Foutu.es pour foutu.es, si on chauffait des salles avec une bonne énergie ? C’est le pari d’un groupe de 18-30 ans qui a créé un spectacle humoristique sur l’environnement baptisé « Plus show que le climat » porté par l’asbl Empreintes.
Depuis trois ans, une joyeuse troupe se réunit à échéances régulières pour créer un numéro humoristique. Chacun.e part de sa propre expérience et de ses questionnements pour proposer un sketch, un texte de stand up, une chronique, un conte ou une chanson drolatique. Ils sont ensuite rassemblés en un véritable show !
Le projet est né en 2022, dans le cadre de l’organisation des 40 ans de l’asbl Empreintes, de la rencontre entre des volontaires qui voulaient s’impliquer de façon inédite, personnelle et artistique et l’écrivain et humoriste Aurélien Rigolet. Celui-ci avait pris contact avec Empreintes pour participer aux activités de l’association, découvrir la thématique et le milieu de l’éducation relative à l’environnement (ErE) afin de créer un spectacle jeunesse et humoristique sur le sujet.
Il résulte de la conviction commune des jeunes et de l’artiste que l’écriture et l’humour peuvent nourrir les pratiques de l’éducation relative à l’environnement et à la transition, et qu’ils peuvent être un outil de sensibilisation à destination d’autres jeunes. L’expression artistique est un médium de création, de partage et de réflexion qui donne un regard neuf sur les enjeux d’aujourd’hui en passant par le plaisir et l’expérimentation. Cette démarche a aussi un intérêt tout particulier en réponse au phénomène croissant d’éco-anxiété chez les jeunes. L’intention est donc de mêler l’écriture et l’humour aux réflexions sur l’environnement et la transition écologique avec les jeunes. Une part est également donnée à la création collective, certains sketchs sont écrits à plusieurs.
Les retours des jeunes confortent Empreintes dans la pertinence de diversifier ses activités à travers ce type d’approche complémentaire, créative et artistique. Tout cela contribue à renforcer le pouvoir d’agir face à des enjeux qui nous concernent toutes et tous.
En 2025, neuf jeunes se sont lancé·es dans l’aventure aux côtés d’Aurélien. Ils et elles sont montés sur scène à Namur le 12 avril, à Bruxelles le 16, et reviennent le 23 mai à Namur. Inscriptions : daisy@empreintes.be.
Eduquer à l’environnement : Empreintes ASBL donne des clés
Pour aborder les enjeux climatiques[1] avec des jeunes, pas besoin d’être un·e expert·e en climatologie ! Empreintes a mis au point une formation dédiée « Quelle éducation face aux enjeux climatiques ? » avec un dossier pédagogique gratuit. Il répond aux nombreux questionnements que se posent les profesionnel.les :
Comment s’y prendre ?
Comment ne pas tomber dans la sinistrose tout en laissant la place à l’expression des émotions ?
Comment intégrer la complexité et le caractère systémique des enjeux climatiques dans les séquences d’animation ou de cours ?
Comment ouvrir les imaginaires pour esquisser un futur désirable ?
Comment inviter au décloisonnement des matières et des disciplines ?
Comment intéresser les jeunes quand certain·es d’entre elleux ont le sentiment qu’on les bassine avec le sujet ?
Comment outiller les éducateurices pour qu’iels se sentent moins démuni·es ?
Le dossier pédagogique a d’abord été conçu comme un ensemble d’activités destinées à accompagner le jeu Citymagine réédité en 2024 (Retrouvez sur Education Santé l’article dédié à la nouvelle édition revue et augmentée de Citymagine).
Les activités ont été testées dans le cadre du projet « La Voix du Climat », avec un public varié de jeunes, dans des contextes scolaires et extrascolaires. Il est possible de s’intéresser (et d’intéresser) aux changements climatiques[2] et à leurs conséquences en entrant dans le thème en mêlant les expériences scientifiques, les récits, l’imaginaire, le débat d’idée, la discussion philo, les émotions, la découverte du quartier…
Les activités proposées peuvent ainsi faire échos à différentes disciplines enseignées dans les écoles et prendre place dans des animations extra-scolaires, ce qui donne l’opportunité d’une collaboration entre animateur·rices en dehors ou dans le cadre scolaire ou entre enseignant·es de différentes disciplines travaillant dans une même école et, pourquoi pas, de là, déboucher sur la mise en place d’un projet commun au sein d’une école ou d’un quartier.
La méthodologie proposée par Empreintes est active, participative, ludique et créative. Une place privilégiée est consacrée à l’expression et à l’apaisement des émotions ainsi qu’à l’écriture de récits comme leviers d’émancipation individuelle et collective.
[1] Pour Empreintes, les mots « enjeux climatiques » recouvrent de nombreuses réalités qui sont trop souvent abordées isolément mais dont les racines s’enfoncent dans le même terreau. Les crises multiples qui s’enroulent de manière complexe et systémique autour du terme « climat » touchent autant à la chute de la biodiversité et au lien au vivant qui est à reconstruire, qu’aux dominations sociales, coloniales ou de genre.
[2] Empreintes fait le choix d’utiliser le terme « changements climatiques », au pluriel, parce qu’il permet d’inclure la multiplicité des impacts du réchauffement global de la planète.
Pour en savoir plus : – La formation est proposée au cours de l’année scolaire (2025-2026) notamment, pour les enseignant·es, via le programme de formation continue de l’IFPC, mais aussi pour d’autres publics via le site d’Empreintes
Pour connaître les prochaines dates de formation proposées par Empreintes, complétez le formulaire en ligne.
Créer des messages clairs et outiller le grand public pour que chacun.e puisse diminuer son exposition aux polluants. C’est le but du jeu “Perturbateurs endocriniens sous la loupe”.
Espace Environnement, une asbl généraliste basée à Charleroi, a créé un kit d’animation pour sensibiliser aux produits chimiques qui perturbent le système hormonal. Le but de ce jeu baptisé “Perturbateurs endocriniens sous la loupe” est de traquer les polluants dans différentes pièces de l’habitat. Il est adaptatif et modulable, se joue en plateau ou en ligne, en fonction du public utilisateur et donne des pistes de solution pour réduire ses expositions.
“ L’objectif est d’aborder de manière ludique la question des petites doses, ces substances auxquelles on est exposé en permanence, car on baigne dans une espèce de smog chimique, physique, biologique qui peut avoir ou non un impact sur la santé” explique Etienne Delooz, responsable de projet d’Espace Environnement.
Une collaboration avec les CLPS a permis d’identifier plusieurs besoins : celui du grand public qui cherche des informations directement accessibles et compréhensibles et des professionnel.les qui ont besoin d’un outil d’éducation pour les personnes peu à l’aise avec des questions scientifiques ou environnementales. Pour répondre à ces besoins, le projet se décline donc sous la forme d’un site Internet et d’un jeu qui voient le jour en 2022 grâce à un financement de la région wallonne.
Le jeu se compose d’un plateau avec une maison, un ensemble de trois jeux de cartes : des cartes sources, des cartes polluants, des cartes solutions et un livret explicatif. Un site internet reprend toutes les informations issues du guide d’animation et donne des conseils pratiques pour réduire ses expositions.
Balayer large au niveau de perturbateurs
“On n’entre pas forcément dans le détail des molécules, car il y en a tellement. Sur 80 000 molécules, 800 sont cancérogènes avérées et 8000 dont l’effet sur la santé est pour ainsi dire inconnu” précise Etienne Delooz. Le jeu cite la famille des PFAS, ces polluants « éternels », de la famille des per- et polyfluoroalkylées, qui contaminent les eaux, les sols et les êtres vivants, et leur accumulation dans l’organisme peut entraîner des problèmes de santé.
Toutefois, Espace Environnement n’insiste pas sur les PFAS en particulier, car elle préfère balayer large au niveau des perturbateurs. L’idée est d’éduquer au principe de précaution sur les cosmétiques, les ustensiles de cuisine, les peintures naturelles et les produits ménagers.
“Dans les animations, je peux rencontrer des personnes qui ne boivent plus l’eau du robinet à cause des PFAS, mais elles ne se rendent pas compte qu’elles utilisent des poêles antiadhésives avec du Teflon” explique Yasmina Atif, responsable de projet chez Espace Environnement. “On n’est pas là pour juger pour fustiger les bons et les mauvais comportements, sinon les personnes se refermeraient comme des huîtres, on est là pour discuter et in fine voir comment on peut faire évoluer certains comportements qu’elles pensaient bons pour leurs familles, pour leurs enfants”.
L’ASBL était présente au festival Imagésanté à Liège fin mars, où elle a animé 5 ateliers jeu et au Printemps des Sciences de Louvain-la-Neuve dont la thématique de l’année était l’eau. Espace Environnement répond aussi à des demandes ponctuelles pour différents publics : communes, associations, particuliers, professionnels de la santé et de l’action sociale de première ligne…
Espace Environnement participe à des réunions du comité fédéral du Plan Environnement Santé pour les perturbateurs endocriniens (NAPED) dont la dernière campagne est destinée aux femmes enceintes (lire notre article Perturbateurs endocriniens : des experts du vécu en pauvreté aident les autorités à communiquer). La prochaine campagne s’adressera aux adolescent.es d’ici 2026.
Déjà 9500 signatures pour la pétition contre les PFAS
Une pétition initiée par Canopéa, la fédération des associations environnementales belges, demande aux décideurs de soutenir l’interdiction des PFAS au niveau européen, tout en travaillant sur un plan national de substitution efficace dans les produits de consommation.
Comment aborder la question de l’effondrement de manière positive et active avec des jeunes? C’est l’objectif de ce jeu de plateau imaginé par l’asbl Empreintes, revu et augmenté en 2024.
Les questions de l’effondrement, de la transition et de la résilience sont de plus en plus présentes dans notre quotidien. Empreintes propose une nouvelle édition de cet outil pédagogique, revu en fonction des retours d’utilisateurs, pour aborder ces questions avec les jeunes.
Pensé pour un public dès 14 ans, ce jeu de plateau invite les joueur·euses à imaginer la ville de demain en devenant acteur·rices de leur environnement. Citymagine est un jeu de plateau original et coopératif rassemblant de 6 à 24 joueur·euses réparti·es dans 6 équipes. Chacune est chargée de la gestion d’un des six quartiers de la ville et confrontée aux problématiques urbaines (mobilité, approvisionnement, pollution, promiscuité –absence de liens sociaux).
Les joueur·euses doivent mener une réflexion sur leurs modes de consommations, sur le projet de société qu’iels souhaitent développer et sur d’autres manières de vivre. En partant d’initiatives citoyennes existantes et à construire, la partie avance vers une ville nouvelle !
Aborder la question de l’effondrement de façon positive et active
La question de l’effondrement fait peur. Cependant, il s’agit ici d’envisager la question sous une forme positive. Le jeu aborde la question par l’action et non la résignation : il invite les participant·e·s à devenir acteur·rice du changement et acteur·rice de leur environnement.
Le jeu « Citymagine » peut être suivi ou précédé d’une découverte des initiatives présentes dans le quartier (voir Fiche 8 «Dans mon quartier » du dossier pédagogique téléchargeable gratuitement). Il est souvent pertinent de recueillir les émotions de participant·es à l’issue de la partie, par exemple avec l’activité de la Fiche 24 « Stratégie de réenchantement » issue du même dossier.
Le jeu rassemble de 6 à 24 joueur·euses réparti·es dans 6 équipes.
Matériel
Un plateau de jeu
Un carnet « Règles »
Un cadre hexagonal
Une roue du contexte
Un sac en tissu avec une balle, un dé et un curseur et deux supports
Prendre le temps d’échanger, de se comprendre et de réfléchir ensemble aux alternatives en cours et à construire pour faire évoluer l’histoire de Citymagine.
Tisser un réseau assez fort, via un maximum de liens et de connexions, entre les différents quartiers.
Etablir un nombre suffisant de collaborations pour réussir à porter vos idées dans le débat public.
Construire dans la ville de nouvelles alternatives qui permettent de se mettre en action vers un changement de société et de faire évoluer l’histoire de Citymagine.
Découvrir, citer et expliquer des alternatives résilientes et locales.
Proposer, inventer des solutions créatives et collectives de transition, ancrées dans le quotidien.
Mesurer l’importance de créer du lien et un réseau solidaire au niveau local.
Bon à savoir Citymagine est disponible en prêt ou à la vente. Les personnes qui souhaitent être accompagnées dans la prise en main du jeu peuvent, gratuitement, participer à des ateliers de découverte de l’outil.
L’avis de PIPSa sur la version initiale
Appréciation globale Ce support pédagogique à médiation ludique permet d’aborder, en groupe, des alternatives à la consommation pour éviter « l’effondrement », c’est-à-dire la fin de la civilisation industrielle. Le jeu promeut la dynamique du collectif, de la mobilisation citoyenne pour proposer des alternatives/solutions à l’épuisement des ressources.
Le jeu, militant et politique, démontre avec sa mécanique ludique que l’interdépendance, la mobilisation, les actions collectives, les liens à l’échelon local peuvent d’une part limiter les dégâts liés aux circonstances extérieures et d’autre part déclencher l’implication du politique. La mécanique ludique installe les joueurs en acteurs de changement, ce qui est impliquant et motivant, mais demande un debriefing pour repositionner la responsabilité individuelle au sein des systèmes économiques qui dirigent le politique (banques et multinationales notamment). Pour un utilisateur peu familier de la thématique, une riche sitographie permet de se documenter. Pour les participants, le lexique des initiatives fournit une information claire, synthétique et explicite, qui doit être partagée à haute voix pendant l’animation. Les nombreuses alternatives suggérées restent éloignées du vécu des jeunes et dépendantes de l’initiative d’adultes. Tout l’enjeu sera donc de les ramener dans leur zone d’action réelle : classe, école, quartier, organisation de jeunesse… Vu la complexité des règles, pour fluidifier l’animation, une expérimentation préalable est recommandée.
Objectifs S’informer et connaître des alternatives à la consommation des ressources, en vue de prendre conscience des possibilités de prévention. Construire une analyse critique du monde tel qu’il est. Stimuler l’action collective et lutter contre l’effondrement.
Points forts Collaboration, cohérence interne, originalité thématique, concret, transposable dans la réalité, inspirant.
Points d’attention S’approprier le manuel d’utilisation, idéalement avoir suivi une initiation à l’utilisation.
Contextualiser la problématique et faire connaître les alternatives avant le jeu.
Faire les liens avec les alternatives locales existantes.
Organiser un débriefing sur le vécu de l’expérience et faire le lien avec la réalité : par exemple, que peut-on mettre en place dans notre école/quartier… ?
Où trouver l’outil ? Empreintes asbl, Mundo N, Rue Nanon 98, 5000 Namur, Belgique – 081 / 39 06 60 – info@empreintes.be –https://www.empreintes.be/outil/citymagine
Un Escape Game pour développer des attitudes protectrices chez les élèves du secondaire et les sensibiliser aux conduites à risque : ce nouvel outil, ludique et collaboratifconçu par des acteurs issus des secteurs de la prévention et de la promotion de la santé sillonnera bientôt la région bruxelloise.
Nour et Sacha ont disparu, les élèves ont une heure pour les retrouver (Crédit photo CBPS – Octobre 2023)
“On est dans la cabine du parc. La porte est bloquée. Je n’ai plus de batterie, viens m’aider stp”. Nour a envoyé ce sms au milieu de la nuit, et depuis, elle ne répond plus. Sacha aussi a disparu. Les joueurs ont une heure pour comprendre ce qui leur est arrivé hier soir. Voici le scénario de départ de l’Escape Game baptisé B(l)ack Out qui vise à développer des attitudes protectrices chez les jeunes et les sensibiliser aux conduites à risque.
A l’automne 2023, le prototype de cette installation a été pré-testé par 68 professionnel.les issu.es de différents secteurs (promotion de la santé, prévention, jeunesse) et 138 élèves de 15 à 20 ans scolarisés en secondaire dans la commune d’Anderlecht. L’Escape Game s’y installera en septembre pendant plusieurs semaines.
“Nous avons opté pour une approche ludique, collaborative et expérientielle basée sur les compétences psychosociales pour susciter chez les jeunes une réflexion sur les comportements à risque et aussi sur les attitudes protectrices en milieu festif ”, explique Fanny Céphale, responsable de projets du Centre bruxellois de promotion de la santé (CBPS) qui co-pilote le projet.
Créer un outil mobilisateur
La gestation a été longue et mûrement réfléchie. Tout commence fin 2020, quand l’idée de créer un nouvel outil de prévention émerge au sein de la concertation des acteurs de prévention des assuétudes de Bruxelles coordonné par le CBPS. Un groupe de travail se met en place rassemblant le CBPS, le FARES, le Pélican et le Pôle assuétudes du service Prévention d’Anderlecht.
Le groupe explore divers outils existants et très vite surgit l’exemple d’un Escape Game suisse sur les addictions, dont le rapport d’activité donne de solides pistes de travail en terme d’empowerment et d’impact éducatif. “La participation active renforce l’assimilation des informations et des messages clés, rendant l’expérience à la fois plus mémorable et plus significative” explique Fabienne Philippe, responsable et chargée de projets du Pôle assuétudes de la Commune d’Anderlecht.
Les acteurs s’accordent alors sur l’idée de créer un outil mobilisateur qui répondent aux besoins des acteurs de Promotion de la santé. L’Escape Game devra être transportable pour aller à la rencontre du public en s’installant temporairement près des lieux de vie des jeunes. Pour ce faire, le groupe fait appel au concepteur d’Escape Game belge Bruno Willemark, fondateur de “Let Me Out” et décroche un financement de la COCOF dans le cadre des subsides facultatifs de promotion de la santé.
Le titre de l’Escape Game mêle l’expression anglaise « back out », qui signifie littéralement « faire marche arrière », et le terme « Black-Out » qui désigne à la fois la perte de conscience liée à la consommation d’alcool ou de stupéfiant, ou plus simplement la panne d’alimentation électrique.
Scénario et décors sur mesure
Au fil des discussions, le groupe assuétudes décide d’ouvrir l’Escape Game aux thématiques EVRAS, puis réalise que “l’approche par les compétences psychosociales permet de faire la jonction entre santé physique, santé mentale et promotion de la santé ”, explique Valérie Lefèvre, spécialiste EVRAS au sein du CBPS.
Le scénario de B(l)ack Out fait écho au film américain Very Bad Trip, de Todd Phillips, ou à la série Euphoria de Sam Levinson, en plus soft.Lestrois parcours sont jouables simultanément pour permettre à une classe de 24 élèves de le réaliser en une heure.
Chaque groupe de huit élèves doit retracer tous les faits et gestes de la soirée de Nour et Sacha, collecter des indices et résoudre des énigmes. Il passe par cinq espaces : un bar, un salon et un skatepark – ces trois décors installés sous des grandes tentes de 5m sur 5 donnent la sensation que l’enquête se déroule la nuit en “créant une atmosphère sur mesure” explique Bruno Willemarck, le concepteur de Let Me Out qui tenait à créer “une expérience éducative immersive pour mieux glisser dans l’histoire”. Puisdeux espaces ludiques catalysent l’attention du groupe autour de modules d’activités collaboratives : un laboratoire et un local technique de la STUP – la société de transport urbain planétaire, un acronyme créé pour l’occasion.
“Les meufs, ça deale pas”
Le bar est conçu comme un espace ludique qui permet d’aborder les conduites à risque et les comportements protecteurs en soirée. La voix du propriétaire du bar accueille le groupe d’un ton bourru : « J’ai vu vos potes hier, bien bourrés, j’ai dû arrêter de les servir au bout d’un moment. (…) Je suppose que vous êtes là pour récupérer leur sac ? Je l’ai mis dans le coffre, vous pouvez le prendre ». Pour trouver le sac, le groupe doit chercher des indices dans le décor sur des affiches de sensibilisation et de prévention sur le port du préservatif, le consentement, le respect ou encore le code Angela – toute personne harcelée ou victime de violences peut se rendre dans les bars ou les commerces affichant l’autocollant « Demandez Angela » et dire « Où est Angela ? » pour être prise en charge.
L’espace du laboratoire se rapproche plutôt de la thématique des assuétudes. Un comédien joue le rôle du laborantin. Le groupe arrive avec le sac de Sacha : on y trouve une pomme, un journal de classe, de l’alcool et des petits récipients avec des cachets et de la poudre – qui laissent penser que ce sont des stupéfiants. Le groupe doit scanner les codes-barres des récipients, et aller chercher les effets recherchés et indésirables de chaque substance.
Cet espace permet aussi d’interroger les stéréotypes de genre. “Certains élèves sont persuadés que Sacha – un prénom délibérément non-genré –est un garçon, parce que selon eux, “les meufs, ça deale pas”” explique Valérie Lefèvre. Tandis que les filles supposent que Sacha est un garçon pour une autre raison, parce que “c’est plus dangereux pour des filles de sortir seules dans un bar”. En général, cette remarque fait réagir les garçons qui n’ont pas forcément conscience de ce sentiment d’insécurité et de la prudence qui s’impose à leurs comparses féminines.
Révéler l’effet de groupe
L’énigme du skatepark permet aussi d’aborder la différence entre un fait, une opinion et une rumeur, tandis que l’espace du salon vise à mettre en lumière l’influence des pairs et l’influence sociale, pour montrer comment l’individu résiste ou non à l’effet de groupe. Certains élèves ont pour consigne de se concentrer sur les énigmes, tandis que d’autres ont celle de jouer au jeu vidéo et de convaincre les autres de les rejoindre. Ces consignes contradictoires génèrent des tensions, les participants ne sachant pas qu’ils n’ont pas reçu la même, et que leur objectif est différent.
Enfin, le local technique de la STUP permet de retracer le chemin en métro de Nour et Sacha. Ce module travaille les compétences psychosociales collectives : la coordination, l’écoute, la communication, la prise de décisions, la demande d’aide, la gestion de la frustration. “On a eu droit à des disputes aussi bien chez les jeunes que chez les adultes lors des pré-tests, quand l’un d’eux voulait prendre le lead” s’amuse Valérie Lefèvre.
Tout au long du parcours, le groupe est d’ailleurs suivi par un Game Master qui note sur une grille d’observation et d’évaluation les compétences psychosociales que les jeunes ont activé.
Un debriefing ascendant qui part des jeunes
Le debriefing est un temps d’échange avec les jeunes sur base de leur vécu, leur expérience. Il s’appuie sur la grille d’observation créée pour l’Escape Game et un canevas avec des questions très ouvertes : Comment ça s’est passé pour vous ? Qu’est-ce qu’il s’est passé finalement entre Nour et Sacha ? Est-ce que vous avez appris des choses ? Comment a fonctionné votre équipe ? Est-ce que vous aimeriez recevoir des informations complémentaires ? Si oui, lesquelles ? Sur quel support (brochure…) ?
“Ça a été plus complexe à construire qu’un simple outil de sensibilisation, car on a construit autour d’eux pour libérer leur parole sur les représentations et valoriser leurs savoirs expérientiels” explique Fanny Céphale.
Des jeunes qui auront déjà consommé, vont ainsi se mettre en position de pair, et faire part de leurs connaissances. “Ben oui, Sacha a mélangé tel et tel produit, ça se fait pas, c’est super dangereux”. L’expression de leur savoir expérientiel va rendre le groupe un peu plus omniscient, et permettre aux animateurs d’apporter des compléments.
“On a trouvé que les jeunes sont empathiques, ils font plus attention à l’autre et sont plus communautaires que ce que l’on pensait. On peut leur faire confiance,” ajoute Valérie Lefèvre.
Encourager l’esprit de collaboration
Un professeur de 5ème technique sociale confirme après coup par écrit que ses élèves “ont apprécié la collaboration avec certains camarades qu’ils ne connaissaient pas forcément, ça a créé certaines synergies, affinités. Lors du debriefing à l’école, je les ai trouvés très enthousiastes, créatifs et entreprenants. Ils ont pris conscience de certains stéréotypes et/ou préjugés (drogues, médicaments, condition de la femme, éducation) ou de certaines croyances limitantes sur les sujets cités précédemment, l’importance de “bien collaborer et de transmettre des infos pour mieux communiquer et atteindre ensemble un but commun”.
Le fait de choisir une approche par les CPS, et d’utiliser les thématiques comme des portes d’entrée permet de mobiliser des acteurs généralistes directement en contact avec le public scolaire (PMS, PSE, AMO). Ceux-ci seront spécialement formés pour coanimer les phases de jeu et de débriefing avec les membres du groupe de travail lors de l’installation de B(l)ack Out à Anderlecht. Un guide d’animation leur sera destiné.
“Sur le terrain, les attentes sont fortes vis-à-vis de « B(l)ack Out », explique Fabienne Philippe. Notamment, car les directions d’école et les institutions de soutien à la jeunesse cherchaient “des outils capables de susciter l’intérêt des jeunes pour des sujets sérieux et délicats tels que les drogues et leurs usages, tout en restant engageants et éducatifs. « B(l)ack Out » intéresse aussi les PMS, PSE, et le secteur jeunesse (AMO, éducateurs de rue, …) pour sa capacité à faciliter l’engagement de leur public” ajoute-t-elle.
Le 21 mars, le projet a été présenté aux acteurs d’Anderlecht, Bruxelles et Saint-Gilles. En fin d’année, il le sera aux professionnel.les de toutes les communes bruxelloises, étant donné que l’Escape Game est conçu pour être nomade. Les cinq espaces, une fois démontés, tiennent dans deux camions et pourront sillonner la région pendant plusieurs années.
Contact :
Valérie Lefèvre, responsable de projets au CBPS et référente du Point d’appui milieu de vie des jeunes (EVRAS) : valerie.lefevre@cbps.be
Fanny Céphale, responsable de projets au CBPS et référente du Point d’appui en milieu de vie des jeunes (Assuétudes) : fanny.cephale@cbps.be
Avec BE cool@school, la Province de Liège, a mis en place une offre de services en milieu scolaire homogène, gratuite et déclinée par niveau d’enseignement. Elle s’adresse à la fois aux élèves, aux équipes éducatives et aux étudiants du secteur psycho-médico-social.
Valérie Mission est responsable du Pôle Promotion et Animations de la Province de Liège
Pour accompagner l’épanouissement des enfants et des jeunes, la Province de Liège a unifié ses offres sous le nom “BE cool@school”. Pour gagner en efficacité, cette campagne rassemble les dispositifs existants et s’est adaptée aux demandes et aux besoins émanant du milieu scolaire.
Cette décision est le fruit d’une réflexion collective qui s’est appuyée sur trois piliers :
– les principes de la promotion de la santé qui visent à augmenter les savoirs et savoir-être des élèves afin qu’ils soient davantage acteurs de leur santé ;
– la définition de la santé donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé : “un état de complet bien-être physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité” ;
– les principes du Conseil de l’Europe2. Celui-ci estime que le bien-être à l’école est primordial, les écoles ont un rôle essentiel à jouer pour aider les élèves à faire des choix de vie sains et à comprendre l’influence de leurs choix sur leur santé et leur bien-être.
L’enfance et l’adolescence sont en effet des périodes déterminantes pour le développement d’attitudes durables qui auront une incidence sur le bien-être personnel et les choix de vie. Les compétences sociales et émotionnelles (autrement nommées compétences psychosociales), ainsi que les connaissances et les comportements que les jeunes acquièrent en classe leur permettent de développer leur résilience et déterminent la façon dont ils géreront leur santé physique et mentale tout au long de leur vie.
Pour développer cette offre, le Département Santé et Social de la Province de Liège a réalisé une enquête en milieu scolaire afin d’adapter son offre de services aux écoles. En 2021, un questionnaire a été envoyé aux professionnel.les éducatifs (enseignant.es, PMS et PSE) des écoles maternelles et primaires, secondaires, supérieures et à l’Université de Liège.
Il s’agissait, à la fois de déterminer :
le degré de connaissance ainsi que la perception de l’utilité des services provinciaux du Département Santé et Social au sein de ces écoles ;
les besoins des écoles en province de Liège en termes d’interventions du Département Santé et Social dans les domaines relatifs à ses compétences.
Même si les résultats peuvent être tempérés par certains critères liés, par exemple, au contexte de la crise sanitaire ou à la période de l’année scolaire, l’enquête a permis d’identifier les besoins des établissements scolaires au niveau des thématiques à aborder par niveau d’enseignement mais aussi de déterminer les méthodes d’interventions les plus appropriées en fonction de l’âge des élèves et des étudiants.
La réflexion s’est poursuivie avec les trois Centres Locaux de Promotion de la Santé du territoire provincial. Sur base des résultats de l’enquête et de leur expérience sur le terrain, les services provinciaux ont abouti à une proposition de campagne touchant l’ensemble des niveaux d’enseignement. Pour mettre en œuvre cette campagne, toutes les ressources et les outils disponibles déjà créés au sein des différents services (Openado Prévention, Service Itinérant de Promotion de la Santé, Pôle Citoyens) ont été mutualisés.
C’est désormais le Pôle Promotion et Animations qui rassemble toutes les offres de services en milieu scolaire en une seule campagne claire et entièrement gratuite : BE cool@school.
Le trio éducatif « Enfant-Enseignant-Parents/Référents »
Concrètement, BE cool@school propose un large catalogue d’animations et d’actions gratuites aux écoles de tous les réseaux et niveaux d’enseignement confondus, y compris l’enseignement spécialisé.
L’approche de BE cool@school se veut globale et concerne le trio éducatif « Enfant-Enseignant-Parents/Référents », ce qui permet d’augmenter l’impact des actions. Ainsi, les élèves bénéficient d’animations au sein de leur classe, dispensées par le personnel du Pôle Promotion et Animations. Afin de rendre les séances plus vivantes, les animateurs utilisent des supports et des outils diversifiés et adaptés à chaque thématique pour prolonger les réflexions sur le long terme.
L’enseignant, quant à lui, est présent en classe lors des animations et reçoit par la suite des supports et outils. Il peut également bénéficier de formations aux outils et de séances de sensibilisation à certaines thématiques, ce qui permet de créer une continuité dans la sensibilisation tout au long de l’année.
Enfin, les parents sont sensibilisés via différents documents et notamment via une séance d’information et de sensibilisation sur les assuétudes pour les élèves du secondaire.
À l’issue des animations, les établissements maternels et/ou fondamentaux qui accueillent la campagne organisent une réunion de réflexion animée par les agents du Pôle Promotion et Animations. L’objectif de celle-ci est de déterminer les marges d’amélioration au sein de leur établissement scolaire au bénéfice de l’ensemble de leurs élèves.
Le bien-être à l’école des enfants de maternelle et de primaire
BE cool@school propose des activités ludiques et participatives pour encourager les enfants à développer leurs compétences socio-émotionnelles : l’estime de soi, la confiance en soi, l’image de soi, l’identification, l’expression et la gestion des émotions, l’empathie, ainsi que le bien-être physique et mental. Il existe trois cycles d’animations en fonction de l’âge des enfants.
Des dossiers pédagogiques complets, enrichis de fiches-outils sur le vivre-ensemble, les émotions, l’alimentation et l’activité physique sont distribués aux enseignants. L’objectif est de leur permettre de travailler les thématiques entre les séances mais aussi de renforcer leurs compétences pour qu’ils puissent réaliser ce type d’animations les années scolaires suivantes en toute autonomie s’ils le souhaitent.
Le renforcement des compétences psycho-sociales des enfants se fait par l’expérience vécue, le questionnement des représentations, les interactions, l’observation et l’imitation. Afin de tenter d’atteindre ses objectifs et parmi les critères d’efficacité de ce type de projet, nos animations sont réalisées en plusieurs séances et de manière régulière pour que celles-ci s’inscrivent dans le temps.
Pour les maternelles, 1ère et 2ème primaire : TipTop Start
TipTop Start pose la base d’un climat plus serein en classe, grâce à la découverte de soi et des autres. Ce cycle d’animations travaille principalement le développement des compétences socio-émotionnelles au travers d’outils, de mises en situation, de jeux de rôles en lien notamment avec l’alimentation et l’activité physique… qui permettent aux enfants d’expérimenter leurs compétences.
Un moment d’échanges sur ce que les enfants viennent de vivre permet ensuite de faire le lien et de contextualiser l’expérimentation vécue avec la « vraie » vie afin que les enfants adaptent leur comportement lors de prochaines situations de leur quotidien.
Pour les 3ème et 4ème primaire : TipTop Kids
TipTop Kids amène les enfants à améliorer leur bien-être physique, mental et social. Il permet d’aborder des thèmes comme :
MOI, la connaissance de soi : la confiance en soi, l’estime de soi ;
MOI, mes émotions, mes besoins : la gestion des émotions, l’écoute des besoins, l’écoute de son corps, le retour au calme ;
MOI et les autres : la communication, l’affirmation de soi, les stéréotypes et préjugés, l’empathie ainsi que la gestion non violente des conflits ;
MOI et mon alimentation : les groupes alimentaires, la composition des repas, la publicité ;
MOI, je bouge : l’activité physique, la sédentarité, les aptitudes physiques ;
NOUS, on agit ensemble : la solidarité et l’entraide.
Les nouvelles technologies sont utilisées dans le cadre de la première animation (une matinée) via une application sur tablette « TipTop et les fourberies de Gluton » pour augmenter l’implication et l’intérêt des élèves. La seconde (deux périodes de cours) se focalise sur une seule de ces thématiques au choix de l’enseignant.
Un nouveau projet pour les 5ème et 6ème primaire, #TipTop
Ce cycle d’animations a pour objectif de sensibiliser les enfants à l’éducation aux médias et à la prévention du harcèlement. Les nombreux thèmes abordés par #TipTop ont pour but de renforcer les compétences relationnelles et personnelles des jeunes, utiles pour une bonne gestion des médias et pour la dynamique de groupe (liberté d’expression, droit à l’image, construction identitaire, cyberharcèlement, esprit critique, empathie…).
Pour les élèves du secondaire, focus sur la sensibilisation aux assuétudes
Dans les classes du secondaire, BE cool@school cible les assuétudes : principalement l’alcool, le tabac et le cannabis3. Cette thématique nous semble pertinente notamment au regard de la dernière enquête HSBC « Comportements, bien-être et santé des élèves » menée par le Sipes auprès des élèves scolarisés de la 5e primaire à la fin du secondaire en Belgique francophone :
près de la moitié des 13-15 ans ont déjà consommé de l’alcool et près d’un élève sur cinq de cet âge a déjà été ivre. La consommation d’alcool se généralise et s’intensifie avec l’âge ;
environ un élève sur cinq âgé de 10 ans et plus, scolarisé dans l’enseignement primaire ou secondaire en FWB, a déjà expérimenté le tabac sous forme de cigarettes ;
plus d’un quart (27,1 %) des jeunes scolarisés dans l’enseignement secondaire à partir de la 3e année en Fédération Wallonie-Bruxelles ont déclaré avoir déjà consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie, 20,4 % au cours des 12 derniers mois et 12,3 % au cours des 30 derniers jours. La consommation régulière de cannabis augmente avec l’âge.
Regroupées au sein de l’animation « Les assuétudes… t’en penses quoi ? », les séances proposées sont adaptables en fonction de l’âge des élèves et des souhaits de la direction. Par exemple, d’autres produits peuvent être abordés en fonction de leur réalité de terrain. Pour aller plus loin, cette animation a également été déclinée afin de s’adresser aux équipes éducatives et aux parents/référents via une séance unique.
Accompagner les équipes éducatives
Parce que la sensibilisation et la prévention ne se limitent pas à quelques périodes de cours, et parce qu’il est important d’autonomiser les écoles, les animateurs BE cool@school organisent des séances de sensibilisation pour les enseignants, les futurs enseignants et les acteurs du secteur de l’éducation et de la jeunesse et dispensent également des formations aux outils provinciaux :
Situ’action : outil de prévention du harcèlement scolaire ;
Le genre en question : outil portant sur l’égalité homme/femme ainsi que sur les stéréotypes et préjugés en lien.
Former les futurs professionnels du secteur
Il est primordial de soutenir et d’armer les futurs professionnels du secteur psycho-médico-social qui accompagneront à leur tour les jeunes dans leur parcours de vie. Aussi, BE cool@school contient également une offre spécifique de services intitulée « Futurs professionnels : Outils-et-vous ».
Celle-ci se décline en séances de sensibilisation et de partage d’expériences sur la prévention du harcèlement scolaire, la Réduction des Risques en milieu festif ainsi que le développement des compétences socio-émotionnelles. Mieux préparés, ces futurs professionnels seront plus à même de faire face aux situations problématiques auxquelles ils pourraient être confrontés.
BE cool@school : un outil au long cours
Proposé aux écoles sur base de demandes depuis l’année scolaire 2022-2023, BE cool@school est en constante évolution grâce aux évaluations réalisées tout au long de l’année. Les avis des élèves, des enseignants et de l’établissement scolaire sont recueillis afin d’adapter et d’améliorer les actions pour être toujours au plus proche des besoins et des attentes. Ainsi, un questionnaire d’évaluation est distribué au terme de chaque action. En outre, l’équipe provinciale revient également vers les enseignants de la maternelle et du primaire en fin d’année scolaire afin d’analyser l’utilisation du dossier pédagogique et les effets à moyen terme de la campagne. L’analyse de ces évaluations se fait en continu pour améliorer cet outil au long cours.
Contact : Pôle Promotion et Animations de la Province de Liège, Rue Saint-Laurent, 79 – 4000 Liège – tel 04/ 279 20 00, mail : becool@provincedeliege.be. Retrouvez plus d’informations sur le site dédié : www.provincedeliege.be/fr/becool
L’asbl I.Care va outiller les détenus, l’administration pénitentiaire et le personnel soignant pour tenter d’atteindre l’objectif fixé par l’OMS : éradiquer l’Hépatite C d’ici 2030. Initialement destinés à la prison, l’affiche, les fiches et les flyers, conçus avec des détenus et disponibles en 17 langues, pourront être utilisées hors du milieu carcéral.
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“L’hépatite C aujourd’hui, on en guérit !”, annonce un grand poster aux tons bleu ciel qui sera bientôt affiché dans les couloirs des services médicaux des prisons belges. Un pari complexe, car la Belgique compte 12 000 personnes détenues, parmi lesquels 4 à 5 % seraient probablement porteuses du virus de l’Hépatite C (VHC). Cette maladie, qui provoque une inflammation et une fibrose du foie, est potentiellement mortelle.
En 2023, l’Asbl I.Care, qui mène des actions de promotion de la santé en détention, a accompagné la création d’un outil dédié, désormais téléchargeable en ligne, pour sensibiliser le personnel soignant, les surveillants et les personnes détenues à la problématique.
« L’idée de cette campagne de sensibilisation est de transmettre un message positif en prison : le dépistage de l’hépatite C est possible, un traitement existe, il se prend sous forme de comprimé et il provoque très peu d’effets secondaires par rapport aux anciens traitements », explique Rachelle Rousseaux chargée de mission chez I.Care.
Au départ, un appel à projet en littératie en santé
Un appel à projet de la fondation Roi Baudouin sur la littératie en santé organisationnelle est à la genèse du projet baptisé “Translation”. Au démarrage, à l’été 2022, le projet est d’abord envisagé d’un point de vue global avant de se recentrer sur le champ médical pour répondre aux besoins identifiés par la direction générale des établissements pénitentiaires sur le VHC.
« J’ai commencé par faire une première analyse des besoins en santé à la prison de Lantin, en collectant des données par le biais de journées d’observation, d’interviews avec les détenus sur l’accès aux soins et de questionnaires aux agents et aux membres du personnel médico-psycho-social. Quand la rencontre avec l’infirmière-cheffe a été déterminante », relate Rachelle Rousseaux.
La soignante fait part à I.Care de l’injonction de l’OMS, qui somme les Etats d’éradiquer l’hépatite C d’ici 2030. Comme la population carcérale fait partie des groupes-cibles pour atteindre cet objectif, les prisons doivent donc être plus proactives et lancer un dépistage massif. L’administration imagine faire de la centrale de Lantin, une prison-pilote, d’autant que l’établissement dispose d’une polyclinique au sein de laquelle exerce un hépatologue, référent pour toute les prisons de Wallonie. Le service médical a fait une tentative en lançant une première campagne de dépistage du VHC au sein de la maison de peine, mais elle n’a pas marché aussi bien que souhaité. La moitié des détenus ont refusé de se rendre en consultation ou de se soumettre à une prise de sang.
Apaiser la défiance
I.Care se lance alors dans l’analyse des freins pour identifier les éventuels besoins de littératie en santé organisationnelle. Les raisons s’avèrent multiples. Sur la méthode d’abord, le flyer a été glissé sous la porte de la cellule, en français uniquement, laissant dans l’incompréhension les détenus allophones. Le contexte carcéral génère aussi des comportements de rejet ou de désaffection. Certains détenus critiquent le fait que les soins de santé soient financés par le ministère justice, ce qui les fait douter de l’indépendance du service médical quant à la confidentialité de leurs données de santé. D’autres se révèlent très sensibles à des théories complotistes.
Plus généralement, les craintes sont nombreuses, qu’elles soient basiques – liée à la peur de la piqûre, ou plus complexes : comme le fait d’être confronté à un diagnostic de maladie infectieuse, alors que le détenu est loin de ses proches et sans soutien social. Beaucoup expriment aussi leur peur d’être stigmatisé si le résultat de la prise de sang s’avère positif, sachant que les modes de transmission les plus connus sont le fait d’avoir des relations homosexuelles non protégées et de consommer des psychotropes.
Quoiqu’il en soit, I.Care constate que les connaissances sur la maladie, les méthodes de dépistage et les traitements sont peu connus. Or l’asbl sait qu’elle peut s’appuyer sur deux avancées médicales majeures : les méthodes de dépistage sont beaucoup moins invasives qu’avant et les nouveaux traitements sont compatibles avec la consommation régulière d’alcool ou de drogue, présents en prison.
Favoriser la participation
Associer les bénéficiaires au sein de focus group n’a pas été possible, notamment pour des raisons de logistique carcérale.Pour valider chaque étape de la construction des outils de sensibilisation, un comité d’accompagnement réunissait toutefois des membres de la direction de l’établissement, de la direction des services pénitentiaires, et des services de la santé, Cultures&Santé et un représentant de l’asbl Macadam spécialisée sur l’usage des drogues.
I.Care a esquissé les outils, et a tout de même pu les tester à différents stades d’élaboration – auprès des détenu.es de Lantin, de Marche-en-Famenne, puis d’Haren, auprès de femmes et d’hommes. Au cours de ce processus, I.Care a fait appel à des graphistes de l’association française “The Ink Link” qui met la bande dessinée au service de projets santé et sociaux.
L’affiche annonçait initialement : “L’hépatite C, on a le droit d’en guérir ”. Mais la formule a fait réagir les détenu.es. “Le protocole garantit seulement l’accès aux soins pour les détenus condamnés qui ont vocation à rester dans la prison au moins trois mois, – la durée complète du traitement. Par ailleurs, ceux qui sont en détention préventive pourraient être dépistés, mais ils n’auraient pas accès au traitement antiviral”, explique Marion Guémas, coordinatrice du plaidoyer et de la recherche chez I.Care. La formule a donc été modifiée. “L’hépatite C aujourd’hui on en guérit !” pour ne pas créer de déception chez ceux qui sont en détention préventive.
Le poster décliné avec un protagoniste masculin pour les quartiers hommes et féminin pour les quartiers femmes – présente à l’aide de quatre vignettes dessinée – sans texte – tout le processus de prise en charge : les signes de la maladie (les douleurs au foie), la prise de sang, la prescription du médecin et le traitement sous forme de comprimé.
Les détenu.es ont pu faire part de leurs appréciations sur les couleurs, de leurs incompréhensions sur la posture de certains personnages en fonction de leur niveau de littératie et faire des propositions d’aménagement. Les contenus ont été adaptés pour éviter d’être trop marqués « carcéral » ou de stigmatiser certains groupes en particulier.
Une fiche complémentaire détaille la conduite à tenir pour éviter les transmissions (utiliser du matériel d’hygiène et de consommation propre – par exemple pour la brosse à dent ou les seringues -, avoir des relations sexuelles protégées). Elle sera disponible en 17 langues car plusieurs membres du personnel soignant ont fait part des difficultés qu’ils rencontrent lorsqu’ils veulent interagir avec des détenus allophones. Leur seule option est souvent d’utiliser Google traduction, ce qui laisse le champ à de nombreux contre-sens et insatisfactions de part et d’autre.
Améliorer la continuité des soins même après la libération
Un livret pour le personnel soignant rappelle aussi de manière accessible le protocole de prise en charge de la maladie : de la prévention à la mise sous traitement et fait état des évolutions technologiques et thérapeutiques de ces dernières années par rapport aux méthodes de dépistage et aux traitements. L’asbl réfléchit également à réaliser une déclinaison de l’outil pour les agents de surveillance pénitentiaire, qui en ont exprimé le besoin.
I.Care a aussi mis au point un flyer d’information spécifique à la sortie de prison – qui sera différent pour chaque région belge. Téléchargeable et disponible en plusieurs langues, il mentionne les structures assurant le suivi des soins et l’accompagnement psycho-social hors détention. Les adresses et les numéros de téléphone seront actualisés au fil du temps.
Une fiche de suivi permettra enfin aux personnes de garder une trace de leurs résultats d’examens et des soins réalisés pendant l’incarcération et d’inscrire leur rendez-vous de suivi. “L’idée est de remédier aux problèmes d’errance post-diagnostic et la déperdition des informations, car il n’existe pas de procédure pour transmettre le dossier médical de la personne détenue aux services de santé extérieurs. Elles doivent penser à demander une copie au moment de leur sortie de prison, ce qui n’est pas toujours aisé. Si on ne les accompagne pas, la santé n’est pas toujours la préoccupation principale à la sortie”, explique Rachelle Rousseaux.
“La prison n’est pas un lieu de soin, mais c’est un lieu d’opportunité de soin et d’accompagnement”, conclut Marion Guémas. L’outil sera utilisé dans la prison de Lantin où le projet s’est déroulé. I.Care espère ensuite une diffusion à plus grande échelle, dans d’autres prisons de Belgique mais également auprès d’associations qui accompagnent des personnes usagères de drogue ou précaires sur tout le territoire.
Grâce à de nouveaux financements de l’AVIQ, I.Care va poursuivre le projet Translation en 2024 et explorer la possibilité de développer de nouveaux qui répondent aux enjeux de littératie en santé, en lien avec le VHC ou non.
La mobilisation du Réseau Hépatite C de Bruxelles contre les discriminations entre les détenus condamnés et les prévenus : lire leur communiqué de presse.
A propos d’I.Care :
L’asbl I.Care met en œuvre des projets directement auprès des personnes détenues, et mène en parallèle des activités de plaidoyer dans l’espoir d’obtenir des changements structurels au bénéfice de l’ensemble des personnes détenues.
I.Care travaille dans une logique de promotion de la santé. L’Asbl est financée en tant que tel par la COCOF et la région wallonne, et bénéficie également d’un financement du SPF Santé publique dans le cadre de projets pilotes Drogues et détention – développés dans le cadre du transfert de la compétence des soins de santé en prison de la Justice à la Santé publique.
I.Care est aussi financé.es à Bruxelles depuis 2018 (historiquement dans la prison de Saint-Gilles et désormais à Haren) et depuis l’été 2023 à Jamioulx (Charleroi). Dans le Plan de Promotion de la Santé bruxellois (2018-2022), le milieu carcéral était indiqué comme un des milieux prioritaires dans les milieux de vie spécifiques, ce n’est plus le cas dans le plan 2023-2028.
Compact, accessible et ludique. Cultures&Santé a développé un outil de décryptage du fonctionnement des mutualités qui tient dans une fine boîte en carton de format A4. Fin septembre, une première matinée de formation a permis à des professionnels du social et de la santé de découvrir ce kit conçu avec l’aide d’usagers de l’asbl Caria. Entretien avec Roxane Combelles, Maïté Cuvelier et Jeanne Dupuis de Cultures&Santé.
Education Santé : Comment se présente ce nouvel outil ?
Maïté Cuvelier, coordinatrice équipe promotion santé : Tout l’enjeu était qu’il soit didactique et accessible. Il comporte deux cahiers et des supports d’animation. Un premier cahier d’accompagnement de 37 pages propose des repères théoriques sur le fonctionnement et les missions des mutualités. Il précise aussi des concepts annexes, comme le système de conventionnement ou le statut Bénéficiaire d’intervention majorée (BIM), car on a remarqué qu’il y avait de gros besoins sur le terrain. Ce fascicule contient également un glossaire composé avec le groupe d’usagers qui a travaillé avec nous. Ensuite vient le guide d’animation de 40 pages divisé en quatre parties et neuf pistes d’animation. Il propose différents supports : des cartes de jeux de rôle et des cartes pictogrammes pour les avantages et services, une affiche sur le fonctionnement des mutualités, ou encore des formulaires-type.
Qu’est-ce qui a poussé Cultures&Santé à s’emparer du sujet des mutualités ?
Maïté Cuvelier : Nous avions cette thématique en tête depuis une dizaine d’années, conscients qu’elle correspondait à de réels besoins à la fois en cohésion sociale, car nous constatons que le taux de non-recours à certains droits et avantages est très important. Et aussi en éducation permanente, car nous faisons le choix de décrypter des systèmes avec un regard critique. Par ailleurs, lors de nos actions de promotion de la santé, et notamment en matière de littératie en santé, on constatait de réels questionnements des professionnel·les en matière d’accès à l’information sur les mutualités pour les citoyen·nes.
Roxane Combelles, coordinatrice éducation permanente : Puisque le sujet des mutualités est vaste et complexe, nous avons d’abord travaillé sur l’historique de ce système en rappelant que l’entraide et la solidarité sont à l’origine de la création des caisses de secours mutuel, l’ancêtre des mutualités. Nous avons fait tout un travail de documentation et d’archive pour développer dix cartes illustrées retraçant l’évolution des mutualités en Belgique. Cet outil permet de réaliser une ligne du temps et de réfléchir aux obstacles actuels auxquels les mutualités font face et les améliorations souhaitables pour les rendre accessibles à tout le monde. Il est sorti en octobre 2022 et aussi disponible sur demande auprès de notre centre de documentation.
À quel(s) moment(s) avez-vous travaillé avec les mutualités ?
Jeanne Dupuis, chargé de projet Promotion santé : A plusieurs étapes, lors de nos recherches sur le fonctionnement des mutualités avec un étayage théorique tout au long du processus. Puis nous avons confronté nos étapes de travail sur l’affiche, la sélection et la priorisation des explications relatives au fonctionnement… et enfin pour relire le guide d’accompagnement avant publication.
Pourquoi avoir choisi de co-construire l’outil avec les utilisateurs de l’ASBL Caria, une maison de quartier des Marolles ?
Jeanne Dupuis : L’idée de notre processus de création est de co-construire au maximum avec les utilisateurs pour comprendre quels sont leurs besoins lorsqu’ils veulent faire valoir leurs droits et pour apporter des réponses appropriées. Nous avons réalisé huit ateliers, à raison d’un atelier tous les quinze jours. Entre chaque séance, l’animatrice du Caria reparcourait avec le groupe ce que nous avions vu la séance précédente. Ce long processus a permis l’appropriation du sujet et le développement de compétences nécessaires pour interagir avec sa mutualité.
Au cours de la première séance, la plupart des participants ne savaient pas à quelle mutualité ils étaient affiliés. C’est leur conjoint ou un membre de la famille qui s’en occupait. Au fur et à mesure, ils ont découvert que les mutuelles faisaient beaucoup plus que de se contenter de rembourser les soins de santé. Qu’elles étaient issues d’un combat social, qu’elles avaient un rôle de représentation des patients, des services sociaux et juridiques accessibles à tous.
Ensemble, nous avons créé des points de repères pour qu’ils puissent faire la distinction entre public ou privé, car les usager·es voient essentiellement la concurrence entre mutualités.
Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les affiliés dans leur rapport à leur mutualité ?
Roxane Combelles : On a démarré le projet en recueillant les besoins au sein de plusieurs groupes d’adultes dans différentes filières (insertion socio-professionnelle, apprentissage de la langue française…). Il s’est avéré qu’il y a des difficultés dans l’accès aux informations concernant les mutualités ce qui amène à du non-recours aux droits et aux avantages de ce système. Pour déjouer la complexité du système, de nombreuses informations circulent de bouche à oreille : “Ah, cette prime-là, normalement je peux l’avoir car ma voisine l’a eue quand elle a accouché”. En effet, les brochures et les sites sont parfois tellement obscurs qu’il est difficile de s’y retrouver, et pour tout le monde, pas seulement pour des personnes qui ne maîtriseraient pas la langue française. C’est donc l’entraide, informelle, qui permet d’utiliser les services des mutuelles. La personne qui maîtrise un peu mieux le français, fait les papiers pour son entourage ou le voisinage.
Qu’est-ce qui vous a surpris au cours du processus ?
Jeanne Dupuis : Les participants exerçaient leur esprit critique avec humour en nous faisant remarquer qu’il était toujours très simple de comprendre une facture de leur mutuelle. “C’est écrit en gros, avec un QR Code à flasher bien au centre – c’est très clair”. En revanche, pour se faire rembourser des frais liés à l’assurance complémentaire, qui nécessite des démarches proactives, ce n’est pas du tout facile. “Pour le sport, je remplis une partie du formulaire moi-même, mais l’association sportive doit remplir l’autre partie, il faut avoir un cachet, entrer dans les bonnes dates”. Ils estiment à raison que cela pourrait être facilité.
Ils nous ont aidé à scénariser des jeux de rôles avec des situations issues de leur expérience : Hanna, une femme enceinte qui cherche à obtenir le statut BIM, Joseph, une personne âgée qui a mal partout et qui a besoin de séances de kiné.
Quel a été l’effet de ces ateliers sur le groupe ?
Jeanne Dupuis : On a senti une grosse satisfaction des apprenants dès lors qu’ils réussissaient à s’y retrouver dans le vocabulaire particulier des mutuelles : tarif, honoraires, tiers payant, DMG, alors qu’ils ne maîtrisent pas forcément bien l’écrit. On a aussi identifié toutes les aides conditionnées. Par exemple, qu’il faut aller chez le dentiste une fois par an pour être certain d’être remboursé. Très vite, on a pris garde à ce que notre outil analyse le fonctionnement global d’une mutualité-type et ne devienne pas un outil de comparaison entre mutualités.
Au fil des ateliers, les participants ont acquis la conviction qu’une mutualité doit répondre à leurs besoins propres. Certains auront besoin de pouvoir téléphoner ou de se rendre à un guichet, d’autres ont besoin d’offres de remboursements spécifiques. Cela a permis d’élargir leur horizon pour sortir du comparatif autour du prix de la cotisation.
Quels sont les destinataires de l’outil ?
Roxane Combelles : Cet outil s’adresse aux professionnels et volontaires intervenant dans le domaine de la santé (promotion de la santé, prévention, soins), de l’éducation (éducation permanente/populaire, alphabétisation, apprentissage du français, enseignement…), du social et du médico-social, de la formation professionnelle ainsi qu’aux citoyen·nes, patient·es, habitant·es, apprenant·es avec lesquel·les elles ou ils travaillent. C’est primordial, parce que les compétences acquises sur ces sujets sont utiles dans d’autres contextes et domaines et pour le recours aux droits sociaux et de santé.
Comment l’outil sera-t-il diffusé auprès des professionnels ?
Maïté Cuvelier : Nous avons animé un premier atelier découverte fin septembre avec une quinzaine de participants venus de Bruxelles et de Wallonie pour leur permettre d’expérimenter les pistes d’animation, de manipuler les supports qui leur laisseront beaucoup de liberté et de souplesse dans l’animation pour s’adapter au rythme de leur groupe. Les premiers retours sont très positifs. Les personnes présentes venaient de secteurs variés : cohésion sociale, lieux d’apprentissage du français, accueil des personnes exilées, mutualités. Ces ateliers seront organisés régulièrement tout au long de l’année à Bruxelles et en Wallonie, à la demande également. Le kit, quant à lui, est disponible gratuitement et sous conditions, sur demande auprès de notre centre de documentation.
A noter :
Cultures&Santé continue dans sa lancée sur la production d’outils « système » et proposera en décembre 2023, une affiche et un guide théorique et d’animation sur la sécurité sociale réactualisé.
L’outil “Animer sur les mutualités” se décline en deux kits.
– Un guide d’accompagnement proposant des repères théoriques et d’un glossaire
– Un guide d’animation divisé en 4 grandes parties et proposant 9 séances d’animations
– Une affiche illustrant le financement et le fonctionnement des mutualités
– 33 cartes illustrées « Avantages et remboursements »
– 15 cartes illustrées « Démarches et procédures »
– 7 cartes illustrées « Situations de vie »
Des supports annexes sont également disponibles en téléchargement sur le site de Cultures&Santé : une définition à reconstituer, des vignettes d’histoires fictives, un formulaire-type, une facture-type (version participant·e et une version animateur·trice), des cartes de jeux de rôle.
Cet outil met à la disposition des professionnel·le·s (travaillant avec des enfants de 6 à 12 ans, dans un cadre scolaire, parascolaire ou extra-scolaire) une série de séquences ludiques et pédagogiques permettant de découvrir ce que sont la discrimination, les stéréotypes corporels et comment apporter du changement au cœur de situations de discrimination.
Il a été pensé pour pouvoir accompagner un même groupe d’enfants tout au long d’un trimestre ou d’une année scolaire (selon le rythme auquel les activités proposées seront menées).
En effet, une utilisation régulière de l’outil permettra de progresser dans la maitrise des outils de repérage, d’analyse et de changement des situations de discrimination ainsi que dans le travail de déconstruction de certains stéréotypes et l’acceptation de la différence corporelle, qu’il s’agisse de la sienne ou de celle de l’Autre.
L’outil propose de réaliser un parcours pouvant comprendre, selon les objectifs de la personne menant les animations et le temps dont elle dispose, de 3 à 23 activités pédagogiques distinctes.
L’avis de PIPSa (www.pipsa.be)
Appréciation globale
Cet outil pédagogique entièrement téléchargeable permet de mettre en place un projet d’année/d’école autour de thématiques pertinentes dans les groupes d’enfants, particulièrement en milieu multiculturel. Conçu pour le rythme scolaire et faisant le lien avec les compétences pédagogiques, il fournit à l’enseignant (et particulièrement les débutants) un matériel complet, « clé sur porte », particulièrement adapté aux enfants et au contexte scolaire.
Des contenus sourcés, des thématiques pertinentes et actuelles (qui font sens à l’école), des activités testées et adaptées au public selon l’âge ; tout est en place pour faciliter l’utilisation de l’outil. Quelle que soit la thématique (module), c’est une même méthodologie qui est appliquée, facilitant les apprentissages des enfants et l’utilisation par l’enseignant. Celui-ci devra toutefois consacrer un temps important pour s’approprier l’outil, vu son contenu très dense et riche (mais le processus est reproductible avec un autre groupe d’enfants, année après année). Les explications sont claires, l’ensemble bien structuré et soutenu par un graphisme facilitant le repérage interne et la fluidité de lecture.
Les animations mettent les enfants au travail, par des activités diversifiées, faciles à mettre en place, et sont suivies d’une mise en perspective pédagogique. Les nombreuses questions ouvertes de debriefing demandent des capacités à susciter la parole dans le groupe. Les recommandations à l’utilisateur (et notamment celles relatives à ses propres stéréotypes) sont issues des pré-tests de l’outil.
Un outil pour apprendre à nommer les émotions (nécessaire pour le débriefing) sera peut-être utile en complémentarité.
Objectifs
Prendre conscience de ses représentations relatives aux stéréotypes et discriminations
Comprendre comment se construisent les stéréotypes/discriminations
Favoriser une analyse critique en prenant position de manière argumentée
Développer ses compétences pour enrayer la discrimination au quotidien et favoriser le changement
Public cible
6 à 12 ans
Utilisation conseillée
Inscrire l’outil dans un temps scolaire long, en faire un projet d’année pour permettre les apprentissages
Prendre le temps de lire et s’approprier les nombreux supports
Émilie Gleason et Arthur Croque se sont donné pour mission de révéler une problématique appelée « addiction à la malbouffe ». L’idée est que la nourriture peut être une drogue pour certaines personnes. Dans cette BD-enquête, didactique et militante, aux personnages grotesques et flashy, les auteurs nous emmènent à la rencontre des victimes de cette « addiction », des hommes et des femmes dévorés par leur relation à l’alimentation.
Tout est parti pour Émilie Gleason d’un choc lorsque le mari de sa cousine, mexicain, ajoute deux cuillères de sucre dans son Coca. Il nait chez la dessinatrice une envie insatiable d’en apprendre davantage sur les effets addictifs de cette substance et de révéler ceux-ci au grand public. Elle est rejointe dans son projet par Arthur Croque, journaliste, pour mener l’enquête. Au fil de leurs recherches et de leurs rencontres, le projet s’oriente autour d’une organisation encore peu connue en Europe les « Food addicts ».
Un recueil coloré de témoignages acidulés
L’histoire commence avec Zazou, une jeune femme de 19 ans à l’allure rebelle, sur le point de participer à sa première réunion des « Food Addicts ».
Après avoir vu le récit d’expériences menées par Paul Kenny, expert en drogues irlandais, sur l’addiction des rats pour la junk food (et particulièrement le cheese-cake et sa combinaison de sucre et de gras), Zazou remplit le questionnaire de l’organisation sur les troubles du comportement alimentaire : elle répond oui à toutes les questions.
Scandalisée par son résultat, elle fait la rencontre de Bambi, une motarde membre des Food Addicts qui tente de la convaincre d’assister à une réunion. Zazou finit, non sans réticence, par accepter. Accompagnée par Bambi qui devient sa « marraine », Zazou va découvrir la dure réalité des membres de ce groupe, réuni à la manière des alcooliques anonymes.
Les témoignages vont s’enchaîner :
Winnie : « Food Addict » depuis l’enfance après avoir goûté une barre de « Crunch » et qui va plonger dans une alternance de régimes drastiques – soutenus par toutes les drogues possibles – et de moments de « binge » jusqu’à sa grossesse où ne se succèderont plus que des moments de « binge » ;
Iago : au corps de rêve adulé sur Instagram, mangeant jusqu’à exploser puis se faisant vomir et se perdant dans une frénésie de sports ;
Clochette : à la fois « Food Addict » et « Sex Addict », gobant aussi bien les mecs que les biscuits d’apéro ;
…
Différents personnages, qui illustrent tous, selon les auteurs, un aspect de l’addiction à l’alimentation.
L’addiction à la malbouffe
Par ces témoignages, la BD dénonce l’existence d’une « addiction à l’alimentation » en pointant du doigt les drogues toujours plus grasses et sucrées produites en masse par l’industrie agroalimentaire. Elle explique que si un Food Addict peut dans l’absolu dévorer n’importe quoi, les produits qui vont l’obséder seront toujours les mêmes : « les aliments très caloriques, à consistance onctueuse ou croustillante, qui combinent gras, sel, sucre et activent fortement le circuit de la récompense » [1].
Elle précise également que, tout comme pour l’alcool, certains pourront consommer un burger ou une pizza de temps en temps, alors que pour d’autres cela deviendra une « véritable addiction ». La postface précise que 5 à 10 % de la population pourrait être atteinte de « food addiction ».
Bien qu’intéressante pour accroitre la visibilité de problématiques bien réelles, les explications apportées par la BD posent question.
Dans la littérature scientifique, c’est en 1956 que le terme « food addiction » (addiction alimentaire) apparaît pour la première fois (Randolph, 1956). Cependant, aujourd’hui encore, la nature de « l’addiction alimentaire » demeure un sujet controversé qui divise les experts et nécessite des études supplémentaires.
Pour certains chercheurs, la nourriture hautement « palatable », contenant une grande quantité de sucre, de sel et de gras, aurait des propriétés addictives et agirait de la même façon qu’une drogue au niveau du cerveau (Avena, Rada & Hoebel, 2009 ; Meule & Gearhardt, 2014).
Certaines études semblent en effet aller dans ce sens.
Des études menées auprès de rats ont observé que les animaux à qui on donnait accès à de la nourriture sucrée, à la suite d’une période de privation, montraient des symptômes s’apparentant à ceux de la dépendance aux substances (Avena, Rada & Hoebel, 2008).
Les rats pouvaient consommer une très grande quantité de nourriture en très peu de temps, et ce, malgré des décharges électriques (Avena et al., 2008 ; Gearhardt, White & N Potenza, 2011 ; Johnson & Kenny, 2010). En plus de ces changements comportementaux, les chercheurs ont observé chez ces rats des altérations neurologiques au niveau de circuits impliqués dans la dépendance aux substances (Hoebel, Rada, Mark & Pothos, 1999 ; Nieto, Wilson, Cupo, Roques & Noble, 2002).
Un questionnaire a d’ailleurs été développé en 2009, le « Yale Food Addiction Scale » (YFAS), afin d’identifier les individus présentant des symptômes d’addiction à l’alimentation (Gearhardt, Corbin & Brownell, 2009). Inspiré des critères diagnostiques de dépendance aux substances du DSM-IV-TR (American Psychiatric Association, 2000), il vise à décrire les difficultés cliniques que rencontrent certaines personnes dans leur relation à l’alimentation : la perte de contrôle sur la consommation alimentaire, une incapacité à réduire leur consommation malgré le désir de le faire ou encore la poursuite de comportements malgré la connaissance des effets négatifs de cette consommation alimentaire sur leur santé. Par conception, le YFAS suggère donc que la définition de l’addiction alimentaire serait constituée de symptômes approximativement équivalents aux symptômes d’une dépendance aux substances, mais appliqué à la nourriture.
Toutefois, comme expliqué plus tôt, cette théorie ne repose que sur le modèle animal. À ce jour, aucune étude n’a pu évaluer ce potentiel addictif sur les êtres humains ; ni dans quelle mesure celui-ci pourrait avoir un impact réel sur les comportements alimentaires.
De nombreux chercheurs et experts se sont donc opposés à l’idée de l’existence d’une addiction alimentaire analogue à l’addiction aux drogues (Albayrak, Wölfle & Hebebrand, 2012 ; Hebebranda et al., 2015 ; Wilson, 2010 ; Nolan, 2017) et proposent plutôt de classer l’addiction alimentaire dans la catégorie des dépendances comportementales, qui ne seraient pas causées par une substance psychoactive (Rosenberg & Feder, 2014).
Jean-Philippe Zermati et Gérard Apfeldorfer deux spécialistes français du comportement alimentaire expliquent : « aucun aliment ne répond aux critères définissant une substance addictive ». D’une part, « il n’existe pas de tolérance, ce qui veut dire que la personne qui aime le chocolat n’est pas conduite à augmenter les doses indéfiniment pour obtenir le même plaisir, comme c’est le cas pour l’héroïne, par exemple ». D’autre part, « Il n’y a pas non plus de syndrome de sevrage quand on cesse de boire du Coca ou de manger des hamburgers-frites ». Le seul élément commun avec les produits addictifs serait donc « la focalisation sur la consommation : certaines personnes sacrifient leurs autres activités à la recherche et la consommation de certains aliments ».
Sur ce point, ils pointent du doigt la restriction cognitive. C’est le « fait de contrôler mentalement son comportement alimentaire en vue de contrôler son poids qui serait, en réalité, ce qui conduit à cette focalisation. » Par ailleurs, ils précisent que « certaines conduites alimentaires correspondent à ce qu’on appelle des addictions comportementales. Ces conduites répétitives, comme le jeu pathologique, le travail compulsif, certaines conduites à risque, ont comme finalité de protéger la personne de ses émotions et de ses pensées douloureuses ».
Qui dit « addiction » dit « abstinence »?
Pour surmonter sa dépendance, Zazou rejoint les Food Addicts. Un groupe de parole à caractère religieux qui, à la manière des Alcooliques anonymes, prône l’abstinence. Pour l’alimentation, l’abstinence se définit comme « des repas pesés, sans farine ni sucre, sans rien entre les repas et le moindre excès ».
Cette association existe réellement. Créée aux États-Unis, elle propose un programme en douze étapes contre la malbouffe en s’inspirant du modèle des Alcooliques anonymes. L’association s’est exportée dans différents pays, mais pas en Belgique.
Dans leur BD, les auteurs ont à cœur de souligner la culpabilité des industries agroalimentaires qui œuvrent à rendre les produits alimentaires toujours plus addictifs en ciblant l’atteinte du « point de félicité », mélange de sucre, gras et sel destiné à rendre accro le cerveau, et encouragent l’adoption de mesures politiques règlementaires fortes. Toutefois, la solution présentée dans l’histoire repose sur le soutien des pairs, mais surtout un contrôle alimentaire extrême.
Au vu de la controverse sur la nature de l’addiction à l’alimentation, on peut s’interroger sur l’efficacité réelle de cette solution. En effet, dans les études qui s’intéressent à l’addiction alimentaire, sa prévalence est bien plus importante chez les personnes présentant un trouble du comportement alimentaire (« TCA ») (Pursey et al., 2014). Or, même dans l’hypothèse d’une addiction alimentaire liée à la substance même, dans le cas d’un TCA ou d’un trouble induit par la restriction cognitive (c’est-à-dire dans la majorité des cas), cette solution peut, en réalité, venir renforcer le trouble présent : l’interdiction nourrissant l’addiction.
Conclusion
Si la BD est discutable d’un point de vue scientifique sur la nature de l’addiction à l’alimentation, et sur l’approche thérapeutique qui en découle, elle a l’indéniable point fort de visibiliser l’enjeu et de donner la parole aux victimes en souffrance avec leur alimentation par des images colorées, fortes et marquantes.
Pour conclure, si l’accent est mis dans la BD sur le caractère addictif de l’alimentation, et spécifiquement de la malbouffe, il importe de ne pas non plus perdre de vue le rôle central de la grossophobie, et de la pression sociale liées à la minceur, pouvant induire des phases de restrictions calorique ou cognitive extrêmes et contribuant ainsi pour une large part à la souffrance illustrée par la BD.
[1] Les exemples cités dans la BD sont le chocolat, la crème glacée, les frites, la pizza ou encore le cookie.
Gleason E., Croque A., Junk Food, les dessous d’une addiction, Ed. Casterman, 2023
Albayrak, Ö., Wölfle, S. M. & Hebebrand, J. (2012). Does food addiction exist? A phenomenological discussion based on the psychiatric classification of substance- related disorders and addiction. Obesity Facts, 5(2), 165‐179.
American Psychiatric Association. (2000). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fourth Edition: DSM-IV-TR. American Psychiatric Association.
American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and statistical manual of mental disorders. 5th ed. American Psychiatric Publishing.
APFELDORFER G. Addiction aux aliments sucrés : vrai ou faux débat ? In Le goût du sucre, plaisir et consommation, M.-S. Billaux Ed. Éditions Autrement, coll. Mutations, Paris, N°263, pp 125-137, sept. 2010.
Avena, N. M., Rada, P. & Hoebel, B. G. (2008). Evidence for sugar addiction: Behavioral and neurochemical effects of intermittent, excessive sugar intake. Neuroscience and biobehavioral reviews, 32(1), 20‐39. https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2007.04.019
Avena, N. M., Rada, P. & Hoebel, B. G. (2009). Sugar and Fat Bingeing Have Notable Differences in Addictive-like Behavior. The Journal of Nutrition, 139(3), 623‐628.
Gearhardt, A. N., Corbin, W. R. & Brownell, K. D. (2009). Preliminary validation of the Yale Food Addiction Scale. Appetite, 52(2), 430‐436. https://doi.org/10.1016/j.appet.2008.12.003
Gearhardt, A. N., White, M. A. & N Potenza, M. (2011). Binge eating disorder and food addiction. Current drug abuse reviews, 4(3), 201–207.
Gearhardt, A. N., Corbin, W. R. & Brownell, K. D. (2016). Development of the Yale Food Addiction Scale Version 2.0. Psychology of Addictive Behaviors, 30(1), 113.
Hauck C, Cook B, Ellrott T. Food addiction, eating addiction and eating disorders. Proc Nutr Soc. 2020 Feb;79(1):103–112. doi: 10.1017/S0029665119001162. Epub 2019 Nov 20. PMID: 31744566.
Hebebranda, J., Albayraka, Ö., Adanb, R., Antel, J., Dieguezc, C., De Jongb, J., … Dickson, S. L. (2015). « Eating addiction », rather than « food addiction », better captures addictive-like eating behavior. Neuroscience and Biobehavioral Reviews, 47, 295‐306. https://doi.org/10.1016/j.neubiorev.2014.08.016
Hoebel, B., Rada, P. V., Mark, G. P. & Pothos, E. (1999). Neural systems for reinforcement and inhibition of behavior: relevance to eating, addiction and depression. Well-being: Foundations of Hedonic Psychology, 560–574.
Johnson, P. M. & Kenny, P. J. (2010). Dopamine D2 receptors in addiction-like reward dysfunction and compulsive eating in obese rats. Nature Neuroscience, 13(5), 635‐641. https://doi.org/10.1038/nn.2519
Meule, A. & Gearhardt, A. N. (2014). Food Addiction in the Light of DSM-5. Nutrients, 6(9), 3653‐3671. https://doi.org/10.3390/nu6093653
Nieto, M., Wilson, J., Cupo, A., Roques, B. P. & Noble, F. (2002). Chronic morphine treatment modulates the extracellular levels of endogenous enkephalins in rat brain structures involved in opiate dependence: a microdialysis study. Journal of Neuroscience, 22, 1034–1041.
Randolph, T. G. (1956). The descriptive features of food addiction; addictive eating and drinking. Quarterly Journal of Studies on Alcohol, 17(2), 198‐224.
Rosenberg, K. P. & Feder, L. C. (2014). Behavioral Addictions: Criteria, Evidence, and Treatment. Academic Press.
Schulte, E. M. & Gearhardt, A. N. (2017). Development of the modified Yale food addiction scale version 2.0. European Eating Disorders Review, 25(4), 302–308.
Wilson, G. T. (2010). Eating disorders, obesity and addiction. European eating disorders review : the journal of the Eating Disorders Association, 18(5), 341‐51. https://doi.org/10.1002/erv.1048
Zermati, J-P. (2019). Osez manger, libérez-vous du contrôle. Odile Jacob.
Dans une pochette : 60 fiches cartonnées indépendantes
Des fiches pour l’enseignant (1 séance = 1 fiche) : objectif, matériel requis, déroulement de la séance
Des fiches pour les élèves : jeux, photos, illustrations, histoires…
Concept
Quelle que soit sa façon de se manifester (irritabilité, problèmes de concentration, hyperactivité, baisse d’énergie…), la fatigue peut entraver le bon climat de classe et nuire aux apprentissages qui ne se font plus de façon fluide, agréable et efficace.
Cet outil permet de mieux identifier, comprendre et trouver des solutions face à la diversité des situations de classe générées par la fatigue que ressentent les élèves.
Bon à savoir
Cet outil fait partie de la collection « Mieux-être à l’école », qui propose de courtes activités collectives autour de thématiques transversales et/ou psychosociales pour faire progresser les élèves dans leurs compétences émotionnelles et comportementales.
Retrouvez une présentation vidéo de l’outil sur ce lien Youtube
L’avis de PIPSa
Appréciation globale
L’outil fournit un contenu pour permettre à l’adulte d’accueillir la fatigue de l’enfant et lui proposer des pistes pour être plus confortable. Cette autorisation à reconnaître la fatigue/les différents types de fatigue à partir des endroits où elle s’installe dans le corps est innovante et pertinente, en lien avec la réalité des enfants.
Les séquences d’apprentissage « clés en main », adaptées aux temps scolaires, sont à adapter/choisir en fonction de l’âge des enfants.
Les propositions pédagogiques pourraient être aussi intéressantes à prendre en compte pour les adultes – et particulièrement les enseignants – en modifiant les visuels.
Objectifs
Identifier les différents types de fatigue et les prévenir Identifier les signaux et ressentis spécifiques aux différents types de fatigue Mettre en place des moyens pour mieux gérer sa fatigue
Dans ce deuxième article , j’ai voulu donner une place particulière à deux films, le premier parce qu’il se consacre à un sujet peu abordé, le second parce qu’il est mon troisième coup de cœur et une vraie découverte… pas seulement pour moi si j’en juge par les échanges qui ont suivi la projection et auxquels je ferai largement écho.
Dans Alcool au féminin (52′, France, 2021), Marie-Christine Gambart s’attaque, sinon à un tabou, du moins à un problème minimisé et plus stigmatisé que l’alcoolisme au masculin. Un homme qui boit, à moins d’être un lamentable poivrot, c’est un bon vivant, un joyeux drille, un fêtard. Une femme qui boit trop est d’emblée disqualifiée. En particulier, picoler et avoir un bébé, c’est incompatible. Et « une mamie, ça ne boit pas » dit l’une des cinq femmes auxquelles ce documentaire donne la parole. Elles se sont adressées à Fatma Bouvet, psychiatre, qui a ouvert une consultation d’alcoologie réservée aux femmes.
La réalisatrice a choisi des personnes d’âges et de milieux sociaux très différents. La plupart sont abstinentes depuis plusieurs années, l’une d’elles depuis quelques mois seulement. Et une autre est originaire des USA, ce qui ne manque pas d’intérêt : Stacy pointe l’importance du contexte culturel et juridique. Aux Etats-Unis, on n’est pas censé/e accéder aux boissons alcoolisées avant l’âge de 21 ans. En France, l’alcool est partout, et on le sert dès l’apéritif à midi. Autre facteur, les effets contradictoires de l’émancipation féminine : on va boire « comme les hommes » (le même phénomène a été constaté avec le tabac) ; des milieux professionnels « à risque », comme les médias ou le showbiz, se sont de plus en plus féminisés. Et n’oublions pas les violences sexuelles et/ou conjugales qui, selon la psychiatre, multiplient par 36 le risque d’alcoolodépendance… Fatma Bouvet cite d’autres facteurs de risque, comme le syndrome du nid vide (quand les enfants quittent le foyer). Et les exigences sociales multiples qui pèsent sur les femmes, quand elles se combinent à un perfectionnisme personnel, mènent littéralement à l’épuisement.
Témoignages
L’impact de l’alcoolisme est considérable sur la vie de ces femmes : l’une commence seulement à reprendre contact avec son fils adoptif, une autre ne peut pas encore revoir ses petits-enfants. Stacy dira : « Je passais pour la party girl qui s’amuse beaucoup. En fait, je jouais un rôle. » Elle consommait avec son conjoint : « On passait de bons moments, mais l’alcool ça enlève l’intimité, on n’était pas vraiment ensemble. On se tirait l’un l’autre vers le bas. »
L’alcool peut devenir une obsession : « On ne vit que pour ça. (…) Il y a des moments de lucidité mais on vit avec cette dispute tout le temps, et c’est épuisant. » Sur quoi, sur qui s’appuyer ? Au travail, même si les collègues identifient le problème, il leur est difficile d’en parler. Par ailleurs, elles se heurtent à une dénégation indignée. Une ancienne collègue dira : « C’était un mur, en face ! Le sentiment qu’on a le plus ressenti, c’est l’impuissance. »
Dans la famille, ce peut être la consternation, le rejet, mais aussi le déni : après une soirée de Noël où elle s’est enivrée, cette femme de très bonne famille présente ses excuses pour avoir ruiné la fête. « Mais pas du tout, c’était une excellente soirée ! » lui rétorque-t-on.
La pression sociale est lourde. Stacy : « Les Français n’acceptent pas qu’on refuse un verre. Ils te disent : tu es enceinte ? Tu es malade ? Tu fais un régime ?… » Et le délitement de l’image sociale n’est pas dissuasif : « Quand on est vraiment au fond du trou, on s’en fout de son image. (…) L’image de soi est tellement détériorée qu’elle n’a plus d’importance. (…) On s’en fout si on est à 4 grammes [1], personne n’est là pour le voir ! »
Que faire pour se tirer de là ? « Il faut y aller doucement, ça prend du temps. » Fatma Bouvet insiste sur l’attention à porter au « moment fatidique du rituel », c’est-à-dire le moment, l’occasion, le prétexte quotidien de commencer à boire. Une femme dit qu’il faut oser en parler, avoir l’humilité d’admettre qu’on est malade. Mais les bénéfices de l’abstinence commencent à apparaître : la peau a meilleur aspect, les rangs des « amis » s’éclaircissent au profit des plus solides (« c’est quand on veut arrêter de boire que l’on compte ses vrais amis », a dit un jour Richard Bohringer), on prend soin de soi, on va vers les autres, on retrouve des liens, certaines s’engagent dans des associations d’entraide.
Bouquet final
Le dernier jour des Rencontres Images Mentales à Bruxelles, au début de ce jeudi après-midi, Il pleut des anges (52′, France, 2021) grâce à Caroline Girard et Laure Sirieix. Un vieil homme assis sur une chaise dans un couloir. Sur ses genoux, une serviette dont il extrait un magazine qu’il feuillette sans conviction. On est dans un hôpital. Silence, sinon le bruit de fond de la télé. Un autre vieux monsieur apparaît, il marche en faisant des allers-retours. Le premier se lève. Le second va-t-il s’asseoir ? Non.
Maintenant c’est une vieille dame, dans un autre couloir, qui retrousse les jambes de son pantalon au-dessus du mollet, puis au-dessus du genou. On entend des voix usées, des cris, des appels à l’aide. On est en gériatrie.
Maintenant des duos ou des trios se parlent. On ne comprend pas toujours ce que disent les personnes âgées : l’élocution… Elles regardent et lisent des livres illustrés. À côté d’elles, une femme dans la quarantaine peut-être, Laure. Elle lit, parle, sourit, regarde l’autre. On ne dialogue pas, on fait écho à ce qui est lu, commenté, interprété, inventé par l’autre. Paroles, phrases surréalistes, nonsense, poésie, ironie, accord, refus… Qui je suis ? Où je suis ? Qui est l’autre ? Qui est Monsieur Personne ?…
Avec une dame presque édentée, Laure commence un jeu avec le pied : talon/pointe, talon/pointe, de plus en plus vite. La caméra montre les pieds en action. On va danser ? Danser comme un pied ? On se fait du pied ?
Ah voilà, c’est ça, c’est ce qu’on fait là : on joue, ils, elles jouent. Comme des enfants : avec liberté, inventivité. La liseuse (on ne dit pas lectrice) ne cherche pas à maîtriser la situation, elle joint, elle juxtapose. Elle joue sa partie en improvisant, en partant des paroles, des images et des textes. En contrepoint. En résonance. En contrebalance.
Autre scène. La liseuse et une petite vieille dans un couloir, se tenant la main. Une très petite dame et Laure, déjà élancée, encore grandie par des chaussures genre cothurnes : contraste comique mais pas grotesque. Puis, dans une pièce, échanges verbaux où la vieille dame pose des questions ou des affirmations rationnelles auxquelles Laure se dérobe, s’échappe, part en vrille sur le temps qui passe, le temps qu’on passe, « je passe mes larmes à la rivière, et mes sourires je les passe au ciel ». La petite dame sourit, « ah c’est beau ça, c’est bien dit ».
Making of
Pendant trois ans, une fois par mois, Caroline Girard a placé sa caméra dans cette unité de psychogériatrie. Les patients et patientes présentent une dégénérescence du lobe frontal, une pathologie assez proche de la maladie d’Alzheimer. Ceci est le premier film de Caroline, et c’est non seulement une réussite mais un enchantement – comme on parle de l’enchanteur Merlin – car il nous fait sortir de nos rails. Ou mieux encore, selon les mots d’Antoine Masson, psychanalyste et anthropologue, il nous fait voir ces personnes comme « des poètes exilés sur une île d’infortune »… Caroline renchérit : « On voulait les montrer comme nous on les voyait ».
Grâce à la complicité tissée avec le personnel de l’unité, il n’y avait pas de soignant sur le plateau pendant les tournages : « On prenait soin d’eux. Leur vie a toujours pris le dessus sur le film ! Ils pouvaient partir quand ils voulaient. Et ils ne voyaient pas la caméra, ils ne voyaient que la perche. Ils étaient obnubilés par les livres, les images, ils étaient dans l’ici-et-maintenant. Les médecins étaient épatés qu’on puisse passer autant de temps avec eux sans que ça s’agite. » Et elle poursuit : « On a vécu quelque chose d’assez exceptionnel. On avait renoncé tout de suite à un dialogue anecdotique, sinon il n’y aurait pas eu de film. Les échanges s’inventaient au fur et à mesure, on ne savait pas ce qui allait se passer. »
Des questions dans la salle ?
Quid du droit à l’image ? Caroline : « Les résidents n’auraient pas compris, il a fallu s’adresser à la famille ou, à défaut, au tuteur. Mais il y a des choses que nous nous sommes interdit de montrer, le point de repère étant : est-ce que nous voudrions nous montrer comme ça ? Et nous avons demandé aux soignants de les préparer un peu. Ceci dit, ils ne se reconnaissaient pas à l’image ! »
Et le choix des livres ? Laure : « On a cherché des livres poétiques illustrés, pas spécialement pour la jeunesse. On a tâtonné pendant trois ans, en commençant avec Monsieur Personne, de Joanna Concejo, et Ouf, de Laurence Vielle, pour arriver finalement à Becket et Pessoa… En fait, plus on se rend libre, plus on part avec eux. Se laisser porter, lâcher prise, c’est être à leur hauteur ! »
Comment devient-on liseuse ? « À l’origine, nous sommes deux comédiennes, nous avons appris à décortiquer les textes. C’est comme avec la musique, il ne suffit pas d’aimer ça pour devenir musicienne. Il y a un gros travail d’actrice : il faut mâcher le texte, réveiller les signes sur la page, travailler avec son corps, avec son imaginaire. »
Comment se construit la relation avec ces personnes ? Laure : « J’ai eu une expérience de vie, quinze ans plus tôt, qui m’a aidée. Mais le texte, les mots, c’est une clé, un média, ils aident à se glisser à leurs côtés. » Caroline : « La littérature nous donne toujours une clé d’entrée, il y a quelque chose qu’on peut aller fouiller. »
Antoine Masson : les scènes dans le salon de coiffure et la chapelle étaient-elles comme des parenthèses poétiques ? « Nous avons cherché des espaces, dans l’hôpital, qui pouvaient servir de décors. Dans les autres scènes, la caméra se focalise sur les visages. Pour moi, les scènes dans le salon et la chapelle sont des instants de pur théâtre, avec des gens qui avaient une présence folle. On leur a laissé la bride sur le cou. Même chose pour la scène du début, dans le couloir : c’est En attendant Godot ! »
[1] C’est-à-dire 4 grammes d’alcool par litre de sang. Pour mémoire, en Belgique comme en France, la limite réglementaire est 0,5g/l, soit deux verres de vin. D’où le slogan : « Trois verres, bonjour les dégâts ! »…
La réduction des inégalités sociales de santé est au cœur de la promotion de la santé. Comprendre l’impact des inégalités sociales sur les déterminants de santé est essentiel pour agir.
Cet outil propose deux outils d’animation pour favoriser cette appropriation lors d’animations auprès de professionnels ou étudiants. Elles mobilisent une approche basée sur l’expérience.
En fonction des objectifs et du contexte de l’animateur, le guide d’animation permet de choisir parmi ces deux outils lequel est le plus adapté.
L’avis de PIPSa
Appréciation globale
Cet outil d’animation à la thématique actuelle particulièrement pertinente en promotion de la santé, suscite la réflexion à partir d’un processus pédagogique efficace, simple et court. Facile à prendre en main, il s’adresse à tout professionnel souhaitant sensibiliser son public aux ISS. Selon son niveau d’information dans cette thématique, l’utilisateur devra peut-être consacrer du temps à la lecture/documentation (nombreuses sources fournies) s’il désire illustrer l’un ou l’autre aspect des ISS.
L’outil aide à identifier où se situent, concrètement, les ISS au quotidien, à partir de données objectivées. L’expérience proposée aide le public à réfléchir, à partir de son ressenti, ses représentations et son positionnement par rapport au public. Il aide à sortir du « yaka/faukon », mais pourrait fragiliser les professionnels s’ils restaient dans un sentiment d’impuissance.
L’animateur veillera à proposer des ressources pour identifier des pistes pour mieux agir.
Accessibilité maximale grâce au téléchargement gratuit.
Objectifs
Prendre conscience de ses représentations relatives aux ISS et leur influence sur sa (future) pratique professionnelle.
Comprendre comment les ISS impactent concrètement le quotidien des publics.
Prendre conscience de l’impact des ISS sur la santé.
Public cible
A partir de 16 ans (étudiants et (futurs) professionnels psychomédicosociaux).
Intéressant aussi être pour les intervenants de première ligne dans des quartiers fragilisés/sensibles.
Utilisation conseillée
Suivre les propositions du promoteur
Se préparer à faire face à un possible sentiment d’impuissance
Points forts
Pertinence, accessibilité, facilité d’appropriation, efficience du procédé pédagogique, ressources sourcées
Les Rencontres Images Mentales, à l’Espace Delvaux, à Watermael-Boitsfort, en sont à leur quinzième édition. En 2020, c’était juste avant le premier confinement. En 2021, uniquement via Internet. En 2022, avec de sévères restrictions sanitaires (ce pourquoi je n’ai pu y faire écho dans ces pages : un masque et des lunettes, c’est pas pratique au cinéma). Cette année, ouf, on retrouve le plaisir du grand écran, des rencontres, des échanges. Coup d’oeil au programme 2023…
crédit: Caïmans Productions/ Arte France
C’est Le Monde en soi (18′, France, 2020), de Sandrine Stoïanov et Jean-Charles Finck, qui ouvre le programme, et ce film d’animation est un premier coup de coeur… Une jeune peintre sort de chez elle. On la voit faire des croquis de passants à la terrasse d’un café. Quand le galeriste chez qui elle se présente découvre son travail, il est enthousiaste mais lui demande aussi « de grands dessins ». Elle se met à l’oeuvre et se donne à fond. Une scène onirique la montre dansant pour réaliser ses toiles, tout son corps peint, ses cheveux deviennent pinceaux. Quand il voit le résultat, le galeriste s’exclame : « C’est une mise à nu, dans tous les sens du terme ! » Une exposition est programmée. Mais l’artiste s’est littéralement tuée au travail, psychiquement parlant. Elle perd pied, comme le montrent des scènes qui peuvent rappeler les peintures et dessins psyché-pop de la seconde moitié des années 60, mais on pense aussi à certains romans graphiques contemporains.
Elle se retrouve à l’hôpital, en noir et blanc. Seul l’extérieur coloré dit la vie, la nature : le passage du temps se manifeste par les changements de la ramure de l’arbre qu’elle voit par la fenêtre de sa chambre. Mais voici qu’un écureuil lui laisse une noisette en présent, sur l’appui de la fenêtre. Il reviendra plusieurs fois avec une offrande, commençant à lui rendre des couleurs : elle rosit. Puis, à la cantine de l’hôpital, un inconnu lui donne, avec un clin d’oeil, une petite boîte d’aquarelle. Elle peint le portrait de l’homme avec le doigt, trempant celui-ci dans le verre d’eau avec lequel elle avale habituellement ses médocs. Plus tard, à l’occasion du vernissage, le galeriste lui enverra une boîte de couleurs plus complète et des pinceaux. Elle finira par couvrir de ses aquarelles les murs de sa chambre. Et par retrouver le dehors.
Un film chatoyant, poétique, qui a aussi été présenté au festival Anima et dans maints autres lieux.
crédit: Club 55 (2022) Dorian Riviere et Paul Vincent de Lestrade
Le point de départ de Club 55 (29′, Belgique, 2022) est le suivant : dans le contexte d’un confinement, des gens se réunissent dans une maison avec jardin et décident de faire un film de science-fiction. Dans la vie, les personnes qui participent à ce centre de loisirs de L’Equipe (réseau de psychiatrie sociale, Anderlecht) ont des parcours très différents : abus de drogues, harcèlement raciste au travail, bipolarité… Mais ici on ne les réduit pas à une étiquette, l’une d’entre elles dira : « Les plus belles personnes que j’ai rencontrées, c’est dans des centres. Ils sont passés par la souffrance et ils ne font pas semblant. » Et un autre : « S’extérioriser, communiquer, passer des moments avec des gens, c’est ça qui compte. »
Les feedbacks des participants sont à voir par toute personne doutant de l’intérêt de la démarche des ateliers créatifs – ici, la vidéo – ou, plus largement, par qui se fait une idée toute faite des troubles de santé mentale. Les effets bénéfiques sont ici manifestes. Sans occulter la souffrance psychique, le film veut donner une image positive, il y a de l’humour, des rires. Quelqu’un cite Cibely Ayres Silva, la coordinatrice du Club 55 : « On peut tomber malade, mais on peut guérir. » Ce qui entre en résonance avec le film précédent.
Discussion : est-ce un documentaire sur un film d’atelier (dont on ne verra que des extraits) ? Au départ, il y a le dixième anniversaire du Club 55 et un appel d’offres. L’offre retenue se veut plus originale qu’un film de promotion. Paul Vincent de Lestrade, un des réalisateurs (l’autre étant Dorian Rivière), dira : « On a fait un film dans le film, le tournage d’un tournage. »
Un quatuor de films d’ateliers
Ils sont peu nombreux cette année mais la qualité est au rendez-vous. Mosaïques de shortcoms (15′) déroule une succession de sketches drôlatiques, réjouissante mise en boîte d’idées reçues et satire des services d’aide téléphonique, le fil rouge étant un « service après-vente » auquel s’adresse un appelant littéralement intarissable !
Le Centre Alba (La Louvière) est un service de rééducation fonctionnelle, c’est-à-dire un centre ouvert doté de missions comme la remise à l’emploi. La prise en charge va d’un an et demi à deux ans. Divers ateliers sont proposés, dont un atelier vidéo. Pour ces « shortcoms » (un mot trouvé sur le Net), le groupe a commencé par un brainstorming, puis tout le monde a participé à toutes les étapes, mais chacun/e a pu choisir sa place, devant ou derrière la caméra, à l’écriture, etc.
L’Heure Atelier est un centre d’expression et de créativité situé au sein du SSM La Gerbe (Schaerbeek). Chaque année, un thème est choisi : en 2022, c’était la réclame publicitaire. Dans Poly le pro-pot (6′), de courtes saynètes vont vanter les avantages d’un objet polyvalent, tantôt aquarium ou tambour, tantôt siège ou cache-pot. Moralité : pas la peine d’acheter toute une diversité d’objets différents. Et le slogan : « POLY, tant de pot-en-ciel ! » … Simplicité et légèreté sont les atouts de cette anti-pub.
C’est le 21 juillet, et le JT propose une émission spéciale : le Roi va prendre la parole. Oui mais… tous les personnages sont « joués » par des figurines fixes d’animaux ! Et le discours royal est perturbé par une manif en faveur des phoques pilotée par Brigitte Bardot. Puis la Foire du Midi connaît un incendie surprise, peut-être causé par une cigarette mal éteinte de Jacques Brel ressuscité. Là-dessus survient la mort d’Elisabeth II, et enfin un vol belge dans l’espace réunit Marie Curie, Thomas Pesquet et Sandra (Kim?) en mélangeant images d’archives et figurines sur fond de décors crayonnés !
Circus TV (14′), réalisation du Code, centre thérapeutique de jour de L’Equipe, a un aspect bricolé, loufoque, irrévérencieux, surréaliste « à la belge ». Le processus de production s’est étalé sur un an, en collaboration avec les ateliers d’écriture et de dessin. Le côté purement ludique a de toute évidence été très important : « on s’est bien amusés ! » revient dans les échanges qui suivent la projection.
Making of : lors d’une discussion préparatoire, il est question d’un léopard. Lou, une des animatrices, en sort un de son sac, à la surprise des autres ! Elle collectionne ces figurines, et il apparaît ensuite que l’autre animatrice, Karien, en fait autant… Du rôle du hasard dans la création.
Avec La main de la morte (5′, SSM de Saint-Gilles), on change complètement de registre. C’est du noir et blanc et s’il y a de l’humour, il est très noir. La souffrance ne se combat pas que par le rire… Après que son amie est sortie, une jeune femme se met à la danse, mais elle est interrompue par des bruits bizarres venant on ne sait d’où, son magnétophone disjoncte à plusieurs reprises ; elle veut écrire mais, là encore, des sons inquiétants, des voix se font entendre. Elle prend la fuite et se réfugie dans la salle de douche, mais la paume d’une main se plaque sur la petite fenêtre. C’est Rebecca, son ex, qui n’accepte pas la séparation et veut la récupérer ! Puis on voit le cameraman et la réalisatrice, prêts à remballer, mais on entend des cris, effarés les deux se précipitent… The end.
Making of : les deux actrices-scénaristes sont très vite parties vers le cinéma d’horreur ; or Carole, la réalisatrice, faisait elle-même ce genre de films. Le tournage a été très dense, de l’ordre de 4 heures par jour pendant une semaine. Les deux actrices, qui ne se connaissaient pas, ont donc dû « se jeter à l’eau ». Et maintenant, elles sont amies… Du rôle du casting dans l’amitié.
Un trio de moyens métrages
crédit: Laïdakfilms / Dandelooo
Ces trois films ont un point commun : une maman qui perd pied. Mais l’intensité et la gravité de la maladie ne sont pas les mêmes. Et la forme aussi varie considérablement, même si la situation est chaque fois appréhendée par le regard d’un/e enfant. Ça commence par Maman pleut des cordes (26′, France, 2021) un deuxième film d’animation et, pour moi, un deuxième coup de coeur. Jeanne, 8 ans, est envoyée à la campagne chez sa mémé parce que sa maman doit « se reposer ». Elle n’est pas contente, Jeanne, mais alors pas du tout. Il faut dire que, venant de la ville, elle atterrit au Hameau de l’Enfer, au milieu des frimas. En se promenant dans le bois, elle fait une chute sous la pluie et se retrouve nez à nez avec… un Géant, peut-être un Ogre ! Heureusement, il s’avère que Cloclo, s’il est gigantesque, est tout à fait inoffensif, et que c’est un copain de Mémé, la reine de la tarte à l’oignon. Jeanne rencontre d’autres enfants et se dégèle progressivement, se désurbanise aussi. Mais Mémé lui fait comprendre que sa mère est malade, pas juste fatiguée. Suite à l’écran. Sachez seulement que, pour arriver au happy end dans la maison de repos, une épingle à cheveux en forme de coeur jouera un rôle non négligeable et que Cloclo devra recourir aux bottes de sept lieues…
Un film délicieux, touchant, drôle, aux couleurs magnifiques, qui revisite des motifs du conte classique. Pour tous les âges ! Dossier pédagogique sur www.lesfilmsdupreau.com.
Réalisation : Hugo de Faucompret. Co-autrice : Lison d’Andréa. Compositeur : Pablo Pico. Avec les voix de Yolande Moreau, Céline Sallette et Arthur H.
Dans Un jour viendra (29′, France, 2020), de Nicolas Cazalé, le décor est tout différent : urbain, impersonnel, aux couleurs froides. Audrey retrouve son fils Luca, qui vit désormais avec son père. Le divorce des parents est en cours, et on comprend vite qu’Audrey a fait un séjour en hôpital psychiatrique. Elle est toujours sujette à des crises d’angoisse et Luca se rend compte, selon ses propres termes, qu’elle est « bizarre ». Inquiétante ambiguïté : Audrey l’encourage à « sauter » à trotinette d’une certaine hauteur, et on se demande ce que cela cache car il exprime sa peur… ouf, il ne s’agit que du départ d’une longue piste sinueuse conçue pour cela, et il crie sa joie !
Mais Luca a fait sortir la perruche qui se trouve dans une cage, sur la terrasse. La tension culmine lors d’une sortie en barque sur un lac : Audrey décide tout à coup qu’elle a besoin de fraîcheur et se jette à l’eau. Luca est effrayé mais, lorsqu’elle émerge, c’est elle qui panique, parce qu’elle ne le voit plus dans la barque. En fait, il est à moitié immergé et accroché au bordage. Quand elle le découvre, il s’engage entre eux une lutte violente. Elle veut le faire remonter dans la barque manu militari mais c’est à nouveau très ambigu.
Un film perturbant et qui m’a laissé perplexe. La perruche revient de temps en temps sur sa cage (et non plus dedans) : symbole ?…
Perturbant aussi, même s’il provoque le rire à certains moments et si j’ai mieux saisi le propos, Trois grains de gros sel (26′, France, 2022), signé Ingrid Chikhaoui, se situe en milieu rural. Deux soeurs, Elsa, 5 ans, et Judith, 8 ans, sont seules à la maison. Par curiosité, la cadette avale quelques grains de gros sel et sa soeur lui prédit qu’elle est dès lors condamnée à mourir par dessèchement ! Mi-dubitative, mi-inquiète, Elsa téléphone à la grand-mère, infirmière, mais celle-ci ne prend pas l’affaire au sérieux. Au bout d’un temps, les fillettes cherchent leur mère. Qui surgit tout à coup en brandissant le cadavre du coq du voisin, qui la réveillait trop tôt tous les matins ! Après l’avoir plumé, elle se met à le découper et le vider sous le regard intéressé des fillettes. Elle finit le travail torse nu, barbouillée du sang de l’animal. Cette atmosphère de jeu dangereux et de transgression trouve son point culminant quand Elsa, inquiète, essaie d’appeler à nouveau sa grand-mère. Dispute entre les deux soeurs autour du téléphone car on n’est pas censée « cafter ». La mère surgit à nouveau, cette fois armée d’un arc ! Elle menace sa fille : « qu’est-ce qu’on dit !? » Elsa n’a pas peur mais hésite, et il faut que sa soeur lui souffle la bonne réponse : « pardon »…
crédit photo: Trois grains de gros sel (2023) Ingrid Chikaoui / Les Films Norfolk
Frédérique Van Leuven, psychiatre, loue l’intensité, la justesse et la force du film : « c’est une fiction qui dit la vérité ». Ingrid Chikhaoui : « L’idée du film est venue quand j’ai eu des enfants. Des souvenirs sont revenus à ce moment : les trois grains de gros sel, cela s’est joué entre ma soeur et moi. J’avais un père bipolaire, et je me souviens d’une crise maniaque très violente. Le personnage du père a été transformé en mère parce que je n’avais pas envie de filmer une violence masculine. » Les personnages ont été travaillés avec Manue Fleytoux, qui joue la mère : « Dès l’écriture, on a pris le parti de privilégier le regard des deux enfants. Elles n’ont pas peur de leur mère, pour elles c’est tuer le coq qui est la grosse bêtise ! Elles ne comprennent d’ailleurs pas pourquoi on emmène leur mère à la fin. » Manue : « Pour moi, il est beaucoup question d’amour dans ce scénario. Il y a de l’amour entre ces trois-là… Je suis allée chercher chez moi ce qui pouvait trembler. » À la question classique de la direction d’enfants, Ingrid répond : « Il faut que les enfants sentent que la parole est libre, il faut qu’ils puissent dire non, ce qui est d’ailleurs arrivé dès le casting : l’une d’elles a refusé de jouer la scène proposée, elle en préférait une autre. » Manue : « Elles étaient très conscientes que c’était un jeu. Et elles étaient préservées ; leurs mamans étaient sur le tournage, elles pouvaient aller les retrouver quand elles en avaient envie. »
A suivre…
Pour en savoir plus sur les Rencontres Images Mentales
Mettre en débat un groupe d’adolescents autour d’une thématique bien-être ou santé, c’est ce que propose « Et toi, t’en penses quoi? ». Nous vous présentons les récents développements de et-toi.be, outil-phare pour ce type d’animation.
crédit photo: la Mutualité Chrétienne (MC)
« Et toi t’en penses quoi? » est un outil pédagogique en ligne qui permet à tout intervenant éducatif d’être soutenu dans la mise en débat d’un groupe d’adolescents (14-18 ans). L’outil offre une méthodologie spécifique via plus de 20 thématiques bien-être et santé.
Il utilise la technique du frasbee. L’animateur choisit une série de phrases à débattre, mises à sa disposition pour chaque thématique. Celles-ci sont lancées comme des frisbees entre les participants pour susciter le débat. Les jeunes vont échanger des points de vue et s’exprimer sur leurs préjugés, leurs valeurs et leurs représentations.
Véritable démarche de promotion de la santé, « Et toi, t’en penses quoi ? » place le jeune au cœur du dispositif et lui permet d’améliorer à la fois son estime de lui et son esprit critique. Ainsi, le jeune sera capable de poser des choix éclairés en matière de santé.
A l’origine, un dossier sur l’alimentation
C’est sous la forme d’un dossier pédagogique intitulé « Et toi, tu manges quoi ? Petits débats entre ados » que l’outil a vu le jour en 2008. Destiné principalement aux intervenants éducatifs, il proposait d’instaurer des débats sur des thématiques liées à l’alimentation (les fast food, les régimes, les allégations santé…), dans le but de développer l’esprit critique des jeunes par rapport à leurs choix alimentaires.
En 2013, après plusieurs années de diffusion, et riches des retours de professionnels de terrain, nous avons constaté que d’autres thématiques santé/bien-être étaient au cœur des préoccupations et pouvaient tout aussi bien être abordées par cette technique. Un groupe de travail composé de chargés de projets en promotion de la santé de la MC et du mouvement Ocarina s’est constitué pour s’y atteler.
Ainsi est né « Et toi, t’en penses quoi ? Débats entre ados » (et-toi.be), une version en ligne du premier outil pédagogique. Cette nouvelle mouture a permis d’élargir le débat autour de sujets « bien-être » tels que la vie relationnelle, affective et sexuelle, le stress, les réseaux sociaux ou encore le tabac. Chacune des thématiques a été travaillée avec des experts en la matière et testée auprès de groupes de jeunes, de manière à les rendre les plus adaptées possible à leurs réalités. Aujourd’hui, l’outil compte au total plus de 20 thématiques bien-être et santé.
Des formations à la mise en place de l’animation « Et toi » ont été proposées aux acteurs éducatifs. Pendant plusieurs années, un peu plus d’une centaine d’intervenants éducatifs en FWB – enseignants, éducateurs, assistants sociaux, animateurs d’organisations de jeunesse, travailleurs PSE/PMS… – ont eu l’occasion de développer et/ou de renforcer leurs compétences d’animateur dans le cadre de la gestion de débats. Les modalités de la formation ont évolué au gré des besoins et des retours d’expériences relayés par le public.
Une refonte en profondeur
Le site et-toi.be a récemment fait peau neuve. Il a été complétement réactualisé et relooké. La volonté était de rendre le site complet, dynamique et interactif.
On y retrouve désormais :
de nouveaux supports théoriques pour la préparation d’une animation, de nouvelles fiches pratiques pour le déroulement de celle-ci et des thématiques actualisées. Les frasbees ont été réécrits pour coller au maximum à la réalité des jeunes. Le tout est directement téléchargeable en pdf sur le site et-toi.be ;
6 capsules vidéo pédagogiques qui ont pour but de soutenir l’animateur dans la préparation d’une animation de débat. L’objectif de ces vidéos est aussi d’illustrer l’atmosphère d’une animation ;
un nouveau design, une ergonomie de navigation plus intuitive et une vue d’ensemble plus rapide de toutes les dimensions de l’outil sur la nouvelle page d’accueil du site.
Les thématiques de et-toi.be
Alcool
Boissons énergétiques et énergisantes
Consommation durable
Décoder les médias
Drogues et assuétudes
Eau et boissons sucrées
Emotions
Fast-food
Produits light
Régimes alimentaires
Réseaux sociaux
Santé dentaire
Se bouger
Stress
Tabac
Vie relationnelle, affective et sexuelle – VRAS
VRAS – Corps et sexualité
VRAS – Influences et sexualité
VRAS – Les relations amoureuses
VRAS – Pensées et sexualité VRAS – Vie relationnelle
Pour la conception des capsules vidéos, nous avons sollicité l’expertise d’une agence créative et d’Ocarina, qui en tant que relais et porte-parole des jeunes, a également soutenu la démarche, en rassemblant des groupes de jeunes pour participer à l’animation et aux débats filmés.
La volonté était de digitaliser une partie de la formation pour toucher un plus large public avec une plus grande souplesse d’utilisation.
Les 6 capsules vidéos ont pour objectif de soutenir tout animateur encadrant des jeunes de 14 à 18 ans dans la préparation d’une animation de débat. Elles durent, en tout, une vingtaine de minutes.
L’essentiel du contenu du site et-toi.be y est abordé :
le concept et la philosophie de l’animation « Et toi, t’en penses quoi ? » ;
l’adolescence et ses défis ;
la mise en place et le déroulement concret d’une animation ;
la posture, les compétences et les qualités de l’animateur.
La particularité et l’originalité des vidéos est qu’elles alternent entre « contenu informatif » et « immersion dans l’univers du débat ». Tantôt, une intervenante pédagogique donne des informations « théoriques » face-caméra, tantôt, on assiste à une animation-type réalisée avec des adolescents. Cette animation de débat permet d’illustrer les propos de l’intervenante mais aussi de vivre en direct une animation « Et toi, t’en penses quoi ? ». La force de ce procédé réside dans le fait que les ados ne sont pas des acteurs, ce qui donne encore davantage d’authenticité aux capsules vidéos.
Extraits des vidéos
Sur la posture de l’animateur
« Le rôle de l’intervenant n’est pas celui d’un « professeur » ou d’un « juge » mais bien d’un animateur, un facilitateur de débat. Il n’apporte pas d’éléments théoriques, il fait en sorte que les informations émergent des discussions entre les participants. Il fait circuler la parole, permet à chacun de s’exprimer, donner et faire respecter le cadre et les consignes, est garant d’une attitude respectueuse et non jugeante ».
« Dans le débat, il ne s’agit pas d’une information descendante mais bien d’un échange entre participants. L’animateur n’est là que pour guider le groupe et corriger certaines informations si nécessaire. Il n’est pas là pour donner un cours ».
Des témoignages de jeunes Ocarina
« En parlant des émotions, parfois on peut faire une activité pour essayer d’en parler avec le groupe. A Ocarina, on parle un peu tous de nos vécus, de nos problèmes. C’est important d’être en confiance pour s’exprimer devant un groupe ». « Notre phrase était « Moi, je peux contrôler toutes mes émotions ». Dans notre sous-groupe, on a dit qu’on n’était pas d’accord avec cette phrase. Les émotions, c’est chimique, c’est dans notre cerveau, ça ne se contrôle pas. Peut-être qu’on peut contrôler l’intensité de l’émotion ».
Une formation à l’utilisation de l’outil
Les capsules vidéos ont bien une finalité formative. Toutefois, il est nécessaire d’expérimenter et d’éprouver « en vrai » toutes les facettes de l’outil : la technique du frasbee, la mise en débat ou encore la posture de l’animateur.
C’est pourquoi des formations gratuites d’1/2 journée seront organisées à Bruxelles et en Wallonie en 2023. L’objectif de celles-ci est de soutenir les intervenants éducatifs pour passer à l’action avec l’outil.
Elles permettront de mettre les participants en situation sous forme de jeux de rôles et d’expérimenter les différentes phases de l’outil. Des moments d’échanges de pratiques entre les participants sont également prévus durant la formation.
Pour découvrir l’outil « Et toi t’en penses quoi ? », surfez sur www.et-toi.be.
Le domaine Prévention et promotion de la santé de la MC
La mission de la MC en tant que mutualité santé consiste à faciliter l’accessibilité à des soins de santé qualitatifs pour nos membres, à mettre en place un cadre de vie sain en travaillant sur les divers déterminants qui peuvent y contribuer, et à promouvoir la qualité de vie pour tous.
Dans ce cadre, le domaine « Prévention et Promotion de la santé » soutient le développement de projets et d’actions de santé qui visent à répondre, entre autres, à des besoins identifiés auprès d’un public spécifique.
Nos actions se déclinent sous différentes formes, telles que :
la réalisation de programmes de prévention et de sensibilisation (outils pédagogiques) sur différents thèmes pour un public d’adultes, de jeunes, d’enfants ou de professionnels ;
la mise à disposition du grand public et des professionnels des dépliants et des brochures sur des thématiques de santé ;
l’expertise en méthodologie de projets : une aide méthodologique à la mise en place de projets de promotion de la santé ;
la réalisation du mensuel Education Santé (avec l’appui de la Région Bruxelles-Capitale et de la Région wallonne), revue spécialisée au service des intervenants en promotion de la santé.
Ocarina
Ocarina est une organisation de jeunesse et un des mouvements soutenus par la MC. Elle est portée par des milliers de volontaires qui s’attachent, chaque jour, au bien-être de chacun et à l’épanouissement de tous, à travers un programme de vacances, un programme de formations d’animateurs, des actions de sensibilisation et de promotion à la santé.
Boîte à outils contenant tout le matériel nécessaire à l’élaboration de projets éco-responsables en classe, avec les élèves de cycles 2 et 3, selon la démarche pédagogique Bâtisseurs de possibles.
À travers cette démarche pédagogique, les enfants sont invités à exprimer et réaliser leurs idées pour améliorer leur école, leur quartier ou plus largement la société. Ils prennent ainsi conscience qu’ils peuvent être des citoyens actifs, à leur échelle, dès maintenant !
Cette démarche se décompose en 4 étapes : Étape 1. IDENTIFIER un problème qui me touche Étape 2. IMAGINER une solution à ce problème Étape 3. RÉALISER cette solution Étape 4. PARTAGER notre expérience
Plus que le résultat des projets réalisés par les élèves, ce qui compte c’est l’ensemble du processus : l’expérience vécue collectivement (avec les élèves, comme les parents ou l’équipe enseignante), les temps de réflexion et de prise de conscience, les savoirs et compétences acquis tout au long du projet.
Bâtisseurs de possibles s’appuie sur les leviers favorisant un climat de classe positif : émotions, coopération, créativité et engagement. Ces 4 leviers permettent de créer cet environnement favorable aux apprentissages.
Cet outil méthodologique « clé en main » propose une démarche de pédagogie active, à mener au sein d’un groupe d’enfants, dans le cadre d’un projet de classe sur une année scolaire.
Cet outil s’inscrit dans un réseau mondial de pédagogues investis dans les démarches d’empowerment et de changement, à partir de petits projets locaux citoyens, solidaires et écoresponsables.
La démarche, très soutenante pour l’enseignant, propose un cadre méthodologique accessible, sécurisant ; ainsi que tous les supports nécessaires pour animer le groupe et réaliser les différentes activités.
La démarche donne confiance aux enfants en leur permettant d’expérimenter, en groupe, à leur niveau – même dans des micro-projets – qu’ils peuvent avoir un impact sur leur environnement. Si les enfants peuvent changer le monde, attention toutefois à ne pas les charger en responsabilité : il y a des facteurs « macro » qui les/nous dépassent. Comme ces facteurs produisent des freins au changement, il importe de les nommer/les reconnaître lors du debriefing.
Cette approche de pédagogie active parie sur la force du collectif, à l’inverse du précepte qui prône la réussite individuelle. Les inégalités entre élèves sont prises en compte afin que chacun puisse trouver sa place, quelles que soient ses difficultés.
L’évaluation aurait pu dépasser le seul bilan individuel du vécu/ressenti pour poser un regard global/méta sur ce qui a été fait ensemble.
Objectifs
Prendre conscience qu’on peut changer les choses, modifier son environnement.
Développer l’empowerment individuel et collectif par un projet de classe.
Augmenter la motivation et compétences psychosociales chez les élèves.
Public cible
Enfants de 6 à 12 ans
Utilisation conseillée
S’approprier l’outil revient à s’approprier la méthodologie de projet, la pédagogie du projet.
S’associer avec d’autres adultes (éducateurs, PMS/PSE) pourrait permettre de disposer de plus de ressources/aide pour l’une ou l’autre facette du projet.
De nombreuses vidéos sur YouTube facilitent l’accès/utilisation/les réalisations d’autres classes.
2 x Tableau de Rôles (Gardienne-Gardien, Veilleur, Mage, Intendante-Intendant, Berger-Bergère, Messager-Messagère, Conseiller-Conseillère)
2 x Guide d’utilisation
Concept
Le Village est un outil de prévention du harcèlement scolaire. Il implique les enfants dans la gestion des petites tensions du quotidien et leur permet de devenir actrices·teurs de changement. Il est centré sur la valorisation de l’empathie, la capacité à se préoccuper de l’autre et sur certaines formes de médiation par les pairs.
L’outil est centré autour de deux concepts : les Rôles et les Conseils de Village.
Les sept rôles ont été pensés pour encourager et valoriser les attitudes empathiques. Par exemple, les Veilleurs se préoccupent des violences verbales (insultes, etc) tandis que les Bergers s’inquiètent des élèves isolés.
Toutes les deux semaines, un Conseil de Village a lieu. Il s’agit d’un temps de parole régulé durant lequel chaque rôle est passé en revue. Cela permet de faire le point sur les belles actions et les difficultés rencontrées. Le but n’est jamais de punir ou de chercher des coupables mais bien de valoriser ceux et celles qui ont rempli leurs rôles tout en encourageant l’ensemble des enfants à s’impliquer dans leurs rôles. Au terme du Conseil, les enfants changent de rôles et une nouvelle quinzaine débute.
Le Village est une réalisation de SOPHIA, service de prévention et de soutien face aux situations de harcèlement, mis en place par le Centre de Planning Familial des FPS de Soignies.
Mettre en place une activité annuelle de prévention du harcèlement scolaire.
Mieux réguler les difficultés relationnelles dans un groupe d’enfants.
L’avis de PIPSa
Appréciation globale
Ce jeu de rôle, destiné à une classe de fin primaire, contribue à développer la responsabilité de chacun.e au sein du groupe, et ce, tout au long de l’année scolaire. Il répond à une demande des enseignant.e.s de pouvoir disposer d’un outil concret de prévention des violences, facile d’appropriation, directement utilisable sur le terrain.
Dans un décor du Moyen-âge qui rappelle celui de certains jeux vidéo prisés par les enfants, chacun.e endosse un rôle, représentatif des différentes formes de prévention des violences/de harcèlement. Ce rôle, concrétisé par une photo de l’enfant sur le plateau de jeu du « Village », sera modifié tous les 15 jours, après une évaluation de ce qui a été vécu au sein d’un « Conseil de village ». Chaque rôle montre qu’on est tous acteurs de la prévention de la violence, de conflits, et donc tous potentiellement acteurs de la solution de ceux-ci. Tous les rôles sont valorisants, positifs, ils permettent une évolution visible et constructive du comportement de chacun.e.
Le processus repose largement sur les qualité humaines et l’intelligence émotionnelle des adultes : une écoute non jugeante, orientée « solutions » ; la mise en place d’un cadre structuré et sécurisant ; la capacité à collectiviser des comportements/attitudes individuels, à réguler les conflits, etc.
Une co-animation avec un PSE/PMS (ou autre intervenant/relais) pourrait être bienvenue, soit pour « lancer » la démarche, soit à certains moments pour « débriefer » ce qui se joue dans le groupe.
Objectifs
Développer des attitudes empathiques vis-à-vis de ses pairs.
Stimuler le vivre ensemble citoyen.
Public cible
8-13 ans
Utilisation conseillée
Utiliser l’outil en tant que projet de classe, travaillé par la classe tout au long de l’année.
Une formation préalable à l’écoute active et gestion des conflits peut faciliter la mise en place du projet.
Veiller à l’expression des émotions des enfants.
Poser le cadre avec les enfants, verbaliser son positionnement (au service du groupe, faire appel à des ressources si besoin.
Veiller à laisser tout le temps nécessaire au « Conseil de village » pour que chacun.e puisse s’exprimer.
Points forts
Construction du collectif, implication du public, approche valorisante, s’inscrit dans le temps
Points d’attention
Trouver des ressources/appuis si besoin
Où trouver l’outil
Chez l’éditeur
Centre de planning familial des FPS – Siège de Soignies, Rempart du Vieux Cimetière 15, 7060 Soignies – 067/220.335 – david.plisnier@solidaris.be – https://www.planningsfps.be
L’outil peut être commandé en envoyant un mail à cpf.soignies@solidaris.be. Prix : 25€ hors frais de port pour un kit double (matériel pour deux classes ou groupes)
Promouvoir L’Activité physique eN Education ThérapeutiquE
crédit: CRES Paca
Description selon l’éditeur
Matériel
1 livret de l’utilisateur contenant 18 fiches
11 jeux de cartes
6 pions
4 feutres effaçables
1 photo-expression
1 dé
1 plateau de jeu grand format
1 plateau de jeu moyen format
1 clé USB avec des supports d’activités (vidéos, diaporamas, ressources pour les intervenants)
L’intégralité du contenu de la mallette est téléchargeable sur le site de l’éditeur.
Concept
Une activité physique adaptée et régulière présente de multiples bénéfices pour les patients atteints de maladies chroniques : réduction des complications, amélioration de la qualité de vie, meilleure autonomie…
Mais lorsque l’on est soignant, comment encourager ses patients à pratiquer une activité physique ?
L’objectif de la mallette PLANETE (Promouvoir L’Activité physique eN Education ThérapeutiquE) est de fournir aux professionnels de santé une série d’activités et de ressources clés en mains pour mieux intégrer cette dimension dans les programmes d’éducation thérapeutique du patient, quelle que soit la pathologie concernée.
4 thématiques sont abordées dans la mallette PLANETE :
identifier les freins et se motiver à la pratique d’une activité physique ;
renforcer ses connaissances sur l’activité physique ;
choisir une activité physique et y accéder ;
planifier sa pratique en activité physique.
Objectifs
Les objectifs principaux de l’outil PLANETE sont de promouvoir et d’encourager la pratique d’activité physique auprès des patients ayant une maladie chronique.
Bon à savoir
L’outil a été réalisé avec le concours de professionnels de santé, d’associations de patients, de formateurs en ETP, de spécialistes de l’activité physique adaptée. L’ensemble des activités proposées ont été pré-testées par des soignants en situation réelle avec des patients.
PLANETE complète l’outil COMETE, qui a pour objet d’aider les équipes soignantes à développer les compétences psychosociales des patients en éducation thérapeutique.
L’avis de PIPSa
Appréciation globale
Ce riche outil d’éducation thérapeutique du patient (ETP) repose sur un travail interdisciplinaire, impliquant soignants et patients. Réfléchi et bien construit, il fournit une structure solide à diverses activités, classées selon le point de vue que l’on souhaite prendre pour aborder la thématique. Il semble aussi pertinent pour une remise en mouvement de personnes sédentaires, au-delà de l’ETP. Certaines activités seraient accessibles à des adolescents, en surpoids par exemple ou trop happés par leurs écrans.
L’outil vise à lever les freins à la pratique d’une activité physique (plutôt bouger au quotidien que faire du sport), à partir de ce qui convient à chacun. Les vidéos Youtube mettent en scène des situations quotidiennes, proches du réel, accessibles et pratiques, pointant ce qui peut motiver les personnes et les inciter à modifier leurs modes de vie.
L’outil développe à la fois l’implication individuelle et collective, soutenu par un guide bien balisé et opérationnel. Les activités, prétestées avec les patients, fournissent un matériau solide, très soutenant pour l’utilisateur.
Les conditions de la mise en place, le séquençage sont laissés à l’appréciation de l’utilisateur, selon ses objectifs et les attentes/besoins de son groupe.
Objectifs
Prendre conscience de ses représentations pour les faire évoluer.
Comprendre les effets de l’activité physique sur le corps et prévenir les complications des maladies.
Stimuler la pratique de l’AP, se mettre en projet.
Découvrir les propositions locales en AP.
Public cible
Adultes – 18 et plus
Utilisation conseillée
Adapter aux ressources belges.
Prendre le temps de visionner les capsules sur Youtube.
Tracer son chemin dans l’outil selon les attentes/besoins de son groupe.
Pourrait servir de base pour mettre un groupe en projet en santé communautaire.
Points forts
Accessible, téléchargeable, structuré et soutenant pour l’utilisateur, pertinent dans l’accompagnement et la méthodologie.
Où trouver l’outil?
Chez l’éditeur :
CRES Paca – Comité Régional d’Education pour la Santé PACA, 178 cours Lieutaud, 13006 Marseille, France +33 (0)4 91 36 56 95 – cres-paca@cres-paca.org – www.cres-paca.org
4 catégories : Société, Corps, Santé et Relations, chacune divisée en plusieurs thématiques
1 pâte à modeler
1 livret pédagogique
Règles du jeu
Concept
Dans cet outil pédagogique, à destination des professionnel·le·s qui souhaitent animer des groupes à partir de 14 ans, on pourra découvrir ou approfondir des sujets tels que : la sexualité, la puberté, les relations amoureuses, les violences, les stéréotypes de genre…
Les défis ? Mimer, modeler, dessiner, répondre aux différentes questions ou encore faire deviner un mot aux équipes adverses.
Une collaboration entre la FCPPF et Infor-Femmes Liège.
Objectifs
Aborder de façon ludique et variée un grand nombre de sujets en lien avec l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle.
Développer une vision positive de la sexualité chez les jeunes.
Valoriser la diversité des vécus selon la personnalité et les préférences de chacun·e.
Inviter les jeunes à questionner les codes / idées reçues / fausses croyances véhiculé·e·s dans la société et la manière dont chacun·e peut être influencé·e par ceux·celles-ci dans sa vie personnelle et sa manière de penser.
Aborder les stéréotypes de genre et susciter une prise de conscience des représentations qui enferment les hommes et les femmes dans des rôles prédéfinis afin de tendre vers plus d’égalité.
Mettre en évidence certains stéréotypes liés à l’origine, à l’orientation sexuelle, à l’identité sexuelle, à la religion et aux convictions philosophiques.
Donner des informations sur la législation et les ressources disponibles.
L’avis de PIPSa
Appréciation globale
Cet outil pédagogique attractif parvient à allier avec succès le pédagogique et le ludique. Ses ingrédients : un processus ludique facile d’accès, connu et éprouvé ; des contenus clairs et synthétiques ; une proposition d’utilisation adaptée aux groupes-classes.
Les différentes cartes couvrent le champ des thématiques possibles en Evras. Elles sont soutenues par un guide conséquent mais qui offre une belle synthèse à l’utilisateur familier de ces matières. La rubrique « Quelques idées préconçues à éviter » illustre les préjugés à laisser tomber avant d’animer un groupe.
Cet outil militant développe une vision progressiste, féministe et inclusive de l’EVRAS, de manière que tous.tes puissent y adhérer, dans la diversité des vécus et la volonté de l’absence de normes.
Certains contenus/cartes peuvent sembler sensibles/difficiles/trop « frontales » à animer (porno, mutilations génitales…). A l’animateur-trice de réfléchir comment il va les aborder (ou pas) avec les jeunes, en groupe mixte ou pas. L’outil ne spécifie pas les précautions à prendre pour l’animer dans des groupes mixtes au niveau du genre et au niveau des cultures (quid des groupes interculturels ?).
Vu le potentiel ludique de l’outil, le passage au débat pourrait être difficile à négocier.
Objectifs
Identifier ses représentations et les stéréotypes liées à l’EVRAS (genre, orientation sexuelle, identité…).
Retrouvez une présentation vidéo de l’outil par Isabelle Donner (FCPPF) et Axelle Mohade (Infor-Femmes Liège), réalisée lors de la Matinée OP’EVRAS (2décembre 2020). La vidéo comprend également leurs réponses aux questions du public.
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