, nous manquons , remarque l’Union féminine civique et sociale. Mais comment savoir si nous avons besoin de cette vitamine? Si le fer contenu dans le produit est réellement assimilable par notre organisme? Ces allégations sont sensées nous aider à mieux nous nourrir. En fait, elles risquent de nous embrouiller l’esprit, de nous entraîner vers une alimentation encore plus déséquilibrée et d’aboutir à une augmentation des obésités».

En connaissance de cause

Les trois associations s’opposent donc à de telles allégations si elles ne sont pas associées à un programme d’information sérieux sur la nutrition. Une telle information permettrait aux consommateurs de sélectionner les produits dont ils ont besoin en connaissance de cause. Consommation responsable et éducation pour la santé vont donc de pair, ici, comme souvent.
Le BGJG, l’Union et Kinderfreunde ont formulé des propositions concrètes qu’elles ont soumises à la Commission européenne :

– mise en place d’un règlement précisant les allégations autorisées et interdites en fonction des produits. Ces listes seraient placées sous l’autorité de la future Autorité alimentaire européenne et de l’Agence européenne du médicament (EMEA). Elles seraient mises à jour annuellement et accessibles à tous;
– création d’un sigle officiel européen certifiant la véracité des allégations, la conformité du produit et le lien entre l’allégation et le produit fini. Ce sigle serait suivi d’un numéro d’identification. Il serait obligatoire pour toute nouvelle allégation;
– création par les Etats membres d’une instance chargée de délivrer ce sigle. Elle serait composée de scientifiques (médecins, nutritionnistes, pharmaciens, toxicologues…), de juristes, de sociologues et de spécialistes du marketing ainsi que de représentants des associations de consommateurs.
Anne-Marie Pirard Renseignements: Coface, rue de Londres 17, 1050 Bruxelles. Tél. : 02 – 511 41 79. Fax : 02 – 514 47 73.

Résister à la surconsommation

«Les industries agroalimentaires et les laboratoires qui, par ailleurs, font des recherches sérieuses en nutrition, se sont lancés dans une surenchère publicitaire» remarque l’Union féminine civique et sociale, membre de la Coface. Ce matraquage revêt les formes les plus diverses. Souvent, les entreprises utilisent des arguments pseudo-scientifiques et plus ou moins fallacieux (voir ci-contre). Parfois aussi, elles se servent des découvertes réellement scientifiques des recherches de pointe qu’elles financent pour manipuler l’opinion.
Le matériel « éducatif » réalisé par certaines grandes entreprises est une forme de publicité indirecte particulièrement prisée par les entreprises pour se donner une image de qualité et de sérieux. Et en faire retomber le bénéfice sur les produits qu’elles commercialisent…
Mars incorporated est l’un des maîtres de cette technique. La firme dont le slogan publicitaire combat « le coup de barre » associe intelligemment son label avec l’univers du sport prisé par ceux qui le pratiquent et, peut être plus encore, par ceux qui le regardent! Elle a édité divers brochures et dépliants sur ce thème porteur: « Sport et nutrition », « Athlétisme: bien manger pour gagner », « Cyclisme: bien manger pour mieux rouler », « Chocolat : vrai ou faux ? »…
Tous sont cautionnés par des scientifiques et de qualité irréprochable.
Comme sont irréprochables, à en croire la marque, les ingrédients sélectionnés pour la fabrication des fameuses barres chocolatées. Pour autant, en manger dix par jour n’est pas conseillé pour devenir sportif de haut niveau…

Explicite ou insidieuse, la publicité envahit tous les domaines et incite à la surconsommation. Le réseau Eco-consommation rappelle qu’il est possible de résister à ce raz-de-marée et de s’orienter vers des achats plus sains et plus durables. Différents outils peuvent être utilisés dans ce but: des autocollants qui refusent la publicité dans les boîtes aux lettres aux plaintes envoyées au Jury d’éthique publicitaire ou au Conseil supérieur de l’audiovisuel en passant par la liste Robinson qui permet de ne plus recevoir de courrier personnalisé, de fax ou d’appels téléphoniques à finalité commerciale.
Renseignements : Permanence du Réseau Eco-consommation. Tél. : 071 – 300 301 de 9h30 à 12h30 et de 13h30 à 16h30. Site web : https://www.ecoconso.org

Corbeaux ou fourmis ?

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Quelle prévention de la maltraitance voulons-nous

?
Depuis l’affaire Dutroux, il n’est pas une semaine où la violence sur enfant ne défraye la chronique. On peut se demander si, paradoxalement, cette situation ne vient pas empêcher la prévention de la maltraitance plutôt que la favoriser. Mais alors, quelle politique mener?
Après la levée du silence sur le viol de femmes, nous avons assisté au dévoilement d’abus ou de sévices sur enfants. De tabou, ces faits ont pu, peu à peu, être reconnus et, partant, pris en compte dans des actions de prévention, de traitements appropriés,… Puis surgit la figure de Dutroux et, d’assassin qu’il fut avant tout, il devint l’épouvantail d’une enfance innocente, la preuve par neuf qu’il ne faut jamais dire bonjour aux inconnus. Depuis lors, un incessant ballet de faits divers montés en épingle vient nous conforter dans un imaginaire où chacun peut clairement distinguer les bons des salauds. Et où le mal, comme il se doit, réside à l’extérieur.

Surtout distinguer les bons des méchants

De fait, l’auteur d’actes de maltraitance sera jugé malade pervers et donc radicalement différent de nous. En miroir, l’enfant est considéré comme «un être, pur, angélique (au sens théologique, c’est-à-dire qui n’a pas de sexe) et érigé en victime potentielle du diabolique pédophile (1).»
Hélas, la pratique nous rappelle que la maltraitance est avant tout intra-familiale et engendrée par des personnes en situation de détresse psychique et/ou sociale. Accepter ce fait revient à prendre en compte qu’il pourrait s’agir de chacun d’entre nous dont la vie pourrait soudain basculer ou pire qu’en nous résident des pulsions qui risquent de nous dépasser. Voilà qui est bien difficile…
Si ce clivage, en tant que mouvement dans le social, est depuis longtemps analysé par les professionnels (2), des mises en cause nettement plus sévères se font entendre depuis peu:
«Récupération politique, extrémismes militants et exploitations médiatiques» tels sont les ravages de la dictature de l’émotion exposés dans un livre récent où chacun, exemples à l’appui, en prend pour son grade. La presse «agite des idées et fait du tirage», certaines associations «se posent davantage en hérauts inquisiteurs d’une nouvelle «bien-pensance» qu’en défenseurs d’un intérêt commun» , quant aux politiques, «cherchant avant tout à se protéger du soupçon d’indifférence ou de passivité complice, ils (…) pratiquent la surenchère en matière de textes réglementaires.»
Sont ainsi clairement posées les responsabilités, et notamment celles de l’Etat. Garant de l’intérêt général, l’État oriente la vie en commun par ses législations, son soutien à l’un ou l’autre type de dispositif et la parole qu’il émet dans l’agora. Cette parole balise la démocratie (antiracisme), la protection de la santé (vaccination, prévention du sida,…), la solidarité, etc.
En fait, selon la manière dont seront envisagées les causes de la maltraitance deux voies s’ouvrent. Pour plus de clarté, nous les avons différenciées à l’extrême et quelque peu caricaturées.

Le règne des corbeaux ou la politique du soupçon

Suivant en cela les mécanismes de défense qui mènent à rejeter le mal à l’extérieur, une première démarche considère l’auteur d’actes de maltraitance comme pervers (méchant ou malade), fondamentalement différent du «bon père de famille». Il doit être puni ou soigné; il est donc nécessaire de renforcer le dispositif législatif, judiciaire et répressif. Le témoin de la violence intervient en tant que délateur tandis que l’intervenant sera le monde judiciaire (ou médical, instrumentalisé).
Ce modèle développe des messages tels: Vous êtes témoin d’une situation de maltraitance, ne restez pas en silence, prévenez la police . À la personne maltraitante on dit: Gare à la punition . Et au témoin: Dénoncez !
Cette voie favorise la clandestinité de la personne maltraitante ainsi que son rejet par l’entourage, elle mène à la déresponsabilisation, chacun ouvrant son parapluie et renvoyant la patate chaude à l’étage supérieur qui ne pourra être qu’encombré.
Elle met le projecteur sur les affaires les plus dramatiques, au risque du sécuritaire. Et au risque aussi de voir sous-évaluée et donc non prise en compte toute maltraitance jugée moins grave et qui pourtant constitue la majorité des situations: «Je ne viole tout de même pas mon gosse, donc je ne suis pas concerné.»
A une époque où la parole est survalorisée dans un mythe des bienfaits de la catharsis, nous assistons à une importante confusion. Pour être opérante, la parole doit être plus que communication ou dénonciation. Elle se doit d’être énonciation, élaboration; cela nous amène à notre second modèle, qui plutôt que répressif ou curatif suggère la prévention.

La démarche citoyenne: l’humilité de la fourmi

Ce deuxième axe envisage qu’il n’y a pas de frontière claire entre normalité et anormalité et que la personne maltraitante pourrait être l’un d’entre nous. Il s’agit avant tout d’une personne en difficulté, en souffrance, qui a besoin d’être aidée. Au plan socio-économique, il s’agit de réduire la précarité et au plan relationnel de renforcer les mécanismes de solidarité, de reliance, les dispositifs d’aide.
Plutôt que d’intervenir en tant que délateur, le témoin de la violence prend place en tant que soutien à un autre humain en difficulté, dans un réseau social à tisser sans cesse. L’intervenant est d’abord l’entourage, ensuite et si nécessaire le professionnel de santé et enfin, seulement dans les cas extrêmes, le monde judiciaire.
Ce modèle développe un message tel: Chacun d’entre nous peut aller mal au point d’être maltraitant. Dans ce cas, essayons de nous arrêter, de réfléchir, de trouver de l’aide . À la personne maltraitante, il est dit: Vous n’êtes pas le seul dans cette situation; la demande d’aide est alors favorisée. Chez le témoin, on privilégie l’identification et donc l’appui. «Donnez un coup de main».
Tournant résolument le dos à la politique du soupçon, cette démarche ne peut se fonder que sur la confiance dans les familles, leur entourage et les professionnels qu’ils rencontrent chaque jour…
Si ce modèle évoque surtout des situations quotidiennes, peut-être au risque d’une certaine banalisation, nous pensons cependant que la première option conduit à une impasse et va à l’encontre des valeurs démocratiques et donc de l’action et de la communication d’État. A l’inverse, la seconde démarche renforce la citoyenneté: chacun à son niveau a un rôle à jouer. La diminution des situations de maltraitance ne repose pas sur les seules institutions mais dans l’initiative de chacun – entourage et professionnels, initiatives qui viennent irriguer le Vivre ensemble. Car, «le monde commun n’est jamais un fait acquis, garanti, même quand il est fixé dans le cadre d’un Etat: c’est en permanence que chacun est appelé à le faire être par son action, en rapport avec les autres. Sans cette action, cet acte, «le désert croît» (Nietzsche)».(4)
Vincent Magos , Cellule de coordination du Programme de prévention de la maltraitance et de l’aide aux enfants victimes de maltraitance.

(1) Catherine Marneffe, Le culte de l’enfant victime , Le Vif-l’Express, 08/02/2002.
(2) Notamment Laurence Gavarini et Françoise Petitot, La fabrique de l’enfant maltraité , Erès,1998.
(3) Paul Bensussan et Florence Rault, La dictature de l’émotion – la protection de l’enfance et ses dérives, Belfond, 2002.
(4) Françoise Collin, Pour un monde commun: pluralité et différences selon Hannah Arendt , Conférence à l’Ecole belge de psychanalyse, le 17 juin 2001.

Parents, enfants : prenons le temps de vivre ensemble

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Pour la première fois, plusieurs administrations et associations de la Communauté française (ONE, Direction générale de l’Aide à la jeunesse, Direction générale de l’Enseignement obligatoire, Equipes SOS Enfants, Ligue des familles…) ont collaboré à la mise au point d’un programme de prévention de la maltraitance. Cette campagne débutée le 15 avril dernier et humoristiquement intitulée Yapaka, est une initiative de Nicole Maréchal, Ministre de l’Aide à la jeunesse et de la Santé.
Reposant sur un décret relatif à l’aide aux enfants victimes de maltraitances voté par le Parlement de la Communauté française le 16 mars 1998, la campagne Yapaka vise à soutenir le travail des intervenants de première ligne et à sensibiliser le public à une optique d’aide et de soutien aux familles en difficulté plutôt qu’à leur stigmatisation. Ici, la maltraitance est envisagée comme résultant de situations de souffrance plutôt que de malveillance ou de perversion.
Elle poursuit essentiellement deux objectifs:
– redonner confiance aux parents, les encourager dans leurs démarches éducatives, les inviter à s’appuyer sur leurs proches et leur rappeler qu’en cas de besoin, des professionnels sont là pour les aider;
– inviter les parents à prendre conscience du décalage qui peut exister entre leur monde et celui de leurs enfants, entre leur rythme et celui des plus petits. Dans une famille, chacun a ses envies, ses besoins, son langage. Comprendre ces différences, prendre du recul, s’interroger sur ce qu’on est en train de vivre est une première étape pour éviter de sombrer dans les situations de maltraitance.

L’esprit

Les projets et les actions de communication sont centrés sur une sensibilisation à ‘bien traiter’ les enfants, à construire des relations de confiance.
Le programme travaille avec toutes les personnes en contact avec les enfants: parents, adultes, acteurs de terrain, professionnels, tous secteurs confondus. Chacun à son niveau peut jouer un rôle dans ce domaine.
On y privilégie donc le décloisonnement, la pluridisciplinarité et la transversalité de manière à valoriser les diverses compétences et collaborations.
La plupart des projets mis en place sont issus de propositions du terrain qui ont fait l’objet d’une réflexion approfondie.
L’interdisciplinarité implique également des collaborations avec les organismes dépendant d’autres entités fédérées (la justice au fédéral et la santé mentale au régional).
Avec son drôle de nom, Yapaka tente aussi de mettre du jeu et de la créativité entre les difficultés réelles et les réponses toutes faites (il n’y a qu’à, il suffit de…) ou déresponsabilisantes (que fait la justice, le corps médical, le gouvernement?).

Les outils

Le programme se décline en deux axes.
Le premier concerne les professionnels et les acteurs du terrain . Il est symbolisé par le concept du ‘temps d’arrêt’: s’arrêter un moment pour s’informer, se former, travailler en réseau… C’est dans cette optique qu’un guide à l’usage des intervenants a été réalisé et diffusé à 40.000 exemplaires dans toute la Communauté française, et qu’une formation rassemblant des professionnels de tous secteurs en contact avec les enfants est en cours. Divers outils seront également mis à leur disposition dans les mois à venir pour les aider concrètement dans leurs contacts avec les parents et les enfants.
Exemples de structures concernées: l’Enseignement, l’ONE, les Services d’Aide à la jeunesse (SAJ, SPJ, IPPJ, institutions résidentielles, services de placement familial, centres d’orientation éducative, services d’aide en milieu ouvert), l’Education permanente et la Jeunesse (organisations de jeunesse, centres de jeunes, plaines de jeux, unités scouts et guides, échevinats de la jeunesse des communes), la Culture (bibliothèques), le Sport (centres sportifs, bureaux provinciaux), la Santé (centres locaux de promotion de la santé).
Le deuxième axe concerne le grand public . La communication grand public vise à construire un climat favorable à une prévention basée sur l’aide plutôt que sur la répression, à relier publics et professionnels, et à encourager d’y avoir recours. Le public concerné représente l’ensemble des parents en mettant un accent particulier sur les familles en situation de fragilité affective, financière, sociale pouvant les amener à rencontrer plus de difficultés. Concrètement, la campagne médiatique prend quatre formes.

Les spots TV et radio

Huit saynètes mettent en scène la vie quotidienne de manière à sensibiliser les parents à la coexistence des différences entre leur rythme de vie et celui de leurs enfants, dans le but de susciter un recul sur leur façon d’être. Le simple fait de ne pas prendre conscience de l’existence de ces deux univers peut entraîner, dans certains cas, des situations de maltraitance. Aménager un temps d’écoute est une manière de mieux se comprendre.

Le magazine Yapaka

Ce magazine de 16 pages complète la campagne audiovisuelle. Il apporte une information plus nuancée, destinée au grand public. Il s’intègre dans une démarche positive du développement de l’enfant, veille à faire confiance aux parents. Il est notamment diffusé par Ciné Télé Revue et par les services de proximité qui pourront l’utiliser comme outil de communication.

Les autocollants

Ils ont pour but de tisser un lien entre les spots TV et le magazine, et de stimuler l’interactivité. Neuf messages pense-bête invitent parents et enfants à prendre le temps de jouer, de s’arrêter, à veiller à ce que chacun ait son rythme, son espace. Les autocollants avec une bulle vide permettent aux familles de créer leur propre message. Les meilleurs seront édités dans la suite de la campagne. La diffusion est assurée par les intervenants en contact avec les parents et les enfants.

Le site internet: https://www.yapaka.be

L’intérêt du site est qu’il est facilement accessible à n’importe quel moment dans les foyers, là où la maltraitance se développe principalement. L’objectif est de favoriser les relations et la parole entre parents et enfants au sein de la famille. Le site privilégie l’impulsion vers la famille plutôt que la relation à l’ordinateur.
On y retrouvera les articles du magazine Yapaka , des propositions d’activités à faire ensemble (lecture, jeux, bricolage, sport… notamment en lien avec d’autres départements de la Communauté française, comme la lecture publique, l’ADEPS, etc.) et de nombreux liens vers d’autres sites de référence intéressants ( https://www.one.be , https://www.liguedesfamilles.be …).

Adresse de contact: Coordination de l’Aide aux victimes de maltraitance, Ministère de la Communauté française, Bd Léopold II 44, 1080 Bruxelles. Tél.: 02-413 25 69. Fax: 02-413 23 18.Courriel: yapaka@yapaka.be. d’après le dossier transmis par le Cabinet de Nicole Maréchal, Ministre de l’Aide à la Jeunesse et de la Santé

Maltraitance, l’affaire de tous

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

C’est au titre d’experte indépendante que la psychologue Reine Vander Linden a intégré le comité de pilotage de la campagne de prévention de la maltraitance lancée en avril dernier. Elle a également collaboré à la conception du magazine Yapaka en association avec l’équipe rédactionnelle du Journal de votre enfant. Rencontre. Education Santé: Comment avez-vous déterminé le contenu du magazine Yapaka?
Reine Vander Linden : Dans l’équipe du ‘Journal de votre enfant’, il y a d’autres cliniciens: pédo-psychiatre, pédiatre, des psychologues et une journaliste. Nous nous sommes demandé quelles étaient les difficultés actuelles des parents, les demandes adressées dans le cadre de consultations, les points de rupture qui amènent des parents à la maltraitance… Ce dernier point fait partie de mon expérience de clinicienne dans une équipe SOS et de mon expérience actuelle en prévention précoce périnatale en milieu hospitalier.
E.S.: A première vue, cette campagne de prévention ne parle pas directement de maltraitance…
RVL : Non et c’est tout l’esprit de la campagne. En Belgique, on a beaucoup médiatisé les histoires de maltraitance lourde. Il y a eu l’affaire Dutroux mais avant ça, il y a eu d’autres drames. La maltraitance est devenue une sorte de caricature de l’exploitation et de la torture de l’enfant alors qu’elle recouvre des réalités parfois beaucoup plus quotidiennes. Nous avions envie de ne plus réemployer ce mot pour ne pas donner l’impression que la maltraitance était l’affaire de quelques monstres et que les autres étaient sains et saufs par rapport à cela.
Par contre, nous avons estimé important de souligner que la plupart des parents ont des préoccupations personnelles liées à leur rythme de vie, aux difficultés personnelles qu’ils peuvent vivre dans leur couple ou par rapport à leur insertion socio-professionnelle .
Parfois, les enfants sont les oubliés de l’affaire. On les oblige à suivre nos rythmes, à se mettre dans nos logiques de pensée. L’idée est d’arrêter un peu le temps, de dire aux parents que les besoins et les rythmes des enfants ne correspondent pas nécessairement aux leurs et aussi comment on peut essayer de les comprendre en tentant de rentrer dans leur logique.
E.S.: En quoi ces différences de rythmes peuvent-elles provoquer des situations à risque?
RVL : Quand on est tendu, c’est souvent l’entourage immédiat qui en paie les conséquences. Les enfants sont plus vulnérables que les adultes qui peuvent lancer un coup de gueule ou prendre la porte. L’enfant, au contraire, a plutôt tendance à penser que si ses parents sont énervés, c’est parce qu’il est difficile et qu’il n’a pas de valeur. Il s’attribue des choses qui ne lui reviennent pas.
Prendre le temps de vivre ensemble, c’est aussi pouvoir se dire: ‘J’ai vraiment été une mère embêtante ou un père agressif, ça ne te revient pas, c’est davantage lié à mon patron, à mes collègues ou à des soucis d’adultes.’ Même très petit, l’enfant est capable de le comprendre. Ça lui permet de sortir de son rôle d’enfant ‘mauvais’ et ça permet aux parents d’oser exprimer qu’ils sont en difficulté, qu’ils vont parfois faire porter à l’enfant des choses qui ne lui reviennent pas. On le fait tous dans la vie de tous les jours à un moment ou à un autre. Pouvoir s’y pencher, y revenir, c’est une façon de générer plutôt de la bientraitance.
E.S.: Pour vous, qu’est-ce que la maltraitance?
RVL : J’ai travaillé pendant 13 ans dans une équipe SOS et j’ai souvent eu des discussions très animées avec d’autres collègues à ce sujet.
Je voudrais considérer la maltraitance dans sa définition la plus large. Certains disent qu’il y a maltraitance à partir du moment où il y a des coups ou des traces visibles. Personnellement, je constate que l’on peut rapidement être entraîné dans une dynamique de maltraitance ou d’abus de la place de l’enfant. Quand on utilise un enfant dans un conflit de couple, on le projette à une place d’adulte sans respecter sa position d’enfant qui a à garder l’esprit libre et disponible à l’apprentissage, à l’exploration du monde.
Autre situation: quand un enfant se fait systématiquement blâmer parce qu’il ne correspond pas à ce qu’on souhaiterait qu’il soit, ça le ravage dans sa perception d’un être qui a de la valeur. Je pense que la maltraitance commence dans ces petites choses qui paraissent anodines mais qui, à la longue, engendrent un réel travail de sape de la confiance de l’enfant.
E.S.: Est-ce un problème qui touche beaucoup de familles?
RVL : Je crois que tous les parents sont potentiellement maltraitants. Dans la société telle qu’elle est organisée, nous sommes coincés dans des paradoxes. Le premier est qu’on vit dans un temps minuté où les charges sont lourdes sur le plan professionnel, familial et autre, et en même temps, on n’arrête pas de dire qu’il faut s’occuper des enfants.
Un autre, c’est de dire que l’enfant a beaucoup de valeur mais de ne pas organiser socialement les choses pour effectivement témoigner de cette valeur. Les préoccupations d’organisation de la société partent rarement de l’enfant. Les crèches, l’accueil extrascolaire n’est pas du tout pensé en fonction de lui mais bien en fonction du travail de l’adulte. A la fois, on érige l’enfant comme un ‘enfant-roi’ qui a droit au bien-être, au bonheur, au confort matériel, à des gâteries – puisqu’on offre de plus en plus de choses spécifiques à l’enfant sur le marché – mais on ne donne pas la possibilité aux gens d’avoir du temps, des conditions rassurantes pour la garde des enfants.
Tous les parents, même ceux qui ont les meilleures intentions du monde, sont soumis à des stress qui risquent à un moment de générer des attitudes maltraitantes. Quand vous ne savez pas de quoi sera fait le lendemain financièrement, quand vous avez vous-même une fragilité parce que vous avez fait une dépression, parce que vous avez des relations familiales déplorables, qu’au lieu d’être soutenu par vos propres parents, vous n’êtes que blâmé, c’est difficile de fonctionner avec vos propres enfants autrement. Il y a mille et une raison à un moment de pouvoir disjoncter.
E.S.:En même temps, vous ne voulez pas culpabiliser les parents…
RVL : Non. La culpabilité est aussi un vecteur de maltraitance. Lorsque vous êtes culpabilisé et que vous ne pouvez prendre de recul face à ce sentiment, vous palliez bêtement en gâtant votre enfant. Finalement, vous vous mettez dans un cercle vicieux: vous le gâtez, vous avez l’impression qu’il ne répond pas adéquatement à vos gâteries, vous râlez sur lui parce que vous pensez qu’il pourrait quand même faire un effort en réponse à ce que vous faites pour lui…
C’est contre-productif. Je crois que les messages à donner aux parents sont des messages qui remettent en évidence leurs ressources, leurs compétences, qu’ils puissent utiliser cela comme levier pour faire du bien.
A la maternité, je vois beaucoup de familles. Quand on lance des messages positifs, les gens repartent avec une espèce de force supplémentaire qui leur donne envie de valoriser leurs bons côtés. Mais si vous les culpabilisez, si vous pointez le négatif, ils rentrent chez eux déprimés, découragés, avec l’idée qu’ils sont incapables et que de toute façon, il n’y a rien de bon qui sortira d’eux.
E.S.: Qu’est-ce que cette campagne apporte de neuf?
RVL : Ce qui me semble neuf, c’est qu’on a renversé la vapeur. Au lieu de continuer à taper sur le clou en disant que la maltraitance appartient à quelques personnes que le réseau surveille, nous disons qu’elle appartient à tout le monde. Les parents ont le droit d’être défaillants, personne n’est à l’abri de ça.
Le tout est de pouvoir s’arrêter, réfléchir à ce qu’on fait, éventuellement se faire aider. Il y a des gens qui réfléchissaient déjà comme ça depuis longtemps mais il y a eu toute cette vague de panique du côté des professionnels qui les incitait à dépister à tout prix les familles qui n’allaient pas bien.
L’effet que ça a eu, c’est que les familles qui ne se sentaient pas bien ont eu peur de se faire montrer du doigt et ont encore moins fait appel. Avoir une attitude inverse, essayer de retrouver les ressources des parents est plus productif.
E.S.: Sur le terrain, quels sont les problèmes que vous rencontrez?
RVL : Il reste des tas de terrains qui ne sont pas couverts comme celui entre l’intra- et l’extra-hospitalier qui font partie de champs politiques et de ministères différents: les hôpitaux, c’est la Santé fédérale, le monde extra-hospitalier et le réseau psychosocial, c’est la Communauté française. On a l’impression qu’il y a des jonctions qui ne peuvent pas se faire parce que les logiques d’action sont différentes. Travaillant aujourd’hui en maternité, je me rends compte de la difficulté qu’ont les professionnels à l’intérieur de l’hôpital de pouvoir se connecter avec ceux à l’extérieur.
E.S.: Pourquoi?
RVL : A l’intérieur de l’hôpital, nous sommes tenus à une rentabilité. Ceux de l’extérieur sont payés par des fonds publics. Ils peuvent prendre le temps de faire des réunions, de discuter entre eux, de réfléchir. J’ai longtemps fait partie du monde extra-hospitalier en râlant parce qu’on était prévenu la veille de la sortie d’un enfant qu’il fallait une prise en charge, et qu’on aurait aimé prendre le contact quelques temps avant avec les parents pour installer les liens. Maintenant, moi qui suis à l’intérieur de l’hôpital, je me rends compte qu’il n’y a pas beaucoup moyen de faire autrement.
Parfois, il y a des situations qu’on voudrait garder pour pouvoir peaufiner les contacts avec l’extérieur. On n’en a pas le temps parce que le service doit faire place à d’autres ou parce que l’hôpital ne veut pas agrandir son déficit financier en gardant des familles qui ne savent pas payer. Je trouve ça regrettable car c’est à partir de la maternité qu’une prévention précoce de meilleure qualité peut s’organiser.
Il y a d’autres aléas comme le manque de confiance entre les professionnels, qui peut être très défavorable aux familles. Lorsqu’on ne se fait pas confiance, on crée des dynamiques différentes et certains parents décrochent alors que les choses avaient bien démarré avec un premier professionnel.
Troisième problème, c’est la confiance que les professionnels peuvent faire aux familles. Pendant des années, on a fait pression sur les professionnels en leur disant que s’il arrivait un malheur, ce serait leur responsabilité. Ils ont tellement eu peur de se retrouver devant les tribunaux qu’il y a eu une espèce d’esprit de protection qui faisait qu’au lieu de travailler pour les familles, on travaillait pour soi-même, en pensant à se protéger. C’est lamentable. Je crois qu’on ne peut faire changer des dynamiques relationnelles difficiles qu’en les négociant en partenariat avec les personnes concernées. Gandhi disait : ‘Ce que je fais pour toi mais sans toi, je le fais contre toi.’
E.S.: La médiatisation de l’affaire Dutroux a-t-elle rendu votre travail plus difficile?
RVL : Oui mais il n’y avait pas vraiment moyen de faire autrement. Le problème, c’est qu’un amalgame a été fait entre une situation d’exploitation extra-familiale d’enfant et le concept de maltraitance intra-familiale qui prend évidemment des formes différentes. J’ai souvent rencontré des gens qui disaient: ‘oui, j’ai fait du tort à mon enfant mais je ne suis pas Dutroux’ comme si tout se réduisait à ces horreurs-là.
Je pense que cette affaire aurait pu être médiatisée de manière plus intelligente. Au lieu de mener une chasse aux sorcières pour dépister la maltraitance partout, il aurait été plus productif de dire qu’on était au sommet de l’horreur mais que ça nous permettait de réfléchir sur la façon dont on peut protéger nos enfants, sans toutefois mettre leur protection entre les mains exclusives d’autorités extérieures.
On voyait beaucoup cet autocollant: ‘Protégez nos enfants’, et non pas ‘Protégeons’! Il y a eu une sorte de déresponsabilisation des parents qui consistait à lâcher les enfants sur la place publique en disant aux politiques que c’était à eux de faire quelque chose, alors que cette problématique appartient à chacun.
Tout le monde a à protéger ses enfants, à se battre pour qu’ils évoluent dans des conditions de respect. Quand un prof maltraite ou blâme trop un enfant, comme parent, on doit aller en parler, non pas pour démolir le prof mais pour trouver une solution au problème. C’est une responsabilité quotidienne qui appartient à chacun.
Propos recueillis par Sylvie Bourguignon

Le gène du cancer du sein : monopole abusif

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Un laboratoire américain, Myriad Genetics , a déposé une demande de brevet sur des gènes de prédisposition au cancer du sein. Ce laboratoire exige le monopole des méthodes diagnostiques et des recherches basées sur ces gènes.
Le Gouvernement belge et les Centres de génétique humaine belges ont introduit une démarche d’opposition contre cette firme.

Non aux dérives marchandes en santé publique

Le cancer du sein reste une des causes majeures de mortalité féminine . A ce titre, il fait l’objet notamment en Belgique d’un important programme de prévention et de dépistage.
Sur l’ensemble des cancers du sein et de l’ovaire, on estime que 5 à 10% relèvent d’une prédisposition familiale . Pour la Belgique, cela représente environ 500 femmes par an. Pour ces femmes, ces tests de diagnostic sont essentiels d’un point de vue préventif.
Actuellement, la société américaine Myriad Genetics renouvelle ses démarches pour obtenir un brevet européen qui couvre toutes les méthodes diagnostiques ainsi que la recherche effectuée sur certains gènes de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire. Le brevet accorderait à la société américaine le monopole de l’utilisation de ce type de tests génétiques.
Pour les patientes et pour la sécurité sociale, une telle mesure représente une augmentation énorme du coût.
Aujourd’hui, ces tests sont effectués par les Centres de génétique humaine. Le prix d’un test est de
292 €. La quote-part de la patiente est de 9 €; l’INAMI prend en charge le reste soit 283 € par test. Si le laboratoire américain devait obtenir le brevet exclusif, alors les tests belges devraient obligatoirement être faits aux Etats-Unis. Or, rien que le prix du test effectué par le laboratoire Myriad Genetics s’élève à près de 3000 €. Sans parler des frais de transport.

Patrimoine en péril

A côté du problème de surcoût, il est évident que l’attribution de tels brevets à des entreprises à vocation exclusivement commerciale représente un énorme danger pour l’avenir de la recherche scientifique et des politiques de santé publique.
Les nombreuses possibilités qu’offre – et qu’offrira encore plus demain – la recherche effectuée sur les gènes ne peuvent appartenir à un secteur de l’industrie marchande. Le gène humain ne peut pas devenir une marchandise exploitable commercialement .
A l’initiative des Mutualités socialistes, une série d’organisations se sont associées à la démarche d’opposition. Elles s’insurgent contre toute tentative de privatisation du gène humain, qui est et doit rester patrimoine de l’humanité, de la santé publique et de la recherche désintéressée.
Elles ont communiqué leur point de vue à l’Office européen des brevets (OEB).
Les organisations et institutions désirant se joindre à cette action sont invitées à prendre contact avec l’Union nationale des mutualités socialistes, Unité Consumérisme, rue Saint-Jean 32-38, 1000 Bruxelles.Courriel: dominique.plasman@mutsoc.be. Tél : 02 515 04 89.

Liste des signataires par ordre alphabétique (à la date du 04/04/2002

)
Alliance nationale des mutualités chrétiennes
Association chrétienne des invalides et des handicapés (ACIH)
Association socialiste de la personne handicapée (ASPH)
Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs (CRIOC)
Conseil supérieur de promotion de la santé de la Communauté française Wallonie-Bruxelles
Ecole de santé publique de l’ULB
Espace Seniors
Fédération Belge contre le Cancer
Fédération des centrales de services à domicile (CSD)
Fédération générale du travail de Belgique (FGTB)
Fédération des maisons médicales et collectifs de santé francophones (FMMCSF)
Femmes prévoyantes socialistes
Ligue des familles
Mouvement ouvrier chrétien (MOC)
Le Piment
Union nationale des mutualités libérales
Union nationale des mutualités libres
Union nationale des mutualités neutres
Union nationale des mutualités socialistes
Vie féminine

Saparlipapote, un projet ‘ langage ‘ dans les écoles

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Avec une équipe de bénévoles, Infor Santé Liège pilote un projet expérimental de «bain de langage» dans une dizaine d’écoles en milieu populaire. Objectif: procurer aux enfants une stimulation au niveau du langage. L’initiative est lauréate du Prix 2001 de l’asbl Pirogue.
Des enfants des classes maternelles, un choix de livres, de belles histoires, voilà une matinée de bonheur orchestrée par «Saparlipapote». L’objectif de cette action, orchestrée par Infor Santé Liège, est d’offrir aux jeunes enfants un bain de langage, dans une relation privilégiée avec l’adulte et un cadre ludique. C’est ainsi que régulièrement une équipe de bénévoles investit l’une des dix-neuf classes de première ou deuxième maternelles qui participent à l’opération. Ils s’installent, choisissent un livre, le racontent.
Le livre, support essentiel, permet à l’enfant un repérage stable et constant du texte et de la durée de l’histoire. Le petit groupe d’enfants manipule les livres, les retourne, les feuillette, se raconte les histoires à sa manière.

Deux types de langage enfantin

«Saparlipapote» est né suite au constat d’un médecin conseil inquiet de l’augmentation constante des dossiers logopédiques décrivant un retard de langage d’origine articulatoire. Infor Santé a jugé utile d’envisager ce problème par la prévention pour éviter de le médicaliser, alors qu’un peu de stimulation, pourrait aider à le résoudre spontanément. Ainsi est née l’action «bain de langage» dans une dizaine d’écoles de la région implantées dans des quartiers populaires: Liège, Ans, Bressoux, Herstal, Seraing, Ougrée, Tilleur, Jemeppe, Huy et Comblain-au-Pont.
Infor Santé veut aussi sensibiliser les parents pour qu’ils prennent conscience de l’importance des activités ludiques partagées avec leurs enfants dès le plus jeune âge et, particulièrement, de l’importance des activités privilégiant le langage du récit.
En effet, deux types de langage environnent l’enfant. Le premier, le langage factuel, est lié au déroulement des actes quotidiens. Chacun l’utilise pour accompagner les faits et gestes de la vie: c’est un commentaire continu, sans début ni fin. Il s’agit souvent d’un langage répétitif et lacunaire qui, pour être compris, nécessite la connaissance du contexte: en effet, les phrases sont souvent incomplètes et trouvent leur référent dans une situation concrète, hors langage. Le second est le langage du récit que l’enfant repère très tôt et qui le captive. La langue du récit n’accompagne pas les événements, mais les relate à distance avec le pouvoir de bouleverser leur développement.

Un monde magique et fabuleux

La première caractéristique du langage du récit est le découpage dans le temps: le début fait attendre la fin et, entre les deux, les différents éléments de l’histoire racontée sous sa forme pure alternent tour à tour selon un rythme artificiel. Le texte n’est pas interrompu par un référent extérieur: le récit n’est référent qu’à lui-même. Les répétitions qu’il contient diffèrent des variations autour d’une situation du langage factuel. Elles ont aussi une cohérence interne et apparaissent comme un jeu et une poétique autoférente. On sait d’ailleurs que les enfants sont très exigeants quant à la répétition des termes exacts d’une histoire…
Les observations portant sur les moments que les très petits enfants consacrent aux moments de lecture et aux jeux avec les livres démontrent qu’ils sont véritablement captivés par la langue du récit, avec ses caractères fixes qui s’opposent au langage courant. Ils entrent alors dans un monde magique, littéralement fabuleux. Cet intérêt se constitue sans rupture de continuité lorsqu’ils entendent des comptines ou lorsqu’ils manipulent les feuilles des premiers albums.
Le récit peut être oral. Mais la césure importante en ce qui concerne l’acquisition de la langue et le développement de la pensée s’opère entre la langue factuelle (celle du commentaire) et la langue du récit. C’est le jeu entre ces deux langages qui est constitutif de l’acquisition du langage chez l’enfant et, avec celle-ci, plus largement, de la constitution d’un espace psychique intérieur pour l’imaginaire.

Le livre, le langage et la pensée

La constitution de cet espace intérieur est fondamentale pour le développement de l’enfant: là s’exerce sa capacité à jouer en lui-même avec les situations et les personnes qui l’entourent et sa capacité à jouer seul dans sa pensée. Il peut ainsi acquérir une liberté suffisante pour mieux se dégager de ses conflits intérieurs. L’enfant qui commence à parler ne s’y trompe pas: il va repérer très vite l’importance de deux aspects du langage, leur interaction et ce double monnayage du temps par les mots, à partir des événements et des êtres qui l’entourent. Très tôt, grâce à ses babils, il va jouer mentalement avec cette deuxième forme de langage qui l’enchante. Il va jouer ainsi avec les refrains, les comptines, les historiettes ajoutés au commentaire parlé des actes quotidiens. Tout adulte suffisamment attentif va partager cette soif dévorante de connaissances et particulièrement tout ce qui passe par la parole.
Il faut remarquer ici qu’il n’existe pas de langage du récit – cette ébauche de toute langue littéraire – sans un support institutionnalisé et concret. A l’origine, celui-ci est représenté par les personnes qui racontent, leurs gestes, leurs mimiques, leur regard, le rythme et la mélodie qu’elles donnent au récit. Et puis bien sûr, on l’a dit, l’objet-livre est un support essentiel. Le jeune enfant perçoit très vite et avec une grande acuité qu’il existe des liens entre cet objet et le langage et la pensée: c’est un ensemble très stimulant pour lui. Il perçoit la lecture et l’appropriation des images et du graphisme comme des choses à la fois proches et inaccessibles.

Plaisir de lire et de raconter

Face à cette appropriation si particulière des livres par les enfants qui apprennent à parler, l’adulte se sent parfois découragé: il lui arrive de se demander si cet enfant, qui n’est pas le sien, l’écoute vraiment et s’il sert à quelque chose de continuer l’expérience. Le remède à ce découragement est d’une grande simplicité: il réside dans le plaisir de lire et de raconter une histoire que ressent l’adulte lui-même, dans le plaisir de raconter cette histoire-là plutôt qu’une autre, à tels enfants parmi d’autres.
L’attitude des petits enfants en phase d’acquisition du langage est d’ailleurs une aide précieuse: le plus souvent, en effet, ils choisissent leurs albums avec autorité, contrairement aux plus de cinq ou six ans qui entrent dans la phase conformiste de l’enfance, sont plus inhibés et cherchent à deviner le désir des adultes. Le désir de partager le plaisir du texte avec l’enfant avant qu’il ne parle couramment existe largement aussi quand il s’agit de comptines.
Après avoir pris contact avec divers intervenants, l’équipe de «Saparlipapote» a décidé de cibler les enfants de première maternelle (3 ans) voire de deuxième maternelle quand les classes sont organisées à l’intérieur d’un cycle. Elle a choisi aussi d’agir sur un public régulier, en retournant plusieurs fois dans la même classe durant une année scolaire. L’équipe a accordé la priorité aux écoles situées en milieux populaires. Enfin, elle accorde une grande importance aux contacts avec les parents qui amènent souvent leur enfant jusque dans la classe.

24 bénévoles, 19 classes

Durant l’année scolaire 2000-2001, «Saparlipapote» a fonctionné de manière «pilote» avec deux classes. Une très bonne collaboration s’est établie avec la direction de l’école, les enseignantes et l’association de parents. C’est cette collaboration qui a permis de façonner le projet dans sa forme actuelle: «Saparlipapote» aujourd’hui, ce sont 24 bénévoles qui travaillent avec 19 classes réparties dans une dizaine d’écoles. Pratiquement, les bénévoles se rendent une fois par semaine dans l’école. Les institutrices leur confient les enfants par petits groupes de deux ou trois pour une période de 20 à 30 minutes. L’activité se déroule en dehors de la classe et s’appuie sur le support du livre, de la marionnette, des comptines. Une interaction s’établit ainsi entre l’enfant et l’adulte.
Chaque bénévole travaille avec une classe en lien très étroit avec l’institutrice. C’est elle qui constitue les petits groupes de trois. Le principe est que tous les enfants de la classe puissent bénéficier de cette activité au moins cinq ou six fois sur l’année. Le jour et le moment de l’animation sont choisis en concertation avec l’institutrice, généralement au tout début de la matinée.
Afin d’impliquer le plus possible les parents dans le projet, une rencontre est organisée durant l’année. Elle a lieu un matin, de 8 h. à 10 h. et les parents sont invités à prolonger leur présence au moment où ils amènent leur enfant à l’école. A cette occasion, une responsable de la bibliothèque du quartier est présente dans la classe et elle propose des livres adaptés aux enfants de 3 – 4 ans.

Un projet longuement mûri…

Faut-il le préciser, l’équipe apporte beaucoup de soin au choix des livres. Elle est attentive aux valeurs véhiculées par les albums. Elle a aussi le souci de choisir des ouvrages marqués par l’ouverture d’esprit, des ouvrages qui ne reproduisent pas les inégalités, sont ouverts aux autres cultures, aux autres façons de penser, à d’autres habitudes…
Le projet a été élaboré avec l’aide de plusieurs personnes ressources:
Monsieur Michel Defourny , maître de conférence à l’Université de Liège, spécialiste de la littérature pour la jeunesse. Il participe au projet français ACESS (actions culturelles contre les exclusions et les ségrégations) et il est l’initiateur avec Madame Christiane Toussaint , responsable du service provincial de la diffusion et de l’animation culturelle de la province du Luxembourg, de Lis avec moi, dit bébé .
Le Docteur Anne Van Hout , neuropédiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc.
Madame Michelle Lateur de l’asbl «A.LI.SE», formatrice et animatrice au service de littérature de la jeunesse de la Ligue des Familles.
Madame Anne-Marie Terwagne de l’asbl «Autrement dit», psychologue, spécialisée en écrit, lecture et littérature. Ce sont ces contacts qui ont incité Infor Santé à privilégier le support «livre».

Lauréat du Prix 2001 de l’asbl Pirogue

Longuement mûri, le projet fait aussi l’objet d’un encadrement vigilant. «Saparlipapote» est suivi par Anne-Marie Terwagne. Elle assure la formation et la supervision des bénévoles: à cette fin, des rencontres d’échanges sont organisées trois à quatre fois par an. Le pilotage du projet est assuré par deux groupes: une équipe de professionnels et une équipe de responsables bénévoles.
Tel quel, «Saparlipapote» fonctionne à la satisfaction générale. Les demandes d’écoles affluent. L’initiative a également retenu l’attention de l’asbl Pirogue qui en a fait un de ses trois lauréats pour 2001. Cette asbl, qui fonctionne depuis 1996, distingue et récompense des actions menées en faveur de la petite enfance à risque. Un jury de six personnes (neuropsychiatre, psychologue et assistants sociaux) distingue des projets qui œuvrent pour la prévention de l’exclusion sociale et contre sa transmission intergénérationnelle. Sont ainsi récompensées tant des recherches théoriques que des actions de terrain.

Formation et évaluation

Le montant de ce prix va permettre à l’équipe de mettre l’accent sur deux points qui lui paraissent essentiels: une sensibilisation des parents par la mise au point de différents moyens et supports à construire et une évaluation plus structurée du projet en cours.
Par ailleurs, le groupe souhaite travailler l’évaluation du projet de manière plus systématique afin de confirmer son bien-fondé. Il est important, par exemple, de traiter les observations relevées par les bénévoles, les institutrices, etc.
En conclusion, il est important de dire que ce projet participe à l’égalité des chances pour tous les enfants en aidant chacun d’eux à grandir, à être capable plus tard de se prendre en charge et de devenir un adulte responsable. Il vise à mettre l’enfant au cœur de l’activité puisqu’il le traite comme un être unique, écouté par un adulte qui lui accorde toute son attention.
Personnes de contact: Nicole Elias, Infor Santé. Tél.: 04 – 230 16 14. Fax: 04 – 221 74 09. Courriel: nicole.elias@mc.be et Docteur Catherine Colle, Médecin conseil. Tél.: 04 – 221 73 74. Fax: 04 – 221 74 09. Courriel: catherine.colle@mc.be

Remboursement de référence des médicaments : qui paie la note ?

Le 30 Déc 20

Publié dans la catégorie :

Depuis juin 2001, le remboursement des spécialités pharmaceutiques pour lesquelles il existe des alternatives moins chères est plafonné au niveau du remboursement du médicament générique équivalent. Le but de ce système est de générer des économies importantes pour l’assurance-maladie.
Ce qu’on pouvait craindre, c’est qu’une partie de ces économies se fassent au détriment du patient, sauf modification radicale du comportement de prescription des médecins, ou alignement massif du prix des spécialités de référence sur celui des copies génériques.

Ce qui devait arriver…

Les Mutualités chrétiennes ont évalué le système en extrapolant les données concernant leurs membres pour la période de juin à novembre 2001. Le résultat est sans surprise: sur base annuelle, le gain pour la sécurité sociale est de l’ordre de 57 millions d’euros. Mais, comme on pouvait s’y attendre un quart de l’économie s’est faite par un transfert des coûts vers les patients!
Le remplacement de chaque spécialité par son équivalent le moins cher aurait permis une économie supplémentaire de près de 60 millions d’euros, dont 27,5 au profit du patient. On est malheureusement loin du compte.
Médecins et patients ont beau être régulièrement informés de l’existence et du prix des médicaments génériques, cela ne suffit pas.

Que faire

?
Premier élément: prescrire et consommer à bon escient . Ce n’est pas parce qu’une spécialité est moins chère qu’une autre qu’elle est pour autant indispensable voire même simplement utile. Nous sommes dans le peloton de tête en matière de consommation médicamenteuse, et les remboursements de référence n’y ont rien changé.
L’éducation du public au ‘bon usage’ est plus que jamais pertinente, mais n’est pas simple. En effet, cette démarche va à contre-courant des valeurs triomphantes de la consommation, qui font de l’équation ‘bobo = médoc’ une évidence bien difficile à nuancer. Et la détermination de l’industrie pharmaceutique d’obtenir le droit de faire de la publicité grand public pour des spécialités sur prescription donne froid dans le dos…
La mise en place d’éléments de comparaison des profils de prescription pourrait être un bon outil de conscientisation des médecins. Les médecins peuvent trouver ce type de données (seulement celles les concernant, évidemment!) sur le site www.mc.be, avec le module ‘Med-Dial’.
Ensuite, il faut continuer à enfoncer le clou , tant auprès des patients que des médecins, qui sont visés par une campagne de dénigrement systématique des génériques orchestrée par les producteurs des spécialités de référence. De ce point de vue, le système mis en place l’an dernier a quand même eu un effet tangible, puisque la part des produits génériques dans le chiffre d’affaire des médicaments ayant un équivalent générique est passée de 6% en janvier 2000 à plus de 30% en novembre 2001.
Autre piste intéressante, la prescription en DCI (dénomination commune internationale) doit être fortement encouragée. Dans ce cas, les pharmaciens devraient être tenus de délivrer le médicament le moins cher.

En attendant

La première édition 2002 du guide Les médicaments génériques d’Infor Santé vient de paraître. Les publications des autres organismes assureurs devraient suivre. Et n’oubliez pas non plus que plusieurs sites internet fournissent cette information en la mettant fréquemment à jour.
Les médicaments génériques, brochure de 40 pages disponible à Infor Santé, chée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles. Joindre deux timbres à 0.42 € pour les frais d’envoi.