Articles de la catégorie : Initiatives

Rencontres ‘santé’ en prison. Un projet du Service Education pour la Santé asbl

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: Dans quel contexte votre projet a-t-il vu le jour ?

Oliveira Sherlla : Les conditions de vie précaires en milieu carcéral et la marginalisation de cette population sont une entrave à la santé et au bien-être des détenus, hommes ou femmes. Le Service Éducation pour la Santé (SES asbl) développe des projets de Promotion de la Santé en milieu carcéral depuis une dizaine d’années. Parmi ces différents projets, il propose un module de « Rencontres Santé » qui a été mis en place au sein de la section hommes de la prison de Lantin. Un de ses autres projets est la mise en place de groupes de personnes relais santé au sein des prisons en Communauté Française. Ces personnes (agents pénitentiaires ou détenus) sont formées à être des relais d’information sur différentes problématiques de santé telles que le sida, les hépatites virales et autres infections transmissibles. Le SES se charge d’effectuer un suivi mensuel de ces personnes référentes. Notre expérience nous a montré qu’il est plus difficile de susciter l’intérêt des femmes sur des questions relatives à la santé globale ou sur des aspects plus théoriques de la santé.

ES: Qu’avez-vous mis en place alors ?
OS : Pour améliorer la situation au quartier ‘femmes’ de la prison de Lantin, le Service Éducation pour la Santé a mis en place des « ateliers cuisine ». Grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin en 2007, nous avons aménagé un local cuisine, lieu privilégié pour sensibiliser les détenues à l’intérêt d’une alimentation équilibrée, leur permettre d’acheter des produits accessibles selon les saisons, sains et bon marché et d’être capables de gérer la réalisation de plats simples et peu coûteux en tenant compte de la réalité du terrain, de leurs croyances, de leurs goûts, de leur rythme alimentaire et de la cellule familiale au sens large.

En 2008, nous avons concrétisé le projet d’un jardin bio en partenariat avec la « Ferme de l’Arbre de Liège ». Un petit groupe de détenues cultive des légumes, des fruits et des herbes aromatiques qui sont utilisés dans les ateliers cuisine au profit des détenues participantes et parfois à l’ensemble de la population carcérale féminine de la prison. Les « Rencontres Alimentation » se donnent par modules de 8 à 12 séances: un même groupe de détenues prépare et déguste des plats simples, équilibrés et bon marché.
En 2009, en plus des ateliers cuisine et du jardin biologique, le SES, dans le cadre du projet «Bien-être et santé du cœur auprès de la population défavorisée» de la Fondation, a lancé des «ateliers sportifs» afin de sensibiliser les détenues à l’importance d’une pratique sportive.
C’est ainsi qu’après une enquête réalisée auprès de l’ensemble des détenues de la prison de Lantin, nous avons mis en évidence l’accumulation, par cette population, de plusieurs facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires (tabagisme important, manque d’exercice, alimentation peu ou pas équilibrée, stress). Une brochure destinée à l’ensemble des détenues de Lantin, reprenant quelques résultats de l’enquête réalisée, a été éditée.

Afin de répondre aux souhaits des détenues, le SES a aussi mis sur pied des ateliers de danse moderne, à raison d’une fois par semaine. On les appelle « Rencontres Move ». Un t-shirt a été offert aux participantes de ces rencontres. Le but de ce petit cadeau était de proposer quelque chose d’utile pour la pratique sportive, mais aussi de permettre aux participantes d’être reconnues, par les autres détenues et les agents pénitentiaires, comme quelqu’un qui prend soin de son corps et de son cœur…
Pendant l’été 2009, un stage de volley-ball a également été proposé.

ES: Qui gère ces activités?
OS : L’équipe chargée de la mise en route de ce projet est composée d’une diététicienne responsable des «Rencontres Alimentation», d’une infirmière licenciée en santé publique responsable des «Rencontres Move» et d’une ergothérapeute licenciée en santé publique responsable du stage volley-ball.

ES: Quels effets vos actions ont-elles sur le public cible?
OS : Nous pouvons constater l’enthousiasme des participantes et les effets positifs de nos actions à différents niveaux: hygiène corporelle et vestimentaire, poids, humeur, choix de produits alimentaires sains. Nos activités permettent également aux détenues participantes d’apprendre à s’intégrer dans un groupe, à partager et à respecter les autres. Cet aspect-là est au moins aussi important. De plus, nous profitons de ces contacts pour passer d’une façon informelle et ludique des messages sur la santé en général (moyens de prévention de certaines maladies, informations sur l’utilisation des drogues…). Tous ces «petits» moyens permettent aux détenues d’obtenir des pistes d’amélioration de leur bien-être en prison mais aussi à l’extérieur.
Néanmoins, nous sommes confrontés à certaines difficultés liées non seulement au milieu carcéral, mais aussi au public cible (état psychologique instable, consommation de substances psychotropes, horaires de travail, plaintes physiques du type migraine, en rapport avec les règles…).

ES: Quel rôle la Fondation Roi Baudouin a-t-elle joué dans votre projet?
OS : Le soutien de la Fondation depuis 2007 a été fondamental afin de permettre une continuité de nos actions au sein du quartier femmes de la prison de Lantin et de constater ainsi ses effets positifs. Au long de ces années de soutien, environ 90% des détenues ont pu participer aux «Rencontres Alimentation» et 40% aux ateliers sportifs. L’investissement matériel permet de pérenniser les activités proposées, et ce, avec ou sans nous.

Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Oliveira Sherlla, Service d’Éducation pour la Santé asbl, Chaussée de Waremme 139, 4500 Huy, 085 21 25 76, ses.asblhuy@scarlet.be

Prise de conscience et accompagnement des fumeurs. Un projet de la Maison médicale Aquarelle

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: Dans quel contexte est né votre projet?
Alexandra Nicotra : Le constat étant que beaucoup de patients sont fumeurs ou pour le moins confrontés au problème du tabac (fumeurs passifs) et les sensibilisations traditionnelles anti-tabac ayant peu de succès auprès d’eux, il nous est apparu qu’une campagne ancrée dans un processus global de bien-être serait plus indiquée que ce que nous faisions habituellement.
ES: Qu’avez-vous décidé de mettre en place alors?
AN : L’idée est que notre projet viendrait s’articuler aux autres thèmes déjà abordés tels que la lutte contre le stress, la pharmacodépendance, les mauvaises habitudes alimentaires… Les activités proposées auraient pour but de permettre aux patients de repenser la consommation tabagique et d’entrevoir, s’ils le souhaitent, un type de suivi qui serait adapté au mieux à leur réalité.
Les activités sont alors très variées, de la marche à la réunion de groupe avec une tabacologue en passant par des séances de sophrologie ou de réflexologie.
ES: Quels sont vos objectifs?
AN : Ils sont multiples:
– faire réfléchir les gens aux relations fumeurs/ non fumeurs;
– leur faire reconnaître la maison médicale comme un lieu d’accompagnement et de référence vers l’extérieur;
– amener les fumeurs à se questionner de manière à ce qu’ils cherchent comment arrêter;
– proposer des activités différentes de manière à attirer les gens, à les sensibiliser, à ce qu’ils croient réellement aux possibilités d’arrêt.
ES: Quel est votre public cible?
AN : Tous les patients seraient invités aux activités, qu’ils soient touchés de près ou de loin par cette problématique.
ES: Vous parlez au conditionnel. Où en êtes-vous actuellement? Pouvez-vous nous faire un petit bilan de vos activités?
AN : Nous avons déjà organisé une enquête auprès des patients fumeurs et non fumeurs. L’objectif était que chaque groupe puisse dire à l’autre ce qu’il ressent vis-à-vis du tabagisme. Deux soirées gratuites avec un sophrologue ont été ouvertes à tous: l’une était une séance de relaxation collective, la seconde une soirée de réflexologie (en individuel).
Pour la suite, nous prévoyons une séance gratuite avec une tabacologue du Fares, en présence du médecin généraliste, pour répondre aux questions des fumeurs ou proches de fumeurs. Une séance «balade» avec des soignants et une personne de la commune est également prévue.
ES: Quel est l’impact de votre projet actuellement?
AN : Nous constatons une participation faible des patients malgré les sollicitations variées. L’impact est donc faible mais nous continuons notre programme activement et ne baissons donc pas les bras!
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Alexandra Nicotra – Maison médicale Aquarelle – rue Mathieu de Lexhy 170, 4460 Grâce-Hollogne, 04 234 22 44, alexandra.nicotra@maison-medicale.be .

Bouger, manger, c’est ‘eat-changer’! Un projet de l’Institut d’Enseignement secondaire Sainte-Marie de Seraing (IESSMS)

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: Parlez-nous de votre projet…
Philippe Reynkens : Depuis de nombreuses années, l’Institut Sainte-Marie, une école d’enseignement technique et professionnel, a pour objectif de promouvoir la santé par le sport, l’alimentation… L’année dernière, la direction, les éducateurs et les professeurs, avec l’aide du CPMS, ont décidé de créer le projet «Bouger, manger, c’est ‘eat-changer’!» pour sensibiliser les élèves et les parents à l’importance d’une alimentation saine.
ES: Comment avez-vous choisi de travailler?
PR : Trois grands axes ont été développés.
Tout d’abord, l’information des élèves: ceux-ci sont informés par les professeurs durant les cours, et aussi par des élèves durant les périodes de cours et pendant une journée spéciale «bien-être». Par ailleurs, des affiches et messages télévisuels seront une autre manière de faire passer le message. Enfin, une distribution de fiches sur l’alimentation est prévue.
En ce qui concerne l’alimentation, nous donnons aux élèves la possibilité de manger sainement dans l’école. Depuis le mois d’octobre, une fois par semaine, un petit déjeuner sain est disponible au prix de 1,5 euro, une vente de jus de fruits frais a lieu deux fois par semaine durant les récréations. Des sandwiches équilibrés sont aussi proposés une fois par semaine. Nous envisageons la dégustation de brochettes de légumes et/ ou de fruits, ainsi que la vente de soupe durant certains mois de l’année.
Nous n’oublions pas non plus les parents: ceux des élèves de certaines classes ont été invités pour des petits déjeuners et repas équilibrés.
Notez qu’il nous paraît important, lorsque c’est possible, que les informations soient données par des élèves (via des animations) et que des élèves interviennent dans la préparation et la vente des repas/collations.
Nous espérons, par ces différentes actions, que les élèves prennent conscience de l’importance d’une alimentation saine.
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Philippe Reynkens, Éducateur – IESSMS – Rue Cockerill 148, 4100 Seraing, 0493 72 16 39.

Accroche-coeur. Un projet de l’Intergroupe liégeois des Maisons médicales

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: Comment est né votre projet?
Christian Legrève : L’Intergroupe liégeois des maisons médicales est une association de soutien aux Maisons médicales de l’arrondissement de Liège, dans les domaines de la formation continuée, de la communication, de la représentation, de la promotion de la santé et de l’éducation permanente.
Elle a mené, entre 2005 et 2008, un programme de promotion de la santé sur le lien entre alimentation et santé dénommé «APple». Il a concerné 15 maisons médicales sur les 19 membres de l’association.
Le comité d’accompagnement à l’Administration de la Communauté française a donné au comité de pilotage d’APple l’occasion de formuler des enjeux qui sont apparus dans le programme et qui fondent le présent projet.
Même si l’information au patient doit être poursuivie et améliorée, APple a également permis de constater que l’enjeu le plus important pour une alimentation saine réside dans la difficulté de modifier les modes de vie de façon générale.
Ainsi, le programme de formation de la deuxième phase, dont le contenu s’est construit en relation avec les groupes sectoriels de l’Intergroupe, a dû faire une place importante aux attitudes à développer dans la pratique pour soutenir le changement des habitudes.
Cela s’est confirmé lors d’une démarche de rencontres par entretiens semi-dirigés, par une stagiaire en éducation pour la santé, auprès des usagers des maisons médicales, rencontres qui portaient sur les fondements du programme.
Le promoteur a présenté à la Communauté française un projet de poursuite de cette démarche. Malheureusement, malgré les avis positifs de la Commission d’avis du Conseil supérieur et de l’Administration, la Ministre a décidé de ne pas soutenir ce projet. Le programme retenu par la Fondation en est un volet.
ES: Quels objectifs poursuivez-vous?
CL : Les objectifs du programme sont:
– une connaissance et une prise en compte, par les soignants, des freins et obstacles aux changements d’habitudes chez les patients;
– une connaissance, par les soignants, d’attitudes adéquates à adopter pour promouvoir le changement;
– la mise dans la balance, par les patients, du poids d’une parole médicale et/ou paramédicale par rapport au changement;
– une meilleure organisation des équipes pour le développement de la promotion de la santé et le travail en réseau.
ES: Quel public visez-vous?
CL : Les publics cibles sont les usagers d’une part, et les équipes d’autre part. Environ 30 000 usagers, principalement parmi les familles défavorisées, sont inscrits dans les maisons médicales liégeoises. 16 équipes ont participé à APple, ce qui représente environ 200 travailleurs. C’est un gros projet pour nous!
ES: Qu’allez-vous mettre en place?
CL : L’équipe, en s’appuyant sur les ressources du réseau, va développer dans le quartier de chaque maison médicale, un programme régulier d’activités s’adressant aux travailleurs et aux usagers de l’ensemble des maisons médicales de l’Intergroupe liégeois, et à leurs partenaires.
Ces activités constituent des occasions d’expérimenter en commun des choix alternatifs de modes de vie applicables au quotidien, dans le domaine de l’activité physique et de l’alimentation. L’équipe va soutenir et encourager le développement d’un programme d’activités choisies et portées dans chaque équipe, en renforçant le rôle et les compétences des relais du programme.
ES: Comment cela se traduit-il concrètement, sur le terrain?
CL : Un tour cycliste des maisons médicales a déjà été organisé. Cette expérience très conviviale a été l’occasion d’une rencontre très positive entre des usagers et des travailleurs autour d’une activité physique qui semblait, au départ, relever du défi.
Une mobilisation dans les équipes autour de la thématique du travail et du non-travail a eu lieu. Cette action avait pour objectif principal d’amener les travailleurs à recueillir des témoignages auprès des patients, pour permettre un travail d’interpellation. Cette démarche a créé un lien particulier et nouveau entre les usagers et les équipes. Elle a été l’occasion d’échanges très riches.
Une mobilisation est également en cours dans les équipes autour de la thématique du logement. Il s’agit là essentiellement de créer des cadres qui permettent de questionner les représentations des uns et des autres. En outre, on recueille de cette manière des avis, des questions, des points de vue et des problèmes qui nourrissent le travail de la Commission politique de l’Intergroupe.
La thématique n’a peut-être pas beaucoup de lien avec la santé du cœur, mais bien avec les habitudes de vie et le bien-être. Ici encore, l’action permet de mettre en relation différemment soignants et patients, avec un bénéfice hautement transférable.
Enfin, une action sur les programmes ‘diabète’ des équipes est en cours d’élaboration. Elle aura pour objectif d’influencer positivement les actions curatives et préventives des équipes dans le sens de la prise en compte des déterminants de santé sur lesquels le groupe ‘promotion de la santé’ s’est centré cette année: habitudes culturelles, autonomie, modes de vie et, transversalement, inégalités sociales.
ES: Avez-vous déjà évalué ces actions?
CL : Parallèlement aux actions elles-mêmes, l’équipe mène avec le groupe des relais un processus collectif de construction d’un outil original d’auto-évaluation de l’ensemble des actions des équipes, adapté, concret, concerté, centré sur la pratique, longitudinal et orienté vers le changement. Cet outil est inspiré de la charte de qualité de l’APES. La démarche a déjà produit une série d’indicateurs, dont l’utilisation est en cours. À suivre donc…
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Christian Legrève, Intergroupe liégeois des Maisons médicales, Rue du Laveu 76, 4000 Liège, 04 344 38 34, igl@fmm.be .

12% des ménages confrontés à des difficultés financières du fait des frais de santé

Le 30 Déc 20

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Un ménage belge sur huit est confronté à des difficultés financières du fait de ses frais de santé. Les ménages qui se retrouvent dans une telle situation reportent souvent des soins médicaux pourtant nécessaires ou sont contraints de s’endetter pour se soigner. C’est l’une des conclusions de l’étude réalisée auprès d’environ 6000 de ses membres par la Mutualité chrétienne (MC) et ses partenaires.
La MC a déjà réalisé plusieurs études sur l’accès aux soins des malades chroniques. Cette nouvelle étude permet pour la première fois de disposer de résultats représentatifs pour l’ensemble de la population belge et se focalise sur les ménages plutôt que sur les individus. Elle a été rendue possible grâce à la collaboration entre Altéo, l’Union chrétienne des pensionnés, Ziekenzorg CM, Okra et les services sociaux des Mutualités chrétiennes. Elle se base sur une enquête écrite qui a permis de recueillir près de 6000 questionnaires complétés au départ d’une sélection de 9000 personnes acceptant de collaborer à l’étude. La MC a pu ainsi dresser un tableau complet des frais de santé qui restent à charge des ménages après remboursement par l’assurance maladie ainsi que des frais non remboursés.

Situation inacceptable

Quatre ménages sur dix sont confrontés à des problèmes chroniques de santé. Un tiers de ces ménages, soit 12% des ménages belges, connaissent des difficultés financières. Les ménages ayant des problèmes chroniques de santé sont souvent des isolés ou des couples dont les enfants ne vivent plus à la maison. Leur âge moyen se situe autour des 55 ans. Les pathologies les plus fréquemment mentionnées sont les affections chroniques des articulations comme l’arthrose ou le rhumatisme, l’hypertension, les maux de dos importants et la douleur chronique.
Les ménages confrontés à des problèmes chroniques de santé dépensent en moyenne entre 155 et 226 euros par mois pour leurs soins de santé, après intervention de la sécurité sociale. Pour les ménages sans malade chronique, les dépenses de santé ne s’élèvent qu’à 77 euros par mois. La plus grande partie de ces dépenses est consacrée aux médicaments, aux frais de transport, aux aides à domicile (aides ménagères et familiales), aux consultations de généralistes et de spécialistes ainsi qu’aux hospitalisations.
La moitié des ménages qui rencontrent des difficultés financières en raison de problèmes chroniques de santé sont souvent amenés à reporter leurs soins de santé pourtant nécessaires. Les soins qui sont le plus souvent concernés sont l’achat de lunettes, les soins dentaires, les consultations chez le généraliste ou le spécialiste ainsi que les médicaments. 12% de ces ménages s’endettent pour pouvoir payer leurs soins. Ce sont les isolés, les familles monoparentales, les ménages vivant sous le seuil de pauvreté, les ménages avec un invalide et les ménages louant leur logement qui vivent les difficultés financières les plus aiguës.
Notre système d’assurance maladie remplit en principe une fonction de ‘filet de sécurité’ afin d’éviter que les ménages confrontés à des problèmes chroniques de santé ne s’enlisent dans les difficultés financières. L’étude fait apparaître qu’il existe de graves lacunes dans notre système d’assurance maladie pour les plus fragiles d’entre nous malgré le bon niveau de protection dont la population bénéficie dans l’ensemble.

Un revenu décent pour les invalides

La MC et ses partenaires formulent dès lors quelques recommandations à destination des pouvoirs publics:
-augmentation de l’indemnité minimum des chefs de ménage en invalidité de 150 euros par mois;
-instauration d’un pécule de vacances de 250 euros pour les personnes en invalidité;
-majoration des allocations familiales des personnes en invalidité de 100 euros par enfant et par mois.
-démarrage rapide d’un enregistrement obligatoire et complet de tous les médicaments prescrits (les malades chroniques consomment par exemple beaucoup d’anxiolytiques entièrement à leur charge);
-suivi de l’enregistrement de ces médicaments par une analyse pouvant donner lieu à une étude sur le remboursement éventuel, les conditions et, le cas échéant, l’intégration du ticket modérateur résiduel dans le Maximum à facturer;
-extension des conditions d’intervention pour les frais de transport. Actuellement, l’assurance maladie intervient dans les frais de transport des patients dialysés et des patients cancéreux; ce dispositif pourrait être étendu à d’autres groupes cibles (personnes subissant une transplantation, parents d’enfants malades chroniques par exemple).
Cette année, la MC et ses partenaires ont lancé une pétition ‘Chacun a droit à une vie décente. Les personnes en invalidité aussi’, qui a recueilli plus de 170.000 signatures et a été remise au Premier ministre.
D’après un communiqué des Mutualités chrétiennes

La prévention du tabagisme dans une démarche de promotion de la santé, est-ce possible?

Le 30 Déc 20

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Cet article aborde plusieurs questionnements issus de l’expérience du FARES asbl en matière de prévention du tabagisme, acquise sur une période de plus de 20 ans, et plus spécifiquement lors de la mise en place du programme pluriannuel de promotion de la santé intitulé «Tabac: recherche et développement de pistes de prévention dans différents milieux de vie des jeunes».
Les réponses aux défis inhérents à cette démarche ont été explorées et mises en œuvre avec la participation active des adolescents et des professionnels relais, ainsi que celle des partenaires de différents secteurs. En voici un résumé.

Aller au-delà de l’information sur les méfaits du produit

La consommation de tabac, comme l’usage d’autres substances psycho-actives, est un phénomène multifactoriel. À cet égard, la formulation proposée par Olievenstein est bien connue: la rencontre d’un produit, d’une personnalité et d’un moment socioculturel (1). Selon qu’on porte l’accent sur l’un de ces paramètres plutôt que sur les autres, on aura différents types d’interventions. Historiquement, la prévention en matière de tabac a mis l’accent sur le produit: ses méfaits sur la santé, l’objectif unique d’arrêt ou d’abstinence, les traitements pharmacologiques, la guerre anti-tabac.
Prévenir dans un cadre de promotion de la santé implique de mettre en avant les aspects psychologiques et socioculturels. Cela se traduit, entre autres, par la réalisation d’activités visant le développement d’aptitudes personnelles telles que la résistance à l’influence sociale, le regard critique face aux médias, les compétences en communication interpersonnelle.
Au lieu de considérer le tabagisme uniquement comme une dépendance à la nicotine, la démarche de prévention va s’intéresser au sens donné aux comportements tabagiques et aux facteurs sociaux qui les influencent. Plutôt que de se centrer sur des messages de peur, cette démarche vise à valoriser la capacité individuelle et collective à être acteur de sa santé, en lien avec son entourage. Au lieu de se baser sur l’interdiction et l’évitement de la sanction, on favorise le choix éclairé et un rapport constructif à la loi.

Dépasser l’approche thématique pour une approche globale

Voici un des défis qui provoquent souvent des situations d’impasse. En effet, il y a, d’une part, l’approche globale préconisée par la promotion de la santé, qui propose un large cadre d’actions visant à aider les populations à acquérir un plus grand contrôle sur leur propre bien-être. D’autre part, il y a des programmes de prévention qui, pour des raisons historiques et pratiques complexes, ciblent certains thèmes spécifiques (sida, alimentation, assuétudes, tabagisme, etc.). La réalité de terrain montre qu’il ne s’agit pas de contraires, mais qu’il est nécessaire et possible d’explorer les moyens de les articuler de manière cohérente.
Dans cette perspective, le Fares considère la prévention du tabagisme comme une porte d’entrée pour la réalisation de projets ouverts à des perspectives plus larges telles que la prévention d’autres assuétudes ainsi qu’à des questions de santé, de société ou d’environnement, suivant le choix des participants. Il s’agit d’une démarche basée sur les partenariats entre différents secteurs: les professionnels de la santé à l’école, les professionnels de l’éducation, les intervenants de prévention d’assuétudes, les institutions de promotion de la santé, les intervenants d’aide à la jeunesse, etc.

Se décentrer du discours de l’expert pour se centrer sur les discours des jeunes

Les jeunes ont tendance à rejeter les approches basées sur l’autorité des experts. Face à cette caractéristique, il est incontournable d’explorer toutes les possibilités d’adapter les projets à leurs besoins et à leurs attentes. D’où l’importance de commencer par les écouter et les reconnaître. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en route un changement majeur. Traditionnellement, la prévention est centrée sur le discours de l’expert qui apporte l’information et les bons conseils. Tandis qu’en promotion de la santé, il est nécessaire de renoncer à cette primauté. Dès lors, la priorité est de mettre en place des stratégies permettant aux «publics» d’exprimer leurs croyances, sentiments, inquiétudes, objectifs, représentations. Cela constitue déjà le début d’une réflexion collective, dans un contexte de respect de leur parole et de leurs choix.
Pour ce faire, le Fares organise des groupes de discussion, des tables rondes, différents types de rencontres avec des adolescents et des adultes relais. Le but est d’identifier les pistes d’action les plus adéquates, de valoriser leurs ressources et de s’adapter à leur contexte.

Agir avec la participation active de la population concernée

Dans les approches traditionnelles de prévention du tabagisme, la population est considérée comme récepteur de messages, d’informations, d’avertissements, d’interdictions, ce qui la situe dans un rôle plutôt passif.
En revanche, la promotion de la santé vise à favoriser l’autonomie des personnes, l’appropriation de leur pouvoir d’agir sur les facteurs déterminants de leur bien-être. En ce sens, le Fares propose des méthodes qui se basent sur l’implication active des adultes relais et des adolescents.
En effet, tous les acteurs concernés devraient participer activement à toutes les étapes: analyse de la situation, formulation d’objectifs, sélection d’actions à mener, réalisation, évaluation, suites à donner, etc. Evidemment, cela n’est jamais un point de départ. Il y a différents niveaux d’implication, souvent il n’y a qu’un ou deux professionnels intéressés, par exemple dans un établissement scolaire.
Le premier pas est donc d’impliquer d’autres personnes: une enquête auprès des élèves, l’accord de la direction, l’appui des éducateurs, la participation d’un partenaire de prévention d’assuétudes ou de promotion de la santé, etc.
Ce type de démarche assure l’appropriation et la reproductibilité des projets. En effet, les professionnels relais augmentent leurs compétences et s’outillent pour développer des projets similaires. Quant aux adolescents, ils entament une réflexion collective basée sur le dialogue entre pairs et avec les adultes qui les entourent. Le rôle de l’intervenant externe évolue également en cohérence avec la finalité d’autonomisation: d’une implication plus importante au départ, même sur le terrain, vers un éloignement progressif pour se situer finalement en tant qu’organisme ressource disponible pour prêter un appui méthodologique au cas où il serait nécessaire.
Il s’agit d’un processus complexe qui part souvent de la demande «d’une animation sur le tabac» et dont la perspective permanente est qu’il débouche sur la mise en œuvre d’un projet à moyen ou à long terme, inscrit dans une démarche plus large de promotion de la santé.
Hernando Rebolledo , Françoise Cousin , Delphine Willems , chargés de projets, Caroline Rasson , coordinatrice, et Michel Pettiaux , directeur gestionnaire, FARES asbl
Adresse des auteurs: rue de la Concorde 56, 1050 Bruxelles.

(1) «La toxicomanie surgit à un triple carrefour: celui d’un produit, d’un moment socioculturel et d’une personnalité. Ce sont là trois dimensions également constitutives.» La drogue ou la vie. Claude Olievenstein. – Paris: Robert Laffont, 1983, p. 265-273. https://www.hopital-marmottan.fr/spip/spip.php?article51

Mon quartier atout coeur. Un projet de l’Intercommunale de santé Harmegnies-Rolland

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: Quels sont les objectifs de votre projet?
L’équipe projet : L’objectif principal est d’initier et de renforcer des attitudes favorables à la santé cardiovasculaire des populations précarisées de cités sociales, en développant des connaissances et en favorisant l’accès à la pratique d’une activité physique.
Les stratégies qui seront mises en place s’appuieront tant sur le niveau individuel que collectif.
Au niveau individuel, nous veillerons à ce que les bénéficiaires acquièrent des aptitudes individuelles (via la sensibilisation, l’information et l’éducation à l’adoption de comportements bénéfiques à la santé).
Au niveau collectif, nous voulons:
– renforcer l’action communautaire (en mobilisant le réseau local: partenaires locaux, institutionnels et populations bénéficiaires);
– créer un milieu favorable (en initiant un milieu de vie favorable à la santé: meilleure connaissance et accessibilité aux infrastructures d’activités sportives et de loisirs);
– nous assurer le soutien de la politique publique (accessibilité financière des infrastructures sportives et de loisirs).
ES: Parlez-nous des bénéficiaires de votre projet…
EP : Les bénéficiaires de notre projet seront prioritairement les populations résidant sur la commune de Boussu et plus précisément dans les cités sociales des Quartiers Robertmont, Haute Borne, Sentinelle, Autreppe, de l’Avenue Ducobu et de la Rue de Binche.
ES: Quels sont vos partenaires dans ce projet?
EP : Le CPAS, le Plan de Cohésion Sociale de Boussu et le Plan de Prévention et Proximité, le Panathlon, le Comité de quartier, l’ADEPS, le SPJ, des enseignants, des professeurs d’éducation physique, l’école du Foyer Moderne et les parents d’élèves, l’Observatoire de la Santé du Hainaut, le CLPS Mons-Soignies, l’extra-scolaire, des Échevins de la santé et de la famille, des sports et de l’action sociale de la Commune de Boussu, la Société de logements sociaux de Boussu, l’Association de sauvegarde des voies lentes et du patrimoine naturel et les clubs sportifs locaux.
ES: Concrètement, comment allez-vous vous y prendre?
EP : Nous allons travailler en plusieurs phases:
– constitution et diffusion d’une grille d’enquête concernant les attentes des bénéficiaires (population des quartiers) à propos de la pratique de l’activité physique dans leur milieu de vie;
– constitution et diffusion d’une grille d’entretien destinée aux établissements et infrastructures sportives situées à proximité de la Cité;
– analyse des différentes grilles;
– constitution d’un groupe de personnes volontaires appartenant aux quartiers, qui seront porteuses du projet et chargées de la mise en œuvre de certaines activités.
À côté de cela, une journée-événement a eu lieu le 10 octobre 2009 dans le quartier. Les activités sportives locales y ont été présentées, et l’école du quartier a été associée à l’initiative.
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Intercommunale de santé Harmegnies – Rolland – Onzième rue, 7330 St-Ghislain, 065 78 43 19, icomsante.hr@yucom.be.

Santé des étudiants: tout va bien, mais…

Le 30 Déc 20

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C’est certain, une grande majorité des étudiants du supérieur sont en pleine forme et vivent très bien leur nouvelle vie trépidante et exigeante, avec son lot d’apprentissages et de festivités divers. Mais ce n’est pas une raison pour oublier ceux qui ne passent pas ce cap aussi facilement, comme a voulu le souligner le colloque «La santé des étudiants», organisé en juin dernier par le Service d’aide aux étudiants de l’UCL.
L’un des enseignements les plus marquants de cette journée concerne la santé mentale de ces jeunes qui vivent difficilement cette période de chamboulement. L’objectif est que l’étudiant en souffrance ne reste pas seul face à ses soucis ou son mal-être. Face à des difficultés, il est utile de rappeler que chacun peut trouver une oreille attentive, que ce soit chez un médecin, chez un psychologue ou chez un assistant social.
La somatisation n’est pas rare, comme le confie le Dr Myriam Provost , médecin généraliste en milieu estudiantin depuis 30 ans: « Une plainte fréquente est celle des maux de tête ou du stress , qui peut être rattachée à d’innombrables situations . Par exemple , lorsque des parents vivent comme un échec personnel celui de l’étudiant , ce qui peut engendrer des conflits ; ou encore les angoisses apparaissant avant un stage , vécu comme une entrée déstabilisante dans la vie active . On remarque aussi chez les étudiants étrangers des inquiétudes propres , comme l’isolement par rapport à la famille ou encore une plus grande fragilité par rapport à la maladie . Ainsi , en janvier dernier , une épidémie’ de pneumonie les a frappés …»
Une catégorie très spécifique d’étudiants fait l’objet d’une attention toute particulière: ceux de médecine… « Ils ont tendance à reconnaître chez eux et des personnes de leur entourage les symptômes étudiés en cours ! Ensuite , il y a leur implication trop précoce dans un rôle de médecin : dès la 3e année , on leur accorde déjà la place d’un médecin en consultation , dans une relation d’aide et d’écoute . Ils sont interpellés par des patients ou des amis , considérés comme des médecins , alors qu’eux mêmes se sentent encore trop novices’ ; cela peut aussi générer un mal être . Enfin , il y a l’accès aux soins , perturbé par le savoir médical ; heureusement qu’ils ne peuvent pas se’ prescrire , cela les oblige à consulter . De plus , ils sont souvent réticents à cette consultation , puisqu’ils risquent de croiser leurs professeurs ou des amis stagiaires …»

Bobos à l’âme…

Les étudiants qui consultent le généraliste ne le font pas nécessairement pour traiter une maladie somatique, mais parfois aussi pour trouver une oreille attentive et compatissante. «Un contact sur deux ne fait pas l’objet d’une attestation de soins. En plus des renouvellements de prescriptions ou des vaccins réalisés gratuitement, nous jouons un rôle essentiel de conseil, d’écoute, qui ne fait pas non plus l’objet d’une facturation. Car il est important que les jeunes sachent qu’ils peuvent venir nous dire qu’ils vont mal sans sortir le portefeuille… Ils sont très sensibles à cette proximité et à la confidentialité, pas uniquement par rapport aux problèmes médicaux qu’ils rencontrent, mais aussi par rapport à ce qu’ils n’osent pas dire à leur entourage. C’est par exemple le cas lorsqu’un stage se passe mal, ils n’osent pas en parler à leur professeur, par crainte d’avoir de mauvaises cotes…»
D’autres, face à ces problèmes, se tourneront plus facilement vers un psychologue. Tout particulièrement en période d’examens, d’ailleurs. Car il s’agit, comme l’explique Christian Ghistelinck , psychologue au Service d’aide aux étudiants (SAE), d’une situation propice à l’angoisse et la mauvaise estime de soi. « Il y a bien sûr des motifs rationnels , tout à fait accessibles qui permettent de comprendre cette angoisse : une année d’étude coûte cher , l’image de soi est engagée , voire la réputation des parents , et puis on est dans une société où il faut réussir à tout prix …» Le jeune peut alors craindre l’échec ou le moment de l’annoncer à la famille.

…et au portefeuille!

Et puis il y a les soucis matériels que pas mal d’étudiants connaissent, comme l’a expliqué Anne-Michèle De Jonge , assistante sociale au SAE qui gère 1500 demandes d’aide (sur les 20.000 étudiants inscrits).
«Des demandes d’aide généralement financières, mais qui peuvent cacher d’autres réalités… On assiste à des problèmes familiaux, comme une pression très forte pour faire de longs trajets, une formation non choisie par l’étudiant, des parents qui contrôlent de manière stricte les budgets, voire la rupture familiale. On peut aussi retrouver une difficulté à affronter la pression académique, comme le concours lors de la spécialisation chez les étudiants en médecine. Chez les étudiants étrangers s’ajoutent l’isolement, la perte de repères, les problèmes médicaux spécifiques qui ne sont pas pris en charge par les mutuelles, la pression de la famille qui compte sur cet investissement lourd, le déracinement culturel, les bourses insuffisantes ou encore des garants qui les ‘laissent tomber’. Nous constatons également que l’augmentation des familles mono-parentales va de pair avec une augmentation des situations où l’étudiant doit être encore plus attentif à son budget, au détriment bien souvent des soins de santé, de l’alimentation correcte et de la prévention…»
Toutes ces préoccupations ne doivent pas être oubliées car même si elles ne concernent pas ou ne constituent pas un frein pour tous les étudiants, certains peuvent perdre pied à cause d’elles. « Il est donc nécessaire d’avoir et de maintenir un dispositif qui veille à préserver la santé à l’université », conclut Michel Tavernier , l’un des initiateurs d’Univers santé. Car si la santé n’est pas la préoccupation majeure des jeunes, elle n’est pas pour autant à sous-estimer!
Carine Maillard
Service d’aide aux étudiants, rue des Wallons 10-12, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 20 02. Courriel: jacobs@aide.ucl.ac.be

Jeunes et écoles, la parole et les cris

Le 30 Déc 20

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Alors que l’école a été créée pour instruire les individus, on l’interroge aujourd’hui, comme on interroge la police: «Mais que fait l’école?». Dans ce lieu, l’enfant devrait avoir le temps de grandir et construire son devenir d’adulte apte à vivre avec les autres. Mais pour cela, il s’agit de lui donner le temps de «s’égarer dans des stades même fâcheux de son développement», comme le disait Freud.
Depuis plus de trente ans, Infor-Drogues travaille les questions de prévention en s’appuyant, notamment, sur sa pratique auprès des usagers de drogues et de leur entourage. Ses objectifs visent à fournir information, conseil et soutien à toute personne en difficulté ou en interrogation par rapport à l’usage de substances psychoactives.
Ses activités de prévention sont destinées aux professionnels de l’éducation et, plus largement, à celles et ceux qui accompagnent les jeunes. Les situations abordées avec eux amènent Infor-Drogues à inscrire ses interventions au-delà du champ des assuétudes et à travailler également la relation jeunes-adultes.
C’est dans ce contexte qu’Infor-Drogues a invité Violaine Clément , adjointe de direction d’une école secondaire à Fribourg (Suisse), enseignante de latin et de grec et psychanalyste d’orientation lacanienne.
Les jeunes en difficulté, et les professionnels aussi bien, Violaine Clément les rencontre au quotidien. Elle nous a convié à réfléchir avec elle sur les façons d’accompagner ces jeunes, en s’appuyant sur l’expérience qu’elle mène, avec d’autres, pour décrypter les questions que nous posent les adolescents – par l’expression souvent violente de leur malaise – et pour essayer d’y apporter des ébauches de solution, en se servant des crises et en tentant de traduire les cris.
C’est dans le cadre enchanteur de la Maison du Livre à Saint-Gilles (Bruxelles) que la conférencière partagea avec nous son expérience.
Dans ce lieu dédié à la lecture, elle centra son exposé sur l’oralité, nous expliquant que la clé de l’aide qu’elle peut apporter dans sa pratique réside dans son souci d’apprendre la langue de l’autre, source de richesse évidemment, mais aussi de bien des malentendus (au sens propre comme figuré), ceci étant valable avec les élèves dits difficiles comme avec les professeurs en souffrance.
Pas question ici de trucs et ficelles pour mieux ‘gérer’ (Contenir? Cadrer? Étouffer? Punir?) la violence verbale et/ou physique, mais d’une leçon plus modeste pour nous aider à ‘tenir notre parole’, à la fois pour s’exprimer, tout simplement, mais aussi pour respecter les engagements mutuels des profs et des élèves.
Le discours somme toute encourageant de la conférencière contrastait avec celui de la tribune hebdomadaire de Jean-Claude Guillebaud dans le supplément Télé Ciné du Nouvel Observateur . Celui-ci, le même jour, partageait avec le lecteur son inquiétude face à la ‘Dislocation du langage’ chez les jeunes des banlieues françaises, qui ‘parlent dorénavant une langue qui n’est plus celle des profs. Ni dans sa syntaxe, ni dans son imaginaire. L’effet de brisure, d’incommunicabilité en devient vertigineux’, ou encore, ‘Quand les mots eux-mêmes se dissolvent ou se décomposent, quand advient la désaffiliation de la parole elle-même, c’est que rôde, en effet, un obscur péril’, selon les formules élégantes de l’essayiste.
En bonne psy lacanienne, Violaine Clément ne fut pas non plus avare de formules percutantes, comme par exemple «On colle une étiquette aux élèves, dommage qu’il y manque un ‘h’ entre le ‘t’ et le’i’», ou encore «Nous voulons tous être des exceptions tout en aspirant à la conformité».
Si l’accent (à peine perceptible!) fut mis sur le pouvoir libérateur de la parole, la conférencière, sûrement inspirée par les lieux, nous recommanda aussi quelques belles lectures ( Jeanne Benameur et ‘Les demeurées’, le dernier Pascal Quignard ), tout en terminant par une citation du grand Sigmund.
Une soirée stimulante, qui nous laissa aussi perplexe par moments, avouons-le, et dont la question des assuétudes fut largement absente, ce dont on saura gré pour une fois à Infor-Drogues!
Christian De Bock

Les femmes issues de l’immigration appellent de plus en plus Télé-Accueil

Le 30 Déc 20

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Face à la fréquence des appels en provenance des femmes issues de l’immigration, l’Observatoire social de Télé-Accueil Bruxelles a réalisé, entre janvier et juin 2007, une recherche sur le contenu de ces appels. Il en ressort des récits de femmes ambivalentes, prises entre deux cultures, entre le désir de rester fidèles à leurs familles d’origine et la nécessité de s’intégrer dans leur pays d’accueil.
Depuis 48 ans, grâce au numéro de téléphone 107, gratuit et accessible 24 heures sur 24, Télé-Accueil Bruxelles assure, dans l’anonymat et en toute confidentialité, l’écoute de toute personne vivant une situation de crise, une difficulté sur le plan moral, social ou psychologique et qui souhaite en parler.
Cette écoute est assurée par des volontaires qui, mus par des motivations citoyennes et solidaires, partagent la conviction que parler est vital pour un être humain. L’objectif de Télé-Accueil vise à rendre à la personne sa qualité de sujet en l’encourageant à exprimer ce qu’elle vit, sent et recherche.
De ce fait, il se dit, à Télé-Accueil, des choses qui ne se disent pas ailleurs. « Il s’agit de choses qui relèvent précisément de l’ordre de l’intime , de vécus en porte à faux avec l’opinion de l’entourage des appelants , observe Pascale Meunier , chercheuse et responsable de l’Observatoire social de Télé-Accueil Bruxelles. L’anonymat des échanges téléphoniques facilite une prise de parole , sans jugement . La confidentialité permet à l’appelant de faire son chemin sans que son entourage ait connaissance de son vécu intime , de ses difficultés , ainsi que de son appel à l’aide

Observatoire social et recherche

Parallèlement à la réappropriation de la parole par les individus à l’intérieur de la relation d’écoute, Télé-Accueil est un témoin et un révélateur des tendances sociales et des changements à l’œuvre dans la société. Ces tendances et changements méritent d’être analysés et communiqués dans le but, d’une part, de mieux comprendre les phénomènes sociaux actuels et, d’autre part, de les transmettre, notamment au monde politique.
C’est ainsi que Télé-Accueil Bruxelles a créé un Observatoire social dont le rôle est d’analyser et de communiquer les courants de société perçus par les écoutants lors des appels reçus. « À l’occasion d’une première recherche auprès des écoutants , plusieurs problématiques marquantes sont apparues , rapporte Pascale Meunier. Parmi celles ci , les appels de femmes issues de l’immigration ont retenu l’attention , tant par leur fréquence que par le poids de leur contenu . Les écoutants ont , en effet , souligné , pour 2006 et 2007 , le nombre croissant d’appels de femmes issues de l’immigration . Les appels proviennent davantage de jeunes femmes que de femmes âgées . Ces jeunes femmes vivent principalement en famille et en couple .» La recherche, basée sur les récits de femmes issues de l’immigration, porte sur les appels reçus par 19 écoutants, collectés entre janvier et juin 2007. Les femmes dont il est question sont principalement d’origine maghrébine et turque.

De quoi témoignent les femmes?

Les situations dont parlent les femmes issues de l’immigration ont principalement trait aux relations de couple, notamment aux problématiques en lien, de près ou de loin, avec le mariage: choix du partenaire, violences conjugales, virginité, grossesse… « Elles abordent plus fréquemment que la moyenne générale des femmes le sujet du divorce et de la rupture , la recherche d’un partenaire , la déception amoureuse et les relations de couple , analyse Pascale Meunier. Elles parlent aussi de la violence : viol , abus , harcèlement , violences psychiques et physiques
Pascale Meunier attire l’attention sur l’ambivalence de ces femmes et sur les choix douloureux auxquels elles sont confrontées. « Elles témoignent d’une ambivalence entre deux cultures , d’une vie faite de choix de cœur et de raison . Les rapports à autrui prennent une large place et s’expriment en termes de solitude , de liens parents enfants , de rapports de genres , de place dans la société d’accueil et dans le contexte plus vaste de l’immigration . Les statistiques montrent qu’elles sont en proie à un questionnement : elles s’interrogent sur le sens de la vie , retracent leur itinéraire de vie , cherchent des repères , manquent de confiance en elles . Elles abordent le choix de leurs études . Elles évoquent également plus fréquemment des projets concrets de suicide , ce qui ne manque pas de rappeler les échappatoires pessimistes au mariage forcé

Un conflit de générations

Appeler Télé-Accueil Bruxelles semble une affaire de génération. Un appel rassemble plusieurs critères pratiques: il faut connaître l’existence du service (certaines femmes appellent sur recommandation d’un tiers, d’un médecin, de la police), il faut avoir le ressort d’appeler à l’aide et particulièrement celui de téléphoner, il faut maîtriser un minimum la langue française, entrer dans une démarche de prise de parole à propos de soi. Or, les femmes âgées allochtones maîtrisent peu ou pas du tout le français ou le néerlandais, ne connaissent pas leurs droits, ni les dispositifs existants ainsi que les institutions belges.
« Vu l’âge estimé des appelantes , s’adresser à Télé Accueil semble plutôt l’apanage des deux dernières générations , celles qui sont le plus en friction avec la tradition de leur pays d’origine », constate Pascale Meunier.
Interrogée dans le cadre de la recherche, Gertraud Langwiesner , responsable de la Maison mosaïque à Laeken, déclare ressentir davantage chez les femmes de la deuxième génération une rupture dans la culture, dans la relation avec le père: « Soit elles se sont fort renfermées et ne parlent pas de leurs problèmes . Soit elles assument leur situation et se révoltent . Mais c’est une révolte beaucoup plus extrême
Existe-t-il une problématique spécifique aux jeunes femmes qui se trouveraient davantage entre deux cultures que leurs mères davantage inscrites dans une culture typiquement maghrébine? Selon Pascale Meunier, « les femmes qui téléphonent sont prises dans un conflit de générations . Leurs grands mères se situaient dans un projet migratoire : elles avaient choisi la migration et ont emmené leurs enfants avec elles . Elles sont arrivées en Belgique avec leur culture , qu’elles ont transposée . La troisième génération est plus en rupture , en rébellion par rapport à la culture antérieure

Coincées entre deux cultures

Si le thème de la religion en tant que tel apparaît peu, la culture prend, en revanche, beaucoup de place dans le discours des femmes étrangères. Soit la culture s’impose, soit elle se négocie. Pour les jeunes femmes d’origine maghrébine, négocier entre la culture ambiante et leur propre culture, faire la part des choses, choisir, se positionner, relève de leur vécu quotidien.
Une partie des femmes dont l’Observatoire social a étudié le récit sont à la fois très libres et coincées. « Elles ont envie de quitter la famille tout en souhaitant y rester , observe Pascale Meunier. Elles sont un peu dedans , un peu dehors , tantôt accrochées à des valeurs traditionnelles ( la virginité , le mariage ), tantôt attirées par une union mixte , tantôt indépendantes et tantôt nostalgiques du giron familial . Elles oscillent d’une culture à l’autre en fonction des pertes et des bénéfices qu’un choix engendre . Il arrive que ce choix les paralyse : elles éprouvent des difficultés à se décider , à entrevoir un avenir quelconque . Elles ont le sentiment d’être sacrifiées . Elles se sentent coupables . Il y a quelque chose de l’ordre d’un détachement inopérable , car ces femmes sont au milieu du gué , assises entre deux chaises , face à des choix impossibles
Télé-Accueil entend deux types de discours: « D’une part , nous entendons des femmes qui subissent leur situation . Elles ne sont pas actrices de leur propre récit , elles se sentent culpabilisées , indécises face à des choix de vie . À côté de cela , il y a aussi des femmes d’action , pleines d’énergie , de volonté , qui ont déjà choisi , qui se battent et se débattent . C’est un peu comme si elles allaient donner du courage aux autres . Cependant , celles qui ont choisi l’émancipation et quitté leur famille avec l’envie de créer leur propre famille entrent en confrontation violente avec leurs parents . Elles se retrouvent face à la difficulté d’avoir posé un choix qui n’est pas celui attendu par leur famille

La famille et le mariage

Les appelantes sont prises dans un réseau de sociabilité culturel et principalement familial. Pascale Meunier relève le poids de la famille et l’importance du réseau qui protège, mais qui crée des obligations. « Si les femmes s’en extirpent , d’une manière ou d’une autre , elles ont l’impression de le trahir . Le contexte familial et culturel donne la primauté au collectif et à la communauté , au clan . Epouser un Européen , par exemple , c’est davantage se licencier de sa famille que de la religion
L’ambivalence se retrouve aussi dans les rapports familiaux. « Les jeunes femmes ne sont pas toujours en bons termes avec leur famille . Des sujets délicats comme celui du mariage conduisent régulièrement à des disputes . Les contacts se distancient au grand dam de ces femmes qui souhaitent maintenir un lien , qui ne veulent pas être rejetées , mais qui se sentent comme telles . C’est une grande souffrance d’avoir quitté sa famille et d’en être rejetée parce que , malgré ce rejet , elles aiment cette famille . Elles souffrent de cette séparation , elles se sentent seules . Le chez moi’ qu’elles expriment quand elles vivent seules , ce n’est pas chez elles , c’est chez leurs parents
La distance, le refus des traditions familiales, religieuses ou culturelles sont cependant empreints de reproductions et de contradictions. « Si les jeunes femmes ne veulent pas contracter un mariage traditionnel , elles souhaitent néanmoins se réaliser dans le mariage . Elles cherchent à fuir leur famille , mais espèrent créer leur propre famille . Les projets de certaines femmes sont les mêmes que ceux de leurs parents , comme , par exemples , devenir propriétaire ( alors qu’elles se sentent mal dans leur appartement et vivent difficilement la solitude qui l’accompagne ), ou être vierge au jour du mariage
L’image que renvoient les pairs est difficile à soutenir. Le rejet du mariage traditionnel est lourd à porter, surtout s’il ne s’accompagne pas d’une autre union, de la constitution d’un couple harmonieux, mixte ou autre, conciliant les aspirations des jeunes femmes et les principes dont elles restent imprégnées. « Ce fameux mariage , quand il se réalise ou tel qu’il est rêvé , reste aussi empreint de la crainte de l’échec , un échec qui se vit comme la conséquence de s’être écartée des sillons familiaux

La violence

Les écoutants du 107 sont confrontés à des propos très durs en provenance, par exemple, de filles menacées de mort par leurs parents. Elles ont intériorisé le caractère plénipotentiaire du père. Pour les jeunes filles, cela peut aller jusqu’au droit de vie ou de mort des parents sur leurs enfants. Le père a plein pouvoir sur ce que fait sa fille, notamment en ce qui concerne le mariage. Celle qui transgresse, qui faute, se fait violemment rappeler à l’ordre.
La violence conjugale, quant à elle, n’est pas plus importante dans telle ou telle communauté culturelle. À cet égard, Pascale Meunier cite l’analyse de K. Marijnissen et A. Sassy (1) : « Beaucoup de couples fonctionnaient bien avant de venir en Belgique . Il n’y avait pas de pathologie . C’est le changement de contexte qui bouleverse leur équilibre . Les facteurs qui fragilisent l’équilibre du couple sont le parcours migratoire , le choc culturel , l’adaptation aux valeurs de la société d’accueil , l’isolement social , la perte de statut et de perspective d’avenir , la rupture avec les liens familiaux , la longueur des procédures , l’absence d’intimité et la vie en collectivité , l’oisiveté subie , l’absence de revenus …».
Il est rare qu’une mère marocaine téléphone, et encore moins souvent un père. « , on pourrait avoir un dialogue . Mais tant que les gens sont coincés dans leur système de valeurs , de traditions , on ne peut pas les soulever avec un cric », déplore un écoutant. « Ce sont essentiellement des jeunes qui nous téléphonent , des personnes qui expriment leurs problèmes avec la génération qui les précède , pas des personnes d’âge mûr inquiètes pour elles mêmes ou pour leurs enfants », poursuit Pascale Meunier.
Les femmes qui appellent Télé-Accueil Bruxelles disent ne pas pouvoir parler avec leur mère, ne pas pouvoir parler de leurs problèmes autour d’elles. Elles évoquent les relations difficiles avec leurs mères qui ne les comprennent pas, qui n’ont qu’une seule lecture des choses, qui n’intègrent pas ce qui se passe ici, qui s’accrochent et semblent à des années lumière de ce que leurs filles essaient de vivre. Avec leurs frères, pourtant de la même génération qu’elles, cela se passe aussi très mal, sans aucune compréhension. Pascale Meunier constate encore une absence de communication dans ces familles où on ne se parle pas. « Et la confrontation entre deux cultures amplifie encore le problème de communication
Le Centre régional du libre examen (2) a recueilli des témoignages de femmes migrantes en alphabétisation. Ils sont proches de ceux que l’on peut entendre chez Télé-Accueil. « Les filles sont souvent soumises au contrôle des frères et des amis des frères . Elles deviennent le garant de l’honneur familial . La liberté de se parler , de se rencontrer , de se séduire n’existe pas . Approcher l’autre sexe devient problématique . Il y a de la méfiance . Les filles ont peur de passer pour des dévergondées . Les garçons ont peur des filles émancipées . Et face à tous ces facteurs , la tradition devient un refuge puisqu’elle organise et permet d’improbables rencontres entre les filles et les garçons , entre cousins et cousines , ici ou là bas

Les conditions de l’appel au 107

Pourquoi des femmes issues de l’immigration s’adressent-elles à Télé-Accueil Bruxelles?
« Selon elles , il n’y a pas d’autre endroit où vider leur sac , rapporte Pascale Meunier. Elles savent qu’elles seront entendues avec le décalage entre les deux cultures qu’elles vivent au quotidien . En appelant Télé Accueil , elles choisissent délibérément de ne pas se confier à des pairs , mais à la culture d’accueil
D’autre part, ces femmes disent réellement à Télé-Accueil des choses qu’elles ne disent pas ailleurs car ce cadre leur offre une liberté d’expression et leur garantit une sécurité de parole.
« L’anonymat et la confidentialité ne se rencontrent pas toujours dans le milieu de vie de ces appelantes , dans leur environnement communautaire , social ou religieux . L’aspect non jugeant et non normatif sont également des facilitateurs , comme l’est aussi un accès gratuit au service
Selon Sami Zemni , professeur en sciences politiques et sociales à l’Université de Gand (3), le recours aux lignes d’aide de Télé-Accueil est une des rares possibilités qui s’offrent aux femmes qui vivent un mariage forcé. « Outre la médiation et ses limites , la fuite ou le suicide , elles peuvent aussi essayer de divorcer , recourir à un accompagnement thérapeutique ou contacter des lignes d’aide spécifique comme Télé Accueil . Elles peuvent également s’adresser à des intervenants sociaux extérieurs pour récolter des informations ou recevoir un soutien lors de leur fuite . Certaines participantes font remarquer qu’elles n’oseraient pas se tourner vers des instances officielles , le pas à franchir étant trop grand pour elles . La plupart du temps , elles chercheront d’abord de l’aide au sein de leur propre réseau .» Mais Sami Zemni remarque aussi que « les bénévoles travaillant pour ces lignes d’aide disposent parfois de trop peu de connaissances et de compétences pour proposer un soutien adéquat

Comment être à l’écoute de ces femmes?

Si la question de la formation des écoutants se pose effectivement, Pascale Meunier souligne que « l’objectif de Télé Accueil Bruxelles n’est pas de proposer une aide à proprement parler , qu’elle soit spécialisée dans le domaine du mariage forcé , de l’immigration ou de quelque autre problématique , mais simplement une écoute .» Au 107, la connaissance culturelle de l’autre n’est effectivement pas essentielle à l’écoute. La reconnaissance de la difficulté de l’autre est, en revanche, indispensable.
Un écoutant attire cependant l’attention sur la difficulté d’échapper à une forme de compassion spontanée « tant on est heurté par une forme de différence ou de condition faite à la femme qui nous semble offensante ou arriérée , voire archaïque
Un autre écoutant pose quant à lui la question de l’ethnocentrisme: « Nous sommes tous dans une forme de complaisance par rapport à l’émancipation ou à l’autonomie des jeunes femmes en particulier . Est ce qu’il n’y a pas là quelque chose d’inapproprié ? Outre le fait qu’on n’est pas là pour conseiller , il y a quand même une disposition à dire allez y , c’est scandaleux d’être encore sous influence’ . On pourrait se demander pourquoi ce monde là aurait tort , pourquoi leurs opinions ou leurs convictions seraient mauvaises par rapport à nous qui en avons d’autres Quand on voit ce qu’on fait aujourd’hui de notre émancipation , de notre évolution , on peut se demander vers quoi notre culture va . On est loin d’être des exemples ou des repères et je trouve que cela va un peu vite dans le sens d’une conviction que cette émancipation , cette autonomie est la voie à suivre
Colette Barbier

Quelques chiffres

Les femmes, toutes origines confondues, représentent 6.255 appels sur 9.397, soit plus de deux tiers (66,56%) des appels reçus par Télé-Accueil Bruxelles, au cours du premier trimestre 2007.
Parmi ces appels de femmes, 16,02% sont passés par des femmes d’origine étrangère.
Les appels d’hommes ne représentent que 33,44 % de tous les appels. Parmi ces appels masculins, 11,55% sont le fait d’hommes d’origine étrangère.
Les hommes téléphonent moins que les femmes à Télé-Accueil Bruxelles. Ce retrait est encore plus marqué lorsqu’ils sont d’origine étrangère. Si peu d’hommes issus de l’immigration appellent le 107, cela ne signifie pas que leur vie soit plus simple. Ils éprouvent probablement plus de difficultés à parler que les femmes.

(1) Marijnissen K. et Sassy A. Le couple à l’épreuve des cultures, dans Crises, conflits, violences dans le couple: approche interculturelle, actes du colloque du 26 janvier 2007. FPS, Bruxelles.
(2) Centre régional du libre examen (2006). De la migration à la citoyenneté: parcours au féminin. Réflexions à partir de vécus de femmes migrantes en alphabétisation. Bruxelles.
(3) Zemni S., Casier M., Peene N. (2007). Etude des facteurs limitant la liberté de choix d’un partenaire dans les groupes de population d’origine étrangère en Belgique. Recommandations politiques. Centre pour l’Islam en Europe. Université de Gand.

Loger le coeur. Un projet de Comme chez nous asbl

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: Pourquoi avoir répondu à l’appel de la Fondation Roi Baudouin?
Sophie Crapez : Au départ, l’asbl a réalisé une étude permettant d’établir les besoins en matière de santé. C’est ainsi que le problème de la santé cardiovasculaire a pu être mis en évidence.
Depuis plusieurs années, l’asbl développe un projet ‘alimentation saine’ et propose des activités sportives. Ce financement de la Fondation Roi Baudouin a favorisé la mise en forme, la coordination et une meilleure cohérence de l’ensemble du projet en tenant compte de différentes thématiques liées à la santé du cœur: alimentation, activité physique et tabagisme.
ES: Quelle est votre public cible?
SC : Il s’agit d’un public difficile à atteindre et à toucher par les messages classiques de prévention et de promotion de la santé. Pour ce public, les outils doivent être adaptés: plus concrets, plus accessibles, plus ludiques et privilégiant les messages oraux plutôt qu’écrits.
75% de ce public est masculin, la plupart sont sujets à de fortes assuétudes (95% de fumeurs), 75% vivent en errance sans un toit au-dessus de la tête (source de stress et d’angoisse permanents), près de 80% n’ont aucune occupation journalière et mènent une vie sédentaire, hormis les déplacements entre les différents services sociaux. Aussi, la plupart d’entre eux vivent une énorme solitude en rue et dans les logements pour ceux qui en ont, et la majorité a de mauvaises habitudes alimentaires et un déficit en informations adaptées.
ES: Qu’avez-vous mis en place pour eux?
SC : Nous avons d’abord analysé la situation du public cible en matière de conditions de vie, de connaissances, de besoins et de comportements en matière de santé. Ensuite, nous l’avons sensibilisé aux risques cardiovasculaires en 3 étapes: des séances d’information pour l’équipe et principalement pour les accueillants, qui sont des relais essentiels vis-à-vis des accueillis, une information sur les affiches et les outils utiles pour la communication auprès du public et des rencontres avec le public cible.
Plus concrètement, les différentes activités développées dans le cadre du projet abordent des sujets classiques, mais de façon adaptée à notre public.
Des ateliers cuisine «La santé dans l’assiette» ont lieu 1 fois par semaine et regroupent maximum 12 personnes. L’ensemble du groupe propose un menu (entrée, plat, dessert) et celui-ci est analysé par une diététicienne de l’Observatoire de la Santé du Hainaut pour l’aspect nutritionnel et par les travailleurs sociaux de l’asbl pour l’aspect financier. Le menu est réalisé par tous les participants. Pour une meilleure ouverture vers l’extérieur, pendant chaque séance de cuisine, des personnes sont invitées à venir partager le repas (travailleurs d’autres services, agents de police du quartier, voisins de quartier…).
Un débriefing est réalisé à la fin de chaque activité; ce moment permet aux travailleurs sociaux d’aborder certaines questions relatives à la santé cardiovasculaire. Une évaluation de l’activité est effectuée tous les 2 mois.
Actuellement, il y a eu 270 participations aux ateliers cuisine.
Nous proposons aussi un espace cuisine «Alimentation saine, même dans la rue».
L’espace cuisine est ouvert à tout le public cible de l’asbl. Il ne s’agit pas d’un projet participatif, l’objectif étant d’offrir des aliments plus sains aux personnes fréquentant l’accueil de jour (fruit, soupe, jus…). Il faut savoir qu’environ 600 personnes fréquentent le centre de jour chaque année.
Les activités sportives ne sont pas oubliées avec «Sport pour tous, tous pour le sport».
Avec la collaboration de centres sportifs du coin, différentes activités sont proposées: foot en salle, promenades à vélo, volley, natation, bowling…
Ces activités regroupent des travailleurs sociaux et des bénéficiaires, ce qui permet d’instaurer un climat de confiance entre eux. La participation est relativement bonne, principalement pour le mini-foot.
Après chaque activité, un débriefing est organisé. Les avantages directs de l’activité sont également abordés (pas de tabac ni d’alcool pendant l’activité, douche après les efforts physiques…). Les travailleurs sociaux profitent également de ce moment pour rappeler les bénéfices pour la santé de la pratique régulière de l’activité sportive, en utilisant des messages simples et très explicites.
Et nous avons aussi un projet tabac . Notre public a une consommation beaucoup plus élevée que la population générale, 95% des accueillis consomment du tabac! «Une semaine sans tabac» est organisée une fois tous les 2 mois environ. Au cours de cette semaine, il est interdit de fumer du tabac à l’intérieur du centre d’accueil de jour. Des séances d’information sont réalisées en interne, et des conférences sont prévues. Une tabacologue partenaire nous appuie techniquement pour cette semaine.
ES: Ces nombreuses actions vous ont-elles permis de nouer des partenariats dans la région?
SC : Dans le cadre de ce projet, l’asbl Comme chez nous collabore avec l’Observatoire de la Santé du Hainaut, le CLPS, quelques centres sportifs et la Banque Alimentaire.
ES: Vous nous avez déjà donné quelques résultats. Mais comment évaluez-vous votre action?
SC : L’évaluation quantitative et qualitative est envisagée mais les outils d’évaluation sont encore à l’étude, à l’exception des débriefings en fin d’activités. Cette phase du processus doit être réfléchie par l’équipe et des outils d’évaluation doivent être mis en œuvre assez rapidement.
ES: Si l’évaluation est encourageante, comment comptez-vous pérenniser le projet?
SC : L’ensemble du projet est développé dans une approche intégrée et transversale à tous les services et projets mis en place par l’asbl, ce qui en favorise la pérennisation. Certaines activités existaient d’ailleurs déjà avant le financement de la Fondation Roi Baudouin.
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Sophie Crapez, Coordinatrice – Comme chez nous asbl, rue Léopold 36c, 6000 Charleroi, 071 30 23 69, sophiecrapez@hotmail.com.

L’alphabétisation pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Un projet de l’asbl Lire et Ecrire de Charleroi Sud-Hainaut

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: D’où vous est venue l’idée de votre projet?
Guillaume Petit : Fréquemment interpellés par nos apprenants sur des questions de santé, nous n’étions pas toujours suffisamment outillés pour leur répondre mais nous souhaitions vivement canaliser ces demandes au sein d’une action cohérente et pérenne.
C’est pour cela que nous avons répondu à l’appel à projets lancé par la Fondation Roi Baudouin en matière de promotion de la santé cardiovasculaire. Partant du postulat d’un étudiant en médecine qui établit des liens entre illettrisme et inégalités d’accès au système de soins, nous avons cherché à comprendre, analyser et mettre en place un plan d’action annuel auprès de notre public, les adultes analphabètes belges ou d’origine étrangère, dans le but d’y remédier.
Les différentes régionales du mouvement Lire et Écrire considèrent le processus d’alphabétisation comme un vecteur d’émancipation dans la mesure où l’apprentissage des savoirs de base doit permettre à chacun de poser ses choix en acteur éclairé et responsable dans une société en constante mutation et génératrice d’une grande quantité d’information, en particulier dans le domaine de la santé. C’est dans cette optique que nous avons conçu notre projet «Bien-être et santé du cœur: agir pour prévenir les maladies cardiovasculaires».
ES: Comment vous y êtes-vous pris?
GP : Durant une phase préparatoire de trois mois, nous avons mis en place des éléments permettant de nourrir la réflexion lors des débats-tables rondes que nous avions programmés. Ainsi, les textes, séquences et autres supports d’alphabétisation que nous utilisons dans l’apprentissage de la lecture et de l’écriture se sont teintés de problématiques liées à la santé et tout particulièrement à la prévention des pathologies cardiovasculaires.
Cette période nous a permis, apprenants et formateurs, de faire le point sur nombre de notions gravitant autour de cette thématique et de les rendre accessibles: par exemple, nous avons veillé à ce que les apprenants définissent avec leurs mots les concepts de ‘prévention’, de ‘symptôme’, les termes courants de posologie…
À ce stade, il nous a paru crucial de redéfinir ensemble quelles étaient les finalités à poursuivre: réduire, grâce à une information claire et structurée, les risques de maladies cardiovasculaires, sensibiliser chaque participant aux habitudes de vie saines, proposer un lieu d’expression permettant en outre de dépasser les sentiments de désarroi, d’isolement, d’impuissance et de culpabilité liés aux questions de santé et enfin, apporter des réponses concrètes validées par des spécialistes de la santé. Le principal écueil que nous voulions éviter était qu’une fois informés, nos apprenants souhaitent se soigner par eux-mêmes et abusent de l’automédication. Ce socle commun posé, nous nous sommes lancés dans l’action à proprement parler.
ES: Comment?
GP : Tout d’abord par le biais d’une enquête-santé à destination de l’ensemble de nos groupes en formation et du personnel de l’asbl. Nous cherchions à dresser un état des lieux du bien-être recensant le degré de consultation personnelle chez le médecin, la quantification du stress ressenti sur une échelle de 1 à 10, ce que l’on souhaite améliorer dans son état de santé et ce que l’on est prêt à entreprendre pour cela. Cent vingt-deux personnes ont reçu le formulaire et 79% y ont répondu. Cette étape constituait l’une des clés permettant l’activation de la participation des apprenants et la collecte d’informations afin de mieux connaître leurs besoins. Ce fut en quelque sorte le déclencheur de l’action pour notre public.
Dès lors s’est initié un travail préparatoire à la tenue des premières tables rondes organisées le 12 juin 2009: dans nos groupes en formation d’alphabétisation à l’oral, nous avons travaillé la prise de parole, le vocabulaire et la compréhension orale en situation; chez ceux en apprentissage à l’écrit, l’analyse d’articles de journaux et revues de santé ainsi que l’écriture des questions qu’ils souhaitaient poser. Forts de cette convergence des objectifs et de cette préparation, le jour J est arrivé.
Au programme de cette matinée, nous avons présenté les résultats de l’enquête, les intervenants et la méthodologie des deux tables rondes: l’une consacrée à la nutrition était animée par Mme Lejeune (nutritionniste à Carolo-Prévention-Santé) et l’autre sur les facteurs de risque cardiovasculaires par le Dr Schröder (cardiologue à Mont-Godinne).
À tour de rôle, les apprenants répartis en deux sous-groupes d’une quarantaine de personnes ont participé à chacune des deux tables rondes. Lors de celles-ci, ils ont pu poser toute question en matière de comportements à risque, de prévention, d’habitudes de vie saines à développer et de relais médicaux auxquels s’adresser, ceci afin de s’informer ou de consulter facilement et à moindre frais.
L’ensemble des travailleurs de Lire et Écrire a été mobilisé en amont dans l’organisation mais aussi le jour même afin d’accompagner les apprenants dans les débats, de rapporter les propos tenus, de prendre des photos…
À ce stade du projet, nous avons cherché à comprendre l’impact qu’il avait eu sur notre public par des feedbacks dans les différents groupes. Les résultats de cette évaluation ont très nettement dépassé nos attentes. Nous savions que tous étaient très motivés par cette rencontre, mais nous n’espérions pas observer si vite des signes d’application concrètes des conseils promulgués.
Et ceux-ci furent nombreux: trois apprenants ont arrêté depuis ce jour le tabac, une dizaine ont pris rendez-vous auprès d’un service de conseils nutritionnels à tarif social, certains ont entamé des démarches pour reprendre une activité physique en famille ou entre amis, et la majorité des groupes a souhaité approfondir certains points soulevés lors des tables rondes (pyramide alimentaire, facteurs de stress par exemple). De plus, beaucoup ont véhiculé l’information reçue dans leur sphère familiale et leurs connaissances proches.
ES: Évaluation plutôt positive donc. Quels ont été les leviers de la réussite d’après vous?
GP : En définitive, nous sommes convaincus qu’une activation des participants a été la condition sine qua non de réussite puisqu’ils se sont pleinement investis dans le projet, depuis l’enquête jusqu’aux tables rondes, et ont par eux-mêmes défini l’orientation que l’action a prise. Nous souhaitons d’ailleurs dans cette ligne associer les apprenants à l’organisation des deux prochaines tables rondes, conscients que l’on ne peut souhaiter l’émancipation de nos stagiaires qu’à condition de les impliquer dès le début, et jusqu’au bout.
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Guillaume Petit, Responsable pédagogique, Lire et Écrire Charleroi Sud-Hainaut asbl, Avenue des Alliés 19, 6000 Charleroi, 071 30 36 19, guillaume.petit@lire-et-ecrire.be. Site: https://www.lire-et-ecrire.be .

Jeunes, tabac et compétences. Un projet de Forest-Quartiers-Santé ASBL

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: Dans quel contexte votre projet a-t-il vu le jour?
Bruno Vankelegom : Le but de l’organisation Forest-Quartiers-Santé asbl est d’élaborer avec la participation de tous sur la commune (habitants, monde associatif, pouvoirs locaux…) des réponses adaptées aux besoins de santé de la population à Forest. La finalité de l’association est de lutter contre les inégalités sociales et de santé. Nous misons pour cela sur un travail de proximité que nous menons depuis 1992, auprès d’habitants issus principalement des quartiers les plus fragiles.
Ce sont en particulier les compétences psychosociales des jeunes et des intervenants qui sont visées par le présent projet qui s’inscrit dans le cadre d’actions de promotion de la santé cardiovasculaire.
En effet, si l’arrêt de la consommation du tabac permet des effets sur la santé à court, moyen et long terme, la prévention ‘ultime’ en matière de comportement tabagique reste ‘de ne jamais commencer’.
On constate (expérience de terrain et études) que les premières expériences tabagiques se font de plus en plus tôt. Les interventions en matière de prévention devraient dès lors déjà s’adresser à un public de préadolescents.
ES: Vous avez donc mis en place un projet s’adressant à ce public. Quels sont ses objectifs?
BV : L’intervention envisagée doit permettre au jeune de s’outiller pour pouvoir faire face aux différentes pressions extérieures ou intérieures qui le pousseraient à adopter un comportement tabagique (pression d’un groupe de pairs, stress, pression publicitaire, mimétisme comportemental).
Le développement des compétences psychosociales est une approche intéressante parce qu’elle permet au jeune d’acquérir la capacité de questionner ses propres choix, de prendre du recul quant au ‘besoin’ de fumer et de développer un esprit critique. On peut dire que les objectifs du projet sont multiples:
– renforcer la capacité du jeune d’agir sur sa santé;
– développer les compétences psychosociales chez le jeune;
– améliorer les capacités d’intervention des travailleurs;
– dévaloriser, auprès du jeune, l’initiation et le comportement tabagique.
ES: Comment avez-vous choisi d’approcher le jeune?
BV : C’est le cadre extrascolaire que nous avons choisi pour mener notre action, là où le jeune a plus de chances d’avoir ‘choisi’ des pairs.
D’abord, afin de minimiser l’effet d’influence, les intervenants de l’extrascolaire sont formés pour garantir qu’ils ont eux-mêmes la capacité de questionner leurs propres besoins.
Ensuite, en développant les compétences psychosociales chez le jeune, celui-ci acquiert une «boîte à outils» qui lui sera utile tout au long de la vie, au-delà du simple comportement tabagique.
En améliorant les capacités d’intervention des travailleurs, en privilégiant les développements psychosociaux chez les jeunes et les adultes, les capacités d’agir sont renforcées.
ES: Le projet s’adresse donc finalement à la fois aux travailleurs et aux jeunes?
BV : Tout à fait, et plus précisément aux travailleurs sociaux actifs dans les quartiers fragilisés, diplômés et non-diplômés, inscrits dans des démarches d’émancipation collective et individuelle, et aux jeunes issus de quartiers fragilisés, âgés de 11 à 18 ans, filles et garçons confondus.
ES: Parlez-nous du développement des compétences psychosociales…
BV : Le développement des compétences psychosociales fait référence aux travaux réalisés en 1993 par l’Organisation mondiale de la santé. « Elles sont la capacité d’une personne à répondre avec efficacité aux exigences et aux épreuves de la vie quotidienne » (…) « L’amélioration de la compétence psychosociale pourrait être un élément important dans la promotion de la santé et du bien être , puisque les comportements sont de plus en plus impliqués dans l’origine des problèmes de santé
Dix compétences psychosociales, ayant valeur transculturelle, ont été définies par l’OMS.
Elles sont synthétisées dans un guide, en 7 repères de santé:
– mes relations: comment j’entre en relation avec les autres?
– mon stress: comment je relâche la pression, les tensions?
– mon corps: comment je m’occupe de ma santé physique?
– mes émotions: comment je gère les moments difficiles?
– mon look: comment je construis mon image?
– mon espace: comment je me réserve de l’espace et du temps?
– mes rêves: comment je réalise mes rêves et mes projets?
L’utilisation du guide permet au jeune de mieux comprendre la complexité de l’environnement dans lequel il vit, de décoder et d’apprendre à réagir aux exigences et aux pressions de la vie quotidienne.
ES: Avez-vous déjà eu l’occasion d’évaluer votre projet?
BV : Oui, nous avons pu tirer toute une série d’enseignements de notre expérience.
Les plus d’abord. La méthode de la formation basée au départ des expériences de chacun est une force; la formation apporte suffisamment d’outils pour transmettre à d’autres; de nouvelles attentes sont nées: les travailleurs de première ligne qui n’ont pas pu intégrer le projet pour des raisons d’agenda souhaitent être formés; une demande de formation sur la gestion de l’agressivité et de la violence (Comment gère-t-on l’agressivité? Quelle prise de recul pour le travailleur?) a émergé.
Un moins, aussi: certains outils utilisés lors des animations manquent parfois de clarté. On ne comprend pas trop, la forme est perturbante, on ne voit pas clairement ce qui est attendu du participant.
Nous avons également constaté que ce type de projet doit impérativement s’adresser à des travailleurs de première ligne en contact direct et régulier avec les jeunes. Il ne nous reste plus qu’à ajuster le projet en tenant compte de ces constats…
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Bruno Vankelegom, Directeur – Forest-Quartiers-Santé asbl – Bld de la 2e Armée britannique 39, 1190 Bruxelles, 02 340 26 00, info@f-q-s.be. Site: https://www.f-q-s.be .

Ensemble, bougeons! Un projet de la Maison médicale Cité Santé asbl et de la Maison de quartier Cité Modèle

Le 30 Déc 20

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Éducation Santé: Dans quel contexte votre projet «Ensemble, bougeons!» a-t-il vu le jour?
Florence Franchini : Lorsqu’on observe les cartographies réalisées par l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles, on remarque que le quartier de la Cité Modèle à Laeken est socio-économiquement défavorisé : le faible niveau des revenus et de qualification des travailleurs le montre clairement. La santé subjective (la perception qu’ont les personnes de leur santé) est également fort faible.
ES: Pourquoi avoir mis sur pied le projet?
FF : La demande d’une activité physique à suivre entre femmes et à bas prix (l’accès aux infrastructures sportives sur le territoire étant trop onéreux) a émergé lors des consultations de kinésithérapie à la Maison médicale Cité Santé. Cette nécessité a également été relevée par différents professionnels lors d’échanges avec des femmes issues du public cible.
ES: Quels sont les objectifs du projet?
FF : Nos objectifs sont multiples:
– viser le bien-être de la personne;
– favoriser les contacts et liens sociaux;
– prévenir les maladies cardiovasculaires;
– favoriser l’adoption d’un mode de vie sain;
– favoriser une prise de conscience des facteurs de risque par le public cible.
ES: Quel est votre public cible au juste?
FF : Initialement, le projet visait les femmes du quartier âgées de 25 à 45 ans. Mais nous constatons aujourd’hui qu’il attire plus un public de femmes entre 40 et 60 ans. Les femmes plus jeunes sont moins disponibles, car elles doivent travailler ou s’occuper de leurs enfants.
ES: En quoi consistent les activités mises en place?
FF : Il y en a pas mal. Les trois principales sont:
– des «cours de gymnastique collectifs»: à raison de 4 séances par mois et 3 séances tous les deux mois;
– des «débats-santé»: lors de ces séances, des thèmes comme l’exercice physique, l’alimentation, le tabac ou l’environnement peuvent être abordés. Et ceci en fonction des demandes et des besoins ressentis, qu’ils soient exprimés ou latents. Tous les deux mois, un débat-santé est organisé à la Maison de quartier en collaboration avec la Maison médicale Cité santé;
– les femmes peuvent également intégrer d’autres activités telles que les marches santé organisées par le groupe «Ver de t’Air» (Maison de quartier Cité Modèle) à raison d’une fois par mois.
ES: Qu’apporte le projet au public cible en termes d’émancipation?
FF : Le projet «Ensemble, bougeons!» permet au public d’avoir accès à une activité physique dispensée par des experts, à bas prix. Il permet également de créer des liens sociaux à travers les différentes sorties culturelles et environnementales, de bénéficier d’une éducation culturelle et sociologique, et d’acquérir ainsi des connaissances à mettre en pratique dans sa vie citoyenne.
Propos recueillis par Carole Feulien
Pour plus d’informations: Florence Franchini – Maisons de Quartier – Centre d’animation sociale de quartier – Place Ste-Catherine 19, 1000 Bruxelles, 02 279 36 62, florence.franchini@lmdq.be.

Une alimentation saine pour les publics précarisés, c’est possible!

Le 30 Déc 20

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La Fondation Roi Baudouin a soutenu 13 projets en Communauté française et en Communauté germanophone afin de mettre en place des initiatives qui favorisent une alimentation favorable à la santé pour les groupes socialement défavorisés. Éducation Santé vous invite à découvrir l’initiative de la Fondation et vous présente deux des projets sélectionnés…

Éléments de contexte

Les publics précarisés et l’aide alimentaire en Communauté française

En Communauté française, l’aide alimentaire est dispensée aux personnes en situation de précarité par les banques alimentaires, les épiceries sociales, les restaurants sociaux, les centres d’accueil et d’hébergement. Des centres d’insertion, d’éducation permanente et d’animation culturelle sont aussi actifs dans ce domaine. Enfin, certains CPAS, services sociaux, centres de la Croix-Rouge, œuvres caritatives, mouvements d’entraide et services Club procèdent à la distribution de vivres.
Les situations de précarité dans lesquelles vivent les bénéficiaires de l’aide sociale et alimentaire sont critiques. Certains groupes alimentaires considérés comme fondamentaux sur le plan nutritionnel, comme les fruits et légumes, sont quasi absents de leur alimentation. Leur consommation est bien éloignée des repères diffusés par le Plan national nutrition santé et certainement très en-dessous de la consommation observée dans la population générale, déjà jugée insuffisante.
Cette situation s’explique par le fait que l’aide alimentaire n’est généralement pas conçue pour subvenir à tous les besoins nutritionnels. Les personnes qui y recourent en font pourtant leur source d’approvisionnement quasi unique.
Bon nombre de personnes en situation de précarité mangent ce qu’elles ont sous la main, de préférence ce qui ne demande pas de préparation. En effet, dans ces milieux, un certain nombre d’adultes n’ont aucune compétence culinaire car ils ont passé leur jeunesse en institution ou dans un environnement très précaire qui ne leur a pas permis d’acquérir ces compétences de base.
La préoccupation première des populations précarisées est de trouver un toit, de se sentir en sécurité, de boire et de manger. C’est seulement après que vient le souci d’une alimentation équilibrée. En outre, l’isolement social et la pauvreté économique ne favorisent pas le partage des repas en famille et l’envie de bien s’alimenter a parfois disparu. Enfin, d’autres problèmes, tels que l’alcoolisme ou la dépression, peuvent être associés à la grande précarité et ne leur permettent pas d’envisager leur santé sur le long terme.
L’ensemble de ces facteurs relègue souvent l’équilibre alimentaire au second plan. Se trouvant dans une spirale d’échecs, ces personnes perdent l’estime d’elles-mêmes, ne se soucient plus de leur santé, et encore moins de leur alimentation.

L’appel à projets de la Fondation Roi Baudouin

Telle que définie par l’OMS en 1946, la santé est «un état complet de bien-être physique, mental et social». Celle-ci est en grande partie déterminée par le mode de vie. La pratique d’un sport, la consommation d’alcool ou de tabac ont un impact important, l’alimentation aussi. Les liens entre la santé et l’alimentation sont évidents: une alimentation trop riche en graisses et en sucres, et trop pauvre en fruits et légumes, combinée à un manque d’activité physique, favorise l’apparition précoce de maladies cardio-vasculaires.
C’est pourquoi de nombreuses campagnes ont pour objectif de sensibiliser les consommateurs à l’importance d’une alimentation saine et équilibrée. Malheureusement, elles ne touchent que peu les personnes les plus défavorisées.
Dans cette optique, la Fondation Roi Baudouin, dans le cadre de son programme «santé», a lancé en 2006 un appel à projets ayant pour but de soutenir ceux qui visent à stimuler une offre alimentaire saine et peu coûteuse auprès des publics précarisés. Il s’agit de projets d’organismes privés ou publics du secteur social et de la santé. Treize d’entre eux ont été retenus en Communauté française et germanophone.
Depuis plus d’un an les porteurs de projets se sont constitués en réseau pour échanger leurs interrogations et expériences. Ils ont exploré ensemble comment promouvoir une alimentation favorable à la santé auprès de ces publics.
Ce travail a mené à l’élaboration d’un guide pratique, à destination des professionnels de l’action sociale, de la santé et de l’alimentation (1), ainsi qu’à des propositions destinées aux divers décideurs publics, pour que ces projets puissent voir le jour et perdurer dans le temps.
Pour recevoir le guide pratique: Fondation Roi Baudouin, rue Brederode 21, 1000 Bruxelles – 02 511 18 40 – info@kbs-frb.be – https://www.kbs-frb.be .

À la découverte de deux des projets sélectionnés

«Alimentation saine, même dans la rue]» par l’asbl Comme chez Nous

Le projet «Alimentation saine, même dans la rue» s’inscrit dans un vaste programme de promotion de la santé auprès des personnes en précarité aiguë à Charleroi.
Éducation Santé a rencontré pour vous Sophie Crapez , Coordinatrice de l’asbl.
Éducation Santé: Comment décririez-vous le projet «Alimentation saine, même dans la rue», en quelques mots?
Sophie Crapez : Il s’agit d’un projet socio-éducatif et d’offre en nourriture saine, destiné aux personnes sans-abri, dans la province du Hainaut. Il comporte deux volets: un volet «atelier culinaire» réalisé avec les jeunes fréquentant le service d’insertion sociale, et un volet «offre en information et en produits frais» développé au sein du centre d’accueil pour les personnes en quête de logement. Notez que le second volet est en cours de construction lors de la parution de cet article.
E.S.: Dites-nous en davantage sur l’atelier cuisine…
S . C .: Il y a, chez les personnes fréquentant notre centre, un besoin en alimentation saine. En effet, 75% d’entre elles affirment ne pas manger à leur faim et reconnaissent l’absence de choix de leur menu. Suite à ce constat, l’atelier cuisine a été mis sur pied. Il s’attache à développer des compétences individuelles comme gérer le budget de son ménage, apprendre à faire les courses, savoir réaliser une recette, réussir à bien manger avec un petit budget…
On peut parler d’autonomisation en matière culinaire via l’apprentissage, l’échange et la sensibilisation. Les personnes impliquées dans le projet ont conçu son organisation et sa mise en œuvre. Il s’agit donc d’un atelier conçu pour et par les usagers.
Cette démarche participative a fixé d’entrée de jeu un cadre et des repères clairs. Un règlement d’intérieur et des critères d’inclusion ont été définis par les participants eux-mêmes. Après cela, les usagers ont entièrement pris en charge le choix du menu, les achats, la préparation, le débriefing et la gestion du budget lié à l’atelier.
Le nombre de participants à l’atelier est plafonné à douze participants, pour une question d’efficacité et de confort des lieux. Il n’y a pas de conditions de participation particulières, si ce n’est l’obligation de s’impliquer entièrement dans le déroulement. L’essentiel du travail d’apprentissage se fait par les pairs, dans un rapport du donner et recevoir. Celui-ci est complété par l’appui de diététiciens professionnels, dans le cadre de la collaboration établie avec les structures locales ou provinciales.
E.S.: Comment définiriez-vous votre groupe cible et comment parvenez-vous à l’atteindre?
S . C .: Le dernier rapport d’activités nous apprend qu’un quart de femmes et trois quarts d’hommes âgés de 18 à 70 ans, ont fréquenté notre centre durant l’année écoulée. Il s’agit pour la plupart de personnes peu qualifiées et appartenant à des catégories socio-professionnelles modestes. La majorité d’entre elles vivent seules. Elles ont un parcours de vie différent mais toutes sont confrontées à des difficultés en matière d’accès aux droits fondamentaux (logement, revenu, emploi, famille…). Toutes ces personnes sont déjà bénéficiaires des différents services offerts par notre centre, dont fait désormais partie l’offre de produits frais.
Notez que nous ciblons, pour ce projet, les personnes ayant déjà un logement, pour des raisons pratiques, tout en créant pour eux de bonnes conditions pour se réaliser dans la vie: bonne hygiène de vie, alimentation contrôlée, meilleure estime de soi…
E.S: Quel est l’objectif de votre projet?
S . C .: Notre but premier est de développer des aptitudes personnelles et responsables face à la santé en général. Dans un premier temps, nous visions essentiellement l’amélioration de l’information sur les mesures de sécurité alimentaire et les valeurs nutritives des produits. Très vite, cette modeste ambition s’est élargie à la création d’un espace culinaire et ce, sur demande des bénéficiaires.
Ainsi, les objectifs, dans un second temps, se sont centrés sur:
– l’autonomisation via l’acquisition de bonnes habitudes alimentaires;
– la créativité et la prise de décision dans le groupe;
– l’échange de savoirs et l’estime de soi;
– les liens et les acquis sociaux;
– la collaboration avec les différents partenaires;
– l’interpellation politique et institutionnelle;
– l’information et la sensibilisation.
E.S.: Comment votre public a-t-il accueilli le projet?
S . C .: Les différents débriefings qui ont suivi chaque activité nous ont permis de nous rendre compte de la satisfaction des participants. Nous avons entendu avec plaisir des commentaires tels que « Ici , au moins , on mange à sa faim , et surtout , on mange dans une bonne ambiance .», ou encore « Enfin un lieu à Charleroi où on se sent quelqu’un
Nous avons même dû doubler la fréquence des séances des ateliers!
E.S.: Mais quelle est la plus-value de votre projet en matière de santé et d’accessibilité financière de l’alimentation saine?
S . C .: Notre projet se propose d’offrir gratuitement et de manière complémentaire des produits frais nutritifs, souvent traités en second plan par rapport aux plats chauds, dans d’autres projets. En outre, notre ambition étant de développer des aptitudes personnelles et responsables des sans-abri face à leur santé, nous visons la responsabilisation de ceux-ci vis-à-vis de leur corps et donc une baisse d’utilisation des services d’urgence et, in fine, une amélioration de la qualité de vie du public précarisé.
E.S.: Avez-vous obtenu les résultats escomptés?
S . C .: Nous ambitionnions de renforcer les efforts déjà déployés en matière de «stratégie santé» et d’éducation des personnes vivant en précarité sociale aiguë. Concrètement, nous voulions permettre une augmentation du nombre absolu de personnes informées et efficacement sensibilisées à l’importance de manger sainement. Ainsi, nous réduirions le nombre de personnes souffrant de carences alimentaires.
À ce jour, après de nombreux mois d’activités, les résultats que nous constatons sont à la hauteur de nos espérances.
L’échange de savoirs étant l’un des piliers de l’atelier cuisine, il a laissé aux participants le choix des menus, des courses, la préparation des plats et l’explication de ceux-ci s’il y avait lieu. L’échange de savoirs a permis de favoriser l’estime de soi et le respect de l’autre. Par ailleurs, il a renforcé les initiatives spontanées (par exemple quelque chose de tout bête mais qui ne va pas de soi comme nettoyer régulièrement le matériel de cuisine en dehors des activités).
On sait que l’une des difficultés majeures que rencontrent les publics précarisés est la solitude, que ce soit dans la rue ou dans leur nouveau logement. Aujourd’hui, ces jeunes ont trouvé dans le projet une opportunité de créer des liens sociaux, d’apprendre des autres, de s’apprécier mutuellement et d’apprendre les règles de la vie en communauté. En un an, nous avons pu constater avec satisfaction le nombre croissant d’amitiés qui se sont créées. Par ailleurs, ce type d’espace a permis de mettre en valeur les talents individuels!
Des partenariats ont été mis en place au niveau local ou provincial. Les principaux sont le CLPS, l’Observatoire de la santé du Hainaut, les commerçants de la ville basse, la police locale de Charleroi, le CPAS, le réseau du relais social de Charleroi, les banques alimentaires, les maisons médicales…
Ces collaborations nous ont aidés dans la mise sur pied d’une dynamique de groupe et ont, par ailleurs, facilité l’ouverture à d’autres thématiques (tabac, asthme).
Une «Journée portes ouverts» a été organisée afin de témoigner des réalisations avec les bénéficiaires et d’exprimer les difficultés rencontrées par ces personnes dans leur vie quotidienne.
L’information et la sensibilisation sont réalisées au quotidien et lors des activités organisées: séances d’information, invitation des professionnels à partager un repas avec le public précarisé, visite des banques alimentaires avec les participants… Ceux-ci ont appris de nouvelles recettes, connaissent la valeur nutritive de certains produits…
Objectifs atteints!
E.S.: Quels ont été les leviers de votre action?
S . C .: L’implication des bénéficiaires dès la conception et la réalisation du projet a contribué à sa réussite. La construction commune entre travailleurs et usagers et les repères mis en place (horaires, obligation de débriefing, liberté d’expression…) sont aussi des facteurs de succès. Le respect du cadre établi était un gage de réussite.
E.S.: Quelles ont été les difficultés rencontrées alors?
S . C .: Les différentes évaluations ont montré que l’autonomisation demeurait l’objectif à atteindre. Cela s’explique d’abord par la difficulté liée à la notion de «changement de comportement» chez l’adulte en général; ensuite, par le caractère inédit du projet, orienté vers un public peu ordinaire, avec des particularités peu ordinaires également. En effet, le public bénéficiaire est essentiellement composé de jeunes (de plus de 18 ans) en décrochage social, parfois sans domicile fixe ou, la plupart du temps, résidant dans des logements inconfortables. L’insuffisance de revenu, l’absence de matériel permettant de reproduire les recettes apprises, la solitude dans les logements sont autant d’obstacles à l’autonomie… L’asbl va s’atteler à la compréhension de ce phénomène, notamment avec son projet d’accompagnement dans les logements (2).
E.S.: Quels sont les «effets secondaires» du projet sur les participants?
S . C .: Les travailleurs du centre ont pu constater de manière tangible l’évolution positive des participants les plus impliqués: plus de discipline, de respect, une amélioration notable du rapport travailleur/ accueilli. Ce dernier point est très important pour la suite de la collaboration avec notre public.
E.S.: Pensez-vous que votre projet puisse être reproduit par d’autres acteurs du secteur?
S . C .: La transférabilité du projet est un aspect auquel l’association attache beaucoup d’importance. L’existence de divers espaces de concertation et d’échanges périodiques montrent notre volonté d’ouverture. Nous sommes conscients que l’efficacité de toute action passe par la solidarité et la collaboration avec les différents acteurs de terrain.
E.S: Un conseil à donner à ceux qui se lanceraient dans l’aventure?
S . C .: Convier les interlocuteurs locaux à prendre part au projet, à venir découvrir les ateliers concourt à leur pérennisation. Rencontrer les agents de quartier, le président d’une banque alimentaire ou d’un CPAS permet une meilleure communication et une meilleure acceptation mutuelle. Pensez-y!
Pour en savoir plus sur le projet ou pour tout autre renseignement: Comme chez nous asbl, rue Léopold 36C, 6000 Charleroi – 071 30 23 69 .

Comme chez nous

L’asbl Comme chez nous , créée en 1995, est une institution reconnue et subsidiée en tant que centre d’accueil de jour pour personnes sans-abri. Elle a pour objet de rassembler dans un même lieu des personnes mal logées, de leur permettre de disposer du confort élémentaire pour vivre dans la dignité humaine, et de faire valoir leur droit au logement.
En quelques mots, Comme chez nous , c’est:
un centre d’accueil de jour pour les personnes sans-abri: écoute, orientation, recherche de logement, espace hygiène, dispensaire et espace social;
un espace de développement communautaire ayant pour but d’aider les personnes en précarité sociale aiguë à mener des actions collectives, qu’elles soient sportives, culturelles ou sociales. Concrètement, l’asbl soutient les groupes qui souhaitent proposer aux SDF ou anciens SDF des activités qui leur permettent de se resociabiliser;
un projet d’accompagnement dans les logements répond à leur volonté de réinsertion des sans-abri. L’objectif est de les aider à mieux gérer leur nouvelle situation, de les responsabiliser afin qu’ils ne retournent plus dans la rue;
un programme Recherche – Action de promotion de la santé auprès du public fréquentant le centre et, par extension, la population précaire de Charleroi.

Le «Bar à salades» par l’asbl La Teignouse

Le projet «Bar à salades» a permis la mise en place d’un lieu de convivialité permettant aux personnes souffrant d’isolement social de se retrouver autour de repas équilibrés, peu onéreux et ouvert à tous.
Patricia Lepièce , une des responsables du projet, nous en dit plus…
Éducation Santé: Vous avez mis en place un bar à salades pour les publics précarisés. Mais qu’est-ce que c’est au juste?
Patricia Lepièce : Il s’agit de réaliser des salades avec des légumes frais de saison, achetés à un prix raisonnable chez des maraîchers qui vendent leur surplus à la fin du marché ou directement chez des cultivateurs de la région. Les dames qui préparent les salades font également la chasse aux bonnes affaires en épluchant les dépliants publicitaires. C’est le groupe qui cherche et propose des recettes diététiques. Ensuite, ces salades sont vendues au prix coûtant afin de pouvoir en racheter par la suite. Actuellement, le bar est ouvert le 1er et 3e mardi du mois, de 8h à 15h.
E.S.: Quel est l’historique de ce projet?
P . L .: Au départ, Cary Varvenne , accompagnée d’un groupe de 8 habitants de la commune d’Esneux, interpelle le Service régional de prévention La Teignouse pour susciter la mise en place d’un lieu de convivialité sur le territoire de leur commune, en prenant exemple sur le projet « Bar à soupe» (3). Ces personnes se sont réunies quelques fois et ont élargi le groupe porteur à une vingtaine de personnes. L’objectif étant, par la suite, d’essayer de toucher aussi les «clients» du bar à salades.
E.S.: Quels étaient vos objectifs lors de la mise en place du projet?
P . L .: Les objectifs du bar à salades sont multiples, le principal étant d’améliorer le bien-être de chacun bien entendu. Il devait permettre à chaque bénéficiaire de:
– s’investir dans un projet;
– tisser de nouveaux liens sociaux (réaliser de nouvelles rencontres et développer les solidarités);
– rompre la solitude;
– être acteur dans un groupe, tout en respectant la place et le rythme de chacun;
– valoriser ses propres ressources ainsi que celles des autres membres du groupe;
– apprendre à écouter les autres membres du groupe;
– échanger ses savoirs;
– rompre avec certains tabous et accepter les différences;
– s’exprimer, parler de sa vie et échanger sur différents thèmes;
– ne pas juger, critiquer ou rejeter l’autre sur base de « on dit …»;
– (re)découvrir la nourriture et ses bienfaits, en prenant conscience qu’une alimentation saine et équilibrée est aussi à la portée d’un petit budget.
Le repas est un moment privilégié pour s’asseoir, se détendre et partager une tablée conviviale. Tout en dégustant ou en préparant un repas, on discute et on fait connaissance avec son voisin. Il nous semblait important de montrer aux personnes qu’il est possible de concilier repas sain et petit budget, mais aussi que cela permet d’échanger des recettes ou pourquoi pas, de découvrir de nouvelles saveurs. Le partage de savoirs est plus porteur d’autonomie qu’un discours moralisateur…
Ce type de projet a déjà été expérimenté et a montré que, par la suite, il avait une influence sur les habitudes familiales des participants.
E.S.: Quel(s) groupe(s) cible(s) comptiez-vous atteindre? Était-ce le même que celui avec lequel vous avez l’habitude de travailler?
P . L .: Le public est le même que celui qui est touché (ou pourrait l’être) par le biais des activités d’insertion, c’est-à-dire toute personne majeure confrontée ou susceptible d’être confrontée à la difficulté de mener une vie conforme à la dignité humaine.
Pour la commune d’Esneux, il s’agit de personnes vivant dans des habitations précaires; d’une tranche importante de public féminin et de familles monoparentales; de personnes bénéficiant de revenus modestes; de personnes souffrant d’isolement social; et enfin de personnes ayant rencontré des difficultés d’ordre psychosocial mettant un frein à leur réinsertion socioprofessionnelle.
Le groupe porteur est constitué d’une dizaine de personnes, et une soixantaine viennent au bar à salades lors des ouvertures.
E.S.: Avez-vous rencontré des difficultés lors de la mise en place du projet? Si oui, lesquelles, et comment les avez-vous surmontées?
P . L .: D’une part, la mise en place de la dynamique de groupe s’est avérée plus lente que prévu, du fait, par exemple, de la gestion des conflits, et aussi de prises de décision non respectées… Pour remédier à cela, nous avons mis sur pied des réunions structurées, avec des outils adéquats. Une meilleure organisation a permis à chacun de s’exprimer et de trouver une solution aux problèmes soulevés par le groupe.
D’autre part, il a été particulièrement difficile de trouver un local pas trop décentré (afin de toucher un public mixte), respectant les normes d’hygiène. Suite aux recherches et aux demandes du groupe, la commune d’Esneux a mis à notre disposition un local de la maison des associations. Nous avons là encore perdu beaucoup de temps puisque celui-ci a été disponible plus tard que prévu. Tout cela a reporté l’ouverture du bar à salades…
E.S.: Parallèlement, sur quels leviers avez-vous pu vous appuyer?
P . L .: Le projet a été porté dès le début par le groupe, facilitant la dynamique. Chacun a pris un rôle qui le valorisait. Les membres du groupe se sont complètement identifiés au projet. Ils se sont véritablement approprié le bar à salades!
E.S.: Avez-vous pu nouer des partenariats nouveaux grâce à cette expérience?
P . L .: Oui, nous avons dû former divers partenaires tels que les cultivateurs, maraîchers (pour l’achat des matières premières), l’administration communale… Ensuite, une multitude d’autres ont servi de relais d’information (CPAS, antenne sociale…).
E.S.: Quels enseignements avez-vous tirés de cette expérience? Qu’en est-il des résultats de l’évaluation que vous avez menée? Pouvez-vous dire que votre projet a amélioré la qualité de vie des bénéficiaires?
P . L .: Oui! Les évaluations réalisées avec le groupe porteur et les échanges avec les personnes fréquentant le bar à salades montrent que celui-ci leur permet de:
– s’investir dans un projet, d’y prendre des responsabilités: un groupe d’adultes s’est investi dans le bar à salades. Chacun s’est vu attribuer des taches personnalisées, a endossé des responsabilités reconnues par «l’extérieur» comme valorisantes. Ce regard neuf et positif les aide à reprendre confiance et à aller de l’avant. « Au départ , j’ai hésité à m’investir dans le bar à salades . La bouffe , c’est pas trop mon truc Maintenant , je suis devenu le dessinateur attitré du bar à salades !»;
– faire des rencontres: depuis l’ouverture, une soixantaine de personnes habitant la commune et représentant toutes les couches sociales de la population viennent déguster des salades. « J’ai rencontré une chouette dame , elle m’a aidé à voir les choses autrement !»;
– rompre l’isolement: les personnes souffrant de solitude sont «sorties de leurs quatre murs» et se sont ainsi ouvertes à de nouvelles rencontres. « Pour nous , le bar à salades est une des seules sorties du mois à ne pas manquer »;
– s’intégrer dans un groupe: les participants ont expérimenté la vie en groupe et ont appris à respecter les ressources de chacun. Une fois la dynamique de groupe installée, chacun a trouvé son rôle et, petit à petit, des gestes de solidarité et d’amitié sont apparus… Les personnes se sont unies autour d’un objectif commun;
– se sentir écouté et écouter l’autre: en évoluant au sein du groupe, les participants ont dû apprendre à écouter les autres et à partager des idées. « Ce n’était pas évident au début tous ces conflits , j’ai failli partir plusieurs fois , puis on en a discuté en groupe Ca s’est arrangé ! J’ai le sentiment qu’on devait passer par là pour que ça aille mieux »;
– partager des savoirs: le groupe a échangé sur le mode de fonctionnement du bar et les recettes. Chacun a pu s’exprimer. « C’est chouette comme vous préparez la salade , je n’aurais jamais pensé à préparer mes carottes de cette façon , la prochaine fois , j’essayerai »;
– rompre avec certains tabous et accepter les différences: l’une des préoccupations du groupe était d’ouvrir le bar à salades à tous;
– (re)découvrir la nourriture et ses bienfaits et prendre conscience qu’elle est accessible à tous les budgets: le groupe s’est attelé à préparer des salades qui restent accessibles pour tous les portefeuilles et donc le leur. « J’aime refaire les salades que j’ai découvert ici chez moi , pour mes enfants
E.S: Avez-vous des projets pour l’avenir? Voyez-vous des obstacles à la poursuite du bar à salades?
P . L .: Notre public désirerait que l’on attache d’autres activités au bar à salades mais ce n’est pas encore à l’ordre du jour pour des raisons pratiques (local, manque de temps…).
De notre côté, nous désirons assurer un roulement dans notre public par le biais de la publicité, du bouche à oreille…
Cependant, nous sommes confrontés à des obstacles financiers et organisationnels. D’abord, la vente de salades nous permet aujourd’hui d’acheter les légumes pour le mois suivant, mais les autres frais (loyer, entretien…) sont pris en charge par le subside qui nous a été accordé par la Fondation Roi Baudouin. Lorsque cette ressource sera épuisée, il faudra assurer un auto-financement du projet car nous n’avons pas d’autres subsides…
Ensuite, la gestion de la dynamique de groupe (conflits, intégration de nouvelles personnes…) est un travail de tous les jours pour que le projet perdure. Les intervenantes engagées à cet effet devront sans cesse veiller à ce que la dynamique reste en adéquation avec les objectifs déterminés initialement.
E.S.: Enfin, avez-vous une astuce à donner à ceux qui voudraient tenter une expérience similaire?
P . L .: Je leur conseillerais de laisser le temps au groupe de s’approprier le projet. Ne pas agir à la place du groupe est essentiel. L’intervenant ne doit pas se positionner comme «détenteur du savoir à inculquer» mais plutôt comme «outil au service du groupe». Partir des ressources et compétences de chacun est primordial. La dynamique s’équilibre alors naturellement et chacun trouve sa place.
Pour en savoir plus sur le projet ou pour tout autre renseignement : SRP La Teignouse , Sart 2 , 4171 Poulseur 04 380 08 64 – srp@lateignouse.be – https://www.lateignouse.be .

La Teignouse

Le Service régional de prévention La Teignouse est une asbl créée en 1989, reconnue comme service d’insertion sociale par la Région wallonne. Ses missions principales sont l’accueil, l’accompagnement et l’insertion de personnes précarisées.
L’asbl est mandatée pour mener des concertations avec les personnes résidant en permanence dans les domaines et campings de 11 communes de la région Ourthe-Amblève-Condroz. Les actions qu’elle mène sont diverses, en fonction de la diversité de ses publics cibles: mise en place de groupes de parole, d’ateliers de socialisation, aménagement d’un bus en lieu mobile d’animation, mise en place d’un bar à soupe…
Parallèlement à ces actions collectives ou communautaires, l’asbl développe un accompagnement plus personnalisé.
Ses grands principes:
– s’engager à ce que toute personne soit rencontrée humainement, accueillie et écoutée confidentiellement et respectée dans ses différences;
– valoriser les potentialités de chacun ;
– favoriser la création de liens de solidarité;
– reconnaître et renforcer l’autonomie de la personne;
– favoriser le bien-être à travers la ( re ) construction du lien social ;
– veiller, à travers ses actions, à ce que chaque personne puisse prendre sa place et s’épanouir ;
– rester ouverte aux changements .

(1) «Une alimentation favorable à la santé pour les personnes précarisées», Guide pratique à l’usage des professionnels de l’action sociale, de la santé et de l’alimentation en Communauté française, Fondation Roi Baudouin, septembre 2008. Voir sur https://www.kbs-frb.be/publication.aspx?id=236104&LangType;=2060
(2) Projet ayant pour finalité de «donner le goût au séjour dans l’habitat».
(3) Projet initié dans la commune de Comblain-au-Pont, grâce auquel les publics précarisés se réunissent toutes les semaines pour préparer des potages, décorer le bar, et ensuite, y accueillir les convives.

La campagne d’été 2009 de prévention du sida

Le 30 Déc 20

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Vous avez peut-être vu cet été les spots TV assez ‘chauds’ ou entendu les spots radio un peu énigmatiques de la campagne annuelle d’information orchestrée par la Plate-forme prévention sida. Revenons quelques instants sur la préparation de cette communication renouvelée cette année.

Public cible

La Plate-forme prévention sida a choisi les jeunes pour cible de ses campagnes d’été car il s’agit d’une catégorie de la population particulièrement vulnérable par rapport au sida et aux IST. La campagne s’adressait de manière générale aux jeunes âgés de 15 à 25 ans .
Cependant, trois sous-publics ont été définis: les jeunes hétérosexuels/elles belges, les jeunes hétérosexuels/elles d’origine étrangère et les jeunes homosexuels/elles.
Une attention particulière a aussi été accordée au niveau scolaire. Ainsi la campagne tentait de viser les jeunes de l’enseignement secondaire général/technique/professionnel et ceux de l’enseignement supérieur universitaire ou non, ainsi que ceux en décrochage scolaire (fréquentant un service d’accrochage scolaire, par exemple) ou hors du système scolaire (les chômeurs, par exemple). Ce choix a notamment guidé la sélection des jeunes pour la composition de divers focus groupes.
Pour chacun de ces sous-publics, étaient plus particulièrement visés:
-les jeunes qui croient qu’il ne leur arrivera jamais rien, qu’ils soient hétéros, homos ou d’origine étrangère;
-ceux qui ne se sentent pas concernés par le sida et les IST;
-ceux qui n’utilisent pas systématiquement le préservatif lors des relations sexuelles;
-ceux qui ont des difficultés à parler du préservatif avec leur partenaire;
-ceux qui se protègent, afin de les conforter et les pousser à continuer de se préoccuper du sida et des IST.
Les informations recueillies dans le cadre de divers focus groupes ont confirmé l’idée d’un relâchement de la prévention chez les jeunes.
En effet, aujourd’hui, la représentation de l’infection au VIH a bien changé. L’arrivée des trithérapies a permis à cette maladie mortelle de devenir une maladie chronique. De fait, on parle de moins en moins de sida et de plus en plus d’infection au VIH. Les trithérapies d’urgence, traitements préventifs qui permettent d’éviter la contamination après une exposition au risque, commencent aussi à être diffusées.
Il est probable que ces événements médicaux et l’usure psychologique liée à la nécessité de maintenir un comportement préventif dans le temps, jouent un rôle dans le «relapse» de l’utilisation du préservatif.
Les informations récoltées dans les divers focus groupes indiquent aussi que les enjeux de la prise de risque à l’adolescence sont nombreux, en dehors même de l’aspect excitant que peuvent comporter la transgression et la prise de risque. Citons l’importance de la confiance dans une relation affective et sexuelle, la peur d’être maladroit ou de perdre l’érection. Des raisons psychologiques sont également à l’oeuvre, comme l’incapacité de se protéger si l’on a le sentiment de ne rien valoir, ou la volonté délibérée de se faire du mal ou de partager la même maladie.
Pour certains jeunes, les contraintes sociales, culturelles ou religieuses peuvent aussi jouer un rôle majeur. Comment , par exemple, une femme peut-elle imposer une protection quand elle vit une relation inégalitaire et qu’elle ne peut pas échanger sur ses désirs avec un homme?
Il est certain qu’un travail sur l’estime de soi et sur l’éducation à la vie affective et sexuelle à l’école, à côté des campagnes de prévention des IST/Sida, serait un nouveau rempart contre les comportements à risque.

Plate-forme prévention sida

La Plate-forme prévention sida est une asbl créée au mois de septembre 2000. Sa mission est de soutenir la concertation des acteurs de la prévention des IST/Sida dans le cadre de la mise sur pied de programmes de prévention à l’intention du public général et des jeunes en particulier, et d’assurer la réalisation concrète de ces programmes.
Financée par le Ministère de la Santé de la Communauté française, la Plate-forme prévention sida a pour missions:
-le soutien de la concertation des acteurs de la prévention des IST/Sida autour des axes à développer dans les campagnes de prévention;
-la mise en œuvre de la réalisation de ces campagnes.
Chaque année, deux temps forts ponctuent le travail de la Plate-forme.
Une campagne été ciblée sur les jeunes .
Les objectifs de cette campagne sont de sensibiliser les jeunes aux modes de transmission du sida et des IST, de promouvoir et de banaliser l’usage du préservatif et de valoriser une attitude de protection lors des relations sexuelles.
La Journée mondiale de lutte contre le sida .
Cette journée a pour but de sensibiliser tout un chacun à la problématique de la séropositivité et du sida. Diverses activités sont organisées chaque année, comme par exemple, une marche dans les rues de Bruxelles, un événement de sensibilisation autour de la question du sida, le lancement d’une campagne de solidarité envers les personnes séropositives et les malades du sida.

Objectifs

Objectifs de santé

À long terme: réduire l’incidence du sida et des autres IST en prévenant leur transmission par voie sexuelle.
À court terme: contribuer à une augmentation du nombre de jeunes utilisant un préservatif pour se protéger.

Objectifs éducatifs

Améliorer les capacités de négociation et de dialogue des jeunes au sujet de la protection.
Tenter de lever les freins liés à l’utilisation du préservatif par l’invitation à en parler.
Donner aux jeunes la possibilité de nommer le préservatif à leur manière pour s’approprier la campagne et aussi oser en parler en les rendant ‘responsables’.
Encourager les jeunes à maintenir ou à développer un comportement responsable par rapport au sida et aux autres IST.
Améliorer les connaissances quant aux modes de transmission des infections sexuellement transmissibles.

Objectifs de communication

Inciter le public cible à parler du préservatif, banaliser le fait d’en parler avant les relations sexuelles.
Valoriser l’attitude de vigilance vis-à-vis du sida et des IST auprès de trois groupes cibles: les hétérosexuels, les homosexuels et les personnes d’origine étrangère.
Proposer aux jeunes des solutions pour dépasser les freins liés au port du préservatif en osant en parler.
Rappeler l’importance de l’utilisation du préservatif lors des relations sexuelles.

Le processus de création

La récolte d’information

Cette campagne a trouvé ses fondements dans la volonté de mettre en avant des moments ou situations de vulnérabilité par rapport aux IST/Sida.
Pour mieux prendre en compte la diversité des caractéristiques des différents publics et la diversité des thèmes à aborder, une accroche basée sur des tranches de vie a semblé appropriée aux promoteurs de la campagne. Elle a permis de centrer la réflexion sur les vulnérabilités spécifiques que l’on peut avoir à différents moments de sa vie: rupture amoureuse, célibat, en attente de résultats de tests, en soirée, après un rapport à risque, choix de l’arrêt du préservatif au sein du couple, etc.
Pour ce faire une série de focus groupes ont été organisés afin de récolter des récits de prises de risque auprès de jeunes et de pointer avec eux les facteurs qui ont pu favoriser le fait de ne pas avoir utilisé un préservatif. Ainsi des facteurs individuels (en lien avec la trajectoire, le parcours personnel), contextuels (le lieu, l’intimité, l’environnement, l’éducation, les valeurs, la période de l’année, etc.) et des facteurs liés à la relation (en lien avec le type de relation qui existe entre les deux partenaires: est-ce qu’ils se connaissaient avant? Y a-t-il pression de l’un sur l’autre, négociation? Y a-t-il une différence d’âge? Quelle expérience par rapport à la sexualité? Etc.) ont pu être dégagés.
Ces facteurs liés aux moments de vulnérabilité ont été intégrés dans les outils. Sur base des focus groupes et des discussions, des similitudes et points communs ont été mis en évidence.
En terme de lieux/situations de vulnérabilité
Les sorties
Les festivals, les bars, les boîtes de nuit, les soirées privées (anniversaires, crémaillères…) sont des endroits propices à la rencontre de jeunes. Il y a une interaction importante avec la consommation d’alcool, de drogues, consommation qui a tendance à altérer la gestion du risque. C’est un lieu commun pour beaucoup de jeunes qu’ils soient jeunes hétéros ou homos, belges ou d’origine étrangère.
La première fois
L’excitation, l’attente du premier rapport, l’amour infini pour l’autre ou la confiance que l’on a en lui/elle peut faire perdre pied aux plus jeunes et ainsi leur faire oublier des gestes tels que l’utilisation du préservatif.
Les vacances
Pendant cette période lors de laquelle les jeunes se lâchent, s’amusent, font tout ce qu’ils n’ont pas l’occasion de faire pendant l’année, les rencontres sont nombreuses. Mais, il n’est pas toujours facile d’aborder la question du préservatif dans ce contexte.
Le milieu universitaire
La vie d’étudiant est souvent un moment de découverte et de grande liberté… Le passage du domicile familial à la vie en kot, la guindaille dans les cercles, la vie en milieu urbain pour certains, les nombreuses activités sur les campus sont autant d’occasions pour faire des rencontres, qui peuvent occasionner des relations sexuelles. Mais les jeunes trouveront toujours de soi-disant «bonnes» excuses pour ne pas utiliser le préservatif.
Les rencontres via Internet
Un certain nombre d’histoires évoquées, tant par des jeunes hétérosexuels qu’homosexuels, débutent sur Internet. Les jeunes discutent en ligne pendant un laps de temps plus ou moins long, pour apprendre à se connaître. Toutefois, il s’agit plus d’un sentiment ‘virtuel’ de se connaître que d’une réelle relation.
L’école
C’est un lieu qui est cité dans une moindre mesure. Il est intéressant dans la mesure où il indique que le fait de fréquenter le même endroit donne l’impression qu’on se connaît (or, se connaître n’est pas un moyen de prévention).
En termes de facteurs déforçants
L’abus d’alcool, de drogues et autres substances;
la notion de plaisir: le préservatif diminue le plaisir, le goût n’est pas agréable (fellation);
l’envie de sexe, l’excitation, le tension accumulée dans l’attente de la relation sexuelle, l’envie du moment;
le fait de ne pas se sentir concerné, la méconnaissance des risques encourus;
la différence d’âge/d’expérience: on n’ose pas contredire le/la plus âgé(e)/expérimenté(e), rapport de force;
le changement de lieu de vie: maison familiale/ kot/ séjour ‘Erasmus’;
la confiance dans l’autre partenaire, ou pour lui montrer qu’on lui fait confiance;
l’envie de plaire à son/sa partenaire, la peur de le/la perdre, l’amour;
la position des filles par rapport aux garçons;
une mauvaise estime de soi, le sentiment de solitude (surtout pour les jeunes gays);
un sentiment d’invulnérabilité, être avec quelqu’un «en vue» ou de populaire;
l’absence ou la difficulté du dialogue, se sentir gêné de poser la question;
l’absence d’interlocuteur pour parler de sexe;
le coté excitant de la prise de risque;
le fait d’être vierge et donc ‘sain’;
le fait de prendre des risques en connaissance de cause;
l’impression de se connaître, notamment via Internet (chat, site de rencontre, facebook, etc.);
le fait de ne pas avoir le réflexe d’utiliser le préservatif après une longue relation avec un(e) même partenaire;
ne pas avoir de préservatif à disposition;
le fait de ne pas avoir utilisé un préservatif lors du premier rapport sexuel avec son/sa partenaire.

Le processus créatif

À partir de ces éléments, diverses pistes créatives ont été explorées. Trois d’entre elles ont fait l’objet de discussions et réflexions parmi les divers partenaires (services et jeunes) du projet.
« Avant de faire confiance à votre partenaire , faites confiance au préservatif ».
La première piste concerne la notion de confiance. En effet, les jeunes ont évoqué le fait de ne pas utiliser le préservatif car ils ont confiance en leur partenaire. De plus, même si le jeune peut avoir confiance en son partenaire, il ne peut pas faire confiance à ses ex, ni aux ex de ses ex, etc.
Cette piste met en avant le fait qu’avoir confiance en l’autre ne suffit pas pour se protéger du sida. Par contre, avec le préservatif, les jeunes peuvent entièrement faire confiance à leur partenaire, et même aux ex-partenaires de son partenaire, et même aux ex des ex de son ex, etc. Cette piste est sans doute plus difficile à réaliser dans le cadre d’une campagne, sans tomber dans le jugement de valeur à propos de l’autre.
« Le préservatif , parlez en comme vous voulez mais parlez en ».
La deuxième piste concerne la notion de dialogue autour du préservatif et a pour but de dédramatiser le fait de parler du préservatif à son partenaire. En effet, les jeunes n’ont souvent pas envie de parler du préservatif car ça casse l’ambiance, c’est gênant, ils craignent aussi la réaction de l’autre. Cette piste donne donc des astuces pour parler du préservatif de manière légère. L’idée est d’inviter les jeunes à trouver leur propre langage pour l’évoquer.
« Le préservatif , le temps de chercher des excuses , c’est enfilé ».
La dernière piste se propose de se centrer sur les raisons de ne pas utiliser le préservatif, car il y aura toujours une ‘bonne’ raison pour ne pas l’utiliser. L’idée était d’essayer de tenir compte de la diversité des facteurs qui empêche une bonne prévention.

Un large consensus, autant du groupe de travail que du groupe des jeunes, s’est opéré autour de la proposition invitant à parler du préservatif avant une possible relation sexuelle. Cette piste était fortement appréciée car elle propose une tentative de solution pour lever les freins liés à l’utilisation du préservatif et dédramatiser le fait d’en parler (et donc de l’utiliser). Elle met en avant la négociation du préservatif plutôt que les problèmes liés à son utilisation (approche positive). Car cela reste gênant, difficile d’en parler, de l’amener, de le proposer… De plus, cette piste offre un grand nombre de possibilités créatives pour les déclinaisons du message sur divers supports.
Le slogan «Le préservatif. Parlez-en comme vous voulez, mais parlez-en» est illustré par une série de codes, métaphores ludiques de l’utilisation du préservatif. Ce concept a l’avantage de pouvoir faire participer le public cible en l’invitant à créer ses propres codes-préservatif personnalisés en fonction de ses valeurs et de ses références. Une affiche vierge à compléter et un concours de codes K-Pote sur Internet ont d’ailleurs été produits afin de donner aux jeunes les outils concrets pour s’approprier la campagne. Les meilleurs codes créés par les jeunes seront utilisés pour la relance de la campagne en 2010.
Afin d’être en adéquation avec la réalité et les attentes des jeunes, les éléments visuels et textuels des divers outils de la campagne ont été testés, et les codes-préservatif, la ligne graphique, les thèmes abordés, les ambiances, les personnages, etc. ont été réalisés sur base des avis des jeunes et des partenaires.
D’après le dossier de presse de la campagne d’été 2009
Plate-forme prévention sida, rue Jourdan 151, 1060 Bruxelles. Tél.: 02 733 72 99. Fax: 02 646 89 68. Courriel: info@preventionsida.org. Site: https://www.preventionsida.org .

Une semaine ‘sur les dents’ pour les petits d’Ixelles

Le 30 Déc 20

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Près de 500 enfants des écoles libres maternelles d’Ixelles et leurs enseignants ont été accueillis à l’Espace Malibran durant une semaine en mars 2009. Vingt-deux classes ont présenté leurs créations sur le thème de la santé dentaire et participé à des ateliers, dans une démarche de santé globale. Cette semaine s’inscrit dans un large projet porté par la Mutualité chrétienne.
Lorsqu’on se penche sur les données relatives à la santé dentaire des enfants, un fait marque les esprits: si l’on constate une amélioration générale, on observe en parallèle un écart grandissant entre enfants de familles socio-économiquement favorisées et moins favorisées.
À Bruxelles, la situation est particulièrement marquée: la dernière enquête de santé par interview révèle que 52% des jeunes de moins de 15 ans ne sont jamais allés chez le dentiste. On peut espérer que ces chiffres se sont améliorés depuis l’entrée en vigueur des mesures de soins gratuits pour les jeunes jusqu’à 12 ans (en septembre 2005), jusqu’à 15 ans (en juillet 2008) et jusqu’à 18 ans (en juillet 2009), mais ce n’est pas sûr. Les premières données indiquent que la mesure est sous-exploitée. C’est la preuve que la gratuité, même si elle constitue un grand pas en avant pour l’accès aux soins, ne suffit pas et qu’une sensibilisation est incontournable. En outre, la bonne sante dentaire passe avant tout par les gestes du quotidien: le brossage efficace et régulier, l’alimentation saine, le choix de l’eau comme boisson habituelle…

Valoriser les projets des enfants

C’est dans cette optique qu’a été organisée la semaine «santé dentaire». Mais l’idée n’était pas seulement d’organiser des animations ponctuelles. La Mutualité Saint-Michel et les infirmières du Centre de santé libre d’Ixelles ont proposé aux institutrices (et instituteur) d’entrer dans une approche globale de la santé dentaire avec leurs élèves, dès le mois de janvier.
Les enfants ont donc abordé le thème en classe, de manières diverses et variées selon les sensibilités. Les plus artistes ont réalisé des œuvres en papier mâché (une mâchoire géante, une dent, une dent-fleur…), les plus ludiques ont conçu des jeux coopératifs, les musiciens ont inventé et appris des chansons, d’autres ont créé un livre ou encore des panneaux pour sensibiliser les parents et les autres classes de l’école… Toutes ces œuvres ont été présentées par les enfants eux-mêmes, et rassemblées en une exposition vivante et colorée, que les parents ont d’ailleurs pu visiter. Un des objectifs était d’intégrer la santé dentaire dans le quotidien des plus jeunes, en en parlant régulièrement à l’école. Et cela semble marcher, comme en témoigne une maman venue visiter l’exposition : « Depuis que ma fille parle des dents à l’école , c’est elle qui rappelle toute la famille à l’ordre ! Plus question de louper un brossage , même si nous sommes pressés le matin

La cerise sur le gâteau

Lors de la semaine d’animation, qui était pour la plupart des classes le point d’orgue de leur travail sur cette thématique, cinq ateliers accueillaient les petits: un atelier sur le brossage, animé en alternance par la Fondation pour la Santé Dentaire et l’ONE, un grand jeu sur les aliments sains organisé par le Centre de santé libre d’Ixelles, une découverte ludique de la visite chez le dentiste proposée par les étudiants de la Faculté de Médecine dentaire de l’UCL, un atelier contes, par le Centre de service social de Bruxelles-Est. La MC proposait quant à elle un jeu sur les fonctions de l’eau, à privilégier comme boisson et pour le brossage des dents.

Un DVD pour partager les expériences

Cette semaine s’inscrit dans un projet de plus large envergure: Infor Santé et la Fondation pour la Santé Dentaire font le pari que mettre en valeur les ressources et l’imagination des enseignants dans ce domaine en encouragera d’autres à aborder le thème en classe. Pour permettre le partage des expériences, la caméra s’est invitée dans certaines classes et a capturé des images des activités quotidiennes et plus originales. Les extraits, ainsi que ceux qui auront été récoltés lors de projets similaires dans le Hainaut, seront montés en un DVD qui devrait être mis à disposition des enseignants de maternelle dans les mois à venir.
Pascale Dupuis , Infor Santé Mutualité Saint-Michel

Les objectifs du projet santé dentaire

Au-delà de l’organisation concrète d’une semaine d’animation, ce projet s’inscrit dans une démarche plus large menée par Infor Santé, le service de promotion de la santé de la MC et la Fondation pour la Santé Dentaire. L’objectif final fixé par le groupe de travail né de cette collaboration concerne l’amélioration de la santé dentaire chez les enfants de 3 à 5 ans, avec une attention particulière pour les familles fragilisées.
Au départ de rencontres avec des enseignants et infirmières scolaires et d’une enquête auprès d’institutrices de l’enseignement maternel, le groupe de travail a établi des objectifs spécifiques adaptés au public des enfants: apprendre à réaliser un brossage des dents efficace; adopter un comportement alimentaire favorisant une bonne santé dentaire (éviter le grignotage, éviter les aliments et boissons sucrées, consommer des fruits et légumes, de l’eau à chaque repas); permettre à chaque enfant de bénéficier de deux consultations préventives chez le dentiste par an.
Concernant le public-relais des enseignants, le groupe de travail a pour ambition de susciter un processus participatif au sein des écoles maternelles afin de créer une dynamique dans le domaine de la santé dentaire. Cet objectif se décline en deux objectifs spécifiques: susciter et favoriser l’échange de pratiques et accompagner, outiller les enseignants dans leur démarche de projets en santé dentaire.
Différents moyens ont été identifiés et mis en œuvre par Infor Santé et la Fondation pour la Santé Dentaire pour tendre vers ces objectifs:
-mettre en avant les témoignages d’écoles, valoriser les expériences;
-organiser des occasions d’échanger les expériences;
-filmer des expériences intéressantes dans les classes pour créer un DVD qui puisse être mis à disposition de tous les enseignants de maternelle.
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Les partenaires du projet à Ixelles

Infor Santé
Infor Santé est le service chargé de développer la promotion de la santé au sein de la Mutualité chrétienne. Il veut favoriser les processus participatifs et les collaborations, dans une approche globale et positive de la santé, partant du principe que la promotion de la santé est un processus qui vise à permettre à l’individu et à la collectivité d’améliorer sa santé en agissant sur les facteurs qui la déterminent. La réduction des inégalités de santé est une des préoccupations transversales d’Infor Santé. Ses représentants régionaux s’engagent dans de multiples projets de terrain (animations, formations des relais, collaborations…). En outre, Infor Santé réalise des programmes et outils pédagogiques sur différents thèmes de santé, et informe via des brochures et dépliants.
Sourire pour tous
La Fondation pour la Santé Dentaire est le département prévention de la Société de Médecine Dentaire, association dentaire belge francophone groupant les dentistes. Son objectif est d’aider la population à adopter une démarche préventive en vue de conserver ou de retrouver une bonne santé bucco-dentaire. L’action «Sourire pour tous» est financée par le Ministre fédéral de la Santé et le Comité de l’assurance de l’INAMI pour promouvoir la santé dentaire des enfants et réduire les inégalités sociales dans l’accès aux soins.
Le Centre de santé libre d’Ixelles
Le Centre de santé libre d’Ixelles est une asbl soutenue par la Commune d’Ixelles. Le Centre organise un service de Promotion de la Santé à l’École. Ses missions concernent entre autres le suivi médical des élèves et la mise en place de programmes pour préserver et améliorer leur capital santé.
L’équipe PSE est souvent la cheville ouvrière de projets santé en réponse à des besoins décelés dans son public scolaire. La santé dentaire fait partie des thématiques abordées par l’équipe, qui joue ici non seulement un rôle en matière de santé publique mais surtout dynamise les ressources de l’enfant et de sa famille. C’est encore plus particulièrement vrai pour les familles précarisées, au cœur des préoccupations des infirmières.
Jeunesse & Santé
Jeunesse & Santé est une organisation de jeunesse active dans l’animation, la formation et l’éducation des enfants et des jeunes. Jeunesse et Santé travaille en collaboration avec la Mutualité chrétienne et est composée d’animateurs bénévoles, formés et brevetés par la Communauté française et soutenus par une équipe de permanents. Elle organise et encadre des plaines de jeu, des stages et séjours de vacances en Belgique et à l’étranger pour les enfants de 3 à 18 ans mais aussi des animations sportives, créatives et des activités de promotion de la santé (animations santé en école primaire, animations à l’hôpital des enfants…). La préoccupation pour la santé et le bien-être des enfants et des adolescents traverse l’ensemble des actions de J&S.;
La Faculté de médecine dentaire de l’UCL
Les étudiants en dentisterie sont formés par le cours de pédodontie pour la prévention à l’hygiène dentaire chez les enfants. Ils expliquent à chaque enfant lors de la première consultation comment se brosser les dents et donnent aux parents des conseils sur le fluor et l’alimentation. Ils apprennent également comment s’exprimer face à un enfant au cabinet dentaire. Des étudiants de 4e et 5e année ont participé bénévolement au projet. Ils se sont investis afin de réaliser une présentation informative et ludique adaptée aux enfants de maternelle.
Le service Éducation Santé de l’ONE
Les deux missions de base de l’Office de la Naissance et de l’Enfance sont l’accompagnement de l’enfant dans et en relation avec son milieu familial et son environnement social, et l’accueil de l’enfant en dehors du milieu familial. Une des missions transversales aux missions de base est la promotion de la santé. Dans ce cadre, différents outils d’information et d’animation sont développés par l’ONE (brochures, dépliants, modules, grands jeux, etc.) et mis à la disposition des professionnels de terrain de l’ONE mais aussi d’autres partenaires. La santé dentaire est un thème d’éducation pour la santé travaillé à l’ONE par la diffusion de la brochure «Pas de carie même sur mes dents de lait» ainsi que d’animations dentaires en consultations ONE.
Le Centre d’action sociale globale de Bruxelles Sud-Est
Le Centre d’action sociale globale de Bruxelles-Est est un service social tenant des permanences dans plusieurs quartiers d’Ixelles et à Etterbeek, qui oriente et accompagne son public dans diverses démarches afin que chacun puisse jouir de ses droits fondamentaux. Son originalité est de développer avec celui-ci des actions collectives ou communautaires, favorisant sa participation: des activités parascolaires pour les enfants et leurs parents, une école de devoirs, un restaurant social… C’est dans le cadre de cette action collective que le centre s’est inscrit dans le projet santé dentaire.
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Communiquer sur la santé: l’exemple du tabac.

Le 30 Déc 20

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La campagne ‘Help’ de l’Union européenne

La campagne médiatique

Les spots TV et radio de cette vaste campagne médiatique européenne ont été largement diffusés dans l’espace européen pour réduire l’initiation des jeunes de 15 à 18 ans au tabac et pour aider les jeunes adultes de 18 à 30 ans à arrêter de fumer. Cette initiative vise aussi tous ceux qui sont proches des jeunes et qui travaillent en contact avec eux.
La campagne « Help pour une vie sans tabac », c’est aussi plus de 1.100 événements nationaux au travers de l’Europe de 2005 à 2008. Un site Internet donne un aperçu des activités et du matériel réalisé pour convaincre les jeunes et les soutenir dans leur lutte contre le tabagisme. Les supports de communication sont accessibles et téléchargeables à l’adresse https://www.help-eu.com .
Le site offre en plus un accès à d’autres campagnes, un lexique, des news, des dossiers, de l’aide pour ne pas commencer, pour arrêter et pour réduire le tabagisme passif, un espace école, un espace monde du travail et enfin un lien avec le Manifeste européen des jeunes pour une vie sans tabac.

La conférence

Après 4 ans de travail, la Commission européenne a réuni, en octobre 2008, les acteurs des 27 États membres ainsi que les scientifiques du secteur de la promotion de la santé, de la santé publique et des spécialistes de la communication pour faire le point sur cette première grande action européenne de prévention du tabagisme.
Des délégations des groupements de jeunes étaient présentes en nombre à Bruxelles. Les représentants des conseils nationaux des jeunes, des associations européennes des étudiants en médecine, en pharmacie, en psychologie, des jeunes écologistes, des jeunes militants pour la paix et de l’aide humanitaire, des délégués des mouvements de jeunesse et des membres du Forum européen des jeunes ont donné de la voix aux échanges. À noter qu’un envoyé des producteurs de tabac s’était même perdu dans cette conférence internationale. « Les moustiques sont parmi nous !» a dit un membre de l’assemblée…
Trois jours de conférences, de débats, d’ateliers et de projections se sont articulés autour des modes de sensibilisation des jeunes; des nouvelles technologies de communication en santé publique; de l’exploration des nouvelles pratiques en matière de comportements; de l’intégration des groupes défavorisés et du besoin de partage d’expériences en santé publique.
Au rayon des nouveautés, il faut signaler pas mal de similitudes entre les campagnes des alcooliers et des cigarettiers et les campagnes promotionnelles des grandes marques comme Adidas et Quicksilver. Des points communs ont été identifiés non dans leurs stratégies usuelles mais à propos des supports de campagne de communication numériques.
Nous sommes là dans un véritable processus de benchmarking tiré en droite ligne des techniques de marketing. Il s’agit d’un processus continu de recherche , d’analyse comparative , d’adaptation et d’implantation des meilleures techniques , des meilleurs modes de gestion et d’organisation d’autres entreprises pour s’en inspirer et en tirer le meilleur .
Les défenseurs de l’approche de promotion de la santé présents ont eux insisté sur l’utilité d’une démarche ‘ Bottom up ‘ permettant que les points de vue des usagers soient pleinement pris en considération.
Les échanges soutenus ont été soumis tant aux critiques positives qu’aux critiques négatives de l’assemblée. Un large débat d’idées et une production intellectuelle riche des apports de près de deux cents participants ont conduit à l’élaboration de recommandations.

Les recommandations

Treize recommandations ont été approuvées après des discussions approfondies. Ces recommandations reprennent les points jugés les plus importants pour la prévention du tabagisme des jeunes et des jeunes adultes. Elles concernent le rôle de la Commission européenne, les connections indispensables avec la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT), l’implication des organisations de jeunesse, les échanges avec la santé publique notamment en matière de déterminants de la santé, les liens avec l’enseignement et les professionnels de la santé et du social.
Les recommandations soulignent encore la nécessité d’une base de données des bonnes pratiques des campagnes de promotion de la santé, l’importance des stratégies de marketing sans tabac en santé publique, la responsabilité de l’industrie du tabac dans la pandémie du tabagisme, l’importance de la sensibilisation des groupes vulnérables et défavorisés.
La contribution des nouveaux médias à la communication de masse et à l’enseignement a fait l’unanimité. Leur utilisation pour mobiliser les jeunes est reconnue tout en se souciant de rompre la fracture numérique, l’isolement social et l’incompréhension mutuelle.
Enfin, la nécessité de mener des recherches et d’évaluer les campagnes de manière indépendante a été établie pour renforcer les connaissances en matière d’attitudes favorables à la santé, de méthodologies de communication et d’égalités de santé.
Les présentations et les recommandations de la conférence sont accessibles sur
https://ec.europa.eu/health/ph_determinants/life_style/Tobacco/help/ev_20081009_en.htm
Geneviève Houioux , ULB-Promes et Michel Pettiaux , FARES
Si vous souhaitez réagir: michel.pettiaux@fares.be